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Avec une inflation de plus de 20% en deux ans, les prix du secteur de l'alimentaire vont faire l'objet de négociations commerciales. Le gouvernement souhaite les avancer, avec pour but de faire baisser l'addition pour le consommateur. Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l'Artisanat et du Tourisme, est l'invitée d'Amandine Bégot.
Regardez L'invité de RTL du 26 octobre 2023 avec Amandine Bégot.

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Transcription
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00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h43, excellente journée à vous tous qui nous écoutez.
00:10 Amandine Bégaud, vous recevez ce matin notre ministre délégué chargé des petites et moyennes entreprises,
00:14 du commerce, de l'artisanat et du tourisme, Olivia Grégoire.
00:17 Olivia Grégoire, avant de parler inflation et prix de l'alimentation, je voudrais qu'on parle du fait maison.
00:22 Vous l'avez annoncé cette semaine, vous souhaitez que les restaurants affichent clairement les plats faits maison et les plats non préparés.
00:29 L'idée c'est quoi ? Que ce soit obligatoire et inscrit sur la carte ?
00:34 C'est très bien résumé. L'idée d'abord, c'est de plus valoriser nos restaurateurs qui jouent le jeu.
00:40 Et vous savez peut-être que le mot cuisinier, il vient du XIIIe siècle, il est rentré dans le dictionnaire de l'académie en 1835.
00:47 Le cuisinier est celui qui transforme des produits bruts.
00:50 Il y a beaucoup de nos restaurateurs qui le font, il y en a d'autres qui ne jouent pas le jeu.
00:53 Et ce n'est pas normal parce que ça coûte plus cher de jouer le jeu, de transformer des produits bruts.
00:58 On a de l'énergie, on a parfois des matières premières plus chères.
01:01 Et donc je pense que c'est important, notamment, c'était aussi une demande des restaurateurs depuis un certain nombre d'années,
01:07 de mieux permettre aux consommateurs, aux clients, d'être mieux informés entre ce qui est effectivement préparé à la maison,
01:13 enfin sur place, pardon, et en fait ce qui n'est pas préparé sur place.
01:16 Donc ça va être assez simple, on va continuer à discuter parce qu'il faut voir les modalités.
01:21 Mais les plats qui ne sont pas préparés sur place, ça devra être indiqué par le biais d'un astérix ou d'une petite étoile sur les menus,
01:29 pour que les consommateurs le sachent.
01:31 Donc ceux qui ne sont pas préparés sur place devront être indiqués sur les cartes de restaurant.
01:38 Seuls 4% aujourd'hui des 175 000 restaurants font du tout fait maison aujourd'hui,
01:43 avec qui on souriait en entendant ces chiffres, en disant que c'était quand même un comble au pays de la gastronomie.
01:48 C'est un comble et en même temps c'est le tout qui est important.
01:52 Moi il n'y a pas de jugement de valeur dans ma démarche, je n'ai pas envie d'avoir des clichés.
01:57 Il n'y a pas les gentils et les méchants ?
01:59 Il n'y a pas les gentils et les méchants, enfin en vrai il y en a assez malheureusement dans le monde et vous en parlez tous les jours.
02:03 Là on n'est pas sur un enjeu de gentils et de méchants.
02:05 Thierry Marx qui dirige l'UMI, le syndicat des restaurateurs hôteliers,
02:09 disait à juste titre "C'est pas une honte de dire je vais prendre ma pâte feuilletée chez un artisan à côté,
02:14 ou un bâté artisanal à côté parce qu'il est mieux fait que je ne saurais le faire".
02:18 Mais juste indiquez-le, c'est juste une question de transparence vis-à-vis du client
02:23 et la transparence c'est bon pour tout le monde, c'est bon pour les consommateurs, c'est bon pour les restaurateurs qui jouent le jeu.
02:27 Mais alors pour qu'on comprenne bien, si je prends par exemple des cuisses de canard congelées et que je fais ma sauce, c'est du fait maison ou pas ?
02:33 Oui madame, très bonne question.
02:36 Pourquoi ? Parce que le surgelé est un sujet.
02:38 On est bourré de clichés sur ces sujets d'alimentation.
02:41 Vous prenez par exemple des fruits de mer, c'est difficile à transporter les fruits de mer,
02:44 donc c'est souvent congelé, est-ce à dire que le produit brut est transformé parce qu'il est congelé ?
02:48 Non, si vous prenez des crevettes congelées et que vous faites votre sauce dans votre restaurant,
02:53 le plat est préparé sur place même si le produit brut a été congelé.
02:57 Et alors si je prends des légumes par exemple congelés déjà épluchés ?
03:00 Ou une paella toute prête déjà transformée ?
03:03 Non mais la paella toute prête, ça je comprends bien qu'elle n'est pas faite maison,
03:05 mais par exemple des légumes en grosse quantité qui sont congelés et par exemple déjà épluchés et coupés ?
03:11 Épluchés et coupés, ça n'est pas assaisonné, c'est encore du produit brut.
03:16 Et les saisonnalités, la saison fait que parfois vous ne pouvez pas avoir des tartes aux fraises au mois de novembre.
03:22 Et donc il est de bonne alloi d'utiliser parfois des fraises surgelées.
03:25 Mais la tarte, elle est faite par le restaurateur.
03:27 En revanche, un chiparmentier, une paella, pardonnez les auditeurs, à 7h46 je leur fais le menu du déjeuner,
03:32 mais quand le plat est totalement transformé, il faudra l'indiquer.
03:37 Avec des sanctions pour ceux qui ne respectent pas la règle ?
03:40 Oui, mais d'abord et avant tout de la valorisation.
03:43 On a la sanction souvent facile et le mot encore plus.
03:46 Moi, mon objet c'est de valoriser plus de 175 000 restaurateurs qui font un boulot incroyable,
03:51 qui pour certains se décarcassent pour apporter rapport qualité-prix et des bons petits plats aux gens.
03:56 Dans notre pays, on a beaucoup de chance, on y mange très bien.
03:58 L'objectif c'est vraiment de les valoriser et puis c'est souvent l'occasion aussi,
04:01 s'il y a des filous, de sanctionner s'il le faut.
04:04 Après, on ne va pas créer des nouvelles sanctions, on a ce qu'il faut en France en sanctions.
04:08 Ce serait si jamais vous proposez un plat qui n'est pas indiqué comme étant préparé sur place
04:13 et donc que vous mentez aux consommateurs, c'est ce qu'on appelle une pratique commerciale trompeuse.
04:17 Et on a déjà un arsenal législatif pour ça.
04:19 Mais l'objectif 1, c'est valoriser des restaurateurs qui jouent le jeu.
04:22 Alors, venons-en au prix et à l'inflation des produits alimentaires.
04:25 Vous me disiez juste avant la pub, les prix n'augmentent plus.
04:29 Je me suis amusée, entre guillemets, parce que ce n'est pas drôle,
04:32 mais à comparer mes tickets de caisse.
04:34 J'ai pris mes courses du 15 août et celles du 15 octobre.
04:37 Effectivement, il y a beaucoup de produits dont le prix ne bouge plus.
04:41 Mais il y en a quand même un certain nombre qui augmente.
04:43 Je vous donne deux exemples.
04:44 Le pack de 6 bouteilles de lait, complètement basique, +8,5%.
04:49 Les croquettes pour chiens, +28% en 2 mois.
04:53 Alors là, je ne vais pas vous faire l'impertinence de vous demander,
04:56 ce n'est pas ma mission, où vous faites vos courses.
04:58 Mais c'est dans le même magasin.
04:59 J'ai un énorme problème sur vos croquettes pour chiens.
05:01 Parce que ?
05:02 Parce que la composition même des croquettes,
05:04 maïs, blé, betterave et riz.
05:09 Sur ces 4 matières premières, vous en avez 3 qui baissent,
05:13 dont 2 qui baissent massivement.
05:16 Le blé tendre baisse de 33%, le tournesol de 44%, le maïs de 40%.
05:22 Donc mes croquettes, elles ne devraient pas augmenter 28% en 2 mois ?
05:25 Ce que je vous propose, et si vous l'acceptez, c'est qu'on se revoit.
05:29 Parce que c'est l'objet aussi de ces renégociations commerciales
05:32 que je vais porter au Sénat tout à l'heure.
05:34 On cherche à avancer les baisses de prix,
05:36 à l'aune des matières premières qui baissent, je viens de vous le dire.
05:39 Et les croquettes pour chiens sont un exemple assez symbolique
05:42 de prix qui vont devoir baisser très fortement.
05:44 Les dernières renégociations, Olivia Grégoire, datent du mois de mars, on est d'accord.
05:49 Pourquoi mes prix augmentent entre août et octobre ?
05:52 Parce qu'il y a eu des fluctuations de matières très certainement
05:55 sur le lait ou sur une partie de l'emballage, du plastique possiblement.
05:59 Mais ce qu'il y a de certain, c'est que sur les croquettes pour chiens,
06:02 c'est une certitude, et je prends le pari, vous me réinvitez quand vous voulez,
06:05 les prix vont baisser et +28%, ça n'est pas entendable.
06:08 Les prix vont baisser, mais tous les acteurs, que ce soit les industriels
06:11 ou la grande distribution, nous disent non, même si on avance les négociations,
06:16 là, ça ne va pas baisser, tout ce qu'on nous propose, ce sont des hausses.
06:20 Alors, déjà je veux donner quelques chiffres aux auditeurs,
06:24 parce que nous on parle de ça comme si c'était connu, mais plein de gens ne savent pas.
06:27 Les négociations commerciales dans notre pays depuis 10 ans,
06:30 et François Langley l'a dit, ça a été beaucoup repris en termes de loi,
06:33 elles se déroulent du 1er décembre au 1er mars.
06:36 Et donc ce que nous cherchons à faire, c'est avancer l'atterrissage
06:40 des renégociations commerciales pour l'amener au 15 janvier, non pas au 1er mars.
06:43 Gagner ainsi 6 semaines. 6 semaines pour aller chercher,
06:47 je reprends l'expression des distributeurs, Amandine Bégaud,
06:50 chercher des baisses de prix.
06:53 On a des prix de matières premières agricoles, le blé, le tournesol, le maïs,
06:58 mais aussi le gaz ou l'électricité, qui ne sont pas au même niveau que l'an passé,
07:03 et qui pour certains ont chuté sur les matières premières agricoles.
07:06 En moyenne, je vous donne ce chiffre, les prix à la production agricole
07:09 ont baissé de 7% en un an.
07:12 Donc on a beaucoup de matières premières, pas toutes, attention,
07:15 j'ai un discours nuancé, le sucre augmente, le cacao augmente,
07:18 pas le blé, pas le tournesol, pas le saumon.
07:20 Mais ils disent les salaires ont augmenté, le prix de la langue a augmenté.
07:22 Mais attendez, j'entends ce qu'ils disent, mais ce n'est pas inintéressant
07:24 d'écouter ce que dit aussi la ministre là-dessus.
07:26 Moi je ne suis pas partie prenante, je suis ministre,
07:28 je ne suis pas là non plus pour dire il y a des gentils, il y a des méchants.
07:30 Moi je vois quoi ? Des baisses de cours de matières premières.
07:33 Je vois quoi ? Depuis 10 ans, quand les prix de production agricole baissent,
07:36 les prix en rayon baissent. Les faits sont têtus.
07:39 Ce sont des études que je tiens à disposition.
07:42 Donc si les prix ne baissent pas, ça veut dire que certains ne jouent pas le jeu.
07:45 Pour être assez clair.
07:47 Ça veut dire qu'ils ne transforment pas l'essai et que le jeu n'est pas joué.
07:50 Moi je veux être très clair aussi, je ne vais pas prendre trop de temps.
07:53 Je tiens à la disposition de tous ceux qui le souhaitent,
07:56 une notice bibliographique extrêmement détaillée,
07:59 des déclarations de tous les distributeurs de ce pays,
08:03 au mois de septembre, au mois d'octobre, même cet été,
08:07 demandant au gouvernement et aux députés et aux sénateurs,
08:10 de grâce, de les laisser renégocier,
08:13 parce qu'ils étaient capables, avec ce mot-même,
08:16 d'aller chercher des baisses de prix.
08:18 Ça n'est pas moi qui ai inventé les déclarations de Michel-Édouard Leclerc,
08:21 de Thierry Cotillard, de Dominique Schellcher, même de la fédération qui les regroupe.
08:24 Donc on a entendu avec Bruno Le Maire,
08:27 et dès la fin août, on les a reçues, on en a dit ce que...
08:30 - Donc vous leur dites quoi ? Faites votre job, là, en fait, c'est ça ?
08:32 - Non, non, on leur dit, attendez, un peu de cohérence
08:35 et beaucoup de responsabilité.
08:37 Nous faisons, en avançant les renégociations,
08:40 strictement ce que vous nous avez demandé.
08:42 Et nous savons que vous êtes des acteurs responsables,
08:45 et que vous allez aller chercher des baisses de prix.
08:47 J'indique aussi qu'on est au début, en réalité, des négociations.
08:50 Les tarifs viennent d'arriver.
08:53 On a maintenant deux mois et demi pour la négociation.
08:56 En entrée de négociation,
08:59 on démarre rarement avec des baisses.
09:01 Il y a toujours un jeu de la négociation.
09:03 Ce qui compte, c'est pas la ligne de départ,
09:06 mais la ligne d'arrivée. C'est comme un centimètre haie.
09:09 Donc, laissons la négociation se faire.
09:12 Nous avons des faits étayés,
09:14 nous avons des prix de matières premières agricoles en baisse.
09:16 Je ne dis pas que tous les prix vont baisser,
09:18 je dis que certains vont baisser.
09:20 Que les distributeurs, tous, unanimement,
09:22 nous ont demandé, "laissez-nous renégocier,
09:24 vous nous en empêchez avec la loi".
09:26 Et imaginez une seule seconde, Amandine Bégaud,
09:28 ce qu'on aurait dit du gouvernement.
09:30 Si nous n'avions rien entendu de la demande des distributeurs,
09:33 si nous avions passé notre chemin avec Bruno Le Maire,
09:36 on aurait dit quoi ? Qu'on est hors sol, qu'on n'écoute pas les acteurs ?
09:39 On a entendu. On crée cette possibilité,
09:41 on leur donne un nouveau cadre,
09:43 qu'ils jouent le jeu et qu'ils transforment l'essai.
09:45 Si les prix ne baissent pas en janvier et février,
09:47 ce sera à cause de la grande distribution.
09:49 Il y aura des prix qui baissent. Je ne suis pas juge,
09:52 je suis ministre. Nous avons des acteurs qui sont responsables.
09:55 Nous avons tout sur la table pour aller chercher des baisses de prix.
09:59 C'est la mission des distributeurs, la mission des industriels.
10:02 Et vous savez, pour terminer, ils ont aussi leurs soucis.
10:05 Et j'en suis fort consciente.
10:06 Quand vous avez -4% en volume dans vos ventes,
10:09 dans la grande distribution,
10:11 qui est un modèle économique fondé sur le volume,
10:13 ça vous crée aussi un sacré problème.
10:15 Donc, ils vont aller chercher des baisses,
10:17 j'ai confiance en eux, et de grâce, de la cohérence,
10:20 nous faisons strictement ce qui a été demandé par les acteurs
10:23 pour leur donner de la souplesse.
10:25 [SILENCE]

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