Au programme :
-Après l’attentat de Paris : la déradicalisation, juste une illusion ?
-Vins : faut-il se méfier de leur composition ?
Stéphane Simon avec Emmanuelle Jary, journaliste et fondatrice de "C'est meilleur quand c'est bon", Victor Lefebvre, journaliste à Factuel, Philippe De Veulle, avocat et Armand Heitz, éleveur vigneron.
Retrouvez L'Heure libre, en partenariat avec Factuel Média (https://factuel.media/), tous les samedis de 10h à 11h sur les ondes de Sud Radio.
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##L_HEURE_LIBRE-2023-12-09##
-Après l’attentat de Paris : la déradicalisation, juste une illusion ?
-Vins : faut-il se méfier de leur composition ?
Stéphane Simon avec Emmanuelle Jary, journaliste et fondatrice de "C'est meilleur quand c'est bon", Victor Lefebvre, journaliste à Factuel, Philippe De Veulle, avocat et Armand Heitz, éleveur vigneron.
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NewsTranscription
00:00 Sud Radio, l'heure libre, 10h11.
00:04 Bonjour à tous, bienvenue dans l'heure libre, une heure d'analyse et de décryptage des affaires qui font l'actualité.
00:10 Un rendez-vous hebdomadaire de Sud Radio avec le monde des faits divers et des faits de société.
00:14 Alors, au sommaire aujourd'hui, après l'attentat de Paris qui a fait un mort,
00:19 et l'analyse du profil de l'islamiste qui a revendiqué cet attentat,
00:23 et bien on peut se demander si la déradicalisation n'est pas une illusion.
00:27 Nous en parlerons. Et nous parlerons aussi les faits approches des vins.
00:31 Faut-il craindre les produits qu'on y ajoute ?
00:34 Nous serons tout à l'heure avec Emmanuel Jarry de la revue "C'est meilleur quand c'est bon"
00:39 et du vigneron éleveur Armand Heitz dont les vignes sont en Bourgogne.
00:43 Alors je suis très heureux de vous retrouver d'abord Jean-Marie.
00:46 Écoutez moi aussi, j'espère que la semaine s'est très bien passée, malgré tout elle a été tragique sur le front de l'information
00:51 et c'est vrai qu'elle a commencé par cet attentat.
00:53 - Oui absolument. Et puis nous accueillons dans cette première partie d'émission, j'allais dire presque comme de coutume,
00:58 Victor Lefebvre, journaliste à Factuel.média.
01:02 On est toujours très heureux de vous avoir Victor.
01:05 Et nous accueillons également Philippe Deveul, avocat au barreau de Paris.
01:09 - Bonjour.
01:10 - Et vous avez été, et c'est pour ça qu'on est heureux de vous recevoir,
01:13 c'est que vous avez été l'avocat dans de nombreuses affaires de terrorisme.
01:17 Alors revenons ensemble, si vous le voulez bien, sur l'attaque commise samedi dernier
01:21 près du pont de Bir Hakeim et sur le profil du meurtrier qui a revendiqué cet attentat.
01:26 Il se faisait appeler Armand Iman Rabjabbourg, un islamiste d'origine iranienne
01:33 qui avait déjà été arrêté en 2016, alors qu'il était impliqué dans la préparation d'un attentat à l'arme blanche.
01:39 Il a été condamné en 2018 et il est sorti de prison en 2020.
01:44 Et vous avez découvert, Victor Lefebvre, que ce monsieur Rajabpour
01:48 est en fait un spécialiste de ce que l'on appelle l'attaquia.
01:51 Résumez-nous ce que c'est que l'attaquia.
01:53 - Oui, en fait l'attaquia c'est une technique dans l'islam traditionnel,
01:56 c'est-à-dire pour les croyants de passer sous les radars, d'être en dissimulation lorsqu'ils sont menacés.
02:00 Mais ça a été réinvesti par les salafistes, par les djihadistes,
02:03 lorsque c'est une technique de dissimulation, cette fois-ci offensive,
02:07 et de conquête par conséquent, pour dissimuler sa foi et passer sous les radars,
02:11 notamment des services d'enseignement.
02:12 - Alors, on va y revenir, c'est fascinant comment il a pu passer sous les radars,
02:17 comme vous dites, mais je voudrais quand même que nos auditeurs découvrent
02:22 que ce monsieur avait finalement un réseau dans toute la mouvance islamiste.
02:26 Dites-nous avec qui il était en contact par exemple.
02:29 - Alors déjà il s'est converti à l'islam à l'âge de 18 ans,
02:32 au contact d'un des membres de Force Annalisa,
02:35 qui est un mouvement islamiste, les cavaliers de la fierté et de la liberté,
02:38 et donc qui est un mouvement totalement islamiste.
02:41 Il s'est converti au contact de cet homme, Maximilien Thibault,
02:45 qui est parti sur zone en Syrie, qui a été tué probablement,
02:48 on n'est pas totalement sûr, mais il a été probablement tué
02:50 pendant la bataille de Mossoul en Irak,
02:53 et par ailleurs il a été effectivement au contact avec différentes figures
02:57 du salafisme et du terrorisme français, du djihadisme,
03:00 notamment Larossi Abala, le tueur du couple de policiers à Magnanville,
03:03 - Je précise que ce couple de policiers avait été tué, pas devant leur enfance.
03:08 - Devant leur propre fils chez eux, à Magnanville, dans les Yvelines.
03:11 Par ailleurs, il était aussi en contact avec le tueur de Samuel Paty,
03:15 Abdoulakantzorov, ça on va y revenir,
03:18 et également avec l'un des tueurs de l'attentat contre le prêtre,
03:21 le père Hamel, à Saint-Etienne-du-Rouvray.
03:24 - Absolument, Adèle Kermiche pour ne pas le nommer.
03:27 Alors, en ce qui concerne Abdoulakantzorov, c'est-à-dire le meurtrier,
03:30 l'assassin de Samuel Paty, et bien curieusement, en 2020,
03:35 les policiers de l'antiterrorisme vont auditionner cette personne
03:40 impliquée dans l'attentat de la semaine dernière.
03:42 - En fait, c'est lui qui se présente de lui-même, spontanément,
03:44 - Et pourquoi est-ce qu'il se présente comme ça devant les policiers ?
03:46 - Parce qu'il était en contact, figurez-vous, 15 jours plus tôt,
03:49 avec Abdoulakantzorov, donc quand il l'apprend par Twitter,
03:52 par le compte Twitter d'Abdoulakantzorov, qui poste lui-même
03:54 la photo de la tête décapitée de Samuel Paty, qui revendique son acte,
03:57 il se dit "mince, j'étais en contact avec ce type 15 jours plus tôt sur Twitter,
04:00 par messagerie privée, donc je vais me présenter spontanément aux policiers".
04:03 En fait, il contacte plus exactement son conseiller pour la réinsertion,
04:06 il lui dit "bon voilà, qu'est-ce qu'il faut que je fasse ?"
04:08 et ce dernier lui dit "va voir directement les policiers si tu n'as pas à t'inquiéter".
04:12 Et donc il le fait, il se présente devant les commissaires,
04:14 et donc il est tout de suite placé en garde à vue,
04:16 puisqu'il a quand même des liens avec l'islamisme,
04:18 il est encore sous contrôle judiciaire à ce moment-là,
04:20 et il va donc tout raconter, notamment ses contacts avec Abdoulakantzorov.
04:23 Alors lui dit, il se présente sur Twitter à l'époque comme un "next-tist",
04:26 donc ce sont les détenus pour des faits de terrorisme islamique,
04:29 puisqu'il a été condamné, comme vous l'avez dit, en 2016,
04:32 et il dit qu'il est "repenti anti-islamiste", donc "chasseur d'islamistes".
04:36 - Il se représente même comme étant "agnostique",
04:39 et donc devant les policiers, il va développer tout son...
04:42 - Voilà, tout son argumentaire, et donc il va dire,
04:44 moi j'ai repéré Andzorov, j'ai vu que c'était un Tchétchène,
04:46 en fait ça a commencé avec une petite mention,
04:48 il dit "ce Tchétchène est très clair dans son idéologie",
04:50 sous-entendu son idéologie islamiste,
04:52 et donc Andzorov se vexe, ils échangent par message privé,
04:54 ils finissent par sympathiser, ils s'échangent des anachètes,
04:56 ce sont des chants religieux islamiques,
04:58 ce sont des chants islamiques de conquête, pas des chants inoffensifs,
05:02 et en fait ils vont échanger pendant quelque temps,
05:04 puis finalement Andzorov finit par le bloquer,
05:06 puisqu'il n'arrive pas à le convaincre,
05:08 mais en réalité on tout laisse à penser que le franco-iranien,
05:11 l'auteur de l'attentat de Paris, était en réalité en dissimulation,
05:14 en taquilla totale, comme vous l'avez dit.
05:16 - Il va même jusqu'à mentir à sa mère, d'ailleurs,
05:18 c'est très intéressant, sa mère est entendue en garde à vue.
05:21 - Sa mère est entendue en garde à vue,
05:23 elle tient un discours à postériori totalement lunaire,
05:25 puisqu'elle dit que son fils, quand il est sorti de prison en 2020,
05:28 était totalement sorti de l'islam, sorti de la foi.
05:31 - Il a découvert les vertus de la république,
05:33 il est devenu un bon français.
05:35 - Voilà, ils sont 100% français, etc.
05:37 Donc il arrive à tromper sa propre mère.
05:39 Il va dire à ses parents, ça s'est rapporté par ses parents,
05:41 qu'il s'est mis à manger du saucisson, à boire de l'alcool,
05:43 à écouter du rap, à écouter des musiques folkloriques iraniennes,
05:45 à écouter Mylène Farmer aussi, c'est improbable,
05:47 mais pour vous dire qu'il arrive parfaitement à saisir
05:51 la mécanique que les policiers ou les forces de l'ordre veulent entendre,
05:54 il va même jusqu'à dire que son placement en détention
05:56 l'a permis d'être placé à l'isolement,
05:58 et donc d'être placé à l'écart des autres détenus salafistes et djihadistes,
06:01 et donc de s'écarter de cette idéologie.
06:04 - Alors, je voudrais profiter de la présence de Philippe Deveul,
06:06 avocat, je le rappelle, dans de nombreuses affaires de terrorisme.
06:10 Est-ce que ça vous étonne ?
06:13 Est-ce qu'on abandonne ces convictions religieuses aussi facilement, Philippe Deveul ?
06:18 Et ces techniques de taqiyya, vous l'avez vu dans d'autres dossiers ?
06:22 - Oui, tout à fait.
06:24 Il y a une finalité dans tout ça,
06:26 parce que chaque individu ne ressemble pas aux autres qui ont agi.
06:30 Je me souviens de l'attentat d'Embouyer,
06:32 qui avait été régularisé juste avant de passer à l'acte,
06:36 alors qu'il avait eu des propos dangereux sur Facebook.
06:39 Et à l'époque, la justice n'a pas considéré de mettre fin à son activité,
06:45 de le renvoyer dans son pays.
06:47 C'était un Tunisien, je ne me souviens plus de son nom,
06:49 mais enfin bref, il avait tué quand même une policière.
06:51 Et ça date de 2021, donc vous voyez, à chaque fois ça se répète.
06:54 Mais à chaque fois, les sujets sont différents,
06:56 parce qu'il y a une multitude de sujets qui vont passer ou qui passeront à l'acte.
07:01 Alors, on vous dit qu'il y a quelques milliers de fichés S suivis,
07:06 et vous voyez que ça ne sert pas à grand-chose, parce que surveiller tous ces individus...
07:10 - Je rappelle les chiffres. 20 000 fichés S, alors tous ne sont pas islamistes.
07:15 - Il y a des membres des mouvements écologistes radicaux,
07:19 - D'extra-droite, d'extra-gauche, exactement.
07:21 - Oui, mais après, il y a un autre fichier pour les radicalisés qui sont fichés S,
07:28 mais il y a un autre fichier, et il y en a certains qui sont suivis.
07:31 Mais ça demande une énergie et un emploi humain énorme,
07:34 donc on ne peut pas surveiller tout le monde.
07:36 Mais le pire, c'est tous ceux qui passent en dessous du radar
07:38 et qui ne sont pas surveillés, et qui passeront un jour à l'acte.
07:41 Et donc là, ce qu'on voit, ce n'est pas surprenant.
07:43 Alors, il était français, d'une nationalité française,
07:45 converti assez récemment à l'islam.
07:48 Bon, alors c'est vrai qu'il venait d'une famille iranienne
07:51 qui avait justement fui la dictature des mollahs en Iran,
07:55 et qui s'est, en fin de compte, comme on va parler de déradicalisation,
08:00 qui s'est radicalisé en fonction des événements qu'il a observés,
08:05 et puis aussi les revendications.
08:07 - Alors, est-ce qu'un déradicalisé peut repasser à l'acte ?
08:11 Ben oui, on le voit.
08:12 - C'est le premier à le faire, en plus de...
08:14 - Mais alors voilà, c'est ça, c'est assez intéressant.
08:15 Vous avez écrit qu'il est un des premiers déradicalisés qui...
08:19 - C'est presque un cas d'école.
08:20 - C'est un cas d'école, effectivement.
08:21 Ça montre l'illusion de penser que la déradicalisation existe.
08:25 Maintenant, on parle plutôt de désengagement, d'ailleurs.
08:27 On n'utilise plus trop ce terme qui est un petit peu obsolète.
08:32 Mais effectivement, c'est le premier à avoir,
08:34 et on peut penser qu'il y en aura d'autres dans les années qui viennent,
08:35 puisque les chiffres, aujourd'hui, il y en a plus qui sont sortis de prison.
08:38 Depuis 2018, il y en a 486 qui ont été condamnés
08:41 pour des faits de terrorisme qui sont sortis de prison.
08:43 Donc il y en a plus à l'extérieur, en liberté, qu'à l'intérieur des prisons,
08:46 puisqu'il y en a 391 qui sont aujourd'hui sous les verrous.
08:49 - Alors, c'est la question du jour.
08:51 Est-ce qu'il faut croire à la déradicalisation ?
08:53 Philippe Deveul.
08:55 - Alors, ça semble très difficile, parce qu'il y a eu des tentatives.
08:58 Il y a eu un centre des préventions, justement,
09:02 des dérives sectaires liées à l'islam,
09:04 qui avait été établi par Dounia Bouza,
09:07 comme vous le savez, on reviendra dessus si vous voulez.
09:09 - Oui, volontiers.
09:10 - Et qui a réussi à déradicaliser certains
09:13 qui n'étaient pas trop impliqués dans l'islam.
09:16 Mais tous ceux qui sont revenus de Syrie,
09:18 qui ont eu un contact avec le sang,
09:20 qui ont décapité des gens, qui ont joué avec des têtes,
09:22 ceux-là, ils ne sont pas déradicalisés.
09:25 - Ils ne sont pas déradicalisables, vous dites.
09:27 - Ils ne sont pas déradicalisables.
09:28 Et il y a eu des échecs.
09:29 Et on ne peut pas tenir griève de ces échecs,
09:32 parce qu'elle a tenté de faire quelque chose,
09:34 mais ça a échoué.
09:36 Parce qu'en fin de compte, ces gens qui sont radicalisés
09:38 sont complètement inscrits dans la pensée du Coran.
09:43 C'est pour ça qu'on dit des fondamentalistes,
09:45 parce qu'ils vont aux fondamentaux.
09:47 Et le Coran, qui est une sorte de texte incréé,
09:51 qui vient directement de la parole de Dieu,
09:53 eh bien, il y a des messages qui ne sont pas si ambigus que ça,
09:57 sur le fait de s'en prendre à l'infidèle,
10:00 aux juifs, aux chrétiens, à l'associateur.
10:02 Donc c'est très compliqué de dire aux gens
10:04 "ne croyez plus en ce que vous croyez de plus cher".
10:06 - Absolument. Alors on va continuer dans un instant,
10:08 on va parler de déradicalisation.
10:10 Est-ce juste une illusion ?
10:11 A tout de suite sur Sud Radio.
10:13 - Sud Radio, l'heure libre, 10h11.
10:17 - De retour dans l'heure libre, une heure d'analyse,
10:19 de décryptage des affaires qui font l'actualité,
10:21 le rendez-vous pour parler faits divers, faits de société.
10:24 Je suis toujours avec Jean-Marie Bordry,
10:26 également Victor Lefebvre autour de la table,
10:28 journaliste, enquêteur à Factuel.Médias,
10:30 ainsi que Philippe Deveul, qui est avocat au barreau de Paris,
10:33 on peut dire spécialisé dans les affaires de terrorisme,
10:35 il en a en tout cas accompagné un certain nombre,
10:38 auditeur à l'Institut des Hautes Études de Défense Nationale.
10:41 Alors, nous parlions du cas de Armand Imane Rajapour,
10:45 je rappelle à nos éditeurs que c'est l'auteur
10:47 de l'attentat à Paris de la semaine dernière.
10:49 Et alors, comme souvent, on a dit qu'il était fou.
10:53 Est-ce qu'il faut croire à cela ?
10:56 - En tout cas, ce n'est pas ce que disent les personnes
10:58 qui étaient chargées de son suivi et de sa réinsertion
11:00 après sa détention, qui disent qu'il n'était pas du tout fou,
11:02 et au contraire qu'il était totalement radicalisé,
11:05 puisqu'il refusait de serrer la main aux femmes,
11:07 il maîtrisait le Coran par cœur, il le travaillait énormément en prison,
11:10 il dissertait sur certaines hadiths,
11:12 ce sont les propos tenus par le prophète,
11:14 donc il était tout sauf fou.
11:15 Il a eu effectivement peut-être une phase un petit peu délirante
11:18 qui a été constatée par les médecins psychiatres,
11:21 mais tout porte à croire qu'il n'était pas en réalité fou,
11:23 comme on le laisse entendre, et d'ailleurs dans ses auditions,
11:25 à la lecture de ses auditions.
11:27 - Oui, mais justement, est-ce qu'on peut lire un petit peu ses auditions ?
11:29 Parce que voilà quelqu'un dont on dit communément
11:32 "oui, oui, il était suivi, il prenait des antidépresseurs",
11:35 bref, on ne sait pas exactement quel était le protocole médical,
11:38 mais en revanche, quand il parle aux policiers,
11:40 il utilise un langage je dirais assez précis, assez châtié,
11:43 qui montre qu'on n'est pas du tout dans l'élaboration,
11:46 enfin je dirais qu'on n'est pas face à quelqu'un de dérangé.
11:50 - Oui, et tout Sophie Diot d'ailleurs,
11:51 il tient un discours effectivement très ciselé, très charcuté.
11:53 - Donc je rappelle le contexte, c'est au moment de l'affaire.
11:55 - Donc c'est au moment de sa garde à vue.
11:56 - Voilà. - Au moment de sa garde à vue,
11:57 on est le 19 octobre 2020, il est placé en garde à vue
11:59 quatre jours après l'attentat contre Samuel Paty le 16 octobre 2020,
12:02 et il tient ses propos, par exemple je vous cite
12:05 "il y a quelques années j'ai été converti à l'islam,
12:07 mais vers la fin de ma détention, je m'en suis écarté.
12:09 Je me suis rendu compte que je ne croyais même pas
12:11 au miracle du Coran, ni à l'existence de Dieu."
12:13 Voilà, c'est le genre de propos qu'il tient,
12:15 il dit qu'il s'est éloigné des détenus prosélites,
12:17 que ça l'a fait réfléchir, et que c'est comme ça
12:19 qu'il s'est éloigné de la religion.
12:20 - Alors, Philippe Deveul, je profite de votre présence,
12:24 c'est un spécialiste de la taqiyya, donc ces techniques de dissimulation,
12:27 est-ce qu'il y a d'autres exemples de djihadistes
12:30 qui, comme lui, se présentent repentis,
12:33 et puis qui, finalement, sont prêts à passer à l'acte ?
12:37 Parce que je rappelle quand même aux auditeurs
12:39 qu'il y a un certain nombre de gens qui sont revenus de Syrie,
12:42 actuellement, qui étaient du côté de Daesh,
12:44 qui ont quitté la France, qui ont brûlé leur passeport,
12:47 leur carte d'identité française,
12:49 et qui reviennent au pays comme si de rien n'était.
12:51 - Oui, alors j'ai un autre exemple emblématique,
12:54 celui-là a marché, c'était concernant David Valla,
12:57 qui avait fait quelques années de prison
13:00 pour association à une entreprise liée à du terrorisme,
13:04 et qui avait été, si vous voulez, endoctriné,
13:07 et qui, en fin de compte, en prison, s'est déradicalisé,
13:12 au contact, justement, déradicalisé.
13:15 Et il explique très bien le cheminement intellectuel,
13:18 c'est-à-dire qu'on va prendre quelqu'un qui a une certaine faiblesse,
13:22 ou une certaine méconnaissance des choses,
13:25 et c'est un enchaînement, c'est un cheminement,
13:27 et il a compris très vite, en fin de compte,
13:29 qu'il s'adressait à des gens qui servent de piétailles
13:32 pour, justement, les cerveaux,
13:34 qui, justement, diffusent les thèses islamistes,
13:38 les thèses radicales.
13:40 C'est comme Youssef Al-Khadawi,
13:43 qui était le pape des frères musulmans,
13:48 et qui avait un discours hyper radical, hyper guerrier,
13:52 et reconnu par tous.
13:54 Et bon, ceux-là, jamais, ils vont commettre des attentats,
13:57 mais ils ont envoyé d'autres personnes,
13:59 qui servent de guerriers, pour, justement, frapper.
14:03 Et vous expliquez aussi, par la suite,
14:06 quel est, justement, le retentissement de l'attentat.
14:08 Parce que ce qu'on a vécu samedi soir, c'est un attentatillon.
14:11 C'est-à-dire, c'est une personne qui est morte...
14:13 - C'est d'ailleurs ça qui est assez frappant,
14:15 je voudrais votre avis à tous les deux,
14:17 parce qu'on voit que c'est une personnalité
14:19 qui est capable de sophistication dans le mensonge,
14:22 face aux policiers, mais en revanche...
14:24 - D'improvisation la plus totale, au moment de passer à l'acte.
14:26 - Au moment de passer à l'acte, c'est-à-dire,
14:28 il frappe avec un couteau, il frappe trois fois,
14:31 deux dans le visage du touriste allemand qui était là,
14:36 un coup de couteau dans le dos,
14:38 et après il va s'en prendre à des passants avec un marteau.
14:41 - Alors là, je ne suis pas d'accord avec vous,
14:43 parce qu'en fin de compte, c'est une improvisation criminelle,
14:46 qui passe à l'acte, mais quand il fait son discours et son allégeance,
14:49 c'est un discours tout à fait structuré,
14:51 qui prouve qu'il n'est pas fou.
14:53 Il dit exactement, il emploie les termes techniques,
14:56 il dit à quelle branche il appartient,
14:59 et il fait allégeance à l'État islamique.
15:01 Donc après, il passe à l'acte,
15:03 mais c'est l'occasion qu'il fait le larron,
15:05 c'est ce pauvre citoyen allemand d'origine philippine,
15:09 qui a été tué, et après il y a eu un autre,
15:12 qui était d'origine britannique, me semble-t-il.
15:14 - Ce sont des touristes, il faut rappeler d'abord le contexte,
15:16 là où a lieu l'attaque, en fait c'est sur le pont de Bir Hakeim,
15:19 c'est une des vues les plus romantiques de la capitale,
15:21 c'est là que notamment les couples étrangers
15:23 viennent se faire prendre en photo de mariage,
15:25 avec en arrière-plan la Seine et la Tour Eiffel.
15:27 - Et là je me retourne vers Victor Lefebvre,
15:29 et si mes souvenirs sont bons, il habite à Putot,
15:31 - Il habite chez ses parents, à Putot.
15:33 - Donc il fait la démarche d'aller sur ce pont le plus romantique de Paris.
15:36 - L'un d'eux en tout cas.
15:38 - D'ailleurs lors de sa guerre de vue, il a dit qu'il visait en réalité
15:40 le jardin mémorial du Veldiv des enfants, qui est juste à côté,
15:42 probablement qu'il n'y avait pas suffisamment de passants à ce moment-là,
15:45 donc il s'est reporté vers une cible différente,
15:47 mais ce n'était pas sa cible originelle.
15:49 - D'accord, alors, Philippe Deveul,
15:51 il y a 10 ans, je me souviens qu'une certaine Dunia Bouziard
15:54 avait fondé une association,
15:56 le Centre de Prévention des Dérives Sectaires Liées à l'Islam,
15:59 il y a quelques années, donc, qu'est-ce qu'elle est devenue ?
16:02 Qu'est-ce que devient ce centre ?
16:04 - Je crois que c'est un échec.
16:06 Je crois qu'elle a quitté le centre en 2016,
16:09 et qu'elle a connu des échecs, justement, de déradicalisation,
16:12 et ce n'est pas de son propre fait,
16:14 parce qu'elle a entrepris quelque chose d'assez positif,
16:17 compte tenu des vagues d'attentats qui frappaient la France,
16:20 et elle-même s'est convertie à l'Islam,
16:23 et s'est intéressée à cette religion,
16:25 et a essayé de trouver des solutions.
16:27 Par contre, le problème, ça vient, justement,
16:30 de l'application littérale du Coran.
16:32 Et tous ceux qui essayent d'avoir un discours plus modéré
16:35 sont considérés comme des apostas,
16:38 selon l'université égyptienne Al-Azhar.
16:44 Tous ceux qui essayent de modérer ou d'interférer
16:48 dans l'interprétation, ou même dans le Coran,
16:51 sont considérés comme des apostas,
16:53 et donc sont menacés de mort.
16:56 C'est une tâche très difficile,
16:58 et je crois que malheureusement,
17:00 elle n'a pas pu aller jusqu'au bout de son entreprise.
17:03 - Je le disais, de nombreuses femmes de djihadistes,
17:06 mais aussi des djihadistes, sont rentrées,
17:08 de ce qu'était autrefois l'État islamique.
17:10 Est-ce que c'est ça qui intéresse nos auditeurs ?
17:13 Est-ce qu'il faut en avoir peur ?
17:15 - Je m'étais exprimé sur ce sujet,
17:17 sur vos collègues de CNews,
17:20 en disant que je m'opposais au retour des djihadistes,
17:23 ou des enfants de djihadistes,
17:25 parce qu'à l'âge de 10 ans,
17:27 c'est très difficile de récupérer.
17:29 S'ils n'ont pas de contact avec des prédicateurs,
17:32 oui c'est facile, mais il faut vraiment
17:34 se rendre dans des âges très bas.
17:37 Mais quand quelqu'un a touché à la violence,
17:41 a vu, a goûté au sang, etc.,
17:43 on ne peut pas le déradicaliser, c'est impossible.
17:46 Et donc ce sont des dangers pour la société,
17:49 pour l'ordre public,
17:51 et puis qui peuvent passer à l'action
17:53 d'un moment comme à l'autre.
17:55 - C'est un petit peu, pardon, de la comparaison,
17:58 elle est certainement très maladroite,
18:00 mais est-ce que c'est un petit peu comme la pédophilie ?
18:02 On est pédophile un jour, on est pédophile toujours.
18:04 - Là c'est différent, parce que là on parle
18:06 d'une sorte de maladie,
18:08 ou de... enfin voilà.
18:10 Mais après, le vrai problème,
18:13 c'est la conviction religieuse.
18:15 Vous voyez, les nazis, on a pu les combattre,
18:18 parce que c'était une élogie politique,
18:20 mais pas religieuse.
18:22 C'était des gens qui étaient complètement fanatisés,
18:24 mais dès lors qu'on a su mettre un terme
18:27 à l'idéologie nazie en attrapant tous les chefs nazis,
18:30 eh bien on a... - On n'a pas vu beaucoup d'anciens nazis
18:32 non plus dire "j'ai eu tort d'être un nazi,
18:34 j'ai compris que c'était le mal absolu,
18:36 et je demande pardon, je vis comme un..."
18:38 - Oui, mais c'est pour vous donner un exemple,
18:40 pour vous montrer la difficulté de la tâche.
18:42 C'est-à-dire que les gens qui n'ont pas
18:45 de radicalisé chez eux n'ont pas d'attentat.
18:47 Voilà, en Pologne il n'y a pas d'attentat,
18:49 au Japon il n'y a pas d'attentat.
18:51 Et dès lors que...
18:53 Dans la religion, tous les musulmans
18:55 ne sont pas radicalisés.
18:57 - Bien sûr que non.
18:59 - Mais, attention, il faut savoir que
19:01 quand il y a un attentat, vous avez de plus en plus
19:03 de conversions parce que c'est une publicité
19:05 énorme pour l'islam radical.
19:07 Vous voyez, un attentat qui fait un mort,
19:09 il est diffusé à...
19:11 On en parle.
19:13 Et donc ça fait de la publicité,
19:15 c'est le fait vertère, c'est le copycat
19:17 qui est en train de s'appliquer.
19:19 - Ce que je suis en train de nous expliquer,
19:21 c'est que quelque part quand même,
19:23 quand on fait ce devoir d'information
19:25 comme on le fait ce matin,
19:27 on participe un petit peu à la promotion
19:29 du djihadisme.
19:31 - C'est-à-dire que c'est une publicité
19:33 qui est intégrée
19:35 dans le djihad,
19:37 comme pour l'attentat
19:39 du 7 octobre en Israël.
19:41 Le Hamas savait ce qu'il faisait
19:43 et savait qu'il mettait
19:45 leur population en danger
19:47 par les représailles militaires
19:49 qui allaient être engagées
19:51 par l'état israélien.
19:53 Et donc ça alimente une haine.
19:55 Et là, on est dans une dimension énorme,
19:57 mondialisée,
19:59 qui favorise la radicalité.
20:01 - Il y a quelque chose d'assez désespérant
20:03 à relever, mais que nos journalistes
20:05 ont pu relever. Malheureusement,
20:07 toutes les semaines, vous avez des personnes
20:09 qui peuvent se faire poignarder à mort dans ce pays,
20:11 en France. Si jamais c'est dans le cadre
20:13 d'un simple règlement de compte,
20:15 d'une réforme de la loi de l'Israël ou d'une RICS,
20:17 à sauf quelques exceptions,
20:19 on va peu en parler. Si jamais
20:21 l'acte est commis, le meurtre est commis
20:23 par un terroriste qui se revendique de Daesh,
20:25 on va en parler et ça va avoir un retentissement
20:27 sur la planète entière. Et donc, effectivement,
20:29 il n'y a jamais d'acte terroriste
20:31 sans publicité, malheureusement.
20:33 - Et je dirais aussi, il y a aussi une doctrine,
20:35 je vais citer Alexandre Delval,
20:37 qui a relevé cet effet
20:39 de... - C'est un spécialiste de géopolitique.
20:41 - ...de géopolitique
20:43 dans la stratégie de l'intimidation
20:45 qui explique très bien un peu ce phénomène,
20:47 qui est une sorte
20:49 de caisse de résonance dans l'action
20:51 terroriste. C'est-à-dire qu'en fin de compte,
20:53 ça ne tue pas énormément de gens,
20:55 comparativement aux accidents de la route.
20:57 On n'a que 300 morts du terrorisme
20:59 en France. Mais vous vous rendez compte de la répercussion.
21:01 - Depuis 2015, en plus. - Depuis 2015.
21:03 On peut remonter à Calais-Calcal
21:05 en 1994, mais si vous voulez,
21:07 il y a
21:09 un bénéfice,
21:11 justement, pour l'islam radical
21:13 quand ils perpétuent
21:15 ou ils commanditent
21:17 un attentat où quelqu'un fait
21:19 allégeance à l'État islamique.
21:21 C'est tout bénéfice pour eux. Parce qu'on en parle,
21:23 il y a une caisse de résonance, et je vous dis,
21:25 ça crée des conversions.
21:27 En masse. - Merci, Philippe Deveul
21:29 d'être venu sur le plateau
21:31 de Sud Radio. Merci,
21:33 Victor Lefebvre. On peut vous retrouver et retrouver
21:35 votre enquête sur Armand Imane Rajapour
21:37 sur factuel.média. Et prolonger,
21:39 évidemment, l'écoute de cette émission sur la chaîne
21:41 YouTube de Sud Radio. Allez, dans un instant,
21:43 on change complètement de sujet.
21:45 Les fêtes approchent, les occasions de boire
21:47 toujours avec modération, évidemment,
21:49 vont se faire plus fréquentes.
21:51 Est-ce qu'il ne faut pas regarder pour autant
21:53 d'un peu plus près la composition
21:55 de votre bouteille de vin ?
21:57 Comment allez-vous... Pardon.
21:59 Car vous allez voir que, comme dit
22:01 Emmanuel Jary, notre prochain invité,
22:03 dans le vin, il y a du raisin,
22:05 mais pas que. A tout de suite sur Sud Radio.
22:07 Sud Radio.
22:09 L'heure libre, 10h11h.
22:11 De retour dans l'heure libre,
22:13 une heure d'analyse, de décryptage, des affaires
22:15 qui font l'actualité. Nous sommes toujours avec
22:17 Jean-Marie Bordeuil. Toujours présent. Et nous accueillons
22:19 l'excellente Emmanuel Jary
22:21 de ses Meilleurs Quand C'est Bon.
22:23 On est ravis de vous recevoir.
22:25 Bonjour, bonjour à tous. Et l'éleveur
22:27 vigneron, en plus, Armand Heitz,
22:29 dont les vins sont en Bourgogne. Et en plus,
22:31 vous avez d'autres métiers. Vous êtes aussi céréalier
22:33 et vous êtes même restaurateur. Et vous
22:35 rêvez qu'un jour, Emmanuel Jary passe...
22:37 - Tous les jours.
22:39 - Alors, Emmanuel Jary, il faut
22:41 expliquer, sans citer de marque ou d'appellation,
22:43 vous savez que c'est toujours difficile de parler
22:45 de vin sans tomber sous le
22:47 coup de la loi "et vin".
22:49 Que dans le vin, il n'y a pas que du
22:51 raisin. C'est d'ailleurs le titre de la couverture
22:53 du numéro 3 de la revue
22:55 "C'est meilleur quand c'est bon".
22:57 Eh bien, regardez.
22:59 Acide ascorbique,
23:01 col de poisson, dioxyde de
23:03 silicium. Dans le vin, donc,
23:05 il y a du raisin, mais pas que.
23:07 Cette couverture, elle pastiche
23:09 à merveille au diar.
23:11 - Oui, tout à fait. C'est Mathieu Pensard qui est d'ailleurs en couverture
23:13 qui a trouvé cette formule.
23:15 Je crois qu'elle résumait bien cette idée.
23:17 Quand on boit
23:19 du vin, on pense au raisin, mais
23:21 là, on a cité des noms qui font un petit peu peur. C'est pas
23:23 forcément des horreurs, mais il faut le savoir.
23:25 Et donc, nous, on a voulu
23:27 dire un petit peu ce qu'il y avait dans la bouteille.
23:29 - Voilà. Alors, dans ces ingrédients qui se retrouvent dans votre verre,
23:31 sachez qu'on appelle ça les
23:33 intrants. Les intrants.
23:35 Ça donne pas tellement soif entre nous.
23:37 Avant de vous demander si c'est mauvais pour la santé,
23:39 je voudrais commencer par bien comprendre
23:41 à quel moment on ajoute des
23:43 produits dans le vin. Et ça commence
23:45 bien avant la vendange.
23:47 Stupeur ! C'est tout au long du processus
23:49 d'élevage,
23:51 de vinification,
23:53 tout ça. Alors, je vais faire
23:55 Armand, avant de vous interroger,
23:57 je dis, pas pour vous
23:59 flatter, mais vous, vous faites des "vins propres"
24:01 entre guillemets, mais écoutons
24:03 un peu tout ce qu'on y met.
24:05 Des fongicides, ça c'est pour éviter les champignons
24:07 sur les feuilles de vignes.
24:09 Des pesticides,
24:11 donc ça aussi, c'est à la vie.
24:13 - C'est le terme qui englobe
24:15 tout ce qu'on peut utiliser. - Pour les parasites.
24:17 - Pour tuer tous les parasites. - Exactement.
24:19 - Ou l'herbe aussi. - Alors, par exemple,
24:21 ces insecticides, par exemple, il y a des insecticides
24:23 contre les papillons, qu'on retrouve
24:25 en quantité infinitésimale,
24:27 mais dans le vin.
24:29 - Les insecticides ont vraiment beaucoup
24:31 diminué, on en utilise quasiment
24:33 plus. - C'est vrai.
24:35 - Toujours le côté positif. - Voilà, toujours.
24:37 Il y a encore
24:39 ce qu'on appelle les herbicides, parce qu'évidemment
24:41 il y a des vignerons qui ne
24:43 supportent pas d'avoir une vigne qui ne
24:45 soit pas, je dirais, débarrassée
24:47 de tout ce qu'ils peuvent faire. - La vigne
24:49 est une culture qui n'aime pas forcément
24:51 beaucoup trop la concurrence. - Voilà.
24:53 Alors, après, on rajoute
24:55 du soufre avant de mettre en bouteille
24:57 car ça aseptise
24:59 les vins, ça tue
25:01 des bactéries notamment. Pourquoi
25:03 est-ce qu'on rajoute du soufre d'abord ?
25:05 Tout le monde ne rajoute pas du soufre, d'ailleurs. - C'est des choses
25:07 assez techniques qui sont souvent
25:09 sujettes à débat.
25:11 J'aime bien prendre un peu de recul,
25:13 ne pas être sectaire.
25:15 L'important, c'est d'avoir un vin
25:17 qui soit représentatif de son terroir.
25:19 - Oui, mais pourquoi du soufre ?
25:21 - C'est quoi l'intérêt de ceux qui s'en servent ?
25:23 - L'intérêt, c'est que si vous faites
25:25 rien, ça va devenir du vinaigre.
25:27 Et ça, depuis qu'on fait
25:29 du vin, depuis qu'on en consomme,
25:31 on a toujours eu le problème. Chaque époque
25:33 a eu ses
25:35 solutions, pas toujours très bonnes,
25:37 même c'est Emmanuel le cite
25:39 dans son article. On allait même à une
25:41 époque jusqu'à utiliser du mercure.
25:43 Et c'était la noblesse. - Du mercure dans le vin ?
25:45 - La noblesse utilisée, et c'est
25:47 pour ça notamment que les nobles souffraient de la maladie
25:49 de la goutte. Il y a un bouquin
25:51 que je recommande très souvent,
25:53 qui est d'Arnaud Immele, "Les grands vins sans
25:55 sulfite". C'est vraiment à lire pour
25:57 comprendre vraiment la thématique.
25:59 - Alors, question un petit peu idiote. Comment se fait-il
26:01 qu'on ne sente pas ? Il n'y a rien
26:03 qui ait un goût pire que le soufre
26:05 et une odeur encore pire que le soufre. Pourtant,
26:07 on ne le sent pas. - Alors si,
26:09 tout le monde a un seuil de détection.
26:11 Je peux vous assurer qu'au-delà d'une
26:13 certaine dose, déjà le lendemain, vous allez le sentir,
26:15 ça va vous faire mal à la tête. - Oui, c'est ce que j'allais dire.
26:17 C'est ce qu'on a l'habitude de dire. - Je suis un monologue.
26:19 - Tout le monde n'est pas d'accord
26:21 avec cette histoire de mal à la tête sur le soufre.
26:23 - Ah si, quand même. Il faut,
26:25 effectivement, l'alcool joue énormément sur le
26:27 mal de tête du lendemain, mais
26:29 sur des vins
26:31 fortement souffrés, vous serez sûrement
26:33 beaucoup plus malade le lendemain. - Est-ce qu'il y a des bons
26:35 et des mauvais soufres ? Parce qu'un vignon que je ne peux pas citer me disait
26:37 que lui, il mettait un soufre interdit qui est un soufre
26:39 de volcans, parce qu'il trouvait que c'était un soufre
26:41 plus naturel. Qu'est-ce que... - Dans la démarche,
26:43 alors effectivement,
26:45 ça peut se ressentir sur le goût. J'ai fait
26:47 des essais.
26:49 Mais il faut voir aussi que sur certains
26:51 vins, ça agit vraiment comme du sel
26:53 et du poivre. Le soufre peut avoir
26:55 un effet révélateur de goût,
26:57 exhausteur de goût, complètement.
26:59 Et à l'aveugle, il y a des...
27:03 - Alors, soyons très concrets
27:05 pour nos auditeurs,
27:07 un vin qui n'a pas de soufre, c'est en général
27:09 précisé sur la bouteille.
27:11 C'est marqué "sans soufre ajouté".
27:13 - C'est encore assez flou, clairement.
27:15 - Ah, il y a quand même, moi je...
27:17 Ce que je regarde, c'est justement ces étiquettes.
27:19 - "Sans sulfite ajouté". - Il n'y a pas d'obligation.
27:21 - Oui, sulfite, c'est...
27:23 - Comme les gens ne savent pas ce que ça veut dire.
27:25 - On sent que c'est sulfureux, mais on ne sait pas trop ce que c'est.
27:27 - C'est ça.
27:29 - Les levures, pour vous donner un exemple, pendant la fermentation,
27:31 dégagent aussi du soufre.
27:33 Et donc, c'est une histoire de seuil et de quantité.
27:35 Et c'est très subjectif.
27:37 - Oui, c'est ça.
27:39 - Et d'ailleurs, tous les grands
27:41 vignerons qui ont fait l'histoire, les précurseurs
27:43 des vins sans soufre,
27:45 en mettent.
27:47 - Tout à fait. - Est-ce que ça a un impact
27:49 sur la santé ou pas ?
27:51 - On y vient, on y vient. Vous savez, il y a un plan dans ma discussion.
27:53 - Je commençais à m'inquiéter.
27:55 - Je voulais quand même... La liste n'est pas terminée.
27:57 On apprend à la lecture de cette
27:59 excellente revue, qu'il y a
28:01 aussi des correcteurs
28:03 d'arômes.
28:05 Ça, c'est incroyable. Donc, on peut corriger
28:07 le goût du vin avec des correcteurs d'arômes,
28:09 dont les fameuses
28:11 levures sèches, des levures indigènes
28:13 du vin.
28:15 Non, pardon, des levures qui ne sont pas des levures indigènes,
28:17 justement, du vin, et qui produisent
28:19 des goûts. Comme on disait autrefois, le goût de banane
28:21 dans le Beaujolais,
28:23 c'était pas exactement du raisin non plus.
28:25 - Oui, alors là, on est sur
28:27 un autre temps,
28:29 et les vignerons qui travaillent sérieusement
28:31 n'ont pas du tout recours à ça.
28:33 - Oui, mais vous savez, les gens qui achètent des vins,
28:35 notamment en grande surface, ils savent pas nécessairement
28:37 qui est le vigneron qui est derrière.
28:39 - C'est vraiment minime.
28:41 - Les correcteurs d'arômes, c'est vraiment minime.
28:43 - Les amis oenologues qui sont dans des grandes
28:45 caves coopératives
28:47 n'ont pas recours à ça.
28:49 Clairement, faut pas noircir
28:51 les choses quand elles ne le sont pas.
28:53 - Emmanuel, j'arrive ou partager cette leçon d'optimisme ?
28:55 - Alors, moi, je suis pas vignerone,
28:57 donc en tout cas, je pense que
28:59 d'abord, c'est sûrement vrai parce que ça a un certain coût.
29:01 Donc, j'imagine qu'un vigneron
29:03 qui calcule ses coûts, il va pas
29:05 ajouter pour ajouter.
29:07 Ce qui est un peu, moi, ce que je trouve problématique,
29:09 c'est les levures quand elles remplacent... Par exemple,
29:11 le goût de silex, c'est un goût qu'on adore.
29:13 Et si c'est les racines du vin qui vont
29:15 chercher dans la terre,
29:17 enfin, les racines de la vigne qui vont chercher dans la terre
29:19 ce goût et qu'il est restitué à travers
29:21 le vin, je trouve ça formidable. Quand on
29:23 utilise des levures comme la levure dont on parle,
29:25 et j'ai voulu qu'on en parle parce qu'elle fait
29:27 froid dans le dos, son nom, c'est la levure killer,
29:29 qui élimine les levures indigènes
29:31 pour pouvoir placer... Alors, je sais pas, c'est peut-être des pratiques
29:33 qui sont... C'est vrai que ça serait intéressant de savoir
29:35 qui utilise à quelle échelle, mais
29:37 ça, je me suis dit, c'est dommage parce que, vous savez, c'est comme...
29:39 J'ai fait une fois cette comparaison,
29:41 c'est-à-dire, c'est comme si vous aimez les bouches pulpeuses,
29:43 si une bouche d'un homme ou d'une femme
29:45 elle est pulpeuse... - Ça a du succès sur Instagram !
29:47 - Voilà, c'est ça ! Mais si c'est
29:49 parce qu'elle a été injectée de
29:51 collagène ou je sais pas quoi, bon, c'est moins intéressant.
29:53 Et bien, c'est pareil pour le vin. C'est-à-dire que
29:55 si l'arôme, il va puiser, vous le disiez
29:57 tout à l'heure, vraiment,
29:59 la vérité du terroir, c'est très intéressant.
30:01 Et si c'est pour rajouter, du coup,
30:03 pour... - Artificiellement.
30:05 - Artificiellement, et parce que c'est la mode...
30:07 - C'est vraiment à la marche, ces pratiques-là, aujourd'hui.
30:09 Enfin, la filière vin
30:11 est vraiment...
30:13 Faire un vin de terroir, c'est extrêmement facile.
30:15 - Non, mais vous savez bien que nous autres
30:17 journalistes, on parle de ce qui ne va pas.
30:19 - Exactement ! - Les vins
30:21 faits dans de meilleures manières. - Moi, je suis là, justement, pour parler
30:23 que tout va bien. Et défendre la filière
30:25 vin, c'est... - Mais est-ce que c'est pas
30:27 parce que vous, vous êtes comme très vertueux,
30:29 et vos collègues, j'imagine aussi, mais il y a comme du
30:31 vin industriel, et quand on regarde un peu, c'est...
30:33 - Ça m'arrive d'en acheter, puisque on a
30:35 une machine au domaine, et elle doit
30:37 être étalonnée avec du vin cubit
30:39 supermarché. - Ouais.
30:41 - Et non, ça n'a pas, enfin...
30:43 - C'est pas dégoûtant. - Non.
30:45 - Est-ce qu'il n'est pas plus facile pour vous,
30:47 qui êtes dans un terroir béni des dieux,
30:49 Hachassah et Nourachel, de faire un bon
30:51 vin sans tricher, alors qu'il y en a d'autres
30:53 qui en produisent dans un terroir moins riche ?
30:55 - Euh...
30:57 Il y a du bon vin partout, clairement.
30:59 - Mais il n'y a pas de Hachassah et de Nourachel partout.
31:01 - Il est très populaire en ce moment. - Alors on sait que
31:03 pour faire un bon vin, il y a le travail
31:05 évidemment de la vigne,
31:07 mais il y a aussi le climat, le temps qu'il va faire
31:09 pendant tout au long de l'année,
31:11 c'est très important,
31:13 et puis il y a évidemment
31:15 la qualité du terroir. Il a raison, Jean-Marie,
31:17 à Hachassah et Nourachel, on a moins de problèmes qu'ailleurs.
31:19 - Pas forcément,
31:21 puisque la météo... - C'est trop modeste.
31:23 - Les étés très chauds
31:25 de ces dernières années... - Non.
31:27 - ... ont été difficiles pour vous. - ... stressent également
31:29 des problématiques à la vigne. - Vous n'avez pas de
31:31 collègues, en Bourgogne en tout cas,
31:33 qui trichent ? Il n'y en a pas tant que ça,
31:35 il n'y en a pas plus ou pas moins qu'ailleurs. - Qui trichent à quel point ?
31:37 - Sur leur vin, notamment en ajoutant certains produits
31:39 dont on vient de parler ? - Non, parce que la viticulture
31:41 bourguignonne est assez traditionnelle,
31:43 et pour certains,
31:45 ils n'ont même pas connaissance de ces...
31:47 de tous ces produits-là. - Mais est-ce que
31:49 les noms qu'on voit, Acide Ascorby, Col de Poisson,
31:51 ça, par exemple, c'est des choses qui vous sont totalement étrangères ?
31:53 - Pas du tout. À l'école
31:55 d'onologie, on apprend ces choses-là.
31:57 Et ce qu'il faut avoir en tête, c'est que c'est quand même
31:59 pas des choses qui sont mauvaises, puisque
32:01 je pense qu'autour de la table, on en a
32:03 quasiment tous mangé
32:05 au moins dans la semaine. - On but.
32:07 - Ah oui ! - Dans n'importe quel plat...
32:09 - C'est intéressant, ce que vous me disiez en préparant cette émission...
32:11 - C'est un anti-Occident qu'on retrouve dans
32:13 n'importe quel compoteur. - Non, mais ce que vous me disiez,
32:15 et qui est très intéressant, parce qu'il ne faut pas non plus faire
32:17 peur aux gens et les dégoûter de cette bonne fête,
32:19 mais ce que je veux dire, c'est quand même,
32:21 vous me disiez, quand vous
32:23 allez acheter du tout-près au supermarché,
32:25 par exemple, un plat tout-près,
32:27 regardez, regardez,
32:29 c'est bien pire. - Exactement.
32:31 Et moi, je préfère largement acheter
32:33 du vin au supermarché qu'un
32:35 plat préparé. - On est d'accord. - J'ai une expérience
32:37 une fois dans un restaurant
32:39 à Mégevre, le vin
32:41 était largement meilleur que ce que j'avais dans l'assiette.
32:43 - Ecoutez, c'est une bonne chose. - Et bien souvent,
32:45 dans un restaurant, vous êtes en train de me dire quand même que j'ai mangé de la colle
32:47 de poisson sans le savoir cette semaine.
32:49 - Très probablement. - Ah oui. - Dans quel type
32:51 de plat ? - Et vous êtes tout le temps en bonne santé.
32:53 - Et je suis en bonne santé. - Oui, parce qu'il suffit de regarder
32:55 derrière, et c'est masqué sous des "e"
32:57 et quelques, des choses comme ça. Voire
32:59 quand les doses sont très faibles, il n'y a même pas besoin de le mettre.
33:01 - Hum. Et
33:03 alors, il y a une question
33:05 qui me vient, mais je vais faire quelque chose de
33:07 terrible. Je vais dire, on va en parler dans un instant.
33:09 Est-ce que c'est la même chose pour le champagne ?
33:11 Parce que le temps du champagne approche.
33:13 Et est-ce que tout ça est mauvais
33:15 pour la santé ? Ce sont ces questions-là
33:17 qu'on va se poser dans un instant.
33:19 Et on va vous donner plein
33:21 de bons tuyaux avant de mettre une bouteille
33:23 dans votre panier. On se retrouve
33:25 tout de suite sur Sud Radio avec Emmanuel Jarry
33:27 et notre vigneron Armand.
33:29 A tout de suite.
33:31 - Sud Radio. L'heure libre.
33:33 10h11. - De retour
33:35 dans l'heure libre. Nous sommes toujours avec
33:37 Jean-Marie Bordry. Emmanuel Jarry
33:39 de "C'est meilleur quand c'est bon",
33:41 qui nous a revus ce matin. Nous a rejoint
33:43 Armand Heitz, qui est éleveur et
33:45 vigneron, entre autres, en Bourgogne.
33:47 Mais Armand, vous êtes viticulteur
33:49 à la tête d'un domaine de 20 hectares,
33:51 8 hectares dans le Beaujolais.
33:53 Vous êtes toutefois
33:55 multicasquette, je le disais tout à l'heure.
33:57 - Multibéret. - Multibéret.
33:59 Éleveur, producteur de viande.
34:01 Et vous avez aussi
34:03 un restaurant.
34:05 C'est assez incroyable.
34:07 - C'est original. - Et vous racontez tout ça, d'ailleurs,
34:09 dans un blog sur Factuel, qui s'appelle
34:11 "Journal d'un paysan. L'agriculture
34:13 est un sport de combat". Et on vous remercie
34:15 d'être là, parce qu'on parle très franchement
34:17 des vins, aujourd'hui.
34:19 Est-ce qu'il n'y a que du raisin dans les bouteilles
34:21 de vin ? Eh bien, on voit que non. Et là,
34:23 on va aborder un point très précis.
34:25 Les vins bio. La différence entre
34:27 les vins bio et les vins conventionnels.
34:29 Les vins en biodynamie.
34:31 Les vins propres. Les vins nature.
34:33 Comment on peut y voir clair ? Alors, heureusement,
34:35 Emmanuel, vous avez
34:37 un guide
34:39 de survie, si j'ose dire,
34:41 quand on aime le vin.
34:43 Eh bien, sur les bouteilles,
34:45 vous allez voir, il y a tout un tas d'étiquettes.
34:47 AB, Eurofeuille, Déméter,
34:49 Biodivin, Haute valeur environnementale,
34:51 Terravitis, Zéro pesticide.
34:53 J'ai même vu que vous aviez oublié Vegan.
34:55 - Oui, c'est vrai, Vegan.
34:57 Vegan, c'est pas grand-chose. C'est juste qu'on n'utilise pas
34:59 de produits animaux. Donc, par exemple, des oeufs...
35:01 Du blanc d'oeuf ou du jaune d'oeuf, je sais pas lequel des deux.
35:03 - Le blanc d'oeuf. - Le blanc d'oeuf, pour filtrer le vin.
35:05 Donc, un vin peut être
35:07 vegan. - Chateau Margaux utilise
35:09 encore les blancs d'oeufs de leur poule.
35:11 - Moi, ça me pose aucun problème.
35:13 Parce que je suis pas vegan.
35:15 Pour le coup, on peut
35:17 faire, je pense, du vin vegan de très
35:19 mauvaise qualité ou de très bonne qualité.
35:21 Donc, on n'en a pas parlé. Effectivement, c'est pas un label.
35:23 - Non, c'est pas un label. Alors,
35:25 justement, vous faites oeuvre pédagogique
35:27 pour que chacun s'y retrouve. Donc, évidemment, on peut se référer
35:29 à la revue. Mais on peut aussi
35:31 se dire un mot, si vous le permettez, des étiquettes.
35:33 - Donc, qu'est-ce que c'est que cette Eurofeuille, là ?
35:35 Cette petite feuille étoilée,
35:37 c'est un bio européen, c'est ça, Herman ?
35:39 - Alors, j'ai pris beaucoup de distance depuis
35:41 quelques années avec les labels. J'ai même
35:43 fait un article de blog en expliquant... - Ah, bah alors, je vais demander
35:45 à Emmanuel. - Ce sera sans doute plus clair.
35:47 - Oui, il y a le label
35:49 Certifiab agriculture biologique
35:51 et l'Eurofeuille. Mais c'est vrai que
35:53 la réglementation,
35:55 le bio est pas le même partout dans tous les pays.
35:57 Nous, on a quand même une bio, que ce soit pour le vin
35:59 ou pour l'agriculture en général, qui est d'assez
36:01 bonne qualité. - Voilà, qui est plus qualitative
36:03 que la bio européenne. - Oui, qui est plus qualitative. Après, ça dépend
36:05 sur quel produit, mais elle est plus qualitative.
36:07 Donc, voilà, l'Eurofeuille,
36:09 c'est les vins bio aujourd'hui.
36:11 - D'accord. Alors, d'ailleurs, j'en profite
36:13 pour dire que dans le vin bio, il peut y avoir
36:15 aussi des produits, parce que c'est une question de seuil.
36:17 Alors, le seuil français est assez exigeant,
36:19 mais le seuil européen, beaucoup moins. - Oui, tout à fait.
36:21 Là, on a... Je veux pas faire la promo de la revue,
36:23 mais pour 55, on a
36:25 un super DA qui nous a fait
36:27 un schéma qu'on comprend hyper bien. On a une énorme
36:29 pour le vin conventionnel, une très grosse
36:31 bouteille et peut-être une trentaine d'intrants qui sont
36:33 autorisés à la cuve.
36:35 Après, pour le vin bio, on voit qu'il y en a
36:37 peut-être une quinzaine ou une vingtaine.
36:39 Et après, biodynamie, il en reste peut-être 4. Et les vins
36:41 naturels, qui sont en même temps, qui ont pas vraiment
36:43 de définition exacte, il n'y a plus que le soufre.
36:45 Donc, moi, ça m'a permis de comprendre
36:47 en tout cas ce schéma un peu visuellement.
36:49 - Donc, en fait, les étiquettes
36:51 AB, Eurofeuille, Déméter,
36:53 Bio Divin, c'est à peu près
36:55 la même chose. Mais c'est des
36:57 questions de seuil. On peut dire ça comme ça ou pas ?
36:59 - Ouais, non. Parce que, par
37:01 exemple, Déméter, c'est une conduite
37:03 de la vigne particulière et notamment la
37:05 prise en compte des écosystèmes.
37:07 Alors que, Bio Divin,
37:09 je crois que c'est le Déméter du vin.
37:11 Et puis après, haute
37:13 valeur environnementale.
37:15 - Ceux des gens qui travaillent un peu plus propre que les autres, c'est ça ?
37:17 - Oui, voilà. Moins de pesticides, ça s'est assez
37:19 critiqué souvent. - Et pourquoi c'est critiqué ?
37:21 - Je sais pas, parce qu'on dit que c'est pas suffisant.
37:23 J'ai beaucoup entendu dire que ça servait à rien, alors que
37:25 les gens qui la pratiquent disent que c'est déjà mieux que rien.
37:27 - C'est déjà mieux que rien. Téravitis,
37:29 c'est quoi ça ?
37:31 - C'est l'utilisation raisonnée de la chimie.
37:33 Donc, vous voyez, tout ça, c'est quand même des toutes petites nuances.
37:35 C'est-à-dire que pour le consommateur, c'est un peu compliqué.
37:37 Il faut faire des études supérieures pour arriver à se repérer.
37:39 - Alors, j'en viens justement à votre
37:41 article, non pas à Emmanuel Jarry,
37:43 mais à Armand. Vous avez écrit
37:45 un article "Je ne suis pas labellisé,
37:47 je ne le serai jamais. Pourquoi ?".
37:49 Vous voulez pas d'étiquette, vous ?
37:51 - Pour moi, cette démarche de labellisation,
37:53 c'est pas comme ça que je vois
37:55 la durabilité pour
37:57 l'agriculture.
37:59 Et c'est pas grâce à ça qu'on arrivera à faire du vin,
38:01 à faire à manger pour les prochaines générations.
38:03 L'agriculture, ça a 8000 ans.
38:05 Pendant 8000 années, on a réussi
38:07 à faire des choses durables sans
38:09 label. Ça fait 60 années qu'on
38:11 a une agriculture intensive qui
38:13 utilise des produits. Et pour
38:15 moi, les labels, ça fait travailler davantage
38:17 de personnes dans les bureaux.
38:19 - Qu'à l'organisme.
38:21 - Le certificateur le plus connu
38:23 internationalement fait plusieurs milliards
38:25 de chiffres d'affaires. Et moi,
38:27 j'ai besoin de personnes qui travaillent dans les vignes.
38:29 Pas des personnes qui me remplissent des papiers
38:31 ou des cases ou qui viennent contrôler des stocks.
38:33 - Mais vous vous rendez compte qu'en disant
38:35 ça, on va se méfier de vos vins
38:37 qui sont très propres par ailleurs ? C'est-à-dire qu'on a
38:39 l'impression que vous voulez pas
38:41 qu'on vienne mettre le nez dans votre vigne ?
38:43 - J'ai eu un peu peur. C'est pour ça qu'au début,
38:45 j'ai fait cet article.
38:47 Et clairement,
38:49 les ventes du domaine se portent
38:51 très bien. Des labels,
38:53 il y en a plein les supermarchés.
38:55 Moi, j'y vais pas aux supermarchés.
38:57 Et voilà, on voit bien que le bio
38:59 ne plaît pas puisque les ventes
39:01 de produits bio ne font que de réduire.
39:03 Et c'est pas une source...
39:05 Ah oui, clairement, le lait bio
39:07 est bien souvent déclassé pour redevenir
39:09 du lait normal.
39:11 La plus-value modèle économique...
39:13 - J'imagine qu'Emmanuel Jarry sait tout ça.
39:15 - La plus-value qui a été
39:17 promise...
39:19 Le modèle économique du bio ne porte pas du tout
39:21 ses fruits. - Cependant,
39:23 dans le vin, je crois qu'au contraire, c'est le seul secteur
39:25 où le bio augmente. Mais ce que je trouve intéressant
39:27 dans ce que vous dites, c'est que j'ai souvent entendu
39:29 des vignerons qui étaient plus propres que propres
39:31 et qui refusent d'être certifiés en bio.
39:33 - Il y a beaucoup d'exemples. - Ce qui dit que moi, j'ai pas besoin d'un label
39:35 pour dire que je fais quelque chose de bien et que j'ai pas envie de payer
39:37 non plus pour avoir une certification. - Il y a une démarche.
39:39 Et il y a tout un tas de démarches vertueuses
39:41 agronomiquement qui sont pas mises
39:43 en avant par les labels. Les enherbements,
39:45 l'impact du carbone... - J'ai cru entendre
39:47 un gros mot. Les enherbements.
39:49 - Les enherbements. Colza,
39:51 seigle, voilà, je diversifie
39:53 entre mes rangs de vignes.
39:55 Et ça, vous pouvez avoir des sols
39:57 complètement morts et être certifiés
39:59 bio. C'est aberrant. - Oui, tout à fait.
40:01 Le bio est très critiqué. - Il vaut mieux
40:03 planter du colza,
40:05 par exemple, entre vos pieds de vignes.
40:07 Moi, je vois déjà...
40:09 Ayons des sols vivants,
40:11 ayons des vers de terre,
40:13 et peut-être que déjà, on pourra faire des vins
40:15 plus sains, plus vivants.
40:17 Et top, pareil. Revenons à la vigne.
40:19 - Alors, les vins bio,
40:21 on le disait, ne sont pas nécessairement
40:23 sans produits à l'intérieur.
40:25 Et les vins véganes
40:27 peuvent être plein de saloperies.
40:29 C'est assez étonnant, mais on peut avoir
40:31 un vin qui n'a pas été filtré avec du blanc d'œuf,
40:33 et avec des tas de choses
40:35 ajoutées.
40:37 Et vous aurez l'impression,
40:39 en voyant le petit label végan,
40:41 que vous allez vous faire du bien. C'est plus compliqué.
40:43 - C'est exactement ça.
40:45 Une limite supplémentaire de ces labels.
40:47 Même nous, en étant
40:49 impactés, en ayant fait
40:51 un travail sur ces labels, on n'arrive même pas à tous les comprendre.
40:53 Donc, le consommateur
40:55 qui arrive dans un supermarché
40:57 est complètement perdu.
40:59 - Alors, qu'est-ce que vous donnez comme conseil en plus,
41:01 Emmanuel ?
41:03 Ce qu'on adore chez vous, dans l'univers
41:05 de "C'est meilleur quand c'est bon",
41:07 c'est que vous valorisez vraiment
41:09 les bons produits, les artisans,
41:11 les gens laborieux.
41:13 On sent que vous avez un amour
41:15 pour la cuisine de patrimoine,
41:17 cette cuisine citoyenne
41:19 qu'on transmet dans les familles, sans se raconter
41:21 d'histoires, sans vouloir
41:23 concourir à Top Chef.
41:25 C'est pas que de la technique, la cuisine c'est aussi du plaisir !
41:27 - Oui, c'est vrai !
41:29 Notre mission, c'est "C'est meilleur quand c'est bon",
41:31 même pour le vin. Le conseil, c'est un peu compliqué,
41:33 mais c'est de rencontrer la personne qui l'a faite.
41:35 Donc, jamais j'achète mon vin en supermarché,
41:37 mais vraiment jamais.
41:39 C'est vrai que parfois, il y a des foires au vin, des prix,
41:41 mais d'aller voir les vignerons, c'est pas toujours possible,
41:43 mais d'aller chez les cavistes, parce que vous pouvez déguster,
41:45 parce qu'effectivement, ça va être des choix
41:47 de vignerons indépendants, etc.
41:49 Et puis,
41:51 on se dit toujours, est-ce que
41:53 c'est un trans, c'est bon, mauvais, ou tout,
41:55 pour la santé ? On parle parfois des cancers,
41:57 je crois qu'il n'y a aucune analyse qui peut le dire.
41:59 Moi, je bois un vin et je vois l'effet qu'il me fait.
42:01 Sans boire trop d'alcool,
42:03 parfois je bois une bouteille, alors que je ne suis pas résistante à l'alcool,
42:05 et le lendemain, je me réveille comme si j'avais bu du thé.
42:07 Et là, je me dis, tiens, le vin était très bon, parce que j'ai pas
42:09 les yeux gonflés, j'ai pas passé une mauvaise nuit,
42:11 j'ai pas mal à l'estomac. Je me sens très très bien.
42:13 Et donc ça, je crois que c'est assez important
42:15 de voir,
42:17 est-ce que ça procure du plaisir ? Est-ce que c'est bon ?
42:19 Parce que le vin aussi, ça met un coup en s'épanouissant.
42:21 - Exactement. Alors, il y a quelque chose
42:23 que l'on doit à nos auditeurs,
42:25 est-ce que c'est mauvais, tous ces produits, pour la santé ?
42:27 Parce que je vais vous raconter quelque chose de très
42:29 personnel. Mon papa a un cancer
42:31 de la prostate, comme beaucoup
42:33 d'hommes, on le sait, et on lui a déconseillé
42:35 de prendre des vins en agriculture
42:37 conventionnelle, c'est-à-dire des vins avec des choses
42:39 ajoutées, comme ça. - Il a quand même
42:41 le droit de boire du vin ?
42:43 - Oui, mais on lui a reconseillé
42:45 de boire des vins
42:47 sans intrants.
42:49 - Moi, je pense que c'est assez subjectif, quand même. Je sais pas
42:51 s'il y a vraiment des études qui ont été faites. - C'était peut-être un naturopathe
42:53 qui l'a découvert. - Oui, voilà, c'est ça. Ça dépend du
42:55 "il faut qu'il change aussi", parce que, bon,
42:57 un autre discours d'un autre médecin.
42:59 Voilà, un autre avis, mais en tout cas,
43:01 on sait que les produits phytosanitaires
43:03 qui sont mis dans la vigne, ça peut être mauvais
43:05 pour le viticulteur, mais après, ce qu'on
43:07 retrouve dans la bouteille, est-ce qu'il y a vraiment des
43:09 analyses qui ont pu dire que ça c'est très mauvais ? Enfin, je sais pas.
43:11 C'est une question de degré, aussi.
43:13 - On est sur des seuils de très très bas.
43:15 - Très très bas. - À ce moment-là,
43:17 on sort plus de chez soi.
43:19 Si on commence à avoir peur des doses
43:21 qui sont résiduelles dans le vin,
43:23 on ne sort plus de chez soi. - Très honnêtement,
43:25 moi, j'ai goûté des vins conventionnels, exceptionnels,
43:27 en goût, et moi, je pense que quand un produit
43:29 a bon goût, il est bon pour la santé, enfin, il n'est pas mauvais,
43:31 c'est vrai aussi, on sait qu'il y a des minéraux, des choses
43:33 comme ça. - Et puis, quand le cerveau est réceptif,
43:35 - Bah oui, voilà, il se passe quelque chose, le plaisir,
43:37 c'est bon pour la santé. - Le plaisir, c'est très bon pour la santé.
43:39 - On s'est éprouvé ça. - C'est une bonne baseline pour
43:41 votre revue, ça, le plaisir, c'est bon pour la santé.
43:43 Il y a quelque chose, aussi, que je voulais
43:45 qu'on aborde rapidement, parce que c'est
43:47 bientôt les fêtes, ces histoires de champagne.
43:49 Moi, j'ai vu sur des bouteilles, marquer
43:51 des choses qui m'intriguent.
43:53 - Zéro dosage. Qu'est-ce que c'est que le dosage ?
43:55 - Alors, le champagne,
43:57 a besoin,
43:59 c'est un procédé fermentaire,
44:01 qui fait une refermentation en bouteille,
44:03 et ensuite,
44:05 le climat en champagne était plus frais, aussi.
44:07 Et donc, pour rééquilibrer le vin,
44:09 on a coutume
44:11 de rajouter du dosage.
44:13 Avec le réchauffement climatique... - C'est quoi, c'est du sucre de betterave ?
44:15 - Tout à fait. - Ah bon ?
44:17 - Les vignerons font leur liqueur,
44:19 alors, je suis plutôt bourguignon, donc je vais pas parler
44:21 de choses dont je suis pas spécialiste.
44:23 J'ai fait des créments,
44:25 et je tente plutôt
44:27 à faire des créments sans dosage.
44:29 - C'est mieux de privilégier, j'imagine, un champagne
44:31 sans dosage ? - C'est le réchauffement climatique qui permet ça.
44:33 Puisqu'avant, la maturité ne permettait
44:35 clairement pas de le faire. - Emmanuel,
44:37 vous êtes plutôt zéro dosage, ou plutôt...
44:39 - Moi, je suis plutôt zéro dosage,
44:41 parce que c'est des vins plus secs, plus tendus
44:43 pour la table, mais j'aime bien les champagnes
44:45 demi-secs, on ne trouve quasiment plus, parce que
44:47 je sais pas, j'ai l'impression de
44:49 revivre à l'époque de Proust,
44:51 ça me fait voyager dans le temps. - Vos vignères de demi-secs. - Ouais, ouais, j'aime bien,
44:53 et puis j'ai goûté des champagnes demi-secs avec
44:55 certains fromages persillés, c'est absolument délicieux. - Absolument.
44:57 - Et surtout des vieux milésimes. - Vous avez de l'équilibre,
44:59 de l'acidité, du gaz...
45:01 - Ça peut être très plaisant. - Et oui,
45:03 sur toutes les bouteilles de champagne que vous allez
45:05 pouvoir acheter chez vos cavistes, il y aura toujours
45:07 quelques grammes de sucre résiduel. - Bon,
45:09 c'était passionnant, je vais vous dire, moi j'ai déjà
45:11 envie d'être dans la période des fêtes, c'est parce que
45:13 l'actualité est par ailleurs trop anxiogène, je pense.
45:15 On est ravis de vous avoir reçu,
45:17 Emmanuel, il y a plein de bonnes choses dans
45:19 votre revue, il n'y a pas que ce dossier "Vin"
45:21 qui est très intéressant, il y a beaucoup de...
45:23 J'engage tout le monde à le découvrir. - Beaucoup de bonnes choses.
45:25 - Oui, beaucoup de bonnes choses. Beaucoup, beaucoup de bonnes choses
45:27 et comme la journée sur Sud Radio...
45:29 - Exactement, même tout le week-end. - La suite de la journée.
45:31 - On le rappelle malgré tout, tous ceux qui nous écoutent,
45:33 pas de délectation, sans modération,
45:35 c'est important de le suggérer,
45:37 la suite de votre week-end sur Sud Radio, d'abord
45:39 à 13h, aujourd'hui et demain, vous retrouvez
45:41 Alain Marti, quelque part en France,
45:43 avec toute la population et
45:45 toute la France du vin,
45:47 en quelque sorte. On va retrouver demain,
45:49 à 10h, Fergnaud fait le marché, c'est Vincent Fergnaud
45:51 avec tous les gourmands et tous les amis du
45:53 terroir français, on embrasse Vincent Fergnaud
45:55 mais avant ça, place à Jean-Luc Moreau,
45:57 Laurence Perrault, on parle loto, alors
45:59 en direct aujourd'hui de Val Thorens,
46:01 figurez-vous, c'est pas le meilleur terroir vinicole
46:03 mais ils suivront pour nous, sur Sud Radio,
46:05 le Trophée Andros. - Et puis, à bord
46:07 de loto, on ne boit que de l'eau. - Exactement.
46:09 C'est important.