Au lendemain de la démission du président de la Fédération française de football Noël Le Graët, la ministre des Sports répond aux questions de Amandine Bégot.
Regardez L'invité de RTL du 01 mars 2023 avec Amandine Bégot.
Regardez L'invité de RTL du 01 mars 2023 avec Amandine Bégot.
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL matin
00:06 RTL il est 7h44, excellente journée à tous ceux qui nous écoutez.
00:10 Amandine Bégaud, vous recevez donc ce matin Amélie Oudéa-Casterat, ministre des sports.
00:14 Noël Legrette a donc annoncé officiellement sa démission hier.
00:18 Vous dites quoi ce matin Amélie Oudéa-Casterat ? Il était temps, enfin ?
00:21 Oui, je pense que cette décision s'imposait et c'est bien qu'il l'ait prise.
00:26 Alors certains, à commencer par lui-même Noël Legrette, vous accusent d'avoir fait de cette affaire une affaire personnelle.
00:31 D'avoir, si je résume, voulu sa tête dans un entretien au journal Le Monde.
00:35 Il dénonce ce matin une "cabale politico-médiatique bien organisée", ce sont ses mots.
00:39 Et vous accuse d'avoir violé votre obligation d'impartialité. Que lui répondez-vous ?
00:44 Je trouve ça affligeant.
00:46 Moi je n'ai jamais insulté personne, je suis restée polie.
00:52 Je ne l'ai jamais accusé.
00:55 De harcèlement.
00:57 Nous avons fait un travail approfondi de quatre mois dans le respect du contradictoire de chacune des parties.
01:03 Plus de 115 auditions qui ont été réalisées.
01:06 Dans le cadre de ces auditions, il y a un certain nombre de faits
01:09 susceptibles de recevoir une qualification pénale qui ont été identifiés par la chef de la mission.
01:14 Qui a une enquête préliminaire d'ailleurs.
01:16 En application de ses obligations, les a transmis au procureur.
01:18 Et c'est le procureur qui a décidé souverainement d'ouvrir une enquête pour des faits de harcèlement moral.
01:27 Et de harcèlement sexuel. C'est la qualification prononcée
01:32 par le procureur quand il décide d'ouvrir cette enquête.
01:36 Donc voilà, moi je le redis, cette stratégie là de défense elle du pas grand monde.
01:43 Je pense que nous avons fait un travail très approfondi.
01:46 Et je ne laisserai pas dénigrer la qualité du travail qui a été fait
01:50 par l'inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche.
01:53 L'avocat de Noël Legret annonce qu'il va porter plainte contre vous, devant la cour de justice de la république, pour diffamation.
01:58 Et il conteste ce fameux rapport d'audit.
02:01 Écoutez-le, il était hier soir sur RTL.
02:03 Ce rapport d'audit, il ne contient aucun fait.
02:05 Les relations de Noël Legret avec les femmes, c'est cette ligne sur un rapport de plus de 40 pages.
02:12 C'est cette ligne, il n'y a rien dedans.
02:14 On a rajouté des punchlines en déformant un certain nombre de faits,
02:19 mais dans le rapport il n'y a rien.
02:21 La ministre a tenu des propos en conférence de presse qui ne sont pas dans le rapport.
02:25 Donc oui, nous sommes très confiants.
02:27 Amélie Ouléa Castera, vous avez déformé les propos du rapport d'audit ?
02:30 Absolument pas.
02:32 Ma conférence de presse, j'ai restitué les propos
02:36 qui ont été écrits dans la synthèse du rapport de l'IGSR.
02:41 La mission évoque des propos et des SMS émanant bien de M. Legret,
02:47 ambiguë pour certains et à caractère clairement sexuel pour d'autres.
02:50 Le fait qu'il y ait cette ligne dans ce rapport,
02:52 je ne les ai d'ailleurs pas comptés,
02:54 simplement reflète précisément le travail que nous avons fait.
02:57 C'est un travail de signalement au procureur,
02:59 sans qualifier nous-mêmes les faits, puisqu'il ne nous appartient pas de le faire.
03:03 Et c'est le procureur qui, le 16 janvier, a décidé qu'il y avait matière
03:08 à ouvrir une enquête pour harcèlement moral.
03:12 Quand l'avocat dit que vous avez menti, vous n'avez pas menti ?
03:14 Mais en aucune façon menti de quoi ?
03:16 De quoi on parle ?
03:19 On parle d'une série de déclarations publiques
03:21 dont les Français eux-mêmes ont été les témoins.
03:24 On parle de dysfonctionnement profond dans cette fédération.
03:27 Je pense que les événements, y compris les plus récents, le montrent.
03:30 Et qu'il n'y a pas besoin de caractère inapproprié,
03:34 pour le moins inapproprié, de son attitude avec les femmes.
03:38 C'est établi par un certain nombre d'auditions,
03:40 par un certain nombre de propos, qui d'ailleurs ont été restitués abondamment dans les médias.
03:46 Et clairement, avec cet ensemble de choses,
03:49 il est évident qu'il n'avait plus la légitimité nécessaire
03:53 pour représenter et administrer cette fédération.
03:55 Il n'y a pas eu de discrimination selon vous ?
03:58 Absolument pas. Je le redis, je suis restée polie,
04:04 je n'ai jamais insulté personne, je ne l'ai jamais traité de harceleur.
04:09 Nous avons fait notre travail qui consistait à écouter
04:12 un certain nombre de personnes qui avaient des témoignages.
04:15 Plus de 115 auditions ont été réalisées.
04:18 Un travail approfondi, méthodique, cohérent, rigoureux.
04:23 Et voilà, c'est le procureur qui, au vu des éléments
04:28 qui lui ont été transmis en application de cette obligation de signalement,
04:32 qui a décidé qu'il y avait matière à ouvrir une enquête
04:35 pour des faits de harcèlement moral, sexuel.
04:38 L'enquête dira les choses.
04:39 Ce qui est le plus important, c'est quand même de se concentrer
04:42 sur l'avenir de cette fédération.
04:44 Et je pense là aussi qu'il y a un certain nombre de leçons à tirer
04:48 pour rendre les institutions plus fortes à l'avenir
04:50 et pour aider cette fédération à sortir définitivement de la crise,
04:54 à repartir de l'avant.
04:55 J'ai envie de dire, le foot français le mérite,
04:57 les bénévoles, les éducateurs qui s'en occupent tous les jours
05:00 et les équipes de cette fédération le méritent.
05:02 - Plus de 2,5 millions de licenciés.
05:04 On le rappelle, on va revenir sur l'avenir de la fédération dans un instant,
05:06 mais je voudrais quand même,
05:07 toujours dans cet entretien accordé au Monde,
05:10 Noël Legret assure que vous l'avez appelé lundi matin,
05:12 qu'il n'a pas souhaité discuter, qu'il a écourté la discussion.
05:14 C'est vrai ça ?
05:16 - Oui, alors, la discussion a en effet été très courte.
05:19 En pratique, c'est lui qui m'a appelé.
05:22 Voilà, écoutez, moi je...
05:24 - C'est lui qui vous a appelé pour dire quoi ?
05:25 - Je n'ai pas de commentaire à faire.
05:27 Moi, j'avais convenu que je l'appellerais
05:29 parce que je pensais que c'était plutôt digne de le faire,
05:31 de lui redire qu'il n'y avait absolument rien de personnel dans tout cela,
05:35 que j'avais d'ailleurs été en capacité,
05:38 y compris dans cette conférence de presse,
05:39 de valoriser des éléments positifs de son bilan.
05:43 Je voulais marquer ce petit moment d'apaisement,
05:47 considérer que c'était important pour la suite de l'institution,
05:51 que les choses se terminent à peu près dignement.
05:54 Bon, il fait un choix différent en tenant tous ses propos.
05:57 Donc, tac, vous savez, je n'ai jamais réagi à ses provocations.
06:00 Je ne vais pas commencer maintenant.
06:02 - C'est de la provocation, y compris quand il dit,
06:04 et après on passera à autre chose,
06:06 le président de la République,
06:08 il l'a eu lui aussi, dit-il, au téléphone.
06:11 Emmanuel Macron lui aurait dit qu'il était un dirigeant formidable.
06:14 Et Noël Legrède conclut en disant
06:15 "J'ai du mal à comprendre qu'il ne se soit pas impliqué un peu plus au début de l'audit.
06:18 J'aurais souhaité qu'il freine sa ministre."
06:21 - Mais le président de la République n'avait pas à freiner sa ministre.
06:25 Le président de la République, il sait que je fais un travail méthodique
06:30 dans le respect du contradictoire,
06:32 dans le respect de chacune des parties,
06:34 que je fais mon travail, que nous le faisons avec méthode.
06:38 Et voilà, la succession des faits qui se sont produits
06:43 a conduit à ce que la situation soit celle-ci
06:46 et qu'il y ait évidemment un constat
06:49 que, en fonction de sa représentation,
06:52 il y avait une faillite qui était établie, je l'ai dit.
06:55 Maintenant, j'ai laissé cette enquête se mener pendant quatre mois.
06:58 Encore une fois, un travail approfondi, méthodique, rigoureux,
07:01 dans le respect du contradictoire et des parties.
07:03 Il faut à un moment passer à autre chose.
07:06 Je pense que le foot français, encore une fois, mérite mieux.
07:09 - Le prochain dossier sur la table de la Fédération française de foot,
07:11 c'est le cas de Corinne Diacre, la sélectionneuse de l'équipe de France.
07:14 Trois joueuses, et pas des moindres, puisqu'il y a parmi elles la capitaine Wendy Renard,
07:17 ont annoncé qu'elle se mettait en retrait de l'équipe de France.
07:20 Elle dénonce notamment un management autoritaire.
07:23 Est-ce que Corinne Diacre doit partir ?
07:25 - Ecoutez, ça c'est une réponse qui appartient à la Fédération française de foot d'apporter.
07:32 Elle va d'ailleurs le faire. Ils se sont donné un calendrier.
07:34 - Elles ont bien fait de prendre la parole, les joueuses ?
07:36 - Ecoutez, moi, cette situation me peine un petit peu,
07:39 parce que je pense qu'il y a en fait beaucoup de souffrance de part et d'autre.
07:43 Une souffrance exprimée par les joueuses,
07:45 notamment par cette grande championne qui est Wendy Renard.
07:48 Une souffrance qui est aussi celle de Corinne Diacre,
07:50 qui est une professionnelle respectée, respectable.
07:54 Et je pense que cette situation, elle est à nouveau symptomatique
07:57 des dysfonctionnements de cette fédération.
07:59 - On ne peut pas aller au mondial dans ces conditions-là ?
08:01 - Une écoute qui a été insuffisante, avec des décisions qui ont été prises
08:04 de manière très isolée, très solitaire.
08:06 Insuffisamment de débats, d'échanges et de collégialité
08:10 qui font que maintenant on se retrouve dans cette situation.
08:12 - Elles ne peuvent pas aller au mondial comme ça à 5 mois ?
08:13 - Il appartiendra à la fédération de l'établir, de le décider en écoutant les joueuses,
08:18 en écoutant aussi Corinne Diacre, en regardant les options.
08:21 Le but c'est qu'on ait une équipe de France qui soit la mieux préparée
08:24 pour ce très beau mondial qui s'annonce le 20 juillet prochain.
08:26 - Un tout dernier mot, il nous reste quelques secondes.
08:28 Amélie Oudeka Serra, ça fait 9 mois que vous êtes ministre des sports.
08:30 Vous avez obtenu la démission de Noël Legret,
08:32 celle de Bernard Laporte de la Fédération française du rugby,
08:34 de Bruno Martini de la présidence de ligue de handball.
08:37 Le sport français est malade quand on voit toutes ces histoires ?
08:40 C'est un peu ce qu'on se dit ?
08:41 - Non, au contraire, le sport français va bien.
08:43 Il y a beaucoup de fédérations qui vont bien, qui agissent bien.
08:46 Il y a des bénévoles engagés, des éducateurs, des dirigeants
08:48 qui se démènent dans les territoires.
08:50 - Mais le ménage était nécessaire ?
08:51 - Plus de pratiquants encore post-Covid.
08:54 D'ailleurs, les résultats sont là,
08:55 on sera en mesure d'en communiquer prochainement.
08:58 On a les événements qui s'organisent très bien, la Coupe du monde,
09:01 les mondiaux de ski ont été une formidable réussite.
09:03 - Il fallait faire le ménage ?
09:04 - On a des équipes, des athlètes qui...
09:06 Il y a des problèmes qui se posent.
09:08 Il faut les traiter parce que le sport est une très belle chose
09:10 qui mérite mieux que d'être abîmée par un manque d'éthique ou d'intégrité.
09:15 - Merci beaucoup Amélie Odekaterra.
09:16 - Nous avons fait un travail approfondi et rigoureux,
09:18 vient de nous dire la ministre.
09:19 [SILENCE]