• il y a 7 heures
Retrouvez L 'Affaire dans l'affaire, tous les samedis de 12h et 13h sur les ondes de Sud Radio, en partenariat avec la revue Affaire criminelle de McSkysz.

Avec Nicolas Boutin, journaliste chez Valeurs actuelles, Maxime Reymond
journaliste chez L' Impartial et Julien Combelles, journaliste chez le Dauphine Libéré.

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##L_AFFAIRE_DANS_L_AFFAIRE-2024-11-30##

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News
Transcription
00:00Sud Radio. L'Affaire dans l'Affaire. Stéphane Simon.
00:04Bonjour, bienvenue. 12h, 13h le samedi, c'est votre rendez-vous avec l'actualité judiciaire.
00:10L'Affaire dans l'Affaire, une émission en partenariat avec la revue Affaires Criminelles,
00:14la nouvelle revue qui parle faits divers. Faits de société et true crime.
00:18Ensemble, nous allons parler des affaires qui font l'actualité avec Jean-Marie Borto.
00:22Bonjour, ça va Stéphane ?
00:23Ça va très bien, et vous-même ? Parfait.
00:26Avec nous également Victor Lefebvre, rédacteur en chef de la revue Affaires Criminelles,
00:31justement la revue de Max Keys, le youtubeur aux 2 millions d'abonnés.
00:34Et nous accueillons une toute nouvelle dans l'équipe, Jade Serrano, journaliste spécialisée dans l'investigation.
00:41Bonjour Jade, contente de nous rejoindre ?
00:44Bonjour Stéphane Simon, ravie d'être ici.
00:46Parfait. Aujourd'hui, nous allons vous parler de la mort de Thomas Acrépole.
00:50C'était il y a un an, et ce week-end, les rassemblements voulus à la mémoire de Thomas
00:54ont été d'abord interdits, puis à nouveau autorisés.
00:57Bref, beaucoup de confusion.
00:59La préfecture de la Drôme a ainsi d'abord interdit une série de manifestations prévues ce week-end,
01:04par crainte de troubles importants à l'ordre public.
01:07Puis la cour administrative a cassé la décision préfectorale,
01:11et les manifestations auront finalement lieu aujourd'hui, samedi.
01:15Un an après, où en est l'enquête ?
01:17Beaucoup de zones d'ombre dans cette enquête, et un climat très particulier
01:21qui confine parfois l'omerta, suivant certains.
01:24Toutes les vérités ne seraient-elles pas bonnes à dire sur ce sujet ?
01:27Un an après, nous nous dirigerons vers un meurtre non élucidé ?
01:32Point d'interrogation.
01:33Un an que le contexte politique, les tensions révélées par cette affaire,
01:37ont empêché le travail des enquêteurs.
01:39Un an après, comment vivent aussi les habitants de Crépole, ce village de la Drôme ?
01:43Comment la famille de Thomas survit à ce drame ?
01:46Et comment Mme le maire de Romand-sur-Isère, dont les positions avaient été remarquées,
01:51analyse-t-elle la situation ?
01:53Ce sont toutes ces questions que nous allons aborder durant cette émission.
01:56Mais si vous le voulez bien, commençons par rappeler les faits.
02:03Nous sommes le 18 novembre 2023 à Crépole, dans la Drôme.
02:07L'information a circulé depuis un bon mois,
02:10et le bouche-à-oreille a mis tout le monde en joie.
02:13Le petit village de Crépole va réouvrir sa salle des fêtes
02:16et accueillir une grande soirée, un bal avec un disque jockey,
02:21de quoi boire, manger, s'amuser.
02:23Cela devrait être une chouette occasion pour que les garçons et les filles du pays
02:27se rencontrent, dansent et pourquoi pas flirtent ensemble.
02:30Crépole est une commune rurale de 528 habitants,
02:34dominée par une église romane,
02:36qui a fait l'objet de nombreux travaux de réhabilitation à travers le temps,
02:39notamment au XIXe siècle.
02:41A cette époque, de jolis vitraux y ont été ajoutés,
02:44réalisés par Jean-Pierre Thomas, le fondateur de l'atelier valentinois.
02:48Crépole est un village vraiment typique de la Drôme,
02:52lové dans la Drôme des collines, comme on l'appelle, au nord du département.
02:57Avec son église bien sûr, mais aussi quelques commerces,
03:00un bar tabac, une boucherie, une supérette,
03:03le village est entouré de champs, de champs de noyés notamment.
03:07Un village donc très tranquille, situé à 17 km de Romand-sur-Isère,
03:13qui a été longtemps la capitale française de la chaussure,
03:16avant que la désindustrialisation ne touche durement
03:20les ateliers des fleurons que furent Stéphane Kellian,
03:23Manoukian, Jourdan, Perugia ou Clergerie.
03:27En voiture, il faut 22 minutes précisément
03:29pour relier la grande ville de 30 000 habitants
03:32au village de 528 habitants par la départementale 538.
03:37A Crépole, les occasions de se réjouir ne sont pas nombreuses
03:40et cette fête populaire va en être l'occasion.
03:43Ce samedi soir, c'est un bal traditionnel qui attend les Crépolais
03:47et des bals, il n'y en a pas eu depuis l'épidémie de Covid.
03:50Trois ans que l'on ne s'est pas amusé à la salle des fêtes,
03:53autant dire une paye.
03:56Thomas Perrotteau fait partie de ces Crépolais qui ont dit qu'ils en seraient.
04:01C'est un jeune sans histoire, un enfant du pays qui a grandi dans la campagne,
04:05très investi dans son équipe de rugby.
04:08C'est un garçon souriant, visage encore juvénile,
04:11il n'a que 16 ans mais déjà un physique plutôt costaud,
04:14ce qui lui donne de vraies prédispositions pour jouer dans son club de rugby,
04:18le RC Romand Péage.
04:21D'ailleurs, il ne fera sans doute pas de vieux os ce samedi soir
04:24car le lendemain, il dispute un match amical prévu de longue date.
04:29La salle des fêtes est au centre du village.
04:31Elle est longue d'une trentaine de mètres,
04:33faite de murs en crépi-beige clair, un peu abîmés par l'empreinte du temps.
04:37Des portes marrons tout autour, peu de fenêtres,
04:40une salle des fêtes sans après, fonctionnelle dirait-on.
04:44C'est une fête a priori sans risque qui doit s'y dérouler.
04:47Un bal traditionnel que chacun regarde avec un peu d'excitation, rien de plus.
04:51Ce soir, quatre vigiles vont assurer la sécurité,
04:54surtout pour des questions réglementaires,
04:56car on est encore en plein plan Vigipirate.
04:59400 personnes sont attendues pour la soirée.
05:02La jauge va finalement monter jusqu'à 450,
05:05car tout au long de la soirée, il y a d'autres jeunes qui s'invitent.
05:09Ils arrivent par petits groupes en voiture,
05:12des jeunes qui viennent de Romand-sur-Isère, justement.
05:15Les crépolais les reconnaissent car ils fréquentent les mêmes lycées.
05:19La fête se déroule bien et finalement,
05:22le soir va rester plus longtemps que prévu, emporté par la bonne ambiance.
05:26Pourtant, à l'intérieur de la salle des fêtes,
05:28certains jeunes se regardent un peu en chien de faïence.
05:31Alors que c'est la soirée des premiers flirts
05:34et que la plupart des jeunes entre 15 et 25 ans sont venus bien parfumés,
05:38bien habillés, d'aucuns diraient en dimanché,
05:41d'autres n'ont pas fait d'efforts vestimentaires.
05:44Ils sont en jean, jogging ou basket, ils parlent fort.
05:49Mais on se tient à des échanges de regards mauvais et chacun reste dans son coin.
05:53La soirée doit se terminer à 2h du matin
05:56et jusqu'à 7h, tout va grosso modo assez bien.
06:00Mais lorsque la soirée touche à sa fin, c'est à ce moment-là qu'elle bascule.
06:05Il est 2h, le DJ diffuse un dernier morceau du rappeur français Jul.
06:10Le morceau, et cela a son importance, s'intitule Chiquita, fillette en espagnol.
06:16Selon le témoignage d'un des participants, Thomas L,
06:20qui partage le même prénom mais aussi la même passion de rugby que Thomas Perrotto,
06:25passe derrière le dos d'un garçon de romance sur Isère
06:28et se met à lui tirer sur sa longue chevelure bouclée.
06:31Il lui dirait « Tu as les cheveux longs comme Chiquita »
06:35pour reprendre les paroles de la chanson de Jul.
06:38De là, les deux hommes se mettent à s'insulter,
06:41puis sortent de la salle pour s'expliquer.
06:43L'une des participantes dira aux enquêteurs avoir entendu ce Thomas proclamer
06:47« J'ai envie de taper des bougnoules ».
06:49Mais d'autres entendent surtout des insultes raciales d'un autre type
06:53« Je vais t'attraper petit blanc, sale français » et d'autres joyeusetés.
06:57Une bagarre générale éclate dans la plus grande confusion
07:01entre les jeunes du quartier de la Monnaie et les jeunes rugbymen de Crépole.
07:05Des couteaux sont sortis.
07:07Mais que font ces jeunes avec des couteaux ?
07:10Et la bagarre tourne vite au désavantage des villageois.
07:13Les rugbymen n'ont que leurs poings,
07:16les romanais des armes blanches qui coupaient en taille.
07:19C'est alors que le copain de Thomas L, Thomas Perrotto, arrive à la rescousse.
07:24Comment et pourquoi il se trouve mêlé à la bagarre, il faudra que l'enquête le dise.
07:28Mais le voilà bientôt mortellement blessé par deux coups de couteau au thorax.
07:33Qui tenait l'arme ?
07:36Quand les premiers sont blessés et le sang jaillit,
07:39la soirée tourne à la panique totale, la confusion règne partout,
07:42les gens courent dans tous les sens, certains se réfugient dans la salle,
07:45d'autres fuient en oubliant leurs affaires.
07:48Bref, quand les secours finissent par arriver,
07:51le bilan est lourd, très lourd.
07:54Un mort, 14 blessés, dont trois graves.
07:57La rumeur enfle.
07:59On parle alors d'une attaque préméditée,
08:01un raid organisé par les jeunes du quartier de la Monnaie.
08:04Ces jeunes qui viennent de ce quartier sensible fait de bars et d'immeubles
08:08et d'individus mal insérés dans la société,
08:11des jeunes connus pour des faits de violence, souvent d'origine immigrée.
08:15Une enquête est alors ouverte pour homicide
08:18et tentative d'homicide en borde organisée.
08:21Le procureur de la République de Valence va prendre la parole dès le lundi matin.
08:26Mais il va écarter la logique du raid prémédité.
08:30Les premiers éléments de l'enquête lui font dire
08:33que les jeunes du quartier de la Monnaie ne sont pas venus spécialement
08:36pour en découdre avec les villageois de Crépole.
08:39Pour autant, ils vont devoir rendre des comptes.
08:42Les gendarmes du GIGN vont commencer à procéder à des arrestations.
08:45D'autres services mettent des jeunes sous surveillance.
08:48Ils s'intéressent en particulier à un groupe qui a emprunté
08:51le véhicule de la mère d'un des suspects.
08:54Ce véhicule va être repéré par les policiers à Toulouse.
08:57C'est la BRI qui va alors se lancer à la poursuite de ces jeunes
09:00qui sont en train de fuir vers l'Espagne.
09:03Quelques heures plus tard, renseignés par la BRI,
09:06les gendarmes interpellent sept suspects.
09:09Tous étaient présents à Crépole dans la nuit du samedi au dimanche.
09:12Le GIGN interpelle dans la foulée deux autres individus à Romand-sur-Isère.
09:17Ce sont tous des mineurs ou de très jeunes majeurs.
09:21Le plus âgé n'a que 22 ans.
09:24Ce sont la plupart des petits délinquants connus pour des délits
09:27comme des amendes ou des conduites sans permis.
09:30Les témoignages faits auprès des enquêteurs désignent bientôt
09:33un garçon de 20 ans.
09:35Il a les cheveux longs, bruns, comme celui qui aurait porté
09:38les coups de couteau contre Thomas Perrauteau.
09:41A Crépole, pendant ce temps, le lendemain du drame,
09:44les habitants traumatisés sont restés chez eux.
09:47Personne ne comprend pourquoi autant de violence a été possible
09:50dans un si petit village.
09:52Le dimanche, personne n'est sorti.
09:54Les habitants ont eu peur que la violence se déchaîne à nouveau.
09:57Cinq jours après les faits, à Romand-sur-Isère,
09:59une marche blanche est organisée en souvenir de Thomas.
10:02Il n'y a pas de politique à cette marche, à l'exception de la maire
10:05de Romand-sur-Isère, Marie-Hélène Thoraval,
10:08et la maire de Crépole, Martine Lagu.
10:10Mais toutes deux ne portent pas l'écharpe tricolore des élus.
10:13Beaucoup d'anonymes et de lycéens se sont rassemblés.
10:16Pas de discours, du silence.
10:18A l'arrivée au stade de rugby, les jeunes parlent doucement
10:21et un lâcher de ballon a lieu.
10:23L'émotion l'emporte, la marche aura eu lieu,
10:26sans suspect et sans débordement.
10:28Mais bien vite, ce qui paraît étrange à certains observateurs,
10:31c'est le silence de la justice sur le profil des suspects.
10:34Un silence que ne supporte pas le journal du dimanche,
10:37qui va révéler que les suspects se prénomment
10:39Iliès, Yassir, Matisse, Fessal, Cuidère ou encore Yannis,
10:43et que le suspect principal s'appelle Shaïd.
10:46Il n'en faut pas plus pour que le procès de l'immigration
10:49et de l'ensauvagement de la société soit lancé.
10:51À Paris, des politiques voient dans l'affrontement et la mort de Thomas
10:54la confrontation entre une France paisible,
10:57celle des campagnes courageuses,
10:59et une France délinquante, celle des quartiers.
11:01Marine Le Pen parle de milices armées responsables de la mort de Thomas.
11:06Éric Zemmour parle de francocide et de djihad du quotidien.
11:10La tension politique monte d'un cran.
11:13Côté judiciaire, à l'issue de leur garde à vue,
11:15le 25 novembre, les neuf suspects sont mis en examen
11:18pour meurtre en mode organisé et violence volontaire.
11:21Mais le rôle de Shaïd n'est pas aussi clair qu'il y paraissait.
11:24Sa tenue vestimentaire ne correspondrait pas
11:27à la description de l'auteur des coups mortels.
11:30Le soir du 25 novembre, soit une semaine après les faits,
11:33des dizaines de militants de l'ultra-droite,
11:36emmenés par un certain Gros Lardon,
11:38se rendent dans le quartier de la Monnaie.
11:40Ces 80 militants, armés de barres de fer,
11:43scandent des slogans hostiles à l'immigration.
11:46L'un d'entre eux va être molesté par des jeunes du quartier de la Monnaie,
11:49et puis le groupuscule identitaire va se disperser
11:52avec l'arrivée des forces de l'ordre.
11:54À Paris, le gouvernement va rapidement utiliser ce défilé
11:57pour stigmatiser à son tour l'extrême droite,
12:00la récupération politique faisant à son tour de la politique,
12:03et en profite pour faire peur sur le risque possible
12:06de basculement de notre société.
12:09Gérald Darmanin sort de ses gonds
12:11et demande la dissolution de quatre groupes identitaires.
12:14La réponse gouvernementale est forte, rapide.
12:17Certains remarquent que la lumière, en revanche,
12:19n'est pas au rendez-vous du côté judiciaire.
12:22Le calme va finir par revenir dans la Drôme,
12:25et les langues se nouent désormais.
12:28Plus personne ne veut parler,
12:30plus personne ne veut ajouter aux tensions.
12:32Entre parler, exprimer sa colère ou se taire,
12:35tout le monde semble choisir le silence à présent.
12:38Le temps de l'enquête n'est pas pour autant terminé.
12:41Quatre mois après la mort du jeune Thomas Perrotto,
12:43nouveau coup de filet le lundi 11 mars 2024.
12:47Par les gendarmes de la section de recherche de Grenoble,
12:49avec cette fois l'appui de l'antenne GIGN d'Orange.
12:52A l'issue des gardes à vue,
12:54la piste de l'expédition pour tuer des Blancs
12:56n'est finalement pas retenue par les enquêteurs.
12:58Le mobile raciste n'est donc pas établi à ce jour,
13:01même si dans des PV d'enquête,
13:03il est clair que certains de ces jeunes du Quartier de la Monnaie
13:06parlent de Blancs.
13:08L'enquête n'établit donc pas de mobile raciste à ce stade.
13:12Mais la principale zone d'ombre reste l'identité
13:14de celui qui aurait porté les coups mortels à Thomas Perrotto.
13:17Un an d'enquête n'aura pas établi avec certitude qui est-il.
13:21En consultant les procès verbaux,
13:23on sait simplement qu'il s'agit d'un jeune,
13:26les cheveux longs, bruns et bouclés.
13:28Mais à ce stade, cela peut correspondre à deux profils distincts,
13:32un majeur et un mineur.
13:34Le rôle de chacun n'est pas attribué de façon nette et précise.
13:38Ce qui rend difficile l'identification du tueur,
13:41c'est d'abord une scène de crime piétinée par les protagonistes,
13:44des témoignages évolutifs et contradictoires,
13:47l'absence de caméras de vidéosurveillance
13:49et une bagarre confuse avec une alcoolisation massive.
13:54Il sont désormais 14 suspects à être mis en examen
13:58dans l'enquête sur le meurtre de Thomas Perrotto.
14:01Si tous ces jeunes mineurs ou jeunes majeurs
14:03ont reconnu leur présence dans le village la nuit du drame,
14:06tous contestent avoir porté des coups de couteau.
14:09Surtout, pas les coups de couteau mortels aux jeunes rugbymans de 16 ans.
14:18Dans un instant, nous revenons sur les circonstances de la mort de Thomas Acrépole,
14:22nous ferons le point de l'enquête et nous nous demanderons
14:24si la politique n'a pas nuit au travail des enquêteurs.
14:27A tout de suite sur Sud Radio.
14:28Sud Radio, l'affaire dans l'affaire, Stéphane Simon.
14:32Retour dans l'affaire dans l'affaire,
14:34une émission en partenariat avec la revue Affaires Criminelles,
14:37avec Jean-Marie Bordry, Victor Lefebvre et la nouvelle Jade Serrano.
14:42Bonjour.
14:43Bonjour de la nouvelle.
14:44Aujourd'hui, nous parlons de l'enquête sur la mort de Thomas Acrépole.
14:47C'était il y a un an et ce week-end,
14:49des rassemblements à la mémoire de Thomas ont lieu.
14:52Un an après, où en est l'enquête,
14:54beaucoup de zones d'ombre encore et un climat très particulier
14:57qui confine parfois l'Omerta, nous allons y revenir.
15:00Jade Serrano, qu'est-ce qu'il faut comprendre
15:02à la décision du préfet de la Drôme
15:04qui avait voulu d'abord interdire tout rassemblement à la mémoire de Thomas
15:08puis qui a été débouté ?
15:10Oui, la préfecture de la Drôme a été déboutée hier.
15:14Pourquoi il avait interdit ces rassemblements ?
15:18Il disait qu'il avait peur d'affrontements
15:21entre les groupes d'ultra droite et d'ultra gauche
15:23et qu'on manquait de moyens.
15:25Ce à quoi le tribunal administratif a dit non, absolument pas,
15:27nous déployerons les moyens policiers nécessaires.
15:31Alors Victor Lefebvre, sur le plan de l'enquête,
15:33un an après, est-ce qu'on se dirige vers un meurtre non élucidé finalement ?
15:38Oui, a priori, puisqu'il y a eu donc 350 auditions,
15:40des examens médico-légaux, des prélèvements ADN,
15:43des exploitations des vidéos de portable et des personnes présentes.
15:45On rappelle que 9 individus sont actuellement en détention provisoire,
15:48les 5 autres sont placés sous contrôle judiciaire.
15:51Mais l'auteur des coups n'a toujours pas des coups de couteau.
15:53Contre Thomas Perrotto n'a toujours pas été identifié à ce stade,
15:56malgré plus d'une centaine de témoins entendus.
15:59Et j'ajoute que là où les armes du crime n'ont pas été retrouvées non plus.
16:03Alors, nous sommes en ligne avec Nicolas Boutin,
16:06qui est correspondant de Valeurs Actuelles à Toulouse,
16:09qui a fait un grand papier récemment,
16:12un grand article pour reparler, un an après,
16:15de la mort de Thomas Crépole.
16:18Vous considérez, Nicolas, qu'on ne dit pas tout dans cette affaire.
16:23Vous parlez d'omerta, ce qui est un mot assez fort.
16:26Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus, s'il vous plaît ?
16:29– Bonjour Stéphane.
16:30Effectivement, c'est une affaire sensible, on l'a vu,
16:33vous l'avez même rappelé dans votre excellent récit.
16:36À la fois parce qu'il y a un traumatisme béant dans cette région,
16:42maintenant autour de Crépole, autour de Romand-sur-Isère,
16:45mais parce qu'il y a aussi cet enjeu politique de fracture de la société.
16:48Vous savez, un régional de l'étape, Gérard Collomb,
16:52disait qu'il y avait deux Frances qui vivaient côte à côte
16:56et qui, désormais, vivent face à face.
16:58C'est aujourd'hui ce que l'on connaît à Romand-sur-Isère et aux alentours.
17:03On a des témoignages, par exemple dans les écoles,
17:06où on fait attention à la composition des classes lors de la rentrée dernière
17:11pour ne pas mélanger.
17:12En fait, c'est un séparatisme qui se met en place là-bas.
17:16Il faut savoir que tout le monde se connaît.
17:17Les lycées sont les mêmes pour les jeunes des quartiers de la Monnaie
17:20comme pour les jeunes des villages de Crépole, de Chalons, de Saint-Donat.
17:25Tout le monde se connaît dans cette région.
17:28– C'est un drôle de climat.
17:32– C'est un drôle de climat qui, en plus, est entretenu par une certaine terreur,
17:36si je puis dire, le mot est peut-être un peu fort,
17:38mais en tout cas une pression de la part notamment des avocats de la défense
17:42qui scrutent toutes sorties sur les réseaux sociaux,
17:45toutes sorties médiatiques de la part des concernés, des victimes ou des témoins
17:51qui aimeraient notamment pouvoir axer leur défense sur un côté un peu politique.
17:56– C'est d'accord.
17:57– On le sait, il y a cette menace de procès en récupération
18:00notamment qui fait craindre les habitants de sortir du bois,
18:06d'autant qu'ils ne sont pas habitués évidemment aux tribunaux.
18:10– Alors, je voudrais qu'on revienne sur l'affaire des prénoms
18:13parce qu'en fait, on a reproché à la justice
18:16de ne pas communiquer sur les prénoms des mises en cause.
18:20Ça a entraîné, le journal du dimanche a révélé ces prénoms sur l'identité des suspects.
18:29Les suspects de Crépole semblent majoritairement issus de l'immigration.
18:33Victor Lefebvre, pourquoi des consignes auraient été données ?
18:37Pourquoi est-ce que le JDD a décidé à l'époque de passer outre ?
18:41– Effectivement, c'est un son de cloche qu'on entend assez souvent
18:44quand on discute avec des journalistes spécialisés dans les services police-justice
18:47et qu'il y a une certaine difficulté à avoir accès aux dossiers.
18:51Il y a les magistrats qui bloqueraient apparemment le dossier d'instruction
18:55pour avoir accès à des informations plus précises.
18:57D'ailleurs, c'est peut-être une question qu'on peut poser à Nicolas Boutin
19:00de savoir si vous avez rencontré des difficultés à obtenir des informations
19:04pour avoir accès aux dossiers sur la mort de Thomas Crépole.
19:08Est-ce qu'il y a une certaine difficulté à ce niveau-là ?
19:12– Oui, tout à fait.
19:14Le dossier est aux mains de la section de recherche de Grenoble
19:17et il est très difficile à avoir accès.
19:19On a pour l'instant les avocats de la famille de Thomas
19:23et les avocats de la Défense qui ont accès.
19:25Il y a un troisième avocat qui va rentrer en jeu,
19:28c'est celui de l'association des victimes de Crépole
19:31qui sont organisées en association et qui vont se porter partie civile.
19:35Notamment, ce sont les témoins qui ont des suivis psychologiques
19:39et qui ont été aussi blessés.
19:42Il ne faut pas oublier qu'il y a eu 14 blessés en plus de Thomas
19:46qui malheureusement ne s'est pas relevé.
19:48Et donc, le dossier sortira à un moment ou à un autre.
19:54C'est vrai que la justice marche sur des œufs.
19:57Je disais qu'avec la question politique,
19:59elle a un devoir d'excellence aujourd'hui.
20:01– Alors, dans le dossier qui nous occupe,
20:03le caractère visible d'un lien qui existerait
20:06entre immigration, délinquance et criminalité,
20:08c'est ça le caractère inflammable du dossier, Jade ?
20:11– C'est le caractère inflammable du dossier
20:13parce que c'est le nerf de la guerre des parties d'extrême droite.
20:15Et à chaque fois qu'il y a des présumés auteurs issus de l'immigration,
20:21on nous sort les prénoms, les noms, etc.
20:24En tout cas, l'INSEE le dit très clairement,
20:27il n'y a aucun lien entre criminalité et immigration.
20:30En revanche, il y a un lien entre délinquance et précarité.
20:34– Alors, dans un instant, on va retrouver deux autres journalistes
20:38de la presse quotidienne régionale.
20:40On va leur demander, un an après,
20:42comment vivent les habitants du village de Crépol
20:44et comment la famille de Thomas survit à ce drame.
20:47A tout de suite sur Sud Radio.
20:49– Sud Radio, l'affaire dans l'affaire, Stéphane Simon.
20:53– Retour dans l'affaire dans l'affaire,
20:55une émission en partenariat avec la revue Affaires Criminelles
20:58qui traite des affaires à la une de l'actualité.
21:02Nous sommes toujours en compagnie de Jean-Marie Bordolin,
21:04– Toujours Stéphane.
21:05– Victor Lefebvre, rédacteur en chef de la revue Affaires Criminelles,
21:09et Jade Serrano qui nous a rejoint.
21:12– Bonjour Stéphane.
21:13– Et alors nous ont rejoint Julien Combel du Dauphiné Libéré
21:17et Maxime Raymond de l'impartial Journal Hebdomadaire
21:23qui redate de 1883 un fleuron de la presse régionale
21:29que nous sommes ravis d'accueillir au même titre
21:32que Julien Combel du Dauphiné Libéré.
21:34Alors je disais en début d'émission que le préfet
21:38avait d'abord voulu interdire les manifestations,
21:41la cour administrative a cassé la décision préfectorale,
21:44du coup les manifestations ont lieu aujourd'hui.
21:48Vous êtes tous les deux des observateurs de l'affaire Thomas,
21:53du meurtre de Thomas à Crépol.
21:55Vous avez compris ce qui se joue dans ces retournements
22:00du préfet, de la cour administrative de justice, etc.
22:04Vous comprenez ce qui s'est joué par exemple ?
22:08– Stéphane, à l'inverse, c'est beaucoup d'incompréhension
22:12ici à Romand, très clairement.
22:15Effectivement, le tribunal administratif de Grenoble
22:18a suspendu l'arrêté qui souhaitait interdire les deux manifestations.
22:27D'un côté un collectif justice pour les nôtres,
22:31plutôt marqué à droite et ultra droite,
22:35et de l'autre côté la gauche qui avait souhaité
22:40aussi se rassembler ce jour.
22:44– Vous êtes tous les deux, je le disais,
22:47des observateurs assez fidèles de ce qui se passe depuis un an.
22:51La presse nationale, en revanche, s'est beaucoup emballée
22:54sur cette affaire de Thomas à Crépol.
22:56Est-ce qu'aujourd'hui, avec le recul, avec les témoignages plus tardifs,
23:00on commence à approcher de la vérité sur cette affaire ?
23:02Ou au contraire, la vérité s'éloigne de plus en plus ?
23:05Selon vous, Julien Combelle d'abord, et puis on écoutera Maxime Raymond.
23:10– On est à un an, un peu plus d'un an du drame.
23:15Très clairement, on a quand même l'impression que l'enquête piétine.
23:20Vous savez, c'est une scène de crime qui a été quand même
23:26vraiment très dégradée du fait du nombre de personnes
23:30qui ont piétiné les sols lors de ce drame au bal de Crépol.
23:37On a quand même cette nette impression que l'enquête avance,
23:43les avocats le disent.
23:45– Surtout les avocats de la défense, apparemment, qu'ils le disent.
23:48– Tout à fait.
23:49Mais l'auteur ou les auteurs du coup de couteau
23:53qui ont remporté le jeune Thomas, au jour d'aujourd'hui, on ne le sait pas.
24:02– Alors Maxime Raymond, vous pensez aussi que la justice avance bon train
24:07ou au contraire elle est en train de s'embourber dans ce dossier ?
24:11– Justement, c'est l'impression que ça donne vu le roman Cerisère,
24:15c'est qu'on n'arrive toujours pas à savoir clairement
24:18si l'auteur ou les auteurs du coup de couteau mortel sur Thomas
24:22sont derrière les barreaux.
24:24Personne n'arrive à savoir clairement si c'est cette personne ou pas.
24:30Et malheureusement, vu le roman Cerisère, on craint que peut-être malheureusement
24:34on ne connaîtra jamais la vérité de cette histoire.
24:38Et ça c'est le plus terrible pour les copains de Thomas,
24:40notamment que je côtoie dans son club de rugby.
24:43C'est un sentiment de résignation, de colère, un mélange de tout ça
24:48qui fait qu'ils commencent à craindre que la justice ne sera jamais rendue
24:51pour Thomas en quelque sorte.
24:53– Est-ce qu'on sait exactement combien de personnes étaient venues munies d'un couteau
24:58et ont pu potentiellement en faire usage lors de cette rixe ?
25:03– Il pourrait être deux ou trois visiblement avoir fait usage de couteau.
25:08Mais encore une fois, c'est très compliqué de savoir ce qu'il en est précisément.
25:15On sait aussi qu'il y a eu un coup de feu qui a été donné
25:21lorsque ces jeunes sont repartis et après la rixe.
25:28Et c'est vrai qu'on a effectivement, Maxime le soulignait,
25:34il y a les copains de Thomas mais il y a aussi ses pauvres parents qui n'avancent pas.
25:43– On va y revenir si vous le permettez.
25:46On va parler de la famille de Thomas.
25:49Je voudrais quand même vous poser une autre question sur le climat général.
25:53On a nous essayé de recueillir des témoignages pour cette émission.
25:56On s'est véritablement heurtés à des murs de silence,
25:58aussi bien à Crépole qu'à Romans-sur-Isère.
26:00A votre avis, pourquoi les habitants sont aujourd'hui si méfiants vis-à-vis des médias ?
26:05Je parle des médias nationaux, je ne parle pas de la position que vous occupez
26:09parce que vous êtes en familiarité avec tous ces habitants.
26:12Mais à votre avis, pourquoi ?
26:14Est-ce qu'ils ont eu le sentiment d'être trahis à un moment ou un autre ?
26:17Qu'est-ce qui explique ça ?
26:20– Oui, je ne sais pas si on peut parler de trahison.
26:26Mais ce qui est certain, c'est qu'il faut quand même bien se mettre
26:29à la place de ces habitants de Crépole, qui est un petit village du Nord-Rome,
26:33un tout petit, où tout le monde se connaît,
26:37et voir débarquer effectivement les médias nationaux et internationaux.
26:42Il ne faut pas non plus l'oublier.
26:45Ce petit village, il est devenu un peu un symbole.
26:48Et ça, effectivement, ces habitants ont quand même du mal à le vivre.
26:52Ils souhaitent vraiment, ils aspirent à être tranquilles.
26:56Récemment, moi j'avais la mère au bout du fil, la mère de Crépole,
27:01qui me disait mais foutez-nous la paix, laissez-nous tranquilles.
27:06Alors il y a une salle qui a été érigée récemment, pour les 1 an en hommage à Thomas.
27:14Mais c'est vrai que ces gens-là souffrent.
27:18Le nom de leur village s'affiche en grand un peu partout dans les médias.
27:24Et ça, ils le supportent pas bien, très clairement.
27:28Bon, Jade Serrano, vous vouliez poser une question ?
27:30Non, je veux pas poser une question, je veux juste rajouter quelque chose.
27:33J'ai eu hier plusieurs personnes, plusieurs Crépolés au téléphone,
27:36qui m'ont parlé de trac, de sentiments d'harcèlement de la part des médias,
27:40et que ça avait ajouté énormément de colère, énormément de pression psychologique
27:44au deuil et au drame qu'ils avaient vécu.
27:46Alors justement, Maxime Raymond, on voudrait vous entendre sur ce traumatisme
27:50qui reste vif dans ce village de la Drôme.
27:52Vous le ressentez également, vous sentez cette défiance vis-à-vis des médias nationaux,
27:58et vous sentez que les Crépolés ont de la peine à tourner la page ?
28:02Tout à fait, oui.
28:04De nombreux Crépolés et des gens de Romance au Rizard aussi parlent,
28:08n'hésitent pas à parler de harcèlement de certains médias qui campaient,
28:12j'ai envie de dire jour et nuit, alors que ce soit dans le village,
28:15ou par exemple, je prends l'exemple devant le lycée où était scolarisé Thomas,
28:19où pendant plusieurs jours d'affilée, c'était du grand n'importe quoi,
28:23il y avait toutes les caméras, tous les médias qui étaient devant,
28:26le moindre élève qui sortait était tout de suite interrogé, attrapé,
28:30et certains ont été très choqués de ça, et certains ont regretté d'avoir répondu
28:35à ces questions, parce qu'ils ont vu ce que ça avait donné derrière,
28:38et ils me disent aujourd'hui avec le recul, on n'aurait pas dû s'arrêter.
28:42Et ça avait donné quoi pour vous justement, le fait qu'ils aient répondu aux questions ?
28:46Quel est le sentiment sur la réception médiatique qui a été faite de ce drame ?
28:51Justement, ça a été un peu amplifié, comme disait mon frère Julien,
28:58nous on a été contacté par des médias, le New York Times nous a téléphoné,
29:03C'est l'heure de gloire pour l'impartial, c'est le moment d'en profiter et de rappeler
29:07que ce journal date de 1883, un fleuron !
29:10Tout à fait, la presse hebdomadaire est toujours indépendante, qui résiste,
29:15et effectivement, quand on est contacté par tous ces grands médias nationaux, internationaux,
29:19on voit l'ampleur que ça a prise, et puis certains nous ont parlé,
29:23alors je n'ai plus les termes exacts, mais nous faisaient des amalgames
29:27et commençaient à nous parler de l'ensemble d'un quartier,
29:30un quartier de la monnaie, en l'occurrence un roman,
29:32et ils nous demandaient comment ça se passe, est-ce que c'est un ghetto ?
29:35Certains ont fait des parallèles alors qu'ils n'étaient pas sur le terrain,
29:39et qu'ils ne connaissent pas justement la réalité de ce quartier,
29:42et les réalités territoriales.
29:44Alors, moi je voudrais quand même vous poser comme question à tous les deux,
29:47est-ce que vous pensez que quand il y a une forme de récupération politique,
29:51quelle qu'elle soit d'ailleurs, parce que tout le monde a récupéré politiquement cette affaire,
29:56à droite comme chez les macronistes,
29:59est-ce que quand il y a une forme de récupération politique,
30:02il y a un problème à la manifestation de la vérité ?
30:05C'est-à-dire, est-ce que la politique finalement, c'est pas un peu l'ennemi de la justice ?
30:09Qu'est-ce que vous en pensez Julien, d'abord, et ensuite Maxime ?
30:13C'est une bonne question.
30:16Je vous remercie.
30:18Je vais essayer de vous répondre.
30:21Oui, est-ce que la politique, effectivement, on l'a bien ressentie,
30:26on l'a bien entendue, on l'a bien vue.
30:29Évidemment, nous sur le plan local, c'est vrai que la maire de Romand s'est emparée du sujet
30:37avec beaucoup d'énergie quand même.
30:42Et c'est vrai que ça a été quand même beaucoup récupéré politiquement,
30:50on est bien d'accord.
30:52Moi ce qui m'a surpris, c'est ce que je disais tout à l'heure à Jade,
30:55très clairement, on a eu cette impression aussi,
31:01nous ce qui nous a choqué,
31:06toute la fachosphère qui s'est quand même emparée du sujet
31:10à une rapidité assez incroyable.
31:14Ce qui en fait d'ailleurs une affaire très particulière
31:18et qui ne ressemble à aucune autre.
31:22Vous parliez tout à l'heure des prénoms de Shaïd, j'ai entendu.
31:26C'est les prénoms de ces gamins qui ont été très rapidement divulgués
31:29sur les réseaux sociaux avec les photos.
31:32Il y a eu des plaintes des parents de ces enfants qui disent
31:36mais mon fils n'était même pas là.
31:40Ça par contre c'est assez étonnant.
31:43D'accord, je voudrais entendre Maxime Raymond sur
31:47est-ce que vous pensez que la récupération politique,
31:49quelle qu'elle soit, a entravé le cours de la justice
31:52ou au contraire elle a mis la pression sur la justice
31:55et l'a forcé à avancer ?
31:59Entraver, je ne dirais pas ça, mais effectivement
32:02le temps politique n'est pas du tout le temps de la justice.
32:05Il y a eu une accélération énormément de cette affaire au niveau national
32:09et la justice derrière prend son temps, ce qui est normal,
32:11surtout comme on disait tout à l'heure, c'est très très complexe
32:13avec tous les témoignages et les différents événements,
32:16les différents points de vue, témoignages.
32:18Mais oui, quand il y a récupération politique,
32:21il y a eu quelques sortes d'emballements
32:23et c'est vrai que je me rappelle, les tous premiers jours de l'enquête,
32:26Julien je crois que tu pourras me confirmer aussi,
32:29le procureur de Valence avait communiqué
32:32et c'était un peu avancé, tombant un petit peu dans ce piège-là
32:35et après rétropédalant quelques choses,
32:38on a tout calmement appelé les choses,
32:40voyant la proportion que ça avait prise.
32:42Alors dans un instant on va continuer de parler de l'affaire de Crépole,
32:45on va essayer d'en savoir plus aussi
32:47sur ce que sont devenus les parents de Thomas
32:49et comment le village de Crépole espère retrouver un peu de sérénité.
32:52Je vous propose dans un instant de nous retrouver sur Sud Radio.
32:55Sud Radio, l'affaire dans l'affaire, Stéphane Simon.
32:59Une émission en partenariat avec la revue Affaires Criminelles,
33:02la revue du Max Keys, le youtubeur aux 2 millions d'abonnés.
33:06Nous sommes avec Jean-Marie Bordry,
33:09Victor Lefebvre et Jade Serrano.
33:12Voilà, autour de la table et toujours en compagnie
33:14de Julien Combelle du Dauphiné Libéré
33:16et de Maxime Raymond,
33:18l'impartial journal de Rodromois depuis 1883.
33:22Nous parlons de l'enquête sur la mort de Thomas à Crépole.
33:26C'était il y a un an et ce week-end
33:28les rassemblements voulus à la mémoire de Thomas
33:30ont d'abord été interdits puis autorisés.
33:32C'est l'occasion pour nous de revenir sur cette affaire
33:35car il demeure beaucoup de zones d'ombre dans l'enquête
33:37sur le meurtrier de Thomas
33:39et puis il y a sur place un climat très particulier
33:41dont on parle ce matin.
33:43Un véritable omerta diront certains.
33:47Le calme néanmoins est en apparence revenu à Crépole.
33:52Est-ce que c'est un calme en apparence
33:55ou une apparence de calme ?
33:57Je pose la question à Julien Combelle du Dauphiné Libéré.
34:03C'est une apparence très clairement
34:06puisque alors qu'une stèle était érigée à la mémoire de Thomas
34:12l'attention a été ravivée avec un nouveau drame
34:18avec la mort de Nicolas
34:21qui jouait dans le même club que Thomas.
34:25Le rugby club Romané-Péageois.
34:27On peut rappeler ce qui s'est passé.
34:29Ça s'est passé il y a plusieurs semaines.
34:31À la sortie d'une discothèque près de Valence
34:33un membre de ce club, un joueur
34:35a été tué d'une balle.
34:37Il était membre de ce même club.
34:39Évidemment un deuxième drame pour le rugby club Roman-Péage.
34:44Allez-y.
34:46Évidemment ça a repongé les Romanés
34:51les habitants de Crépole
34:54dans un espèce de drame.
34:58On peut d'ailleurs avoir un mot
35:00si vous le permettez puisqu'on est sur Sud Radio
35:02la radio du rugby pour ce club
35:04parce qu'on a eu beaucoup de fois depuis un an
35:06les membres de la direction de ce club
35:08qui sont toujours aussi frappés
35:10notamment les deux co-présidents
35:12et qui expliquaient aussi que ça faisait un moment
35:14que ce club s'est engagé aussi pour le vivre ensemble
35:16qui faisait des actions contre la discrimination
35:18qu'ils essayaient de recruter des mômes des quartiers
35:20où le foot est parfois plus pratiqué que le rugby.
35:22C'était important de le rappeler.
35:24Ils se sont fait frapper à nouveau
35:26un an après de la manière la plus cruelle qui soit.
35:28C'est aussi un marqueur probablement de la hausse
35:32en tout cas de l'insécurité
35:34mais au moins du narcotrafic
35:36aussi pour ce qui concerne la fusillade.
35:38Je voudrais qu'on parle de Thomas
35:40il a été enterré au cimetière du village de Crépole.
35:42Je voudrais vous demander
35:44peut-être cette fois
35:46Maxime Raymond
35:48est-ce que les Crépolais
35:50se recueillent souvent devant
35:52cette tombe
35:54où il figure une réplique d'un ballon ovale
35:56et que devient
35:58la famille de Thomas, Maxime Raymond ?
36:00Alors si Maxime Raymond n'est plus...
36:02La famille de Thomas forcément...
36:04Oui pardon, excusez-nous,
36:06on a eu un petit décrochage.
36:08Oui ?
36:10D'accord.
36:12La famille de Thomas forcément
36:14elle est toujours très marquée.
36:16Le fait de ne pas réussir
36:18à avoir cette vérité
36:20c'est très compliqué pour elle.
36:22Il y a beaucoup de coéquipiers de Thomas
36:24effectivement des membres du club
36:26qui viennent se recueillir assez régulièrement
36:28On a franchi cette date symbolique
36:30des 1 an
36:32qui font qu'effectivement ça a ravivé
36:34de nombreuses tristes souvenirs
36:36d'autant qu'on parlait de ce nouveau drame
36:38qui a touché le club du rugby Club Roumanet-Péageois
36:40il y a un mois
36:42certains joueurs de ce club
36:44qui étaient déjà présents au bal de Crépole
36:46et témoins ou victimes
36:48de ce dramatique incident
36:50étaient également présents
36:52pour la mort de Nicolas
36:54et ont assisté à la scène
36:56donc c'est double peine
36:58et ça a ravivé forcément des souvenirs
37:00à ceux qui étaient à Crépole
37:02donc effectivement c'est très compliqué pour tout le monde.
37:04Julien Combelle
37:06j'ai lu que les parents de Thomas
37:08avaient ouvert un restaurant à côté du palais
37:10du facteur Cheval, c'est vrai ça ?
37:12Oui, oui, oui
37:14alors moi je ne voulais pas
37:16forcément donner l'endroit
37:18Il n'y a pas non plus à le cacher
37:20Non, il n'y a pas non plus à le cacher
37:22vous avez raison, vous avez tout à fait raison
37:24Le palais idéal du facteur Cheval
37:26c'est un monument national
37:28Oui, mais qui est très visité
37:30mais je vous expliquerai aussi
37:32j'ouvrirai une petite parenthèse tout à l'heure
37:34ce que je disais tout à l'heure à Jade
37:36mais je vais le dire maintenant
37:38donc ses parents effectivement
37:40ils n'ont pas ouvert un restaurant récemment
37:42ils ont un restaurant depuis pas mal d'années
37:44et effectivement
37:46sur la petite allée
37:48qui nous mène
37:50à ce magnifique palais idéal du facteur Cheval
37:52ils ont repris, ils essayent de reprendre
37:54le cours de leur vie
37:56une vie normale
37:58mais c'est très compliqué
38:00pour eux, très clairement de se reconstruire
38:02ils ont régulièrement
38:04le prénom
38:06ou la photo de leur enfant
38:08qui se balade un peu partout
38:10sur les réseaux sociaux
38:12à la télévision
38:14à la radio comme aujourd'hui
38:16donc c'est très compliqué pour eux
38:18d'avancer
38:20mais ils le font quand même avec un certain courage
38:22mais c'est des gens
38:24qui ont souhaité d'ailleurs
38:26n'ont pas souhaité
38:28prendre la parole dans les médias
38:30ils l'ont jamais fait, je pense qu'ils le feront jamais
38:32ils seront marqués à tout jamais
38:34à vie
38:36nous avons essayé d'inviter
38:38Marie-Hélène Thauraval
38:40la mère de Romain Surizer
38:42et elle nous a fait savoir
38:44qu'elle ne souhaitait pas s'exprimer
38:46on se souvient pourtant de ses prises de position
38:48assez courageuse il y a un an
38:50est-ce qu'elle regrette ses propos
38:52est-ce qu'elle a peur de stigmatiser
38:54les habitants du quartier de la Monet à présent
38:56à votre avis pourquoi est-ce qu'elle
38:58ne s'exprime plus alors qu'elle l'a fait
39:00au moment
39:02du drame
39:04je vous pose la question
39:06Julien puis on entendra après Maxime
39:08elle ne s'exprime plus
39:10elle sait quand même exprimer
39:12on va revenir sur Nicolas
39:14mais elle sait exprimer à ce moment là encore
39:16on a face à nous
39:18une mère
39:20quand même très affectée
39:22par la situation
39:24effectivement
39:26elle a pris un peu de recul
39:28mais elle reste en contact quand même avec la famille de Thomas
39:30assez régulièrement
39:32en tout cas c'est ce qu'elle nous rapporte
39:34mais c'est vrai
39:36quand même que c'est une mère
39:38c'est une élue
39:40qui est aujourd'hui quand même
39:42qui ne comprend pas
39:44comment le sort
39:46a pu s'acharner une seconde fois
39:48sur sa ville
39:50parce que même si
39:52on parle de Thomas à Crépole
39:54Thomas joué au rubis
39:56à Romand
39:58était scolarisé à Romand
40:00voilà donc
40:02Maxime Raymond
40:04vous voulez ajouter quelque chose sur
40:06Marie-Hélène Thoravald, pourquoi elle parle moins
40:08en tout cas dans les médias
40:10Allo
40:12Non c'est à peu près ce qu'a dit Julien
40:14c'est qu'elle a beaucoup parlé
40:16et l'histoire de Nicolas
40:18a rajouté de la tristesse
40:20de la colère
40:22et malheureusement comme on disait
40:24vu qu'il n'y a pas d'avancée pour l'instant
40:26c'est difficile
40:28de continuer à se prononcer
40:30D'accord
40:32entendu
40:34Victor Lefebvre, le procès du meurtrier de Thomas
40:36est d'ores et déjà très attendu
40:38mais est-ce qu'on sait
40:40quand il va avoir lieu et quand il va avoir lieu
40:42alors il aura lieu c'est certain
40:44on n'a pas du tout de date pour l'instant puisque les investigations sont toujours en cours
40:46l'enquête suit son cours
40:48on peut supposer que ça prendra un certain temps
40:50avant d'avoir une date précise du procès
40:52du meurtre de Thomas
40:54D'accord, je voudrais demander à nos amis
40:56quelles sont les attentes
40:58des uns et des autres vis-à-vis de la justice aujourd'hui
41:00Julien Combelle
41:06Elles sont immenses j'imagine
41:08Evidemment, il y a une situation
41:10qui s'est montée
41:12la situation des victimes du bal de Crépole
41:14qui a fait des demandes
41:16de subventions qu'elle a obtenues
41:18pour pouvoir
41:20faire face à des
41:22frais d'avocat
41:24Oui, c'est la région d'ailleurs qui a soutenu
41:26cette initiative
41:28Oui, la région, vous avez raison, tout à fait
41:30à hauteur quand même
41:3240 000 euros je crois
41:34et il y avait aussi
41:36une subvention de la région
41:38à remède
41:40qui a pris en charge les gens
41:42évidemment en détresse
41:44psychologique
41:46et il y en a encore beaucoup aujourd'hui
41:48malheureusement
41:50On souhaite beaucoup de courage
41:52à toutes ces victimes, évidemment
41:54d'autant plus que le sujet redeviendra
41:56d'ampleur nationale
41:58puisqu'à un moment le procès aura lieu
42:00et si on a du mal à déterminer avec certitude
42:02qui a pu porter le coup fatal
42:04il y a quand même des chances que
42:06l'assassin ne soit pas condamné
42:08Oui, parce que le doute profite toujours à l'accusé
42:10Le doute profitera à l'accusé et à partir de là
42:12le scandale reviendra et malheureusement
42:14pour les Crépolés, je crains pour eux qu'ils voient
42:16revenir des journalistes du New York Times ou des chaînes d'info en continu
42:18Il pourrait aussi
42:20peut-être
42:22condamner
42:24plusieurs personnes
42:26comme ça avait pu l'être
42:28pour l'affaire Sofiane
42:30à Grenoble
42:32Je n'ai plus le prénom
42:34C'est pas grave
42:36On compte sur vous
42:38pour nous tenir informés
42:40s'il y avait des débordements dans les manifestations
42:42qui vont avoir lieu cet après-midi
42:44à Romand-sur-Isère
42:46et à Crépole
42:48en mémoire de Thomas
42:50des manifestations d'hommage
42:52évidemment. Je voudrais vous remercier
42:54tous les deux d'avoir été avec nous
42:56tous les trois autour de la table d'avoir été avec moi
42:58Vous pouvez retrouver notre émission
43:00sur la chaîne YouTube de Sud Radio
43:02ou sur sudradio.fr
43:04La semaine prochaine on se retrouvera à la même heure pour une nouvelle affaire
43:06dans l'affaire. Tout de suite Alain Marty
43:08nous emmène sur les routes de France
43:10sur les routes des vins de France
43:12C'est meilleur encore avec modération
43:14On va parler bulles, champagne
43:16et étoiles
43:18Les fêtes approchent
43:20A tout de suite sur Sud Radio

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