Sans issue La tuerie de Chevaline S01E04 Si proche

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Retour sur la mystérieuse tuerie de Chevaline, une série d'assassinats où les enquêteurs français et britanniques sont confrontés à un labyrinthe de pistes.

Longtemps considéré comme une victime collatérale de la tuerie de Chevaline, Sylvain Mollier, le cycliste français retrouvé mort lui aussi le 5 septembre devient la cible privilégiée des enquêteurs pour expliquer le drame. Ceux qui auraient pu lui en vouloir sont suspectés un à un. Un petit village, Ugine, devient le coeur d'une enquête qui mobilise plus d'une centaine d'enquêteurs. Sylvain Mollier était au milieu d'un triangle amoureux, des passions qui conduisent parfois au pire !
Transcript
00:00 ...
00:07 -Que s'est-il passé sur les hauteurs du lac d'Annecy ?
00:12 Une famille britannique a été massacrée.
00:14 -Dans le véhicule, 3 personnes mortes.
00:17 Le conducteur, un homme, 2 femmes à l'arrière, mortes.
00:20 A côté du véhicule, un cycliste, mort également.
00:23 -Les enquêteurs ont perquisitionné la caravane
00:26 et le haut-vent de la famille Ali.
00:28 -Il y a des papiers, des documents officiels,
00:30 des disques durs, des clés USB.
00:32 C'est étonnant pour une petite famille en vacances.
00:35 -C'est un crime comme handicap.
00:37 Comme tous les crimes, on ne laisse aucune trace.
00:40 Aucun indice. Zéro.
00:41 -J'ai eu à prendre contact auprès de services secrets
00:44 pour avoir des informations.
00:46 -L'hypothèse qui tient le plus, c'est le contrat.
00:49 -Sa plus grande crainte, c'était son frère.
00:51 -On a 2 frères et un héritage contesté.
00:54 -Un patrimoine de 3-4 millions d'euros.
00:56 -Il a été tué pour l'argent.
00:58 -Mais combien tu es pour l'argent ?
01:00 -Les autorités françaises ont immédiatement écarté le cycliste
01:04 en décrétant qu'il était là au mauvais moment,
01:06 au mauvais endroit.
01:08 C'est l'inverse.
01:09 Simon Mollier était la cible ce jour-là.
01:12 ...
01:16 -C'est une tuerie sans explication.
01:18 -Cette macabre découverte entre Chevaline et Doussard.
01:22 -Exécution par balle d'une famille dans sa voiture.
01:25 -Un homme s'est probablement trouvé là,
01:27 au mauvais endroit, au mauvais moment.
01:29 -Ce cycliste français qui passait par là.
01:31 ...
01:33 -L'un des éléments curieux de cette affaire, c'est le cycliste.
01:37 ...
01:38 -Le cycliste n'avait pas cette morphologie orientale
01:41 que pouvaient avoir les victimes dans le véhicule.
01:44 ...
01:46 -Tout de suite, le procureur le dit ouvertement
01:50 que Sylvain Mollier n'était qu'une victime collatérale
01:53 de cette affaire.
01:54 ...
01:56 Il n'avait pas nécessairement de lien direct
01:59 avec les personnes dans le véhicule.
02:01 ...
02:04 -Est-ce qu'il était là par hasard ?
02:06 Ou est-ce que c'était lui la cible ?
02:09 ...
02:10 -J'avais la conviction qu'il n'était pas la cible
02:13 et qu'il n'était pas la cause.
02:15 Je me suis peut-être trompé.
02:17 ...
02:45 ...
02:48 ...
02:50 ...
03:01 -Les experts scientifiques, ceux qui étudient la balistique sur tout,
03:05 vont découvrir des éléments qui changent tout.
03:07 ...
03:11 ...
03:16 Quand on analyse la scène de crime,
03:18 le cycliste est celui qui a été tué en premier.
03:21 ...
03:24 On sait que le tueur est positionné face à lui.
03:27 ...
03:31 -Sylvain Mollier a sans doute été le premier tué
03:34 sur la scène de crime, parce que son corps
03:37 porte des traces de ripage.
03:39 En termes techniques, ça veut dire qu'il a été traîné
03:42 par un véhicule sur le bitume.
03:45 Et le corps de Sylvain Mollier va rester coincé
03:50 quelques secondes sous le châssis de la BMW
03:53 et va l'entraîner avec lui.
03:55 On voit très bien sur le parking du Martinet
03:58 ce demi-cercle désespéré que tente de faire Saad Al-Hilly
04:02 pour fuir. En reculant, il roule sur le corps de Sylvain Mollier,
04:06 qui est déjà mort.
04:09 Et on retrouvera effectivement des traces de sang
04:12 sur le châssis de la BMW.
04:14 ...
04:18 -Le tueur a tiré deux balles dans la tête de Sylvain Mollier.
04:22 C'est lui qui a reçu le plus de balles.
04:25 -Ca peut ressembler, effectivement, à une exécution,
04:28 une vengeance, à quelque chose d'extrêmement...
04:32 passionnel, irrationnel.
04:36 -Le plus probable, c'est que ce soit lui qui était suivi.
04:41 Quelqu'un pouvait connaître la route qu'il allait prendre
04:46 ce jour-là et l'attendre sur le parking de la Comdir.
04:52 -Sylvain Mollier n'est plus une victime collatérale
04:55 qui passait par hasard.
04:57 Il devient la potentielle cible principale.
05:00 On mobilise l'enquête sur sa ville, Ugine,
05:03 qui est seulement à 20 km de Chevaline.
05:05 -On pensait jamais que ça pouvait arriver à quelqu'un d'Ugine
05:10 d'être tué comme ça.
05:12 On s'attendait pas, dans notre petit département,
05:16 à une telle affaire.
05:18 C'est une région où tout le monde se connaît.
05:22 A Ugine, il fait bon vivre.
05:24 Il y a le lac d'Annecy, il y a les montagnes, pas loin.
05:28 C'est un environnement parfait.
05:31 ...
05:34 -Sylvain, il était franc, sincère, honnête.
05:38 Il aimait le contact avec les autres.
05:41 C'était pas quelqu'un de renfermé.
05:44 ...
05:50 -Sylvain Mollier, c'est un ouvrier très qualifié de chez Arriva,
05:53 qui travaille dans le nucléaire.
05:55 Au cours d'un voyage du comité d'entreprise,
05:58 il va rencontrer Claire.
06:00 En fait, ça va être le coup de foudre.
06:03 Le seul problème, c'est que dans cette affaire,
06:06 quelqu'un va en pâtir, l'ancien compagnon de Claire,
06:09 un de ses collègues, Nicolas.
06:11 ...
06:15 Claire Schultz, elle,
06:18 elle est avec Nicolas depuis un très long moment.
06:21 Ca fait 7 ou 8 ans.
06:22 On commence déjà à évoquer le mariage.
06:25 La situation entre Sylvain Mollier et Nicolas
06:28 est d'autant plus critique,
06:30 que les deux hommes se connaissent depuis longtemps.
06:32 Ils jouent tous les deux dans la même équipe de foot.
06:36 ...
06:42 -Ca a été dur pour lui de l'admettre
06:45 que son meilleur ami prenne sa copine.
06:50 Dans les vestiaires, on voyait bien que c'était pas l'amour.
06:54 ...
06:57 -Il se voit tous les jours à l'usine,
06:59 à tel point que ça va créer des tensions telles dans le service
07:04 que la hiérarchie va être obligée d'intervenir
07:07 pour les séparer de service,
07:09 pour qu'ils ne puissent pas se rencontrer
07:11 et qu'il n'y ait plus d'incidents à venir.
07:14 Claire va définitivement choisir Mollier.
07:16 Et voilà, elle va décider de vivre avec lui,
07:19 d'avoir un enfant avec lui.
07:21 -Il est vrai que le compagnon,
07:23 l'ex-compagnon de Claire,
07:25 passait pour un mari trompé.
07:29 Et aurait pu, évidemment,
07:32 en avoir, après Sylvain Mollier,
07:36 au point de le tuer.
07:37 ...
07:40 -Donc là, on a une affaire passionnelle
07:43 qui monte aux narines des gendarmes.
07:45 Ils se disent "Oula, est-ce qu'on a pas là
07:48 "quelqu'un qui, pris de rage,
07:50 "a voulu éradiquer tout le monde ?"
07:54 Ce qui expliquerait pourquoi Sylvain Mollier est le premier tué,
07:57 pourquoi c'est lui qui prend le plus de balles.
08:00 -On enquête sur Nicolas.
08:02 La jalousie pourrait expliquer l'acharnement sur le cycliste,
08:05 le fait de lui tirer des balles dans la tête.
08:08 Mais on a aussi un problème sur cette piste.
08:10 Il n'a aucune expérience dans les armes.
08:13 Il n'a pas la capacité d'avoir commis ces meurtres lui-même.
08:16 Et là...
08:17 ...
08:19 -I discovered that...
08:21 J'ai découvert que les gendarmes français
08:24 avaient interrogé un habitant du coin,
08:26 Patrice Menegaldo,
08:28 un ancien légionnaire,
08:31 un grand habitué des guerres dans le monde entier.
08:35 ...
08:37 -Selon les investigations des gendarmes,
08:39 on voit que le tueur est un professionnel,
08:42 un mec qui bouge vite, qui laissait tirer,
08:46 et donc Menegaldo correspondait un peu à ce profil.
08:51 ...
08:53 -C'est un homme qui avait fait 20 ans de légion,
08:56 qui avait été sur tous les théâtres d'opération extérieure
08:59 de la légion étrangère,
09:00 donc quelqu'un à habitué à la mort, qu'il avait côtoyé.
09:03 -Ce légionnaire nous intéresse
09:05 parce qu'il a un profil inhabituel.
09:08 C'est souvent ce qu'on cherche dans ce genre d'enquête,
09:12 ce qui sort de l'ordinaire.
09:13 Et lui, il n'a pas de téléphone portable,
09:16 pas d'ordinateur, et son truc, c'est les stands de tir.
09:19 ...
09:21 -Surtout qu'en plus, plusieurs témoins vont parler
09:24 d'un changement d'attitude après la tuerie.
09:27 Un détail revient, et c'est pour nous un déclencheur,
09:30 on l'a vu déposer des fleurs sur le site de la tuerie.
09:33 C'est un classique du crime, les auteurs reviennent souvent
09:36 sur les lieux.
09:37 Enfin, on va découvrir que le légionnaire était bien plus proche
09:41 du cycliste que ce qu'on imaginait.
09:43 ...
09:45 -Je suis Christelle Menegaldo,
09:47 je suis la soeur de Patrice Menegaldo.
09:50 A l'origine, c'est une ville de 7 000 habitants,
09:53 beaucoup de gens se connaissent.
09:55 Par exemple, nous, nous connaissons la famille Meulier
09:58 depuis de nombreuses années.
10:00 Nos liens, depuis très longtemps, étaient vraiment très positifs.
10:05 La soeur de Sylvain, je la connais depuis l'adolescence.
10:09 -Dans cette histoire, un autre fait m'a intrigué.
10:14 Patrice Menegaldo a été en couple avec Sylviane,
10:17 la soeur de Sylvain Meulier, pendant plusieurs années.
10:21 Il y a donc un lien direct entre lui et l'une des victimes.
10:27 ...
10:33 -Mon frère a expliqué à ma mère qu'il avait été auditionné
10:37 dans le cadre de l'affaire de Chevaline,
10:39 mais il ne nous en a pas dit plus.
10:42 Ensuite, avec ma mère, on parlait,
10:44 on trouvait qu'il s'était renfermé, il était fragilisé.
10:47 ...
10:50 -Cette première guerre d'abus ne va rien donner.
10:53 On sait aussi qu'on a quelqu'un de fort en face de nous,
10:56 qui ne va pas craquer.
10:57 C'est un légionnaire qui a fait toutes les guerres.
11:00 Alors on va faire le choix de le laisser partir
11:03 et de surveiller, de chercher d'autres éléments.
11:07 ...
11:12 -Sylvain Meulier était un père de famille aimant.
11:15 Ca ressort aussi très clairement de l'enquête sur son environnement.
11:19 Il adorait ses deux adolescents, le petit bébé de sa nouvelle compagne.
11:22 ...
11:27 -Je crois que tout est devenu plus clair
11:31 avec la publication d'un article du "Sunday Times"
11:35 en novembre 2012.
11:37 ...
11:40 Il revenait sur le passé de Sylvain Meulier.
11:43 Et il donnait de nouveaux détails
11:47 sur tous les problèmes
11:51 dans la relation entre Sylvain Meulier
11:53 et la famille de Claire Schulz.
11:55 ...
12:00 -Sylvain était un ouvrier,
12:04 on peut le dire, c'est pas une tare,
12:08 mais il était un ouvrier,
12:10 il était pas très fortuné, il gagnait sa vie normalement,
12:14 qu'il avait déjà deux enfants,
12:17 mais bon, ça pouvait gêner la famille, quelque part,
12:21 dans leur fille unique se marier avec un garçon beaucoup plus vieux.
12:26 -C'est clair que Thierry Schulz ne voit pas cette union
12:30 sous les meilleurs auspices.
12:32 Il a une fille qui vient de céder sa pharmacie,
12:35 qui est prospère,
12:37 qui est une pharmacie qui est très bien placée.
12:41 -Donc c'est l'oeuvre de toute une vie des parents de Claire
12:45 qui est en main de leur fille.
12:48 ...
12:52 -Sylvain Meulier ne travaillait plus depuis trois ans
12:57 quand il a été tué.
12:59 Il voulait rester à la maison pour s'occuper de son enfant,
13:04 ce qui est tout à fait normal et compréhensible,
13:08 mais si on était cynique,
13:11 on pourrait dire qu'il profitait de l'argent de sa nouvelle femme.
13:17 ...
13:24 -La famille de Claire Schulz, c'est une famille de notables
13:28 qui impose sa loi sur les témoignages utiles
13:30 à des amis de Sylvain Meulier, à des proches de Claire.
13:35 ...
13:40 -Thierry Schulz est un homme très influent là-bas.
13:44 Il a un gros carnet d'adresse grâce à sa famille.
13:49 On dit même qu'il est proche de certains politiques.
13:54 -On dit que l'omerta, c'est les Italiens avec Corse,
13:58 en Savoie, ils sont très omertas.
14:00 C'est clair, le Savoyard est quelqu'un qui ne parle pas beaucoup.
14:05 D'ailleurs, les Anglais sont heurtés aussi à ça.
14:08 ...
14:10 -Il y avait beaucoup de mystères autour de lui.
14:14 C'était difficile de se faire un avis sur lui.
14:19 Il y avait une sorte de consensus général
14:22 pour ne rien révéler, pour tout dissimuler,
14:25 pour faire en sorte que les journalistes
14:27 ne creusent pas plus dans sa vie.
14:30 ...
14:32 -On cherche à identifier des connexions
14:35 entre toutes ces personnes.
14:37 Qui aurait pu en vouloir à Meulier ?
14:39 Et qui aurait pu s'entendre, s'organiser entre eux ?
14:42 Mais ça ne donne rien.
14:44 ...
14:47 On attaque alors cette piste autrement.
14:49 Qui savait que Meulier était là, sur cette route de montagne ?
14:53 ...
14:54 Qu'allait-il faire sur cette route ?
14:57 Ce n'était pas son trajet habituel,
14:59 ce n'était pas le trajet qu'il prenait
15:01 pour aller faire ses balades en vélo.
15:03 -Les enquêteurs ont demandé ce qu'il faisait là,
15:06 avec ce vélo-là.
15:07 La route est une route défoncée,
15:09 qui peut s'emprunter à VTT aisément,
15:12 mais pas à vélo de course, si on tient à son matériel.
15:15 -C'est un trajet escarpé,
15:16 il y a beaucoup de nids de poules, la route est mauvaise.
15:20 Pour un cycliste, c'est compliqué.
15:22 ...
15:23 -Le vélo, c'était son dada.
15:25 Dès qu'il avait un moment, il faisait du vélo.
15:28 L'endroit où il y a eu la tuerie,
15:31 à part des gites ou des chemins de rando,
15:34 en vélo, il n'y avait pas grand intérêt.
15:36 Pourquoi Sylvain était là-bas en vélo,
15:38 j'en ai aucune idée.
15:40 C'est vraiment un mystère.
15:43 ...
15:48 -Le beau-père de Sylvain, le père de Claire,
15:52 savait qu'il allait faire du vélo ce jour-là.
15:55 Et c'est lui qui lui a conseillé l'itinéraire.
15:58 -On a cru comprendre à un moment, d'après les témoignages,
16:01 que son beau-père l'avait guidé vers cette route,
16:04 lui avait dit que ça serait bien d'aller là-bas,
16:07 la vue est très belle, c'est une belle balade,
16:09 c'était sympa, c'est un endroit où il faut aller.
16:12 Il l'a influencé pour aller là-bas, ça posait question.
16:15 ...
16:20 -On s'est demandé si le beau-père de Sylvain Mollier
16:24 avait un problème avec lui
16:26 et aurait orchestré tout ça.
16:29 ...
16:32 -J'ai posé la question à Eric Maillot,
16:34 le procureur d'Annecy, qui gérait l'enquête à l'époque,
16:37 en lui demandant pourquoi on sait si peu de choses
16:40 sur ce cycliste, sur sa famille,
16:42 alors qu'on a tellement d'informations
16:44 sur la famille britannique.
16:46 Il s'est contenté de nous répondre nos comètes.
16:50 -C'est son beau-père, Thierry, qui peut conseiller cet itinéraire,
16:53 sur une piste qui a été creusée ?
16:55 -Sans commentaire.
16:58 -Il y avait des tensions dans cette famille ?
17:02 -Sans commentaire non plus.
17:04 -D'accord.
17:06 Musique douce
17:09 ...
17:11 -Thierry Schulz, le beau-père, n'est pas du tout collaboratif.
17:15 Il nous prend de haut,
17:17 il choisit le gendarme à qui il veut bien parler,
17:20 ce genre de choses,
17:21 donc on vérifie, comme on le fait toujours,
17:24 sa téléphonie le 5 septembre.
17:25 Il n'a reçu aucun appel
17:28 et n'en a émis aucun au moment des faits.
17:31 ...
17:37 Alors on chronomètre le temps de parcours
17:39 entre son domicile et la scène de crime.
17:42 On a une première vérité,
17:44 il ne peut pas physiquement avoir pu commettre les meurtres.
17:47 C'est pas possible.
17:48 Après des mois de recherche sur ces pistes locales,
17:53 la famille du légionnaire nous contacte.
17:56 ...
18:04 -C'était un mardi,
18:07 mardi 2 juin,
18:08 et ma mère m'appelle et me dit
18:12 "écoute, ton frère aurait dû passer",
18:16 parce qu'il passait voir ma mère porter son pain
18:18 et je ne l'ai pas vue.
18:20 ...
18:23 Donc ma mère avait le double de clés,
18:26 on est montés,
18:27 on a ouvert la porte,
18:29 et là, également, tout de suite,
18:31 on a compris que quelque chose n'allait pas,
18:33 sa chambre était restée dans l'obscurité.
18:36 ...
18:45 J'ai pris ma mère par le bras
18:46 et je l'ai vite fait reculer
18:48 pour pas qu'on reste avec la vision qu'on avait sous les yeux.
18:52 Donc voilà.
18:53 Mon frère avait la tête en bas,
18:58 il était sur son lit
18:59 et il avait encore le canon de son arme dans la bouche.
19:03 Sa tête était au-dessus d'une mare de sang.
19:06 ...
19:08 S'il voulait, quand on l'a trouvée,
19:10 on était dans un état de stupéfaction,
19:14 c'est très violent,
19:15 c'est comme si on vous arrachait la peau d'un coup,
19:18 on ne comprend pas ce qui se passe.
19:20 Et il avait mis des courriers sur la table basse.
19:25 ...
19:27 -Cet homme a écrit une lettre,
19:29 m'a écrit une lettre,
19:31 pour se plaindre d'avoir été traité
19:33 comme un meurtrier potentiel,
19:35 d'avoir été victime d'une garde à vue
19:38 particulièrement éprouvante,
19:41 y compris physiquement.
19:42 ...
19:44 Et que son honneur ne pouvait pas résister
19:47 au fait d'avoir été assimilé, éventuellement,
19:51 à l'auteur de la tuerie de Chevaline
19:53 et qu'il ne supportait pas cette accusation inadmissible,
19:56 et il s'est suicidé.
19:57 -Il a toujours été quelqu'un de...
20:00 de réservé, de sensible
20:03 et de profondément humain.
20:05 ...
20:12 C'est, je pense, l'un des échecs de cette enquête.
20:16 ...
20:23 -J'ai lu son courrier
20:25 et j'ai compris qu'il y avait eu un acharnement,
20:28 c'est-à-dire que deux enquêteurs étaient venus chez lui,
20:31 il lui avait pris ses armes, lui avait rendu,
20:34 et à nouveau, il avait été convoqué
20:36 à la gendarmerie d'Ugine pour être auditionné.
20:39 Euh...
20:41 Dans ce cas-là, je parle d'acharnement,
20:44 puisque les armes ne correspondaient absolument pas
20:47 à l'arme du crime.
20:48 Donc, pourquoi est-ce qu'on l'avait à nouveau convoqué
20:52 à la gendarmerie d'Ugine ?
20:53 Pour moi, c'est...
20:56 c'est illogique.
20:57 -Certains ont pu, notamment au sein de sa famille,
21:00 reprocher ou faire le lien
21:02 entre son suicide et l'audition.
21:05 -Mon frère n'avait absolument pas besoin de ça.
21:08 Il avait déjà été impacté par la mort de sa petite-fille
21:11 et le fait d'être accusé de tuer des enfants,
21:14 je pense que pour lui, c'était pas possible.
21:18 D'entendre ça, c'était vraiment pas possible.
21:21 C'est tellement facile,
21:23 on prend un militaire qui s'est servi d'arme,
21:27 ben voilà, on a un légionnaire qui habite Ugine,
21:31 c'est formidable, on va se le faire.
21:33 ...
21:37 Je ne pardonne pas.
21:39 Les gens doivent avoir le courage de le reconnaître.
21:42 ...
21:44 Et de se reconnaître.
21:45 ...
21:47 -Je ne sais pas ce que je pourrais y regretter,
21:50 s'agissant de quelqu'un qui est convié
21:52 par un document mis dans sa boîte aux lettres,
21:55 vous êtes attendu à la brigade de gendarmerie,
21:58 qui s'y présente, qui discute, qui repart.
22:00 J'ai lu l'audition.
22:02 30 minutes de conversation de salon
22:04 avec un officier d'une gendarmerie militaire comme lui,
22:08 c'était...
22:10 C'était pour les enquêteurs
22:13 et pour moi, quelque chose de totalement incompréhensible.
22:16 Personnellement, je n'ai jamais compris son geste.
22:19 ...
22:29 Si on demandait à ces gens-là de venir réparer,
22:32 je pense qu'il n'y a plus personne.
22:34 ...
22:35 Donc voilà, on reste avec notre malheur.
22:37 ...
22:46 -Il ne pouvait pas ne pas être entendu.
22:48 Ne pas l'entendre, c'était une faute professionnelle.
22:51 C'est absolument inconcevable.
22:55 Ce sont les médias du monde entier.
22:57 Si on ne l'avait pas entendu et s'il avait été découvert,
23:00 qui dirait "comment se fait-il qu'on n'ait pas entendu
23:03 "un ancien légionnaire avec des armes ?"
23:06 -Il ne pouvait pas être à Chevalines.
23:08 Ma mère m'avait appris le décès de Sylvain Mollier par téléphone.
23:12 J'étais au travail, elle m'avait appelée.
23:14 Ce jour-là, il faisait beau,
23:16 mon frère gardait mon fils, qui était encore tout jeune à l'époque.
23:20 Comme le disait mon fils,
23:22 "à moins que tonton puisse se dédoubler,
23:24 "ça me semble difficile."
23:26 Il était bien avec mon fils, il n'y a pas de problème.
23:29 ...
23:30 -Le légionnaire Ménégaldo ne pouvait pas être présent
23:34 au moment des faits.
23:35 Même chose pour le beau-père, il ne pouvait pas être
23:38 sur le parking et on ne voit pas, après toutes ces recherches,
23:42 qui l'aurait pu mandater.
23:43 Les écoutes et notre enquête n'ont jamais rien donné
23:46 de probant contre Nicolas, l'ancien compagnon trompé.
23:50 ...
23:54 -On s'aperçoit que même s'il y avait du ressentiment,
23:57 il ne se voyait plus, il avait coupé les ponts,
23:59 et Nicolas avait aussi, lui, refait sa vie.
24:03 Il n'était plus dans le scope des gendarmes
24:06 pour être un tueur de la compte d'ire.
24:09 -Si la cible était Sylvain Mollier,
24:12 ...
24:16 pourquoi tuer une famille qui n'a rien à voir ?
24:19 ...
24:21 -On a écarté méticuleusement de nombreuses pistes.
24:24 A ce moment de l'enquête, on finit par avoir une conviction,
24:27 la clé n'est pas à trouver du côté des victimes.
24:30 ...
24:34 Ni Sylvain Mollier, ni Léa Lili n'étaient expressément visées.
24:37 ...
24:40 Ce qui est fou, c'est que plein de gens leur en voulaient
24:43 et on aurait pu faire des coupables.
24:45 ...
24:49 Mais le tueur n'est aucun de ceux-là.
24:51 ...
24:55 On a tout cherché, on n'a rien trouvé.
24:59 -Je pense aussi, par moments donnés,
25:01 il faut savoir être raisonnable, vouloir tuer quelqu'un,
25:04 c'est sans doute une idée assez facile à avoir chez beaucoup de gens.
25:08 Être prêt à mettre en oeuvre un meurtre,
25:10 c'est déjà un peu plus compliqué.
25:12 Tuer tous les gens qui se trouvent là
25:14 pour pas qu'ils puissent raconter ce qu'ils ont vu,
25:18 c'est un peu plus compliqué.
25:19 ...
25:22 -Il est clair que les victimes n'étaient pas la cible.
25:27 Elles étaient juste au mauvais endroit,
25:31 au mauvais moment.
25:32 ...
25:35 Ce qui indique que le tueur est très probablement du coin.
25:38 ...
25:41 ...
25:46 ...
26:01 -Les enquêteurs qui travaillent sur le meurtre de Chevaline
26:05 espèrent faire avancer leurs investigations.
26:08 -Le portrait robot d'un homme suspecté d'être impliqué
26:10 dans la tuerie de Haute-Savoie sera rendu public.
26:13 ...
26:16 -En novembre dernier, cet appel à témoins a suscité
26:19 nombre de témoignages.
26:21 -J'ai discuté avec lui pour lui demander
26:23 s'il avait entendu des coups de feu
26:25 ou s'il avait remarqué quelque chose.
26:27 Il m'a répondu que non.
26:30 J'ai pas cherché à creuser plus que ça.
26:33 Je sais pas si lui, il est arrivé du fond de la comédie
26:37 ou s'il était là en train de faire une pause.
26:39 ...
26:44 Ce motard, je sais pas.
26:46 Peut-être que j'ai discuté avec le tueur.
26:50 ...
26:53 Musique sombre
26:56 ...
27:06 ...
27:34 ...
27:58 ♪ ♪ ♪

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