• il y a 2 ans

Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie

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Transcription
00:00 - Des places donc à Emmanuel Ducrox, votre grand retour Emmanuel, quel plaisir de vous retrouver.
00:05 Vous nous parlez ce matin d'une décision surprenante de la mairie écologiste de Strasbourg
00:09 qui vient de renouveler pour neuf ans les beaux de chasse dans les forêts de l'intercommunalité
00:15 aux portes de la ville. Qu'est-ce que ça veut dire ?
00:17 - Strasbourg c'est une mairie verte réputée pour ses positions animalistes,
00:21 elle ne veut plus d'animaux dans les zoos de la ville, des animaux sauvages.
00:24 Elle prône aussi une approche non létale de la lutte contre les animaux liminaires.
00:28 Vous savez les rats, les punaises de lit.
00:30 Mais cette mensuature ne va plus s'appliquer aux sangliers.
00:33 Alors à Strasbourg comme ailleurs en France, ils prolifèrent,
00:36 pas parce qu'on les nourrit, comme on peut le lire parfois,
00:38 mais parce qu'ils n'ont plus de prédateurs,
00:40 que la ville s'est rapprochée de leur habitat
00:41 et puis que le réchauffement climatique favorise leur reproduction.
00:44 On a pu voir des sangliers se balader dans le centre de Strasbourg ces derniers mois,
00:48 comme d'ailleurs dans d'autres villes de France.
00:49 - Ah oui, oui, moi j'en avais vu un dans le métro à Toulouse, c'est vous dire.
00:52 À Strasbourg donc on se résout à réguler les sangliers par la chasse, la méthode traditionnelle ?
00:56 - Oui, contraint et forcé. Les sangliers provoquent énormément de dégâts
00:59 chez les agriculteurs autour de la ville, dans les forêts.
01:02 Et les techniques alternatives, comme le piégeage, ne suffisent pas.
01:05 Le conseil municipal va donc continuer à concéder des beaux communaux aux sociétés de chasseurs,
01:10 charge à eux de limiter la prolifération des suidés.
01:13 C'est comme ça qu'on les appelle.
01:14 Alors je respecte les positions qui contestent le retour à la chasse,
01:17 a dû expliquer à la presse locale l'adjoint à la mairie de Strasbourg
01:20 en charge de la transformation écologique du territoire.
01:24 Mais en tant que responsable de la biodiversité,
01:26 nous sommes dans l'obligation de mettre en oeuvre des techniques de chasse
01:29 de régulation d'animals en surdensité.
01:32 - Oh le jargon !
01:33 - Oui, parce qu'il exerce sur les milieux naturels une pression qui n'est plus acceptable pour nous.
01:38 - Bon derrière tout ça, il y a une particularité réglementaire de l'Alsace-Moselle.
01:43 - Ben oui, une spécificité comme pour le droit du travail ou pour la laïcité,
01:46 un héritage en quelque sorte.
01:48 Le droit de la chasse relève d'un texte local de 1881.
01:52 Le gibier n'a pas en Alsace-Moselle le même statut qu'ailleurs en France.
01:55 Il n'est pas une chose sans maître, mais un patrimoine à gérer.
01:59 Je vais essayer de faire simple.
02:00 Partout en France, la facture des débats du gros gibier incombe aux chasseurs
02:04 ou éventuellement aux propriétaires d'un territoire qui refuserait qu'on chasse sur son domaine.
02:08 En gros, si le boulot de régulation n'est pas fait dans les règles,
02:11 il dédommage les agriculteurs ou les personnes qui sont victimes des ravages.
02:14 - Mais ce n'est pas le cas en Alsace-Moselle.
02:16 - Eh bien non, parce que ce sont les mairies qui ont la main sur le droit de chasse
02:20 et qui doivent le louer pour elles-mêmes ou pour les propriétaires des terrains de la commune.
02:24 Et si elles ne le font pas parce que le maire serait contre la chasse,
02:27 par exemple comme à Strasbourg,
02:28 eh bien ce sont elles qui sont responsables financièrement des déprédations causées par le gibier.
02:32 Avec l'argent public, avec l'argent des électeurs.
02:35 Et la facture est très lourde pour le seul département du Barin.
02:39 1 million d'euros de dégâts causés par les sangliers en 2022,
02:42 1,4 million en 2021.
02:45 Eh bien oui, ça contribue à un certain retour au pragmatisme.
02:48 - Merci beaucoup Emmanuel Ducroix.
02:50 A demain sur Europe 1, 8h52.