"Je m'inspire de la vie des gens sur scène" avec Anne Roumanoff et Omar Youssef Souleimane

  • l’année dernière
"C'est Excellent" avec Judith Beller.

Au programme :

▶️ Anne Roumanoff, humoriste et comédienne

▶️ Omar Youssef Souleimane, journaliste, poète et écrivain franco-syrien

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##C_EST_EXCELLENT-2023-10-15##

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Transcript
00:00 - Bonjour à tous, c'est Excellent sur Sud Radio, votre rendez-vous du dimanche avec
00:07 l'excellence française.
00:08 Le temps d'une heure, nous découvrons ensemble les destins de ceux qui s'impliquent, qui
00:12 vont chercher toujours plus loin.
00:13 C'est une des figures majeures de l'humour en France, une qui incarne à la perfection
00:17 l'art de la satire sociale à travers ses spectacles captivants et son humour impertinent.
00:21 Elle nous revient avec un one-man show qui ne faillit pas à cette tradition.
00:24 L'expérience de la vie, c'est le titre de votre nouveau spectacle, Anne Romanoff,
00:27 celui d'une femme d'expérience qui continue à expérimenter, comme vous vous décrivez
00:31 vous-même.
00:32 Vous allez nous raconter tout cela et plus encore, on l'espère.
00:35 Bienvenue dans cet Excellent.
00:36 - Merci.
00:37 - Avec plaisir.
00:38 De la série à la France, il a trouvé la rédemption à travers la littérature qui
00:41 lui a appris à aimer son pays d'adoption.
00:43 Et ce sont les mots, nos mots français, qui lui ont ouvert l'horizon.
00:46 Omar Youssef Souleiman est devenu écrivain et poète et il nous raconte son chemin de
00:49 l'exil, son chemin vers la France, qu'il a choisi comme terre d'accueil dans son tout
00:52 dernier livre, Être française, sorti chez Flammarion.
00:55 Omar, je crois que les croissants y sont pour beaucoup.
00:58 Bienvenue sur Sud Radio.
01:00 - Bonjour.
01:01 - Et cet Excellent sur Sud Radio, vous l'avez compris, bienvenue chez vous.
01:03 Alors Anne Romanoff, comme je le disais en introduction, vous êtes à l'affiche de
01:09 votre tout nouveau one-woman show, l'expérience de la vie.
01:11 C'est un spectacle où vous tournez en dérision, comme à votre habitude, les dérives de notre
01:16 société.
01:17 Alors ça passe des influenceuses à l'élection présidentielle.
01:19 Je crois qu'on retrouve même votre voyante mythique, si je ne me trompe pas.
01:22 - Alors non, pas dans ce spectacle-là.
01:24 Non, mais je parle de l'époque actuelle, de ce qu'on a le droit de dire, pas dire,
01:30 des machines qui remplacent les gens, des nouveaux métiers, la nouvelle place du travail
01:34 dans la société.
01:35 Je parle de beaucoup de choses très contemporaines.
01:39 - Parce que vous trouvez qu'on a moins de place pour la parole libre aujourd'hui ?
01:42 - Non, il ne faut pas dire ça.
01:44 Non, justement, non.
01:45 Je ne sais pas pourquoi on dit ça.
01:48 Et je trouve qu'il y a des bonnes choses aussi, parce que finalement, quand on a la parole,
01:53 on a le droit de dire n'importe quoi, n'importe comment.
01:55 On a une responsabilité à partir du moment où on a le droit de prendre la parole.
01:58 Mais justement, je fais un sketch sur une bouchère dont la fille est woke et le mari
02:03 n'est pas déconstruit, donc elle navigue entre les deux.
02:05 - Ça doit être pas mal.
02:07 On imagine tout à fait les scènes que ça peut provoquer dans les familles.
02:10 Alors ce titre, "L'expérience de la vie", celui d'une femme d'expérience qui continue
02:13 à expérimenter, c'est vous qui le dites, c'est comme pour nous dire qu'on n'arrête
02:16 jamais d'apprendre, finalement ?
02:17 - Je pense que la vie est un chemin, et c'est ce chemin qui est intéressant.
02:22 C'est pas forcément le but.
02:23 Et puis, qu'est-ce que c'est que l'expérience de la vie ?
02:25 À la fin du spectacle, je termine par des vieilles dames qui racontent leur expérience
02:28 de la vie.
02:29 J'avais envie, parce que j'ai quand même un certain âge maintenant, donc je sais pas,
02:34 de porter un regard...
02:35 Et j'explique aussi qu'on croit qu'avec l'âge, on vit en plus serein.
02:39 En fait, non.
02:40 - Non ? Vous n'êtes pas devenu plus sage ?
02:42 - Un peu, mais pas sereine, pas tout à fait.
02:45 - Alors, d'aucuns disent que tout va pas très bien, mais en sortant du spectacle, on se
02:48 sent vraiment mieux.
02:49 Vous videz ça aussi, Anne Roumanoff, en insérant de la lumière, de la légèreté dans des
02:52 sujets lourds, voire même insupportables en ce moment ?
02:54 - En fait, on fait pas rire avec le bonheur, on fait rire avec les problèmes.
02:56 Après, on peut pas faire rire de tous les problèmes, bien sûr, mais rien ne me fait
02:59 plus plaisir que quand je vois des gens illuminés, enfin, ça me donne un peu de rumeur, mais
03:04 en tout cas radieux à la fin du spectacle, et qui me disent qu'ils ont oublié leurs
03:07 soucis, et justement, en leur parlant de leurs soucis.
03:10 Je parle aussi de l'inflation, je parle du Covid...
03:13 - Et c'est pour ça que ça marche, finalement, parce que vous parlez de sujets qui touchent
03:16 tout le monde, quoi.
03:17 - Moi, je pense que le rôle d'un artiste, et plus précisément d'un humoriste, c'est
03:20 de tendre un miroir à la société, et moi, je fais rire, enfin, j'essaye de transformer
03:26 des choses pas drôles, à pointer certaines choses pour montrer la dérision des choses,
03:32 quoi.
03:33 Je pense que, oui, les gens apprécient en tout cas que je leur parle vraiment de l'époque.
03:36 C'est un spectacle très ancré dans l'époque.
03:38 - Comme vous traitez ces sujets-là, est-ce que maintenir l'équilibre entre la satire
03:41 sociale et l'humour, c'est un sujet, finalement, pour vous, ou pas du tout ?
03:44 - Non, chaque sketch est un cas individuel, et en fait, je choisis un thème, après je
03:50 cherche un thème qui me parle, après je me dis comment je vais...
03:53 Par exemple, ça faisait longtemps que je voulais faire un texte sur le développement
03:56 personnel, et j'avais essayé d'en presser dans le spectacle, et je l'avais joué une
04:00 dizaine de fois, et ça faisait pas du tout rire, je me suis dit "les gens ne sont pas
04:03 prêts", et là, en fait, j'ai trouvé l'axe d'une fille qui a l'accent du midi, mais qui
04:06 est naïve et en même temps pertinente, et qui lit tous les livres de mon personnel,
04:11 et qui essaye toutes les méthodes, et là, à ma grande surprise, c'est un des sketchs
04:15 qui marche le mieux dans le spectacle, et les gens rient à chaque phrase, et même
04:19 la première fois que j'ai joué, j'étais surprise, et ce qui m'intéresse, par exemple,
04:22 dans ce texte, c'est que je dis aussi des choses profondes sur la vie, mais qui passent
04:25 à travers le prisme de ce personnage, quoi.
04:27 - Et est-ce que c'est le fait aussi que ça soit un personnage entre guillemets "commun"
04:31 ou un peu banal, qui fait que ça fonctionne ? C'est-à-dire que de rendre l'absurde drôle...
04:35 - Mais c'est souvent moi ce qui me vexe parfois, c'est qu'on ne s'aperçoit pas de mes qualités
04:39 d'écriture, parce que justement je fais des personnages qui ont l'air parfois un peu
04:43 simplets, mais qui disent quand même des choses profondes, et c'est tout ce subtil
04:47 équilibre.
04:48 Donc pendant longtemps, on a cru que j'étais simplette, et donc chaque fois que j'écris
04:51 des textes où les gens disent "ah bah alors", ils sont surpris, et après ils me disent
04:54 "vous écrivez vos textes vous-mêmes ?" et je dis "bah oui, ça fait 35 ans, quoi".
04:57 - Et alors justement, dans quelles conditions vous écrivez, comment vous trouvez vos blagues ?
05:00 Vous les essayez sur les gens autour de vous ?
05:02 - Pas du tout.
05:03 - Non ? Non, d'accord.
05:04 - Non.
05:05 - D'accord.
05:06 Donc c'est ensuite sur le public, directement.
05:07 - Oui, et puis c'est souvent l'entourage, soit il est très difficile et il dit "oh
05:10 tu crois et ça vous décourage", alors peut-être que le truc est intéressant, soit ils disent
05:13 "ils peuvent être complaisants et rire", et bah non.
05:16 - Donc finalement c'est entre professionnels que ça se définit aussi, avant le public ?
05:19 - Non, vraiment c'est sur scène, et quand par exemple ce spectacle, j'ai commencé
05:23 à le jouer au mois d'avril dans des toutes petites salles, j'ai commencé par Aix-en-Provence,
05:27 la Fontaine d'Argent, dans un petit théâtre de 100 places, et je dis aux gens que c'est
05:30 un nouveau spectacle, parfois j'ai même mes textes à la main, et là je teste, je
05:34 regarde les réactions.
05:35 - Ça leur plaît du coup j'imagine aussi cette idée que vous testiez ce nouveau spectacle
05:39 sur eux, le public se doit de se sentir privilégié ?
05:41 - Oui, sauf quand il y a trop de textes, ils se disent "ah non on le sait pas, elle a pas
05:45 appris".
05:46 C'est vrai qu'au début je vais pas apprendre un truc, je sais pas ce que ça va donner
05:51 quoi.
05:52 Mais oui, c'est un peu work in progress, et c'est beaucoup d'ajustements, et l'écriture
05:55 d'humour ça demande énormément de précision, beaucoup de rétrécissement, de condensation,
06:00 d'enlever tout le gras, et c'est très précis l'écriture humoristique.
06:04 Donc c'est beaucoup de travail, de mise au point, jusqu'à se dire "ça y est, une fois
06:08 que le texte est écrit je m'amuse pas à le changer toujours".
06:10 Et après j'ai une liberté d'improvisation sur scène, dans certains personnages il peut
06:14 me venir des choses.
06:15 - D'accord, et vous improvisez souvent du coup ?
06:17 - Un petit peu, mais enfin c'est tellement dur de trouver la phrase juste qui fait rire
06:22 qu'après on va pas s'amuser non plus, pas trop rajouter de temps.
06:25 - Et alors est-ce que vous faites attention quand vous écrivez justement à pas franchir
06:30 certaines limites sensibles, ou c'est pas du tout un sujet non plus ?
06:33 - Non, c'est pas un sujet, je pense qu'on vit dans un pays libre, Dieu merci, et que
06:37 les gens ont payé pour leur liberté, et que c'est à chaque humoriste de prendre ses responsabilités.
06:41 Donc je pense que le plus important quand on est artiste c'est d'être profondément
06:46 en accord avec soi-même.
06:47 - Ce qui est votre cas.
06:48 - Bah j'essaye en tout cas, mais même ça va aussi du fait que par exemple s'il peut
06:52 y avoir des sketches qui font beaucoup rire, tout à coup ça m'amuse plus de les faire,
06:56 je vais les enlever du spectacle parce que j'ai plus le plaisir.
06:58 Je pense que c'est très important, et le public est sensible quand il fait l'effort
07:02 de se déplacer voir un artiste, voir du spectacle vivant, que justement au livre du spectacle
07:06 vivant, c'est-à-dire pas de la conserve, pas un truc, parce qu'une fois que le truc
07:09 est peut-être trop rodé c'est pas bon non plus.
07:11 - Donc le par-coeur c'est pas toujours bien quoi, Anne Romagnol.
07:13 - Si si si, mais comme j'écris mes textes c'est vrai que je peux aussi parfois j'invente
07:18 des choses quoi.
07:19 - Et est-ce que l'humour il vous permet de tout dire finalement du coup ? Oui ? C'est
07:23 ça que vous nous dites, vous avez une grande liberté quoi, ça permet de rire, on peut
07:26 rire de tout aussi finalement.
07:27 - Oui, tout dépend comment, avec qui, de quelle manière.
07:30 - Et de la précision et de la finesse aussi.
07:31 - Oui c'est ça.
07:32 Parce qu'il y a un moment quand on dit, enfin je le fais dire à un personnage, justement
07:38 la bouchère qui parle à son mari, son mari dit "ouais on peut plus rien dire", je dis
07:42 "bah oui mais j'ai dit les gens qui disent on peut plus rien dire c'est souvent parce
07:45 qu'ils regrettent de ne plus pouvoir dire des choses racistes, sexistes ou homophobes".
07:49 C'est quand même ça.
07:50 - C'est un point de vue effectivement.
07:51 - Mais c'est la vérité.
07:52 - Omar Youssef Souleiman, je rappelle votre récit "Être français" qui est sorti chez
07:57 Flammarion, est-ce que je peux vous, je sais pas, est-ce que d'ailleurs je vais vous poser
08:00 la même question, est-ce que vous réfléchissez à l'impact de vos mots sur les lecteurs au
08:04 moment où vous écrivez ou pas du tout ?
08:05 - Justement bien sûr que j'en pense parce que je pense qu'un texte non-lui est un texte
08:10 mort d'une manière ou d'une autre.
08:11 Mais avant tout en tant que quelqu'un, je peux dire exilé, parce que je pense évidemment
08:17 j'ai obtenu l'université française il y a un an aujourd'hui, donc je suis français
08:21 même avant ceci j'étais français sans papiers.
08:23 - Ça fait un certain nombre d'années.
08:24 - Tout à fait, c'est une histoire de dingue quand même.
08:27 Mais par rapport à l'écriture, parce que j'étais écrivain même quand j'étais en
08:31 Syrie, j'avais publié de livres en arabe, je travaillais comme journaliste, donc c'était
08:36 aussi mon métier d'adresser la parole aux autres.
08:39 Et encore une fois je pense que le texte non-lui est un texte mort mais aussi au moment de
08:44 l'écriture, une fois qu'on pense à la censure, on pense au regard des autres, ou à l'opinion
08:48 des autres, on peut pas écrire.
08:50 Il faut avoir une liberté absolue et totale dans l'écriture.
08:54 Et c'est ça la différence entre écrire dans un pays dirigé par un régime dictatorial
08:59 comme la Syrie et un pays comme la France.
09:02 Par rapport à ce que vous avez abordé, est-ce qu'en France on est moins libre qu'avant ?
09:07 En fait je ne sais pas parce que je n'ai pas vécu dans la France d'avant.
09:11 - Ça fait que j'ai 10 ans que vous êtes là.
09:12 - C'est vrai mais je trouve qu'on n'est pas moins libre mais je pense qu'on a moins de
09:18 tolérance peut-être, ou on est d'une manière ou d'une autre aussi encadrés dans un cadre
09:22 d'écriture.
09:23 Plus encadré, par exemple moi je suis souvent encadré comme le migrant français qui doit
09:26 rester migrant français.
09:28 C'est marrant quand même être un migrant français.
09:30 - Vous êtes français et migrant peut-être.
09:32 - Oui les deux, je préfère le moins exilé quand même.
09:34 Mais bon, je trouve que c'est hallucinant.
09:37 - Et alors vous Anne Roumanoff, justement quand vous écrivez, vous avez dit, vous essayez
09:41 pas sur les gens qui sont autour de vous, mais est-ce que vous projetez aussi quelle
09:45 réaction publique au moment où vous écrivez ? Est-ce que c'est une question que vous vous
09:48 posez ou pas du tout ? Est-ce que ça peut être gênant ça pour vous dans l'écriture
09:50 justement ?
09:51 - Au bout de 35 ans d'expérience, on peut se douter qu'à un endroit il y aura tel ou
09:55 tel rire, mais encore une fois, j'ai toujours de grandes surprises.
09:58 Des réactions du public, des trucs que je trouve bof, les gens sont épuisés de rire.
10:03 - Que vous n'aviez pas préjudité quoi.
10:04 - Et le contraire, des trucs que je trouve super drôles.
10:05 - C'est ça qui est sympa.
10:07 - Je les enlève.
10:08 Non non mais vraiment on ne peut pas préjuger quoi.
10:10 - Et qu'est-ce qu'il emporte ce public en repartant selon vous ? Le sourire déjà quoi.
10:16 - Je pense une certaine forme de joie même.
10:19 - Oui, de la légèreté quoi.
10:21 La joie ça va avec une certaine forme de légèreté.
10:24 - Peut-être, mais je pense que la joie ça peut aussi être profonde.
10:27 - Ouais.
10:28 - C'est pas superficiel forcément.
10:30 - Ouais, c'est comme ça que vous la vivez vous en tout cas ?
10:33 - En tout cas, je suis, parce que des fois je suis complètement déprimée, fatiguée
10:37 au bout de ma vie et en fait je vais sur scène et je sais pas.
10:40 Même moi je suis surprise.
10:42 Je sais pas pourquoi quand je suis sur scène tout d'un coup il y a des choses...
10:46 - Il y a une forme de magie.
10:47 - Il y a ce talent, ce don, mais malgré moi de transmettre une forme de joie alors que
10:52 des fois je me sens désespérée.
10:53 - Mais est-ce que c'est pas le désespoir parfois qui pousse à donner envie de faire
10:58 rire aussi Anne Romagnol ?
10:59 - Oui, mais tous les gens désespérés sont pas humoristes.
11:01 - Ouais, c'est ça.
11:02 - Mais oui, je pense que tous les humoristes que je connais sont tous hypersensibles, écorchéviques,
11:08 ils ont tous des failles, mais après on connaît tous des écorchévifs hypersensibles qui
11:12 sont pas humoristes.
11:13 - C'est vrai.
11:14 - Ça suffit pas.
11:15 C'est une condition nécessaire mais pas suffisante.
11:16 - Eh bien on est bien avec Sud Radio et sur Sud Radio avec l'humoriste Anne Romanoff
11:21 et l'écrivain Omar Youssef Souleyman dans C'est excellent, vous l'aurez compris.
11:24 A tout de suite chers auditeurs.
11:25 - Merci d'être avec nous sur Sud Radio, c'est un excellent choix.
11:34 Avec moi aujourd'hui l'humoriste Anne Romanoff et son nouveau spectacle L'expérience de
11:37 la vie.
11:38 L'écrivain et poète Omar Youssef Souleyman et son nouveau livre "Être français" sorti
11:42 chez Flammarion.
11:43 - Alors Omar Youssef Souleyman, pour résumer en quelques mots le chemin de vie que vous
11:48 nous racontez dans ce livre, il s'agit de votre route de Homs en Syrie à la France,
11:52 marquée par la fuite, la fausse identité et puis le refuge justement en France.
11:55 Un pays que vous êtes venu à aimer pour une raison plutôt inattendue et qui vous fait
11:58 sourire je pense à Anne Romanoff, les croissants.
12:00 Vous aimez ça les croissants ?
12:01 - Oui, trop.
12:02 - Moi aussi.
12:03 Alors c'est ça qui vous a décidé de venir ici ? Vous les aimez moins qu'avant ? Vous
12:08 en avez trop mangé cette demain.
12:09 - Oui, parce que j'ai aussi tombé amoureux au pain au chocolat quand même.
12:11 - Vous dire pas au chocolat, au chocolatine ?
12:13 - Non, non, c'est pain au chocolat là.
12:15 - Désolé, on n'est pas là aujourd'hui.
12:16 - Attention, c'est très important.
12:17 - Moi je trouve le pain au chocolatine c'est le plus essentiel.
12:19 Mais évidemment, vous savez, on a une attirance vers n'importe quel pays.
12:24 Cette attirance est basée sur le cliché.
12:27 Le cliché de la France au Broche-Orient, c'est le pays de Champs-Élysées, le pays
12:31 de Tour Eiffel, de Parfum, peut-être le pays des baguettes, du péré, etc.
12:36 On a appris ça de la France des années 70, le cinéma français.
12:41 Alors il y avait tout ça dans mon esprit.
12:43 Une fois que je suis sorti de la Syrie, dans une condition cruelle, c'est-à-dire que
12:49 je suis clandestinement à Jordanie, et là-bas j'ai demandé l'asile politique.
12:53 - Vous êtes harcelé par la police là-bas ?
12:54 - La police jordanienne m'a arrêté, m'a emprisonné, m'a torturé.
12:58 Puis une fois que je suis sorti de la prison, vous savez la police au Broche-Orient, ils
13:01 sont tous pareils.
13:02 Après ils nous arrêtent, ils nous torturent, puis ils disent "nous sommes désolés, c'était
13:04 une erreur".
13:05 Donc une fois libéré, j'ai recherché un nouveau pays pour être en sécurité.
13:11 C'est ça la priorité pour un réfugié.
13:13 Donc j'ai demandé l'asile politique de l'ambassade française pour, essentiellement,
13:18 en ajoutant de croissants bien sûr, c'est le plus...
13:21 - C'est le must on va dire.
13:23 - Oui grave oui.
13:24 C'était pour deux raisons.
13:26 La première c'est que la France pour moi c'était le pays de Paul-Éloi, le pays de
13:30 la poésie, de la littérature, ce qui est vrai.
13:32 On avait lu en arabe depuis quand j'étais adolescent.
13:36 Et aussi la réputation de la France au Broche-Orient, c'est le pays qui protège le bus, les droits
13:41 de l'homme et surtout les journalistes, réfugiés politiques.
13:43 Donc dans l'avion, d'ailleurs moi j'ai été impressionné que j'avais vraiment de la chance.
13:48 J'ai pas souffert de traverser la mer en long chemin, c'est-à-dire le lendemain j'étais
13:53 à Paris.
13:54 L'ambassade française était vraiment collaboratrice.
13:57 Et dans l'avion pendant 4 heures j'avais ça, j'avais cette image française.
14:01 La douceur, la joie, où tout le monde sont heureux, ils dansent dans la rue.
14:06 - Ah bah ça a dû vous faire bizarre en arrivant ici !
14:09 - Paul-Éloi partout ! Et la première scène que j'ai trouvé à Paris, c'était le RERB.
14:13 - Oui, bah voilà ! - Je me suis retourné au Borchard de Gaulle.
14:16 Suivi par une autre scène où tout le monde courait dans tous les sens.
14:19 J'avoue j'avais l'impression qu'il y avait un attentat.
14:21 Pourquoi les gens courent à Paris ? Parce que vous savez au Broche-Orient on marche lentement.
14:25 - Vous avez découvert pourquoi les gens couraient là ?
14:27 - Parce qu'il faut courir à Paris ! Ça fait 11 ans que je cours comme moi, je sais pas
14:31 - Vous êtes pas arrêté ! - Vous savez on tombe sur une ambiance complètement différente
14:35 de celle de Broche-Orient inattendue, évidemment.
14:38 - Alors Omar Youssef Suleiman, vous nous dites aussi "je vis une nouvelle naissance, une nouvelle mère, la France".
14:43 Vous l'avez dit tout à l'heure, vous venez d'être naturalisé en 2022, ça faisait 10 ans que vous attendiez ça.
14:48 Et vous dites aussi "comment ne pas considérer ainsi la terre qui m'a offert la possibilité de m'exprimer,
14:52 m'a sauvé de la tyrannie et qui m'a donné ce cadeau, la citoyenneté".
14:55 Bon c'est une déclaration d'amour univoque malgré le RERB j'ai envie de dire.
14:58 Encore une fois grave, je vais vous dire, c'est trop parisien.
15:02 Parce que tout simplement je pense que la France m'a offert ce cadeau.
15:07 Je pense qu'il faut vivre ailleurs que la France pour savoir à quel point on vit bien ici.
15:11 Vous savez les premiers mots que j'ai appris de la langue française c'était des gros mots.
15:14 Parce qu'ici en France on adore râler, on adore être malheureux d'une manière ou d'une autre.
15:19 - Les bons gaulois ! - Ça m'a tellement marqué, oui à fond.
15:22 Donc il faut savoir vraiment à quel point on vit très mal au Broche-Orient pour savoir à quel point on vit ici.
15:28 Ici en France, ma haute ferme, ce fait là beau, m'a offert la liberté d'expression, m'a considéré comme citoyen.
15:35 Je dis toujours que les Syriens sont nés comme des exilés sur leur propre territoire.
15:39 Ici j'avais le droit par exemple de voter en France, vous pouvez imaginer la situation.
15:44 Un Syrien qui vote en France.
15:47 Il y a beaucoup de cadeaux que ce pays m'a offert et je pense que c'est normal de le considérer comme ma nouvelle mère symbolique
15:55 dans l'absence de ma mère biologique que ça fait 11 ans que je ne l'ai pas vue parce qu'elle est toujours en Syrie.
15:59 - Vous avez des nouvelles d'elle ? - De temps en temps.
16:05 Mais c'est très compliqué parce que les téléphones sont surveillés en Syrie.
16:08 Je préfère ne pas raconter des détails parce qu'on brûle leur sécurité.
16:11 En France, évidemment ce pays m'a offert beaucoup de choses, mais quand je parle de la France, je parle de la France des valeurs.
16:18 Je parle de notre France, la France qu'on aime, la France de liberté, égalité, fraternité et de tolérance.
16:24 - Omar Youssef Suleiman, pour votre père restant en Syrie, la prière était plus importante que l'école.
16:28 Vous avez grandi dans une famille, du coup à résonance islamiste, lui l'était en tout cas.
16:32 Vous avez même eu à un moment donné, vous avez flirté avec l'idée de commettre un attentat,
16:37 ce que vous nous racontez aussi dans votre tout premier récit, "Le petit terroriste".
16:40 Forcément, je vais vous poser une question d'actualité.
16:43 Les événements tragiques des derniers jours entre l'attaque des terroristes du Hamas sur Israël
16:48 ou l'assassinat tout récent du professeur Dominique Bernard sur notre territoire,
16:51 ça a une résonance toute particulière pour vous, qu'est-ce que ça vous évoque ?
16:55 - C'est un drame, un drame absolu, ça fait des dizaines d'années qu'on vit au Proche-Orient.
16:59 La condamnation de Hamas, c'est complètement fort et légitime.
17:05 Je pense qu'Hamas ressemble beaucoup à Daesh avec tout ce qu'ils ont fait ces derniers jours,
17:12 d'assassiner les civils, d'attaquer le territoire d'Israël à côté.
17:17 Je pense que personnellement, je dois être solidaire avec toutes les victimes de deux côtés.
17:23 Les victimes du Gaza qui est en train d'être détruit aujourd'hui complètement.
17:27 Les enfants, les femmes, les hommes, les civils qui ont mort, ce n'est pas de leur faute, c'est la faute de Hamas.
17:34 Il ne faut vraiment pas faire de l'amalgame non plus.
17:36 Et sur l'autre côté, c'est pareil, les civils israéliens, je pense qu'on doit être solidaires avec les victimes, premièrement.
17:43 Deuxièmement, Hamas, c'est la honte ce qu'ils font parce qu'ils prennent une zone où il y a plus de 2 200 000 personnes qui vivent là-bas,
17:57 ils prennent comme des otages.
17:59 - C'est ça que je voulais dire, est-ce que vous ne pensez pas que c'est le Hamas qui prend en otage les Palestiniens ?
18:02 - Évidemment, ils prennent en otage les Palestiniens, mais ça ne veut pas dire que non plus les attaques de l'état israélien sont plus cool,
18:09 parce que c'est horrible ce qu'il se passe aujourd'hui.
18:12 De toute façon, je pense qu'au Hamas, c'est un mouvement islamiste, terroriste, et on le connaît depuis longtemps,
18:17 et ça réveille beaucoup de souvenirs désagréables de ma mémoire.
18:21 Mais on doit être solidaires avec les deux, avec tous les civils communs.
18:24 - Pour en revenir un petit peu à la France, vous qui avez reçu la nationalité française il y a quelques mois, Omar,
18:29 qu'est-ce que c'est vos espoirs en tant que nouveau citoyen français pour ce pays ?
18:35 - Peut-être râler, parce qu'on va à nouveau français, il faut râler.
18:38 - Vous voulez apprendre à râler, c'est ça ?
18:40 - Putain, j'ai fait chier, je viens de voir, c'est l'un des plus beaux mots que j'ai eus.
18:42 - Pas l'onglet sur son radio.
18:44 - Désolé. C'est la vérité, à l'époque je les ai répétés, je ne savais pas ce que ça voulait dire.
18:48 Et donc, comme un nouveau français, aujourd'hui, je pense que ce qui me tient le plus, c'est l'engagement, avant tout.
18:54 Protéger la France, c'est un pays qui mérite d'être protégé, d'avoir l'appartenance envers mon nouveau pays adoptif, merveilleux.
19:03 Je pense qu'un pays comme la France, le pays de Paul-Éloi, le pays de Descartes, le pays de la grande civilisation...
19:09 - Vous voudrez qu'il soit à la hauteur de tout ça, quoi.
19:11 - Exactement, je pense qu'on doit être à la hauteur de tout ça, avec mes compatriotes, qui sont les françaises et les français aujourd'hui.
19:18 - C'est magnifique, j'aime entendre ce genre de choses sur Sud Radio.
19:21 - Moi aussi.
19:22 - Alors, Anne Roumanoff, justement, vous qui nous parliez d'enlever le gras dans l'écrit humoristique tout à l'heure,
19:28 quand on écoute Omar justement redire ces gros mots dont les français sont si férus,
19:34 on peut se dire aussi que finalement les mots définissent l'humeur, définissent un peuple et une culture aussi, finalement.
19:40 Et que ça devient, pour vous, c'est de la richesse tout ça, non ?
19:43 - C'est ce travail sur les mots qui est passionnant, bien sûr.
19:46 Quels mots on dit, dans la bouche de quel personnage, pour dire quoi.
19:49 - Bien sûr. Et comment vous faites alors ? Est-ce que vous écoutez les gens parler, vous, pour vous en inspirer ?
19:55 Comment vous fonctionnez ?
19:56 - Tout le temps, mais en fait j'ai toujours fait ça depuis toute petite, même quand j'avais 7-8 ans,
20:00 j'écoutais toujours les conversations de la table à côté, j'ai toujours été très curieuse
20:03 des manières de parler, des codes sociaux.
20:06 Et puis j'ai aussi un truc, c'est que les gens racontent beaucoup leur vie parce que je suis assez empathique.
20:10 Des fois c'est fatiguant parce que quand il y a des gens qui sont malades, j'attrape aussi, enfin voilà.
20:16 Je suis trop empathique.
20:17 - Vous attrapez les maladies comme les mosques ?
20:19 - Non, c'est pas ça, mais je peux vite être vidée de mon énergie.
20:21 Si j'encontre des gens toxiques ou négatifs, je peux...
20:24 - Vous prenez les énergies ?
20:25 - Ouais, c'est ça. Mais ça c'est un problème parce que je donne de l'énergie sur scène, ça, ça va.
20:29 - Sur scène, vous prenez pas l'énergie du public ?
20:31 - Non, non !
20:32 - Ça serait compliqué là !
20:33 - Non, au contraire, je donne, mais c'est vrai qu'après, je suis trop...
20:37 J'aimerais travailler là-dessus pour soigner ça, mais je suis trop une éponge en fait.
20:41 Mais enfin, du coup, les gens me racontent très vite leur vie et les petits détails.
20:44 Après je pose des questions, je suis curieuse, ils me racontent pas comme ça.
20:47 Mais c'est vrai que... Voilà. Donc en fait, j'emmagasine beaucoup d'expériences humaines,
20:51 de tout ce que les gens me racontent, et après je ressors ça.
20:54 Après je réutilise pas tout sur scène, et sur scène, je...
20:57 Je n'aime pas reproduire le réel tel qu'il est en fait, c'est quand même une transfiguration.
21:00 Donc ça veut dire, même quand je dis "je", c'est pas forcément des choses qui me sont arrivées.
21:04 Je m'inspire et je m'imbibe de plein de choses, quoi.
21:06 - Vous vous créez des personnages qui sont des personnages réels, mais qui ne le sont pas finalement.
21:11 - Jamais de total...
21:12 - C'est une projection de plusieurs choses à chaque fois.
21:14 - C'est ça qui me plaît, parce que je trouve que retranscrire la réalité telle qu'elle est, déjà,
21:17 c'est pas forcément drôle, donc il faut l'enrichir d'autres choses.
21:20 Et puis il y a des choses qui viennent de mon imagination, de ma créativité, heureusement, quoi.
21:24 - Bien sûr.
21:25 Eh bien, Sud Radio, c'est excellent avec l'humoriste Anne Romanoff
21:28 et l'écrivain et poète Omar Youssef Souleyman.
21:30 Vous restez avec nous, les copains, on revient tout de suite.
21:33 Merci d'écouter Sud Radio, c'est excellent, comme tous les dimanches.
21:50 Vous êtes tous ici chez vous, chers auditeurs, avec l'humoriste Anne Romanoff
21:53 et l'écrivain et poète Omar Youssef Souleyman.
21:55 Alors, Anne Romanoff, avant de continuer à échanger, on vous écoute un peu, quand même. C'est parti.
21:59 - Ne vous dites pas les gais, monsieur, on dit les LGBT, très bien, laissez les gens baiser tranquilles.
22:04 Un homme qui a du ventre, c'est un bon vivant.
22:08 Il y a des petites différences.
22:10 Une femme qui aime le bon vin, elle boit.
22:13 Un homme qui a bu, il a pissé dans le lavabo, on a rigolé.
22:17 - C'est très juste, tout ça, Anne Romanoff.
22:23 - Ça, c'est un vieux spectacle, là.
22:24 - Je vous ai mis deux extraits.
22:25 Je vous ai mis un extrait de "Tout va presque bien" et un extrait de "Tout va bien".
22:31 Ce sont deux vidéos que j'ai trouvées en 2019 et 2023, mais j'ai fait exprès.
22:35 Parce qu'en fait, il y a vraiment votre signature, c'est la dénonciation de l'absurde par le rire, on l'a dit.
22:40 Mais en fait, faire rire sur des sujets sérieux, c'est un engagement.
22:44 Parce que là, quand vous parlez des différences entre hommes et femmes,
22:46 vous êtes une des premières à l'avoir fait un petit peu cash, comme ça, justement.
22:49 Ça, c'est clairement un engagement pour que ça change, non, Anne Romanoff ?
22:52 - J'aime bien, alors, c'est pas le propos de l'humain de faire passer des messages à chaque ligne,
22:56 parce que ça soudra les gens, mais j'essaye en effet que dans chacun de mes textes,
22:59 il y ait un petit message, quand même. Il y a du fond.
23:02 Il y en a de plus en plus, même.
23:03 - Pourquoi vous vous engagez de plus en plus ?
23:06 - Parce que ça me paraît important, justement, quand on a la chance d'avoir la parole,
23:09 et une parole libre, c'est important de profiter de cette parole pour dire des choses.
23:12 Ça ne va pas faire évoluer le monde, je suis bien consciente.
23:15 - Une goutte d'eau, ça fait un océan, c'est ça ?
23:16 - Des petites gouttes d'eau, voilà, je lui envoie des petites gouttes d'eau.
23:19 - Et comment ils sont réceptifs, les gens, à ça ?
23:21 Est-ce que, par exemple, ça vous est déjà arrivé qu'il y ait quelqu'un qui vous dise
23:24 "Ah, vous m'avez fait réfléchir" ?
23:25 - Non, peut-être pas, quand même.
23:26 - Non, non, non, non.
23:28 - Non, non, mais alors, curieusement, moi, je reçois beaucoup plus de compliments
23:31 quand j'écris des textes sérieux.
23:33 - Vous m'avez fait réfléchir, d'ailleurs.
23:35 - Comment ?
23:36 - Moi, vous m'avez fait réfléchir.
23:37 - Ah oui ? Alors, allez-y, donnez un exemple, Marius Absoliman.
23:40 - J'aime bien cet engagement, parce que je pense d'ailleurs que l'humour,
23:43 c'est l'art le plus fort et puissant face à toutes les difficultés de la vie,
23:48 de la complexité des dictateurs.
23:50 Par exemple, vous savez, en série, l'humour, Bachar Al-Assad,
23:52 - On n'a pas le droit de rire.
23:53 - On n'a pas le droit de rire, et c'est pour ça.
23:55 Pourquoi ? Parce que c'est une arme incroyable,
23:57 pour, je pense, faire les gens réfléchir, d'une manière ou d'une autre,
24:00 pour changer la situation.
24:01 C'est une légèreté incroyable et une légèreté profonde, on peut dire.
24:06 Je pense qu'en beau, le plus intelligent, là-dedans, c'est de traiter les mouvements
24:09 et les événements les plus cruels avec légèreté.
24:12 - C'est dur à faire ça.
24:14 - C'est dur, mais c'est un talent, et je pense que c'est beau, quand même.
24:17 C'est très beau. C'est ce qu'on a besoin d'aujourd'hui.
24:19 - Yussef Suleyman est en train de dire que vous avez du talent, à nous, aux Manoeuvres.
24:22 - Mais on sait tous, on a tous eu des fois des faux rires à des enterrements,
24:26 des moments où il ne fallait pas rire,
24:27 et c'est parfois aussi des moments, peut-être que je n'ai pas le plus ri,
24:30 pas à des enterrements, mais ça m'est arrivé de rire avec des gens
24:32 qui étaient en train de mourir à l'hôpital,
24:34 parce que justement, la cruauté de la situation fait qu'à un moment,
24:36 l'humour arrive comme une bulle de légèreté qui permet de survivre.
24:39 - C'est le débat des rires gratuits.
24:41 - L'humour qui permet de supporter le réel, en fait.
24:44 - Oui, bien sûr.
24:45 - C'est libératoire, quoi.
24:46 - Oui, mais même essentiel pour survivre.
24:48 - Il faut rire pour survivre, chers auditeurs, et pour vivre aussi, a priori.
24:52 Allez, encore un petit extrait d'Anna aux Manoeuvres.
24:54 - Vous vous appelez Michel ?
24:56 - Ma voyante.
24:57 - Comment vous vous appelez ?
24:58 - Gilles.
24:59 - Gilles, c'est le même genre de prénom.
25:00 Mais vous avez un Michel dans votre entourage ?
25:04 - Non.
25:05 - C'est que vous ne le connaissez pas encore.
25:07 (Rires)
25:08 - Situé que vous êtes entré, j'ai vu clignoteuse de votre tête, Michel.
25:11 Vous êtes né quand, Gilles ?
25:13 - Il y a longtemps.
25:15 - N'ayez crainte, rien de ce qui sera dit ici ne sortira de ce cabinet.
25:19 (Rires)
25:20 Je suis tenue de la confidentialité du secret professionnel déontologique.
25:24 Il me faut la date exacte.
25:26 (Rires)
25:27 - 308-59.
25:29 - Eh oui, quand même.
25:30 - Anne Roumanoff, sur Sud Radio.
25:32 Il y a une voyante dans vos nouveaux spectacles, mais ce n'est pas celle-là, c'est ça ?
25:36 - Il n'y a pas de voyante.
25:38 - Pourquoi il y en a dans votre dossier de presse ?
25:40 - C'est vrai que c'est un sketch que j'aime beaucoup faire, ce sketch de voyante.
25:44 Je vais monter quelqu'un sur scène et c'est une voyante approximative qui pose des questions
25:48 et qui donne des réponses en fonction des questions qu'elle a posées.
25:50 C'est vrai que j'adore ce sketch, il est interactif.
25:52 Surtout quand je le joue à l'étranger, c'est vraiment drôle.
25:55 Il se passe des choses.
25:57 Je le garde quand même, j'adore.
25:59 - Elle fonctionne.
26:00 - Oui, ça fonctionne très bien, mais là c'est un nouveau spectacle.
26:02 - Vous pouvez la faire à toutes les sauces en même temps celle-là.
26:04 - En tout cas, quand je me déplace à l'étranger, j'ai pas mal voyagé avec ce spectacle.
26:10 Le dernier, j'étais à Abidjan, au Portugal, aux Etats-Unis, à Casablanca, à Tel Aviv.
26:17 Et ça, ce sketch-là, j'apprécie particulièrement le faire quand je suis en déplacement à l'étranger.
26:22 - Parce que c'est en interaction avec le public aussi.
26:24 - Oui, c'est ça.
26:25 - Et alors, justement, l'expérience de la vie, elle existe depuis longtemps.
26:30 C'est quoi vos personnages dans le spectacle ?
26:32 Parce que l'expérience de la vie, on se demande en quoi vous la transformez justement, Anne Romana.
26:36 - Alors, il y a tout un démarrage du spectacle qui est un peu du stand-up,
26:39 où je parle un peu de la période actuelle, et aussi des gens qui vont pas bien, et des machines aussi.
26:46 Vraiment, j'ai les caisses du supermarché, je parle de la caisse automatique à la poste aussi.
26:51 Et ça, c'est vraiment du vécu.
26:54 Voilà, donc il y a ça.
26:55 Après, j'ai un coach de développement personnel américain, où je donne des conseils au couple.
27:00 - Ça aussi, c'est du vécu ?
27:01 - Oui, c'est ce que j'ai compris du couple, après.
27:05 C'est pas pour ça que j'ai réussi à l'appliquer, mais je donne des conseils au couple,
27:09 pour comment continuer à vibrer dans le couple.
27:11 Voilà, et puis, il y a la fameuse bouchard avec la fille Walk.
27:15 Et puis, il y a un poème sur les réseaux sociaux.
27:18 Il y a une femme qui est envoyée par une mission d'éducation
27:21 et qui donne une version déconstruite du Petit Chapeau en Rouge.
27:24 - J'ai envie de vous aiguiser nos curiosités, là.
27:28 - Et puis, je termine aussi le spectacle par un bistrot sur l'actualité, comme d'habitude.
27:32 - Omar et Youssef Souleiman, justement, pour en revenir à ce croissant ou à ce pain au chocolat,
27:37 il n'y a pas que ça, dans la France que vous aimez.
27:39 Il y a Maupassant, il y a Paul-Éluard, vous l'avez dit,
27:41 et puis en plus contemporain, il va y avoir Aber Camus, il y a Christian Bobin.
27:44 Finalement, c'est eux aussi qui vous ont réconciliés avec les défis culturels
27:49 et les questionnements que vous aviez, en tout cas inhérents à votre condition de réfugié,
27:53 ou finalement, c'est aussi eux qui vous ont donné envie de devenir français, tout simplement ?
27:58 - Les deux. Et je pense qu'on est d'accord, parce qu'il y a beaucoup d'éléments en France qui m'ont attiré.
28:03 Vous savez, c'est la découverte.
28:05 Je pense que c'est l'avantage d'être exilé.
28:08 Parce qu'après avoir arrivé en France, après avoir perdu mon pays d'origine, ma famille, mes amis là-bas,
28:16 j'arrive ici et je recommence ma vie de zéro.
28:19 Vous savez, la perte nous donne une liberté incroyable, parce qu'on n'a plus rien à perdre.
28:27 Donc on est libre, on est fort, et on est tellement curieux à découvrir le nouveau pays.
28:33 Donc grâce à la publication de mon nouveau livre, j'ai voyagé presque partout en France.
28:38 Ce qui m'a tellement attiré, vous savez, la diversité en France,
28:41 c'est à travers cette diversité, je me suis intégré dans mon nouveau pays,
28:45 et ce qui m'a attiré, c'est par exemple les différences entre l'Alsace, la Rochelle-Honte Maritime, le Sud, Paris, etc.
28:53 - Parce que ce sont des régions à caractère, tout ça.
28:56 - Chaque région a son caractère. On est dans un pays très riche en France, vous savez.
29:00 Il y a aussi les relations humaines avec les Françaises et les Français dans ces communes.
29:04 - Donc vous faites partie ?
29:05 - Donc vous faites partie, et cela me fait...
29:07 Comment dire ? A travers ces relations, j'ai construit ma famille française.
29:11 Dans chaque ville, vous savez aussi ce qui est l'avantage quand on est réfugié,
29:15 c'est qu'on vit dans la comparaison.
29:17 Je comparais toujours la France avec mon pays d'origine.
29:19 - Et vous aimez plus la France aujourd'hui ?
29:21 - Evidemment.
29:23 Amoureux de la France, comme un nouveau Français, mais pas seulement quelqu'un qui vient d'ailleurs.
29:29 Vous savez, dans chaque ville, hier par exemple j'étais à Royaume, avant-hier j'étais à la Rochelle, etc.
29:35 Dans chaque ville, je cherche mon propre Champs-Élysées en comparaison.
29:40 Chaque ville en France a son Champs-Élysées qui m'attire.
29:44 Je vais toujours dans le pays le plus banal,
29:48 vous allez vous redécouvrir de l'autre côté.
29:50 Je parle aux gens, etc.
29:53 - Il faut que vous preniez le micro d'à côté, Omar, pardon.
29:55 Pour chers auditeurs, on vient d'emménager dans le nouveau studio, on a des petits problèmes de technique.
30:00 - Je ne suis pas allé de Champs-Élysées, c'est pour ça.
30:01 - Voilà, ça doit être à cause des Champs-Élysées.
30:02 - Je dois prendre les deux alors ?
30:03 - Oui, voilà, restez comme ça Omar.
30:05 - Pas de troisième ?
30:07 - Allez, c'est parti. Comme ça on vous entend au moins.
30:09 - Je suis allé de Champs-Élysées et je trouve que c'est marrant parce que dans chaque ville, j'ai mon propre Champs-Élysées.
30:13 En revendance, celui de Paris ne m'a jamais attiré parce que je trouve toujours qu'il est superficiel.
30:17 C'est marrant quand même.
30:19 - C'est une question que je vais vous poser à tous les deux.
30:21 On va commencer par vous Anne Romanoff, ça m'a perturbé cette histoire de micro.
30:26 Qu'est-ce que c'est les défis selon vous en France aujourd'hui, très concrètement,
30:31 pour favoriser justement ce multiculturalisme, pour se vivre ensemble,
30:35 parce qu'on est quand même dans une société qui est un peu divisée.
30:37 Est-ce que le rire c'est un lien par exemple dans votre cas ?
30:40 Et quelles seraient des solutions un peu justement de légèreté pour recréer une espèce d'entente comme ça à votre avis ?
30:47 - Ah bah mon dieu, je sais pas.
30:49 Là je suis très inquiète la vérité parce qu'avec tout ce qui se passe, on sent les...
30:57 - L'exaspération constante ?
30:59 - Non, non, l'exas...
31:01 L'exas...sermation...
31:03 - L'exascerbation.
31:05 - Non, non, mais bien sûr avec tout ce qui se passe on sent qu'on est dans une société très tendue,
31:08 donc il y a à la fois des gens qui s'affrontent et puis des gens qui regardent ça atterrer en se disant "comment ça va ?"
31:13 Non, moi je suis très inquiète, je suis très inquiète.
31:16 - Donc selon vous il n'y a pas forcément de solution ?
31:19 - Je n'ai pas de solution, j'aimerais avoir une solution, après je crois en la nature humaine.
31:23 - Ouais.
31:24 - Et...
31:25 - Donc croire en la nature humaine ça veut dire qu'on peut s'en sortir quoi, c'est ça que vous voulez dire Anne Romanoff ?
31:30 - J'ai cette espérance, mais c'est clair qu'il y a beaucoup de tensions en France en ce moment,
31:36 et puis surtout depuis une semaine avec tout ce qui s'est passé bien sûr,
31:39 et c'est légitime, mais beaucoup de tensions, d'angoisse, d'inquiétude, de peur,
31:43 et de gens qui se sentent accablés aussi, parce qu'on se sent impuissants en vérité, qu'est-ce qu'on peut faire ?
31:50 - On peut en parler déjà ?
31:53 - Oui mais... je sais pas.
31:56 Enfin, je pense qu'il est plus au courant que moi.
31:59 Je partage cette inquiétude évidemment, je suis aussi inquiet pour la France,
32:03 mais je pense pas que la nature, pour reproduire toute seule la solution, je pense qu'on doit chercher nous-mêmes.
32:09 Et je tiens à préciser que la radicalisation, surtout la radicalisation islamiste dont je parle souvent,
32:14 parce que je viens de ce monde comme je l'ai dit tout à l'heure,
32:17 les islamistes, vous savez ce que s'était passé il y a quelques jours,
32:20 et là je... je prie de vous rendre hommage, au prof, et d'exprimer toutes mes condoléances à sa famille et ses amis,
32:28 et à la France d'ailleurs. Je pense que les islamistes sont très intelligents,
32:32 les islamistes sont "bafous", comme on dit parfois dans le média.
32:36 - Ils savent très bien ce qu'ils font, c'est ça que vous voulez dire ?
32:39 - Ils savent très bien ce qu'ils font, et ils savent trop bien, en ciblant un enseignant,
32:42 ils touchent le cœur de la République, le cœur de la France.
32:45 Et je pense qu'aujourd'hui, cette tristesse devient de plus en plus plus grande que nous.
32:51 Cette inquiétude est plus grande que nous aussi.
32:55 Et c'est la raison pour laquelle on a besoin plus que jamais de force, de courage, de solidarité et d'espoir.
33:01 - Alors justement, dans cette France qui se divise là, parce que c'est une France multiculturelle qui est en train de se diviser en ce moment,
33:06 et puis on a effectivement, avec la mort de Dominique Bernard, le professeur,
33:09 c'est très très compliqué, de plus en plus compliqué avec ce qu'on entend aussi à l'extérieur.
33:13 Un exemple concret de ce qui pourrait changer les choses selon vous, Omar Youssef Suleiman ?
33:18 - Un exemple de quoi ?
33:19 - Concret, quelque chose de concret qu'on pourrait faire.
33:21 - Je pense, encore une fois, il n'y a pas un seul, on a plusieurs, chacune et chacun de nous,
33:26 à son coin, par exemple, de communiquer. Je pense qu'il faut y aller.
33:31 Avant tout, pour les gens qui sont, par exemple, des journalistes, des intellectuels, des experts au sujet,
33:37 il faut y aller dans les quartiers, les "blus", il faut aller dans les quartiers les plus "chauds" comme on dit en France.
33:41 - Les plus reculés.
33:42 - Les plus séparés de la République.
33:45 Pour être avec les jeunes manipulés à cause des réseaux sociaux, à cause des imams qui profitent de la situation
33:54 pour avoir des avantages politiques, je pense que c'est tellement essentiel afin de faire barrage à la barbarie.
34:03 - Donc c'est l'intelligence qui fera l'éducation.
34:07 - Oui, évidemment, l'éducation nationale.
34:09 - Merci à vous qui écoutez cet excellent sur Sud Radio.
34:12 Nous sommes en compagnie aujourd'hui de l'humoriste Anne Roumanoff et de l'écrivain et poète Omar Youssef Souleiman.
34:16 Vous restez avec nous, à tout de suite pour la fin de l'émission.
34:19 - Sud Radio.
34:20 - Parlons vrai.
34:21 - Sud Radio.
34:22 - Parlons vrai.
34:23 - Parlons vrai.
34:24 - Parlons vrai.
34:25 - Sud Radio, c'est excellent. Judith Beller.
34:29 - C'est excellent sur Sud Radio et c'est bientôt la fin de votre émission en tour de l'excellence française et de ses esprits polyformes.
34:35 Ce soir pour encore un quart d'heure, je suis en compagnie de l'humoriste Anne Roumanoff et de l'écrivain et poète Omar Youssef Souleiman.
34:42 Alors Anne Roumanoff, vous êtes une artiste engagée, c'est pas que sur scène.
34:45 Vous avez notamment monté votre association Solidarité avec les soignants 2020.
34:50 Vous avez fait ça avec Jean-Pierre Bensard et c'était pour fournir aux soignants et aux plus forts de la crise sanitaire à l'époque, les équipements qui leur manquaient.
34:57 Alors la crise allait passer à l'heure où on parle.
34:59 Qu'est-ce que vous faites actuellement comme action concrète avec cette association que je rappelle Solidarité avec les soignants ?
35:05 - C'est une association qui a été créée il y a trois ans.
35:07 Au départ, on a acheté des équipements d'urgence aux soignants, des masques, des gants.
35:10 Et à partir de juin 2020, on achète des équipements pour les salles de repos des soignants.
35:14 Donc c'est très précis.
35:15 - D'accord.
35:16 - On leur demande ce dont ils ont besoin et on achète des petites choses, en fait, mais qui leur changent le quotidien.
35:22 Souvent, ils ont des cafetiers qui fuient, des micro-ondes qui ne marchent pas.
35:25 Un micro-onde, c'est moins de 100 euros et en fait, des fois, ils sont 30 à manger avec un micro-onde qui ne chauffe pas.
35:30 Et donc, ils mangent froid parce qu'ils ont 15 minutes pour manger.
35:32 Donc, si on achète trois micro-ondes, c'est rien en fait.
35:35 Et ça leur change la vie.
35:37 Donc, selon les besoins, j'ai toute une équipe de bénévoles, l'association continue.
35:42 Donc, on leur achète des tables, des chaises, des décorations murales, de la vaisselle.
35:46 Des fois, ils disent que par exemple...
35:48 - C'est vrai qu'on ne les pense pas.
35:49 - Mais on ne pense pas que des gens vous disent "on boit de l'eau dans des mugs".
35:52 En fait, parce qu'on n'achète pas de verre. Mais des verres, chez Gifi, c'est 6 euros.
35:56 Enfin, je veux dire, c'est pas cher en fait.
35:58 C'est juste qu'en fait, il n'y a personne qui s'occupe de ça.
36:00 - Comment ça se fait, ça, que ce ne sont pas des choses que vous pensez ?
36:02 - Ah ben, je ne sais pas.
36:04 - Ça vous a scandalisé ?
36:06 - Oui, ça m'a beaucoup scandalisé.
36:07 Même actuellement, là, on a reçu des photos...
36:10 Après, je ne veux pas faire du name dropping, mais d'une hôpitale dans une région,
36:15 je me dis "mais comment c'est possible, en fait, des chaises avec la mousse qui sortent ?"
36:18 Des trucs, mais même insalubres.
36:20 Alors, pas partout, bien évidemment.
36:22 Et puis, il y a la Fondation des hôpitaux qui est en train de faire plein de très belles salles de repos,
36:26 même en aménageant d'une manière très belle les choses.
36:28 - En vrai, on pense beaucoup aux soins, mais on ne pense pas aux soins des soignants.
36:31 - Et en fait, ce que j'ai compris, c'est que quand l'hôpital avait de l'argent,
36:35 en fait, il l'affecte à l'accueil du public.
36:37 Et c'est normal, parce que...
36:39 Mais du coup, les salles de repos de soignants passent vraiment, c'est la dernière roue du carrosse.
36:42 Et souvent, on demande aux soignants d'acheter eux-mêmes les choses, d'accord ?
36:45 - C'est scandaleux, ça.
36:46 - Donc, ils n'ont pas d'argent.
36:48 - Avec les salaires qui sont...
36:49 - Oui, donc ils doivent avancer, et puis ils mettent trois à six mois à se faire rembourser.
36:52 Voilà, et ce n'est pas une mauvaise volonté des directions des hôpitaux, en fait.
36:56 C'est que ce n'est pas prévu, en fait.
36:58 Moi, je leur ai donné comme idée, mais bon, pour l'instant, personne ne m'écoute.
37:01 - C'est pas dans les budgets ?
37:02 - Non, déjà qu'il y ait par hôpital un responsable de la qualité de vie des soignants,
37:06 ce n'est pas très compliqué.
37:07 C'est-à-dire que le travail que nous, on fait, là, on a aménagé peut-être 2500 salles de repos,
37:10 en fait, je pense que d'autres gens pourraient le faire.
37:12 Ce n'est rien de compliqué.
37:13 J'ai des bénévoles, on cherche des équipements.
37:15 Alors, il y a aussi une histoire d'appel d'offres, parce que à partir de 10 000 euros,
37:18 vous faire des appels d'offres, et donc il y a des espèces de sociétés...
37:21 - Donc, il faut rester en dessous de 10 000 euros, sinon ?
37:22 - Non, ce n'est pas ça.
37:23 C'est qu'il y a des sociétés, si vous voulez, c'est plus facile de commander à une société qui va se gaver.
37:28 Et nous, je ne sais pas, j'ai vu des tables, on exagère peut-être,
37:31 mais à 800 euros, nous, on a les mêmes tables, à 150 euros, c'est la même table, en fait.
37:35 Donc, voilà, mais c'est plus fatigant ce qu'on fait, nous, parce que nous,
37:38 en fait, pour équiper une salle de repos, on va prendre 10 fournisseurs, parfois,
37:42 pour chercher les meilleurs prix et pour optimiser l'argent qu'on a.
37:45 Donc, on a la chance d'être aidés par des conseils régionaux.
37:47 On a bossé avec le Conseil Régional de France, avec, actuellement, Provence-Alpes-Côte d'Azur,
37:51 l'Occitanie, la Bretagne, et d'ailleurs, voilà, on attend Léo de France,
37:55 si Xavier Bertrand écoute, et on attend s'il y a d'autres conseils régionaux
38:00 qui veulent nous aider avec grand plaisir.
38:02 Mais il y a aussi une question de structure administrative, c'est-à-dire que c'est pas prévu,
38:06 en fait, des petits budgets comme ça, parce que c'est pas, encore une fois,
38:10 pour équiper une salle de repos de soignants...
38:11 - C'est pas des assez gros budgets, en fait, c'est ça que dit Anne Romanoff ?
38:13 - Non, non, c'est pas que c'est pas des assez gros budgets, c'est pas prévu dans la ligne budgétaire,
38:16 parce que même on a été en contact avec des ARS, ils sont intéressés de travailler avec nous,
38:19 mais ils trouvent pas le biais administratif pour donner une association, etc.
38:22 Enfin, c'est un peu aussi, il y a le droit administratif français qui est assez complexe,
38:26 c'est un peu dommage parce que nous on est quand même assez réactifs, assez rapides,
38:30 et puis surtout on a des retours des soignants qui disent "enfin, enfin".
38:33 Et encore une fois, c'est des petites choses, des fois c'est des fauteuils relax,
38:35 par exemple on a fait un partenariat avec la FUMA, c'est des fauteuils fabriqués en France,
38:39 ben on a réussi à négocier un prix pour des fauteuils où ils peuvent dormir la nuit.
38:43 Combien de fois il y a des soignants qui disent qu'ils dorment sur des chaises de cafétéria la nuit,
38:47 enfin, en attendant qu'on les sonne, quoi.
38:49 Enfin, je veux dire, il y a vraiment des...
38:50 - Ils sont tôt.
38:51 - Il y a des gens qui ne sont pas bien payés, qui font un boulot fatigant,
38:53 qui se donnent corps et âme, qui ont une vocation,
38:56 et à un moment, au moins qu'ils aient des salles de repos correctes, quoi.
38:59 - Omar Youssef Souleymane, quand vous entendez Anne Romanoff parler de ces soignants qui manquent de soins,
39:04 et quand vous entendez tous ces dysfonctionnements qui arrivent en France,
39:06 je pense que quand même, pour quelqu'un qui vient de l'extérieur et d'un pays aussi compliqué que la Syrie,
39:11 ça doit être un petit peu étonnant quand même, non ?
39:13 - Oui, c'est étonnant évidemment, parce qu'encore une fois, ce n'est pas l'image traditionnelle de la France,
39:18 et aujourd'hui, je peux dire que j'en suis sorti de ce cliché que la France, c'est le pays idéal, où on n'a pas de problème.
39:26 Vous savez, je ne suis pas français parce que je considère la France comme le meilleur pays du monde,
39:30 mais tout simplement parce que la France fait partie de moi, elle fait partie de cette France,
39:34 et encore une fois, je suis engagé pour cette France.
39:37 Tu me souviens, au bout du premier confinement, suite du Covid,
39:42 c'était tellement surprenant que la situation sanitaire en France,
39:47 qu'on n'avait plus de place dans les hôpitaux d'un seul coup,
39:50 on n'avait plus d'experts, je ne suis pas du tout barboureau au détail, mais tout ça c'est surprenant,
39:54 comme un pays bien développé que la France, on n'avait pas de vaccins, on n'avait plus de gel, etc.
39:59 Des choses simples, pourtant en France, on fabrique des choses très très modernes, de meilleures technologies.
40:04 - Oui, mais parce que le caractère, ça va avec le manque d'organisation a priori dans ce cas-là.
40:07 - Oui, bien sûr. Mais il y a de l'organisation, mais aussi, ce qui m'étonne beaucoup en France,
40:12 c'est la bureaucratie, par exemple, personnellement, pour obtenir, dans ma propre expérience,
40:17 obtenir la nationalité française.
40:19 Le dossier a été refusé plusieurs fois pour des raisons tellement,
40:23 qui n'ont rien à voir avec la nationalité elle-même.
40:26 Et je pense que c'est un trajet, une tragédie même, à vivre, pour obtenir la nationalité.
40:33 - C'est un rite de passage quoi.
40:34 - Oui, et pour s'intégrer même en France.
40:36 Le problème de l'administration, ce n'est pas seulement les réfugiés qui le vivent, mais aussi
40:42 les Français qui sont ici.
40:45 Je pense qu'on a besoin de faire des efforts,
40:47 premièrement pour déconcentraliser notre pays,
40:51 c'est-à-dire qu'on n'est pas juste à Paris, la France n'est pas seulement à Paris.
40:55 Et deuxièmement, c'est pour avoir plus de simplicité, dans tous les sens.
41:00 - Bien sûr.
41:01 On va arriver bientôt à la fin de cette émission.
41:03 On va passer un petit peu à vos parcours réciproques tout de même.
41:06 C'est une question que je vais vous poser à tous les deux, puis on va commencer par vous Anne Romanoff.
41:09 En regardant en arrière sur votre parcours artistique, sur votre parcours personnel,
41:13 est-ce qu'il y a un moment précis où vous avez su que votre voie serait celle de l'artistique ?
41:17 Est-ce qu'il y a un moment précis ? En montant sur scène, qu'est-ce qui s'est passé ?
41:20 A quel moment vous avez décidé que ce serait ça votre métier ?
41:22 - J'ai commencé quand j'ai 12 ans à faire des sketches devant des amis de mes parents.
41:26 J'ai imité Sylvie Jolie, donc là j'ai senti...
41:28 Non mais c'est vrai, j'adore.
41:29 Et après j'ai pris des cours de théâtre.
41:31 Et puis après, le moment où je me suis dit que ça pouvait marcher, c'était quand j'avais 22 ans.
41:37 La première fois, on m'a acceptée à la télé, dans des cabarets.
41:41 - D'accord.
41:42 C'est les retours que vous avez eus qui vous ont confirmé que c'était ça votre voie ?
41:46 - Oui, parce qu'au début j'ai commencé en faisant des sketches,
41:48 et après j'ai voulu devenir une actrice normale.
41:50 Mon idole c'était Adjani, je voulais rentrer à la comédie française, faire du cinéma.
41:53 Et en fait quand j'ai essayé de faire ça, ça marchait pas du tout.
41:56 - D'accord. Donc vous avez trouvé votre truc en fait.
41:58 C'est pas par dépit rassurez-moi, Anne Romanoff.
42:00 - Un peu.
42:01 Oui mais c'était mon envie initiale, c'est que quand j'avais 12 ans, je faisais rire les gens.
42:05 Donc en fait, je suis revenue à ça.
42:07 Mais disons que dans les cours de théâtre, j'ai été détournée de cette envie.
42:10 - Vous avez rêvé des grands auteurs ?
42:12 - Je sais pas si j'ai rêvé. C'était plus peut-être du conformisme,
42:14 parce qu'à l'époque l'humour c'était considéré comme de la merde,
42:16 et je voulais pas faire un show là, j'étais stop.
42:19 - D'accord.
42:20 Et alors vous, Omar Youssef Souleiman, vous étiez journaliste en Syrie,
42:25 puis vous êtes poète, vous êtes écrivain, vous avez été bercé de littérature.
42:29 Est-ce qu'à un moment précis, vous avez décidé que ça serait votre métier aussi ?
42:33 Ou est-ce que finalement c'était logique ?
42:35 - En fait, c'était encore une fois un sort d'existence.
42:39 Depuis quand j'étais petit, je pense qu'on trouve sa tranquillité,
42:44 sa satisfaction entre les mots.
42:47 Quand j'étais petit, on était obligé d'apprendre la poésie,
42:50 l'ancienne poésie arabe par cœur, l'été,
42:53 parce que la langue arabe faisait partie et fait toujours partie de son identité,
42:56 de son appartenance à cette nation qui s'appelle la nation arabe.
43:01 Aujourd'hui, je crois qu'elle n'existe pas, mais bon.
43:04 Avec le temps, j'ai découvert de plus en plus que mon existence
43:08 sera toujours entre les mots, dans la poésie,
43:12 surtout grâce à ces lectures de poésie.
43:15 Une fois que j'ai écrit le premier poème, je me souviens que j'avais 11 ans, un petit peu,
43:20 et j'ai découvert, j'ai tout de suite su, j'ai eu un sentiment qu'on ne pouvait pas expliquer
43:25 que ce sera mon pays pour toujours, et c'est toujours le cas.
43:29 - Donc c'est une histoire de pays chez vous.
43:31 - Une histoire de pays, d'intégration et de satisfaction.
43:34 - On en arrive à la dernière question de cette émission,
43:36 si vous pouvez me répondre assez succinctement l'un et l'autre.
43:39 Bah tiens Omar, puisque vous avez la parole, on commence par vous.
43:41 Que dirait l'adulte que vous êtes à l'enfant que vous étiez ?
43:45 - Tiens toi bon, et je suis là pour toi, pour toujours.
43:50 - Vous grand, vous êtes là pour vous, enfant.
43:52 - Exactement. - C'est beau.
43:54 - Et alors vous Anne Roumanoff, qu'est-ce que vous diriez à cette petite fille que vous étiez ?
43:57 - T'inquiète pas, ça va aller.
43:59 - Vous étiez inquiète ? - Oui, toujours.
44:01 - Vous l'êtes encore ? - Encore mais moins.
44:03 - Mais vous pouvez vous rassurer aujourd'hui. - Un peu.
44:06 - Bon bah voilà, merci, c'était excellent, merci à tous les deux Anne Roumanoff, Omar Youssef Souleiman d'être passée par ici.
44:12 Et puis merci à vous chers auditeurs, votre fidélité à cet excellent, votre émission sur Sud Radio.
44:17 Alors on va se retrouver dimanche prochain évidemment.
44:19 L'expérience de la vie, le nouveau sol en scène One Woman Show de Anne Roumanoff sera les 18 et 19 octobre prochains à la Pôle Théâtre à Paris.
44:28 Et puis le 27 octobre à l'Espace Culturel La Vigie à Trinité-sur-Mer.
44:31 Et puis il y a toutes les autres dates qui sont sur votre site www.anneroumanoff.com
44:35 Le tout nouveau livre de l'écrivain et poète Omar Youssef Souleiman, "Être français" sorti chez Flammarion est disponible en librairie évidemment.
44:43 Merci à Quentin Cabanis qui réalise pour vous aujourd'hui, puis à Sud Radio ses équipes.
44:48 Et puis alors surtout restez bien connectés avec nous parce qu'à suivre sur Sud Radio une journée spéciale.
44:53 Jusqu'au coup d'envoi du quart de finale France-Afrique du Sud à 21h.
44:57 Sud Radio vous fait vivre le compte à rebours en direct de tous les bastions du rugby français.
45:02 Il y a un dispositif spécial à Toulouse, à Marseille, à Paris dans la fan zone Sud Radio.
45:06 Et puis avec vous évidemment vous pouvez nous appeler au 0826 300 300.
45:10 Et puis avant ça vous allez retrouver Ivan Kujus pour le Loft Music avec son invité Harry Roselmak.
45:16 Ça sera juste après les infos.
45:18 Et puis toutes vos émissions "C'est excellent" sont disponibles sur le site, la chaîne YouTube de Sud Radio, les réseaux sociaux Edizer et les copains.
45:25 Et puis est-ce que vous avez un petit truc à dire sur la coupe du monde de rugby ?
45:28 Tiens Andro Manhoff avant qu'on se quitte.
45:30 J'espère qu'on va gagner, qu'on a un peu de bonnes nouvelles parce que depuis une semaine c'est pas top.
45:34 On va prier fort. Et vous un petit mot pour notre équipe ?
45:36 J'espère qu'on va gagner.
45:39 Vous êtes nu dans le rugby c'est ça ?
45:40 Oui.
45:41 J'avoue que moi aussi j'ai un peu de mal à comprendre les règles.
45:43 Et je pense qu'Ivan Kabanis va peut-être pouvoir vous expliquer ça tout à l'heure.
45:46 Voilà. Chers auditeurs, vous restez avec nous sur Sud Radio évidemment.
45:50 Ça continue toute la journée.
45:52 Et bien moi je vous dis à dimanche prochain.
45:54 Et puis je vous fais un bisou.
45:56 Tout de suite le Loft Music. C'était excellent.
45:59 Sud Radio, parlons vrai.

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