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Retour chronologique sur les grands personnages de l'histoire

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00:00 Bonjour à tous, très heureux de vous retrouver pour les Belles Figures de l'Histoire.
00:03 La belle figure de ce jour est en apparence une jeune femme ordinaire,
00:08 au sourire éclatant certes, mais qui est morte à 21 ans d'une maladie foudroyante en 1975
00:14 et depuis sa renommée n'a cessé de s'étendre, de par sa joie certainement,
00:19 mais aussi sans doute par ce qui est moins visible, son choix résolu de mettre Dieu en premier dans sa vie.
00:25 Sans aller trop vite et en faire une sainte avant l'heure, comment expliquer sa renommée spirituelle
00:32 au point d'être source de vocations religieuses au sein d'un monastère ?
00:36 On verra tout cela avec notre invité Bertrand Lettu. Bonjour, merci d'être avec nous.
00:41 Vous êtes éditeur notamment de livres sur la figure de Claire de Castelbajac,
00:45 c'est d'elle dont il s'agit, et notamment d'un livret,
00:49 vous êtes l'auteur d'un livret pour ce temps de l'Avent chez Paroles et Prières,
00:51 inspiré des écrits de Claire de Castelbajac.
00:54 Et puis Véronique Jacquier, bien sûr, est avec nous. Bonjour Véronique.
00:56 Bonjour Aymeric, bonjour à tous.
00:58 Cette émission, vous le savez, est en partenariat avec l'hebdomadaire France Catholique.
01:02 Tout de suite, je vous propose de nous rendre sur les pas de Claire de Castelbajac,
01:06 dans le Gers, à l'abbaye de Boulor, très exactement, où les religieuses entretiennent,
01:12 vous le verrez, un rapport privilégié avec cette jeune femme.
01:15 C'est un reportage signé Jean-Luc Thomas et Éloi Rochebrune.
01:19 Une guitare, un sac à dos, un tourne-disque, ou encore des livres pour enfants.
01:25 Ces objets ont un point commun, ils ont tous appartenu à Claire de Castelbajac.
01:29 À l'abbaye de Boulor, les sœurs Cisterciennes ont décidé de bâtir une exposition
01:34 pour mettre à l'honneur cette jeune catholique,
01:36 qui a joué un rôle bien particulier pour la communauté.
01:39 Elle a intercédé pour que notre communauté ne ferme pas.
01:43 Si nous sommes là aujourd'hui, nous savons que l'intervention de Claire y est pour quelque chose.
01:49 Ce quelque chose, c'est un miracle, une prière à Claire de Castelbajac,
01:53 qui a permis l'arrivée de cinq nouvelles sœurs.
01:56 Son cercueil se trouve dans la chapelle de l'abbaye.
01:59 Parmi les centaines de pèlerins qui viennent chaque année,
02:01 le père Ardura est ce jour-là un invité d'honneur.
02:04 Venu de Rome, il est le postulateur de sa cause en béatification.
02:07 Quand on vient ici, on sent la présence de Claire de Castelbajac.
02:14 Elle est un témoignage pour les jeunes de son âge,
02:19 qui connaissent dans la société d'aujourd'hui
02:22 encore plus d'obstacles que ce qu'elle a pu rencontrer.
02:26 Il n'y a pas un cœur qui n'a pas besoin d'être aimé.
02:28 Pour les 70 ans de sa naissance, Laurence Bohec,
02:31 auteure d'un livre sur Claire de Castelbajac,
02:34 propose aux visiteurs une narration poétique de sa vie.
02:38 Claire de Castelbajac, c'est une boule d'amour.
02:42 Elle transmet beaucoup d'espérance par son sourire.
02:45 C'est un vrai modèle aujourd'hui, comme hier, pour toutes les générations.
02:51 La communauté cistercienne de Boulor est composée aujourd'hui de 25 moniales.
02:55 Huit d'entre elles ont même ouvert un nouveau couvent en Ardèche.
02:59 Il semblerait que l'intercession de Claire de Castelbajac y soit pour quelque chose.
03:05 Voilà pour ce reportage.
03:06 Alors Véronique, on l'a entendu,
03:08 Claire de Castelbajac est née il y a 70 ans cette année.
03:12 Quelle a été d'abord son enfance, bien sûr ?
03:14 Alors Claire, ses parents disaient que c'était un ouragan de petite fille.
03:17 Elle avait une belle énergie.
03:18 Elle est née le 26 octobre 1953,
03:21 fille unique du mariage de Louis de Castelbajac avec Solange Rambeau.
03:25 Mais elle a quatre frères et sœurs du premier mariage de son papa,
03:28 qui est devenu veuf.
03:30 Et elle passe les premières années de sa vie au Maroc, à Rabat,
03:33 où son père est directeur de la Banque d'État.
03:35 Mais à l'âge de 6 ans, retour en France,
03:37 direction les racines familiales,
03:39 au sein du château de Lorette, dans le Gers.
03:42 Alors là, pour elle, c'est une enfance extraordinaire,
03:44 au milieu des animaux,
03:46 entourée et choyée par des parents
03:48 qui lui donnent une instruction aussi bien scolaire que spirituelle à la maison.
03:52 En fait, les premières années de sa vie,
03:54 l'école primaire, ce sera à la maison,
03:56 d'abord parce qu'elle a des petits problèmes de santé,
03:57 secondo parce que dans le château, on est un petit peu loin de tout.
04:00 Mais alors qu'est-ce qu'elle a de particulier, de plus, par rapport aux autres ?
04:04 Eh bien, en fait, dès l'enfance, elle a le souci des autres.
04:06 Par exemple, à l'âge de 4 ans,
04:08 elle se soucie déjà des enfants qui n'ont pas de jouets.
04:11 Donc elle décide de donner tous ses jouets
04:14 et de confectionner des paquets de Noël.
04:15 Ses parents voient ça en se disant
04:16 "mais en fait, cet enfant, ses jouets, on ne peut pas les donner comme ça".
04:19 Donc en fait, ils les cachent pour, évidemment, qu'elle n'ait pas de déception.
04:23 Elle est très attentive à l'une de ses sœurs qui est aveugle.
04:26 Par exemple, elle apprend le braille à l'âge de 7 ans.
04:28 C'est-à-dire qu'elle a quand même déjà une belle maturité dans la générosité.
04:32 Elle donne le sentiment de prier, en fait, comme elle respire.
04:34 Pour elle, son ange gardien est quelqu'un de familier.
04:37 Et à l'âge de 6 ans, elle déclare à son père "je veux être sainte".
04:40 Et puis, elle quitte le cocon du château familial de Lorette pour aller en pension
04:44 chez les sœurs du Sacré-Cœur à Rangueil.
04:47 Donc ce qui est maintenant ce qu'on appelle malheureusement la banlieue de Toulouse.
04:50 À l'époque, c'est encore la campagne.
04:52 Alors pour elle, c'est une période difficile
04:53 parce que le fait d'être loin de ses parents, ce n'est pas facile.
04:55 Elle tombe souvent malade.
04:57 Elle souffre d'asthme. Elle a des allergies.
05:00 Mais elle est dite-elle, parce qu'elle écrivait beaucoup.
05:04 Elle a écrit énormément de lettres.
05:05 Elle était comblée par sa vie de prière.
05:08 Elle écrit ainsi un jour à ses parents
05:10 "Je me suis rappelé ce qui faisait mon bonheur au Sacré-Cœur lorsque j'avais 12 ans.
05:14 J'allais m'échapper du dortoir le soir.
05:16 J'allais m'asseoir en pyjama à la tribune pour écouter le silence et voir la nuit.
05:20 C'est dans ces moments-là que je me suis trouvée le plus près du bon Dieu.
05:23 Sublime. En tout cas, c'était du sport parce qu'il y avait plein de mer partout.
05:27 Et il fallait ouvrir la porte de la chapelle qui grinçait."
05:30 Voilà, en plus, elle a de l'humour dans ce qu'elle raconte
05:32 et dans sa façon de mettre en scène sa vie de prière.
05:37 Alors, Bertrand Lettu, vous connaissez bien la figure de Claire de Castelbajac.
05:40 Elle est donc connue, ce qu'a dit Véraud, pour son sourire et sa joie.
05:43 Mais derrière cela, il y a, évidemment, puisqu'il faut creuser quand même un petit peu,
05:47 il y a un sens du don de soi qui est assez exceptionnel, peut-être,
05:50 pour son jeune âge et qui peut aller jusque au sacrifice.
05:55 Exactement. En fait, elle est entourée de très bons éducateurs,
05:58 son père et sa mère, qui sont des figures remarquables.
06:00 Et sa maman lui apprend, dès son plus jeune âge,
06:03 que tout dans la vie doit être donné.
06:05 Et elle apprend donc à faire l'offrande de ce qui est difficile
06:09 et aussi le sacrifice de ce qui pourrait être agréable.
06:11 Par exemple, à l'âge de 6 ans,
06:14 elle offre des fraises et des framboises de toute sa récolte à des voisins.
06:19 Et elle dit, alors sa maman l'interpelle sur le fait qu'elle donne beaucoup,
06:22 et elle répond "Puisque je veux être sainte, il faut que je fasse des sacrifices."
06:26 - Elle a ce sens-là. - Elle a compris.
06:28 Elle a l'intuition spirituelle que tout ce qui est donné
06:32 pour des intentions particulières, pour les pêcheurs, pour les missionnaires,
06:36 que tout cela portera du fruit spirituel.
06:38 Alors, on a parlé de son séjour à l'école.
06:41 Et là, il faut quand même dire que ce n'a pas été que facile,
06:44 notamment parce que le contexte, lui, est très difficile.
06:47 On est dans les années post-Concile Vatican II
06:51 et c'est un peu la tourmente dans l'Église
06:53 et notamment dans les écoles catholiques.
06:55 Oui, alors ça c'est plus tard, quand elle est lycéenne, effectivement.
06:59 Alors là, elle assiste à des séances de catéchèse
07:02 qui ne sont plus trop de la catéchèse et qui sont plutôt...
07:04 On demande aux élèves "Qu'est-ce que vous changeriez dans l'Église ?"
07:07 Et donc elle entend des choses sur le fait de remise en cause,
07:10 par exemple, du célibat sacerdotal,
07:12 ou d'élèves qui parlent facilement contre une humanité
07:18 qui vient d'être publiée, par exemple.
07:19 Une encyclique sur la contraception.
07:21 Effectivement, des choses comme ça.
07:23 Elle entend même un jour une religieuse,
07:25 alors sans doute qu'elle n'était pas très bien dans sa peau,
07:27 mais dire "Ne faites pas ce métier", elle parlait de religieuse,
07:30 "c'est le dernier des métiers".
07:32 Donc évidemment, ça s'attengue, c'est difficile pour elle.
07:34 Mais en fait, ce qu'il y a de fort chez Claire de Castelbajac,
07:37 c'est que dans toute cette période,
07:38 elle va se reconnaître comme une fille de l'Église.
07:40 Et ça, elle reçoit.
07:42 Ça ne veut pas dire qu'elle ne pose pas des questions
07:44 et elle se forme aussi pour comprendre,
07:46 mais avant tout, elle est fille de l'Église
07:48 et elle reçoit ce que le magistère enseigne.
07:51 Alors Véronique, dans son adolescence,
07:54 après son adolescence, on peut dire
07:55 qu'elle fait résolument le choix de la joie,
07:58 mais c'est un choix, là encore, raisonné,
08:00 puisque ça ne manque pas d'épreuve non plus.
08:02 Oui, parce que c'est d'abord une jeune fille de son âge
08:05 qui vit dans son temps.
08:07 Elle passe une année d'histoire de l'art à Toulouse,
08:10 puis après le baccalauréat, puis Rome, direction Rome.
08:13 Ça, ça va être très important dans sa vie.
08:15 Épaulée par sa mère, qui est une ancienne élève des Beaux-Arts,
08:18 elle réussit le prestigieux concours
08:20 de l'Institut Central de Restauration des Oeuvres d'Art.
08:23 Alors ce n'est pas une élève modèle,
08:25 elle manque beaucoup de cours,
08:26 elle manque d'ailleurs de se faire envoyer
08:27 à la fin de la première année, vous voyez.
08:29 Elle peut être très sérieuse dans sa vie spirituelle,
08:31 et puis à côté, voilà, elle est débordante
08:33 d'une certaine énergie qui fait qu'elle préfère
08:35 s'étourdir avec les amis de son âge.
08:37 Et puis je vous l'ai dit, elle est facétieuse, claire.
08:39 Elle achète une petite Fiat 500 grise
08:42 sur laquelle elle peint d'énormes fleurs de lys rouge.
08:44 Ça signifie qu'elle ne passe pas inaperçue
08:46 quand elle circule dans les rues de Rome.
08:47 Voilà.
08:48 Et alors à quoi tient, vous l'avez dit,
08:49 ce lien qu'elle continue de maintenir
08:52 avec la vie spirituelle ?
08:54 Comment cela se concrétise ?
08:55 Sa vie à Rome, c'est donc dans les années 73-74.
08:58 On l'a dit, elle reste avant tout une fille de l'Église,
09:01 c'est-à-dire qu'on est dix ans après Vatican II.
09:03 Querelle entre ceux qui veulent que l'Église
09:05 s'adapte à son temps et les partisans de la tradition.
09:07 Et elle, elle a par exemple cette phrase,
09:08 dire qu'elle est touchée par ces questions
09:11 qui sont celles de son temps.
09:12 Ce qui est important, c'est de garder notre âme
09:14 plus proche de Dieu que de l'homme.
09:16 C'est de vouloir monter vers lui et non de le faire descendre.
09:19 Voilà, c'est joli quand même pour résumer
09:20 - Belle formule.
09:21 - la crise de l'Église.
09:23 Elle a d'autres formules aussi.
09:24 "Tous les jours, je prie Saint Antoine de Padoue,
09:26 c'est un mec ce saint, je n'ai jamais été déçu par lui."
09:29 Voilà, ça c'est le style clair de Castelbajac.
09:31 Elle visite les familles pauvres du quartier.
09:33 Par exemple, elle a quand même un côté très charitable,
09:35 nourrie par sa vie de prière,
09:36 même à Rome, alors qu'il y a ce côté jeunesse
09:39 où on s'étourdit avec les copains.
09:41 Mais elle se pose justement la question
09:43 "Quelle place pour l'Évangile et pour ma vie de prière
09:46 dans ce monde finalement,
09:47 parce que je suis entourée de gens qui n'ont pas la foi ?"
09:49 Elle est travaillée par cette question
09:51 et elle est même déstabilisée
09:52 de ne plus avoir sa messe quotidienne.
09:54 Alors, elle choisit, elle choisit vraiment,
09:57 c'est un choix qui lui coûte,
09:59 de dire oui à la joie que Dieu veut mettre dans sa vie.
10:02 Et ça passe par son sourire.
10:04 Elle a décidé de sourire tout le temps,
10:06 même quand elle est au milieu des épreuves.
10:07 "Quand je souffre beaucoup,
10:09 quand il m'arrive des choses pénibles,
10:10 au lieu de prendre un air triste,
10:12 j'y réponds par un sourire."
10:13 Ça va même se terminer par une peste d'armes avec sa mère
10:16 qui va lui dire "Arrête de sourire tout le temps !"
10:18 Qu'est-ce que ça veut dire de sourire gratuitement
10:20 comme ça du matin au soir ?
10:21 Sa mère se dit "Elle devient un peu neuneu ma fille."
10:23 Bon, alors, attention cela dit,
10:26 il y a des hauts et des bas
10:27 parce que sa vie à Rome, c'est aussi un vide affectif.
10:30 Elle aimerait trouver un fiancé,
10:32 elle aimerait se projeter dans une vie de mariage.
10:34 Et puis, chaque fois, elle tombe sur des garçons
10:35 dont elle s'énamourt mais qui ne sont pas disponibles.
10:38 Ses parents sont loin.
10:40 Bref, elle se pose quand même beaucoup de questions
10:42 sur sa vocation et elle a donc du mal quand même
10:44 à garder le sourire en toutes circonstances.
10:46 Voilà, clair, c'est un désir de sainteté,
10:48 une familiarité avec les choses du ciel,
10:50 mais aussi un combat spirituel, à mon avis,
10:52 pour garder justement cette joie.
10:54 Alors justement, ce combat spirituel, Bertrand Letout,
10:56 il s'est notamment incarné, concrétisé, je dirais,
11:00 dans le domaine de la pureté
11:01 parce qu'évidemment, Rome, c'est aussi la dolce vita.
11:04 Oui. Alors en fait, il faut remonter plus tôt dans sa vie
11:06 car ce combat spirituel, elle le comprend très, très rapidement.
11:10 On a par exemple un cahier personnel
11:11 qu'elle écrit quand elle est au collège, au Sacré-Cœur,
11:14 où elle se fait des amitiés, bien sûr,
11:16 mais aussi elle rencontre des personnes
11:17 avec qui elle a peu d'affinités.
11:19 Et on voit date après date comment elle s'arrime au Seigneur
11:23 pour pouvoir manifester des gestes de charité
11:27 vis-à-vis des personnes avec lesquelles
11:28 elle a moins d'atomes crochus.
11:30 Et on voit date après date
11:31 comment elle en appelle au Seigneur pour réussir cela.
11:34 Et donc, c'est très tôt.
11:35 - Et effectivement... - Donc elle a l'habitude de combattre.
11:37 - Elle a l'habitude de combattre. - Spirituellement parlant.
11:39 Voilà, c'est un combat spirituel où elle comprend
11:41 que ce n'est pas que volontaire,
11:44 mais c'est qu'en appeler à la présence du Seigneur.
11:47 Et ça, c'est très fort chez elle.
11:48 Et on le voit au début de l'année 1973.
11:51 Donc, elle est à Rome, on l'a dit,
11:52 elle vient de réussir le concours du Restoro.
11:54 Elle est avec un certain nombre de jeunes gens
11:56 qui ne partagent pas ses idéaux.
11:57 Et là, elle va dire,
11:59 "Je suis en période de basse pression,
12:01 soumise à haute température."
12:03 Et elle dit à ses parents, à ses amis,
12:05 "J'en appelle à la prière de tout le monde pour moi."
12:08 Car elle se sent fragile,
12:09 elle sent qu'il y a des tentations.
12:10 Et là encore, elle veut combattre,
12:12 mais elle ne combat pas de manière volontariste
12:14 avec le Seigneur qu'elle veut faire entrer dans son cœur.
12:16 C'est-à-dire concrètement, quelles sont ses armes dans ce combat ?
12:18 Ses armes, c'est la prière.
12:20 Elle prie, elle continue à garder la pratique, forcément,
12:24 les sacrements, la confession.
12:26 Et aussi, en appelant les saints.
12:29 Pour elle, depuis l'enfance, c'est aussi sa maman
12:31 qui lui a appris ça, à vivre avec le monde surnaturel.
12:34 Et donc, elle en appelle aux saints,
12:35 notamment Saint-Benoît pour lutter contre les tentations.
12:37 Elle va mettre, en 1971,
12:39 elle va ajouter à sa médaille de baptême,
12:41 la médaille de Saint-Benoît pour plus lutter contre les tentations.
12:43 Mais aussi d'autres saints dont on a parlé,
12:45 Saint-Antoine de Pardou,
12:46 Sainte-Thérèse d'Elysieux,
12:48 qu'elle affectionne tout particulièrement,
12:50 Anne de Guigny, qui n'est pas une sainte, mais en fait...
12:51 - Charles de Foucault aussi.
12:52 - Et aussi Charles de Foucault à la fin de sa vie.
12:54 Et effectivement, à la fin de sa vie,
12:56 où elle va entrer dans cet abandon,
12:58 avec la prière d'abandon de Charles de Foucault,
13:00 "Mon père, je m'abandonne à toi,
13:02 fais de moi ce qu'il te plaira."
13:03 - Alors justement, cette dernière partie de vie, Véronique,
13:06 évidemment, malheureusement,
13:08 c'est une vie fauchée très tôt, trop tôt, sans doute.
13:12 Mais est-ce qu'elle a pu se préparer,
13:14 d'une manière un peu curieuse, peut-être ?
13:17 - Alors, fauchée trop tôt,
13:18 parce qu'elle décède à l'âge de seulement 21 ans,
13:20 le 22 janvier 1975, d'une méningo en céphalite.
13:24 Alors, est-ce qu'elle avait pu se préparer ?
13:26 Elle se posait déjà beaucoup de questions
13:27 un an avant sa mort, donc à seulement 20 ans.
13:30 Elle avait fait cette confidence à une religieuse,
13:32 "Je voudrais tellement avoir la vocation religieuse,
13:35 êtes-vous sûre que je ne l'ai pas ?
13:37 Je veux être toute à Dieu,
13:38 comment savoir ce qu'il attend de moi ?
13:40 Et si je m'en allais ?"
13:42 C'est-à-dire, comme si, elle subodorait
13:44 qu'il soit possible qu'elle quitte ce monde,
13:46 "Et si je m'en allais, je ne peux le dire à personne
13:49 pour ne pas faire de peine."
13:50 Autre confidence, à peine cinq mois avant sa mort,
13:52 lors du pèlerinage à Lourdes, en août,
13:54 parce qu'elle participait chaque été au pèlerinage de Lourdes,
13:58 "Je voudrais tout donner au bon Dieu,
14:00 mais je sais que je n'ai pas la vocation religieuse
14:01 et guère celle du mariage, alors qu'attend-il de moi ?"
14:04 Voilà, toujours en recherche.
14:06 Alors, un mois plus tard,
14:07 donc à peine quatre mois avant sa mort,
14:10 on lui propose, d'une façon providentielle,
14:11 un pèlerinage en Terre sainte.
14:13 Trois semaines qui vont être vécues, vraiment,
14:15 comme une épreuve purifiante, simplifiante.
14:18 Et quand elle reviendra de Terre sainte,
14:20 elle écrira à une amie,
14:21 "Ma vie a complètement changé d'optique en trois semaines,
14:24 au-delà de ma familiarité avec la Sainte Vierge,
14:27 je découvre l'amour de Dieu,
14:29 immense, étonnant et si simple."
14:31 Voilà, donc Claire est apaisée,
14:34 quelques semaines avant sa mort,
14:35 et quand elle doit repartir à Rome
14:37 avec sa petite fiat 500, juste après les fêtes de Noël,
14:40 elle reste à la maison,
14:41 parce qu'elle est sujette à de nombreuses migraines.
14:43 Plus tard, des convulsions qui vont entraîner
14:45 son hospitalisation à l'hôpital Doche.
14:47 Elle va rester inconsciente le dimanche 19 janvier,
14:51 alors qu'elle paraît dormir,
14:52 mais que les médecins sont évidemment très très pessimistes
14:55 sur son état de santé, tout d'un coup,
14:56 elle se met à parler et à réciter le "Je vous salue Marie"
15:00 comme dans un cri,
15:01 "Je vous salue Marie, pleine de grâce."
15:03 Et ensuite, elle s'effondre dans son lit,
15:05 mais sa maman est à côté,
15:07 et elle lui demande finalement de continuer
15:09 à dire cette prière du chapelet,
15:10 ce que va faire évidemment sa mère pour l'accompagner.
15:12 Elle va mourir le 22 janvier,
15:14 et dès sa disparition,
15:15 c'est ça qui est incroyablement étonnant avec Claire,
15:18 c'est que les témoignages affluent pour dire
15:20 à quel point cette toute jeune femme a marqué leur vie,
15:23 et les a marqués surtout par sa dimension de joie et de foi.
15:27 Alors, avant d'en venir à sa postérité, on peut dire,
15:30 effectivement, à cette renommée très rapide,
15:33 cette mort soudaine,
15:34 c'est évidemment un grand mystère, incompréhensible.
15:37 Comment comprendre qu'une jeune femme de 21 ans
15:40 qui rayonne, comme on l'a dit,
15:42 disparaisse comme ça soudainement, c'est mystérieux.
15:44 C'est très mystérieux.
15:46 La mort, c'est toujours mystérieux quand elle arrive.
15:48 Ce qu'on peut dire, c'est que Claire, au fil de sa vie,
15:50 elle va passer d'une joie proprement humaine,
15:52 parce qu'elle a un bon tempérament,
15:54 c'est une fille qui est vive, qui croque la vie,
15:56 de ce bon tempérament,
15:58 elle va passer jusqu'à une joie proprement spirituelle.
16:01 Et vous le notiez fort justement,
16:03 elle va vivre une fin de vie très apaisée.
16:06 - Elle ne s'inquiète... - Alors que ça a été très soudain.
16:08 Oui, elle ne s'inquiète plus à la fin de sa vie
16:10 pour sa vocation.
16:11 Elle sait que Dieu est là, que Dieu va pourvoir,
16:14 que Dieu va s'occuper d'elle.
16:15 Elle est vraiment très, très apaisée.
16:17 Et c'est ça qui est très beau, parce qu'en fait,
16:18 c'est toute la grâce qui agit, qu'on voit dans sa vie.
16:22 Alors, cette renommée,
16:23 Véronique a commencé à en parler,
16:25 là aussi, ça a démarré très tôt après son décès.
16:28 En fait, elle meurt, et il y a même des personnes,
16:31 le jour de son enterrement,
16:32 alors que c'est aussi la sidération et la grande tristesse,
16:35 qui ont envie de dire merci pour la célébration,
16:38 tellement ils ont été touchés de ce qui se passe.
16:40 Dans les jours qui suivent, en fait,
16:42 il y a des petits papiers qui sont déposés sur sa tombe.
16:45 Ce sont des demandes d'intercession ou des actions de grâce.
16:48 Étonnant. Quelques mois plus tard,
16:50 un groupe d'étudiants de Toulouse,
16:52 dont l'un des membres s'est converti de manière spectaculaire,
16:56 viennent voir les parents Castelbajac en disant
16:58 qu'ils aimeraient bien ouvrir un procès,
17:00 une cause en béatification.
17:02 Voilà, donc là, les parents Castelbajac veulent temporiser.
17:06 Ils demandent conseil auprès du frère Carme de Madame,
17:10 qui est d'accord, mais ce frère Carme va dire à sa maman,
17:14 à sa sœur, "Je te fais un devoir d'écrire sur ta fille.
17:18 Cela portera des fruits spirituels."
17:20 Et c'est pour ça que Madame de Castelbajac,
17:21 avec beaucoup d'obéissance, on peut dire, de docilité,
17:24 va se mettre à compiler les nombreuses lettres
17:27 que Claire a écrites.
17:28 Elle en a écrit plus de 800 dans sa courte vie
17:31 et va écrire un premier livre qui paraîtra en 1978,
17:34 mais juste pour l'entourage familial et amical.
17:36 Et en fait, on va se rendre compte assez vite
17:38 que cela dépasse cet entourage familial et amical
17:42 pour rejoindre des gens qui n'ont pas ou peu connu Claire.
17:45 Et c'est le début de toute cette renommée dont on parle.
17:48 Ce qui est étonnant, c'est ce qu'on voyait au début
17:50 de cette émission dans le reportage,
17:52 c'est ce lien avec les vocations religieuses
17:54 au sein de l'abbaye de Boulor,
17:56 abbéie où elle a été très peu, je crois, ou très rarement.
18:00 Effectivement. Mais ce qui se passe,
18:02 c'est que ce livre dont on parle,
18:03 eh bien, les sœurs de Boulor,
18:05 il y a l'abbaye générale qui vient les voir,
18:07 c'est sans doute un peu pour réfléchir
18:09 à un probable déménagement, elles ne sont que cinq sœurs.
18:11 Eh bien, les sœurs donnent ce livre à l'abbaye générale
18:14 qui le lit et qui fixe un challenge,
18:17 une sorte de mission impossible puisqu'il leur dit
18:19 "Écoutez, vous allez prier pour obtenir cinq vocations en un an."
18:25 Et ce qui se passe, d'incroyable,
18:27 alors qu'il n'y a eu quasiment pas de vocation
18:29 en les 30 dernières années,
18:30 eh bien, cinq jeunes filles se présentent désireuses
18:35 d'embrasser la vie religieuse,
18:36 et la première s'appelle Claire.
18:39 Et c'est que le début de nombreuses autres vocations
18:41 puisque cette abbaye de Boulor a fondé en 1998
18:44 l'abbaye de Rionnette et l'an dernier a repris l'abbaye
18:48 Notre-Dame-des-Neiges à la suite des Trappistes.
18:50 Et là, on retrouve le lien avec Charles de Foucault
18:52 qu'elle aimait beaucoup.
18:53 Effectivement, puisque Charles de Foucault a été
18:56 un novice dans cette abbaye.
18:58 Véronique, quelques livres pour approfondir cette belle figure.
19:00 Oui, alors le premier livre écrit sur elle justement
19:03 par sa maman, Solange de Castelbajac,
19:05 Claire de Castelbajac aux éditions Yeshoua,
19:07 c'est un recueil de ses lettres envoyées
19:09 pour la plupart à ses parents.
19:10 Vous l'avez dit, à environ 800 lettres
19:13 écrites entre 1960 et 1974.
19:15 Ensuite, il y a sa vie et son message,
19:17 toujours par sa maman Solange de Castelbajac,
19:21 "Vivre Dieu dans la joie", toujours chez Yeshoua Editions.
19:24 Une biographie de référence, celle du père Dominique-Marie Dosé,
19:27 Claire de Castelbajac aux éditions Plon.
19:30 Et puis un petit livre étonnant,
19:32 écrit comme si Claire s'adressait directement au lecteur.
19:35 "Moi, Claire de Castelbajac", par Laurence Boecq.
19:39 Et c'est aux éditions Yeshoua également.
19:42 Et puis évidemment, on vous recommande la lecture
19:43 de France Catholique, france-catholique.fr ou sur abonnement.
19:47 Voilà, merci beaucoup Véronique.
19:49 Un dernier mot pour vous dire que, à Rome,
19:52 la Congrégation pour la cause des Saints
19:55 qui étudie justement les causes de sainteté
19:57 a validé une enquête pour une possible béatification.
20:00 C'était le 4 juin 2009.
20:02 Donc évidemment, c'est une affaire à suivre.
20:05 Et puis une citation pour terminer.
20:08 "La vie est une guerre contre la lâcheté et la faiblesse."
20:11 C'est de Claire de Castelbajac qui montre bien d'ailleurs
20:13 que sa joie n'était pas quelque chose de totalement désincarné.
20:17 Merci, Bertrand Lentu, d'avoir été avec nous.
20:20 Je rappelle le titre de vos méditations sur
20:23 "À partir de la vie de Claire de Castelbajac"
20:25 pour le temps de l'Avent, publié chez Paroles et Prières.
20:28 Merci à Samira Ouled et aux équipes techniques de CNews
20:31 et à vous d'avoir suivi cette émission.
20:33 Demain, à suivre également, à 13h dans "Enquête d'Esprit",
20:35 nous parlerons de la Bible. En quoi la Bible est-elle vraiment
20:38 la parole de Dieu, une parole vivante ?
20:40 Nous verrons tout cela, mais pour l'heure, bien sûr,
20:42 l'info continue sur CNews.

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