Séisme d'Al haouz : impact et coût économique
Taib Aisse | Economiste, expert-comptable
Hicham El Bayed | Professeur d’économie à l’Université Hassan 1er Settat
Taib Aisse | Economiste, expert-comptable
Hicham El Bayed | Professeur d’économie à l’Université Hassan 1er Settat
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00:00 (Générique)
00:07 Ravi d'accueillir ce matin sur ce plateau mes deux décodeurs du jour.
00:11 Hicham Lobied, Ahmad Rawad, vous êtes professeur d'économie à l'Université Hassan Ier de Stade.
00:14 Bonjour Hicham.
00:15 Bonjour Sadiq.
00:16 Et Taïb Aïs, à ma gauche, économiste, analyste économique, expert comptable.
00:20 Bonjour C. Taïb.
00:21 Bonjour C. Hadid, bonjour Hicham, bonjour tout le monde.
00:24 Alors, on continue évidemment de parler des conséquences de ce terrible séisme
00:28 qui a frappé le Haut Atlas marocain.
00:31 Et c'est vrai que cette question du coût économique de la catastrophe est très importante,
00:37 puisqu'elle se pose aujourd'hui et elle se posera dans les semaines à venir,
00:41 notamment pendant les préparatifs du projet de loi de finances 2024.
00:47 Tout le monde s'accorde à dire dès maintenant que cela aura forcément un impact
00:50 d'une manière ou d'une autre sur l'élaboration de ce projet de budget.
00:54 Mais le constat qui est celui d'aujourd'hui, c'est que les besoins financiers sont énormes
01:00 et peut-être qu'on ignore même l'ampleur de ces besoins financiers
01:05 dont on aura besoin sur le court, moyen et long terme.
01:08 Taïb Aïs, est-ce que vous partagez ce constat
01:10 ou est-ce qu'au jour d'aujourd'hui, on a une estimation chiffrée des montants dont on aura besoin ?
01:17 Oui, effectivement, il y a un coût important,
01:19 mais il faut d'abord souligner que le premier coût est un coût humain.
01:22 Bien évidemment.
01:23 Donc, évidemment, les pertes humaines, les blessés,
01:29 donc tout l'impact sur les familles dont la vie a été totalement chamboulée par ce séisme.
01:38 Il y a un deuxième coût, c'est un coût sociologique,
01:40 puisqu'en fait, la vie de ces gens-là a été totalement chamboulée au niveau sociologique.
01:46 Là aussi, c'est important.
01:47 Évidemment, par la suite, il y a un coût économique.
01:49 Le coût économique, d'abord, il est individuel et familial.
01:52 Donc, chaque famille va supporter un coût économique très, très important.
01:55 Mais par la suite, il y a aussi un coût de la nation,
01:57 puisqu'en fait, c'est toute la nation entière qui doit supporter ce coût.
02:02 Ce qui est normal, ce qui est tout à fait normal.
02:04 D'abord, en fait, il y a deux niveaux.
02:05 Le premier niveau, c'est que déjà, ces différentes régions participent à l'économie marocaine,
02:12 au niveau touristique, au niveau agricole.
02:13 Il y a un certain nombre de production de la viande rouge, du lait et des dérivés du lait,
02:22 qui, ces régions, représentent à peu près 20% de la production nationale, etc.
02:28 Donc, il y a un coût déjà qu'il va falloir reconstruire rapidement.
02:32 Il y a aussi le secteur touristique qui risque d'être impacté.
02:35 J'espère qu'il ne le sera pas.
02:36 À ce niveau-là, Marrakech, qui est une grande capitale mondiale du tourisme,
02:43 certainement, ça risque d'être frappé.
02:47 Mais j'espère que non, puisque, en fait, nous avons une bonne nouvelle.
02:51 C'est que la Banque mondiale a décidé de maintenir, justement, le 5 congrès, le 9 octobre.
02:58 Ce qui est une très, très bonne chose.
02:59 Ça veut dire, en fait, que les institutions financières internationales font confiance au Maroc.
03:02 Ils font confiance, justement, à l'effort du Maroc de reconstruire rapidement
03:07 et de remettre rapidement la vie sur les rails et revenir rapidement à la normalité.
03:15 Ce qui est une très, très bonne chose.
03:16 Et c'est un signal très fort pour les touristes.
03:20 Même avant l'annonce de la Banque mondiale du FMI,
03:22 même les tours opérateurs, notamment étrangers, qui travaillent avec la Destination Maroc,
03:26 ont fait la promotion de la Destination marrakech en disant à leurs clients
03:31 que peut-être le meilleur moyen d'aider le Maroc en ce moment, c'est d'y aller.
03:35 Exactement. Là, c'est le premier volet.
03:36 Le deuxième volet, évidemment, c'est de reconstruire toute l'infrastructure.
03:41 Évidemment, l'infrastructure qui a été endommagée,
03:45 mais également les logements qui ont été endommagés.
03:50 Donc, il va falloir reconstruire tout cela.
03:52 On parle de 50 000 logements qu'il va falloir reconstruire, ce qui est énorme.
03:59 Mais c'est un défi que le Maroc peut relever.
04:01 Je pense qu'il y a un effort de solidarité nationale qui est très, très important au niveau populaire,
04:05 au niveau de l'État, au niveau des différentes institutions de l'État.
04:09 Donc, il y a un fonds qui a été construit, constitué.
04:11 Il y a un effort très, très important de la société civile.
04:15 Donc, tout le monde travaille au narmoni.
04:17 Est-ce que c'est une bonne chose?
04:18 Quand je parle du coéconomique,
04:22 on parle du court, du moyen et du long terme.
04:25 Dans l'immédiat, dans les jours, les semaines à venir,
04:28 il s'agit essentiellement d'indemniser les familles touchées.
04:30 Il y a une enveloppe de 30 000 dirhams, une aide directe immédiate,
04:33 qui est destinée aux personnes directement concernées.
04:36 Et puis, pour tout ce qui est reconstruction, réhabilitation des maisons et des habitations
04:41 complètement ou partiellement détruites,
04:42 il y a effectivement ce chiffre qui a été annoncé, 50 000 logements recensés
04:46 avec des subventions ou des aides directes allant de 80 000 dirhams à 140 000 dirhams en fonction.
04:51 Tout cela a été budgétisé.
04:53 On a une première estimation entre les aides directes aux ménages et les aides pour reconstruire.
04:58 On est dans une fourchette entre 5 et 7 milliards de dirhams.
05:01 Là, le fonds qui a été mis en place, on a déjà un peu plus de 6 milliards.
05:07 Ça, c'est dans l'immédiat. Après, l'impact et les besoins financés sur le moyen
05:12 et long terme, c'est là où la question peut être pertinente.
05:15 L'impact de cette catastrophe naturelle va s'inscrire sur la durée.
05:21 Et tout l'enjeu, tout l'objectif, tout le défi, je parlais de défi tout à l'heure en introduction,
05:26 c'est de permettre à ces gens-là, au-delà des aides directes, de leur permettre de reconstruire leur maison,
05:30 de retrouver une activité normale et une vie normale, entre guillemets,
05:33 même s'il est difficile de retrouver un semblant de normalité après une telle catastrophe.
05:37 Hicham Lobid.
05:39 Alors, je commence par dire qu'un mal serait toujours peut-être pour un bien,
05:43 dans le sens où ça pourrait être l'occasion, effectivement, de revoir la copie par rapport au modèle de développement,
05:50 justement, dans ces régions-là. Ce qui a été budgétisé, effectivement, va aller comme vous l'avez signalé,
05:59 dans le sens de la reconstruction de certaines habitations qui ont été touchées partiellement
06:06 et d'autres, effectivement, qui vont être totalement refaites avec une bagatelle de 140 000 dirhams, effectivement, par logement,
06:13 on parle de 50 000, etc. Moi, ce qui m'intéresse de partager avec vous, avec nos auditeurs aussi,
06:21 c'est qu'on est en train, effectivement, de mener une réflexion par rapport à...
06:24 Mais aussi chercher l'action par rapport aux coûts économiques, aux coûts globales.
06:30 Il faut raisonner en termes de coûts globales parce qu'il n'y a pas que le coût économique,
06:34 comme l'a signalé cet été, sociologique, psychologique, en termes aussi d'images, en termes d'identité,
06:42 en termes d'enracinement, en termes d'ancrage... - Et sur le volet économique, qu'est-ce qui vous préoccupe, personnellement ?
06:50 - Moi, je ne suis pas préoccupé parce que, tout d'abord, je pars du principe qu'on est toujours sur le principe de la mémoire courte.
06:59 Ça veut dire qu'on va rapidement tourner la page, on va rapidement passer à autre chose.
07:04 Il y a des territoires qui ont connu des ravages encore plus graves que ce que nous avons vécu chez nous
07:11 et qui ont réussi, effectivement, à développer une résilience exemplaire, etc. Je crois que nous allons partir dans ce sens-là
07:16 et que la reconstruction va se faire, effectivement, bien entendu, sous la houlette des directives royales.
07:24 Ça veut dire qu'il n'y a pas place, à peu près. Le gouvernement se doit aussi d'assumer ses engagements par rapport à ses populations,
07:33 mais il faut savoir aussi qu'il va falloir dupliquer ce qu'on est en train de faire pour ces régions pour d'autres
07:38 parce qu'elles vivent aussi, pratiquement, j'allais dire, la même situation, vulnérabilité, fragilité, que ce soit par rapport au bâti, sans le séisme.
07:47 Et donc, d'un point de vue économique et social, il va falloir aussi penser aux autres régions.
07:51 Et j'imagine que leurs élus doivent être, effectivement, le porte-parole de ce genre de revendications au niveau du Parlement.
07:59 Et donc, moi, d'un point de vue économique, je n'ai pas de soucis particulier.
08:03 Ce qui m'intéresse, c'est qu'on puisse revoir ça dans un tout, dans un modèle de développement, un nouveau modèle de développement pour les régions fragiles au Maroc.
08:10 Et je crois que c'est l'occasion, jamais de le faire. Tout à l'heure, j'étais en train de penser à l'idée qu'on doit, enfin, réfléchir aux coûts, mais aussi aux bénéfices.
08:18 Qu'est-ce que ça va rapporter ? Parce que c'est important aussi qu'on soit dans cette logique "coûts-bénéfices" pour comprendre...
08:22 — Oui, mais c'est difficile d'y voir quelconque bénéfice...
08:28 — Si, d'un point de vue de développement... — Vu l'ampleur des dégâts humains et économiques...
08:34 — Imaginez, sans analogie particulière par rapport à ce qui se passe en Libye...
08:40 Comme disent les Français, ça fait pas photo. Ce qui se passe en Libye, c'est mille fois plus grave par rapport...
08:46 Je minimise pas ce que nous vivons. Mais toujours est-il, il y a possibilité, effectivement, d'en tirer les leçons,
08:54 que ce soit par rapport à la gouvernance, par rapport au plan d'urgence, par rapport au protocole...
08:58 Vous avez certainement remarqué la cacophonie des actions qui ont été menées par-ci, par-là.
09:04 Donc l'idée, effectivement, c'est de rapidement faire le bilan. — Ça, ça en est peur. Il y a eu un élan de solidarité.
09:08 Les gens ont spontanément voulu aider. Après, effectivement, ça... — Avec le réchauffement climatique, ce genre d'épisode vent, effectivement, on reviendra.
09:14 — 9h30, on va marquer une petite pause. Karim Droneh pour les informations en langue française.
09:18 Une petite pause d'information. Et on se retrouve juste après pour la suite du débat, tout de suite.
09:21 9h36, sur les ondes Atlantique Radio. La suite de votre émission Les Décodeurs, ce matin, avec Hicham El-Biidet et Ayyub Aïss.
09:28 On parle de l'impact du coût économique de ce séisme qui a frappé le Maroc le 8 septembre dernier dans la région d'El-Hawz.
09:36 On était en train d'évoquer en première partie d'émission l'impact immédiat, le coût immédiat de cette catastrophe naturelle.
09:43 Et maintenant, j'aimerais vous poser la question de savoir si ce choc, ce séisme aura ou non un impact concret sur l'élaboration du projet de loi de finances 2024,
09:54 parce que c'est la prochaine échéance pour le gouvernement. Est-ce que, par exemple, concrètement, certains budgets qui étaient alloués au préalable
10:05 ou à certains secteurs, certains programmes seront forcément réorientés pour soutenir cet effort national dans cette catastrophe taïvé?
10:16 Obligatoirement, obligatoirement. Le gouvernement doit tenir compte de cette catastrophe. Ce n'est pas quelque chose de minime.
10:24 Donc, c'est un effort de toute la nation, justement, pour supporter ces régions. Il y a quand même cinq provinces qui ont été touchées.
10:31 Ce n'est pas rien. Et puis, il y a des populations en détresse. Il y a des besoins énormes.
10:39 Le budget de l'État, évidemment, sera le premier sur le front. C'est le budget de l'État, le budget général de l'État qui doit financer en priorité ces différents besoins qui sont importants.
10:51 Donc, la loi de finances, forcément, il faut qu'il en tienne compte. Sinon, ce sera dramatique.
10:58 Mais je pense obligatoirement que la loi de finances doit en tenir compte parce qu'en fait, l'effort de financement sera supporté en priorité par le budget général de l'État,
11:09 ensuite par les différentes institutions publiques. Viendra ensuite l'endettement s'il le faut.
11:16 Et puis, la société civile, le secteur privé aussi, doit mettre la main dans la poche, etc.
11:22 Donc, la société civile doit aider. Il y a aussi l'aide internationale qui sera certainement aussi, qui va contribuer certainement à cet effort.
11:31 Donc, tout le monde doit se mettre en œuvre justement pour répondre aux besoins qui sont, comme on l'a dit au début, qui sont importants,
11:38 qui sont quelque chose de très, très important. Il va falloir reconstruire les 50 000 logements, peut-être plus.
11:47 Il va falloir reconstruire les différents services. Il y a les écoles, les hôpitaux qui ont été détruits.
11:53 Il y a toute l'infrastructure routière. Il va falloir mettre en place cette infrastructure routière, etc.
11:59 - Tout sur ce point, parce que ça a été évoqué tout à l'heure par Richard Mobile, est-ce que vous pensez...
12:04 Je vais pas utiliser le terme "opportunité", mais est-ce que c'est l'occasion de cette catastrophe ?
12:11 Est-ce que c'est l'occasion, par exemple, de revoir même le modèle du monde rural tel qu'on l'imaginait avant ?
12:18 Est-ce que c'est peut-être l'occasion de regrouper les doigts qui étaient justement éparpillés dans les hauteurs du Haut Atlas
12:27 pour centraliser les efforts, pour centraliser aussi les chantiers de construction, d'accès aux services publics ?
12:37 Ou alors la priorité, c'est peut-être de maintenir cet écosystème tel qu'il est et de venir en aide tout simplement aux douars et aux familles touchées ?
12:48 - Non, je pense effectivement qu'il faut revoir en fait tout le modèle de développement du Maroc,
12:53 qui est basé essentiellement sur le concept colonialiste du Maroc utile et le Maroc inutile.
12:59 C'est un concept qu'avait lancé l'IOT en disant qu'il y a un Maroc utile, c'est le Rabat, enfin Casablanca, Rabat-Tinétra, etc.
13:10 Et tout le reste, c'est un Maroc inutile, donc on le délaisse. Et il a été effectivement délaissé.
13:16 Quand on voit en fait les images de ces douars qui vivent encore dans le 18e siècle, avec le même mode de vie du 18e siècle,
13:27 donc là, effectivement, on se pose la question en comparant ces douars.
13:30 - Vous exagérez un peu parce qu'aujourd'hui, l'électrification par exemple, je crois que c'est cet exemple.
13:34 Mais oui, mais au 18e siècle, les gens n'avaient pas d'électricité.
13:37 - À part l'électricité, rien n'était changé. - Il faut nuancer aussi, il ne faut pas non plus...
13:41 - Oui, mais à part l'électricité, la vie des gens n'a pas changé.
13:43 - Après, il y a un mode de vie, et vous le savez très très bien, il y a un mode de vie dans le monde rural et surtout dans cet espace géographique
13:50 avec la montagne qui est propre à la région. Il faut préserver d'ailleurs, je pense. Améliorer, oui, mais préserver.
13:58 - Préserver la pauvreté, je ne suis pas très d'accord. - Je n'ai pas parlé de pauvreté, j'ai parlé de la pauvreté.
14:02 Non, j'ai parlé de spécificité territoriale propre au monde rural et à la montagne.
14:07 Je n'ai pas parlé de pauvreté. - Oui, oui, je comprends.
14:11 - Ne m'insultez pas à l'antenne, je n'encourage pas à favoriser la pauvreté, quand même.
14:17 - Bien sûr, bien sûr, mais ce que je veux dire, c'est qu'il y a quand même une pauvreté absolue dans ces régions.
14:23 - Mais ça, on est d'accord. - Voilà, donc c'est ce qu'il faut changer.
14:26 Donc cette pauvreté n'a rien à voir avec ce qui se passe à Rabat et Casablanca, etc.
14:31 Donc il va falloir justement revoir le développement du Maroc, revoir justement un développement régional avec justement cette justice territoriale.
14:43 - Ça passe par quoi ? Parce que justement, notre question aujourd'hui, on parle d'économie.
14:47 - Ça passe par les infrastructures que l'État doit mettre en place, par la création d'emplois, par la création justement de zones de travail, de zones professionnelles, de zones industrielles.
14:57 Il y a énormément de choses qu'on peut faire dans ces régions-là au lieu de les délaisser.
15:01 Parce qu'en fait, ce qui se passe au Maroc, et ça c'est un des grands problèmes du Maroc, c'est qu'on s'est intéressé à l'axe Casarabat-Kinitra.
15:08 - Non, mais sur ça, on est d'accord. - Mais c'est ça, en fait, ce que vous avez parlé.
15:11 Vous avez parlé de créer des emplois, mais vous voyez des usines dans les hauteurs de l'Atlas.
15:16 - Mais il n'y a pas que des usines. Il y a énormément de choses. On peut créer du tourisme rural.
15:22 - Mais ça existe déjà. C'est ce qu'il faut renforcer. - On peut le développer. C'est très précaire.
15:28 Mais il y a énormément de choses à faire et des infrastructures, justement, qui peuvent aider.
15:32 Et je pense, si Hicham l'a dit, peut-être une des "bonnes choses" qu'on pourrait tirer de ce séisme, c'est que justement,
15:43 ça a démontré qu'il y a justement cette inégalité régionale, qu'il y a des régions qui sont totalement délaissées.
15:49 Et ça, c'est important. Et je pense que c'est l'occasion, justement, de revoir notre modèle de développement
15:54 et de revoir justement cette justice territoriale et justice régionale.
15:58 Vous savez que la constitution marocaine de 2011 parle de la régionalisation avancée.
16:04 Et quand on parle de régionalisation avancée, ça veut dire que chaque région doit profiter du développement,
16:10 de l'effort qui est fait au niveau national, comme les autres régions.
16:13 Donc tout le monde doit profiter. Et ces gens-là, ils étaient délaissés.
16:18 Et donc c'est l'occasion, justement, il est temps de revoir tout ce modèle et de repenser.
16:24 De repenser effectivement avec cette reconstruction, repenser un modèle de développement qui va permettre à ces gens-là,
16:31 tout en gardant, comme vous l'avez cité Cyril, tout en gardant l'aspect culturel et sociologique, etc.
16:37 On le garde, mais on développe quand même avec des moyens économiques qui vont permettre justement aux jeunes,
16:44 parce qu'il y a beaucoup de jeunes dans ces régions, d'avoir accès à l'école, d'avoir accès aux soins,
16:49 d'avoir accès au travail et de créer des zones de travail et des zones de création de richesses dans ces régions.
16:57 - Et que ces zones soient des zones créatrices de richesses. - Exactement.
17:00 Au lieu de laisser ces jeunes-là immigrer vers la ville.
17:04 - Hicham El Bid. - Créatrices de richesses, pour remonter justement sur ce que vous venez de dire,
17:08 mais créatrices aussi de sens. Et là, je vous rejoins.
17:11 C'est qu'il va falloir effectivement déployer ce nouveau modèle, entre guillemets, parce que...
17:17 - Parler de nouveau modèle, parce qu'à chaque fois on va ressortir ce mot "nouveau modèle",
17:20 à chaque fois qu'il y a une espèce d'hécatombe comme celle qu'on est en train de vivre...
17:24 - Il était nouveau quand on l'a annoncé, là, il faut parler du modèle de développement,
17:28 parce qu'à chaque fois on traduit le mot "modèle". C'est un modèle de développement.
17:31 - Disons, on perpétuelle effectivement, renouvellement, c'est tout à fait organique, on va dire, à un territoire.
17:37 Et là, j'enchaîne effectivement avec une petite réflexion par rapport au territoire,
17:41 et là je suis d'accord avec vous, Adil, c'est...
17:43 Effectivement, il va falloir faire en sorte que ça soit, comme disent les latins, "sui generis",
17:49 effectivement, inhérent à la région, adapté, adapté, adapté, adapté, et que ça vienne de l'intérieur.
17:56 Je sais pas si vous l'avez remarqué, mais on est en train de réfléchir à la place des autres,
17:59 on est en train de penser au territoire, alors que ces gens-là qui y habitent,
18:03 il va falloir effectivement les impliquer dans une démarche participative.
18:06 - Mais on habite aussi dans ces régions, on connaît ces régions, on y habite.
18:08 - Oui, je suis de bon contraire.
18:11 - Là, on est en train de débattre, on n'impose à personne, à quoi que ce soit.
18:13 - Non mais dans le sens où il va falloir faire participer les populations de ces régions.
18:18 - Mais donc, vous êtes en forme à vous ce matin.
18:19 L'autre, il me traite de favoriser la pauvreté.
18:23 Vous dites qu'on donne des leçons aux personnes du monde rural ?
18:27 Il faut arrêter.
18:28 - Non mais ne me faites pas dire ce que j'ai pas dit.
18:30 - Si, si, vous l'avez dit.
18:31 - J'ai parlé latin, vous avez tout perdu.
18:33 - Je parle pas latin, pardon.
18:35 - Non mais je disais qu'il va falloir effectivement qu'on implique encore plus ces populations locales.
18:40 On a vu leur spécificité, on a été charmé par leur spécificité.
18:43 Je souligne le terme charmé dans leur simplicité, dans leur modestie, dans leur humilité.
18:50 C'est des populations, effectivement, qui ne demandent qu'à être écoutées, qu'à être accompagnées.
18:57 Et donc, dans l'élan de solidarité qu'on est en train de vivre, il va falloir les impliquer encore plus.
19:04 Et on parlait tout à l'heure d'activités qui existent déjà, si Tayeb l'a très bien dit.
19:09 Il y a de l'agriculture, il y a de l'élevage, il y a du tourisme.
19:14 Et c'est l'occasion, effectivement, de repositionner, de remettre le curseur de façon beaucoup plus intelligente,
19:21 beaucoup plus adaptée.
19:22 Alors, encore une fois, je vais utiliser un mot latin avec un agiornamento, une mise à jour par rapport à ce qui se passe aujourd'hui.
19:28 Et donc, le principe...
19:29 - Ben non, on va parler berbère, moi et Tayeb.
19:31 - Je veux rien comprendre.
19:32 Si vous voulez commencer à...
19:34 On peut le faire.
19:35 - Non, écoutez, le souci, le souci, effectivement, de solidarité, on l'a évacué parce qu'on a vu tout le monde, effectivement.
19:44 Même les gens qui n'avaient pas grand chose.
19:47 Ils sont venus prêter main forte pour dire qu'on est là et personne ne nous a poussé à le faire.
19:51 Ça, il faut aussi le dire.
19:53 Et on ne l'a pas fait juste pour donner l'image qu'on veut, qu'on souhaite, effectivement, à l'international.
19:59 J'ai beaucoup entendu ça à droite et à gauche.
20:01 On veut donner l'image.
20:02 Non, on n'a pas besoin de donner l'image.
20:04 On l'a fait de façon spontanée, authentique.
20:07 On est sorti, on est parti dans des centres de transfusion sanguine.
20:10 - Ce sont plutôt les autres qui font attention à leur image.
20:12 Ceux qui proposent l'aide de leur pays et qui se sont offusqués que le Maroc ne l'accepte pas.
20:20 - Je vois bien à qui vous pensez.
20:21 - Concluez, parce que le temps passe vite.
20:23 - Moi, je suis...
20:25 Encore une fois, la résilience est de mise.
20:28 Impliquer, effectivement, ces territoires
20:31 pour qu'on arrête, justement, cette dichotomie entre le Maroc, comme disait Sidi Maraoui,
20:37 Maroc utile, Maroc inutile, ses disparités sociales et spatiales.
20:41 Il est temps, effectivement, d'y réfléchir de façon viscérale
20:46 pour qu'on puisse arrêter, justement, l'hémorragie.
20:48 - Moi, je pense, juste sur ce dernier point,
20:50 je pense qu'il faut arrêter, justement, de répéter ces termes de Maroc utile, Maroc non utile.
20:55 Il y a une réalité, c'est qu'il y a un Maroc riche et un Maroc pauvre.
20:58 Le Maroc utile et inutile, ça a une connotation un peu péjorative.
21:03 Ces zones-là ne sont pas inutiles.
21:04 Elles sont utiles à leur manière.
21:06 - Ce n'est pas péjoratif, c'est colonialiste.
21:08 - Non, je sais, mais calmez-vous.
21:10 Je ne dis pas que vous êtes en train de les insulter,
21:13 contrairement à ce que vous avez dit tout à l'heure,
21:15 que moi, je favorisais la pauvreté.
21:17 Je dis que ce terme, justement, il a été employé par des personnes dans un sens bien précis.
21:22 Il faut qu'on arrête de réitérer ces termes.
21:25 - Justement, l'objectif, c'est de ne pas se soulever.
21:27 - Un Maroc riche, il faut que ce Maroc pauvre ait son niveau de vie.
21:31 - C'est tout un débat.
21:33 - Le temps ne le permet pas.
21:34 Moi, je permets, mais le temps ne le permet pas.
21:35 Il nous reste 10 minutes.
21:36 Il y a un deuxième sujet qui est très intéressant, il me semble aussi.
21:40 On va passer du coq à l'âne, si c'est le cas de le dire.
21:44 Mais il y a un sujet économique qui m'a interpellé, intéressé ce matin.
21:48 Je pense que ça vous intéresse vous aussi,
21:49 surtout si ça y est, Aïss, la fameuse question des délais de paiement
21:54 sans péternel problématique au Maroc.
21:56 Pourtant, il y a une nouvelle loi qui a été mise en place au Maroc
22:01 et qui fixe, justement pour résoudre tous ces problèmes de retard de paiement,
22:05 de délai de paiement qui s'allonge, qui a fixé le délai normatif.
22:08 Là, il faut aussi expliquer aux gens de quoi on parle,
22:10 parce qu'il y a des subtilités dans la loi que peut-être certaines entreprises utilisent à leur avantage.
22:16 Cette nouvelle loi relative au délai de paiement fixe un délai normatif,
22:18 donc dans les opérations commerciales, à 60 jours, donc deux mois.
22:23 Sauf dans le cas où c'est un commun accord entre une entreprise et son fournisseur ou son client,
22:30 on décide, on l'écrit noir sur blanc d'ailleurs,
22:32 que le délai de paiement peut être étendu à trois voire quatre mois.
22:38 C'est en lisant un article de nos confrères de Média24,
22:40 je le cite, il faut donner à César ce qui appartient à César,
22:44 que j'ai vu effectivement que certaines entreprises
22:48 utilisent cette petite subtilité de la loi pour en faire une norme.
22:53 C'est-à-dire concrètement, et là on parle des grandes entreprises vis-à-vis des PME,
22:59 on favorise, on automatise même carrément cette notion
23:03 que le délai de paiement dans les opérations commerciales,
23:05 ce n'est pas 60 jours, comme c'est écrit noir sur blanc dans la loi,
23:10 comme c'est le délai normatif institué par la loi,
23:13 mais ce sera trois voire quatre mois.
23:16 Est-ce que c'est une réalité aujourd'hui ? Vous êtes expert comptable, économiste,
23:19 vous suivez un petit peu ce qui se passe sur le marché.
23:21 Est-ce que c'est une réalité ou est-ce que ce sont des cas isolés ?
23:24 Non, en fait, c'est une possibilité, c'est une ouverture de la loi,
23:27 puisque la loi parle de 60 jours,
23:30 ça veut dire en fait que vous devez payer vos fournisseurs dans les 60 jours.
23:35 Mais si évidemment la loi fait une ouverture,
23:38 vous pouvez aller jusqu'à 90 jours, jusqu'à 120 jours comme un maximum.
23:42 Et la loi même parle de 180 jours avec un certain nombre de conditions.
23:47 Mais donc, tant que la loi fait une ouverture,
23:50 moi, je dirais que tant que c'est légal, c'est légal.
23:53 Maintenant, c'est une question de négociation entre les clients et les fournisseurs
23:58 de voir justement le délai de paiement qui les arrange.
24:02 Maintenant, est-ce que les grandes entreprises en profitent ?
24:05 Certainement. Est-ce que toutes les entreprises en profitent ? Peut-être.
24:09 Mais déjà, le fait même de délimiter à 60 jours, 90 jours, 120 jours,
24:15 c'est déjà une bonne chose si on arrive justement.
24:17 Parce qu'en fait, un des problèmes des entreprises au Maroc,
24:19 c'est que les grandes entreprises notamment et tout le monde ne paient pas.
24:23 Quand les grandes entreprises ne paient pas les moyens,
24:25 les moyens ne vont pas payer les petites et les petites ne vont pas payer les très petites.
24:28 Et donc, il y a un marasme au niveau de l'économie nationale.
24:31 Et ça, ça bloque notre économie.
24:33 En fait, ce qu'on pourrait juste sur cette question,
24:35 bien sûr, ce n'est pas illégal, c'est la loi qui le permet justement.
24:38 Mais ce qui est peut-être reproché,
24:41 ce qui pourrait être reproché aux grandes entreprises,
24:44 c'est qu'on le sait dans une négociation entre une grande entreprise et une PME ou une TPE,
24:50 le rapport de force n'est pas équilibré.
24:51 Il n'est pas égal.
24:53 Et donc, du coup, est-ce que ces petites structures sont obligées de subir la loi du plus fort ?
24:58 Mais déjà, je pense qu'il faut déjà voir que justement,
25:02 puisqu'effectivement, comme vous l'avez si bien dit,
25:06 le rapport de force n'est pas équilibré.
25:08 Il est toujours en faveur des grandes entreprises.
25:11 Mais déjà, le fait que la loi mette un cadre de 60 jours, 90, 120 jours,
25:16 c'est déjà une bonne chose parce qu'auparavant,
25:18 vous savez, auparavant, ça peut aller des années, ça peut aller plusieurs mois.
25:22 Donc déjà, la loi a permis justement de mettre en place une limite maximale et minimale.
25:30 Donc, c'est déjà une avancée, on va dire.
25:32 Et puis, la loi aussi a obligé ces sociétés à faire des déclarations.
25:36 Vous savez, pour les grandes entreprises,
25:37 la pénalité de non-déclaration peut aller jusqu'à 250 000 dirhams par trimestre.
25:44 Donc là, c'est quand même assez lourd.
25:45 Donc, la loi oblige ces sociétés à faire un effort justement de recouvrement
25:50 pour qu'il y ait une fluidité au niveau de la trésorerie des entreprises.
25:53 Je pense que c'est une avancée parce qu'en fait,
25:56 avant cette loi, il y avait plusieurs lois sur le recouvrement,
25:59 parce qu'en fait, le recouvrement est un véritable problème au niveau de l'économie nationale,
26:05 surtout pour les entreprises et notamment les PME.
26:07 Et on avait plusieurs lois qui étaient promulguées, mais ça ne marchait pas.
26:15 Pourquoi ? Parce qu'à chaque fois, les anciennes lois,
26:18 à chaque fois, on mettait la responsabilité sur le fournisseur.
26:22 C'est-à-dire que le fournisseur doit mettre en place des pénalités, etc.
26:24 Mais ça ne marche pas parce qu'en fait, si votre client ne vous paye pas...
26:26 - Il faut que l'État intervienne dans ce cas-ci.
26:28 - Et là, la nouveauté, justement, c'est que c'est l'État qui intervient.
26:31 - À travers la DGI.
26:32 - À travers la DGI, effectivement, qui va donc imposer des pénalités
26:39 qui seront facturées trimestriellement si l'entreprise ne paye pas ses fournisseurs.
26:42 C'est une bonne chose.
26:44 On va voir donc l'application, ce que ça va donner au niveau des résultats.
26:47 - Michel Maubiède, la loi est bonne ? C'est son application qui peut peut-être poser problème ?
26:51 - Il me semble qu'on n'a pas poussé le bouchon assez loin.
26:54 - Par quels sens ?
26:56 - Dans le sens où le parent pauvre dans toutes ces transactions, c'est qui ?
26:59 C'est les petites entreprises.
27:01 Encore une fois, on intervient dans une réalité qui fait mal au cœur.
27:04 Vous avez des PME, des TPE qui ont fermé boutique parce que le fournisseur,
27:08 par enchantement, a décidé de ne pas payer ou de surcevoir son paiement, etc.
27:13 Et donc, lorsque je vois des amendes infligées à ces entreprises, ces grosses boîtes,
27:18 et ça commence déjà par que ça aille dans les caisses de l'État.
27:22 Je dis, il faut tout d'abord que ça aille dans les caisses du plaignant, à savoir la petite entreprise.
27:28 C'est elle qui souffre de ces délais de paiement qui ne se terminent jamais.
27:32 Et donc, il va falloir rajouter en plus de ce qui a été fait, il dit,
27:36 je n'ai rien contre, mais peut-être aller encore plus pour pousser les mauvais payeurs à cet unit d'endroit
27:43 et pousser les entreprises vers la vertu, comme on dit, dans le sens où surcevoir un délai de paiement,
27:49 c'est une trésorerie du fournisseur qui va en souffrir.
27:52 C'est une trésorerie qui risque effectivement de coûter des postes d'emploi.
27:57 Donc, quand tu n'as pas effectivement ta masse salariale pour pouvoir effectivement la distribuer,
28:01 il y a des postes qui vont sauter. Il y a des activités qui risquent de disparaître.
28:04 Il y a même des projets de développement qui risquent effectivement d'être envoyés et c'est inédit.
28:09 Donc, moi, je trouve qu'infliger des amendes, oui, mais c'est pas assez.
28:16 C'est pas uniquement ça qui va pousser des entreprises, d'autant plus qu'on ouvre la brèche.
28:21 Vous avez à titre exceptionnel, je reprends ce qui a été justement sur l'article dont vous parliez tout à l'heure,
28:25 à titre exceptionnel, on peut partir jusqu'à 180 jours.
28:28 Alors aller chercher, c'est quoi exceptionnel ?
28:31 Donc, je ne vois pas une véritable avancée par rapport à ce qui se faisait par le passé.
28:38 C'est vrai, c'est vrai que ça prenait parfois des années pour se faire payer.
28:42 Et parfois, vous êtes obligé de sous-doyer.
28:43 On va le dire comme ça, sous-doyer effectivement le comptable de l'entreprise en question pour avoir son chèque.
28:50 Et ça, c'est...
28:51 Vous êtes sous-doyé, vous, Pauli Beresk ?
28:53 Non, ça ne m'a jamais été présenté, non.
28:55 Très bien.
28:56 On a peur de le proposer.
28:59 Il y a un chiffre qu'on évoque à chaque fois lorsqu'on parle de ce problème du zéalé de paiement.
29:04 C'est le crédit inter-entreprise qui est évalué au Maroc à 400 milliards de dirhams.
29:10 Oui, effectivement, c'est un chiffre énorme.
29:12 Exactement, en fait, c'est une grande problématique parce qu'en fait, ce qui se passe réellement dans notre économie,
29:18 c'est que nous avons des banques qui ont le monopole du crédit.
29:23 Vous savez que nous avons une loi bancaire qui donne le monopole du crédit aux banques.
29:27 Mais en réalité, ce qui se passe, ce sont les entreprises qui jouent le rôle de banquier.
29:31 Et gratuitement en plus.
29:33 Donc, toutes les entreprises jouent le rôle de banquier de leurs clients, finalement.
29:39 Il y a beaucoup de gens qui ont fait fortune avec l'argent des autres et gratuitement en plus.
29:45 Donc là, évidemment, ça casse les PME, ça casse l'économie nationale.
29:50 Là aussi, les banques devraient aussi bouger parce que c'est aussi un manque à gagner pour les banques.
29:55 Donc, tout ce crédit, effectivement, que vous l'avez souligné, inter-entreprise est important.
29:59 Mais en fait, ce qui est grave au Maroc, c'est qu'au lieu de s'occuper de son mitié, au lieu de faire son travail,
30:05 on s'occupe à chercher du recouvrement, à faire du recouvrement.
30:08 Vous savez, on passe beaucoup de temps.
30:12 Un chef d'entreprise marocaine, PME, il passe pratiquement 50% de son temps à chercher son argent.
30:19 Et il faut justifier.
30:20 Il faut justifier à votre client que vous avez besoin de votre argent.
30:25 Il faut le justifier. Il faut dire vraiment, il faut l'implorer pour qu'il vous paie.
30:29 C'est des situations dramatiques.
30:30 - Ça, ça veut dire... - C'est dramatique.
30:32 - Non, mais ça, oui, c'est dramatique.
30:33 Mais ça veut dire surtout qu'il y a un maillon de la chaîne qui est rompu.
30:37 Il y a un truc qui ne va pas dans le système.
30:39 Justement, d'où la question initiale.
30:42 La loi a été faite. C'est bien.
30:43 Elle apporte pas mal de réponses.
30:45 Mais peut-être qu'elle n'est pas aussi parfaite et qu'elle n'est pas aussi adaptée, justement, à toutes ces problématiques que vous évoquez.
30:51 - En fait, je veux dire... - Peut-être qu'elle devrait être beaucoup plus contraignante.
30:55 - Non, en fait, il y a un problème au Maroc.
30:57 C'est que quand on a des problèmes, on les règle avec, en créant d'autres problèmes.
31:01 Nous avons un problème initial.
31:03 [Rires]
31:05 - C'est le serpent qui se mord la queue. - Exactement.
31:09 Nous avons un problème qui est très simple.
31:11 C'est quoi ? C'est que, regardez, quand je vous ai rendu un service, une marchandise,
31:16 vous vendu une marchandise, je vous donne une facture.
31:18 Vous êtes dans l'obligation de me payer.
31:20 Si vous ne me payez pas, je vais à la justice et le lendemain, je suis payé.
31:23 Bon, remarque, ça ne marche pas comme ça.
31:24 Vous allez à la justice, vous n'êtes pas payé.
31:26 C'est ça, donc, la véritable problématique.
31:28 C'est une problématique au niveau de la rapidité...
31:31 - Même quand les affaires sont portées devant un juge, c'est très...
31:34 - C'est très intense.
31:36 C'est pour cela, au lieu de s'attaquer à ce problème de la justice,
31:41 on crée d'autres mécanismes, comme l'a dit Sir Richard,
31:44 pour justement pallier ce problème.
31:46 Par exemple, en Europe, aux États-Unis, quand vous ne payez pas,
31:49 le lendemain, vous êtes saisi.
31:51 Le lendemain, et votre fournisseur est payé le lendemain.
31:55 - Peut-être qu'on devrait s'en inspirer.
31:57 Merci beaucoup, messieurs. Le temps passe très vite, c'est déjà fini.
32:00 - En votre compagnie, Sir Edil, ça passe très vite.
32:02 - Ça, c'est bon, Sine. - Très, très bonne compagnie, Sir Edil.
32:04 - On n'a rien contre toi, Sir Edil.
32:06 - Ah, mais je sais que vous n'avez rien contre moi.
32:08 - Il est adorable, Edil.
32:09 - Je sais que vous n'avez rien contre moi.
32:10 - Il suscite le débat.
32:11 - Ah, il suscite le débat, oui, c'est ça.
32:13 Non, mais j'aime bien débattre avec vous.
32:15 Quand le temps passe vite, ça veut dire qu'on ne s'ennuie pas.
32:17 - Voilà, exactement.
32:18 - Merci beaucoup, Taïwéis.
32:19 - Merci, Sir H. Le Vion.
32:20 - Au plaisir de vous retrouver prochainement pour d'autres émissions,
32:22 d'autres sujets et d'autres débats.
32:24 C'est bientôt 10h sur Atlantique Radio. Vous retrouverez bien évidemment Mourad Babaa
32:27 pour un nouveau point complet sur toute l'actualité.
32:30 Bonne fin de journée à l'écoute d'Atlantique.
32:32 [musique]