Léa Salamé reçoit l'actrice Isabella Rossellini, marraine du festival “Naples dans le regard des cinéastes” du 17 au 26 novembre au Louvre, où elle animera une Masterclass le 17, et le film “La chimère” d'Alice Rohrwacher, au cinéma le 6 décembre. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-jeudi-16-novembre-2023-7589355
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00:00 - Iléa, ce matin vous recevez une actrice et j'y mets une majuscule.
00:03 - Vous avez raison de mettre une majuscule.
00:05 Bonjour Isabella Rossellini.
00:06 - Bonjour.
00:07 - Merci d'être avec nous ce matin.
00:09 On est heureux de vous recevoir.
00:10 Si vous étiez une langue et si vous étiez un film, vous seriez quoi ?
00:14 - Une langue, je ne sais pas, mais j'aurais beaucoup aimé d'avoir l'anneau du roi Salomon
00:20 qui lui permettait de parler aux animaux et de les comprendre.
00:23 Ça j'aimerais beaucoup.
00:24 - La langue des animaux.
00:25 C'est une des rares langues que vous ne savez pas parler parce que vous parlez français,
00:28 anglais, italien, espagnol, allemand aussi ?
00:31 - Non, allemand non.
00:32 C'est tout ce que je comprends.
00:33 - Et si vous étiez un film ?
00:35 - Un film, moi j'adore Charlie Chaplin, surtout le film Le Cirque qui est un film moins connu
00:41 mais un grand chef d'oeuvre qui s'occupe des animaux.
00:44 Moi je suis éthologue aussi à part être actrice et donc j'ai beaucoup d'amour et
00:48 d'intérêt pour les animaux.
00:49 - Confucius disait "On a deux vies, la deuxième commence quand on réalise qu'on n'en a qu'une".
00:55 Elle m'a fait penser à vous.
00:58 - C'était ça je crois.
00:59 - Et surtout elle m'a fait beaucoup penser à vous cette phrase Isabella Rolesellini
01:03 quand j'ai relu votre vie et cette décision un peu folle de reprendre vos études à 55
01:07 ans.
01:08 - Oui mais c'est une très bonne décision parce que sinon en tant qu'actrice et mannequin
01:13 je serais… on travaille moins quand on est âgé.
01:16 Maintenant ça reprit un peu etc.
01:18 Mais on travaille moins et c'est assez déprimant d'être une femme vieille ou que les gens
01:24 sont mis à côté et donc rentrer à l'université ça a ouvert un nouveau chapitre dans ma vie.
01:32 J'ai aussi fait des films sur les animaux, je ne m'attendais pas et ma carrière a repris
01:37 en plein.
01:38 - Voilà, vous avez eu cette deuxième vie à partir de 55 ans, vous avez étudié l'éthologie
01:42 qui est l'étude des comportements des animaux et aujourd'hui vous avez une grande ferme
01:45 à une heure de New York où vous élevez des chiens pour en faire des chiens d'aveugles,
01:48 des lamas, c'est vrai ?
01:49 - Non, je n'ai pas des lamas, j'ai des moutons, des chèvres, des poules.
01:53 - Alors des poules, vous avez cette passion avec Catherine Deneuve, des poules, c'est
01:56 vrai que vous avez 120 poules, pourquoi les poules ? C'est relaxant ?
01:59 - Parce que j'ai une ferme, donc les poules font des œufs et donc on peut vendre les
02:04 œufs.
02:05 C'est une ferme, une vraie ferme, c'est une ferme où on vend les produits.
02:10 J'ai aussi des abeilles parce qu'on vend le miel.
02:13 - On va parler, on est content de parler des poules et des abeilles mais on vous a reçu,
02:18 on vous reçoit ce matin pour parler de l'Italie à l'occasion du festival Naples dans le
02:21 regard des cinéastes qui a lieu au Louvre du 17 au 26 novembre et dont vous êtes la
02:25 marraine, je vais y venir et qui rend hommage à la très romanesque et très cinématographique
02:30 ville italienne qu'est Naples.
02:31 Mais d'abord vous avez fait sensation le mois dernier en posant en couverture du Vogue
02:36 italien avec une photo très forte qui a été virale, on l'a vu partout, elle a été
02:40 sur tous les réseaux sociaux, une photo très forte, non retouchée, dont le titre
02:44 est "Bella Così", belle comme ça, comme ça, au naturel, en assumant vos rides.
02:49 Vous êtes fière de cette photo, elle aurait été possible il y a 10 ans encore ?
02:52 - Je ne crois pas qu'elle aurait été possible il y a 10 ans et je crois que Vogue a eu beaucoup
02:57 de courage de le faire et je crois qu'il y a le moment, c'est le juste moment pour
03:03 accepter que les femmes vieillissent, je veux dire, on croit qu'on s'attend de la cosmétique
03:10 ou de la mode, de nous donner des sujets...
03:13 Oh, je n'arrive plus à parler le français parce que j'arrive de New York, je suis complètement
03:19 jetlag, pour moi c'est 3h du matin.
03:21 Mais je crois que l'industrie de la beauté doit nous suggérer des conseils pour être
03:26 sophistiquée et élégante, pas des règles et des lois d'être maigre, blonde, aux yeux
03:32 bleus, ça c'est une espèce de galère.
03:35 - Mais ça c'est fini non ? - Et c'est terminé.
03:37 - C'est-à-dire que j'irais même dire que c'est l'inverse aujourd'hui, la blonde
03:40 aux yeux bleus n'a moins la cote.
03:42 - Oui, maintenant ça s'ouvre beaucoup.
03:44 - Mais quelle revanche quand même par rapport à ce qui vous est arrivé quand vous aviez
03:47 42 ans, vous étiez le visage de l'encombre depuis 14 ans et soudainement 42 ans ils
03:51 ont estimé que terminé.
03:52 - Oui mais ils m'ont repris à 63 quand même.
03:54 - Bien sûr ils vous ont repris, ça c'était l'autre revanche.
03:57 - Parce que Françoise Liman est le CEO et la chef est une femme et je crois que comme
04:01 femme, ils ont senti le sentiment d'élargir ce qu'est la définition de beauté.
04:07 Avant il n'y avait que des hommes qui comprenaient la beauté comme une espèce d'arme pour
04:14 séduire.
04:15 Mais nous on ne se maquille pas seulement pour séduire, on se maquille parce qu'on
04:18 aime.
04:19 - Pour nous ? - Oui, parce qu'on aime faire ça, c'est
04:23 un geste féminin.
04:24 - Mais vous disiez au Monde il y a quelques années "les rides ne me font pas peur et
04:27 j'ai pas peur de vieillir".
04:28 Ça c'est facile à dire mais quand même quand on est actrice, la caméra elle est
04:32 impitoyable et même pour toutes les femmes, les rides sont parfois impitoyables.
04:37 Je voulais savoir si vous avez fait la paix avec l'âge de manière facile ou si ça
04:41 a été un chemin ?
04:42 - Des fois je me regarde au miroir et je me dis "oh mon Dieu c'est terrible, je
04:47 dois faire tout de suite une chirurgie plastique".
04:49 Et puis deux heures plus tard je me dis "mais non la chirurgie plastique, est-ce que c'est
04:54 comme les nouveaux...
04:55 Vous savez les Chinois se faisaient des petits pieds pour être belles ou un corset pour
05:01 se faire...
05:02 Est-ce que c'est une nouvelle torture misogène ? Et moi je passe d'un côté à l'autre.
05:07 Un jour, au moment où je pensais à cette nouvelle technologie, il faut qu'on l'utilise.
05:10 Une heure plus tard je me dis "mais non ça c'est de la misogynie".
05:13 Donc j'ai rien fait.
05:14 - Oui, vous ne faites rien et c'est très bien je vous assure.
05:17 Venons-en et regardez sur la vidéo si vous voulez parce que 3h du mat' en jet lag de
05:24 New York alors que vous avez plus de 70 ans, vous assumez votre âge, franchement on aimerait
05:28 être comme vous.
05:29 Venons-en à l'Italie, le Louvre vous a invité pour être la marraine du festival
05:32 Naples dans le regard des cinéastes, dans le cadre de la grande exposition qui a lieu
05:36 sur Naples.
05:37 Il y avait une carte blanche avec Paolo Sorrentino, le réalisateur de la grande de Bellezza pour
05:41 montrer au public 6 films chacun sur ce qu'on appelle la ville au sein sans coupole.
05:46 Vous en avez choisi 3 sur les 6 de votre père, le fondateur du néoréalisme italien, Roberto
05:52 Rossellini pour ne pas le citer.
05:53 Naples c'est une ville que vous associez à votre père ?
05:56 - Beaucoup.
05:57 Mon père était romain, il était né à Rome mais il adorait Naples.
06:01 Il en passait toutes les vacances de l'été par exemple à Positano qui est à côté
06:05 de Naples.
06:06 Naples c'est une ville, c'est un grand port et donc c'est une ville aussi qui est extrêmement
06:11 internationale mais en même temps très pauvre avec une histoire très tragique mais avec
06:17 une humour incroyable qui les a donné le courage de survivre à toutes les choses difficiles
06:24 que Naples a subies.
06:26 Donc mon père était amoureux de Naples et on commence le festival au Louvre avec le
06:33 film qui s'appelle "Voyage en Italie" où mon père prend l'occasion de deux anglo-saxons,
06:40 ma mère et George Sanders qui jouent les rôles de deux anglo-saxons.
06:44 - Votre mère Ingrid Berman aussi, je suis obligée de le dire même si tout le monde
06:48 le sait.
06:49 - Oui absolument.
06:50 - Donc votre mère Ingrid Berman qui joue dans le film.
06:51 - Et donc ils arrivent à Naples comme des touristes mais quand même l'Italie, l'histoire
06:56 de l'Italie, les gens qu'ils ont vécu avant nous, il y a une présence.
07:01 Pas seulement que c'est joli, que c'est une carte postale et peu à peu cette vie précédente,
07:06 la culture l'a envahi et ils ont une espèce de révélation de ce qu'est la vie.
07:12 Donc au Naples, ils te donnent une espèce de miracle parce qu'ils t'ont fait comprendre
07:15 l'histoire juste en se promenant dans les rues.
07:18 Et donc le film a très signé beaucoup de cinéastes contemporains.
07:22 D'ailleurs j'amène aussi un interview de Martin Scorsese qui parle de l'importance
07:26 de ce film.
07:27 - De "Voyage en Italie" pour lui.
07:28 - Oui, et "Les Réseaux Sociaux" a été inspiré par "Voyage en Italie".
07:31 Naples a été la ville la plus bombardée d'Italie pendant la deuxième guerre mondiale.
07:34 Vous parlez de la présence qu'on ressent à Naples.
07:36 Sartre disait que c'est une ville putréfiée par la mort et un spectacle quotidien est
07:41 fascinant parce qu'elle était pétrifiée, putréfiée par la mort.
07:45 C'est aussi ça, cette présence qu'on ressent.
07:47 - Mais aussi c'est la grande vie aussi.
07:48 C'est la mort mais c'est la vie.
07:49 - C'est ce que j'allais vous dire.
07:50 C'est la mort, c'est la vie, c'est Dieu, les 500 coupoles, il y a les églises partout,
07:54 c'est la mer, c'est l'ouverture sur la mer, c'est tout ça Naples.
07:57 Et au fond c'est très cinématographique.
07:59 - Sorrentino l'a très bien saisi cet aspect de Naples dans son dernier film "L'Emmanuel
08:04 Didio" qu'on va aussi montrer.
08:06 - La main de Dieu qui est magnifique sur sa ville.
08:08 C'est sa ville Naples, Sorrentino.
08:11 Vos parents, couple mythique Roberto Rossellini et Ingrid Bergman sont morts il y a plus de
08:18 40 ans mais vous dites qu'il n'y a pas un jour qui passe sans que vous ne pensiez à
08:21 eux.
08:22 C'est vrai ?
08:23 - Très souvent, tous les jours, ils ont une espèce de présence dans ma vie, dans
08:27 la tête beaucoup, dans mon cœur oui.
08:29 - Pour ceux qui ne connaissent pas l'histoire folle de vos parents, c'est en voyant un
08:32 film de votre père, "Rome, ville ouverte" qui est d'ailleurs l'un des plus beaux films
08:37 après la deuxième guerre mondiale, qui est sans doute l'un des films les plus déchirants.
08:41 Moi c'est le film qui m'a fait le plus pleurer avec "Love Story" dans ma vie, la
08:45 scène… bon bref, il faut le voir.
08:47 Elle voit le film et elle écrit à votre père "j'aimerais jouer avec vous"
08:53 et ils se rencontrent.
08:54 Ça commence comme ça, c'est elle qui prend la main.
08:56 - Oui, mais beaucoup de ces acteurs prennent beaucoup d'initiatives, ce n'est pas seulement
08:59 ma mère.
09:00 Il y a beaucoup d'acteurs qui crient à des metteurs en scène en disant "j'ai vu votre
09:04 film, j'aimerais bien travailler avec vous".
09:06 Donc c'est un échange.
09:07 Donc maman a écrit à papa et papa était ravi d'avoir une grande actrice hollywoodienne.
09:13 L'Italie sortait de la guerre, donc c'était un pays…
09:16 En plus il était fasciste, il était allié au nazisme, donc c'était un pays qui a
09:20 été vraiment mis à l'écart.
09:22 - Oui, allez-y.
09:23 - Et donc pouvoir faire un film avec Ingrid Bergman c'était une grande occasion pour
09:28 mon père et ils ont fait 5 films et 3 enfants.
09:30 - C'est ce que j'allais vous dire, ils ont fait 5 films et 3 enfants.
09:34 Je vous propose d'écouter votre père.
09:36 On a retrouvé une archive de votre père qui parle de ses enfants, de ses 3 enfants,
09:41 de sa relation aux enfants.
09:42 C'était au micro de Jacques Chancel dans Radioscopie en 1975 et c'est en français.
09:47 - Nous avons comme ça une famille très solide et très liée.
09:52 Les enfants entre eux sont liés d'une façon invraisemblable et ça me dérange un tout
09:57 petit peu.
09:58 - Que font-ils ?
09:59 - Ah ben ils font des choses très différentes.
10:02 Les deux petits, ils font le lycée et puis j'ai deux jumelles.
10:08 Une, elle est plus conservatrice donc elle est dans le parti communiste et l'autre, elle
10:15 est beaucoup plus à gauche.
10:17 Puis j'ai un garçon de 24 ans qui est celui qui est plus préoccupé de trouver des équilibres
10:25 d'ordre général et puis j'ai mon enfant le plus vieux qui est alors à l'extrême
10:31 gauche alors c'est la révolution, la barbe etc.
10:34 Et on se retrouve tous les jours pour déjeuner ensemble et on bavarde sur ces problèmes.
10:39 - Alors vous êtes laquelle des deux jumelles ? La conservatrice communiste ou celle qui
10:43 était encore plus à gauche que la communiste ?
10:45 - Je ne sais pas, je me surprends de ça.
10:47 Moi j'étais très féministe donc je ne sais pas, papa il était un peu scandalisé
10:50 du féminisme parce que même s'il était très ouvert, quand même le féminisme ça
10:57 l'a déplacé un peu.
10:58 Moi j'étais très féministe.
10:59 Je crois que la plus conservatrice c'est peut-être ma soeur jumelle qui a un doctorat
11:04 en littérature médiévale.
11:06 Donc peut-être c'est elle qui faisait référence à elle.
11:09 C'était dans les années 70, en Italie il y avait un mouvement très de gauche, une
11:15 espèce d'opposition au gouvernement.
11:17 Et donc il y avait une grande attractive de la gauche.
11:21 - Mais la politique était au cœur de vos conversations avec votre père ?
11:23 - À l'époque il était.
11:25 À l'époque la politique était au cœur de discussions parce que ça commençait les
11:30 brigades rouges, ça commençait des meurtres.
11:35 Malheureusement mon père était déjà mort quand Moro a été tué et j'aurais bien
11:42 aimé que papa soit là pour en discuter de ça.
11:45 Mais c'était le mouvement.
11:48 Dans les années 60 il y a eu la révolution culturelle des années 60 et ça a beaucoup
11:55 influencé la société.
11:57 Et donc moi, j'étais très féministe.
11:59 En Italie il n'y avait même pas le divorce.
12:00 Moi je marchais dans la rue pour demander des divorces.
12:03 - Et justement le divorce de vos parents ça a été une déchirure pour vous ?
12:06 - C'est arrivé quand j'étais très petite, j'avais 3-4 ans, donc j'ai un souvenir
12:11 très vague.
12:12 - On va écouter votre mère, Ingrid Bergman, parler justement de…
12:15 - Du divorce.
12:16 - Ah non on ne l'a pas ? Ah dommage ! Je retrouverai l'archive magnifique sur ces
12:21 divorces et sur ces enfants.
12:23 Le cinéma Isabella Rossellini, comme le mannequinat, vous y êtes venue un peu par hasard.
12:27 Tout est venu un peu par hasard chez vous, on a l'impression.
12:29 - Pas seulement bien travaillé, il y a pas de hasard.
12:32 - Non, quand j'ai dit…
12:33 - Mais aussi c'est de la chance.
12:34 On dit toujours que le succès c'est de la chance.
12:37 On n'y arrive pas à dire "voilà je vais avoir du succès".
12:39 C'est difficile à dire, on cherche mais on n'y arrive pas.
12:41 - C'est du travail, c'est du talent et c'est de la chance.
12:45 Et aussi quand j'ai relu votre vie hier, c'est-à-dire que vous êtes costumière
12:49 à l'origine, puis à 27 ans on vous dit "tiens fais quelques photos comme ça, juste
12:53 comme ça" et vous devenez…
12:55 - Le mannequin c'est difficile à prévoir, parce que le mannequin on est choisi.
12:59 Et puis c'est difficile de se regarder dans la glace et dire "ah tiens je suis suffisamment
13:04 belle pour être un mannequin".
13:05 Donc c'est vrai que le mannequin c'est une opportunité qui est venue et que j'ai
13:09 pris et que j'ai beaucoup aimé ce métier.
13:12 L'actrice c'est plus difficile, il faut aller dans des écoles, il faut apprendre
13:16 à jouer et puis il faut toujours espérer que quelqu'un soit intéressé de travailler
13:20 avec vous.
13:21 Mais c'est plus compliqué.
13:22 - C'est plus compliqué que le mannequinat.
13:23 Un mot sur "La Chimère", le film que vous incarnez au cinéma qui sort en France
13:26 le 6 décembre de la talentueuse réalisatrice Alicée Rohrfascher.
13:30 C'est un film sur la mort, c'est un film sur l'au-delà ?
13:33 - Quand j'ai lu le scénario, j'ai demandé à Alicée, je lui ai dit "mais écoute,
13:38 ce film-là est sur la mort".
13:39 Elle m'a dit "non, c'est sur l'au-delà".
13:41 Et c'est justement un peu comme le voyage en Italie de mon père qu'on va présenter
13:45 au Louvre, que c'est la présence de l'histoire qui nous forme.
13:49 Nous sommes le résultat de notre ancêtre de l'histoire.
13:52 Et ce film aussi, Dalíce raconte d'une manière très poétique et très magique la présence
13:58 de l'au-delà à ceux-là qui sont ici.
14:00 Comment est-ce qu'on dit "au-delà" et "l'au-de quoi" ?
14:03 - Ici-bas.
14:04 - Ici-bas.
14:05 Au-delà de quoi ? Ici-bas.
14:07 Tout simplement.
14:08 Les questions de fin pour terminer.
14:09 Les impromptus, vous répondez très rapidement, juste comme ça, sans réfléchir.
14:12 Montherland disait "chacun devient tout à fait soi-même le jour de la mort de ses parents".
14:17 Est-ce que vous êtes d'accord avec ça ?
14:19 - C'est un grand choc.
14:21 Vraiment, on a l'impression qu'on est tout seul et qu'il faut déterminer sa vie.
14:26 Mais c'est la vieillesse qui m'a donné aussi beaucoup de liberté.
14:30 Tout le monde parle de ride, mais quand on a acquis de l'âge, on fait de plus en plus
14:35 ce qu'on a envie de faire.
14:36 Parce qu'on sait qu'il y a très peu de temps et donc on a plus de liberté, on a plus une
14:41 espèce de push de faire ce qu'on veut.
14:43 - D'énergie.
14:44 Votre père était un immense réalisateur.
14:46 Vous avez aimé et vous avez vécu avec deux aussi immenses réalisateurs.
14:50 Martin Scorsese, à qui vous avez été marié, et David Lynch, qui vous a fait tourner dans
14:54 Bouleau Velvet, un film absolument iconique.
14:56 Vivre avec des génies, c'est facile ou au fond c'est de toutes les manières passer
15:02 après leur art ?
15:03 - C'est facile parce qu'ils sont très intelligents, ils sont très amusants.
15:07 Je trouve que c'est plutôt facile, je trouve ça bien.
15:12 - Un mot sur Martin Scorsese, sur son art ?
15:15 - Il est le plus grand.
15:17 - Il est le plus grand ?
15:18 - Il est le plus grand pour l'instant, je crois qu'il est le plus grand.
15:21 - Grand vivant ?
15:22 - Grand vivant, oui, il est mort, je ne sais pas.
15:24 - Est-ce que votre père est sur David Lynch ?
15:26 - David aussi, il est fascinant, mais il est plus original.
15:31 David Lynch fait plus son film original.
15:35 Martin fait plein de styles, il a plus de…
15:39 - Un palette plus large.
15:40 - Un palette plus large.
15:41 - Très rapidement, Truffaut ou Godard ?
15:42 - Truffaut.
15:43 - Meryl Streep ou Catherine Deneuve ?
15:46 - Difficile les deux !
15:47 - Elle est dure celle-là !
15:48 - Sophia Loren ou Monica Vitti ?
15:51 - Je ne sais pas, je connais personnellement Sophia Loren, je n'ai jamais connu Monica
15:58 Vitti.
15:59 Monica Vitti a été une femme tellement charmante, sage, gentille, que je préfère Sophia Loren
16:05 parce que je n'ai jamais rencontré Monica Vitti.
16:08 - Rome, Naples, New York ou Paris ?
16:10 - Moi je chante la chanson de Joséphine Backer, j'ai deux amours, moi je dis j'ai trois
16:15 amours, l'Italie, l'Amérique et Paris.
16:19 - Fellini ou Visconti ?
16:20 - Oh, Fellini !
16:22 - Vous aviez répondu il y a 20 ans à Marie Claire qu'elle est le comble de la misère.
16:26 Donnez des interviews !
16:27 Est-ce que ça va ce matin ?
16:31 Ça a été quand même ?
16:33 - Non, ça a été bien !
16:34 - Merci beaucoup Isabella Rosselini.
16:37 Et donc ce festival au Louvre, c'est du 17 au 26 novembre, allez-y, Naples, ville cinématographique
16:43 introduite par Isabella Rosselini et par Paolo Sorrentino.
16:46 On a vu pire.
16:47 Très belle journée !
16:48 (rires)