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Dans son émission média, Thomas Isle et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui, François Busnel, journaliste, pour l'émission "Les docs de La Grande Librairie" consacrée à Virginia Woolf le mardi 20 décembre à la place de La Grande Libraire sur France 5 à 21h00.
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00:00 - Alors François Bunel, après Gustave Flaubert et Honoré de Balzac, vous consacrez votre troisième numéro des doc de la Grande Librairie
00:08 à Virginia Woolf, une figure majeure de la littérature anglaise mais qui est tout de même moins connue que Flaubert ou Balzac en France.
00:16 Pourquoi elle ? - Eh bien parce que ce qui m'a beaucoup frappé, c'est que les jeunes sont en train de s'emparer de Virginia Woolf depuis quelques années d'une façon
00:24 absolument
00:25 intéressante et salutaire et puis aussi parce que d'abord c'est un grand écrivain, une grande écrivaine,
00:30 peut-être un peu méconnue et sur laquelle on a beaucoup mis des étiquettes et moi ce que j'aime bien
00:35 comme vous d'ailleurs, c'est de prendre un burin,
00:37 voyez, un marteau et de taper dessus pour faire voler les étiquettes afin de retrouver la pureté
00:43 du portrait. Je pense qu'on a besoin de savoir un peu qui était cette femme, Virginia Woolf, qui a une vie incroyable.
00:50 - Une vie incroyable, ça c'est ce qu'on découvre dans votre doc effectivement et puis ce qu'on retient aussi, alors évidemment il y a
00:55 des grands titres, "Mrs. Dalloway",
00:57 "Orlando" ou "Un lieu à soi" bien sûr, qui sont les grands succès qui l'ont rendu célèbre mais elle représente aussi tout un courant qu'on
01:03 appelle le roman moderne. Mais ce qu'on retient surtout aujourd'hui, c'est la figure de l'émancipation féminine.
01:10 On parlait pas encore de féminisme peut-être à l'époque mais elle fait partie des fondatrices de la pensée féministe.
01:16 - Alors on en parlait déjà un petit peu mais elle n'a jamais voulu
01:19 mettre cette étiquette sur le dos même si effectivement elle l'a fait.
01:23 - Voilà et c'est ça qui est intéressant, c'est quelqu'un qui a défié toutes les conventions y compris les étiquettes qu'on pouvait lui coller quand
01:29 elles étaient à juste titre. On est à une époque où justement la femme, on est à la fin du 19e siècle début 20e et
01:36 j'allais dire quasiment soumise à tout.
01:40 Il faut se rendre compte que cette femme, Virginia Woolf, veut écrire, on le lui interdit.
01:43 Elle est interdite de bibliothèque, elle peut pas aller lire, elle n'a pas d'endroit pour
01:48 étudier. On lui refuse l'accès à l'université et c'est assez drôle, elle a un frère qu'elle adore, Toby, qui va mourir très jeune à 26 ans.
01:55 Ce sera un de ses grands drames et le soir quand ce Toby sort de Cambridge où il est lui à l'université, elle lui demande
02:01 de lui réciter ses cours et elle apprend comme ça. Donc on est face à quelqu'un qui très jeune, très très jeune, va
02:08 s'instruire par elle-même,
02:11 s'inventer une vie et puis décider également que ce ne sont pas les autres qui
02:15 choisiront pour elle. - Et vous avez parlé de la mort de son frère qui est l'un des drames de sa vie.
02:19 Elle aurait eu beaucoup de drames dans sa vie et votre doc c'est aussi le portrait d'une femme qui est torturée,
02:24 qui perd ses parents assez jeunes, qui tombe dans une dépression profonde et puis on comprend dans votre film que finalement c'est l'écriture
02:32 qui va l'aider, qui va la sauver tout au long de sa vie. - L'écriture sauve au sens littéral du terme. Alors quand on dit ça
02:38 "oui l'écriture m'a sauvé", il y a toujours un petit côté grandiloquent,
02:41 "oui un petit peu pompeuse", "oui bon d'accord très bien", ça fait partie des clichés, des manuels de
02:47 littérature et en fait non c'est vrai. Virginia Woolf est quelqu'un qui est tout à fait dans ce qu'on vit aujourd'hui, c'est à dire que
02:55 très jeune et à plusieurs reprises elle est abusée, violée par son frère, son frère adoptif,
03:02 à plusieurs reprises, un demi frère.
03:04 Elle ne dit rien et il faudra des années pour que ça ressorte. A l'époque il n'y a pas de diagnostic, il n'y a personne
03:11 il n'y a absolument personne vers qui se tourner et il faudra qu'elle décide de
03:15 s'émanciper aussi de toute la vie familiale en allant vivre dans une espèce de communauté qui est un peu
03:21 les hippies des années 70 avant l'heure. On est dans les années 20, ils habitent tous ensemble. Vous retrouvez d'ailleurs un prix Nobel d'économie, un futur prix
03:27 Nobel, John Menard Keynes, un type qu'on se dit très sérieux et en fait tout ce monde vit ensemble, couche ensemble.
03:32 - Couche ensemble beaucoup aussi. - Oui c'est une espèce de phalanstère, un truc
03:36 où on expérimente une vie sexuelle et une vie intellectuelle avec une idée très simple qui est que plus ma vie sexuelle est débridée,
03:44 plus la créativité peut l'être. Alors c'est une partie de la vie de Virginia Woolf et c'est à partir de là qu'elle se rend compte
03:50 que peut-être
03:51 ce qu'elle a vécu dans son enfance va falloir en parler. Elle n'en parle pas directement, ce sera dans son journal, un journal largement
03:58 expurgé par son mari, un type extraordinaire, Leonard Woolf. Il est extrêmement
04:05 timide, il réussit à lui faire une demande en mariage, il se marie, mais Virginia a des amours qui sont des amours homosexuels.
04:13 Elle aime les hommes, elle aime les femmes, elle choisit encore une fois sa vie et lui va se dédier entièrement à elle et notamment
04:20 à identifier ses troubles.
04:22 Alors on va dire "oui mais c'est un monstre, il va l'empêcher d'avoir des enfants". Oui évidemment, parce que si elle en a, elle retombe dans une
04:28 dépression sans fin qui conduira à son suicide. - Et on va continuer à parler de ce documentaire
04:34 exceptionnel sur Virginia Woolf qui est diffusé demain soir sur France 5. François Bunel, vous êtes avec nous jusqu'à 10h et dans une minute
04:39 Jean-Luc Lemoyne nous rejoint pour sa session de rattrapage. A tout de suite sur Europe 1.
04:43 - 9h-11h, Culture Média, tous les matins sur Europe 1 et Thomas Hill. Votre invité, François Bunel ce matin. - Et oui, je reçois ce matin l'inénarrable
04:52 François Bunel. J'essaye de monter un peu mon vocabulaire.
04:54 Virginia Woolf fait partie de ce cercle très restreint des grands écrivains.
05:00 Elle a changé la forme du roman classique, voulu consacrer un grand documentaire diffusé demain soir
05:04 sur France 5 et pourtant ce qu'on apprend dans ce doc, c'est que son entrée en littérature n'a pas été
05:09 fracassante. Il aura fallu attendre une bonne dizaine d'années avant qu'elle trouve son style, Virginia Woolf. - C'est rassurant, non ? Pour tous ceux qui nous écoutent.
05:15 Elle est profondément humaine, très contemporaine, Virginia, parce qu'effectivement elle fait aussi partie de ces
05:21 écrivains pour qui rien n'est une évidence. D'abord, écrire lui coûtait énormément. On disait tout à l'heure que ça lui a sauvé la vie, c'est vrai.
05:28 Mais elle le disait, c'est difficile, c'est compliqué, c'est une assaise, c'est quelque chose qu'elle s'impose, même si
05:34 elle a une plume absolument magnifique.
05:36 Mais effectivement, les premiers pas sont tardifs aussi, parce que c'est l'époque et que, encore une fois, on est à une époque où, je vous le
05:44 rappelle, les femmes écrivent peu. Les femmes écrivent peu pour deux raisons. Elle le développe dans un petit essai qui est devenu un best-seller.
05:50 Et là, Thomas, mais ça me réjouit. Chez les jeunes, qui s'appelle, ce petit livre, "Une chambre à soi", que Marie-Darieusec, la romancière, a
05:57 retraduit par "un lieu à soi". Et elle dit une chose simple. Tant que les femmes
06:03 seront des épouses et des mères et qu'elles n'auront pas un lieu à elles, et pas seulement la chambre, la chambre c'est la chambre à coucher,
06:10 mais un lieu, c'est-à-dire un bureau, c'est-à-dire un lieu où l'homme ne va pas. - Un refuge.
06:15 - Exactement, voilà. Un refuge pour elles,
06:18 et bien la création sera compliquée. Dès que vous avez ce lieu, et ça va là pour les hommes aussi évidemment,
06:24 mais particulièrement pour les femmes à cette époque-là, dès que vous avez ce lieu à vous, là tout est possible.
06:28 Et en écrivant cela, elle libère
06:32 toute une génération de femmes qui a 20 ans dans les années 1920-1930,
06:37 qui vont devenir ces fameuses suffragettes, qui vont devenir également les premières féministes en Angleterre, mais aussi en France.
06:43 C'est un livre qui, toujours aujourd'hui, 100 ans après sa parution presque, a une actualité, une force, une puissance de libération
06:51 inouïe. - Et son style, elle va vraiment le trouver avec Mrs. Dalloway.
06:56 C'est vraiment le livre qui change tout pour elle. - Oui, alors c'est un livre, quand on lit comme ça pour la première fois, on se dit
07:01 "tiens, c'est un peu expérimental", c'est ce qu'on appelait le flux de conscience, vous savez, elle a été très très impressionnée par un livre qu'elle a détesté.
07:06 Ça, j'adore aussi chez Virginia. Elle est éditrice, elle va devenir une des grandes premières éditrices femmes
07:12 en Angleterre, et c'est l'époque où on publie James Joyce, qui écrit ce livre
07:16 démentiel et génial qui s'appelle "Ulysse" et qui raconte les déambulations d'un Ulysse moderne dans les rues de Dublin,
07:21 déambulations entre le bordel et le bistrot, bon bref.
07:24 Mais tout ça dans un flux de conscience qui fait 600 pages.
07:28 Bon, elle déteste. Elle le lit une première fois, elle trouve ça mais illisible.
07:32 Illisible. Et en même temps, elle est fascinée par ça. Et au même moment, il y a Marcel Proust qui
07:37 réinvente aussi par la longueur de ses phrases, par la capacité à plonger dans l'âme de ses personnages,
07:43 par la capacité à se poser la question de savoir pourquoi on est obsédé par une femme alors qu'elle n'aime même pas notre genre.
07:49 Voilà. Elle lit ça et elle se dit "mais en fait,
07:52 je dois aussi me libérer de tout ce qui m'empêche de parler d'amour, de sexualité". Quand elle écrit "Orlando" à la fin des années 1920-1930,
07:59 eh bien c'est le premier livre qui met en scène ce qu'on appellerait aujourd'hui quelqu'un qui est transgenre.
08:05 Voilà.
08:07 Elle est donc profondément
08:09 contemporaine pour aujourd'hui, révolutionnaire pour l'époque,
08:12 et puis elle a un style qu'elle met du temps à peaufiner, qu'elle met du temps à trouver,
08:16 et qui est un style un peu introspectif, on dirait aujourd'hui. Il s'agit de comprendre qui on est, et
08:21 pour comprendre qui on est, parfois il faut écrire ce qu'on vit. - Il en parle bien, François Bunnel, de Virginia Woolf.
08:26 Il va vous donner envie de relire, de lire son oeuvre, de la découvrir demain soir sur France 5. Est-ce que vous savez déjà quel sera le
08:33 prochain documentaire à qui il sera consacré ? - Moi ce qui m'intéresse, c'est "Les météores".
08:37 Virginia Woolf se suicide tôt,
08:40 finalement, dans la vie, et il y en a un qui sera le prochain qui est "Un météore". Il a tout fait en dix ans. En dix ans,
08:45 il a écrit 300 contes et nouvelles, et il est mort à 44 ans.
08:49 Main sur le buzzer, Thomas. - Un indice en bas de notre écran, non ? - C'est "Maux passants".
08:53 "Maux passants", qu'on prend pour un aimable... - Gui de son prénom. - Oui, voilà, "Maux passants", qu'on prend pour un aimable
08:58 conteur qui fait de la chasse et des contes qui se passent dans le bocage normand, alors que pas du tout, c'est celui qui a
09:03 révolutionné aussi le regard sur les humbles, les gens de peu, les prostituées, les mendiants, les rempailleuses,
09:09 et c'est une histoire complètement folle. - Dix ans seulement ?
09:13 - Incroyable. L'une des raisons qui vous a fait arrêter la présentation de "La Grande Librairie",
09:17 c'est le cinéma, François Abudel. Après avoir réalisé un film sur l'écrivain américain Jim Harrison, vous avez un autre projet dans les tuyaux,
09:24 vous commenciez à l'évoquer tout à l'heure avec Jean-Luc Lemoyne, c'est l'adaptation du roman "On était des loups" de Sandrine Collette, qui sera votre première fiction
09:31 pour le cinéma. Vous en êtes où de ce projet aujourd'hui ? - Mais j'en suis le temps du cinéma, et ça c'est extraordinaire, parce que...
09:37 - Ça vous change, hein ? - Mais oui, mais oui. "La Grande Librairie", c'était une émission
09:41 quotidienne, pour moi c'était quotidien, je faisais tous les jours un livre, parfois plus, et ça a duré 15 ans. Donc vous imaginez,
09:47 quand vous avez cette adrénaline, cette chance aussi de pouvoir parler toutes les semaines
09:52 au public des livres qu'on a aimés, tout à coup le temps du cinéma,
09:55 c'est exactement l'inverse. C'est-à-dire que ça fait un an et demi que...
09:59 un an maintenant que je suis sur le scénario, le scénario est terminé, je l'ai écrit d'ailleurs avec ma compagne Delphine De Vigan,
10:06 et puis le tournage débutera
10:10 l'été prochain au Canada. - Ah oui, donc c'est parti. - En Amérique du Nord. - L'été prochain, et ça sortira en
10:14 2026. - Ah bah ça sortira quand ce sera terminé, vous savez. Il faut faire les choses, pas tellement pour qu'elles
10:19 existent un jour, il faut les faire pour les faire. - Bon, restez avec nous François Bunel pour commenter l'actualité des médias dans un instant.