Laurence Christol, députée La Renaissance de l'Hérault, sur la nouvelle loi vieillesse

  • l’année dernière
Une nouvelle loi sur le grand âge et sa prise en charge en préparation.
Un projet de loin baptisé "bien vieillir" destiné à répondre aux difficultés dans ce domaine.
Et elles sont nombreuses.
C'est une députée de l'Hérault, Laurence Christol, députée Renaissance, qui est rapporteuse de ce texte.
Dans le civil, elle est d'ailleurs médecin, et connait donc plutôt bien ces questions.
Le projet de loi est présenté pour la 1ère fois cet aprés midi à l'Assemblée.
Transcript
00:00 Nous y sommes, qu'est-ce qui manque pour mieux vieillir en France ?
00:03 C'est la question qu'on a posée ce matin à Guillaume Rouland.
00:06 Au niveau des résultats, ça donne quoi ?
00:09 - D'abord, vous êtes 200 piles à avoir voté depuis hier après-midi.
00:12 Vous répondez à une grosse majorité.
00:14 Il faut plus de moyens à domicile, 68%.
00:17 Et ça tombe bien parce qu'on va en parler avec notre invité.
00:19 Des soins plus adaptés à 18% et plus de structures d'accueil, 14%.
00:24 - Une nouvelle loi sur le grand âge et sa prise en charge est en préparation.
00:29 On accueille Laurence Christol, députée La Renaissance de l'Héros.
00:32 Et vous nous appelez au 04 67 58 6000 pour donner votre avis,
00:36 pour intervenir sur France Bleu Héros.
00:38 Prends de la parole.
00:39 - Bonjour Laurence Christol.
00:40 - Bonjour.
00:41 - Merci d'être venue nous rejoindre en studio.
00:43 Vous êtes rapporteur de cette proposition de loi
00:45 que la majorité a dans ses cartons depuis plusieurs mois.
00:49 L'examen de cette nouvelle loi intitulée "Bien vieillir".
00:54 C'est comme ça qu'elle a été un peu présentée.
00:56 Comment cet après-midi à 16h devant l'Assemblée.
00:59 Il n'y a rien de révolutionnaire j'ai envie de dire.
01:03 Mais en tout cas vous voulez conforter un certain nombre de choses
01:06 dans cette proposition de loi Laurence Christol.
01:08 - Oui alors cette proposition de loi on l'a travaillée depuis novembre 2022
01:11 avec des députés de la majorité.
01:13 Le premier examen a eu lieu au printemps 2023.
01:16 Interrompu parce qu'on n'a pas eu suffisamment de temps.
01:18 Au départ elle était de 14 articles.
01:20 On se retrouve aujourd'hui à 49 articles.
01:22 Elle a été fortement enrichie.
01:23 Et elle pose les fondations de la transition démographique.
01:27 Et pour nous du bien vieillir en France.
01:30 - Est-ce que c'est comme certains le disent d'ailleurs
01:32 un peu une réponse un an après au scandale hors PA
01:35 et avec les cas de maltraitance qui ont pu être révélés ?
01:38 - En partie puisqu'en fait elle comprend trois parties.
01:41 La première partie c'est nouveau souffle pour une politique
01:44 de l'avancée en âge.
01:46 Donc de la prévention notamment de l'autonomie.
01:49 Le deuxième c'est effectivement la lutte contre les maltraitances.
01:51 Le troisième étant le virage domiciliaire.
01:53 Donc dans le titre 2, dans la lutte contre la maltraitance,
01:57 il y a des axes forts, notamment la création d'une instance départementale
02:00 afin de pouvoir avoir un accès facilité pour tous les résidents,
02:04 pour toutes les familles, pour tous les aidants.
02:06 Une instance qui pourra poser plainte si nécessité et ensuite enquête.
02:12 - Cette proposition de loi inclut aussi l'ouverture de nouveaux droits
02:16 aux résidents en établissement avec notamment ce fameux droit de visite.
02:20 Alors ça avait créé la polémique au moment du confinement et du Covid.
02:24 Ces personnes âgées totalement isolées à cause du confinement.
02:27 Cette loi prévoit désormais d'empêcher ça.
02:31 - Cette loi permet effectivement de conforter le droit de visite
02:35 et le droit à avoir du lien social avec ses proches.
02:37 Il y a eu notamment un rapport qui a été délivré par Laurent Frémont
02:40 la semaine dernière à la ministre Aurore Berger
02:42 qui confirme tout ce que vous venez de dire.
02:45 C'est-à-dire que depuis la Covid on a bien vu qu'aujourd'hui
02:47 nous devions permettre à nos résidents en EHPAD ou en EHPAD
02:51 de pouvoir avoir des droits préservés et confirmés par rapport à leurs proches.
02:55 - Plus de signalement, faciliter les signalements,
02:57 renforcer la protection juridique des majeurs.
03:02 Tout ça, vous pensez que ça peut effectivement...
03:05 Parce que la maltraitance n'a pas disparu du jour au lendemain
03:08 avec le scandale européen, il y en a certes moins, on en parle moins,
03:11 mais ce sont vraiment des mesures efficaces selon vous
03:13 où il ne faudrait pas aller encore un petit peu plus loin ?
03:15 - Ce sont des mesures concrètes qui vont répondre
03:17 à des difficultés qui ont été identifiées.
03:19 Après, moi je voudrais aussi souligner que la grande majorité des soignants
03:23 et du personnel médico-social est bienveillant avec les résidents
03:27 et que certes il faut lutter contre les maltraitances
03:29 mais ne pas non plus stigmatiser toutes les structures
03:33 qui prennent en charge nos personnes âgées.
03:35 - Alors il y a un autre volet de la loi qui concerne le maintien à domicile,
03:38 ça je vous propose de reparler avec vous dans une minute
03:40 parce qu'avant cela on va accueillir une première auditrice
03:42 et je crois qu'il va être peut-être aussi question avec elle de maintien à domicile.
03:46 - Agnès est avec nous, bonjour Agnès !
03:48 - Oui bonjour, non moi ce n'est pas un maintien à domicile,
03:52 au contraire, je suis âgée de 69 ans et ça fait des années
03:56 que je cherche le moyen de rentrer dans une résidence senior
03:59 par mesure de sécurité parce que moi j'ai la double peine,
04:03 la vieillesse et la malvoyance depuis l'âge de 50 ans,
04:06 je suis dans la basse vision.
04:07 Donc là en plus je suis logée en HLM, donc je suis harcelée sans arrêt.
04:12 Alors donc par mesure de sécurité j'aimerais trouver un moyen
04:16 de rentrer dans une résidence mais mon budget ne me le permet pas
04:19 parce que je touche un minima retraite.
04:21 Je me suis même renseignée dans les vivres en béguinage,
04:25 je ne sais pas si vous connaissez le principe,
04:27 donc dans les rôles il n'y en a pas, je me suis renseignée...
04:29 - Réexpliquez peut-être en deux mots Agnès de quoi il est question.
04:32 - Le vivre en béguinage c'est-à-dire que ce sont soit des associations
04:36 qui s'en occupent ou les bailleurs sociaux qui regroupent des bâtiments,
04:42 par exemple des anciennes écoles pour en faire des logements,
04:46 pour rapprocher les gens, c'est-à-dire que les locataires
04:48 ne seront pas isolés en fait.
04:50 C'est pour éviter justement la surcharge dans les EHPAD et tout ça.
04:55 Mais il n'y en a pas dans les rôles.
04:56 Donc je me suis renseignée à Albi, il y en a un qui est en train de se construire
04:59 mais tout est plat, tout est déjà...
05:01 Voilà je ne sais plus où me diriger.
05:03 Je me suis même allée dans les portes ouvertes,
05:06 Domiti c'est pareil, ça ne rentre pas dans mon budget.
05:09 Donc les gens qui ont un budget assez bas ne peuvent pas vieillir correctement.
05:15 - Ok Agnès, merci en tout cas de nous avoir appelé pour nous livrer votre témoignage.
05:20 Laurence Christol, alors là on est dans le cadre de quelqu'un
05:22 qui veut pouvoir éventuellement vivre dans un établissement
05:25 qui n'est pas forcément un EHPAD.
05:27 Agnès elle parlait bien de résidence senior, il y a une petite différence,
05:30 parce qu'elle ne souhaite pas rester chez elle.
05:32 Alors dans ces cas-là, qu'est-ce qu'on fait ?
05:34 C'est un peu compliqué.
05:35 - C'est un vrai problème de société, on est face à une transition démographique.
05:38 Agnès a bien analysé ce qui se passe aujourd'hui, c'est le reste à charge.
05:43 Donc déjà dans le virage domiciliaire, il faut savoir que 90% de la population
05:47 souhaite rester à domicile le plus longtemps possible jusqu'à la fin de sa vie.
05:50 Donc on doit dans la partie 3 pouvoir soutenir le maintien à domicile
05:54 et donc tout ce qui va permettre d'adapter son domicile
05:57 mais également de permettre de développer un certain accueil familial
06:00 ou encore le baluchonnage, donc tout ce parcours résidentiel
06:04 de la personne qu'il faut proposer.
06:06 Mais de toute façon, quoi qu'il en soit, et Agnès a très bien dit,
06:09 on va se retrouver avec des personnes qui, soit par rapport à leur âge,
06:12 à leur polypathologie ou par rapport à un handicap pré-existant,
06:16 nécessiteront une prise en charge adaptée avec parfois un peu plus de soins,
06:20 un peu plus d'encadrement.
06:21 Et aujourd'hui, nous n'avons pas cette réponse-là, d'abord parce qu'il y a
06:24 un problème structurel et conjoncturel.
06:26 Donc toute la question du reste à charge et du rapport Pires-Bonne
06:29 qui a été délivré cet été, donc un collègue du Parlement,
06:34 et justement dans l'idée qu'il va falloir révolutionner le mode de financement
06:38 de nos EHPAD et de nos EHPAD et des résidences seniors également.
06:43 Donc une première pierre a été aussi délivrée dans le cas du PLFSS
06:47 que nous avons voté la semaine dernière,
06:49 qui est la fusion des sections soins et dépendance dans les EHPAD
06:53 et aussi un fonds d'urgence qui a été délivré de 100 millions d'euros
06:57 en juillet 2023 par la ministre pour essayer de surmonter
07:01 cette difficulté financière à la fois des établissements
07:04 et puis nous devons avoir une vraie réflexion sur le reste à charge
07:07 et comment nous allons financer dans les prochaines années
07:10 la prise en charge de nos aînés.
07:12 Et ça passe également par cette loi de programmation sur le grand âge
07:15 que nous avons acceptée en amendement au printemps 2023
07:18 dont Aurore Berger a reparlé vendredi.
07:20 C'est-à-dire que nous devons donner les moyens d'une vraie politique
07:23 du grand âge pour les prochaines années dans notre France.
07:26 - 0,467586000, qu'est-ce qui manque pour mieux vieillir en France ?
07:30 C'est le thème de notre question ce matin.
07:32 Nathalie est à Clermont-les-Roues et va intervenir. Bonjour Nathalie.
07:35 - Oui, bonjour, bonjour. J'écoute votre émission avec grand intérêt
07:38 parce que moi je suis confrontée à ça par rapport à ma maman
07:41 et donc voilà, je me bats tous les jours pour la maintenir à la maison.
07:45 Et le problème c'est que pour maintenir une personne à domicile
07:49 et si elle n'est pas apte et toute sa tête pour rester à la maison
07:54 les aidants automatiquement vont monter des dossiers,
07:57 vont voir des organismes pour pouvoir, ça passe par des prestataires,
08:01 par des aides-soignants et de ce fait, je me suis battue simplement
08:06 pour monter un dossier d'accessibilité, enfin une rampe d'accessibilité
08:10 parce que ma maman, ça faisait deux ans qu'elle ne pouvait pas mettre le nez dehors
08:13 parce qu'elle était handicapée sur le côté roulant.
08:15 Et la difficulté pour monter les dossiers, des structures, des numéros verts,
08:22 oui vous défonnez, les personnes vous donnent des réponses toutes faites,
08:26 si vous n'êtes pas dans ce contexte-là, elles sont un peu perdues
08:30 et si enfin vous avez un numéro pour pouvoir avoir un organisme,
08:36 ben en fait ils ne répondent pas parce qu'ils sont surbookés.
08:39 Donc je vous le dis parce que j'y suis passée, j'ai mis six mois
08:42 pour pouvoir monter simplement ce dossier-là et j'ai failli arrêter deux fois
08:48 parce que j'ai dit que je n'arrivais pas à monter le dossier.
08:51 - Vous étiez presque découragée Nathalie, s'il n'y avait pas l'urgence
08:55 de régler la situation pour votre maman.
08:57 - Maintenir quelqu'un à domicile, ça passe par des dossiers,
09:01 par des personnes qui s'impliquent et la difficulté à rencontrer des gens
09:04 pour vous aider à remplir ces dossiers-là. C'est tout bête mais voilà.
09:08 - Non mais c'est une réalité. Merci Nathalie d'avoir témoigné également ce matin.
09:12 Laurence Christol, ce que raconte Nathalie, j'imagine que vous ne le découvrez pas là.
09:15 - Non je ne le découvre pas d'abord parce que je suis médecin à Jugériat.
09:18 - Comment répondre à ces difficultés-là ?
09:22 - Justement, c'est dans la partie 1.
09:24 - Ça dure des mois, je veux bien me placer pour le savoir aussi,
09:26 ça dure des mois à monter un dossier pour une personne dépendante.
09:29 - Oui Nathalie a tout à fait raison et vous aussi.
09:31 C'est pour ça qu'on a créé le service public départemental de l'autonomie
09:34 dans le titre 1 que nous avons voté déjà au printemps,
09:37 c'est-à-dire la création du fameux guichet unique
09:40 qui va permettre par département de pouvoir proposer un lieu
09:43 dans lequel les familles et les personnes dépendantes pourront être accueillies,
09:47 pouvant avoir toutes les informations, mais surtout la coordination des actions.
09:51 Parce que c'est bien beau de donner l'information sur l'existence des services de soins,
09:55 sur les possibilités de pouvoir financer un fauteuil,
09:58 de pouvoir avoir toutes les aides à domicile qui sont nécessaires pour cette personne-là,
10:03 mais il faut aussi coordonner ses actions.
10:04 - Et ce guichet unique, il sera placé sous l'autorité de qui ?
10:06 De l'État ou du département ?
10:08 - Du département.
10:10 Alors effectivement, c'est une question très importante dont vous faites part,
10:14 c'est qu'aujourd'hui, dans les EHPAD ou même dans la prise en charge du domicile,
10:18 nous avons plusieurs acteurs, nous avons le département et nous avons l'État et les ARS.
10:22 Et nous allons essayer aujourd'hui de structurer les choses
10:25 de façon à ce que le domicile puisse être une compétence
10:28 beaucoup plus importante au niveau du département,
10:30 dont 80% du budget est dans la solidarité,
10:32 mais que les ARS puissent conserver une part importante de leurs actions,
10:37 justement dans les EHPAD qui seront plus médicalisées.
10:39 - Savons pas que pour la vieillesse, Laurence Christel, associée à la parlementaire,
10:41 que je m'adresse, c'est que le problème de ce pays,
10:43 c'est qu'il y a dans tous les domaines, d'ailleurs pour tous les sujets,
10:45 trop d'interlocuteurs.
10:46 Les gens sont perdus, ils savent plus quoi faire,
10:48 et à quel sens se vouer parfois ?
10:50 - C'est pour ça qu'on a cherché à donner vraiment un nouveau souple
10:52 aux politiques de l'autonomie, parce qu'il faut simplifier les choses.
10:55 Et beaucoup d'articles simplifient les choses.
10:57 Par exemple, on va essayer de simplifier les relations
11:00 entre les collectivités territoriales, les mairies notamment avec leur plan clinicule,
11:04 et le conseil départemental avec tous les dossiers d'ADAPA ou du PCH.
11:08 Donc souvent les gens font des dossiers au département,
11:11 s'interrogent leur CCAS, mais les relations ne se font pas entre les deux.
11:15 Donc on a vraiment des mesures aussi pour simplifier.
11:17 Pareil en établissement, le médecin-coordinateur va pouvoir aujourd'hui
11:20 prendre en charge ses résidents comme un médecin-traitant.
11:22 - C'était le choc de simplification produit par François Hollande en son temps,
11:25 mais qui a fait un peu pschitt quand même, il faut bien le reconnaître,
11:27 il ne s'est pas passé grand-chose depuis dans ce domaine.
11:29 - Après aujourd'hui, on est face vraiment à une transition démographique,
11:32 c'est un vrai problème de société, nous devons le prendre à bas le corps,
11:34 il y a beaucoup de champs à balayer, que ce soit le virage domiciliaire,
11:38 la lutte contre les maltraitances, mais également la prévention de la perte d'autonomie,
11:42 qui est vraiment quelque chose que nous devons avoir pour pouvoir anticiper cette transition.
11:46 - Merci Laurence Christol, députée à la Renaissance de l'Euro,
11:48 de l'héros d'être venue nous parler de cette proposition de loi "Bien vieillir",
11:52 vote d'ici la fin de la semaine à l'Assemblée, après ça part devant le Sénat,
11:55 et après ça revient à l'Assemblée pour sans doute une adoption définitive,
11:59 on verra évidemment quelle sorte de lueil sera réservée.
12:02 Merci d'être revenue dans le 6/9 ce matin.
12:03 - Merci à vous.
12:04 - Vous retrouverez cette interview en allant sur notre site internet francebleu.fr.
12:08 Dans un instant les infos de 8h, et juste après, nous allons recevoir Anne Deteaux,
12:12 qui est coopératrice à la librairie indépendante La Cavale à Montpellier.
12:15 La librairie La Cavale, qui est située dans le quartier des Beaux-Arts à Montpellier,
12:18 fête cette semaine son 5ème anniversaire.
12:20 Alors ce n'est pas une librairie comme les autres, Guillaume Molland,
12:23 c'est une librairie coopérative.

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