Retour chronologique sur les grands personnages de l'histoire
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00:00 Bonjour à tous, bienvenue dans les belles figures de l'histoire.
00:03 Elle est très intelligente, elle a du charme et un véritable sens politique.
00:07 C'est la plus lucide de la famille royale.
00:10 Il s'agit de Madame Élisabeth de France, la sœur de Louis XVI.
00:14 Morte à 30 ans, elle est au premier plan d'un des épisodes les plus sanglants de l'histoire de France,
00:19 la Révolution de 1789.
00:22 Sœur cadette du roi, elle meurt sur l'échafaud le 10 mai 1794
00:26 avec une fermeté étonnante et une fin de vie admirable.
00:30 Mais cette belle figure d'héroïne est restée curieusement oubliée ou au second plan de l'histoire.
00:36 On en parle en tout cas nous aujourd'hui dans les belles figures de l'histoire
00:39 avec Madame Dominique Sabourdin-Perrin.
00:41 Bonjour, merci d'être avec nous.
00:43 Vous êtes historienne, vous avez écrit une dizaine de livres,
00:46 en particulier justement sur l'histoire de la prison du Temple
00:50 où a été enfermée la famille royale pendant la Révolution.
00:53 Ça s'appelle "Les Oubliés du Temple" justement.
00:55 Et vous êtes auteur de théâtre aussi, vous avez conçu notamment un opéra sur la vie de Madame Élisabeth.
01:01 Vous nous en parlerez.
01:02 Avec nous également Véronique Jacquet. Bonjour Véronique.
01:05 Bonjour Emmerich, bonjour à tous.
01:06 Et cette émission, vous le savez, est en partenariat avec l'hebdomadaire France Catholique.
01:11 Alors pour commencer Véronique, la vie de Madame Élisabeth,
01:15 dites-nous d'où elle vient et quelle a été son enfance.
01:19 Est-ce qu'elle a eu un destin singulier justement dès l'enfance ?
01:23 On peut dire que c'est une princesse qui n'est pas comme les autres.
01:26 C'est donc un membre de la famille royale, c'est la petite-fille de Louis XV,
01:30 c'est la fille du dauphin Louis et puis c'est la petite-sœur de Louis XVI, pour faire simple.
01:34 Elle naît au château de Versailles le 3 mai 1764.
01:38 Alors elle est orpheline de père et de mère dès l'âge de 3 ans,
01:41 mais elle grandit en se passionnant pour les sciences et les mathématiques.
01:44 C'est aussi une bonne écuyerre.
01:46 Alors dès l'enfance, elle révèle un tempérament inclassable.
01:49 Elle est à la fois très pieuse, mais on pourrait dire qu'elle a un petit grain.
01:53 Elle est originale et elle a un brin dissipé.
01:55 En tout cas, quand elle a 10 ans, elle voit Louis XVI épouser Marie-Antoinette,
02:00 dont elle sera très proche, mais pour elle, pas de mariage en vue.
02:03 Elle ne le souhaite pas, mais en même temps, elle n'a pas du tout envie de rentrer au couvent
02:07 et elle ne se sent pas l'âme d'une vocation religieuse,
02:10 même si, je vous l'ai dit, elle est très pieuse.
02:12 Alors à l'âge de 15 ans, ce qui est quand même un repère dans la personnalité de cette jeune fille,
02:17 à l'âge de 15 ans, elle se consacra à Dieu et au cœur immaculé de Marie
02:21 pour, dit-elle, obtenir la conservation de la religion en France.
02:25 Ce n'est pas rien.
02:26 Grande dévotion également pour le sacré cœur de Jésus.
02:29 Et pour commémorer son vœu, elle offrira à la cathédrale de Chartres
02:33 un cœur de Jésus joint au cœur de la Vierge Marie en or pur.
02:37 Voilà, vous les voyez s'afficher à l'écran.
02:39 Et ils y sont toujours conservés. C'est magnifique.
02:41 Louis XVI respecte le choix de sa sœur de vouloir rester célibataire.
02:45 À l'époque, c'était quand même un choix assez audacieux pour une jeune femme.
02:48 Il l'émancipe en lui donnant des revenus et en lui confiant le domaine de Montreuil,
02:53 non loin du château de Versailles.
02:54 Et puis dans ce domaine, elle va montrer qu'elle est d'une grande charité.
02:57 Elle va offrir des légumes, des fruits tirés du jardin à la population, évidemment,
03:02 qui en manque, qui est assez pauvre.
03:04 Elle crée un dispensaire pour soigner les paysans qui sont touchés par la variole.
03:09 Alors Dominique Saint-Bourdin-Perrin, on l'appelle la "bonne" Madame Élisabeth,
03:14 alors qu'elle est membre de la famille royale.
03:16 Et cette première partie de sa vie, elle a préparé finalement à affronter la tourmente révolutionnaire.
03:21 Est-ce qu'on peut dire que si jeune, déjà, c'est une grande âme, une grande âme spirituelle ?
03:25 - Très jeune, elle est une grande âme spirituelle, puisqu'à 15 ans, d'après Madame Royale,
03:31 c'est-à-dire d'après sa nièce, parce qu'on n'a pas d'autres preuves,
03:34 il faut bien mettre les réserves nécessaires, elle se consacre à Dieu.
03:39 Mais, comme vous l'avez dit, elle reste laïque, et c'est à Montreuil qu'elle va pouvoir commencer à exercer,
03:46 un peu à montrer ce qu'elle est, parce qu'à la cour, non.
03:50 Elle est une petite jeune fille, bien à sa place, c'est tout.
03:54 - Elle tient son rang. - Oui, selon son rang.
03:56 Alors à Montreuil, elle va faire, exercer énormément de charité, et à chaque fois, elle parle de Dieu.
04:05 Et elle va aussi offrir la cloche de l'église, enfin, elle va pousser les gens à aller vers Dieu.
04:12 Dès qu'il y en a un qui meurt, elle dit que c'est bien pour le Seigneur, qu'il a rejoint le Seigneur.
04:17 Elle montre sa foi et sa charité.
04:20 Elle commence, "Foi, espérance et charité, les vertus théologales", elles sont appliquées tout de suite.
04:25 - On l'a appelée la Sainte Geneviève des Tuileries ? - Plus tard.
04:28 - Plus tard. - Plus tard, quand il y aura l'invasion des Tuileries.
04:31 - Oui, alors à la fin, quand il y a eu deux journées terribles, pour les gens qui ne sont pas très au courant,
04:37 il y a eu la fin de l'automne 16 au Tuileries, c'est le 20 juin, le château est envahi, ils vont s'en sortir,
04:45 mais il va y avoir toute une affaire, elle va s'occuper des blessés à ce moment-là.
04:50 Il y en a un qui approche une pique, etc.
04:54 "Monsieur, faites attention, vous pourriez vous blesser ou nous blesser",
04:59 et les femmes de la Halle vont dire "Ah, notre Sainte Geneviève des Tuileries est présente".
05:04 Après, il y aura le 10 août et c'est la fin.
05:06 - Alors, on ne va pas anticiper trop vite, simplement peut-être un mot sur cet aspect très religieuse de Mme Élisabeth.
05:13 Mais finalement, est-ce qu'on peut élargir vraiment cette piété extrêmement forte à l'ensemble de la famille royale ?
05:20 - Alors, tous les enfants de Louis XVI, Mme Clotilde et Mme Élisabeth sont extrêmement pieux.
05:28 Le comte de Provence est... - Un peu moins.
05:31 - Un peu moins, mais au moment de mourir, Louis XVIII reprendra le prêtre qui est en train de dire la prière des défunts en lui disant "Monsieur, vous vous trompez".
05:40 - Donc ça explique aussi cette consécration au cœur de Marie et puis plus tard au Sacré-Cœur ?
05:46 - Oui, et cela vient de leur grand-mère, de Marie Lexinska, qui a introduit le culte du Sacré-Cœur de Jésus au cœur de Marie.
05:55 Donc, son fils, Louis Ferdinand, va reprendre ce culte et les enfants sont formés à...
06:04 - Ça s'est transmis de génération en génération.
06:06 Alors Véronique, revenons-en aux faits de la Révolution et notamment, effectivement, Mme Élisabeth, pardon, y révèle une âme extrêmement forte au début des événements.
06:18 - Alors, elle a 25 ans en 1789, elle est d'emblée hostile au mouvement révolutionnaire, alors qu'au début, il pouvait peut-être y avoir une petite sympathie de la part de la famille royale pour certaines idées des Lumières,
06:30 mais elle met tout de suite en garde le roi, le roi Louis XVI, et sa clairvoyance va donc aller de pair avec un sacré courage,
06:36 puisqu'elle va rester auprès de Louis XVI et de Marie-Antoinette, alors qu'elle aurait pu quitter la France et gagner des cours européennes, on lui offrait évidemment l'hospitalité.
06:46 Après l'arrestation de la famille royale dans sa fuite à Varennes le 21 juin 1791, elle est donc en résidence surveillée au Tuileries,
06:54 et vous l'avez dit, elle a une attitude héroïque le 20 juin 1792, il faut imaginer 20 000 insurgés, Mme Élisabeth qui leur parle en leur disant "respectez votre roi" alors qu'ils sont en train d'envahir les Tuileries,
07:07 et certains la prennent pour Marie-Antoinette et donc veulent mettre sa tête au bout d'une pique, enfin tout au moins la menace.
07:13 Et elle, elle a ce courage incroyable de dire à son écuyer "ne les détrompez pas, s'ils pouvaient me prendre pour la reine, on aurait le temps de les sauver".
07:22 Voilà, mais elle ne va pas arriver justement à sauver la reine et le roi, elle les consolera tous les deux ainsi que leurs enfants,
07:30 Mme Royale âgée de 15 ans et le petit Louis 17, alors qu'ils seront enfermés à la prison du Temple, c'est un épisode assez célèbre de l'histoire de France.
07:38 Alors détaillez-nous tout ça, Mme Dominique Sabourdin-Perrin, parce qu'elle a été surnommée par un témoin de l'époque, son médecin, le docteur Dacy, comme l'ange consolateur de la famille royale.
07:49 Est-ce que finalement sa vocation, ce qui reste de cette jeune femme, c'est cette consolation qu'elle a apporté dans des moments terribles ?
07:56 Alors elle a été l'ange consolateur parce que la famille royale, comme dans toutes les familles, il y avait des problèmes relationnels, bien entendu.
08:05 Elle a toujours essayé d'apporter la paix, c'est son rôle principal.
08:11 Par exemple, elle s'amusait avec Artois, mais elle donnait des conseils. Elle disait prier pour le comte d'Artois, elle priait pour Provence, quand Provence ? Au moment où ils vont partir pour Varennes.
08:21 Le comte de Provence s'en va, lui, pour la Belgique. La famille se sépare, c'est toute huilerie, et elle va donner à son frère la fameuse prière qu'on dit de Mme Élisabeth, mais qui est d'un certain Nicolas.
08:32 Prière d'acceptation des épreuves ?
08:34 J'accepte tout.
08:36 Très belle prière, heureusement.
08:38 Elle donne ça à son frère. Elle a été en correspondance avec sa soeur tout le temps, qui lui donnait des conseils, sa soeur Clotilde, qui est encore beaucoup plus oubliée que Mme Élisabeth en France.
08:50 C'est ça, le fait d'être consolateur. Et puis elle a apporté la consolation aussi à ses amis.
08:58 Pourquoi a-t-elle refusé de quitter la France alors que les futurs Louis XVIII et Charles X sont partis à l'étranger ?
09:06 Ils sont partis sur ordre du roi. Ils ne sont pas fuis, ils sont partis sur ordre du roi. Elle a dit que c'était son devoir de rester.
09:14 Et dans l'opéra dont j'ai fait les paroles, le livret, je dis bien que la Providence m'a tracé un chemin.
09:20 Donc elle le vivait au plan spirituel.
09:22 Elle a toujours pensé qu'elle avait besoin d'aider sa famille.
09:26 Comment expliquer aussi qu'elle voit clair dans le jeu des révolutionnaires, le jeu évidemment extrêmement violent, quand d'autres de la noblesse à l'époque ont été séduits par leurs idées ?
09:37 Est-ce que ça tient à sa formation en particulier ?
09:39 Ça tient surtout à sa foi, je pense, parce qu'elle a gardé les idées claires, parce qu'elle avait une formation spirituelle très forte et un tempérament à croire.
09:51 De feu ?
09:52 De feu, non. Je pense que le problème ne s'est pas posé. Et puis elle a été préservée en quelque sorte aussi dans son éducation.
09:59 Vous disiez son âge, elle n'a jamais pu habiter seule à Montreuil. Elle n'était pas majeure.
10:04 Donc il fallait avoir 25 ans pour être majeure. Elle n'a jamais pu dormir à Montreuil.
10:09 Donc elle a été entourée malgré tout et elle savait s'entourer aussi.
10:13 Bien s'entourer. C'est un art.
10:15 Un mot aussi sur sa lucidité vis-à-vis des défauts de Louis XVI. Il en avait ?
10:20 Elle était très clairvoyante sur sa belle-sœur Marie-Antoinette, sur Louis XVI.
10:27 Mais elle savait rester à sa place. C'est ça qui est extraordinaire.
10:30 Parce qu'elle donnait des conseils, parce que je pense qu'elle n'avait pas sa langue dans sa poche.
10:35 Quand on lit des mémoires, on a entendu quelques fois des cris derrière les portes.
10:41 Mais elle n'a jamais pris la place de Louis XVI. Vous voyez, elle est toujours restée en arrière et obéissante.
10:47 Le plus, c'est qu'elle a obéi à ce qu'a décidé Louis XVI.
10:51 Que lui reprochait-elle ?
10:53 De ne pas réagir fortement.
10:57 Oui, je pense que si les Suisses avaient eu l'ordre de tirer sur la foule, il y aurait eu beaucoup moins de morts.
11:06 De toute façon, même s'il y avait eu des morts, ça aurait été beaucoup moins.
11:09 Et à chaque fois, Louis XVI a cédé. Et tout ce qui concerne la religion.
11:14 Madame Elisabeth, par exemple, quand Louis XVI va accepter d'aller à Saint-Germain-l'Auxerrois,
11:19 après qu'il y ait eu la Constitution civile du clergé,
11:23 Madame Elisabeth n'ira pas. Elle restera au Tuileries.
11:26 Elle préférera se priver de messe que d'entendre la messe d'un jureur.
11:33 Alors, peut-être faut-il préciser pour nos téléspectateurs, la Constitution civile du clergé,
11:37 c'est effectivement quelque chose d'extrêmement contraignant pour l'Église,
11:40 qui la mettait sous la coupe de l'État et obligeait les prêtres à prêter serment à cette Constitution.
11:46 Et donc, elle n'a jamais voulu avoir une messe par un prêtre qui avait prêté le serment à l'État.
11:51 Prêtre-jureur, comme on dit.
11:52 Voilà, prêtre-jureur, et qui ne reconnaissait plus le pape.
11:56 Alors, Véronique, venons-en à cette dernière partie, la plus admirable, dirait-on, de Madame Elisabeth,
12:03 qui va vivre des heures effroyables à sa fin de vie, mais c'est elle qui est là pour réconforter les autres.
12:08 Et ça, c'est vraiment extrêmement étonnant.
12:10 Oui, il faut imaginer Madame Elisabeth s'occupant de Louis XVI,
12:14 juste avant qu'il parte à la guillotine.
12:16 Non mais, c'est un autre monde, maintenant, pour nous.
12:19 Elle, auparavant, elle s'est occupée de son accompagnement spirituel
12:23 en lui trouvant un prêtre irlandais des missions étrangères,
12:26 et donc non soumis à la Constitution civile du clergé que vous venez d'évoquer,
12:31 pour être avec lui jusqu'au pied de l'échafaud, en fait.
12:34 Elle-même est condamnée à la guillotine avec 25 autres personnes, dont une mère et son fils.
12:40 Elle encourage, elle console, elle témoigne d'une véritable paix surnaturelle.
12:45 Je crois que c'est très très important de s'arrêter sur ce moment-là.
12:47 Il faut quand même imaginer la foule vociférant sur son passage,
12:51 la haine qu'elle a reçue en se dirigeant vers le lieu de l'exécution,
12:57 et à son amie, la marquise de Sénozan, qui est complètement traumatisée,
13:01 elle va confier "Bientôt nous serons dans le sein de Dieu, dans notre famille".
13:06 Alors, elle sauve la vie d'une femme qui est promise à la guillotine
13:08 en la convainquant de dire aux révolutionnaires qu'elle est enceinte de quelques semaines.
13:12 Et comme il y avait ce respect sacré de la vie, ça lui a permis d'éviter l'échafaud.
13:16 Et sur la charrette qui la conduit, elle, au supplice,
13:19 elle aperçoit depuis une fenêtre un prêtre qui la bénit clandestinement.
13:23 En fait, elle est la dernière de la fournée, si je peux parler ainsi, à monter sur l'échafaud.
13:28 Elle prie, elle chante le "Des Profondices", elle meurt à 30 ans, le 10 mai 1794,
13:34 donc dans une grande paix surnaturelle.
13:36 Son corps, ensuite, est jeté dans une fosse du cimetière des Hérencies.
13:40 Et après, la révolution, en fait, sa dépouille n'a pas pu être identifiée.
13:43 Les ossements exhumés se trouvent maintenant dans les catacombes de Paris.
13:46 Cependant, Madame Elisabeth n'est pas oubliée.
13:49 Il faut insister là-dessus parce que chaque année,
13:51 des messes sont célébrées pour sa béatification, le jour de son exécution.
13:55 Donc le 10 mai, et depuis 70 ans, il y a aussi une cause en béatification
14:00 qui a été ouverte pour qu'elle soit donc reconnue, bienheureuse,
14:03 une cause qui est étudiée par l'Église.
14:05 Alors, Madame Sabourdin-Perrin, est-ce qu'on peut dire qu'elle a vécu une sorte de martyr,
14:08 bien qu'il n'y ait pas de référence à la religion ?
14:10 Non. On ne peut pas parler de martyr parce qu'elle n'est pas morte pour sa foi.
14:15 Donc, ce n'est pas possible.
14:17 Et en même temps, elle a subi un martyr parce que, vu ce qu'elle a connu,
14:22 c'est un martyr, mais ce n'est pas un martyr pour la foi,
14:24 donc ce n'est pas un martyr pour l'Église.
14:26 Mais comment est-elle faite pour tenir dans ces conditions effroyables
14:28 que vous décrivez dans votre livre, "Les oubliés du Temple",
14:31 la famille royale et les conditions étaient extrêmement difficiles.
14:34 Comment a-t-elle eu cette force d'âme ?
14:36 Je crois que c'est le Saint-Esprit et puis sa foi.
14:40 On ne peut expliquer les choses que spirituellement.
14:44 Elle a gagné en grandeur dans cette histoire parce qu'elle a été la paix.
14:51 Quand vous parliez de la charrette, elle a dit à Mme de Montmorin,
14:57 qui avait son fils, un fils qui avait 20 ans, qui allait monter sur l'échafaud,
15:01 qui pleurait parce qu'elle allait perdre son fils, etc.
15:04 Elle lui a dit, "Mais vous pleurez alors que votre cher Cali,
15:07 vous lui enlevez la joie de connaître le Seigneur, vous allez le retrouver
15:11 et il va connaître le Seigneur."
15:12 Voilà, c'était Mme Élisabeth.
15:14 Et puis je tiens aussi, par exemple, il y a un petit fait que vous n'avez pas dit,
15:21 c'est au moment où elle va sur l'échafaud, elle a bientôt la tête sur l'échafaud,
15:25 elle dit "couvrez-moi" parce que son chat, elle garde sa dignité jusqu'au bout.
15:30 Et il faut reconnaître son rôle à la Tour du Temple,
15:33 parce que c'est un petit peu du coquin là,
15:35 mais à la Tour du Temple où elle a sauvé sa nièce, Mme Royal,
15:38 Madame Duchesse d'Angoulême.
15:40 Elle l'a éduquée aussi.
15:41 Elle lui a appris à vivre seule, à se méfier des municipaux.
15:44 Elle est arrivée à un accord à ce que les municipaux ne rentrent pas dans la pièce.
15:49 Donc elle n'a pas pu faire ça pour son neveu Louis XVII.
15:53 Et elle a soutenu sa petite nièce.
15:57 - La fille de Louis XVI.
15:58 - Elle a été une grande éducatrice en même temps,
16:00 puis elle s'occupait d'enfants dans son amontreuil.
16:02 Elle a eu cette force, je ne sais pas, c'est...
16:04 - Surnaturelle.
16:05 - C'est surnaturel, voilà.
16:06 - Alors il y a un fait qui est étonnant, qu'on peut peut-être commenter,
16:09 c'est que sa mort survient à la fin de la période de l'épisode de la Terreur.
16:13 On dit qu'un parfum de rose s'est répandu à ce moment-là.
16:16 Et surtout que Robespierre, donc évidemment l'auteur de tout cela,
16:20 la rejoindra bientôt dans la fosse commune.
16:22 Et ça veut dire qu'elle n'est pas morte pour rien finalement,
16:25 d'un certain point de vue, d'un point de vue surnaturel, là encore ?
16:27 - Oui, on ne meurt pas pour rien.
16:29 De toute façon, quand on est témoin du Seigneur, on ne meurt pas pour rien.
16:32 Je pense que...
16:34 Et elle n'a pas rejoint que Robespierre,
16:36 elle a rejoint Simon, elle a rejoint tous ceux qui l'avaient torturée, en quelque sorte.
16:42 - Il y a quelque chose de mystérieux, là.
16:44 - Oui, oui, oui.
16:45 Je crois qu'elle leur a pardonné, de toute façon.
16:49 - Alors, je vous propose à présent, parce que Mme Élisabeth continue d'inspirer encore aujourd'hui,
16:54 et notamment avec cet opéra auquel vous avez donc plus que contribué,
16:59 écrit donc effectivement les textes,
17:02 regardez ce reportage lors d'une répétition.
17:05 C'est signé Éloi Rochebrune.
17:07 Dans l'église Saint-Roch à Paris,
17:13 Jean Gallat répète avant les premières représentations.
17:15 Cet organiste professionnel connaît bien l'opéra Mme Élisabeth,
17:19 il en est le co-auteur.
17:21 - Le texte est beau, la musique vient toute seule.
17:23 On voit les différences avec ce qu'on avait imaginé, c'est normal, c'est l'interprétation.
17:28 - Je l'ai demandé.
17:32 Marthe incarne le rôle principal.
17:35 La soprane est une passionnée de la sœur de Louis XVI.
17:38 - J'ai été très sensible à cette figure que j'ai trouvée très spécifique, en fait,
17:42 dans sa vocation, qui est à la fois une vocation politique de par son rang,
17:47 et en même temps une vocation humaine et spirituelle qui est vraiment vécue jusqu'au bout de sa part.
17:53 Un chœur accompagne les solistes.
17:55 La direction artistique s'est inspirée de la tragédie antique.
17:59 - On a le chœur qui est de temps en temps avec les personnages,
18:03 le chœur qui est de temps en temps contre les personnages,
18:06 et le chœur qui de temps en temps va juste illuminer une action.
18:09 Donc il chante par exemple "J'aimissais et pleurais car il est mort le dernier des rois".
18:13 - Donc c'est une période qui me semble-t-il est peu connue ou connue que d'un certain côté,
18:19 côté révolutionnaire, peu du côté de la famille royale.
18:21 Un épisode méconnu que les artistes veulent partager aux spectateurs,
18:25 la vie héroïque et dramatique d'Elisabeth de France.
18:29 - Et puis Véronique, très rapidement, mais on peut aussi se rendre au domaine de Montreuil,
18:36 si on veut se mettre dans les pas de madame Elisabeth.
18:39 - Oui, tout à fait. Un domaine de 8 hectares à Versailles,
18:43 originellement donc rattaché au domaine royal.
18:46 Louis XVI l'achète pour sa sœur en 1783.
18:49 La reine Marie-Antoinette emmène d'ailleurs madame Elisabeth se promener dans les allées du domaine
18:54 et lui fait une surprise en lui disant "Bah ça y est, c'est à vous, vous êtes maintenant ici, chez vous".
18:59 Donc on peut se promener dans ces grandes allées.
19:01 - Voilà, vous avez ces images magnifiques sous les yeux.
19:03 - Et imaginer les conversations de ces deux grandes femmes.
19:05 Et madame Elisabeth va résider dans ce domaine pendant 6 ans, jusqu'à la Révolution.
19:10 La propriété est désormais au Conseil général des Yvelines, l'accès aux jardins est libre.
19:15 Il faut s'imaginer donc qu'il y avait des vaches et une laiterie qui bordaient le domaine.
19:19 Le fameux lait que madame Elisabeth donnait aux pauvres.
19:21 - Voilà, et puis quelques livres aussi pour terminer.
19:24 - Alors, Elisabeth de France, Princesse des Coeurs, signée par le père Pierre Amart, chez Arteges.
19:30 Il y a bien entendu aussi vos ouvrages, Dominique Sabourdin-Perrin,
19:34 Madame Elisabeth de France, l'Offrande d'une vie, chez Salvatore.
19:38 Il y a également Les Oubliés du Temple, toujours aux éditions Salvatore.
19:42 Je vous recommande aussi Madame Elisabeth, Sœur de Louis XVI, par Anne Bernay, chez Talendier.
19:48 Et puis on va terminer avec une bande dessinée, Madame Elisabeth de France, par Colline Dupuis et Emmanuel Cerisier.
19:54 Sans oublier évidemment France Catholique, qui parle chaque semaine de vie de saint,
19:58 et que vous pouvez retrouver sur france-catholique.fr ou sur abonnement.
20:01 - Voilà, et puis une citation de madame Elisabeth pour terminer.
20:05 "On ne devient pas l'héritier de Jésus-Christ sans avoir été le compagnon de ses souffrances."
20:10 Elle l'a magnifiquement évidemment illustré dans sa vie, à travers sa vie.
20:14 C'est une citation donc de madame Elisabeth à Marie-Antoinette, c'était à la prison du Temple.
20:20 Et puis un petit erratum, lorsqu'on a parlé dans cette émission, il y a quelque temps, de Sainte Geneviève,
20:25 eh bien on l'a nommée comme la patronne de la police, elle l'est uniquement de la gendarmerie.
20:30 Pour ce qui concerne la police, c'est Saint-Martin, mais bien sûr nous pourrons parler ultérieurement de Saint-Martin.
20:35 Merci beaucoup Dominique Sabourdin-Perrin d'avoir été avec nous.
20:40 Je signale que l'opéra que vous avez écrit sera joué le 26 janvier à 20h30 à l'église Saint-Roch à Paris,
20:49 et également à Versailles le 28 à 15h30 à la cathédrale Saint-Louis.
20:54 Il y a aussi un site internet pour se renseigner, c'est madame-elisabeth.fr.
21:00 Je renvoie bien sûr aussi à tous vos livres.
21:03 Merci infiniment. Merci à Laura Tapiro et aux équipes techniques de CNews.
21:08 Et puis à suivre demain à 13h d'Enquête d'Esprit, Véronique nous parlerons des persécutions anti-chrétiennes
21:13 à l'occasion de la sortie d'un rapport qui est édifiant, et malheureusement ces persécutions augmentent,
21:18 donc ça n'a pas d'hier, on l'a vu avec madame Elisabeth.
21:21 En tout cas merci d'avoir suivi cette émission, et bien sûr vous restez à notre écoute.