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Transcription
00:00 (Applaudissements)
00:06 Merci, c'est Golen. Merci d'être là, c'est Golen.
00:10 Alors, est-ce que vous avez révisé déjà le cours sur le 49.3 ?
00:14 Vous vous en souvenez ?
00:16 Les petits fibustiers, là !
00:18 A terre aux surprises !
00:20 Il y a trois semaines, ça fait trois semaines que...
00:23 C'est un petit complément, comme on l'avait vu. Pourquoi c'est le complément ?
00:26 Est-ce que vous vous souvenez peut-être de l'article 3 de la Constitution qui dit quoi ?
00:30 La souveraineté nationale appartient au...
00:32 Peuple !
00:34 Que l'exerce par ses...
00:36 Droits !
00:37 Oui, ses droits, ses représentants, c'est-à-dire les membres du Parlement,
00:40 et par le...
00:41 Référendum !
00:42 Donc, vous voyez, on a vu que quand les représentants, c'est-à-dire les élus de l'Assemblée nationale et du Sénat,
00:48 étaient privés de débats et de votes, c'était le 49.3.
00:52 Donc, c'était une atteinte, en quelque sorte, à l'esprit de l'article 3.
00:56 Et donc, l'autre respiration démocratique très importante, c'est le référendum.
01:00 Le référendum, on ne peut pas le faire sur n'importe quel sujet.
01:04 Donc, il est possible sur l'organisation des pouvoirs publics.
01:08 On y reviendra tout à l'heure, parce que je vais vous interroger sur un certain nombre de référendums qui ont été...
01:12 Il y en a deux-trois qui trouvent qu'on est malins !
01:14 Par exemple, la réforme du Sénat, la durée du mandat présidentiel, etc.
01:18 Ensuite, le deuxième, c'est la politique économique et sociale.
01:21 Par exemple, il y a une tentative de référendum récemment sur la réforme des retraites.
01:27 Et troisièmement, les traités internationaux.
01:31 Bravo !
01:33 [Applaudissements]
01:45 Et que dit également ce texte ?
01:47 Que dit également le texte ?
01:49 Il faut, une question, c'est marqué en bas, de la loyauté et de la clarté.
01:53 Pourquoi est-ce qu'il y a écrit cela ?
01:55 C'est pour éviter les référendums plébiscites.
01:58 On pourrait poser n'importe quel...
02:00 "Voulez-vous qu'il fasse du soleil ou qu'il pleuve ? Voulez-vous ?" etc.
02:03 On pourrait avoir très bien un chef de l'État qui poserait n'importe quoi comme question au référendum,
02:08 qui aurait un "oui" massif et qui dirait "vous voyez, tous les Français sont d'accord avec ce que je fais" etc.
02:13 Donc vous voyez, c'est très encadré pour que le référendum soit à la fois sérieux et qu'il ait un sens.
02:19 Depuis la Constitution, c'est-à-dire depuis 1958, combien y a-t-il eu de référendums ?
02:23 Neuf.
02:24 Neuf.
02:25 Aïe !
02:26 Parce que c'est écrit.
02:27 Non, non, non.
02:28 Ah non, mais très bien.
02:29 Bravo Guigui !
02:30 Bravo, il le sait.
02:31 Alors, on ne va pas les afficher tout de suite, parce que je suis sûre que vous les connaissez.
02:35 Alors j'en ai pris quelques-uns, j'en ai pris cinq.
02:38 Il y en a eu un sur... je vais vous demander les résultats de ce référendum.
02:41 Allez-y.
02:42 Il y en a eu un, le premier qui a marqué l'histoire de France, c'est l'élection du président de la République au suffrage universel direct.
02:48 Alors ne mettez pas les réponses.
02:49 Est-ce que les Français ont dit oui ou ont dit non ?
02:51 Oui !
02:52 Oui !
02:53 Qui était le président de la République à ce moment-là ?
02:58 Patrick Fiori.
02:59 Général de Gaulle.
03:03 Voilà, le général de Gaulle.
03:04 Ensuite, il y a eu la réforme du Sénat, faite également en 1969 par le général de Gaulle.
03:10 C'est non.
03:11 Voilà, la réponse a été non.
03:13 Et qu'est-ce qui s'est passé après ?
03:14 Il est parti.
03:15 Exactement, il est parti.
03:16 C'est-à-dire qu'il a tenu compte du vote populaire des Français, très très courageux,
03:23 parce qu'il y a d'autres qui ont perdu des référendums, qui ne sont pas partis,
03:26 et il a quitté le pouvoir considérant que les Français finalement avaient à son aigueur et mis un vote de désir.
03:33 Madame, regardez ce qu'il fait.
03:34 Oh la la !
03:40 Tricheur ! Tricheur ! Tricheur !
03:43 Non mais oh !
03:44 Ensuite, il y a eu un référendum, vous vous en souvenez, peut-être que vous êtes très très jeunes,
03:49 mais peut-être que certains d'entre vous votaient déjà, le traité de Maastricht.
03:53 Bien sûr.
03:54 Donc, qu'est-ce qui s'est passé au traité de Maastricht ?
03:56 Oui, mais très serré.
03:57 C'était très très serré.
03:59 51%, on voit déjà que les Français sont très exigeants à l'égard de ce que l'Europe peut faire ou ne pas faire.
04:05 C'était Jacques Chirac qui était président, non ?
04:06 En l'an 2000, il y a eu la réduction du mandat présidentiel de combien à combien ?
04:11 De sept à cinq.
04:12 De sept à cinq ans.
04:13 Quelle a été la réponse ?
04:14 Oui.
04:15 Et enfin, en 2005, il y a eu…
04:18 D'ailleurs, si je peux me permettre, c'est que moi je trouve que c'est une connerie.
04:21 Ah oui ?
04:22 Parce que je trouve qu'on n'a pas le temps de s'installer dans ça.
04:23 Je vous jure que c'est vrai.
04:24 On va dire qu'on fait un sujet, parce que moi je trouve que c'est court.
04:28 Tu préfères un septennat renouvelable ou pas ?
04:30 Je préfère un septennat, tu vois.
04:32 Non renouvelable ?
04:33 Non renouvelable.
04:34 Renouvelable, par exemple.
04:35 Et si le mec il a été nul, de toute façon, le peuple va le dégager.
04:37 14 ans, c'est long Cyril.
04:38 Quoi ?
04:39 14 ans, il ne faut pas le réélire.
04:40 Il faut pas le réélire.
04:41 C'est un autre débat, mais c'est vrai que c'est un débat qui revient régulièrement sur la durée du mandat, mais on pourra le faire.
04:48 Et le dernier que je cite, c'est le référendum sur la constitution européenne.
04:53 Quelle a été la réponse ?
04:54 Non.
04:55 La réponse a été non.
04:56 Et pourtant, ultérieurement, je ne vais pas rentrer dans le détail, mais elle a été quand même imposée aux Français,
05:02 ce qui a créé aussi une espèce de doute et de discrédit à l'égard de l'utilisation d'un outil constitutionnel aussi important que celui-ci.
05:13 Et alors en 2008, qu'est-ce qui s'est passé en 2008 ?
05:16 En 2008.
05:17 Puisque tous les candidats à l'élection présidentielle dont je fus, ont tous promis de créer un référendum d'initiative citoyenne.
05:24 C'est-à-dire que les Français puissent, en faisant des pétitions, soumettre au vote des réformes, des décisions, du progrès social, etc.
05:34 Et donc en 2008, il y a eu cette réforme qui devait s'appeler le référendum d'initiative populaire.
05:40 Et il y a eu tellement de conditions draconiennes qui ont été mises à ce référendum que finalement, il n'a jamais pu être organisé.
05:50 Et déjà, dès le début, il y a une grande méfiance de ceux qui gouvernaient à l'égard de ce pouvoir populaire finalement.
05:57 Parce que le mot populaire a même été éliminé au profit du mot partagé.
06:03 Vous voyez, c'était le référendum d'initiative populaire, alors que la souveraineté nationale, la souveraineté populaire, elle est dans la Constitution.
06:11 Mais ils ont même eu peur du mot populaire, ça s'est transformé en mot partagé.
06:15 Et ce n'était même pas le mot citoyen.
06:17 Vous vous souvenez peut-être que dans la réforme des Gilets jaunes, il y avait des revendications sur le pouvoir d'achat,
06:23 une lutte contre la hausse du prix de l'essence avec la taxe carbone et une revendication très forte du référendum d'initiative citoyenne, du RIC.
06:31 Parce que justement, les Français estimaient que s'ils avaient donné leur opinion, peut-être que les décisions seraient un peu plus intelligentes que quand elles sont imposées d'en haut.
06:42 Donc pourquoi est-ce que ce référendum d'initiative populaire a été tellement encadré ?
06:47 D'abord parce qu'il faut qu'il soit signé par 20% des membres du Parlement, ensuite signé par 10% des électeurs inscrits.
06:56 Ça fait combien 10% des électeurs inscrits ?
06:58 Ça fait…
06:59 À peu près.
07:00 Ça fait 5 millions.
07:02 Non, un peu plus, un peu plus.
07:03 3 millions, 5.
07:04 Voilà, 4 millions, 800 milles.
07:06 4 millions, merci.
07:07 Près de 5 millions d'électeurs et puis des délais qui sont très longs, très contraignants, etc.
07:13 Et donc, ce qui avait été voulu en termes de démocratie participative et promis aux Français en termes de démocratie participative, finalement n'a pas été réalisé.
07:23 Vous avez vu comment c'est intéressant ?
07:24 Oui, oui.
07:25 Franchement, on se régale.
07:26 On apprend.
07:27 Oui, on apprend, ça vous change de d'habitude.
07:30 Vous avez des questions ?
07:33 Oui.
07:34 En fait, tout est fait pour qu'il n'y ait jamais de référendum, Ségolène.
07:37 Il faut être clair.
07:38 Mais c'est Madame.
07:39 Madame Ségolène.
07:40 Madame Royale.
07:41 Alors, c'est pour ça que régulièrement, il y a une réforme de cette procédure qui est proposée.
07:47 Espérons qu'elle viendra.
07:49 Espérons.
07:50 Espérons qu'elle viendra parce que vous voyez, même, vous vous souvenez, pour la réforme des retraites, il y a une tentative de référendum.
07:55 Et tout avait été réuni, puisqu'il y avait bien les 20% de signature des membres du Parlement.
08:00 Il y avait eu le lancement de la pétition.
08:03 Elle a obtenu facilement 5 millions de signatures.
08:06 Et c'est le Conseil constitutionnel qui a arrêté la procédure en disant "non, la loi n'est pas encore votée".
08:13 Donc, il ne peut pas y avoir de référendum sur une loi qui n'est pas encore votée, alors qu'elle allait l'être quelques jours après, en étant imposée par le 49-3.
08:23 C'est-à-dire qu'on a eu un conflit de deux formes de démocratie, finalement, d'exigence démocratique contre un étouffement de la démocratie.
08:32 Puisque d'un côté, il y avait une revendication de plus de 5 millions de Français pour faire un référendum.
08:37 Et de l'autre côté, le Conseil constitutionnel, qui a dû appliquer strictement, parce qu'il n'avait pas le choix,
08:43 strictement l'encadrement qui était prévu dans les textes pour la…
08:47 Même si ceux qui ont fait la réforme de la Constitution et le référendum n'avaient pas imaginé qu'une loi aussi importante que celle des retraites allait être imposée par le 49-3.
08:59 Et qu'on interdirait un référendum sur une loi qui, soit disant, n'était pas encore adoptée, alors qu'on savait pertinemment qu'elle allait l'être.
09:06 Donc, vous voyez qu'il y a un espace de réforme institutionnelle.
09:09 Et peut-être pour conclure, vous avez vu que dans l'actualité, aujourd'hui, on annonce des réformes à dispositif anti-émeute.
09:18 – J'ai vu, j'ai vu, c'est…
09:20 – Mais à votre avis, quelle est la meilleure solution pour qu'il n'y ait pas d'émeute ?
09:24 – Pour qu'il n'y ait pas d'émeute ?
09:26 – Le référendum.
09:27 – Pour qu'il n'y ait pas d'émeute ?
09:28 – Émeute.
09:29 – Pour qu'il n'y ait pas de révolte sociale, quelle est la meilleure solution ?
09:31 – Bah oui, le référendum.
09:32 – Pour qu'il n'y ait pas d'émeute, il ne faut pas le faire.
09:33 – Tu viens de dire l'achat de sa compte.
09:34 – Pour qu'il n'y ait pas d'émeute… bon jeu de mots !
09:38 Mais pour qu'il n'y ait pas d'émeute, il ne faut pas qu'il y ait de révolte sociale.
09:41 Pour qu'il n'y ait pas de révolte sociale, il faut faire des réformes intelligentes,
09:45 discuter avec les gens, discuter avec le peuple, accepter par le peuple,
09:49 voire adopter par référendum, voire adopter par une majorité parlementaire,
09:54 mais pas imposer par le 49-3, pas de provocation, ou alors avoir la capacité de reculer.
10:01 – Donc vous voyez, quand on est dans un discours uniquement répressif,
10:03 c'est-à-dire aujourd'hui on va mettre des sanctions supplémentaires sur les jeunes, etc.
10:07 Mais les jeunes, ils ne feraient pas les imbéciles à la fin des manifestations
10:11 s'il n'y avait pas de révolte sociale.
10:13 – Exactement.
10:14 – Donc la question de la prévention de la révolte sociale par le fait de bien diriger,
10:19 de bien décider et d'associer le peuple aux décisions qui le concernent,
10:23 c'est quelque chose de majeur qui est inscrit dans l'article 3 de la Constitution,
10:27 donc appliquons-le !
10:28 [Applaudissements]
10:29 [Musique]

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