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Dans son émission média, Thomas Isle et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui, Michèle Cotta et Patrice Duhamel, pour le documentaire "Président, le prix à payer - Face au terrorisme", troisième et dernier numéro de la collection, qui sera diffusé le samedi 11/11 à 21h sur Public Sénat.
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NewsTranscription
00:00 Europe 1 Culture Media.
00:02 Il y a une très grande contradiction dans la société française.
00:04 Nous voulons un président qui puisse être au sommet.
00:07 Je vous ai compris !
00:09 Décider de notre destin commun et nous le voulons accessible.
00:14 Comment réussir cette conjugaison ?
00:17 C'est la 5ème République.
00:19 Un été président fait partie de la famille des gens
00:22 qui vous aiment ou qui vous aiment pas.
00:24 Et donc, il faut être prêt à payer le prix.
00:26 Il faut être prêt à payer le prix.
00:28 "Le prix à payer", c'est le nom de votre série documentaire
00:31 "Michel Cota, Patrice Duhamel".
00:33 Je dis série parce que c'est en plusieurs volets.
00:36 Et après, "Face à la rue", puis "Face à la société",
00:38 vous penchez maintenant sur les présidents face au terrorisme.
00:41 On va en parler. Mais d'abord, un mot sur l'ensemble de cette série.
00:44 Pourquoi ce titre déjà ?
00:46 "Le prix à payer", qu'est-ce que vous avez voulu explorer ?
00:49 - Écoutez, c'est un titre qui résume la situation en quelques ordres.
00:53 Oui, tous les hommes politiques se battent pour être président.
00:57 Mais une fois qu'ils y sont, il y a un lourd prix à payer.
01:00 Et le terrorisme, justement, en est un.
01:03 La lutte contre le terrorisme en est un.
01:05 - Alors, quel a été votre rôle à tous les deux ?
01:07 Qu'est-ce que vous avez fait sur cette série ?
01:09 Les entretiens, c'est ça ?
01:10 - On a fait les entretiens.
01:12 - On a fait beaucoup d'entretiens.
01:14 - Oui, on en a fait une dizaine au total.
01:17 Donc, deux anciens présidents de la République
01:19 et à peu près, à deux ou trois exceptions près,
01:23 tous les anciens premiers ministres
01:24 directement concernés par les sujets qui étaient traités.
01:29 Mais il est possible que la série continue d'ailleurs parce que...
01:34 - Il y a d'autres volets de prévue ?
01:35 - Il y a d'autres prix à payer, oui.
01:37 - Il y a d'autres prix à payer,
01:39 notamment, sans doute, les présidents face à la guerre.
01:42 - Oui, bien sûr.
01:43 - C'est quand même un immense sujet.
01:45 Et puis éventuellement, peut-être,
01:48 les présidents face ou à côté ou avec les premiers ministres
01:53 selon les situations, cohabitations ou pas.
01:56 - Ça veut dire que vous ne les avez pas encore interrogés
01:58 sur l'ensemble de ces thématiques-là ?
02:00 Vous pourriez les faire revenir ?
02:01 - On pourrait les faire revenir, évidemment.
02:03 Je pense qu'ils ne diraient pas non.
02:04 Mais enfin, on a la plupart du matériel,
02:07 des matériaux qu'il faut pour faire de nouveau.
02:10 - L'avantage tous les deux, c'est que vous avez un bon carnet d'adresses.
02:13 Donc, vous avez eu effectivement accès à énormément de monde.
02:17 Mais j'imagine que la difficulté sur ce genre d'exercice,
02:20 c'est aussi qu'ils ne succombent pas à la tentation
02:22 de réécrire un petit peu l'histoire et leur rôle en particulier.
02:26 - Oui, mais je crois qu'ils sont sincères dans leur réponse.
02:31 Que ce soit face à la rue,
02:33 ça a été diffusé avant l'été,
02:35 après, à la fin des manifestations sur les retraites.
02:38 Ou face à la société,
02:41 parce que ça a été des combats souvent très difficiles pour eux,
02:45 pour les grandes réformes de société.
02:48 Et là, face au terrorisme,
02:51 c'est ce qu'il y a de pire pour la société française.
02:53 Dans la série "Le prix à payer".
02:56 C'est très, très douloureux, difficile à gérer pour eux.
03:01 - Et pour eux, et on le verra, ça effectivement,
03:03 on va vous diffuser quelques extraits dans un instant.
03:05 On verra notamment Alain Juppé,
03:07 qui a été vraiment saisi par les attentats en 1995.
03:11 On va en parler dans un instant de ce documentaire.
03:13 Ce sera juste après la session de rattrapage de Jean-Luc Lemoyne.
03:17 - Culture Média sur Europe avec de la politique aujourd'hui.
03:20 Et pour parler politique, forcément, on appelle les meilleurs,
03:22 Michel Cotta, Patrice Duhamel.
03:24 Pour le troisième volet du documentaire,
03:25 "Président, le prix à payer face au terrorisme",
03:28 c'est à voir sur Public Sénat, au Mail.
03:30 - Et alors, on se rend compte, dès le début du documentaire,
03:32 que tous les présidents, à l'exception notable de Pompidou,
03:35 ont été touchés au cours de leur mandat par le terrorisme.
03:39 - Mes chers compatriotes,
03:41 aujourd'hui, la France a été attaquée en son cœur.
03:44 C'est la République toute entière qui est mobilisée
03:49 pour faire face à ce drame.
03:51 - La communauté de tous les Français doit se resserrer
03:54 et non se diviser.
03:56 - J'ordonne que tous les moyens, je dis tous les moyens,
04:02 soient employés partout.
04:04 - Pour châtier impitoyablement les assassins.
04:09 - Et que personne ne croit que les obstacles
04:13 me feront changer de route.
04:15 - Ils ne passeront pas.
04:16 - Voilà, alors il y a ces discours présidentiels figure imposés,
04:20 où les mots sont nécessairement un peu proches les uns des autres,
04:22 c'est pour ça que vous avez pu le tricoter aussi au montage.
04:25 Vous avez vu une évolution au fil du temps ?
04:27 Peut-être une tendance à aller vers davantage d'émotion
04:30 dans ces discours-là ?
04:31 Ou ce sont toujours les mêmes mots ?
04:33 - Je ne peux pas dire que sur l'émotion,
04:35 je ne sais pas ce qu'on pense, Patrice, sur l'émotion,
04:37 moi, je n'ai pas senti de différence,
04:38 c'est une différence personnelle.
04:40 Quand De Gaulle dit "je dis bien tous les moyens",
04:43 on sait bien ce que ça veut dire,
04:45 on ne se trompe pas d'être en costume de militaire,
04:47 c'est De Gaulle.
04:48 Pour le reste, on les voit quand même très émus les uns et les autres,
04:52 et notamment, je pense surtout au premier discours de François Hollande
04:57 le jour du Bataclan,
04:59 où il arrive sur les lieux et il est vraiment franchement décomposé.
05:04 - Où il dit "c'est une horreur".
05:05 - Oui, "c'est une horreur".
05:06 - C'était des mots qui n'étaient pas très présidentiels à ce moment-là,
05:09 mais il parlait avec son émotion du moment.
05:11 - Et quand il s'appelle,
05:14 on ne peut pas dire que Nicolas Sarkozy change de nature,
05:19 il est lui, il est comme il est,
05:22 avec sa façon de parler,
05:24 et c'est aussi très impressionnant,
05:26 parce qu'il est blafard lorsqu'il parle,
05:28 on ne le voit pas évidemment à la radio,
05:30 mais il est blafard,
05:31 et on le sent très très atteint,
05:34 lui qu'on n'a pas l'impression de voir atteint tout le temps.
05:37 - Et puis il y a les gestes aussi.
05:39 - Il y a une différence,
05:40 c'est qu'à partir de François Mitterrand,
05:41 ils vont sur les lieux.
05:43 - C'est le premier François Mitterrand à se rendre sur les lieux.
05:46 C'était en août 82 pour l'attentat de la rue des Rosiers.
05:51 Ça ne se faisait pas ça avant, d'aller sur place.
05:53 - Non, et d'ailleurs Giscard,
05:56 qui n'y est pas allé,
05:57 et qui a parlé deux jours après,
05:58 il a été critiqué parce qu'il n'y était pas allé sur les lieux.
06:03 Bon, Pompidou, vous l'avez dit tout à l'heure,
06:05 il n'y a pas eu d'attentat majeur pendant ses cinq ans de présidence.
06:09 De Gaulle, il n'était pas question qu'il ait été sur les lieux des attentats de l'OAS.
06:13 - Et après on se rend compte que ça va de plus en plus vite,
06:15 parce que François Hollande, lui, il a été le soir même,
06:17 au Bataclan, en 2015,
06:18 alors qu'on lui disait que ce n'était pas prudent.
06:21 Et là aussi, on voit l'accélération de notre vie politico-médiatique.
06:25 - On voit Manuel Valls un peu chagrin
06:28 à l'idée que le président de la République
06:30 se soit porté tout de suite sur des lieux d'un massacre
06:32 dont on ne savait pas s'il était terminé.
06:34 Et puis alors, il y a aussi une dimension personnelle
06:36 dans ces témoignages des dirigeants en politique.
06:38 Alain Juppé, par exemple, revient sur l'attentat du RER B à la gare Saint-Michel.
06:42 C'était le 25 juillet 1995.
06:45 - Je vais vous faire un aveu, moi, je n'avais jamais vu de cadavre.
06:48 Semblant. Jamais.
06:50 Je n'ai pas fait la guerre.
06:52 Je suis né en 1945, je n'ai pas été en Algérie.
06:55 Je n'ai pas été non plus à bord d'Indochine, naturellement.
06:57 Donc je n'avais jamais vu une scène de guerre.
07:01 Donc c'est un choc, une émotion forte.
07:03 Il faut tenir.
07:05 - On se rend compte que tout premier ministre qu'il est,
07:07 on n'est pas forcément préparé à vivre ça.
07:10 - C'est des moments très très durs.
07:14 François Hollande, Michel, l'évoquait,
07:17 le RER Saint-Michel, c'était un spectacle.
07:21 Moi, je n'y étais pas, mais on a vu quelques images.
07:23 Parce que les images sont toujours édulcorées,
07:26 ce qui est assez logique.
07:27 Sauf sur les réseaux sociaux où elles ne sont pas toujours à 100%.
07:31 Mais c'est des spectacles qui sont "physiquement insupportables".
07:39 Et les présidents, quand ils arrivent sur les lieux,
07:41 les policiers ont tendance à vouloir tout leur montrer.
07:45 Sauf quand il y a un risque.
07:46 François Hollande, il nous raconte qu'il ne pouvait pas rentrer dans le Bataclan
07:50 parce qu'il y avait un risque.
07:51 On n'était pas sûr que la prise d'otages était terminée à 100%.
07:56 Et qu'il pouvait y avoir quelques terroristes encore dans les parages.
08:00 Il a pris un vrai risque ce jour-là.
08:04 - Et alors derrière la vague d'attentats de l'été 1995,
08:07 dont parlait Alain Juppé,
08:09 il y a notamment un homme, Khaled Kelkal, qui est traqué.
08:11 Et le ministre de l'Intérieur, Jean-Louis Debré,
08:14 raconte dans votre documentaire comment les médias
08:16 peuvent venir perturber aussi le travail des enquêteurs.
08:19 C'est de plus en plus compliqué aujourd'hui aussi.
08:22 Autant des chaînes info, des réseaux sociaux.
08:25 On sent que ça se percute là, entre les médias.
08:29 - Ça complique un peu la tâche, effectivement, de temps en temps, des policiers.
08:34 C'est vrai que sur un coup comme Kelkal,
08:38 tous les journalistes,
08:40 ils sont une bonne centaine au moins,
08:42 si on additionne toutes les chaînes,
08:45 à se précipiter, à appeler au téléphone,
08:48 à recourir à des témoignages partiels de gens qui sont sur place,
08:52 d'évoquer des déplacements qui sont...
08:55 Et pour le ministre de l'Intérieur, Jean-Louis Debré a raison
08:58 de dire que de temps en temps, ils ont l'impression de courir après l'actualité.
09:01 Puis de temps en temps, l'actualité va dans un sens qui n'est pas le bon sens.
09:05 Donc il faut en plus rectifier et faire marche arrière.
09:08 C'est vrai que pour un ministre de l'Intérieur, surtout,
09:11 ce point de vue-là, les journalistes sont vraiment l'ennemi aussi du ministre de l'Intérieur.
09:16 - Quand vous posiez la question tout à l'heure au début de l'émission,
09:20 le prix à payer, c'est les présidents...
09:23 On met De Gaulle à part, parce que lui, il a connu tout ce que l'on sait.
09:27 Mais les présidents, ils sont élus au suffrage universel.
09:31 Donc à 20h, le dimanche du second tour, ils deviennent présidents de la République.
09:35 Ils sont investis 8 ou 10 jours plus tard.
09:38 Et puis, ils se retrouvent soit comme chefs des armées,
09:41 soit confrontés à des attentats de cette nature.
09:45 Je ne dirais pas "désarmés", mais découvrant des choses qu'ils ne connaissaient pas avant.
09:50 Et la difficulté, c'est que dans ces cas-là, ils le disent en privé.
09:55 Michel l'a entendu, moi je l'ai entendu par des présidents de la République
09:59 qui disent que dans ces circonstances-là, on est tout seul.
10:02 On prend la décision tout seul.
10:04 Quand Hollande dit qu'il faut lancer l'assaut
10:09 lorsque les terroristes de Charlie Hebdo se sont réfugiés à côté de Paris dans une imprimerie,
10:16 c'est lui qui dit "on lance l'assaut".
10:19 Après, les policiers décident le moment.
10:22 Avec une petite exception dans votre doc, celle de Balladur.
10:25 Oui, parce que c'est la cohabitation.
10:27 Il était tout seul, lui.
10:29 C'est sur lui que tout pouvait retomber.
10:32 Les gens ont peur de se tuer dans un match comme ça avec le terrorisme.
10:38 Et lui, il prend la décision contre l'avis de son ministre de l'Intérieur, Charles Passequoi.
10:42 Décision très dure, il dit "là aussi, j'étais très seul".
10:45 Ça fait partie des excellents témoignages dans ce documentaire.
10:48 "Le prix à payer face au terrorisme" s'est diffusé sur Public Sénat.
10:51 C'est déjà en ligne, vous pouvez aller voir ce doc dès maintenant.
10:54 Michel Cota, Patrice Duhamel, restez avec nous, vous êtes les invités de Culture Média.
10:57 Et dans un instant, c'est le journal des médias de Julien Pichenay.
11:00 A tout de suite sur Europe 1.