SMART PATRIMOINE - Emission du jeudi 2 novembre

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Jeudi 2 novembre 2023, SMART PATRIMOINE reçoit Marie Rohault (Responsable du département propriétaires, France Galop) , Laetitia Gabaut (Économiste, Observatoire de l'Epargne Européenne (OEE)) , Sandrine Quilici (Directeur de l’ingénierie patrimoniale, Norman K) et Grégoire Naacke (Directeur, Observatoire de l'Epargne Européenne)
Transcript
00:00 [Musique]
00:07 Bonjour à tous et bienvenue dans Smart Patrimoine.
00:09 Smart Patrimoine, l'émission qui vous accompagne dans la gestion de vos finances personnelles,
00:13 mais l'émission qui décrypte également avec vous les enjeux et les actualités du secteur de la gestion de patrimoine.
00:19 Une émission que vous pouvez retrouver tous les jours sur Bsmart, sur bsmart.fr, sur les réseaux sociaux de Bsmart.
00:25 Et bien sûr, vous pouvez nous écouter en podcast sur toutes les plateformes de podcast. Au sommaire de cette édition,
00:30 nous commencerons avec Patrimoine, Passion, le rendez-vous dédié aux investissements plaisir, passion ou alternatif de Smart Patrimoine.
00:36 Et en l'occurrence, nous nous demanderons avec Marie Roweau, responsable du département propriétaire chez France Gallo,
00:42 comment investir dans les chevaux de course, même si le terme d'investissement n'est peut-être pas le plus approprié sur le sujet.
00:48 Nous enchaînerons ensuite avec Enjeux Patrimoine, un enjeu patrimoine où nous aurons le plaisir de recevoir
00:53 Laetitia Gabo, économiste au sein de l'Observatoire de l'Épargne Européenne, mais aussi Grégoire Nac, directeur de l'Observatoire de l'Épargne Européenne,
01:01 pour la mise à jour de l'Observatoire de l'Épargne Européenne, de son indice de performance de l'épargne financière des ménages français.
01:09 Et puis enfin, dans la troisième partie de l'émission, dans l'œil du CGP, nous nous demanderons avec Sandrine Kielici,
01:16 directrice de l'ingénierie patrimoniale chez Normanca, à quoi s'attendre en matière de pacte du trail,
01:23 puisque cela fait partie des évolutions potentielles portées par du projet loi de finances pour 2024.
01:29 On se retrouve tout de suite sur le plateau de Smart Patrimoine.
01:31 Et nous commençons donc avec Patrimoine, Passion, le rendez-vous dédié aux investissements plaisir, passion ou alternatif de Smart Patrimoine.
01:41 Et en l'occurrence, nous allons nous demander ensemble comment aborder un investissement ou un placement dans des chevaux de course.
01:49 Et pour cela, nous avons le plaisir de recevoir sur le plateau de Smart Patrimoine, Marie Rowe.
01:52 Bonjour Marie Rowe. Bonjour, merci de me recevoir.
01:54 Merci à vous d'être sur le plateau de Smart Patrimoine. Vous êtes responsable du département propriétaire chez France Galo.
01:59 Alors effectivement, on s'est posé la question dans l'émission de l'investissement dans les chevaux de course.
02:04 Est-ce qu'on peut déjà réellement parler d'investissement ? Non, pas tout à fait, non.
02:08 On a évidemment des histoires belles à raconter qui existent évidemment, mais il faut absolument savoir que d'avoir des chevaux de course,
02:17 c'est une dépense, c'est une dépense passion, c'est une dépense plaisir. Il faut être bien entouré.
02:21 C'est aussi une expérience humaine, une aventure humaine qui se fait au contact des gens et au contact de l'animal évidemment.
02:27 Quand vous dites une dépense, ça veut dire qu'on ne rentabilise pas souvent un placement ou en tout cas une somme d'argent dédiée à l'acquisition d'un cheval de course ?
02:34 On peut le rentabiliser dans certains cas si on fait effectivement des achats assez intelligents, si on est bien entouré comme je le disais précédemment.
02:41 Mais il faut aussi savoir que c'est un métier et un sport où il y a des perdants et des gagnants.
02:46 Mais il y a forcément plus de perdants que de gagnants puisqu'il n'y a qu'un gagnant par course.
02:49 Donc il faut le faire avec sagesse et on n'a vraiment pas un taux de recouvrement exceptionnel.
02:55 On a un taux de recouvrement qui existe, qui est de 38%, mais il faut aussi s'accrocher à la réalité de la chose qui est avoir du plaisir avec le cheval,
03:03 l'entourage du cheval, l'entraîneur, le jockey, toute cette expérience. C'est vraiment une formidable passion.
03:09 Donc on n'y va pas pour faire un coup financier, on y va parce qu'on est passionné de chevaux ou en tout cas de course et qu'on a envie de suivre au quotidien la vie du cheval ?
03:18 Oui, oui, tout à fait. Je pense que c'est vraiment aussi une communauté. On a plus de 6 000 propriétaires en France.
03:24 On a aussi entre 9 000 et 10 000 chevaux à l'entraînement et c'est véritablement intégrer un groupe, une sphère entre le sport, le business aussi,
03:34 parce qu'on rencontre énormément de gens, on fait énormément de réseaux et évidemment les hospitalités à travers les hippodromes,
03:40 vivre sa passion et surtout vivre les expériences sur place dans les grandes courses de chevaux.
03:45 Alors un mot pour ceux qui nous écoutent. Tout le monde n'est peut-être pas expert du fonctionnement d'une course de chevaux.
03:51 Comment est-ce qu'on, j'allais dire rentabilise, mais c'est peut-être pas le bon terme, mais en tout cas comment est-ce qu'on génère un revenu à partir d'un investissement de départ
03:57 qui est l'acquisition d'un cheval de course ?
03:59 Oui, alors on peut déjà en tant que propriétaire être soit enregistré en tant que propriétaire, en tant que personne physique ou en personne morale.
04:06 On peut avoir une société qui permet évidemment de récupérer sa TVA. Si on est en personne physique, on va avoir les allocations,
04:18 les gains qui vont être touchés par le cheval qui sont touchés net d'impôt.
04:23 D'accord. Et donc les gains c'est, entre guillemets, quand on gagne une course, qu'on est premier, deuxième ou troisième, il y a un prix, une dotation associée, c'est ça les gains ?
04:31 Oui, tout à fait. Souvent dans les courses, les gains sont attribués de la première à la cinquième place.
04:37 Souvent on peut pousser jusqu'à la septième place, ça dépend évidemment de la condition de la course, il y a différentes catégories de courses.
04:42 Mais donc c'est par les gains souvent qu'en tant que propriétaire, on arrive à équilibrer entre les dépenses de frais d'entraînement, puisqu'elles sont là tous les mois.
04:50 Évidemment, un cheval c'est énormément de soins, donc c'est une charge mensuelle. Et il y a évidemment cet achat du cheval qui peut se faire à différents budgets.
05:00 Parce que ça veut dire, si je comprends bien, que l'acquisition ou l'achat du cheval n'est pas la seule dépense, c'est-à-dire qu'ensuite, effectivement, il s'agit d'un être vivant,
05:08 il s'agit d'un être vivant entraîné pour faire des courses et donc il faut subvenir à ces dépenses-là avant que le cheval fasse des courses.
05:15 Oui, tout à fait. Il y a un entraîneur à qui on va confier le cheval en tant que propriétaire. Cet entraîneur, il a évidemment une équipe autour du cheval qui va le monter tous les jours.
05:26 Il y a donc la question de la nutrition qui est très importante en tant qu'athlète, que ce soit un athlète cheval ou un athlète humain, qui est très importante.
05:33 Il y a aussi les frais de vétérinaire, maréchalerie. Donc tous ces frais vont faire qu'on reçoit une facture mensuelle et qui est plus ou moins importante déjà
05:42 si on vise une écurie en province ou si on vise une écurie à Paris. Et aussi si c'est une écurie de plat, d'obstacle, suivant les disciplines, il y a des coûts qui sont plus ou moins importants.
05:53 Le message est clair, ça ne s'aborde pas comme un investissement classique. Pour autant, est-ce qu'on achète forcément un cheval quand on a envie de placer un peu d'argent ?
06:03 Ou est-ce que vous disiez qu'on pouvait être propriétaire en tant que personne physique ou personne morale ? On peut aussi décider de rejoindre une entreprise qui investirait par exemple dans plusieurs chevaux ?
06:12 Ou qui serait connue pour une bonne gestion, une bonne identification des prochains gagnants ?
06:17 C'est une très bonne question parce qu'en ce moment, ça fait plusieurs années, mais il y a vraiment un engouement tout autour de la propriété partagée.
06:25 La propriété partagée, certains ne savent pas que ça existe dans les courses, mais c'est prendre une part d'un cheval ou une part de plusieurs chevaux.
06:33 Finalement, c'est étaler les risques en termes de coûts puisque certains chevaux vont pouvoir équilibrer avec leur gain.
06:42 Il y a sept options de propriété partagée. Les propriétaires ont des propriétaires associés.
06:48 C'est comme un fonds d'investissement, sauf que derrière, il y a l'acquisition de plusieurs chevaux qui vont réaliser des courses.
06:54 Il y a plusieurs investisseurs ou plusieurs actionnaires de l'entreprise qui réalisent l'investissement, c'est ça ?
07:00 Les propriétaires associés, ce sont deux choses différentes. Ce que vous venez de décrire, c'est le Racing Club.
07:04 C'est l'autre option aussi. C'est une société où on amène son capital et cette société va acheter différents chevaux.
07:12 Cette société va être gérée par un Racing Manager qui va ensuite acheter différents chevaux.
07:21 Mais quand on est propriétaire associé, on achète une part d'un seul cheval ou de plusieurs chevaux qu'on choisit.
07:26 C'est un peu comme si on décidait de faire un investissement immobilier à plusieurs ou d'investir dans un fonds immobilier.
07:31 Les deux sont possibles finalement dans le monde du cheval également.
07:34 Si on veut limiter ses risques, je ne sais pas, mais peut-être en tout cas ne pas avoir à supporter seul toutes les charges d'un propriétaire.
07:41 Oui, tout à fait. C'est vrai qu'on encourage ça pour les novices qui débutent parce que c'est une aventure humaine.
07:47 On commence petit à petit et puis on ne prend pas tous les risques d'avoir un cheval en pleine propriété d'un seul coup.
07:52 Et on crée son réseau autour de cela, c'est-à-dire choisir le bon entraîneur, choisir le courtier qui va acheter les chevaux et nous accompagner sur la gestion.
07:58 C'est très important et c'est un critère capital pour la longévité dans les courses.
08:03 Ça coûte combien l'acquisition d'un cheval de course ?
08:05 Alors ça peut dépendre. Il y a des ventes aux enchères où la première enchere, la moins basse, le prix d'entrée est de 5 000 euros.
08:12 Il y a des chevaux qui sont achetés pour des millions et puis il y a des chevaux qui sont revendus dans des courses à réclamer.
08:18 Donc des courses après laquelle on peut acheter ce portail à coeur d'un cheval.
08:22 Donc je ne dirais pas qu'il y ait vraiment un seul prix.
08:25 Évidemment c'est suivant le budget de chacun.
08:28 Là on a eu récemment le meilleur cheval de 3 ans au monde. Ace Impact a été acheté.
08:35 Yarling à l'âge de 1 an et demi pour 75 000 euros et aujourd'hui il a gagné 4 millions d'euros de gains.
08:41 C'est le meilleur cheval qui a gagné l'arc de triomphe qu'il a pu rendre course au monde qui s'est déroulé le premier week-end d'octobre à Longchamp.
08:49 Donc en France on est vraiment une économie et surtout un pays de courses très porteur.
08:54 Donc non il peut y avoir de très belles histoires, ça on est certain.
08:58 Mais il n'y a pas que des très belles histoires, rappelons-le quand même pour les gens qui nous écoutent effectivement.
09:02 Une question que des investisseurs pourraient se poser ou en tout cas des gens qui voudraient effectuer une acquisition comme celle-là.
09:11 Est-ce qu'on a plus de chances de rentabiliser l'acquisition d'un cheval quand il coûte 75 000 euros que quand il en coûte 5 ?
09:16 Ou au contraire c'est forcément un achat qui doit dépasser plusieurs millions d'euros pour s'assurer qu'on a un cheval gagnant ?
09:23 C'est une très bonne question.
09:25 Alors je veux dire évidemment le pédigré, donc la lignée du cheval va entrer en compte et va vraiment faire varier le prix.
09:33 Mais ça ne veut pas forcément dire qu'un pédigré qui est moindre par rapport à un autre va faire que le cheval est moins bon.
09:39 Évidemment plus la famille est bonne plus il y a de chances mais l'éventualité...
09:44 Ce n'est pas une chance exacte.
09:45 Non exactement. On a toujours des chevaux qui vont nous surprendre de par la page de pédigré et qui vont nous surprendre et être des champions.
09:52 Donc il y a évidemment une barrière de prix pour certains pédigrés où ils sont un peu inaccessibles.
09:58 Mais il y a tout à fait des chevaux de course, très bons chevaux de course qui sont à prix abordable.
10:02 Merci beaucoup Marie-Rohan de nous avoir accompagné dans Smart Patrimoine et d'avoir décrypté un petit peu pour nous cet univers d'acquisition de chevaux.
10:09 Je rappelle que vous êtes responsable du département propriétaire chez France Gallo. Merci beaucoup.
10:13 Merci à vous.
10:14 Merci à vous de nous avoir suivi. On se retrouve tout de suite dans Enjeu Patrimoine.
10:17 [Générique]
10:21 Et nous enchaînons à présent avec Enjeu Patrimoine. Nous allons revenir ensemble sur l'indice de performance de l'épargne financière des ménages français pour le second trimestre 2023.
10:32 Un indice calculé par l'Observatoire de l'épargne européenne. Pour en parler, nous avons le plaisir de recevoir sur le plateau de Smart Patrimoine Laetitia Gabot.
10:40 Tout d'abord bonjour Laetitia Gabot.
10:41 Bonjour.
10:42 Vous êtes économiste au sein de l'Observatoire de l'épargne européenne. Vous allez pouvoir nous expliquer dans un instant un petit peu ce que l'on constate sur le second trimestre 2023.
10:50 Juste avant, nous avons le plaisir d'accueillir également Grégoire Nac. Bonjour Grégoire Nac.
10:53 Bonjour.
10:54 Vous êtes directeur de l'Observatoire de l'épargne européenne. Alors cet indice, cet indice de performance de l'épargne financière des ménages français, on en a déjà parlé dans l'émission,
11:03 mais on va quand même rappeler aux gens qui nous écoutent deux choses. Déjà l'objectif de calculer un indice comme celui-là et ensuite la méthodologie pour arriver à cet indicateur Grégoire Nac.
11:14 Alors merci. L'objectif c'est d'avoir un indice de mesure synthétique et globale de la performance du patrimoine financier des ménages français parce qu'on va souvent parler de l'assurance vie,
11:29 des différents produits, mais on a rarement cette vision globale au final le ménage français moyen, quelle est la performance de son patrimoine.
11:39 Est-ce qu'il gagne ou perd de l'argent sur la période ?
11:41 Et par ailleurs, un indice c'est aussi parfois un benchmark, c'est-à-dire que le ménage individuel qui a gagné 5% sur 3 ans, il peut se dire par rapport au ménage lambda.
11:53 Alors ménage lambda, en fait, nous c'est le ménage typique au niveau macroéconomique de tous les ménages agrégés.
12:01 C'est peut-être un peu la limite de cet indice, c'est que ça regroupe des types de profils très différents, des types de revenus très différents.
12:09 En même temps, c'est son objectif, c'est les ménages français dans leur globalité.
12:12 C'est son objectif, mais on est au début de cet indice et c'est un projet de place qu'on a lancé avec l'ensemble des membres de l'OE,
12:22 qui sont les acteurs financiers de la place de Paris.
12:25 Et donc moi, je pense déjà à plein, il serait bien d'avoir le même dans les autres pays d'Europe.
12:29 Bien sûr, ça n'existe pas aujourd'hui, non ? On commence par la France avec la même méthodologie, en tout cas ça n'existe pas aujourd'hui.
12:36 Je ne veux pas rentrer dans des détails trop techniques, mais ce qui nous bloque, ce qui est bien en France, c'est qu'on a la Banque de France
12:43 qui fait la distinction dans les produits d'OPCVM ou les produits d'assurance vie entre les supports en euros,
12:50 les supports en unité de compte, les différents types d'OPCVM, ce qui permet de transpariser la détention d'action à travers les différents produits.
12:58 Et au final, de regarder ce qui nous intéresse et ce qu'on essaye de présenter de manière assez synthétique dans cet indice,
13:04 la grande poche produits de taux et la grande poche produits de fonds propres, et de voir ce qui contribue.
13:11 Alors on va rentrer un petit peu dans le détail, mais juste avant, une question générale.
13:15 Laetitia Gabaut, qu'est-ce qu'on constate au second trimestre 2023 en matière de performance de l'épargne financière des ménages français ?
13:23 Avec tous les garde-fous que nous a donné Grégoire Nac, déjà qu'on réfléchit au global, donc effectivement, après on ne rentre pas dans le détail des différents revenus.
13:32 Mais alors qu'est-ce qu'on constate au global ?
13:34 On constate qu'il y a une performance globale de 3,79% en nominal.
13:42 Mais cette performance, si on prend en compte l'inflation, elle est diminuée parce que l'inflation a beaucoup impacté cette performance.
13:49 Et donc elle reste en réel négative. Mais quand même depuis deux trimestres, on constate que cette performance est redevenue positive.
13:57 C'est-à-dire qu'elle reste négative, mais moins que les deux trimestres précédents ? C'est comme ça qu'il faut le comprendre ?
14:05 Exactement, oui. Et notamment sur le dernier trimestre où la performance réelle n'est que de -1%.
14:12 Grégoire Nac, qu'est-ce que ça nous dit ? Ça nous dit qu'il y a eu un changement dans les investissements sur les derniers trimestres ?
14:18 Ou que les fonds euros ont plus rapporté ?
14:21 La première chose que ça nous dit, c'est que l'inflation c'est nouveau pour beaucoup de...
14:27 Là je parlais des différents profils d'épargnants. Depuis 20 ans, on n'a pas eu d'inflation comme ça.
14:34 Quand on regarde l'indice sur 10 ans, c'est la première fois qu'on a des performances significativement négatives en terme réel à cause de la montée de l'inflation.
14:44 Et donc ça c'est nouveau. Et malheureusement, les ménages mettent du temps à s'adapter.
14:50 Et c'est compliqué pour un ménage d'appréhender cette inflation.
14:54 La perception qu'il a de l'inflation ou des taux n'est pas forcément la perception réelle.
15:00 Et donc paradoxalement, alors que notre indice pour la première fois depuis 10 ans est négatif en terme réel,
15:09 est assez fortement négatif, beaucoup de ménages ont l'impression de enfin gagner de l'argent parce que le livret A est à 3%.
15:15 Alors qu'en fait, ils en perdent plus qu'avant parce que l'inflation est plus élevée.
15:20 Et qu'ils mettent du temps... Enfin, ce qu'on voit aussi dans notre indice, c'est que la composition est très très stable dans le temps, sur les 10 dernières années.
15:29 La part fonds propres et produits taux, en gros il y a 80% de produits de taux et 20% de produits de fonds propres.
15:38 Ça a peu évolué. Donc c'était 84-16% 10 ans avant, mais ça évolue un peu depuis.
15:44 Enfin depuis 5-6 ans, ça reste très stable.
15:47 Donc ça veut dire qu'en gros, les investissements réalisés par les ménages français n'évoluent pas.
15:54 Et ce, malgré par exemple un contexte, Laetitia Gabot, un contexte inflationniste qui, lui, pour le coup, a été largement documenté depuis un an.
16:03 Tous ceux qui s'intéressent de près ou de loin à leur épargne ont entendu parler de l'impact de la hausse des taux sur le sujet.
16:09 Et pour autant, ce que vous constatez, c'est qu'il n'y a pas eu de grand mouvement.
16:12 C'est ça. La composition globale du patrimoine financier reste relativement stable dans le temps.
16:17 Et c'est vrai que les ménages ont du mal à s'adapter.
16:20 Et en fait, ce qu'on constate, c'est que justement, l'épargne liquide reste encore fortement prédominante dans le patrimoine total des ménages.
16:29 Et on arrive, alors effectivement, c'est pas l'objectif de l'indice, mais à avoir quelques clés d'explication là-dessus ?
16:35 Ou c'est... Alors on peut se dire effectivement que comme là, plus récemment, ça a offert de meilleures performances, ça n'a pas forcément incité les investisseurs à sortir.
16:45 Mais quand on essaye de comprendre ce comportement, qu'est-ce qu'on peut identifier ?
16:53 En fait, les ménages français restent quand même frileux par rapport au risque. Beaucoup n'aiment pas prendre trop de risques.
16:59 Et donc c'est vrai que le livret A et l'assurance vie en euro restent des placements phares en fait pour les ménages français.
17:06 Et notamment là, le livret A avec un taux à 3%, beaucoup de gens préfèrent investir dans leur livret A malheureusement.
17:13 Malgré le fait de perdre de l'argent, comme le disait Grégoire Nac par rapport à un taux d'inflation.
17:19 Je sais que j'ai sous les yeux un certain nombre de comparatifs que vous avez fait, Laetitia Gabo.
17:24 Si on compare par exemple à un indice action ou un indice obligataire sur une dizaine d'années, alors là c'est le CAC 40 que j'ai sous les yeux quand on parle d'indice action.
17:33 Comment se situe l'épargne financière des Français ? Est-ce que la prudence paie ou au contraire ?
17:39 Disons que s'ils avaient investi en actions sur longue période, ils auraient eu une meilleure performance.
17:45 Sachant que vous calculez sur 10 ans, on parle de la performance sur le deuxième trimestre 2023, mais vous étalez ça ensuite sur 10 ans bien sûr.
17:53 Sur longue période, investir en bourse est forcément plus rentable que d'investir sur des produits liquides.
18:00 Mais ça c'est encore une conception que les ménages français ont du mal à intégrer.
18:05 Et alors si on avait été sur un indice obligataire, c'est là où c'est intéressant puisque là aujourd'hui tout le monde parle du retour de l'obligataire.
18:12 Mais si on regarde sur les 10 dernières années, c'est peut-être pas forcément vrai ?
18:15 Voilà, c'est pas forcément vrai. Et si on regarde là par exemple l'obligataire, il y a eu la hausse des taux.
18:21 Mais on remarque que quand même la performance a été relativement stable autour d'un peu moins de 1%.
18:28 Grégoire Naque, qu'est-ce que ça nous dit ces comparatifs entre effectivement la manière dont les Français ont de gérer leur épargne
18:37 qui n'a pas l'air de tellement bouger dans le temps, si je comprends un petit peu ce que vous calculez sur l'indice,
18:43 et les différentes autres possibilités qui auraient pu leur être offertes sur le même laps de temps ?
18:50 Oui, ce que ça nous dit c'est que l'investisseur particulier, c'est pas un investisseur institutionnel sophistiqué.
18:58 Et déjà, comprendre l'obligataire, c'est pas facile.
19:01 Et en fait, quand il investit dans l'obligataire, c'est à travers des produits d'assurance-vie.
19:07 Et pourquoi ? Pour moi, il y a deux raisons principales.
19:09 Un, la fiscalité, et deux, la manière dont les produits sont vendus.
19:14 Et la fiscalité, moi je pense qu'en France c'est très important.
19:18 Souvent on dit "le produit préféré des Français c'est l'assurance-vie", mais l'assurance-vie pour moi c'est une enveloppe fiscale.
19:23 Bien sûr, après tout dépense qu'on met dedans.
19:25 Il y a des obligations et des actions.
19:27 Mais ça c'est une question d'éducation financière, et c'est normal.
19:31 On ne peut pas demander à quelqu'un qui n'est pas familier du sujet à s'adapter à un environnement économique complexe
19:38 comme le ferait un investisseur institutionnel.
19:41 Ça ne veut pas dire que ça ne bouge pas du tout.
19:43 Et je pense que, par exemple, la part des UCÉ augmente petit à petit,
19:48 que les ménages commencent à prendre conscience du fait que sur le long terme, ce sont les actions qui leur apporteront de l'argent.
19:54 Mais c'est notamment aussi, je pense que la loi Pacte en France a eu un impact là-dessus,
20:02 et les incitations fiscales ont un rôle clé.
20:06 Est-ce qu'on a, ou Grégoire ou Laëtitia, est-ce qu'on a une idée, une cartographie, une photographie du patrimoine moyen des ménages français
20:19 entre immobilier détenu en direct, action détenue en direct, assurance vie, compte-titre ?
20:24 On a la capacité d'avoir des ordres de grandeur de ce patrimoine ?
20:30 Oui, c'est quelque chose qu'on suit régulièrement assez bien.
20:34 Laëtitia qui produit le tableau de bord de l'OE, qu'on publie chaque trimestre, là aussi on regarde chaque élément.
20:41 En gros, sur le patrimoine financier, il y a 45% de liquidité, 40% d'assurance vie et 15% d'actions détenues directement, d'actions cotées détenues directement et indirectement.
21:00 Dans nos analyses, on a tendance à toujours retirer les actions non cotées, à cause des méthodes de valorisation qui peuvent être incertaines
21:09 et du fait que souvent c'est des entrepreneurs qui détiennent leur outil de travail plus que l'investissement.
21:17 Et ça pourrait venir fausser l'analyse, effectivement.
21:19 Exactement, donc on préfère retirer.
21:21 Et ensuite, au patrimoine global, il y a 60% de non financiers et 40% de financiers.
21:33 Bon, et donc on a dit effectivement que ça n'évoluait pas beaucoup dans le temps.
21:36 Un mot peut-être pour conclure, Laetitia Gabo, on repasse en positif, même si en réel, face à l'inflation, on reste négatif.
21:42 Est-ce que ça veut dire qu'on peut s'attendre à ce que le mois prochain, alors je sais que les chiffres le diront de toute façon,
21:48 que le trimestre prochain, on continue sur une dynamique positive ou comment est-ce qu'on voit un petit peu la fin de l'année ?
21:56 Alors là, sur le troisième trimestre, on va bientôt avoir les données mais toutes ne sont pas encore disponibles.
22:02 Mais déjà, ce qu'on a pu voir, c'est qu'il y a eu quand même une baisse des marches actions, notamment du 4,40.
22:08 Et donc ça devrait quand même impacter négativement l'indice.
22:12 Mais peut-être dans une moindre mesure, étant donné que ça représente que les actions représentent 15% à peu près du patrimoine financier des ménages.
22:20 Et après, comme le reste reste relativement stable, on devrait espérer pouvoir rester sur une dynamique un peu positive.
22:30 Grégoire Nac, même question pour conclure. Qu'est-ce qu'on peut identifier de cet indice ou conclure de cet indice ou peut-être se projeter un petit peu sur la suite ?
22:40 Je pense que la période qui vient est intéressante parce que, comme je le disais au début, c'est nouveau.
22:47 C'est nouveau parce qu'il y a de l'inflation, ce qui n'existait pas avant et qu'on revient petit à petit à des niveaux plus raisonnables.
22:55 Mais il y a des taux. Et ça, je pense que pendant 10 ans, même plus, il y avait des taux à zéro.
23:04 Et donc l'investisseur, il était forcément passif parce qu'il n'avait pas le choix entre, soit, ses liquidités ou de prendre du risque sur le marché actions.
23:13 Et donc je pense qu'on devrait revenir à des performances qui soient plus stables.
23:18 Mais c'est plus compliqué à comprendre aussi parce que, comme je disais, le marché obligataire, il faut comprendre.
23:24 Les tenants et les aboutissants. Et donc ce n'est pas toujours évident de jouer avec ces différents ingrédients que sont les taux, l'inflation et l'évolution des marchés actions
23:33 qui restent encore hauts, même si il y a une petite baisse, on reste encore au-dessus du niveau de fin d'année.
23:37 On reste sur des niveaux élevés, effectivement. Merci beaucoup, Grégoire Nacq, directeur de l'Observatoire de l'épargne européenne, de nous avoir accompagné dans l'émission.
23:45 Merci également, Laëtitia Gabaud, économiste au sein de l'Observatoire de l'épargne européenne.
23:50 Et quant à nous, on se retrouve tout de suite dans l'œil du CGP.
23:53 [Générique]
23:57 Et nous enchaînons à présent avec l'œil du CGP. Nous allons tenter de comprendre ensemble à quoi s'attendre en matière de pacte du trail en lien, évidemment,
24:05 avec les évolutions proposées dans la loi de finances pour 2024. Nous en parlons avec Sandrine Kielissi. Bonjour, Sandrine Kielissi.
24:11 Bonjour.
24:12 Vous êtes directeur de l'ingénierie patrimoniale chez Normand Key. Alors, le pacte du trail est au cœur d'un certain nombre de questionnements,
24:17 en tout cas d'amendements au sein de la loi de finances pour 2024. À quoi est-ce qu'on peut s'attendre concrètement en matière d'évolution de ce pacte du trail ?
24:25 En fait, là, on a déjà un premier amendement qui est venu préciser un certain nombre de points parce que le pacte du trail a fait l'objet de pas mal de rebondissements
24:37 ces derniers mois, et notamment, tout d'abord, donc on a un amendement du gouvernement qui vient préciser la notion d'activité commerciale susceptible d'être
24:46 éligible à l'exonération partielle, et notamment qui précise que l'exonération partielle n'a pas vocation à s'appliquer aux activités de gestion de son propre
24:57 patrimoine mobilier et immobilier, excluant ainsi les activités de location meublée ou de location d'établissements industriels et commerciaux équipés.
25:07 Donc ça, ça veut dire réduire déjà le champ d'application du pacte du trail le jour où on veut transmettre des parts de son entreprise.
25:12 Exactement, qui avait été ouvert par la jurisprudence en fait. Il y avait un vrai sujet là-dessus. La jurisprudence avait ouvert à ce type d'activité, et là, le législateur risque de refermer cette possibilité.
25:25 Donc ça, c'est un amendement qui a été déposé. C'est le seul qui concerne le pacte du trail ?
25:29 Alors en fait, on a un seul amendement, mais qui contient plusieurs choses. Donc ce même amendement précise également les activités qui sont éligibles, notamment avec les holdings animatrices.
25:46 En fait, là-dessus, il n'y a jamais eu trop de sujets, mais une fois de plus, ce n'était pas prévu par la loi. Donc là, on sanctuarise le fait que le pacte du trail puisse s'appliquer à une holding animatrice.
25:58 Donc ça, c'est le deuxième point. Et le troisième point également, il sanctuarise le fait que pour bénéficier du pacte du trail, la société ne doit pas avoir une activité opérationnelle exclusive, mais seulement principale.
26:13 Alors on le savait déjà, et puis il y a eu de la jurisprudence là-dessus également, mais au moins là, ce serait sanctuarisé parce qu'inscrit dans la loi.
26:22 Alors expliquez-nous, quand on réfléchit en matière d'ingénierie patrimoniale ou de gestion de patrimoine, pourquoi faut-il faire attention à une évolution potentielle du pacte du trail ?
26:32 Alors ça, c'est une excellente question. C'est-à-dire que dans cet amendement, il y a un exposé des motifs. Et à la fin, en fait, le gouvernement dit qu'il est probable qu'ils reviennent avec une proposition de recentrage de ce dispositif sur les actifs affectés.
26:49 Donc aujourd'hui, quand vous exercez votre activité opérationnelle dans une société, vous bénéficiez de l'exonération partielle sur la totalité de la valeur de vos titres.
27:00 Et là, en fait, on est en train de nous expliquer qu'il risquerait d'avoir un recentrage de l'exonération uniquement sur les actifs affectés à l'exploitation.
27:10 On parle sur la totalité de la valeur des titres de la société. Par exemple, des locaux détenus en propre par une entreprise qui pourraient sortir de l'affectation ?
27:20 Exactement. Imaginez le cas, par exemple, d'une entreprise qui, à une époque, avait acquis des locaux. C'étaient ses locaux d'exploitation. Donc là, il n'y avait aucun sujet.
27:30 Et puis, il s'avère que pour les besoins de son activité, elle est obligée de déménager. Elle a pris d'autres locaux, mais elle a conservé ceux-ci. Puis elle les donne en location.
27:39 Donc là, aujourd'hui, ses locaux ne sont plus affectés à son activité. De fait, il ne pourrait plus bénéficier de l'exonération.
27:44 Même si ça génère une sorte de revenu complémentaire pour l'entreprise, puisque c'est détenu par l'entreprise, ça pourrait ne plus être pris en compte ?
27:50 Exactement. On ne prendrait en compte que les actifs affectés à l'exploitation. Mais du coup, ce qui pourrait être intéressant, c'est que le législateur aille un peu plus loin
28:00 et dit qu'à partir du moment où on recentre uniquement sur les biens nécessaires à l'activité, déjà, on pourrait négocier une hausse du taux de l'exonération.
28:10 Après tout, ce ne serait pas complètement idiot, puisqu'on serait en concordance avec ce qui se passe dans les États européens, où ça va même jusqu'à l'exonération totale.
28:20 Sans aller jusque là, en tout cas, il y a un peu de marge pour, finalement, réfléchir à une augmentation du taux de l'exonération.
28:31 Et le deuxième point, c'est de dire qu'après tout, si on exonère les actifs affectés, alors pourquoi pas exonérer également l'immobilier professionnel,
28:40 pour lequel l'entrepreneur n'aurait pas fait le choix de l'inscrire à l'actif de sa société, mais qu'il aurait conservé dans son patrimoine privé ?
28:48 On va devoir s'arrêter là, malheureusement. Merci beaucoup, en tout cas, Sandrine Kielissi, de nous avoir accompagnée dans l'émission.
28:52 Je rappelle que vous êtes directeur de l'ingénierie patrimoniale chez Normand Key. Merci beaucoup. Et quant à nous, on se retrouve très vite sur BistMart.
28:58 [Musique]

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