• l’année dernière
Avec Raphaelle Panaye, psychologue clinicienne et doctorante en psychologie.

Retrouvez Muriel Reus, tous les dimanches à 8h10 pour sa chronique "La force de l'engagement" sur Sud Radio.

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##LA_FORCE_DE_L_ENGAGEMENT-2023-12-10##

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News
Transcription
00:00 AGP, Association d'assurés engagés et responsables présente
00:04 Sud Radio, le grand matin week-end, la force de l'engagement, Muriel Reus.
00:09 Bonjour Muriel. Bonjour Jean-Marie.
00:11 S'engager pour la santé mentale, c'est la thématique que vous avez choisie ce matin.
00:15 On va en parler avec votre invité Raphaël Panay, qui est doctorante en psychologie
00:19 et également psychologue clinicienne. Pourquoi cette thématique aujourd'hui Muriel ?
00:24 Parce que c'est une urgence criante. L'alerte est venue il y a quelques jours d'un sondage d'Opinion Way
00:29 sur la dégradation de la santé mentale des Français et en particulier de celle des salariés.
00:34 Un salarié sur deux déclare être en détresse psychologique, un chiffre en hausse de 4 points depuis février 23.
00:41 70% attribuent ce mal-être à leur travail, 8 salariés sur 10 estiment que la politique de vie au travail
00:48 n'est pas traitée comme une question stratégique par leur entreprise
00:51 et ils regrettent notamment l'absence encore trop fréquente de référents vers qui se tourner.
00:56 Alors le baromètre est sans appel. 32% des salariés sont sur le fil du burn-out.
01:02 Et plus inquiétant encore, un quart des 2000 salariés interrogés indiquent qu'il y a beaucoup plus de tentatives de suicide
01:09 dans leur organisation ou leur entreprise.
01:11 Quant aux jeunes de moins de 29 ans, particulièrement vulnérables, ils ne sont pas épargnés.
01:16 55% estiment être en détresse psychologique, comme les plus de 60 ans qui éprouvent à 60% cette sensation.
01:24 Un bond de 32% depuis seulement le début de l'année.
01:28 Et ces chiffres ne sont pas seulement que des statistiques, ils sont le reflet d'une souffrance réelle et palpable.
01:35 Ils nous interpellent, nous obligent à reconnaître que la santé mentale n'est pas qu'une question de bien-être émotionnel,
01:41 psychologique et social, comme on le dit souvent,
01:44 mais qu'elle peut devenir une violence insidieuse pour ceux qui en subissent les effets.
01:48 Problèmes de sommeil, fatigue chronique, difficultés de concentration, anxiété, retrait social, dépression,
01:55 les répercussions sont profondes.
01:56 Pourtant, les troubles de santé mentale restent encore trop méconnus
02:00 et la stigmatisation qui les entoure reste un obstacle majeur à la reconnaissance.
02:05 Trop de stéréotypes contribuent toujours à leur banalisation.
02:09 Cette peur d'être jugé, mal compris, voire parfois étiqueté fou ou faible,
02:14 la crainte des répercussions sur le travail et la vie sociale, constitue un mur invisible mais infranchissable pour beaucoup.
02:21 Un Français sur cinq fera une dépression au cours de sa vie.
02:25 Donc il est urgent de briser ces barrières et surtout de ne plus craindre de demander l'aide
02:30 parce que prendre l'initiative de se faire accompagner, c'est un acte d'autonomisation imparve à la reprise de contrôle de sa vie.
02:37 Et puis c'est reconnaître que l'on est humain et qu'être humain c'est aussi connaître et vivre des moments de fragilité.
02:43 Exactement, un état des lieux inquiétant qu'on dresse avec votre invitée, Raphaëlle Panay, psychologue kénicienne.
02:49 Vous êtes l'invitée de Muriel Réus, bienvenue à vous sur Sud Radio.
02:52 Bonjour Raphaëlle. Alors la santé mentale, ce terme dont on parle beaucoup,
02:57 qui concerne un Français sur cinq mais qui est un peu un terme générique.
03:00 Alors on l'a dit, c'est un phénomène d'ampleur mais ça recouvre quoi en réalité la santé mentale ?
03:05 Alors on peut aisément diviser la santé mentale en trois grandes catégories.
03:10 La première, la santé mentale dite positive qui recouvre le bien-être et l'épanouissement personnel.
03:17 La seconde catégorie qui recouvre la détresse réactionnelle qui survient après un événement comme une séparation, un divorce ou un licenciement.
03:24 Et la troisième grande catégorie qui recouvre les diagnostics psychiatriques lourds et chroniques.
03:30 Alors un Français sur cinq, qu'est-ce que c'est ?
03:33 Alors c'est 10% de Français qui ont un diagnostic de dépression, c'est également 10% de Français qui ont un diagnostic de troubles anxieux,
03:42 c'est 10% de Français qui déclarent durant l'année 2023 avoir eu des pensées suicidaires,
03:47 c'est 25 morts par suicide par jour, c'est également 1% des Français qui ont un diagnostic de schizophrénie.
03:56 C'est assez large la santé mentale et ça concerne tout le monde.
03:59 Alors c'est tellement large qu'on se demande pourquoi elle est autant stigmatisée, puisque c'est aussi large,
04:03 les gens en parlent de plus en plus, les professionnels doivent recevoir de plus en plus de patients.
04:07 Et bien d'où cette stigmatisation ? C'est un constat social ou c'est les médias qui finalement portent des jugements ?
04:15 Vous la voyez comment cette stigmatisation ? Vous l'expliquez comment ?
04:19 Alors déjà historiquement la folie a souvent été représentée, que ce soit dans le cinéma ou à la littérature,
04:24 par des personnages que l'on peut qualifier de dangereux, d'imprévisibles ou encore de violents.
04:31 Je pense notamment aux films de Scorsese qui s'appellent "Shutter Island" ou encore "Split"
04:38 ou encore plus récemment la série "Euphoria" ou dans la littérature avec le "Horla" ou "L'étranger" de Camus.
04:44 Il faut savoir qu'en réalité une personne schizophrène aura davantage de risques d'être victime de violences au cours de sa vie que d'en être l'auteur.
04:51 C'est un peu une double punition parce que d'une part les personnes qui souffrent de troubles psychiatriques ou psychiques
04:56 ou de souffrances émotionnelles sont perçues comme inaptes voire inadaptées à la société
05:01 et d'autre part soit les troubles psychiques sont minimisés, c'est-à-dire qu'il suffirait de décider d'aller mieux pour aller mieux.
05:07 Dans les deux cas ces deux réflexions reposent sur de fausses croyances.
05:11 Alors dans la schizophrénie on est un peu dans le spectre de la santé mentale évidemment,
05:16 elle ne concerne pas tout le monde, vous l'avez dit 1% je crois, donc voilà on est vraiment dans le spectre.
05:20 Mais dans le milieu du travail par exemple, en particulier, quand on a préparé cette conversation,
05:25 vous m'avez dit qu'on a 30% de chance de moins d'être engagé après une hospitalisation dans un hôpital ou dans un service psychiatrique.
05:35 Donc ça veut dire que le monde de l'entreprise aussi a une vision et une réalité de la santé mentale.
05:39 Elle considère quoi ? Que ça pourrait mettre en danger le bien-être des collaborateurs, de l'entreprise elle-même ?
05:45 Alors je pense que c'est une réflexion qui n'est pas propre au monde de l'entreprise mais propre à notre monde.
05:50 Notre démocratie a été fondée sur les principes des philosophes des Lumières, c'est-à-dire sur la raison.
05:55 Était-dépourvu de raison, c'est-à-dire mis au banc de la société, exclut les femmes, les fous et les enfants.
06:02 Et ils subsistent encore aujourd'hui dans notre inconscient et dans notre imaginaire collectif des résidus de cette philosophie.
06:09 Il faut savoir que c'est depuis 2019 que les adultes sous tutelle ont le droit de vote en France.
06:15 Oui, mais on n'est pas fous, soyons clairs, on n'est pas fous des auditeurs.
06:21 Quand on a un sentiment de détresse ou quand on rentre en dépression, ce n'est pas de la folie.
06:25 Alors justement, comme ce n'est pas de la folie, il faut absolument consulter.
06:28 Alors, les difficultés de consultation, quand on sait qu'il faut parfois six mois pour avoir un rendez-vous,
06:33 quand on connaît la situation des hôpitaux publics aujourd'hui, comment fait-on quand on a un problème de santé mentale,
06:40 quand on repère les signaux faibles de cette santé mentale ?
06:42 Qu'y va-t-on voir spontanément et de façon assez rapide quand on peut le faire ?
06:47 Alors, vous venez de le dire avec beaucoup de justesse.
06:50 On identifie deux éléments caractéristiques à cette problématique.
06:54 Le premier, c'est la décision d'aller consulter.
06:57 La psychiatrie et la santé mentale souffrent encore d'une certaine forme de stigmatisation ou de culpabilité de la part des personnes qui en souffrent.
07:06 Et le deuxième point qui est l'accessibilité aux soins.
07:09 Comme vous l'avez dit, l'hôpital public traverse une crise sans précédent.
07:14 Les services de psychiatrie sont saturés, sous tension.
07:17 Et c'est assez problématique parce qu'il faut savoir que plus un individu est pris en charge tôt,
07:22 c'est-à-dire lorsque les premiers symptômes apparaissent comme l'irritabilité ou encore l'irrumination, l'anxiété,
07:31 plus les risques de développer un trouble psychiatrique grave ou sévère sont réduits significativement.
07:36 Alors je dirais aux auditeurs que la première chose qu'il faut faire, c'est en parler,
07:39 c'est d'aller chercher ses ressources personnelles et extérieures.
07:43 C'est-à-dire que quand on en parle, déjà, on sort de la solitude. C'est une première étape.
07:47 Aller voir un psychologue, un psychiatre, un psychothérapeute ?
07:50 Dans un premier temps, oui. On peut aller voir un psychologue, un psychiatre, un psychothérapeute.
07:55 Il faut savoir que... Oui, un professionnel de santé, bien entendu.
07:59 Un professionnel de santé. Est-ce que vous trouvez qu'il y a assez d'informations sur la santé mentale ?
08:03 C'est-à-dire que, avant de faire ce démarche, d'aller voir un praticien ou d'en parler même à son généraliste,
08:08 on peut avoir l'envie de s'interroger, de rechercher les signaux, les signaux faibles,
08:12 de trouver une forme de littérature qui pourrait nous aider à comprendre mieux ce que l'on vit
08:18 au moment précis où ça se déclare. Est-ce que vous avez le sentiment que cette littérature,
08:22 ou cette information, est accessible aujourd'hui ?
08:25 Alors oui, en fait, il y a des informations. Encore faut-il pouvoir aller les chercher.
08:29 Alors déjà, il y a de nombreux contenus informatifs sur les sites de la Haute Autorité de Santé
08:36 ou sur Santé publique France. Je pense également au travail formidable réalisé par Psycom
08:42 sur la compréhension et la déstigmatisation des troubles psy.
08:45 Il y a aussi des associations de père et danse comme Entraide ou Maison Perchet,
08:51 qu'on peut retrouver dans toute la France. Et il y a aussi, pour les étudiants,
08:57 des formations en soins spécialisés dans la santé mentale.
09:02 Alors, est-ce qu'on est tous égaux devant la santé mentale ? Est-ce qu'il y a des différences
09:07 entre les femmes et les hommes, par exemple ? Les femmes, dont on sait que la charge mentale
09:11 est beaucoup plus élevée, est très élevée. Est-ce qu'il y a ces différences-là ?
09:15 Et est-ce qu'on peut soi-même évaluer son échelle de détresse ou son niveau de détresse ?
09:20 Alors, c'est beaucoup de réponses dans une question. Alors, oui, nous sommes tous égaux
09:26 d'une certaine manière car nous sommes tous concernés directement ou indirectement.
09:30 Et non, nous ne sommes pas tous égaux parce qu'effectivement, il y a des facteurs
09:34 qui sont aggravants comme les violences intrafamiliales, les carences affectives et émotionnelles,
09:39 la consommation de psychotropes et bien sûr la génétique.
09:43 Oui, il y a aussi des différences statistiques en termes de répartition de diagnostics
09:47 entre les hommes et les femmes. Il y aura davantage de femmes qui vont être diagnostiquées
09:53 sur le spectre de la dépression, davantage de femmes qui vont avoir un trouble anxieux.
09:57 Ça s'explique notamment par des facteurs environnementaux comme les violences sexistes
10:02 et sexuelles et les violences physiques, mais aussi par des facteurs hormonaux
10:07 comme la dépression du postpartum ou la ménopause qui sont propres aux femmes.
10:11 Il faut savoir que les femmes ont aussi davantage tendance à aller demander de l'aide
10:15 et consulter un professionnel de santé mentale.
10:19 Et cette demande se traduit notamment sur les chiffres du suicide.
10:23 Par exemple, il y a davantage d'hommes qui meurent chaque année de suicides en France que de femmes.
10:28 Parce qu'ils ne sont plus seuls, ils osent moins demander de l'aide ?
10:30 Oui, il y a une espèce de forme peut-être de honte encore qui demeure et qui subsiste
10:36 autour de la santé mentale.
10:38 Est-ce qu'il y a des différences générationnelles entre les jeunes et les personnes âgées ?
10:44 On sait que les jeunes et les personnes âgées sont par essence un type de population
10:50 particulièrement vulnérable parce que de facto ils sont dépendants.
10:53 Les enfants sont dépendants de leurs parents et les personnes âgées sont dépendants de leurs aidants.
10:57 Il faut savoir que 50% des troubles psy apparaissent avant l'âge de 14 ans
11:03 et 70% des troubles psy apparaissent avant l'âge de 25 ans.
11:08 C'est quand même une période de la vie dans laquelle il faut être particulièrement vigilant
11:13 et attentif aux signes de détresse psychique et émotionnelle qui peuvent apparaître.
11:17 C'est une phase décisive du développement et de la vie d'adulte.
11:20 Et la génétique dans tout ça ? C'est transmissible ? C'est dans notre ADN ?
11:24 Ça se transmet de génération en génération ? La dépression ? La schizophrénie ?
11:32 C'est transmissible ? Oui et non. C'est un facteur déterminant.
11:38 Plus il y aura de personnes qui seraient atteintes d'un trouble de la dépression dans une famille,
11:44 plus il y aura de risques en individu et une dépression. Mais ce n'est pas automatique.
11:49 Quel conseil vous donneriez-vous en tant que praticienne ?
11:53 Vous recevez beaucoup de monde, beaucoup de patience sur ces sujets-là.
11:56 Des conseils que vous donneriez à nos auditeurs qui se reconnaîtraient dans nos propos ?
12:01 On peut parler de ce qu'on entend souvent, c'est-à-dire la qualité du sommeil qui permet la gestion du stress,
12:09 mais encore de pratiquer du sport pour sécréter de l'endorphine et de la dopamine,
12:14 avoir une qualité de vie la meilleure possible, avoir une vie sociale.
12:19 Mais surtout, pour moi, ce qui reste le plus important, c'est de parler,
12:23 c'est de sortir de la solitude, c'est de sortir de l'enfermement que crée la détresse.
12:28 Et c'est pour moi ce qui est aujourd'hui le plus important, c'est de sortir de cette solitude et parler,
12:33 que ce soit à un professionnel de santé ou à son entourage.
12:37 Parler, c'est ce qu'on retrouve à peu près dans toutes les violences que subissent les humains, les femmes, les hommes, les enfants.
12:44 Le conseil est souvent le même, il ne restait pas dans cette souffrance solitaire.
12:48 Et puis pour parler, je voudrais saluer l'initiative de la Fondation Pierre Odeniker,
12:52 qui vient de lancer en France la plus grande plateforme mondiale de recueil de données sur la dépression.
12:57 Ça s'appelle "Compare dépression".
13:00 Et les chercheurs de cette cohorte sont très ambitieux parce qu'ils espèrent réunir plus de 50 000 patients.
13:05 Et ils vont les suivre pendant 10 ans.
13:07 Donc voilà, on aura peut-être des éléments de comparaison qui pourront nous permettre d'avancer davantage sur ces sujets.
13:14 En tout cas, merci beaucoup pour cette conversation Raphaël et à très bientôt.
13:19 Merci à vous Raphaël Panay. Je rappelle que vous êtes doctorante en psychologie et psychologue clinicienne.
13:24 Merci à vous Muriel.
13:25 Merci Jean-Marie, à dimanche.
13:26 On vous retrouve dimanche prochain pour un nouveau numéro de la Force de l'engagement.
13:30 Et puis on reste sur ce conseil, si vous avez le moindre doute, parlez-en.
13:34 C'est important, il n'y a pas de honte à ne pas se sentir bien.
13:37 On peut en parler à ses confidents, à ses proches ou alors à un professionnel de la santé mentale.
13:41 A bientôt Muriel.
13:42 A bientôt.
13:44 Sud Radio, le grand matin week-end.
13:47 La Force de l'engagement. Muriel Reuss.
13:50 Avec AGP, Association d'assurés engagées et responsables.
13:53 [SILENCE]

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