Ça vous regarde - une conférence pour rien ?

  • l’année dernière
Grand témoin : Aurélien Pradié, député LR du Lot et auteur de « Tenir bon » (éditions Bouquins)

GRAND DÉBAT / COP 28 : une conférence pour rien ?

« Le chrono de Blako » par Stéphane Blakowski

La COP 28 se tient à Dubaï du jeudi 30 novembre au mardi 12 décembre 2023. Le paradis des influenceurs et de l'extravagance est-il crédible pour accueillir le plus grand sommet mondial sur l'environnement et le climat ? Certains Français, à l'instar de Nicolas Pereira (Président du World Impact Summit) et de l'eurodéputé Pierre Larrouturou, ont signé une tribune dans « Le Monde » pour appeler au boycott de cet événement international. En cause : les multiples lobbys qui seront sur-représentés à Dubaï et qui vont jouer de toute leur influence pour orienter les débats et les prises de décisions. À l'inverse, certains militants écologistes et la plupart des grandes ONG affirment qu'il faut absolument être présents à Dubaï pour justement contrebalancer le pouvoir de ces lobbys. La montagne de la COP 28 accouchera-t-elle d'une souris ?

Invités :
- Jean-Marc Zulesi, député Renaissance des Bouches-du-Rhône et Président de la commission développement durable,
- Sophie Taillé-Polian, députée écologiste du Val-de-Marne,
- Pierre Larrouturou, eurodéputé de l'alliance progressiste des socialistes et démocrates,
- Léa Falco, membre du collectif « Pour un réveil écologique ».

GRAND ENTRETIEN / Aurélien Pradié : étoile montante ou filante ?

À 37 ans, le député Aurélien Pradié est le fruit d'un parcours politique précoce. Grandement influencé par Jacques Chirac, l'ancien numéro 2 des Républicains retrace, dans son autographie « Tenir Bon », sa jeunesse dans le Lot, l'AVC de son père, ses premiers combats politiques mais aussi sa conception d'homme d'Etat. Il livre ainsi le récit intime d'un jeune homme ambitieux tout en réglant ses comptes avec ses adversaires.

Grand témoin : Aurélien Pradié, député LR du Lot et auteur de « Tenir bon » (éditions Bouquins)

LES AFFRANCHIS

- Vincent Hugeux, professeur à Sciences Po et ancien grand reporter,
- Olivier Babeau, économiste, Président de l'institut Sapiens,
- « Bourbon express » : Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP.

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

Abonnez-vous à la chaîne YouTube LCP - Assemblée nationale : https://bit.ly/2XGSAH5

Suivez-nous sur les réseaux !

Twitter : https://twitter.com/lcp
Facebook : https://fr-fr.facebook.com/LCP
Instagram : https://www.instagram.com/lcp_an/
TikTok : https://www.tiktok.com/@LCP_an
Newsletter : https://lcp.fr/newsletter

Retrouvez nous sur notre site : https://www.lcp.fr/

#LCP #assembleenationale #CaVousRegarde

Category

🗞
News
Transcript
00:00 (Générique)
00:06 Bonsoir et bienvenue, très heureuse de vous retrouver dans "Ça vous regarde"
00:10 Ce soir, l'étoile montante ou l'étoile filante de la droite.
00:13 Bonsoir Aurélien Pradié. Merci beaucoup d'être notre grand témoin.
00:16 Ce soir, vous prenez la plume pour la première fois avec "Tenir bon"
00:20 chez Bouquin, un autoportrait à la fois personnel et sensible, on va en parler.
00:24 Un brin narcissique aussi, vous nous direz à 38 ans jusqu'où va votre ambition.
00:30 Tout à l'heure, notre grand débat. Ce soir, faut-il boycotter la COP 28 ?
00:36 Dubaï, capitale de la démesure au Moyen-Orient, s'apprête à accueillir
00:40 la conférence internationale sur le climat, mais déjà de très nombreuses ONG
00:45 critiquent le choix de cette ville. Alors comment parler urgence climatique
00:49 dans l'un des principaux pays producteurs de pétrole de la planète ?
00:53 Nous en débattons dans un tout petit instant sur ce plateau avec mes invités.
00:57 Enfin, nos affranchis ce soir, l'économie, Olivier Babaud, l'international,
01:01 Vincent Huggeux et puis Bourbon Express, l'histoire du jour à l'Assemblée,
01:04 signé Elsa Mondin-Gava. Voilà pour le programme.
01:07 On y va Aurélien Pradié ? Ça vous regarde, ça commence tout de suite.
01:22 On a connu des choix beaucoup plus consensuels.
01:25 Dubaï, avec ses grattes-ciels climatisés et ses lacs artificiels, devient donc la COP,
01:30 la capitale de la COP 28. À partir de ce jeudi, les Émirats Arabes Unis
01:35 paient hôte de cette grande conférence mondiale pour le climat.
01:38 Est-ce bien raisonnable ? Et à quoi servent aujourd'hui ces grands symposiums ?
01:43 Bonsoir Jean-Marc Gilles et Zizi. - Bonsoir.
01:45 - Et bienvenue sur ce plateau. Vous êtes député Renaissance des Bouches du Rhône
01:48 et vous êtes présidé à l'Assemblée, la Commission sur le Développement Durable.
01:52 Bonsoir Sophie Tallier-Pollian. - Bonsoir.
01:54 - Bienvenue. Vous êtes député écologiste du Val-de-Marne.
01:58 Bonsoir Pierre Larouturon. - Bonsoir.
02:00 - Ravie de vous accueillir. Eurodéputé de l'Alliance progressiste des socialistes
02:04 et des démocrates à Bruxelles, signataire de cette tribune qui rassemble beaucoup d'ONG,
02:09 appel au boycott, tribune publiée dans Le Monde.
02:12 Enfin bonsoir Léa Falco. - Bonsoir.
02:14 - Bienvenue à vous. Vous êtes membre du collectif pour un réveil écologique et chroniqueuse
02:19 le vendredi, Action Planète. C'est vous le visage de l'écologie dans cette émission.
02:24 Aurélien Pradié, évidemment, vous intervenez quand vous le souhaitez.
02:27 On va commencer par planter le décor.
02:29 Dubaï, bon ou mauvais choix ? C'est avec Stéphane Blakowski, mon complice de tous les soirs,
02:34 le chrono de Blakow. Pour commencer...
02:36 Bonsoir mon cher Stéphane. - Bonsoir Myriam. Bonsoir à toutes et tous.
02:43 - Alors cette COP28. - Écoute, la COP28, écoutez, vous êtes familier malgré tout.
02:48 - Ça ne me dérange pas mais bon. - La COP28, elle ne commence que jeudi,
02:51 mais ce soir sur LCP, quasiment en exclusivité mondiale, je peux déjà vous donner le bilan de la COP28.
02:56 Le bilan sera mitigé. Eh oui. C'est mon petit doigt qui me le dit.
03:01 Non pas du tout, regardez, j'ai regardé le bilan des dernières COP.
03:04 Il y en a tous les ans. Donc la COP24, bilan mitigé. La COP25, bilan très mitigé.
03:11 Après il y a eu la COP26. La COP26, le bilan était plus que mitigé.
03:16 Mais à la COP27, ça allait un peu mieux parce qu'il était simplement mitigé.
03:21 Alors ça veut dire quoi mitigé ? Ça veut dire qu'à la suite de chaque conférence sur le climat,
03:25 il y a du bon et du moins bon. Et d'ailleurs, le magazine britannique "The Economist"
03:32 a fait une une assez amusante à ce sujet. Il a fait comme un bulletin scolaire
03:35 des dernières conférences sur le climat. Donc l'appréciation générale,
03:38 c'est quelques progrès, mais doit faire mieux. Donc il y a des notes un peu précises
03:43 sur les points forts et les points faibles. Donc le gros point fort des conférences
03:45 sur le climat, notez B+, ça veut dire entre 14 et 16, c'est prendre des engagements.
03:50 Là, le point un peu plus faible, c'est "keeping to commitment",
03:55 c'est-à-dire tenir ses engagements. Là, c'est à peine la moyenne.
03:57 Donc vous voyez, c'est assez bien résumé les difficultés qu'il y a dans les COP27.
04:01 Et encore, à peine la moyenne, c'est bien noté. Parce que si on regarde
04:06 les objectifs fixés par la COP21 2015, pour les atteindre en 2030,
04:13 il faudrait réduire de 43% les émissions de CO2. Or, sur la trajectoire actuelle,
04:17 on ne les réduira que de 2%. Vous voyez que l'écart ne mérite peut-être
04:21 même pas la moyenne. Si je vous donne la courbe, c'est pour visualiser
04:24 l'effort que ça nécessite. La petite courbe noire, c'est les émissions de CO2
04:28 qui ont évolué jusque-là. Il y a deux solutions, réduire la hausse maximum
04:33 de température à 1,5°C, ça serait la courbe bleue. Donc vous voyez l'effort
04:36 que ça demanderait. Réduire à 2°C, c'est cette courbe-là. Dans un cas
04:40 comme dans l'autre, moi, je ne me sens pas tout à fait prêt pour faire
04:43 ce genre d'effort. Maintenant, ça n'empêche pas d'écouter les encouragements
04:46 de Javier Guterres, qui est quand même le secrétaire général de l'ONU.
04:49 On l'écoute.
04:50 Ça veut dire des plans nationaux pour l'ensemble de l'économie,
04:54 avec des objectifs clairs pour 2030 et 2035, afin de contenir la hausse
04:59 à 1,5°C et préparer le terrain à la fin des combustibles fossiles.
05:04 Alors vous avez entendu Antonio Guterres. Il faut mettre fin aux combustibles fossiles.
05:09 Et effectivement, c'est sans doute la meilleure solution, parce que je peux
05:12 encore vous montrer un graphique, rassurez-vous, ce sera le dernier.
05:14 Vous voyez, quand on examine les émissions de CO2, les émissions humaines
05:18 de CO2 en tout cas, la part des énergies fossiles et en premier le charbon,
05:22 qui reste vraiment les principaux responsables. Donc comme vous le disiez,
05:25 organiser la COP28 aux Émirats arabes unis, qui sont le septième producteur mondial
05:30 de pétrole, c'est un peu bizarre, surtout quand on voit que le président
05:34 de la conférence sera en plus, et toujours le président, pardon,
05:38 de la principale compagnie pétrolière d'Abu Dhabi. Alors évidemment,
05:42 la question du boycott se pose. Faut-il aller se coller les mains sur le bitume,
05:45 s'accrocher quelque part avec un antivol ? Greenpeace a déjà dit que ce n'était pas
05:49 une bonne idée de boycotter. C'est la même avis qu'exprime François Jemen,
05:53 qui était membre du GIEC, on l'écoute.
05:55 On sera à un endroit où il ne sera plus possible de tourner autour du pot.
05:59 Donc en quelque sorte, organiser la COP28 à Dubaï, c'est aussi prendre le taureau
06:03 par les cornes et discuter directement avec les pays qui ont fondé
06:10 toute leur économie sur l'exploitation de ces énergies fossiles et des hydrocarbures.
06:15 Bon, ben voilà, donc je vous l'ai dit, la COP28 commence donc jeudi,
06:18 le bilan sera mitigé, ça c'est sûr. Est-ce qu'il sera mitigé ?
06:21 Très mitigé ? Est-ce qu'il sera plus que mitigé ?
06:24 Mais là, il y a un débat.
06:25 Il est taquin ce soir, merci beaucoup. Merci Stéphane.
06:28 Je commence avec vous, Pierre Larouturou.
06:30 Pourquoi pour vous, tout simplement, c'est désastreux, ce choix de Dubaï ?
06:34 Parce que, est-ce qu'on accepterait qu'un fabricant de cigarettes
06:38 organise un congrès de lutte contre le cancer ?
06:40 Est-ce qu'on accepterait en 2023, quand des fabricants de cigarettes disent
06:44 quelles sont les études dont on débatte, quels sont les textes qu'on va rédiger,
06:47 qu'on va voter à la fin du congrès ? Non.
06:49 Aujourd'hui, les fabricants de cigarettes n'ont plus le droit, pas un seul,
06:52 d'être dans les réunions organisées par l'OMS.
06:54 Alors les fabricants de cigarettes en question, c'est les Emirats Arabes Unis,
06:58 qui vous disent, certes, on produit du pétrole, mais beaucoup moins.
07:02 Beaucoup, beaucoup moins qu'avant.
07:04 Les années 70, c'était 70 % du PIB, aujourd'hui, ça n'est plus que 17 %.
07:08 Mais à la limite, que ce soit Dubaï, déjà, c'est assez choquant,
07:10 tout le côté artificiel, les inégalités, voilà.
07:13 Mais ils auraient pu mettre un ou une climatologue.
07:15 Dans ce pays aussi, il y a eu des inondations terribles,
07:17 il y a eu 5 000 personnes déplacées,
07:19 Dubaï aussi est touché par les dérèglements climatiques.
07:21 Mais mettre comme patron de la COP 28,
07:23 le patron de la plus grande entreprise pétrolière,
07:26 et en plus, la BBC vient de nous apprendre
07:28 qu'il profitait de son rôle de patron de la COP 28
07:30 pour continuer à faire des contrats de GNL et de pétrole,
07:32 c'est absolument scandaleux.
07:34 -Attendez, alors là, vous expliquez,
07:36 peut-être nos téléspectateurs n'ont pas vu ce papier de la BBC,
07:38 donc en fait, la BBC, nos confrères britanniques,
07:41 montrent qu'ils profitent de ce grand rassemblement d'ONG et d'Etat
07:47 pour signer des contrats d'hydrocarbures.
07:50 -C'est ce que disent vos collègues de la BBC,
07:52 qui sont des gens assez sérieux et assez sérieuses,
07:54 qui ont des preuves, il y a des preuves,
07:56 qu'il utilise son agenda, il est là comme président de la COP 28,
07:58 et il en profite pour négocier avec tel ou tel pays
08:00 le fait qu'on va leur fournir du pétrole ou du gaz liquéfié.
08:02 -Donc vous dites n'y aller pas.
08:04 -Ce que je dis, c'est qu'il ne faut pas y coter.
08:06 On vient de lancer un appel sur une COP sans pétrole,
08:08 demander au chef d'Etat de dire qu'on n'ira pas
08:10 dans les réunions avec ce sultan, c'est scandaleux,
08:12 c'est la caricature.
08:14 Les lobbys du pétrole se croient tout permis,
08:16 ils n'ont jamais été aussi puissants,
08:18 mais avoir le patron d'une entreprise pétrolière
08:20 qui en présente la COP 28 et qui négocie des nouveaux contrats,
08:22 c'est inacceptable, et on voudrait que ce soit la dernière COP
08:24 où les pétroliers peuvent être présents.
08:26 Déjà l'an dernier, à la COP 27, il y avait plus de 700 lobbyistes
08:29 et tout le monde avait dit que ce n'était pas normal.
08:31 Et donc est-ce qu'on peut, tellement on est dans la caricature,
08:34 changer les règles du jeu et dire, je le répète,
08:36 de même que les fabricants de cigarettes n'ont plus le droit,
08:39 c'est tout à fait sérieux, l'OMS a dit...
08:41 - C'est efficace comme comparaison.
08:43 - Un fabricant de cigarettes n'a plus le droit de se promener
08:45 dans une réunion sur les questions de santé,
08:47 on voudrait interdire définitivement les lobbys du pétrole
08:49 à la prochaine COP.
08:51 - Jean-Marc Deleuze, vous allez y aller,
08:53 vous accompagnez le chef de l'Etat ?
08:55 - Non, moi j'ai décidé de ne pas y aller,
08:57 tout simplement parce que j'ai fait le choix d'aller
08:59 plutôt à la COP biodiversité avec une proposition de résolution
09:01 pour être utile dans le cadre des négociations.
09:03 Pour le coup, là, nous n'avions pas de proposition de résolution
09:05 et j'ai considéré que la place de la commission
09:07 était de faire des auditions en ligne
09:09 de sorte à limiter notre bilan carbone.
09:11 - Mais qu'est-ce que vous répondez à Pierre Lahodion ?
09:13 - Moi je considère qu'il ne faut pas boycotter,
09:15 il faut savoir dénoncer
09:17 et je trouve que vos arguments sont justes.
09:19 Il faut œuvrer pour changer les règles,
09:21 je pense notamment sur la place des citoyens
09:23 dans le cadre de ces différentes COP,
09:25 mais aussi sur des engagements
09:27 beaucoup plus forts de la part des Etats
09:29 parce qu'il ne s'agit pas de partager
09:31 un bilan mitigé, une feuille de papier
09:33 avec une signature,
09:35 il faut qu'il y ait de vrais engagements
09:37 avec des bilans, notamment
09:39 dans le cadre de plans
09:41 qui soient développés et suivis
09:43 par la représentation nationale.
09:45 - À la méthode, est-ce qu'il faut d'autres
09:47 rencontres avec peut-être les plus volontaristes des pays ?
09:49 On va venir sur les alternatives possibles
09:51 à ces bilans mitigés systématiquement
09:53 chaque année des COP. Vous dites que
09:55 il y a la main des lobbies
09:57 dans ces COP, des énergies fossiles,
09:59 notamment à Dubaï, comme Michel Lahodion ?
10:01 - Je pense qu'il faut savoir rééquilibrer
10:03 la main de ces lobbies
10:05 en donnant beaucoup plus de place
10:07 aux associations, en donnant beaucoup plus de place
10:09 aussi à des entreprises qui sont vertueuses,
10:11 qui ont la volonté
10:13 de changer leur modèle économique
10:15 et que nous soyons en capacité aussi
10:17 d'intéresser nos concitoyens
10:19 dans nos circonscriptions, parce que la vérité, c'est que
10:21 aujourd'hui, lorsque vous parlez de la COP28
10:23 dans nos circonscriptions,
10:25 ça ne parle pas à nos concitoyens. - Justement, on va essayer de faire un peu
10:27 clair. Sophie Thalier-Pollion, quand on regarde la carte,
10:29 regardez, Dubaï, c'est tout petit,
10:31 c'est de la taille du Benelux,
10:33 9 millions d'habitants, percutés
10:35 de plein fouet, il faut le dire, quand même, par le réchauffement
10:37 climatique, avec des canicules,
10:39 l'été, pas de fleuve,
10:41 pas de rivière, du gaz
10:43 et du pétrole, certes,
10:45 produit en moins grande quantité qu'il y a
10:47 30 ans, mais quand même.
10:49 Est-ce que pour vous, c'est
10:51 mettre le renard dans le poulailler que d'aller à Dubaï ?
10:53 - Écoutez, le renard
10:55 est dans le poulailler des COP
10:57 depuis le départ. Donc ce que nous voyons
10:59 là, avec cette COP, finalement,
11:01 c'est montrer au grand jour
11:03 toute cette forme d'hypocrisie
11:05 qui a consisté à
11:07 finalement se dire que
11:09 dans le cadre du système tel qu'il est
11:11 aujourd'hui, on peut affronter
11:13 les défis du dérèglement climatique.
11:15 Bon, donc, que cette
11:17 COP ait lieu là, c'est symptomatique,
11:19 finalement... - Je crois que c'est fait en transparence par les Nations Unies.
11:21 - Oui, c'est symptomatique
11:23 de cette forme de... En fait,
11:25 de méthode qui, pour le coup,
11:27 aboutisse à des bilans mitigés,
11:29 enfin, moi, je veux dire insuffisants,
11:31 extrêmement insuffisants par rapport à la gravité
11:33 de la situation. - Il y a eu des COP dans des grandes villes
11:35 d'Europe ou d'Amérique du Nord,
11:37 avec des bilans mitigés, c'est pas forcément
11:39 lié à ce pays en particulier. - Absolument.
11:41 C'est bien ce que je dis. C'est-à-dire que là,
11:43 on a quelque chose qui donne à voir de manière
11:45 vraiment éclatante
11:47 le problème fondamental
11:49 qui est celui
11:51 des COP dans la façon dont elles
11:53 se déroulent aujourd'hui et qui aboutissent
11:55 à des résultats qui sont très largement insuffisants.
11:57 Une fois qu'on a dit ça,
11:59 et qu'on l'a dénoncé, je pense qu'il faut le dénoncer,
12:01 je pense quand même qu'il faut y aller.
12:03 - Ah ! - Pourquoi ?
12:05 Pourquoi je pense qu'il faut y aller ? Eh bien, parce que
12:07 nous devons être en soutien
12:09 aux pays
12:11 les plus touchés
12:13 aujourd'hui par les dérèglements climatiques,
12:15 qui sont les pays du Sud.
12:17 Nous devons être en soutien
12:19 vis-à-vis d'eux, et la France
12:21 doit, et j'espère qu'elle portera,
12:23 un message
12:25 très fort pour faire en sorte que les fonds
12:27 promis par les pays occidentaux
12:29 qui ont été, je dirais,
12:31 à l'origine de ce gigantesque
12:33 Anthropocène, par l'industrialisation
12:35 massive, par le développement
12:37 du capitalisme aujourd'hui que l'on voit,
12:39 elles doivent porter secours
12:41 à ces territoires.
12:43 Et donc, moi, je ne pourrais pas dire
12:45 "il y a de l'hypocrisie, donc je boycotte",
12:47 non, nous devons... - Par solidarité.
12:49 - Par solidarité. - Il y a d'ailleurs
12:51 à chaque fois les questions
12:53 des dommages, les fameux dommages
12:55 pour les pays les plus impactés. - Avec les ONG,
12:57 parce qu'il y a des enjeux très forts, et avec les ONG.
12:59 Nous ne devons pas laisser les lobbies seuls.
13:01 Donc bien sûr, c'est d'y aller, mais
13:03 avec un esprit très fort de résistance.
13:05 - Alors, un mot, Léa Falco, sur
13:07 Armen Aljaber, "Sultan Ahmed",
13:09 c'est son prénom, Aljaber,
13:11 qui est donc le président de cette COP,
13:13 il est aussi ministre de l'Industrie, mais surtout,
13:15 c'est le PDG de la compagnie pétrolière d'Abu Dhabi,
13:17 lui dit "je suis mieux placé
13:19 que les autres pour embarquer
13:21 tout le secteur des hydrocarbures
13:23 et des énergies carbonées".
13:25 Et donc, faites-moi confiance,
13:27 qu'est-ce que vous répondez ? - Oh, bah je pense qu'on lui fait
13:29 tous ici une confiance aveugle, hein,
13:31 à ce monsieur. Non, mais le...
13:33 La nature de la COP, c'est une nature
13:35 diplomatique, donc ça veut dire que derrière, vous avez
13:37 forcément tout un tas de pays différents,
13:39 qui viennent en coalition, plus ou moins affirmés,
13:41 et qui ont chacun leur agenda. Donc, évidemment
13:43 que les pays du Golfe, aujourd'hui,
13:45 les pétromonarchies, arrivent avec un agenda qui est
13:47 "on veut poursuivre l'exploitation
13:49 des hydrocarbures". C'est intéressant,
13:51 dans les priorités de la COP, il n'y a pas écrit
13:53 "réduire la production
13:55 d'énergie fossile", il y a écrit "réduire les émissions
13:57 de CO2". C'est-à-dire qu'aujourd'hui, vous avez en fait
13:59 deux grandes visions du monde, vous avez une vision
14:01 qui est celle des Émirats Arabes Unis
14:03 et, par ailleurs, de l'ensemble des pays producteurs,
14:05 qui est de dire "ce qu'on va faire, c'est
14:07 complètement décorréler l'utilisation
14:09 des énergies fossiles, des émissions
14:11 de gaz à effet de serre qui vont en découler". Et donc,
14:13 pour ça, notamment, il se base sur
14:15 tout un tas de technologies qui, aujourd'hui, ne sont pas matures
14:17 à l'échelle, ne sont pas déployées à l'échelle.
14:19 C'est des technologies de capture du CO2.
14:21 En fait, ce qu'on veut atteindre, nous, c'est la neutralité
14:23 carbone, et donc, ça veut dire qu'il faut qu'on ait
14:25 une équivalence entre les émissions
14:27 de CO2 au niveau mondial
14:29 et les puits de carbone, qui sont
14:31 soit naturels, donc ça c'est l'océan, ça c'est les forêts,
14:33 c'est tout ce que vous voulez, et des puits de carbone qui peuvent être
14:35 artificiels, technologiques, et pour lesquels,
14:37 aujourd'hui, typiquement, stocker le CO2 dans le sol
14:39 et aujourd'hui, on ne sait pas faire ça
14:41 à l'échelle internationale. - Donc, il y a une forme d'hypocrisie
14:43 complète, pour vous ? - Bah, disons que,
14:45 c'est normal, c'est littéralement
14:47 le PIB et l'économie de leur pays que de vendre
14:49 du pétrole, mais donc, là, la question, aujourd'hui, c'est
14:51 comment est-ce que la France, comment est-ce que l'Union Européenne,
14:53 comment est-ce que les pays des Nords, aujourd'hui,
14:55 proposent une alternative pour les pays
14:57 des Sud, à ce développement-là, parce que je vous rejoins
14:59 absolument dans le jeu international.
15:01 Aujourd'hui, les pays des Nords, l'Union Européenne
15:03 ne sont pas dominants, on est très dépendants
15:05 de ces pétromonarchies, parce que toutes nos infrastructures
15:07 sociales reposent sur du pétrole, sur du fossile,
15:09 et, en plus, tous ces pays
15:11 qui veulent nécessairement avoir un développement
15:13 et qui devraient avoir un développement décarboné,
15:15 qu'on devrait pouvoir leur fournir, n'ont pas
15:17 d'autre choix, aujourd'hui, que de se tourner
15:19 vers ces pays-là, qui, en plus, en profitent
15:21 évidemment largement en multipliant
15:23 les accords bilatéraux, en multipliant les investissements.
15:25 - Mais alors, comment on en arrive... - Qu'est-ce qu'on positionne
15:27 en Europe ? - Comment on en arrive à aller...
15:29 Je sais pas, dire au passage que tout le monde va prendre l'avion,
15:31 que ce soit les dirigeants des ONG,
15:33 présents ou pas dans le cadre des négociations,
15:35 pour aller passer cette semaine
15:37 ou quelques jours à Dubaï ?
15:39 Comment on choisit et comment on fait
15:41 pour que les pays des Nords,
15:43 comme vous dites, les Africa-Hilco, reprennent la main
15:45 pour imposer leur méthode, leur agenda ?
15:47 - Je suis pas sûre qu'il faut que ce soit les pays des Nords
15:51 qui prennent la main. - Non, en tout cas, il ne fallait pas imposer...
15:53 - Il faut construire avec les pays du Sud !
15:55 Enfin, je veux dire... - Sur le...
15:57 - Et donc, il faut bien que ça tourne aussi au niveau géographique.
15:59 Si on se dit qu'on va
16:01 réduire, enfin, anéantir
16:03 le dérèglement climatique juste parce que
16:05 les dirigeants vont arrêter de prendre l'avion,
16:07 enfin, c'est pas sérieux. Donc, il faut des grandes réunions...
16:09 - Mais quand vous entendez Léa Falcourt qui dit
16:11 qu'à Dubaï, on fait de la géo-ingénierie,
16:13 c'est ça ? C'est ces nouvelles technologies qui permettent
16:15 de capter le Sud ? - Après, effectivement, il y a quand même ce débat
16:17 de savoir si la technique
16:19 va encore nous... En fait, c'est une fuite en avant.
16:21 Une fuite en avant dans la science comme progrès,
16:23 absolue, et donc, on va
16:25 trouver des réponses techniques qui vont régler le problème.
16:27 Le problème, c'est de
16:29 ralentir. Le problème, c'est de réduire
16:31 notre... L'empreinte humaine
16:33 par le fait de choisir
16:35 les activités que nous voulons qui soient
16:37 bénéfiques socialement. C'est ça...
16:39 - Pierre Lahautureau, peut-être qu'on peut avancer sur
16:41 qu'est-ce qu'on peut attendre de
16:43 cette réunion, parce qu'à chaque fois, on nous dit
16:45 "des engagements nouveaux",
16:47 toujours que, voilà, l'objectif
16:49 de parvenir aux accords de Paris
16:51 semble inatteignable aujourd'hui,
16:53 d'ici la neutralité 2050, ça semble très compliqué,
16:55 la neutralité carbone,
16:57 donc, des engagements nouveaux.
16:59 On est déjà dans l'adaptation,
17:01 on est déjà dans la réparation pour les pays les plus impactés,
17:03 mais à chaque fois,
17:05 rien de très contraignant. - Non, rien de très contraignant,
17:07 surtout que là, on a l'impression que les fous
17:09 ont pris le contrôle de l'asile. Voir le patron
17:11 d'une entreprise de pétrole qui est le président de la COP,
17:13 mais c'est une caricature, c'est un cauchemar.
17:15 Il y a quelques années, on disait "ils ont trop de place".
17:17 L'an dernier, on pensait que le grand sujet à la COP27,
17:19 ce serait "comment on sort du pétrole ?"
17:21 parce qu'il y avait eu un rapport qui avait fait beaucoup de bruit,
17:23 la plus haute autorité mondiale,
17:25 l'Autorité internationale de l'énergie,
17:27 l'Agence internationale de l'énergie, avait dit
17:29 "il faut stopper tous les nouveaux forages de pétrole",
17:31 en disant "on a encore besoin d'essence pour nos voitures,
17:33 mais avec les forages existants,
17:35 il y a assez de pétrole pour les 20 ans qui viennent".
17:37 Et donc la plus haute autorité mondiale avait dit
17:39 "il faut stopper tous les nouveaux forages de pétrole".
17:41 Donc on pensait, il y a un an,
17:43 que ce serait le grand sujet de la COP27.
17:45 Et les lobbies du pétrole ont obtenu qu'il n'y ait pas une ligne
17:47 sur le sujet. Pas une ligne.
17:49 Et le sultan qui préside cette année, l'an dernier...
17:51 - Ah, il n'est pas sultan, je précise,
17:53 il s'appelle Sultan Ahmed, c'est son prénom.
17:55 - Un point pour vous, pardon.
17:57 Il avait dit devant tout le monde,
17:59 j'y étais à la COP27, on avait été frappés par son cynisme,
18:01 il avait dit "il faut continuer
18:03 600 milliards d'investissements dans le pétrole chaque année".
18:05 Donc la planète est en feu,
18:07 il y a dans le Nord Pas-de-Calais des inondations catastrophiques,
18:09 il y a eu des milliers de morts en Libye avec la tempête,
18:11 toutes les semaines on parle de l'urgence climatique,
18:13 et bien vous avez un président de la COP28
18:16 qui l'an dernier encore disait
18:18 "il faut continuer d'investir sans problème 600 milliards par an".
18:20 Donc je voudrais insister sur le cynisme.
18:22 En France, quand Emmanuel Macron dit
18:24 "il faut accélérer, on n'est pas bon,
18:26 il faudrait baisser de 5% nos émissions de CO2 chaque année",
18:28 la conférence de presse du président, -5%,
18:30 trois jours plus tard, Patrick Pouyanné,
18:32 c'est un immense doigt d'honneur,
18:34 M. Pouyanné nous dit que Total va faire +3%,
18:36 le contraire de pétrole chaque année.
18:38 Le président dit "il faut faire -5% chaque année",
18:40 -5%, et le patron de Total dit
18:42 "je continue à faire de plus en plus de forages",
18:44 +3% chaque année. C'est un cynisme terrible.
18:46 Et au niveau européen,
18:48 j'arrive de Bruxelles pour votre émission,
18:50 il y a 30 ans il y avait un grand projet,
18:52 mettre en place une éco-taxe,
18:54 aller vers une ville sans voiture,
18:56 en 1991 il y avait l'idée qu'il fallait faire
18:58 des transports en commun efficaces, des vélos,
19:00 j'ai découvert ça récemment,
19:02 et ce sont les lobbies du pétrole, on a la preuve que
19:04 Elf et Total avaient envoyé des gens pour
19:06 désinguer ce projet, jusqu'à pousser
19:08 le commissaire européen à la démission.
19:10 Donc quand aujourd'hui les lobbies du pétrole nous disent
19:12 "mais nous, on est gentils, on fournit du pétrole
19:14 parce que la demande de pétrole augmente",
19:16 on a la preuve qu'ils ont agi pour qu'il n'y ait pas
19:18 d'investissement massif dans les transports en commun,
19:20 ou ce qui aurait fait baisser, qui aurait été
19:22 bon pour notre santé, pour notre portefeuille
19:24 et pour le climat. - Peut-être qu'on va se pencher sur ce qu'on peut
19:26 faire nous, et comment,
19:28 mais vous en parlez de cette année 2023,
19:30 année de tous
19:32 les records de température, sécheresse,
19:34 incendie, pluie diluvienne, inondation,
19:36 tour d'horizon d'une année sur la planète,
19:38 parce qu'en image, forcément ça fait peur,
19:40 ça peut aussi faire agir.
19:42 Regardez, c'est signé Hélène Bouduelle.
19:44 (musique)
19:46 (musique)
19:48 (musique)
19:50 C'est une alerte. Pour la première fois,
19:52 le 17 novembre dernier,
19:54 la température mondiale a dépassé
19:56 de 2 degrés, celle de l'ère pré-industrielle.
19:58 Un pas supplémentaire
20:00 dans le réchauffement climatique.
20:02 L'Amérique du Sud, en ce moment,
20:04 suffoque sous la chaleur.
20:06 Plus de 37 degrés à Brasilia,
20:08 la température la plus élevée
20:10 jamais enregistrée au mois de novembre.
20:12 - Il fait très chaud,
20:14 une chaleur insupportable.
20:16 Il n'y a jamais eu de vague de chaleur
20:18 aussi forte que celle qu'on vit
20:20 actuellement à Brasilia.
20:22 - J'ai jamais vu ça. C'est inouï,
20:24 surtout au printemps. Généralement,
20:26 il est doux, mais là, on a l'impression
20:28 d'être dans un four.
20:30 - Un four aussi dans ces favelas de Rio,
20:32 où les températures ont frôlé
20:34 les 60 degrés.
20:36 - C'est difficile, très difficile.
20:38 - Comment vous faites ?
20:40 - On prend des douches en permanence
20:42 en bois de l'eau.
20:44 - La corne de l'Afrique,
20:46 après avoir vécu sa pire sécheresse
20:48 depuis 40 ans, subit à présent
20:50 des pluies diluviennes et les inondations
20:52 qui vont avec. Culture et bétail
20:54 dévastés, des millions de personnes
20:56 déplacées.
20:58 - Je n'avais jamais vu d'inondation
21:00 aussi violente avant. Tout s'est passé
21:02 si vite. C'est quelque chose
21:04 qu'Allah nous a infligé.
21:06 - Partout sur la planète,
21:08 canicules, sécheresses et feux de forêt.
21:10 La terre brûle
21:12 et les glaciers fondent.
21:14 Après une visite dans l'Himalaya et en Antarctique,
21:16 le secrétaire général de l'ONU
21:18 lance un cri d'alarme.
21:20 - Je suis ici aujourd'hui
21:22 pour crier depuis le toit du monde
21:24 "arrêtez la folie".
21:26 Les glaciers reculent mais nous ne faisons rien.
21:28 Nous devons mettre fin à l'ère des combustibles fossiles.
21:30 Nous devons agir maintenant
21:32 pour protéger les populations en première ligne
21:34 et pour limiter l'augmentation
21:36 de la température mondiale à 1,5 degré.
21:38 Le monde ne peut pas attendre.
21:40 - Car pour le moment,
21:42 selon l'ONU,
21:44 les engagements climatiques
21:46 pris par les pays du monde entier
21:48 ne permettraient pas de contenir
21:50 une hausse des températures
21:52 de 2,9 degré au cours de ce siècle.
21:54 - Lea Falco,
21:58 c'est inatteignable parce que c'est quoi ?
22:00 C'est une question de volonté politique
22:02 qui n'est pas au rendez-vous.
22:04 C'est une question
22:06 d'inacceptabilité des populations.
22:08 - C'est un peu plus compliqué que la simple volonté politique.
22:10 Mais disons que...
22:12 Je reviens au sujet de la COP parce que ça nous montre aussi
22:14 ce qui se passe dans les pays des Sud.
22:16 On a un triple problème dans les pays des Sud.
22:18 C'est des pays qui, historiquement, ont peu contribué
22:20 aux émissions de CO2, qui les subissent aujourd'hui
22:22 de manière disproportionnée de fait
22:24 par rapport à leurs propres émissions.
22:26 - C'est la double peine. - Mais la triple,
22:28 c'est qu'ils ont très peu de levier pour financer leur adaptation
22:30 et l'évolution de leur économie vers des sociétés bas carbone.
22:32 Donc, je reviens vraiment à la COP
22:34 parce que c'est normal qu'on ait des résultats mitigés à la fin.
22:36 Ce sont des arènes diplomatiques.
22:38 La question, c'est comment est-ce qu'on fait en sorte,
22:40 en France, en Europe,
22:42 d'avoir une position qui soit pas circonstancielle,
22:44 qui soit très claire sur le modèle
22:46 qui est proposé aux pays en développement.
22:48 - Alors, c'est quoi ?
22:50 C'est des fonds de solidarité pour déjà s'adapter ?
22:52 C'est quoi ?
22:54 C'est des investissements dans ces pays ?
22:56 - C'est des fonds d'adaptation
22:58 qui, aujourd'hui, sont censés exister depuis 2009,
23:00 depuis une COP à Copenhague, quand même,
23:02 et qui, aujourd'hui, ne sont toujours pas rassemblés.
23:04 100 milliards qui ne sont pas rassemblés
23:06 à la dernière COP, la COP 27 à Sharm el-Sheikh,
23:08 en Égypte. Il y a eu aussi cette histoire
23:10 de fonds, de pertes et dommages
23:12 qui a été actée,
23:14 mais qui, aujourd'hui, est toujours une coquille vide.
23:16 Donc, il faut voir les résultats à la fin de cette COP-là.
23:18 Et puis, foncièrement, il y a aussi la question
23:20 de comment est-ce qu'on organise des transferts
23:22 de fonds, de technologies,
23:24 de tout ce que vous voulez, bilatéraux, entre les pays.
23:26 On a des exemples, aujourd'hui, entre la France
23:28 et l'Afrique du Sud. Il y a vraiment une diplomatie
23:30 environnementale à inventer,
23:32 et c'est là que l'Europe a vraiment du poids,
23:34 parce que c'est un horizon à donner au monde.
23:36 Là, aujourd'hui, concrètement, quand vous regardez
23:38 un grand nombre de ces pays qui, aujourd'hui, sont en souffrance
23:40 et vont l'être de plus en plus,
23:42 ils n'ont pas énormément de modèles de développement.
23:44 Ils ont le modèle de développement proposé par des pétromonarchies,
23:46 qui passent, par ailleurs, par
23:48 tout un tas de dysfonctionnements structurels,
23:50 aussi, de leur appareil étatique, ce qui est important.
23:52 Il faut regarder l'image en entier.
23:54 - L'absence, au fond, de solidarité,
23:56 en tout cas de mise en oeuvre
23:58 des mécanismes de solidarité, avec des investissements,
24:00 de l'argent, de la coopération,
24:02 avec les moyens pour ces pays
24:04 de s'adapter.
24:06 On le souhaite tous.
24:08 Est-ce qu'on en a les moyens ?
24:10 Est-ce que l'Europe a les moyens ? Où est l'argent ?
24:12 Pourquoi ça tarde tant ? - Ce n'est pas une question
24:14 d'Europe, puisque dans le cadre du fonds
24:16 qui a été évoqué, il y a bien une volonté...
24:18 - Des pays du Nord, déjà. - ...que chaque pays du Nord
24:20 puisse contribuer, de sorte à ce qu'il y ait
24:22 une acceptabilité dans ces pays du Sud
24:24 qui ont, disons-le,
24:26 très peu contribué à ces gaz à effet de serre.
24:28 Donc, il faut faire attention
24:30 de ne pas opposer le Nord et le Sud,
24:32 parce que c'est une question
24:34 d'acceptabilité et d'engagement
24:36 de l'ensemble des sociétés.
24:38 Mais moi, je pense qu'il faut
24:40 avoir dans le cadre,
24:42 quitte à ce qu'il y ait peu d'acceptabilité
24:44 dans nos propres pays,
24:46 mais il faut que ces accords
24:48 ne soient pas que des feuilles de papier signées.
24:50 Il faut qu'il y ait des engagements
24:52 forts qui engagent chaque pays
24:54 dans le cadre de ces accords,
24:56 parce que sinon, nous resterons toujours
24:58 dans des bilans qui seront mitigés.
25:00 - Alors, ça, ça veut dire quoi,
25:02 concrètement ? Une superstructure
25:04 internationale qui a les moyens
25:06 d'imposer aux Etats ?
25:08 - Un engagement aussi pour que la représentation nationale
25:10 puisse suivre dans chaque pays
25:12 cette représentation nationale,
25:14 ou alors des citoyens qui suivent
25:16 de manière très précise les engagements
25:18 de cette COP, de sorte à ce qu'il y ait
25:20 la pression de la population.
25:22 - Ah, là, c'est les moyens d'agir,
25:24 les outils démocratiques
25:26 pour imposer,
25:28 de respecter ces engagements.
25:30 Aurélien Pradié.
25:32 - Je comprends qu'on attache beaucoup d'importance
25:34 à la COP, y compris symboliquement,
25:36 parce qu'elle est rentrée dans l'atmosphère
25:38 de notre vie publique, et nos concitoyens,
25:40 même s'ils ne se passionnent pas pour la COP,
25:42 comprennent désormais que c'est là que des décisions
25:44 pourraient se prendre. Je comprends que,
25:46 symboliquement, vous soyez frappé
25:48 de cette hypocrisie,
25:50 de cette insulte, presque, que ça représente
25:52 de le faire
25:54 à Dubaï.
25:56 Mais la politique de la chaise vide, elle est toujours perdante.
25:58 Toujours.
26:00 La bataille qui est à mener, elle nécessite une présence,
26:02 singulièrement de la parole française.
26:04 En 1970, Georges Pompidou
26:06 est président de la République. Un des premiers discours
26:08 qu'il prononce est à Chicago, on l'appelle
26:10 le discours de Chicago. On est dans une période
26:12 où il faut comprendre que la surconsommation
26:14 arrive et tout le monde veut son lave-linge,
26:16 sa bouteille de coca, etc.
26:18 Et Georges Pompidou, devant tout ce que
26:20 Chicago compte
26:22 d'acteurs économiques,
26:24 dit
26:26 "Cette société de consommation qui arrive
26:28 nous fera
26:30 perdre la capacité
26:32 d'avoir accès aux biens
26:34 élémentaires et rendra demain
26:36 la planète invivable
26:38 à l'homme." C'est en 1970.
26:40 Et depuis,
26:42 quelles sont vraiment les décisions politiques
26:44 majeures que nous avons prises sur le sujet ?
26:46 L'accord de Paris a été célébré
26:48 et il s'apprête à fêter ses 10 ans.
26:50 C'était le dernier. -2015.
26:52 C'était il y a 10 ans. On peut avoir des désaccords politiques,
26:54 nous en avons sûrement sur la vision de notre société.
26:56 Moi, je crois qu'on ne pourra rien régler
26:58 demain si on ne pose pas la question
27:00 de cette course folle à la consommation.
27:02 Vous, vous l'analyserez comme une nécessité
27:04 de décélérer,
27:06 de désindustrialiser, moi je ne l'analyse pas comme ça.
27:08 Pas forcément décroissante, madame Thalier-Pollet.
27:10 Je n'ai pas du tout dit désindustrialiser.
27:12 Je n'ai pas des points d'accord.
27:14 Je pense que la vraie question, c'est celle de la consommation
27:16 dans le monde. Et tout cela ne se réglera pas à la COP.
27:18 Tout cela se réglera, y compris dans nos parlements,
27:20 dans nos débats nationaux,
27:22 pour que chacun de nos concitoyens
27:24 puisse trouver des alternatives aux modes de consommation
27:26 que nous avons aujourd'hui.
27:28 Il y a un rapport au temps qui nous est défavorable.
27:30 Oui, et puis pardon, mais il y a aussi un rapport de force
27:32 qui nous est défavorable. Vous parliez des puissances
27:34 monarchiques du Golfe.
27:36 Elles n'ont pas de prise sur nous
27:38 que pour des questions énergétiques.
27:40 On le voit aujourd'hui dans la situation internationale.
27:42 Le Qatar est un des acteurs
27:44 majeurs du monde en matière diplomatique
27:46 pour la libération d'otages.
27:48 Voyez que notre dépendance...
27:50 Et on vient d'apprendre aussi que Riyad est choisie
27:52 pour l'exposition universelle.
27:54 Que notre dépendance à cette zone du monde,
27:56 elle ne concerne pas que le pétrole, malheureusement,
27:58 j'ose dire. Elle concerne tous les autres aspects
28:00 qui ont fait la puissance française.
28:02 Il faut que la France,
28:04 elle exprime une voix très forte
28:06 dans cette COP, sur deux sujets.
28:08 Mais elle n'est pas prête de le faire, malheureusement.
28:10 D'abord, c'est la sortie
28:12 des énergies fossiles. Et je dis bien
28:14 toutes les énergies fossiles.
28:16 Mais, comme le disait très bien Pierre Larouturou,
28:18 que fait la France ?
28:20 Elle ferme les yeux, voire elle soutient
28:22 des investissements privés
28:24 pour faire de nouveaux forages.
28:26 Aujourd'hui, ces nouveaux forages,
28:28 ce sont des bombes climatiques
28:30 à retardement. Donc il faut y aller.
28:32 - Là, vous dénoncez "total", notamment.
28:34 - Total. En fait, parce que
28:36 s'il n'y avait que les Émirats arabes
28:38 unis, ou les puissances
28:40 du Golfe, pour
28:42 continuer l'exploitation
28:44 à outrance de toutes les réserves
28:46 pétrolières, à la rigueur,
28:48 mais le problème,
28:50 c'est qu'aujourd'hui, à travers le monde,
28:52 on est en train d'investir
28:54 des milliards,
28:56 des milliards, pour ces projets
28:58 qui sont des bombes climatiques
29:00 à retardement. Et les pays du G20,
29:02 les Nords, les pays riches,
29:04 qu'est-ce qu'ils font ? Ils investissent.
29:06 Donc ça, il faut que ça s'arrête.
29:08 Et moi, je trouve que c'est une des plus grandes...
29:10 C'est bien plus hypocrite, c'est une hypocrisie
29:12 bien plus grande que le fait de se dire
29:14 que c'est à Dubaï. Et deuxième chose,
29:16 deuxième chose,
29:18 absolument indispensable, qu'il faut faire,
29:20 il faut que la France soit à la hauteur
29:22 de ses engagements propres,
29:24 qu'elle fasse en sorte
29:26 qu'il y ait des taxes,
29:28 comme le proposait Jean-Pyzani-Ferry,
29:30 et au niveau mondial aussi, qu'elle soutienne
29:32 fortement la création
29:34 d'une imposition mondiale pour financer...
29:36 -L'Europe passe sur une taxe carbone aux frontières, normalement.
29:38 -Pour financer la transition, pour financer
29:40 ce nouveau modèle économique,
29:42 pour financer la décarbonation,
29:44 et pour faire en sorte d'éviter
29:46 cette catastrophe. Mais des solutions,
29:48 elles existent, et il faudrait que la France
29:50 arrive à les mettre en oeuvre, et que l'Union
29:52 européenne aussi, qui est en train de faire
29:54 volte-face et de quitter
29:56 ses engagements climatiques, reprenne
29:58 la main pour faire en sorte qu'un nouveau
30:00 modèle, et qu'un modèle vertueux
30:02 et solidaire avec le Sud, puisse arriver.
30:04 -Pierre Larouturou, puis vous aurez le mot de la fin,
30:06 mais très rapidement. -La question de trouver des financements
30:08 est cruciale. On a parlé pour les pays du Sud,
30:10 qui souffrent du CO2 que nous, l'Europe et les Etats-Unis
30:12 en ont mis dans l'atmosphère, mais aussi,
30:14 on se souvient des Gilets jaunes.
30:16 Moi, dans mon coin des Pyrénées, il n'y a aucun transport en commun.
30:18 Tout ceux et celles qui ont du boulot doivent
30:20 prendre la voiture pour aller à Argelès ou à Pierrefille.
30:22 Donc je comprends très bien, si la seule réponse,
30:24 c'est qu'on va augmenter le prix de l'essence,
30:26 que les gens grognent. Donc il faut qu'on trouve de l'argent,
30:28 sans taxer M. et Mme Tout-le-Monde.
30:30 Le Parlement européen a voté deux textes
30:32 cette année pour demander qu'on mette en place
30:34 enfin la taxe sur les transactions financières.
30:36 Cette demande a été reprise par William Routaut,
30:38 le président du Kenya, au nom de tous les dirigeants
30:40 africains. Une petite taxe qui ne pèserait
30:42 pas sur M. et Mme Tout-le-Monde, une petite taxe
30:44 sur les marchés financiers de 0,1 %,
30:46 rapporterait 60 milliards. J'ai fait voter
30:48 deux fois le Parlement européen là-dessus.
30:50 À part l'extrême droite, tous les groupes ont voté ça.
30:52 Il y a le rapport de Jean-Yves-Anne Iféry aussi,
30:54 qui évoque énormément de leviers.
30:56 On est à 60 milliards pour réussir.
30:58 La France qui bloque, si Bruno Le Maire change d'avis,
31:00 si Bruno Le Maire change d'avis, on fera France.
31:02 Vous voyez Bruno Le Maire d'un mois, parce qu'il faut finir
31:04 la taxe sur les transactions financières,
31:06 pour finir.
31:08 Sur les transports du quotidien qu'ils appliquent dans les Pyrénées-Orientales,
31:10 la proposition de loi que j'ai portée sur les services express régionaux
31:12 métropolitains, ça apportera des citoyens
31:14 de nos concitoyens. Pousser l'Europe
31:16 à trouver de l'argent là où c'est possible.
31:18 Sur les transactions financières, vous y êtes favorable ?
31:20 Je suis favorable.
31:22 C'est pas la première fois que je l'exprime.
31:24 Mais il faut aussi que les autres pays s'engagent,
31:28 comme la France l'a fait, sur la fin de l'exploitation
31:30 et l'exploration d'hydrocarbons.
31:32 Et faire des centrales à charbon,
31:34 comme nous l'avons fait en France.
31:36 Tout à fait. La question, c'est quand, maintenant ?
31:38 Merci beaucoup. C'est un débat,
31:40 on va dire, un peu macro, mais c'était important
31:42 de l'avoir et on va continuer
31:44 à débattre de l'écologie avec
31:46 nos engagements, nous,
31:48 dans notre pays. Merci beaucoup,
31:50 d'être venu sur ce plateau.
31:52 Vous restez avec moi, Aurélien Pradié.
31:54 Dans une dizaine de minutes, les partis prêts de nos affranchis.
31:56 Ce soir, Olivier Babaud revient sur la révolution Tchadzibiti,
31:58 un an après son lancement seulement.
32:00 On a l'impression que ça fait beaucoup plus.
32:02 La trêve prolongée à Gaza
32:04 avec la libération de nouveaux otages,
32:06 on verra ça avec Vincent Eugeu. Et puis, de quoi nous parlez-vous
32:08 ce soir dans Bourbon Express, Elsa Mondragava ?
32:10 Je reviens sur la séance des questions au gouvernement,
32:12 l'hommage à Thomas et la passe d'armes
32:14 entre le garde des Sceaux et le Rassemblement national.
32:16 Parfait. A tout à l'heure, les amis.
32:18 Mais d'abord, on va plonger dans votre livre, Aurélien Pradié,
32:20 "Tenir bon", chez Bouquin.
32:22 C'est à vous lire, ce que vous disent les Français
32:24 que vous croisez aux quatre coins du pays.
32:26 Tenir bon pour dire non à la réforme des retraites.
32:28 Vous revenez sur cet épisode
32:30 qui vous a coûté la vice-présidence
32:32 des Républicains. Tenir bon aussi
32:34 pour ressusciter une droite populaire,
32:36 sociale, antilibérale,
32:38 anti-immigration. Comment ?
32:40 Puisque pour le moment, c'est plutôt
32:42 Marine Le Pen qui occupe la place. On voit ça
32:44 avec Marco Pommier dans son invitation
32:46 et on en parle tous les deux juste après.
32:48 Musique
32:50 Si on vous invite, Aurélien Pradié,
32:54 c'est parce qu'on s'interroge
32:56 sur vos ambitions et sur votre stratégie.
32:58 Étoiles montantes,
33:00 trublions à droite,
33:02 trop pressés,
33:04 manque de modestie.
33:06 La presse ne manque pas de mots
33:08 pour décrire votre ascension politique.
33:10 Il y a 15 ans, on vous posait déjà
33:12 la question.
33:14 - Quant à un éventuel avenir présidentiel ?
33:16 - C'est pas l'ordre du jour. On va déjà essayer
33:18 d'être bon conseiller général et on verra la suite après.
33:20 - Conseiller général à seulement 21 ans,
33:22 pas de mentor mais une figure tutélaire,
33:24 le grand Jacques,
33:26 comme vous dites. Sur votre CV
33:28 à l'époque, un simple bac
33:30 et une carte de militant UMP.
33:32 Mais votre aventure politique
33:34 se poursuit. A la mairie de
33:36 la Bastille-de-Mura, votre bastion,
33:38 puis à l'Assemblée nationale.
33:40 Député depuis 2017,
33:42 deux grands combats, les violences faites aux femmes
33:44 et le handicap,
33:46 marqué profondément par votre père paraplégique
33:48 après un AVC.
33:50 - On m'aurait dit que je m'occuperais du handicap
33:52 en faisant de la politique.
33:54 J'aurais sûrement parié que non.
33:56 - Des combats, des blessures,
33:58 des incertitudes et un engagement
34:00 que vous racontez aujourd'hui
34:02 dans une autobiographie à seulement
34:04 37 ans. Mais dans quel but Aurélien Pradié ?
34:06 Vous, l'enfant prodigue
34:08 de la droite, devenu l'enfant
34:10 terrible pendant l'épisode des retraites,
34:12 opposé à la réforme
34:14 malgré l'accord de votre parti
34:16 avec le gouvernement.
34:18 - Est-ce que le gouvernement a l'intention
34:20 d'assurer à toutes celles et ceux
34:22 en carrière longue,
34:24 avant 21 ans, qu'ils ne feront pas plus
34:26 de 43 annuités ?
34:28 - Le jour J, des voix à droite manquent
34:30 à l'appel. L'exécutif opte
34:32 pour le 49-3.
34:34 Eric Ciotti fulmine.
34:36 - Votre échappée solitaire vous coûtera
34:38 votre place de numéro 2 du parti.
34:40 - Il est mieux toujours payer le prix du courage
34:42 et de la liberté que payer
34:44 le prix de la compromission.
34:46 - Être libre dans une famille politique
34:48 divisée et éclatée, encore
34:50 aujourd'hui sur le projet de loi immigration.
34:52 Alors quelle pièce du puzzle
34:54 êtes-vous Aurélien Pradié ?
34:56 Où vous situez-vous entre les inflexibles
34:58 et les constructifs ?
35:00 Ce soir, on a une question pour vous.
35:02 Allez-vous pousser à nouveau le gouvernement
35:04 au 49-3 ?
35:06 - Réponse.
35:08 - Je ne le pousserai pas, c'est lui qui le décidera.
35:10 En tout cas, si j'ai une opposition,
35:12 dans la clarté, je voterai la motion de censure.
35:14 - Encore faut-il pouvoir déposer
35:16 cette motion. Aujourd'hui, les Républicains
35:18 n'y parviennent pas. Il faut
35:20 58 députés, avec ces fameux
35:22 constructifs qu'on a vus dans cette droite
35:24 façon puzzle, un peu plus
35:26 pronds à négocier
35:28 avec le gouvernement ce projet de loi.
35:30 Vous n'y êtes pas. C'est dire
35:32 à quel point vous êtes faible sur ce texte.
35:34 En tout cas, il est visible.
35:36 - Est-ce que la situation de la droite est facile ? La réponse est non.
35:38 Je crois qu'elle restera difficile
35:40 tant qu'au fond, nous n'aurons pas tranché
35:42 entre faire la courte échelle
35:44 à la fin de la Macronie
35:46 et reprendre notre liberté.
35:48 Il y a un clivage qui s'installe entre les rentiers
35:50 et les aventuriers.
35:52 - Vous êtes un aventurier, ça on l'a compris.
35:54 - Avec tous les risques que ça comporte.
35:56 Je ne prétends pas que ce soit une qualité,
35:58 mais je ne crois pas à cette idée que l'on puisse se glisser
36:00 dans les pantoufles d'Emmanuel Macron.
36:02 - Vous pouvez le prendre, pour vous,
36:04 il est personnel, mais pour le pays,
36:06 vous pourriez dire non
36:08 à un texte sur l'immigration
36:10 qui favorise les expulsions,
36:12 qui aurait permis d'expulser le meurtrier
36:14 d'Arras avant qu'il ne tue Dominique Bernard ?
36:16 Vous pourriez dire ça à vos électeurs
36:18 pour être compris franchement ?
36:20 - Mais c'est faux.
36:22 Et voilà tout le drame.
36:24 - Il y a un volet sur les expulsions.
36:26 - Ce texte-là n'aurait pas permis l'expulsion
36:28 de l'immigrant, le journaliste dont vous parlez.
36:30 - Avec le verrou des 13 ans.
36:32 - Non, c'est faux. Il n'aurait pas permis de le faire.
36:34 Et c'est d'ailleurs là que je me suis convaincu
36:36 depuis des années, ici, à l'Assemblée nationale,
36:38 comme député, que les défis étaient trop grands
36:40 pour se satisfaire des petits pas.
36:42 En matière migratoire, le défi est trop grand
36:44 pour se satisfaire de bricolage,
36:46 parce que nous l'opérons, le bricolage.
36:48 Dans quelques mois, les Français verront
36:50 que tout ça, au fond, c'est une distraction
36:52 portée par Gérald Darmanin pour sa carrière politique
36:54 et que l'enjeu du pays est secondaire.
36:56 - Une distraction, les mots sont très forts.
36:58 - Oui, les mots sont forts et je les pèse.
37:00 Je les pèse parce que je me fatigue
37:02 depuis des semaines
37:04 de lire ici ou là les commentaires,
37:06 de ce qui compte, la tactique,
37:08 ce qui fera que Gérald Darmanin réussira ou pas,
37:10 le conflit entre Gérald Darmanin
37:12 et Elisabeth Borne. Tout ça est dérisoire.
37:14 - Donc c'est non, même dans la version
37:16 durcie par le Sénat. Pour vous, c'est non ?
37:18 - C'est une version ramollie.
37:20 Nous avons posé un principe simple
37:22 sur lequel, d'ailleurs, tout le monde s'accorde.
37:24 Sans réforme de la Constitution de la République,
37:26 nous ne pouvons pas reprendre la main.
37:28 Et moi, je ne me laisserai pas assoupir
37:30 derrière des distractions, je le dis,
37:32 de la littérature qui consiste
37:34 à agiter le débat public et à être impuissant.
37:36 - Vous savez combien de temps ça prend
37:38 de réviser la Constitution ?
37:40 Est-ce que vous en avez même les moyens ?
37:42 3/5e, aller-retour, Sénat, Assemblée, Congrès.
37:44 Vous dites aux Français
37:46 qu'il faudrait encore attendre des dizaines de mois ?
37:48 - Non. Le président de la République
37:50 a un moyen d'aller vite, c'est le référendum.
37:52 - Pourquoi vous n'êtes pas allé au rencontre
37:54 de Saint-Denis et Eric Ciotti à Boycotte ?
37:56 - C'est la question d'Eric Ciotti,
37:58 mais la décision du référendum
38:00 ne se prend pas à Saint-Denis,
38:02 elle se prend à l'Assemblée nationale.
38:04 C'est le Parlement qui peut décider
38:06 d'une procédure qui débouche sur le référendum.
38:08 Ce qui, aujourd'hui, nous abîme profondément,
38:10 et abîme, d'ailleurs, sûrement
38:12 toutes les grandes démocraties du monde,
38:14 c'est leur impuissance.
38:16 Si nous ne sommes plus capables de faire appel au peuple
38:18 pour réformer la Constitution
38:20 face à un enjeu migratoire,
38:22 alors nos démocraties n'ont plus d'avenir.
38:24 Je crois qu'elles en ont un.
38:26 - On va rembobiner. Ca va mieux avec Eric Ciotti ?
38:28 - Oui. - Ca va mieux ?
38:30 - Ca n'a jamais été si dramatique. - Tout est pardonné ?
38:32 - Non, rien n'est pardonné. J'ai du mal avec le pardon.
38:34 C'est une affaire que je réglerai plus tard,
38:36 celle du pardon.
38:38 Mais nous sommes des responsables politiques.
38:40 Au-delà des conflits, on est capables de se parler.
38:42 - Vous... On va commencer...
38:44 On va parler de votre livre.
38:46 Tout commence dans votre histoire.
38:48 On l'a vu un peu dans le village de la Bastide-Murat.
38:50 On est dans le Lot.
38:52 Vous êtes né il y a 38 ans.
38:54 C'est une terre de gauche, c'est important de le préciser,
38:56 pour un adolescent de droite et très jeune.
38:58 Vous allez être gagné par la politique.
39:00 À 8 ans, votre père vous emmène
39:02 voir le grand Jacques, Jacques Chirac,
39:04 dans une réunion publique.
39:06 À 18 ans, vous délaissez la fac de droit,
39:08 Sciences Po Toulouse,
39:10 pour sillonner votre canton en mobilette.
39:12 Et à la surprise générale,
39:14 vous l'emportez face
39:16 à votre ancien prof de primaire.
39:18 C'est pas commun.
39:20 - C'est vrai. Au fond, c'est un parcours
39:22 duquel je tire pas de fierté particulière,
39:24 mais si j'ai voulu faire ce livre,
39:26 c'est aussi pour remercier tous ceux
39:28 dont j'ai croisé
39:30 la personnalité sur mon chemin.
39:32 C'est un parcours assez atypique,
39:34 qui ressemble, je pense,
39:36 à la démocratie et à la République.
39:38 La politique, elle a changé ma vie. Rien ne me prédestinait à ça.
39:40 Elle m'a permis de montrer
39:42 qu'il n'y avait pas de fatalité, et j'avais envie de le faire partager.
39:44 C'est un livre qui est assez peu politique.
39:46 - C'est un livre, c'est vrai,
39:48 personnel, et sans doute les pages
39:50 les plus intéressantes, parce que c'est rare
39:52 qu'un homme politique se livre
39:54 sur la figure paternelle,
39:56 notamment admirée, invincible,
39:58 qui sera frappée à vos saisons
40:00 d'un AVC qui le rendra
40:02 aphasique. Il ne peut plus parler,
40:04 les mots se sont envolés.
40:06 - Oui, j'ai en réalité
40:08 plus connu mon père ne parlant pas
40:10 que mon père parlant.
40:12 J'ai beaucoup hésité à parler de ça,
40:14 parce que je déteste
40:16 une forme d'impudeur en politique.
40:18 Je crois qu'on ne peut pas bien comprendre les politiques
40:20 si on ne les connaît pas. Après, chacun jugera
40:22 mes positions politiques, les appréciera ou pas.
40:24 Mais ce rapport
40:26 à mon père, cette épreuve
40:28 de ma vie, qui peut concerner des millions
40:30 de Français, au fond,
40:32 elle m'a structuré.
40:34 Je ne dis pas que c'est une gloire, mais je dis
40:36 que c'est nécessaire de pouvoir l'expliquer.
40:38 - C'est votre rapport au monde qui change,
40:40 de ça, vous découvrez la vulnérabilité.
40:42 - C'est mon rapport à la fragilité qui change,
40:44 c'est mon rapport aux autres.
40:46 Je vois très vite l'environnement familial
40:48 se resserrer, je vois tous ceux
40:50 qui nous passionnent du temps qui parfois disparaissent,
40:52 d'autres restent, les vrais amis.
40:54 Au fond, vous êtes jeté très vite dans une forme de fatalité.
40:56 Et à ce moment-là, la politique est pour moi une manière
40:58 de me sauver. - Avec deux mentors,
41:00 enfin, deux modèles. Chirac, on en a parlé,
41:02 le grand Chirac.
41:04 Ça, c'est très important,
41:06 vous en parlez beaucoup. Puis il y a Kessel qui m'a intéressée,
41:08 Joseph Kessel, ça, c'est l'aventure, à nouveau ?
41:10 - Oui, j'ai découvert Joseph Kessel
41:12 un peu tard, j'ai fait assez peu d'études,
41:14 je suis parti très vite vers l'aventure politique.
41:16 Et Kessel a été pour moi un personnage
41:18 très marquant. D'abord, celui qui écrivait
41:20 des pages magnifiques.
41:22 Kessel est un écrivain absolument gigantesque,
41:24 qui est capable de vous embarquer
41:26 dans son monde, et puis c'est un aventurier.
41:28 Et puis c'est un homme qui
41:30 a porté les couleurs
41:32 de la France durant deux guerres
41:34 sans avoir à l'origine la nationalité française.
41:36 Et je me suis dit très jeune,
41:38 comment peut-on aimer à ce point la France,
41:40 n'être pas français de naissance,
41:42 l'épouser, se battre pour elle
41:44 et devenir le grand Joseph Kessel ?
41:46 Ça a été pour moi
41:48 une des grandes révélations de la littérature,
41:50 et peut-être que ces personnages d'aventuriers,
41:52 totalement fous... - Vous croyez au destin,
41:54 on a l'impression, à votre destin.
41:56 C'est vrai que ça revient souvent,
41:58 mais vous vous combattez l'opportunisme
42:00 en politique, vous vous égratignez
42:02 beaucoup, jusqu'à Emmanuel Macron,
42:04 Gérald Darmanin,
42:06 vous dites "il n'y a pas de fatalisme".
42:08 Qu'est-ce que vous répondez à ceux
42:10 qui trouvent que vous êtes un peu pressé,
42:12 et qu'il y a un peu d'opportunisme
42:14 chez vous ? - Je ne vois pas
42:16 très bien où il y a de l'opportunisme dans mon parcours.
42:18 J'ai porté des aventures,
42:20 les Lotois m'ont beaucoup accompagné,
42:22 je leur dois immensément, c'était aussi une manière
42:24 de les remercier, de ne jamais oublier
42:26 d'où l'on vient. Pour le reste,
42:28 je m'y fais un peu.
42:30 J'ai un parcours qui n'est pas habituel,
42:32 je n'ai pas fait l'ENA, je ne viens pas du conseil...
42:34 - Vous n'avez jamais travaillé ? - Si, j'ai travaillé
42:36 dans une entreprise, Andros, oui.
42:38 - Vous êtes passé de mandat local
42:40 en mandat local. - Oui, avant de devenir député.
42:42 Devrais-je en avoir honte ? Devrais-je avoir honte
42:44 d'avoir été maire très jeune,
42:46 d'avoir porté mon parcours de cette manière-là ?
42:48 Vous savez, la vie, elle vous apprend parfois
42:50 des choses très tôt, ça a été mon cas,
42:52 en dehors même de l'entreprise, mais
42:54 je me suis fait à cette idée que, comme j'étais pas
42:56 parfaitement dans le moule, il fallait que j'aie su
42:58 beaucoup de critiques. - Et vous assumez parfaitement.
43:00 - C'est difficile à recevoir. Pour vous le dire clairement,
43:02 on ne peut pas avoir le sentiment... - Vous en souffrez ?
43:04 - C'est pas extrêmement agréable, mais je ne vais pas
43:06 me morfondre. Ceux qui considèrent
43:08 que mon exercice est narcissique
43:10 sont ceux qui, souvent, s'y sont soumis
43:12 bien avant moi. A 38 ans,
43:14 il faut accepter parfois d'être un peu décrié.
43:16 - Pour vous situer un peu
43:18 sur l'échiquier dans la droite,
43:20 idéologiquement, vous défendez
43:22 une droite qui se veut populaire, sociale,
43:24 antilibérale, vous êtes très clair
43:26 sur les dégâts qu'a fait la mondialisation,
43:28 très ferme, très, très ferme
43:30 sur la question sécuritaire, immigration.
43:32 Qu'est-ce qui vous différencie
43:34 vraiment de Marine Le Pen ? - Beaucoup de choses,
43:36 fondamentales. Le rapport aux autres,
43:38 le rapport à la République,
43:40 le rapport à la France. Je ne pense pas
43:42 que Marine Le Pen aime profondément la France.
43:44 Elle aime une petite partie... - Elle n'est pas patriote,
43:46 Marine Le Pen ? - Je pense qu'elle n'aime
43:48 qu'une petite partie de la France. - C'est-à-dire ?
43:50 - Moi, j'aime toute la France. - Quelle partie ?
43:52 - Aurait-elle aimé Joseph Kessel ? Je n'en suis pas certain.
43:54 Et Marine Le Pen n'est pas
43:56 l'idéologie que je souhaite épouser.
43:58 Pour le reste,
44:02 je ne suis pas antilibéral. Je dis
44:04 simplement, comme Georges Pompidou l'avait dit en 1970,
44:06 je l'évoquais tout à l'heure,
44:08 que la société de
44:10 surconsommation permanente écrasait
44:12 les âmes, écrasait
44:14 les individus, qu'elle ne les faisait pas
44:16 grandir. Ça, c'est pas une idée
44:18 des nuettes de sang,
44:20 c'est une idée profondément de droite,
44:22 de quelqu'un qui croit aux hommes
44:24 avant de croire
44:26 aux spéculations. - Très rapidement,
44:28 c'est ma dernière question, en 2007, Nicolas Sarkozy
44:30 avait réussi un grand pari,
44:32 ramener les électeurs du
44:34 Rassemblement national vers la droite.
44:36 Est-ce qu'il est réitérable, ce pari ?
44:38 Qui peut le remporter aujourd'hui ?
44:40 La France est à droite, c'est une évidence.
44:42 Qui peut remporter en 2027 ? - C'est le seul chemin.
44:44 Et mon combat face à Marine Le Pen,
44:46 c'est de faire en sorte... - Et qui, alors ? - Nous verrons.
44:48 Mais de faire en sorte que tous ceux qui, aujourd'hui,
44:50 lui font confiance, nous fassent confiance demain.
44:52 Pour ça, il faut une vraie révolution à droite.
44:54 C'est une révolution populaire.
44:56 Il faut que la droite soit à la fois révolutionnaire,
44:58 parce que les défis sont trop grands
45:00 pour ne pas l'être, et populaire,
45:02 parler à tout le monde, du chef d'entreprise
45:04 jusqu'à l'ouvrier. C'est un vrai défi.
45:06 - On attend donc de savoir
45:08 quel sera le grand leader à droite,
45:10 ou pas. Merci beaucoup.
45:12 Merci Aurélien Pradié. Tenir bon,
45:14 c'est-à-dire chez Bouquin, c'est personnel,
45:16 c'est politique, ça défouraille pas mal aussi
45:18 pour ceux qui aiment les formules choc.
45:20 Vous restez avec moi, c'est l'heure d'accueillir
45:22 nos affranchis pour leur parti pris.
45:24 Ils vont vous faire réagir également.
45:26 On les accueille tout de suite. Bienvenue les affranchis.
45:28 Olivier Babaud, de l'Institut Sapiens,
45:30 qui va nous parler de Chadjipiti,
45:32 qui a un an,
45:34 premier anniversaire, et puis Vincent Huger,
45:36 grand reporter. On va revenir sur cette trêve
45:38 qui se prolonge à Gaza, en échange, évidemment,
45:40 de nouveaux otages libérés. On commence par
45:42 Bourbon Express. L'histoire du jour à l'Assemblée,
45:44 c'est Elsa Mondingava, qui nous la raconte
45:46 ce soir. Bonsoir, Elsa. - Bonsoir.
45:48 Je reviens ce soir sur la séance de questions
45:50 au gouvernement, une séance qui a débuté par
45:52 une minute de silence, un hommage aux jeunes
45:54 Thomas tués dans une fête de village
45:56 à Crépole. C'est la présidente de l'Assemblée,
45:58 Yael Broun-Pivet, qui demande ce moment
46:00 d'hommage. - Pour Thomas,
46:02 en signe de solidarité
46:04 avec ses parents, sa famille,
46:06 ses amis, ses proches,
46:08 je vous demande, mesdames et messieurs
46:10 les membres du gouvernement, mesdames
46:12 et messieurs les députés, de bien
46:14 vouloir observer une minute de silence.
46:16 - Alors, cette minute de silence, évidemment,
46:22 elle a été respectée de manière unanime,
46:24 on le voit sur les images, sur tous les bancs
46:26 dans l'hémicycle. Elle avait été réclamée
46:28 par les Républicains dès la semaine dernière,
46:30 officialisée ce matin en conférence des présidents.
46:32 Elle a été acceptée, même si certains l'ont
46:34 trouvée un peu tardive, My. - Voilà, la solennité
46:36 pour cet hommage collectif
46:38 à l'Assemblée nationale, mais l'unité,
46:40 rompue, quelques minutes plus tard
46:42 dans l'hémicycle. - Exactement. La députée
46:44 du Rassemblement national, Michèle Martinez,
46:46 prend la parole, elle dénonce le laxisme
46:48 de la justice, rappelle qu'un des suspects
46:50 du meurtre de Thomas avait été condamné
46:52 à une peine légère. C'est pas la question
46:54 la plus polémique d'histoire du RN,
46:56 mais c'est sur cette question que le garde des Sceaux,
46:58 Eric Dupond-Moretti, décide
47:00 de se livrer à une violente charge
47:02 contre le RN. Écoutez.
47:04 - Vous préférez en réalité opposer
47:06 la France rurale et tranquille,
47:08 catholique et blanche,
47:10 à la France des cités ?
47:12 La France des Mohameds,
47:14 des Moulouds et des Rachides.
47:16 Nos frères juifs
47:18 ont peur.
47:20 Nos frères musulmans ont peur aussi.
47:22 Vos propos sont incendiaires
47:24 et ils amènent dans la rue
47:26 les militants de l'ultra-droite
47:28 qui sont bien plus proches de vous
47:30 que de moi. Pour être crédible,
47:32 faites le ménage.
47:34 Chassez de vos rangs
47:36 les gudards, les identitaires,
47:38 les nazions, les racistes,
47:40 les antisémites.
47:42 - Deux choses intéressantes
47:44 pendant que le ministre parle.
47:46 Le sourire de la Première ministre,
47:48 Elisabeth Borne, qui semble acquiescer.
47:50 Les députés du RN
47:52 qui quittent l'hémicycle. Marine Le Pen
47:54 débarque, celle des 4 colonnes,
47:56 et annonce qu'elle va porter plainte.
47:58 - La réponse est ordurière.
48:00 Nous n'entendons pas
48:02 nous laisser insulter
48:04 par un ministre,
48:06 quel qu'il soit,
48:08 en tant que députée,
48:10 nous sommes les représentants
48:12 du peuple français. Vous vous rendez compte
48:14 de la gravité de son propos ?
48:16 Ce propos est absolument
48:18 inadmissible et nous n'entendons pas l'accepter.
48:20 Et encore une fois,
48:22 il en répondra.
48:24 - Il en répondra devant la justice.
48:26 On le sait, Eric Dupond-Moretti est en attente
48:28 d'une autre décision qui sera rendue demain.
48:30 Elle pourrait sceller son sort au sein du gouvernement.
48:32 C'était peut-être le dernier baroud d'honneur
48:34 pour le ministre de la Justice.
48:36 Il va absolument axer les choses sur son combat
48:38 contre le RN.
48:40 - Merci beaucoup Elsa.
48:42 Une réaction après la mort de Thomas.
48:44 Eric Dupond-Moretti, est-ce qu'il a raison
48:46 de dire que le RN
48:48 oppose cette France rurale, catholique et blanche
48:50 à la France des cités,
48:52 des Mohamed et des Mouloud ?
48:54 - Eric Dupond-Moretti
48:56 est devenu l'idiot utile de Marine Le Pen.
48:58 J'espère qu'il s'en rend compte.
49:00 Toute cette mise en scène
49:02 a rendu service
49:04 au RN.
49:06 C'est ce que voulait Eric Dupond-Moretti,
49:08 en se faisant plaisir comme il l'a fait.
49:10 - Il l'a fait monter pour vous ?
49:12 - Bien sûr, mais c'est une évidence.
49:14 Le voulant ou pas, il leur sert la soupe.
49:16 - Qu'avez-vous pensé des réactions
49:18 du RN, d'Eric Zemmour ?
49:20 - C'est insupportable.
49:22 C'est insupportable parce qu'un gammay a été assassiné.
49:24 Parce que partout dans notre pays,
49:26 nous avons une montée de l'ultra-violence.
49:28 Partout.
49:30 La seule réponse que nous y donnons,
49:32 c'est une minute de silence.
49:34 Qui, je vous le dis comme je le pense,
49:36 me fatigue, m'exaspère.
49:38 Tant de débats pour savoir si nous allons avoir
49:40 une minute de silence ou pas.
49:42 C'est le spectacle d'un garde des Sceaux,
49:44 ministre de la Justice de la République,
49:46 qui rend un service immense à Marine Le Pen.
49:48 - Un garde des Sceaux qui dénonce aussi
49:50 le comportement incendiaire.
49:52 Ce sont ces mots de certains à la droite radicale,
49:54 à l'extrême droite.
49:56 Franck Hossid pour Eric Zemmour,
49:58 Rabzia pour Marine Le Pen,
50:00 qui a eu bien du mal à condamner
50:02 les descentes de l'ultra-droite
50:04 à Romain Surizère.
50:06 - Et vous ne me ferez pas choisir ?
50:08 Je condamnerai avec l'absolue fermeté nécessaire
50:10 l'acte ignoble
50:12 qui a concerné ce gamin,
50:14 et je condamnerai avec l'absolue fermeté,
50:16 sans aucune hésitation,
50:18 ces milices qui, aujourd'hui,
50:20 veulent se faire justice à la place de la République.
50:22 Mais il n'y a pas une seule seconde d'hésitation.
50:24 Quel est ce pays, quelle est cette démocratie
50:26 dans laquelle, désormais,
50:28 vous voudrez hésiter à dénoncer
50:30 ou des milices ou l'assassinat d'un gamin ?
50:32 Je ne choisis pas entre les deux.
50:34 Je veux que les deux cessent.
50:36 Parce que ce, je crois, c'est l'ordre républicain.
50:38 - Il y a un risque de basculement, comme l'a dit Olivier Véran,
50:40 dans la société. - Oui, il a raison.
50:42 C'est un basculement vers l'ultra-violence.
50:44 Il n'y a pas un sujet de violence
50:46 dans notre pays qui n'a pas pris
50:48 un cran supplémentaire.
50:50 Vous l'avez évoqué, j'ai beaucoup travaillé sur les violences conjugales.
50:52 Quasiment tous les féminicides
50:54 sont, aujourd'hui, précédés d'actes de torture,
50:56 de barbarie.
50:58 Nous n'avons pas, aujourd'hui, un seul règlement de compte
51:00 qui ne soit pas précédé
51:02 souvent d'actes de torture.
51:04 Vous voyez bien que... - Mesdames, votre diagnostic,
51:06 ça vient d'où ? Ça relève de quoi ?
51:08 - La décivilisation... - Comment ça s'explique ?
51:10 - C'est l'accoutumance que nous avons à l'ultra-violence.
51:12 Et le défi, la guerre de civilisation,
51:14 dont beaucoup parlent,
51:16 n'est pas une guerre de religion.
51:18 C'est la guerre entre ceux qui attachent
51:20 de l'importance à la vie humaine et ceux qui n'en attachent pas.
51:22 Sur la situation internationale,
51:24 dont vous parlerez sûrement. - On y va.
51:26 - La question des otages est absolument effrayante.
51:28 Nous sommes en train de nous habituer à ce que
51:30 les vies humaines ne valent presque plus.
51:32 - Alors, une transition parfaite pour cette chronique
51:34 de Vincent. Vous dérevenir, justement,
51:36 sur cette trêve qui se prolonge,
51:38 des otages à nouveau libérés,
51:40 une méthode qu'on découvre
51:42 sous les yeux du monde.
51:44 - Si l'on vous avait promis
51:46 qu'en ce 28 novembre,
51:48 50 des 240 otages
51:50 raflés par le Hamas lors de son équipé
51:52 barbare auraient recouvré
51:54 la liberté et que plusieurs dizaines
51:56 peuvent espérer un dénouement
51:58 analogue, vous auriez signé des deux mains
52:00 et moi aussi. Chacun devine
52:02 l'immense soulagement des intimes
52:04 à la mesure de l'angoisse dévorante
52:06 qui hantait leurs jours blêmes et leurs
52:08 nuits sans sommeil. Pas de quoi pour autant
52:10 céder à l'euphorie, car le plus rude
52:12 reste à venir, à en juger
52:14 par la gestion, tout en cynisme,
52:16 de son stock de captifs
52:18 par le mouvement de la résistance islamique.
52:20 Ces stratèges ont pris soin jusqu'alors
52:22 d'abréger le calvaire de femmes, d'enfants
52:24 et d'ados binationaux de préférence,
52:26 tel est le cas d'Eitan,
52:28 Erez, Sahar, les trois mineurs
52:30 franco-israéliens rendus au leur
52:32 hier lundi. Ils ont aussi relâché
52:34 sans contrepartie une vingtaine de travailleurs
52:36 asiatiques, thaïlandais pour la plupart,
52:38 dans l'espoir de s'assurer la bienveillance
52:40 des nations du Sud.
52:42 - Et alors vous nous dites que la suite
52:44 serait plus aléatoire ou pas ?
52:46 - Oui, du fait du profil des
52:48 380 kidnappés dont le cauchemar se
52:50 prolonge. Quid des hommes ?
52:52 Quid des détenus israélo-israéliens ?
52:54 Quid de la restitution
52:56 des dépouilles des otages décédés ?
52:58 Quid enfin des soldats de Tsaïle ?
53:00 Nul doute que pour ceux-ci, le Hamas
53:02 durcira le barème appliqué jusqu'alors,
53:04 à savoir trois prisonniers palestiniens
53:06 élargis pour un captif libéré.
53:08 Au fil des jours, le marchandage humain
53:10 risque de se faire plus âpre,
53:12 d'autant qu'affleure un autre facteur d'inquiétude.
53:14 Tout indique que certains des
53:16 disparus de Gaza sont aux mains d'autres
53:18 factions radicales, telles le djihad islamique
53:20 ou le FPLP, Front Populaire de
53:22 Libération de la Palestine, voire
53:24 de gangs locaux avides de
53:26 monnayer leurs butins. - Et conséquence pour le
53:28 Hamas, selon vous ? Affaibli sur le plan militaire
53:30 forcément ? Est-ce que ça peut être un regain politique ?
53:32 - Quoi qu'il advienne demain,
53:34 et la morale du tel y laissait des plumes
53:36 parbrassées, les assassins du 7 octobre
53:38 ont marqué des points. Bien sûr,
53:40 les tractations transitent pour l'essentiel
53:42 via leur bienfaiteur Qatari, épaulés
53:44 en cela par l'Egypte et les Etats-Unis.
53:46 Il n'en est pas moins que l'Etat hébreu se
53:48 voit contraint de traiter avec un ennemi
53:50 qu'il a juré d'anéantir, et
53:52 qui de plus redore au sein des masses arabes
53:54 un blason pour le moins terni.
53:56 La brutalité extrême de la riposte de Tzahal,
53:58 fatale à des milliers de civils palestiniens,
54:00 grossira à coup sûr
54:02 les rangs des vengeurs et des vatanguers.
54:04 Quant au retour au foyer de centaines de prisonniers,
54:06 il sera porté au crédit du
54:08 Hamas. Jamais on n'avait vu tant
54:10 de ces drapeaux verts flotter dans le
54:12 ciel de Cisjordanie, et pourtant.
54:14 - Et pourtant quoi ? - Et pourtant,
54:16 une chercheuse de l'université Princeton,
54:18 Amané Jamal, vient de dévoiler
54:20 le verdict d'une enquête d'opinion
54:22 d'ailleurs écourtée par le carnage d'octobre.
54:24 Leçon numéro un, la majorité des palestiniens
54:26 rejettent dans un même mouvement
54:28 l'occupation israélienne et la dictature
54:30 du Hamas. Plus des deux
54:32 tiers des Gazaouis sondés disent
54:34 faire peu ou pas confiance
54:36 aux maîtres de la bande, et la plupart
54:38 imputent leurs épreuves du quotidien à
54:40 la décompétence et à la corruption du
54:42 pouvoir islamiste, plus qu'au blocus,
54:44 implacable d'ailleurs, infligé depuis 2007
54:46 par Israël. Qu'en sera-t-il
54:48 demain ? Mystère. - Merci beaucoup.
54:50 Merci Vincent de reléguer ce travail
54:52 précieux de cette chercheuse à Gaza
54:54 à l'heure où aucun journaliste
54:56 n'est admis dans le territoire.
54:58 On termine avec vous, un peu moins de temps
55:00 mais tout aussi intéressant. Premier anniversaire
55:02 de Chathdjipiti, la révolution
55:04 de l'intelligence artificielle est parmi nous.
55:06 - Un an est tout sédant.
55:08 Peut-être que les historiens diront plus tard
55:10 que le 21e siècle a vraiment
55:12 commencé en novembre 2022.
55:14 Le 30 novembre 2022, Chathdjipiti 3.5
55:16 a été publié par OpenAI
55:18 et a fait entrer le monde
55:20 dans une phase d'accélération absolument inouïe.
55:22 Depuis le 18e siècle, les cycles
55:24 d'innovation raccourcissent.
55:26 Les machines à vapeur et le rail, on se souvient, l'électricité,
55:28 puis la pétrochimie, puis Internet, et maintenant
55:30 l'intelligence artificielle. Le passage
55:32 de l'ère d'Internet à l'ère de l'IA avait
55:34 pris 20 ans, et là on voit que désormais
55:36 les innovations se comptent
55:38 plutôt en mois, voire en semaine.
55:40 - Alors en quoi c'est une véritable
55:42 révolution ? - Alors il y aurait
55:44 évidemment beaucoup à dire, mais très rapidement, jusque-là,
55:46 les technologies remplacées, les tâches peu qualifiées,
55:48 la grande nouveauté, c'est qu'il y a
55:50 génératifs, puisque c'est de cela dont il s'agit,
55:52 remplacent des tâches intellectuelles et créatives d'assez
55:54 haut niveau, voire de très haut niveau.
55:56 Le travail se transforme déjà, à l'heure
55:58 où on en parle dans le tertiaire, il le manque
56:00 à productivité, et parfois il remplace des tâches,
56:02 voire certains emplois dans certains cas.
56:04 Des tâches intellectuelles complexes peuvent être automatisées,
56:06 l'IA peut programmer, dessiner,
56:08 concevoir des projets de contrat, des textes
56:10 de toutes sortes, les applications sont infinies.
56:12 On va ensuite entrer rapidement
56:14 dans l'ère des assistants humanoïdes. Les progrès
56:16 foudroyants de la robotique mettront dans nos foyers,
56:18 dans nos bâtiments, publics et partout
56:20 en fait, des robots aux formes humaines qui
56:22 accompliront mille tâches, nettoyage, entretien,
56:24 cuisine, soins, soutien scolaire,
56:26 c'est évidemment assez inouï,
56:28 on peut penser que l'IA nous permettra d'accélérer le progrès
56:30 technologique et scientifique aussi,
56:32 ce qui pourrait nous faire entrer dans une boucle exponentielle
56:34 d'avancées, les technologies du vivant pourraient faire
56:36 un bond, une autre longévité avec elles.
56:38 Et menaces associées à ces
56:40 révolutions technologiques ?
56:42 Oui, effectivement, il y a une face obscure à cette médaille,
56:44 les risques portés sont innombrables aussi.
56:46 Domination militaire de pays et ennemis
56:48 qui disposeraient de meilleures technologies,
56:50 manipulation en tous genres, absence de pluralisme
56:52 des sources d'informations, affaiblissement physique
56:54 et intellectuel d'individus constamment assistés,
56:56 et puis allons encore plus loin,
56:58 une grande majorité de chercheurs sont aujourd'hui convaincus
57:00 que l'IA nous dépassera dans tous les domaines.
57:02 Mais en gros, il y a deux camps.
57:04 Il y a ceux qui disent que l'IA est tellement dangereuse
57:06 qu'il faut la freiner, qu'il faut la réguler lourdement,
57:08 et ceux qui pensent qu'il faut avancer
57:10 et pensent que les avantages dépasseront les inconvénients.
57:12 Le patron de la recherche de Microsoft, Eric Horvitz,
57:14 nous implore de prendre des mesures pour limiter le risque,
57:16 et en face, Salomon Hatman a écrit cet été
57:18 qu'il est convaincu que la super-intelligence artificielle
57:20 sera là avant 2030.
57:22 Il est dans le camp des accélérationnistes,
57:24 il vient de gagner son bras de fer
57:26 contre le Conseil d'administration d'OpenAI,
57:28 puis qu'il a viré le Conseil d'administration,
57:30 et il est resté.
57:32 C'est donc pour l'instant le camp des accélérationnistes
57:34 qui gagne. Bonne chance à tous.
57:36 - Et qui nous inquiète particulièrement.
57:38 Merci beaucoup, Olivier Babaud.
57:40 Il va nous falloir de grands hommes,
57:42 pas forcément des hommes forts,
57:44 mais de grands hommes face à ce chaos du monde
57:46 et à ces abîmes technologiques.
57:48 Alors peut-être en êtes-vous.
57:50 - Je ne suis pas totalement à cette prétention.
57:52 - En tout cas, si vous voulez vous faire une idée
57:54 sur une trajectoire et une ambition,
57:56 vous pouvez nous en dire aux éditions Bouquin.
57:58 Très belle soirée et à demain.
58:00 Sous-titrage Société Radio-Canada
58:02 ♪ ♪ ♪
58:12 [SILENCE]

Recommandée