Samedi 7 octobre 2023, Florence Duprat reçoit dans SMART LEADERS Nicolas Jerez (Bulane).
Bulane :
Bulane fabrique des chalumeaux à hydrogène alimentés par un électrolyseur mobile.
Bulane :
Bulane fabrique des chalumeaux à hydrogène alimentés par un électrolyseur mobile.
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00:00 (Générique)
00:08 Tous les secteurs contribuent au changement climatique,
00:11 notamment l'industrie qui est particulièrement pelouande.
00:14 Comment décarboner l'industrie ?
00:16 C'est ce qu'on va voir avec mon invité, Nicolas Gérez.
00:18 Bonjour.
00:19 Bonjour.
00:20 Vous êtes le fondateur, le CIO de Bulan.
00:22 Alors, l'hydrogène pourrait jouer un rôle majeur pour décarboner l'industrie ?
00:26 Oui, tout à fait. Il pourrait venir apporter sa contribution
00:30 dans la décarbonation des procédés industriels.
00:32 Et il y a urgence, parce que l'industrie est particulièrement pelouande.
00:35 Oui, tout à fait. Elle est maîtrise de beaucoup de CO2
00:38 et elle a des difficultés à se décarboner.
00:40 C'est pourquoi on a imaginé des solutions pour l'aider.
00:43 Oui, elle contribue à l'empreinte carbone de la France industrie à hauteur de 18 %.
00:47 C'est pas mal, hein ?
00:48 Oui, c'est ça.
00:49 Alors, justement, vous avez conçu des solutions
00:51 qui mêlent hydrogène et électrolyse pour aider à décarboner l'industrie.
00:56 Expliquez-nous.
00:57 Alors, tout à fait. Donc, on est basé à Montpellier.
01:00 On est spécialisé en technologie d'électrolyse et en combustion.
01:03 Et on a fondé la société il y a quelques années maintenant, en 2009,
01:07 avec l'idée qu'on pouvait utiliser un électrolyseur
01:10 pour produire de l'hydrogène, de l'oxygène et de la chaleur
01:14 en décomposant l'eau, H2O, en récupérant ces gaz
01:18 et en les insérant dans des combustions industrielles
01:21 pour aider les industriels à se décarboner,
01:23 mais sans avoir à changer leur procédé.
01:25 Oui, parce que, ce qui va revenir en détail sur votre solution,
01:28 mais il faut préciser que c'est particulièrement difficile
01:32 pour les industriels de décarboner.
01:34 À quelle difficulté se heurte-t-il ?
01:36 Oui, tout à fait.
01:37 Quand on veut changer un process industriel,
01:39 on va impacter à la fois la productivité, la faisabilité, la qualité des produits.
01:44 Et donc, changer de procédé n'est pas chose aisée.
01:47 En général, l'industrie aujourd'hui consomme majoritairement du gaz
01:52 pour se chauffer, pour chauffer les différents procédés.
01:56 Il faut savoir que toute matière transformée
01:58 est globalement chauffée pour être transformée.
02:01 Et donc, une des astuces qu'on a imaginées chez Bulan
02:04 est d'utiliser l'hydrogène pour venir remplacer,
02:07 non pas le procédé, mais la nature du gaz qui brûle chez les industriels.
02:12 Et en changeant la nature du gaz qui brûle,
02:14 si on utilise un gaz décarboné,
02:16 alors la combustion se décarbone.
02:18 Donc, en fait, en remplaçant les combustibles fossiles,
02:21 ce sont eux qui brûlent dans l'industrie.
02:23 C'est ça. En fait, le problème n'est pas la combustion en tant que tel.
02:26 Le problème, c'est la nature des gaz qui sont utilisés comme combustibles.
02:30 S'ils sont carbonés, et a fortiori fossiles,
02:33 alors la résultante est une émission de CO2.
02:36 Si maintenant on utilise des gaz décarbonés à la base,
02:39 la combustion peut toujours être utilisée
02:41 et cette fois-ci, elle ne va pas émettre de CO2.
02:43 Oui, donc on change le combustible quelque part.
02:45 On change le combustible et on ne peut également changer qu'une partie du combustible
02:48 pour ne pas impacter l'industriel.
02:50 C'est-à-dire qu'on va pouvoir hybrider les procédés industriels
02:53 et insérer 10, 20, 30, 40 % par palier
02:57 de façon à pouvoir accompagner ces industriels dans l'adoption de ce nouveau combustible.
03:01 L'hybridation, c'est vraiment votre approche
03:03 avec un objectif d'hybrider 50 % des processus industriels ?
03:07 Alors, il faut savoir que l'industrie en France,
03:09 c'est l'équivalent d'environ la consommation du parc nucléaire français
03:14 en termes de consommation d'énergie fossile
03:16 pour faire ce qu'on appelle de la chaleur.
03:19 La chaleur, c'est un peu plus de 50 % de l'énergie consommée par l'industrie,
03:23 donc c'est énorme.
03:24 Et déjà, si on voulait remplacer 50 % de la chaleur carbonée et fossile utilisée par l'industrie,
03:32 il nous faudrait l'équivalent d'un demi-parc nucléaire.
03:35 Donc l'intérêt de travailler en hybridation,
03:37 c'est qu'on va pouvoir justement minimiser les impacts,
03:39 voire même ne pas avoir d'impact sur le procédé de l'industriel
03:44 et venir insérer progressivement un nouveau gaz
03:47 qui va brûler en combinaison avec son gaz de référence.
03:50 Alors, qui sont vos clients pour le moment ?
03:52 Plutôt des grandes entreprises, des PME ?
03:55 Alors, on travaille aussi bien avec des grands comptes qu'avec des PMI, des ETI.
03:59 On a fondé la société en 2009,
04:01 on a développé la technologie, puis mise en marché en 2015.
04:05 On a depuis mis sur le marché environ 2000 électrolyseurs,
04:09 ce qui est énorme, un peu plus de 5 MW de puissance d'électrolyse.
04:12 On n'est pas très visible parce qu'on est justement dans l'industrie
04:16 et on est très spécialisé dans ces sujets-là.
04:19 Et on peut imaginer déployer maintenant cette technologie
04:25 qui est aujourd'hui mature, prête, fiable.
04:30 Et on travaille pour cela avec des grands comptes
04:33 qui sont dans trois grands domaines particuliers.
04:36 On a le génie climatique, donc tous les industriels qui fabriquent des biens de consommation
04:40 pour lesquels ils ont besoin de pouvoir alimenter des chalumeaux,
04:44 des brûleurs, des carousels, etc.
04:46 On travaille ensuite avec la filière du génie électrique
04:49 qui va également travailler en métallurgie, par exemple le cuivre,
04:53 mais également le luxe qui va utiliser également la flamme dans différents procédés.
04:59 Et puis vous avez derrière l'agroalimentaire, la cosmétique, les distilleries, etc.
05:04 Oui, donc vraiment des univers très variés.
05:06 On va revenir sur vos objectifs dans un instant avec la levée de fonds que vous avez réalisé.
05:11 Mais tout d'abord un petit mot sur comment est-ce que vous avez travaillé
05:14 avec les partenaires, les industriels pour mettre au point votre solution ?
05:17 Alors on est une start-up, encore je pense dans l'esprit, dite "market pool".
05:22 C'est-à-dire qu'on va vraiment utiliser toutes nos compétences
05:25 en électrolyse et en combustion pour écouter le besoin de nos partenaires
05:31 et clients industriels et développer pour eux des solutions
05:35 qui sont de fait très adaptées à leurs besoins.
05:38 Donc on va vraiment développer des solutions qui sont à la fois standardisables,
05:42 donc déployables, mais qui sont "drivées" par les besoins des industriels.
05:47 Oui, aussi un peu de surmesure.
05:48 Alors vos objectifs, je disais, une levée de fonds de 14 millions d'euros
05:52 qui est bouclée ?
05:55 Qui est bouclée depuis déjà quelques mois, oui.
05:57 Voilà, donc là pour franchir un nouveau cap de votre développement,
06:00 quels sont vos objectifs ?
06:01 Oui, tout à fait. Donc on était encore une quinzaine de personnes
06:04 à la fin de l'année passée, depuis quelques années.
06:07 Donc on a développé et mis en marché plusieurs milliers d'électrolyseurs,
06:11 presque 2000 bientôt.
06:13 Et là on franchit un cap avec la structuration de la société,
06:17 de très nombreux recrutements.
06:19 On a quasiment doublé l'équipe en une demi-année.
06:22 Et puis l'enclenchement de programmes de R&D,
06:25 mais également l'international, le business development,
06:28 pour vraiment attaquer cette démocratisation de l'usage de l'hydrogène
06:33 dans les procédés industriels, puisqu'aujourd'hui on est prêt.
06:36 Les industriels doivent se décarboner.
06:38 Ils sont prêts aussi, ils l'ont compris.
06:41 Ils sont prêts aussi.
06:42 Il y a également eu beaucoup de travail fait sur l'électrification,
06:45 qui est un mot-clé pour nous et très important,
06:47 puisque en réalité quand on va utiliser un hydrogène qui est produit par électrolyse,
06:51 alors on parle de gaz électrique.
06:53 On parle d'un gaz qui a les avantages d'être produit à partir d'électricité,
06:57 donc décarbonable, mais qui reste un gaz,
06:59 et donc qui est compatible au process.
07:01 Et les industriels ont cherché et cherchent encore à s'électrifier,
07:05 à se décarboner, et aujourd'hui découvrent que l'hydrogène
07:08 peut être une solution pour répondre à ces besoins.
07:11 Merci beaucoup Nicolas Gérez, fondateur de Bulam,
07:13 d'être venu sur le plateau de Smart Leaders.
07:15 Merci.
07:17 [Musique]