Retrouvez L 'Affaire dans l'affaire, tous les samedis de 12h et 13h sur les ondes de Sud Radio, en partenariat avec la revue Affaire criminelle de McSkysz.
Avec Frédérique Lantieri, journaliste judiciaire et animatrice de télévision française, Jade Serrano, journaliste d'investigation et Adrien Peltier, spécialiste de la veille média.
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##L_AFFAIRE_DANS_L_AFFAIRE-2024-12-21##
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NewsTranscription
00:00Sud Radio, l'Affaire dans l'Affaire, Stéphane Simon.
00:04Bonjour, bienvenue dans votre rendez-vous avec l'actualité judiciaire, c'est l'Affaire dans l'Affaire,
00:09une émission en partenariat avec la revue Affaires Criminelles.
00:12Ensemble, nous revisitons les affaires qui ont marqué l'histoire du crime ou l'actualité.
00:17Chaque semaine avec Jean-Marie Bordray.
00:20Notamment, bonjour mon chef Stéphane.
00:21Bonjour Jean-Marie.
00:22Victor Lefebvre également.
00:23Bonjour Stéphane Simon.
00:24Rédacteur en chef de la revue Affaires Criminelles, la revue de Max Keys,
00:29Aujourd'hui, on va enfin pouvoir parler de cette revue.
00:31D'ailleurs, beaucoup de choses à dire qui nous intéressent.
00:34On va y revenir.
00:35Victor Lefebvre, si vous deviez, comme ça, pour mettre en bouche,
00:38choisir cinq sujets à lire dans cette revue, ce serait quoi le top ?
00:41C'est difficile de faire un choix parce que c'est très dense.
00:43Il y a beaucoup d'articles.
00:45Il y a deux articles écrits notamment par Max Keys.
00:47Un sur le japonais cannibale.
00:49Souvenez-vous, on en avait parlé ici, c'était en 1981.
00:51Issei Sagawa à Paris qui a tué une de ses camarades de classe.
00:54D.B. Cooper, le pirate de l'ère américain en 1971 qui a disparu.
00:58Tiffane Veyron qui a disparu au Japon en 2018.
01:00C'est un cold case qui est à Nanterre.
01:02Les Frères Jourdain en 1997 dans le Pas-de-Calais.
01:05Puis aussi un grand entretien avec Dominique Rizet,
01:07l'ancien chroniqueur emblématique de Fêtes en Pré-l'Accusé.
01:12Bien sûr, et alors aujourd'hui, ça tombe bien,
01:14nous accueillons un visage connu des téléspectateurs de France Télévisions,
01:18Frédéric Lantieri.
01:20Bonjour Stéphane.
01:22Voilà, on voulait vous faire un petit hommage.
01:24Faites entrer L'Accusé.
01:25Vous avez présenté ce magazine entre 2011 et 2020.
01:29Un grand moment.
01:31Oui, une centaine d'émissions pour moi.
01:33Même un peu plus.
01:35Alors ensemble, on va parler des profileuses de la gendarmerie.
01:39Elles existent, vous les avez rencontrées.
01:41C'est justement à découvrir dans cette revue Affaires Criminelles en kiosque actuellement.
01:46Mais nous allons aussi revenir sur une des affaires dont on parle en détail.
01:51C'est le meurtre d'Agnès Marin au Collège Sévenol.
01:54Et ça tombe bien parce que c'est aussi une affaire que vous aviez eue à traiter dans Faites Entrer L'Accusé.
01:59Oui, et qui m'avait beaucoup marqué.
02:01Parce qu'il y a des affaires qui nous marquent plus ou moins, bien sûr.
02:03Et celle-là, elle m'avait beaucoup marqué, oui.
02:05D'accord, alors triste anniversaire justement.
02:07En 2024, le Collège Sévenol, perdu sur les hauteurs du village de Chambon-sur-Lignon,
02:12aux confins de l'Ardèche, a commémoré bien malgré lui les dix ans de sa fermeture.
02:17Vous êtes revenu sur place, Victor Lefebvre.
02:19Oui, pour la revue, exactement.
02:21On va revenir sur les faillites de l'État, les soins psychiatriques bâclés
02:25qui ont accompagné le chemin de vie du criminel de Mathieu Moulinas,
02:29le procès, la condamnation qui a été la sienne à perpétuité dans un instant.
02:33Mais si vous le voulez bien, Victor Lefebvre, vous allez commencer par nous rappeler les faits.
02:41C'est en 2010 que l'histoire du Collège Lycée Sévenol, jusqu'ici exemplaire, bascule.
02:47Le proviseur fait entrer un véritable prédateur dans l'enceinte de cet établissement scolaire
02:51situé au Chambon-sur-Lignon, en Haute-Loire.
02:54Prédateur, le mot est faible.
02:56Mathieu Moulinas, 17 ans, a commis, 16 mois plus tôt, un viol prémédité
03:00avec arme et séquestration sur l'une de ses camarades de classe
03:04qui a réchappé de justesse à un assassinat.
03:07Moins de quatre mois après ce crime, fin octobre 2010,
03:10Mathieu Moulinas est libéré de la maison d'arrêt dans laquelle il était incarcéré.
03:14Les quatre experts psychiatriques qui examinent le jeune homme sont formels.
03:18Mathieu Moulinas ne présente aucun trouble psychotique,
03:22aucune dangerosité intrinsèque, aucune perversité profonde, aucun risque de récidive.
03:28Afin d'échapper à une détention prolongée, il doit impérativement être admis dans un établissement scolaire
03:34et inscrit à l'internat, en plus d'être suivi conjointement par un psychiatre et un psychologue.
03:41La remise en liberté est confirmée par le collège de médecins,
03:44en échange d'un simple contrôle judiciaire.
03:47Après avoir essuyé 17 refus dans différents établissements scolaires,
03:51Mathieu Moulinas est donc accepté en novembre 2010 en classe de première STG
03:55au collège lycée Sévenol, à 220 km de son petit village natal, dans le Gard.
04:01Le directeur de l'établissement a parfaitement connaissance du passé criminel du jeune homme,
04:05mais il n'en dit pas un mot.
04:07Ni au personnel éducatif, ni aux familles des autres élèves de l'établissement.
04:12Il faut dire que les finances de l'établissement, qui compte alors à peine 300 élèves et moitié moins d'internes,
04:17sont au rouge depuis plusieurs années.
04:19Il n'y a ni infirmière, ni psychologue au sein du collège.
04:23La faute à un plan social mené quelques mois plus tôt.
04:26Avant l'assassinat d'Agnès Marin, le collège jouissait d'une solide réputation,
04:30celle d'un établissement scolaire avant-gardiste dans son approche pédagogique dotée d'infrastructures novatrices.
04:36Mais en 2011, plus de 70 ans après sa fondation, le projet éducatif du Cevenol semble oublié.
04:42Depuis le début des années 2000, et à mesure que les financements se sont amoindris,
04:46le collège a perdu de son aura d'excellence pour se transformer en établissement de la deuxième chance pour adolescents difficiles.
04:53Agnès Marin est une jeune fille gentille, sociable.
04:56Inscrite en classe de quatrième, l'adolescente de 13 ans fait partie de ses élèves envoyés au Cevenol
05:01par leurs parents dans l'espoir que l'air pur et la vie en communauté l'éloignent des mauvaises fréquentations parisiennes.
05:07Mathieu Moulinas, quant à lui, redouble son année de première et reste au sein de l'établissement,
05:12en dépit de la volonté initiale du lycée de se séparer de cet élève à l'attitude provocatrice,
05:18rétif à toute forme d'autorité.
05:21Au cours de l'année précédente, l'adolescent a introduit des bouteilles d'alcool fort au sein de l'établissement,
05:26téléchargé des contenus à caractère pédopornographique au centre de documentation du lycée
05:31et entretenu des relations sexuelles quasi quotidiennement avec une jeune fille de l'internat.
05:36Le mercredi 16 novembre 2011, l'après-midi est libre comme toutes les semaines.
05:42Agnès Marin, qui doit fêter ses 14 ans dans quelques jours,
05:45ne connaît que vaguement Mathieu Moulinas, ce lycéen de 4 ans son aîné.
05:49Au prétexte d'aller dénicher des champignons hallucinogènes dans la forêt de 15 hectares qui enserre le collège,
05:54elle accepte toutefois de suivre son camarade.
05:57Vers 17h30, alors que la nuit tombe et que tous les élèves ont rejoint l'étude, Agnès manque à l'appel.
06:04Ce n'est pourtant pas dans ses habitudes de faire le mur.
06:07Une poignée d'élèves inquiets décident spontanément de partir à sa recherche dans les bois,
06:11en dépit de l'interdiction formulée par un surveillant.
06:15Ils entendent deux hurlements qui déchirent la nuit, mais ne parviennent pas à identifier leur provenance.
06:21Quelques heures plus tard, aux alentours de 20h, Mathieu Moulinas réapparaît.
06:25Il sort de la forêt. Seul.
06:28A l'aide d'une écharpe, il tente tant bien que mal de dissimuler la griffure qui balafre son visage.
06:34Sans dire un mot, le regard fixe en sueur, il s'enferme dans sa chambre à l'internat pour se doucher et se changer.
06:41Au sévenol, tout le monde pressent que Mathieu Moulinas n'est pas étranger à la disparition soudaine d'Agnès Marin.
06:48Une funeste intuition se confirme 48h plus tard.
06:52Mathieu Moulinas, qui faisait mine jusqu'à présent de participer aux opérations de recherche de sa camarade,
06:56finit par passer aux aveux.
06:58Sur ces indications, les gendarmes retrouvent le corps d'Agnès Marin,
07:02à proximité d'un ravin, dans les bois qui jouxtent le collège.
07:06La scène de crime est d'une violence insoutenable.
07:09Agnès Marin a été attachée à un arbre par Moulinas,
07:12avant de subir plus d'une heure de sévice atroce sous la menace d'un couteau de cuisine.
07:17L'adolescente a été violée, puis poignardée à plusieurs reprises.
07:21L'autopsie révélera 17 coups de couteau dans le thorax et à la tête.
07:25Le supplice ne s'arrête pas là.
07:27Mathieu Moulinas asperge le corps de sa victime à l'aide d'un bidon d'essence à briquet,
07:32puis met le feu à son corps avec du bois trouvé sur place.
07:36Lors de sa garde à vue, le jeune homme fait montre d'un détachement qui sidère les enquêteurs.
07:40La retranscription de son audition devant un expert psychiatre a de quoi glacer le son.
07:46Lorsque l'expert l'interpelle ingénuement,
07:49« Vous avez fait des clés de bras sur Agnès Marin ? »
07:51Moulinas répond imperturbable « Non, non, des clés de tête. »
07:55Ses camarades restent eux aussi abasourdis.
07:58Comment ce garçon, décrit par un ancien élève comme parfaitement social et intégré,
08:02a-t-il pu se révéler un psychopathe capable des pires atrocités ?
08:06Les jours précédant son crime, Mathieu paraissait de plus en plus isolé,
08:10physiquement replié sur lui-même.
08:12L'adolescent déroulait machinalement son yo-yo dans la cour du collège,
08:15l'air absent et le regard figé.
08:17Le soir de la disparition d'Agnès,
08:19la responsable de l'internat est la seule adulte présente entre les murs du collège Sévenol.
08:25Ni le directeur de l'établissement, ni le responsable de l'internat ne sont joignables.
08:29Aussi invraisemblable que cela puisse paraître,
08:32le proviseur et son adjoint prendront connaissance de la disparition d'une élève,
08:36de leur propre établissement, le lendemain, en milieu d'après-midi,
08:39de longues heures après le déclenchement des recherches.
08:42Moins de deux ans après les faits, le 28 juin 2013,
08:45Mathieu Moulinas est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité,
08:49une décision rarissime pour un mineur en France.
08:52En 2017, l'État est quant à lui condamné pour négligence fautive
08:56en raison de la remise en liberté trop précoce
08:58et du placement de Mathieu Moulinas dans un collège mixte,
09:01sans suivi approprié et en dépit de ses antécédents criminels.
09:05L'enquête montrera que l'expertise psychiatrique de l'adolescent
09:08est associée successivement à une thérapeute lituanienne à peine francophone,
09:12puis à un infirmier et enfin à un psychothérapeute sans diplôme.
09:17L'État sera condamné à verser 185 000 euros de démages et intérêts
09:20à la famille d'Agnès Marin.
09:22Mais une décision de justice, aussi sévère fut-elle,
09:25ne ramènera jamais Agnès.
09:32Dans un instant, nous allons nous poser quelques questions
09:34sur cet encadrement du collège Sévenol,
09:36cette faillite incroyable de l'État
09:38que sont devenus les protagonistes de cette affaire
09:40et nous allons en parler avec Frédéric Lantieri
09:42et nous parlerons avec elle également du métier de profailleuse.
09:46Dans un instant sur Sud Radio.
09:53Retour dans l'Affaire dans l'Affaire,
09:54une émission en partenariat avec la revue Affaires Criminelles
09:57en kiosque actuellement.
09:58Nous sommes toujours en compagnie de Jean-Marie Bordeaux,
10:00toujours mon cher Stéphane,
10:01du rédacteur en chef de la revue Victor Lefebvre
10:04et avec nous aujourd'hui,
10:09Frédéric Lantieri.
10:11Bonjour Stéphane.
10:13Re-bonjour, neuf ans de présentation,
10:15de fait entrer l'accusé.
10:16Nous a rejoint également Adrien Pelletier,
10:18spécialiste en communication.
10:20Bonjour Adrien.
10:21Alors, Victor Lefebvre,
10:22dans cette affaire du collège Sévenol
10:24que vous nous avez raconté,
10:25il y a une suite de faillites de l'État.
10:28D'abord ce garçon a un passé judiciaire
10:30et il va être mal expertisé en détention
10:33puis très mal encadré après sa sortie de prison.
10:36Oui, absolument.
10:37Ce qui est incompréhensible dans cette affaire,
10:38c'est l'absence et la négligence de l'État
10:41et notamment des psychiatres qui l'ont examiné
10:43puisqu'ils ont dit,
10:44on le racontait dans le récit de cette affaire affreuse,
10:48qu'effectivement Mathieu Molina s'était considéré
10:50comme un enfant qui pouvait être réintroduit
10:52alors que vraisemblablement il souffrait de troubles
10:55qui auraient dû mériter sa réclusion.
10:58Frédéric Lantieri.
11:00Oui, alors moi je me souviens très bien
11:02de cette première agression.
11:03Cette première agression, elle est hallucinante.
11:05C'est-à-dire que le gamin, à ce moment-là, il a 15 ans.
11:08Et il va préparer ce viol d'une façon extrêmement élaborée.
11:13Il a tout préparé, des liens, des couteaux, etc.
11:18Et il dit à sa petite copine,
11:19enfin ce n'est même pas sa petite copine,
11:20c'est une amie qu'il connaît depuis toujours,
11:23si on allait se balader, oui, pourquoi pas.
11:25Et à ce moment-là, il lui tend un guet-apens.
11:29Il commence la forêt, à un moment donné,
11:30donc il l'attache, il a tout prévu,
11:32les pires scénarios, c'est-à-dire que
11:34ce qu'on peut imaginer éventuellement
11:36d'un pervers extrêmement accompli
11:38qui a déjà mature,
11:40là c'est un gamin de 15 ans
11:42qui met au point un scénario redoutable.
11:44Et elle ne va sauver sa peau qu'en lui parlant non-stop, non-stop.
11:47Il avait même prévu de la tuer.
11:49C'est-à-dire qu'à un moment donné,
11:50il y a une défaillance.
11:51N'importe qui qui lit le dossier est sidéré.
11:54On se dit qu'un gamin qui a prévu ça dans sa tête,
11:56qu'il a à ce point réalisé,
11:58c'est qu'il y a vraiment une faille.
12:00La précocité du psychopathe, quoi.
12:02Ah oui, il y a un gros, gros, gros souci.
12:04Est-ce qu'il sauve cette jeune fille ?
12:05C'est un coup de fil de sa mère
12:06qui l'appelle à ce moment-là,
12:07ce qui permet à cette jeune fille de se sauver.
12:09Mais c'est le même mode opératoire
12:10qu'on retrouvera après sur Agnès Marron.
12:12Alors, il faut qu'on se dise quand même
12:14un mot de la direction du Collège.
12:15Le principal d'abord,
12:16est-ce qu'il a été reconnu coupable de négligence et condamné ?
12:19Non, il n'a pas été condamné,
12:20mais en revanche, l'État a été condamné.
12:21Donc, il y a eu une amende très lourde
12:22pour négligence, faute lourde,
12:24ce qui se comprend assez facilement au vu du dossier.
12:26Alors, Frédéric Lantieri,
12:28votre avis sur le fait
12:30qu'il ne partage pas l'information
12:32avec ses collègues,
12:34avec les enseignants,
12:36qu'il ne dise à personne, finalement,
12:38que Mathieu Moulinas,
12:39il faut quand même le regarder d'un peu près ?
12:41D'abord, il a nié pendant très longtemps
12:44que le père de Mathieu
12:46ne lui ait jamais dit quoi que ce soit.
12:48Pendant très longtemps,
12:49il a même refusé d'admettre ça.
12:50Il a dit, mais non, il ne m'a jamais rien dit,
12:52mais c'est complètement faux, etc.
12:53Donc, à un moment donné,
12:54il va bien falloir qu'il dise,
12:56oui, c'est vrai,
12:57mais il ne va jamais dire
12:58qu'il lui a dit la totalité des faits,
13:00qu'il lui a dit de quoi était poursuivi Mathieu,
13:03mais que c'était une agression sexuelle,
13:06mais que tout le monde disait
13:07qu'il fallait qu'il soit réintroduit
13:09dans le système scolaire
13:10pour être réadapté, etc.
13:12Voilà, il a toujours dit ça.
13:14Donc, à partir du moment où il dit,
13:15moi, on ne m'a jamais dit la vérité,
13:17je ne voulais pas non plus empêcher ce gamin
13:19de retrouver une vie normale.
13:22On a vu, à votre évocation,
13:25que le collège avait des problèmes financiers.
13:28Est-ce que ça expliquerait en partie
13:31la fermeture relative des yeux
13:33sur le passé judiciaire ?
13:35Ça peut expliquer, en fait,
13:36effectivement, un certain laxisme
13:37de la part du directeur.
13:39Et c'est vrai que la remise en liberté
13:41aussi de Mathieu Molinas
13:42était conditionnée
13:44au fait qu'il puisse réintégrer un nouveau collège.
13:47Donc, l'un dans l'autre,
13:49c'est ce qui a rendu possible cette affaire.
13:51Alors, Adrien Pelletier,
13:52vous êtes un expert en communication.
13:54Vous venez régulièrement nous visiter.
13:56Cette affaire est quelque chose d'unique
13:57dans la manière dont elle a marqué
13:58l'opinion publique.
13:59Racontez-nous.
14:00Oui, c'est un traitement médiatique unique
14:01pour une affaire unique,
14:02à commencer par cette décision de justice,
14:04de condamnation à la perpétuité
14:05pour un mineur,
14:06la minorité qui est d'ailleurs
14:07au cœur de toutes les conversations,
14:09que ce soit sur l'assassin,
14:10mais aussi sur la victime.
14:12Mais c'est également
14:13le profil psychologique de Mathieu
14:14qui a été extrêmement commenté.
14:16Et puis, toutes ces défaillances,
14:18celles de l'État condamnée,
14:20celles des psychiatres
14:21qui avaient conclu
14:22à la non-dangereusité de Mathieu,
14:23celles du directeur du collège
14:24qui connaissait le passif de Mathieu,
14:26qui ont été largement documentées
14:28dans plus de 4000 retombées médias
14:30et même dans un téléfilm,
14:32en 2024,
14:33librement adapté
14:35du livre écrit par les parents du meurtrier.
14:37Alors, à une époque
14:38où les réseaux sociaux existaient déjà,
14:40mais n'avaient pas la place
14:41qu'ils ont actuellement,
14:43ceux-ci ont quand même
14:44joué un rôle important
14:45dans l'émotion
14:46suscitée par cette affaire.
14:48Tout à fait.
14:49Non seulement les réseaux sociaux
14:50sont une source colossale
14:51d'informations
14:52et de témoignages sur cette affaire
14:53et ses protagonistes,
14:54mais c'est également sur Facebook
14:56que l'un des tout premiers avis de recherche
14:58a été émis
14:59sur une page d'anciens élèves
15:00afin d'aider les recherches
15:01et puis de recueillir des témoignages.
15:03Et c'est cette même page
15:04qui a annoncé à ses followers
15:05la découverte du corps d'Agnès
15:06avant même qu'elle ne soit rendue officielle
15:08vient un poste qui est toujours visible
15:10en ligne aujourd'hui.
15:11Et au-delà
15:12de ces nombreux témoignages d'élèves
15:13qui ont commenté des vidéos,
15:14des posts,
15:15puisque c'est une génération
15:16qui était très connectée,
15:17chaque année,
15:18en novembre,
15:19à la date d'anniversaire
15:20de la mort d'Agnès,
15:21des milliers de posts encore
15:23lui rendent hommage.
15:24D'accord.
15:25Alors, différents protagonistes
15:26ont pris la parole
15:27dans cette affaire
15:28à des degrés variés,
15:29de manière assez inattendue
15:30quand même pour certains,
15:31je pense,
15:32la famille de Mathieu Moulinas.
15:33Au-delà de son aspect judiciaire
15:35et des arguments de la défense,
15:36une affaire criminelle
15:37est bien souvent
15:38une affaire de communication médiatique.
15:39Et là, en l'occurrence,
15:42alors que les parents d'Agnès
15:43ne souhaitaient plus s'exprimer
15:44après la décision de justice,
15:46ceux de Mathieu, en revanche,
15:47ont répondu à de nombreux médias
15:48en les recevant chez eux
15:49ou en se rendant sur des plateaux télé
15:51et même des podcasts
15:52une fois le jugement rendu
15:53dans la perspective
15:54d'humaniser leur fils,
15:55de justifier l'appel
15:56de la première décision,
15:57mais aussi de raconter
15:58leur quotidien
15:59de parents à perpétuité
16:00comme ils le titrent
16:01dans leur livre
16:02paru en 2016
16:03chez Flammarion.
16:04Et alors qu'il n'est pas directement
16:05appliqué dans la procédure,
16:06qu'il n'est ni sur le banc des accusés
16:08ni parti civil,
16:09le père, donc Dominique Moulinas,
16:12le père de Mathieu,
16:13a eu droit à 150 articles
16:14de presse sur sa personne
16:16et les parents d'Agnès
16:18ont dû sortir de leur silence
16:19en 2016
16:20pour accorder une interview
16:21au Figaro
16:22et dénoncer cette indécence
16:24et une démarche
16:25qu'ils ont qualifiée
16:26de campagne de showbiz.
16:27Frédéric Lantieri
16:28à la coupure publicitaire,
16:29tout à l'heure,
16:30vous nous disiez
16:31que vous aviez été
16:32particulièrement marqué
16:33aussi par l'attitude
16:34de Dominique Moulinas
16:35de mettre des sens
16:36à tout le moins.
16:37Oui, moi j'avais trouvé ça
16:38très choquant.
16:39Je pense que quand on a
16:40un enfant qui a commis
16:41une chose pareille,
16:42le minimum c'est
16:43vraiment de se faire humble,
16:46de se faire tout petit
16:47et de dire
16:48j'ai dû franchement
16:49excusez-moi,
16:50passez-moi le terme,
16:51mais merder quelque part
16:52pour que mon fils
16:53fasse une chose pareille
16:54et pas se mettre
16:55sur le devant de la scène.
16:56J'ai trouvé ça
16:57tout à fait indécent
16:58et très choquant.
16:59Et surtout en plus,
17:00on a appris quelque chose
17:01lors du procès
17:02qui est toujours
17:03quelque chose
17:04d'extraordinaire.
17:05C'est que la mère
17:06de Mathieu
17:07était née en prison
17:08puisque sa mère
17:09elle-même
17:10était donc une...
17:11Je ne sais pas
17:12ce qu'elle avait fait
17:13cette femme-là,
17:14mais en tout cas
17:15elle était née en prison.
17:16Elle-même après
17:17avait été placée
17:18et elle avait été
17:19violée.
17:20Dans différentes familles
17:21d'accueil,
17:22elle avait été violée
17:23à peu près toute son enfance.
17:24Et en fait,
17:25c'est à 18 ans
17:26quand elle fait
17:27je crois des études
17:28de pharmacie
17:29qu'elle rencontre
17:30le père de Mathieu
17:31et qu'elle se dit
17:32je vais m'en sortir,
17:33je vais me sauver,
17:34etc.
17:35Mais personne ne savait rien.
17:36Et je trouve très intéressant
17:37de se dire
17:38que cette révélation
17:39arrive donc
17:40au moment du procès
17:41où elle finit
17:42par le raconter.
17:43Personne ne savait rien,
17:44aucun de ses enfants,
17:45même pas son mari je crois.
17:46Ah oui ?
17:47Oui, oui, oui.
17:48Et ça me rappelle souvent
17:49ce qu'avait dit Freud
17:50qu'il faut trois générations
17:51pour faire un psychopathe.
17:52Enfin en tout cas
17:53faire une psychose.
17:54Et donc on a
17:55la grand-mère,
17:56la mère
17:57et puis lui qui éclate,
17:58qui explose en fait.
17:59Donc je trouve ça
18:00assez intéressant.
18:01C'est très...
18:02C'est une psychogénéalogie
18:03mais il y a quand même
18:04quelque chose de ça
18:05qui est intéressant à remarquer.
18:06Oui et puis c'est relativement rare.
18:07C'est tout à fait exceptionnel
18:08la psychose comme ça
18:09qui se trouve quasi transmise.
18:10Je ne crois pas tant que ça, non.
18:11Pas tant que ça ?
18:12Non.
18:13Ah oui, d'accord.
18:14Ça c'était passionnant.
18:15Victor Lefèvre,
18:16la revue
18:17donc Affaires Criminelles
18:18dont vous êtes
18:19le rédacteur en chef
18:20est retournée sur place.
18:21Retournée sur place
18:22au show
18:23voir le collège
18:24s'évenant.
18:25Voilà, donc ça fait
18:26dix ans que le collège
18:27a fermé ses portes.
18:28Adrien Pelletier aussi
18:29a enquêté avec moi
18:30sur cette affaire.
18:31Et effectivement
18:32c'est assez troublant
18:33de voir la façon
18:34dont le décor
18:35est resté inchangé.
18:36C'est-à-dire qu'en fait
18:37quand on se retrouve
18:38dans les salles de classe
18:39on le voit d'ailleurs
18:40dans les photos
18:41que nous publions
18:42dans la revue
18:43on voit que
18:44tout est resté en l'état
18:45et les carnets de correspondance
18:46le bec benzen
18:47dans les laboratoires
18:48de physique chimie
18:49tout est resté dans son jus.
18:50Ça donne une atmosphère
18:51très troublante
18:52un peu post-apocalyptique.
18:53En plus,
18:54on est en plein milieu des pins
18:55donc on est en Haute-Loire
18:56et effectivement
18:57vous l'avez dit
18:58c'est un lieu
18:59assez mystérieux
19:00assez troublant
19:01et tout est resté
19:02dans son état originel.
19:03Si j'ai bien compris
19:04ce que vous racontiez
19:05Victor,
19:06comment on explique
19:07que la direction
19:08de l'établissement
19:09ait appris
19:10la disparition de l'élève
19:11après le déclenchement
19:12des recherches ?
19:13Ça paraît invraisemblable.
19:14Alors,
19:15ça s'explique surtout
19:16par le fonctionnement
19:17du Collège Sévenol
19:18qui fonctionne
19:19sous forme de fédération
19:20donc en fait
19:21il y a un directeur
19:22de l'établissement
19:23mais aussi
19:24un collège plus largement.
19:25Ils n'étaient pas sur place
19:26et ils l'ont appris
19:2724 heures plus tard
19:28seule donc la directrice
19:29la maîtresse de l'internat
19:30la responsable
19:31de la vie scolaire
19:32que nous avons interrogée
19:33que Adrien Pelletier
19:34a interrogée
19:35pour cet article
19:36témoigne
19:37sous couvert d'anonymat
19:38mais raconte-nous Adrien.
19:39Oui, en fait
19:40ce qui est
19:41complètement troublant
19:42c'est que
19:43le soir de la disparition
19:44en tout cas
19:45quand les élèves l'apprennent
19:46elles tentent de joindre
19:47le directeur
19:48à plusieurs reprises
19:49elle appelle
19:50ça sonne en absence
19:51le responsable de l'internat
19:52n'est même pas là
19:53et donc elle est obligée
19:54de mener les recherches
19:55toute seule.
19:56La seule présence
19:57sur place
19:58dans un internat
19:59de plus de 200 élèves.
20:00Au milieu de la forêt.
20:01Oui, au milieu de la forêt.
20:02C'est incroyable.
20:03Et parce qu'aussi
20:04ils avaient des méthodes
20:05tout à fait particulières
20:06c'est-à-dire que
20:07quand ce collège est créé
20:08d'abord on est en terre protestante
20:09en terre protestante
20:10et ce sont vraiment
20:11les terres en plus
20:12qui ont sauvé
20:13et qui ont caché
20:14beaucoup d'enfants juifs
20:15etc.
20:16Et c'est deux pasteurs
20:17qui ont créé le collège.
20:18Qui ont créé le collège
20:19donc il faut bien comprendre
20:20un petit peu
20:21cette condition-là
20:22cet héritage
20:23topographique
20:24et géographique
20:26et donc c'est
20:27quand on décide
20:28de mettre en place
20:29on veut vraiment
20:30mettre les nouvelles
20:31méthodes éducatives.
20:32Donc en effet
20:33il y a
20:34un encadrement
20:35qui est beaucoup plus souple
20:36et beaucoup plus lâche
20:37que partout ailleurs.
20:38On essaye
20:39justement c'est pour ça
20:40que les enfants
20:41ont liberté
20:42tous les après-midi.
20:43Chacun fait un peu
20:44ce qu'il veut
20:45choisit les méthodes
20:46qu'il veut
20:47choisit les matières
20:48qui l'intéressent.
20:49Donc c'est aussi pour ça
20:50qu'Agnès Marin d'ailleurs
20:51va dans ce collège
20:52parce qu'il a
20:53une réputation extraordinaire
20:54et puis avec cette notion
20:55de liberté
20:56où chacun choisit
20:57en fait
20:58d'autonomie
20:59etc.
21:00Donc c'est aussi pour ça
21:01qu'il y a beaucoup
21:02moins d'encadrement.
21:03C'est surtout un établissement
21:04qui n'a pas de barrière
21:05directement
21:06relié à la forêt en fait.
21:07Et pourtant ils ont fait
21:08rentrer le loup
21:09dans la bergerie.
21:10Exactement.
21:11Terrible.
21:12Dans un instant
21:13on va revenir sur l'affaire
21:14du collège Sévenol
21:15et on va continuer
21:16avec vous Frédéric Lantieri
21:17parce que vous avez rencontré
21:18des femmes profailleuses
21:19de la gendarmerie
21:20et j'ai hâte de vous entendre
21:21à ce sujet.
21:22A tout de suite
21:23Sud Radio
21:24L'Affaire dans l'Affaire
21:25Stéphane Simon
21:26Retour dans votre rendez-vous
21:27avec l'actualité judiciaire
21:28L'Affaire dans l'Affaire
21:29une émission en partenariat
21:30avec la revue Affaire Criminel
21:31actuellement en kiosque.
21:32Alors nous sommes toujours
21:33en compagnie de Jean-Marie Bordry
21:34Toujours mon cher Stéphane.
21:35Et toujours également
21:36avec le rédacteur en chef
21:37de la revue
21:38Rebonjour Stéphane.
21:39Rebonjour Victor.
21:40Puis notre invité aujourd'hui
21:41est Frédéric Lantieri.
21:42Rebonjour.
21:43Rebonjour.
21:44Rebonjour.
21:45Rebonjour.
21:46Rebonjour.
21:47Rebonjour.
21:48Rebonjour.
21:49Rebonjour.
21:53Rebonjour.
21:54Je rappelle que vous avez présenté
21:56et fait entrer l'accusé
21:57pendant 9 ans.
21:582011-2020.
21:59Avec un certain Dominique Rizet
22:02qu'on aime beaucoup ici.
22:05Et vous nous gratifiez d'ailleurs
22:07dans la revue
22:08d'un grand portrait
22:09de Dominique Rizet.
22:10Vous lui avez posé
22:11toutes les questions.
22:12Grand entretien, oui.
22:13Grand entretien
22:14sur 7-8 pages.
22:15C'est très bien.
22:16Très très bien.
22:17Alors nous parlons aujourd'hui
22:19d'un sujet moins joyeux
22:20si j'ose dire.
22:21Nous parlons de l'affaire Agnès Marin
22:24et nous parlons du collège Sévenol.
22:26Victor Lefebvre,
22:27ce collège Sevenol
22:28dont nous venons de rappeler
22:29le glorieux passé,
22:31il est en difficulté financière.
22:33Il demande néanmoins 14 000 euros
22:36par élève
22:37pour une année de scolarité.
22:39Oui, c'est des familles assez aisées
22:40puisque c'est 14 000 euros
22:41la scolarité.
22:42Et puis il y a eu des personnalités
22:44assez connues
22:45qui ont ciré les bancs
22:46du collège Sevenol.
22:47Pierre Bénichoux,
22:48la fille de Jane Birkin aussi
22:49qui est tragiquement morte
22:51il y a quelques années.
22:52L'astrologue Elisabeth Tessier
22:55était au collège Sevenol.
22:56Et effectivement,
22:57ce qui est curieux dans cette affaire
22:58c'est qu'entre l'assassinat
22:59d'Agnès Marin
23:00a eu lieu en 2011
23:01et le collège lycée
23:03ferme ses portes en 2014.
23:04Donc ça a duré encore trois ans.
23:06Et en fait,
23:07c'est au moment du procès
23:08en 2013
23:09que les familles des enfants
23:11ont appris
23:12qu'en fait le directeur
23:13de l'établissement
23:14savait que Mathieu Moulinas
23:15était récidiviste.
23:17Et c'est à ce moment-là
23:18qu'ils ont retiré
23:19tous leurs enfants
23:20et que le collège lycée
23:21a périclité en 2014.
23:22Donc il y a tout juste 10 ans.
23:24Tout juste 10 ans.
23:25Et aujourd'hui,
23:26le collège est ouvert aux 80.
23:27Il est ouvert aux 80.
23:28Il y a parfois des squatters,
23:29il y a des tags.
23:30Notamment,
23:31on avait vu
23:32dans un couloir de l'internat
23:33il y a un tag écrit en majuscule
23:34« Ce lieu est hanté ».
23:36C'est une atmosphère
23:38quand même très lugubre
23:39au collège Sevenol.
23:41On ne se sent pas en grande sécurité
23:42mais c'est ouvert aux 80
23:44et les infrastructures
23:45sont restées en l'état.
23:46Elles étaient très modernes
23:47pour l'époque.
23:48Il y a notamment
23:49un gymnase
23:50qui est assez impressionnant
23:51avec très haut de plafond
23:53qui donne une ambiance
23:54peut-être un peu
23:55de campus américain
23:56ou un peu de la série
23:57Twin Peaks
23:58pour ceux qui auraient vu.
23:59On est dans cette atmosphère
24:00de pain, de brume.
24:01Il a eu peur
24:02votre reporter.
24:03Il a pris des risques.
24:04Il a pris des risques.
24:05Bon.
24:06Alors Jade Serrano
24:07nous a rejoint.
24:08Bonjour Jade.
24:09Bonjour Stéphane Simon.
24:10Ravi que vous soyez là.
24:11Vous avez écrit,
24:12je rappelle,
24:13un livre récemment
24:14qui est une enquête
24:15sur les cannibales,
24:16ces criminels
24:17absolument effrayants.
24:18Vous avez à cette occasion
24:19rencontré plusieurs praticiens
24:20experts en psychiatrie.
24:21On a l'impression
24:22dans l'affaire Agnès Marin
24:23qui est tuée
24:24donc au Collège Sévenol
24:25que tout n'a pas été fait
24:26convenablement
24:27du côté des experts.
24:28Oui.
24:29Effectivement.
24:30Victor Lefebvre
24:31l'a rappelé.
24:32Trois experts
24:33qui se succèdent
24:34et trois experts
24:35qui n'en sont pas.
24:36Et voilà le problème.
24:37Après,
24:38il y a une problématique différente
24:39concernant les mineurs criminels.
24:40C'est-à-dire que
24:41en deçà de 25 ans
24:42il nous est impossible
24:43de faire
24:44une enquête
24:45sur les mineurs
24:46parce que
24:47en deçà de 25 ans
24:48il nous est impossible
24:49de prononcer
24:50une psychose
24:51ferme et définitive
24:52en raison forcément
24:53du caractère mouvant
24:54de la personnalité
24:55des adolescents.
24:56En revanche
24:57comme l'a dit
24:58Frédéric Lantieri
24:59le premier viol
25:00le premier crime
25:01commis
25:02par Molinas
25:03est extrêmement grave.
25:04Il est sordide.
25:05Il a une grippe.
25:06Donc la dangerosité
25:07de Mathieu Molinas
25:08aurait dû être
25:09pointée du doigt
25:10et ces quatre mois
25:11de détention
25:12paraissent totalement
25:13ridicules
25:14et mettent en danger
25:15finalement
25:16la société
25:17toute entière.
25:18Alors quand il sort
25:19de prison
25:20au bout de quatre mois
25:21de détention
25:22là il aurait dû être
25:23quand même
25:24assez accompagné
25:26et on a l'impression
25:27que ce n'est pas le cas.
25:28Ce n'est pas le cas.
25:29Il y a un problème
25:30effectivement
25:31une faillite
25:32du suivi
25:33socio-judiciaire
25:34qui n'a pas été prononcée
25:35par la justice.
25:37Et puis il y a aussi
25:38de toutes les façons
25:39au-delà du collège
25:41Sévénol
25:42c'est un vrai problème
25:43dans l'éducation nationale
25:45de prise en charge
25:47psychologique.
25:48On déplore
25:49peut-être une infirmière
25:50encore qui est volante
25:51par établissement
25:52c'est-à-dire qu'elle est là
25:53une à deux fois par semaine.
25:54Donc il n'y a pas
25:56de possibilité
25:57de suivi
25:58psychologique
25:59des élèves.
26:00Premier point.
26:01Second point
26:02il y a une défaillance
26:03de la psychiatrie
26:04en général en France.
26:05On a perdu
26:06en 20 ans
26:07l'espace de 20 ans
26:088000 lits.
26:09Pour que les auditeurs
26:10comprennent bien
26:11c'était en 2000
26:12un lit
26:13pour 1000 habitants.
26:14Aujourd'hui nous sommes passés
26:16à 0,8 lit
26:18pour 1000 habitants.
26:20Quant à la pédopsychiatrie
26:22donc à la prise en charge
26:23psychiatrique des enfants
26:24nous avons
26:26à peu près
26:28une augmentation
26:29de 62%
26:30de la prise
26:31d'antidépresseurs
26:32chez les enfants
26:33et notamment
26:34les moins de 6 ans.
26:35Ce qui nous mène...
26:36Ce qui est fou.
26:37C'est incroyable.
26:38C'est le haut commissariat
26:39à la famille
26:40qui a publié
26:41une étude
26:42il y a 2 ans.
26:44Et là
26:45on est passé
26:46à 230 000
26:47enfants
26:49en France
26:50sous psychotiques.
26:52Voilà.
26:53Sous antipsychotiques pardon.
26:55Alors justement
26:56Frédéric Lantieri
26:57lors de nombreux documentaires
26:59que vous pouvez faire
27:00vous rencontrez beaucoup
27:01de psychiatres
27:02d'experts psychiatres.
27:03C'est la grande faillite
27:04du moment
27:05aussi dans le milieu
27:06judiciaire.
27:07C'est quand même pas
27:08exactement
27:09la situation
27:10dont on rêve.
27:11Mais c'est la même chose.
27:12Il manque énormément
27:13de moyens.
27:14Comme toujours.
27:15C'est à dire qu'en gros
27:16il y a 2, 3
27:17experts patentés
27:19et puis le reste du temps
27:20il n'y a plus personne.
27:21C'est quand même ça.
27:22Surtout qu'en plus
27:23pour reprendre
27:24ce que vous disiez
27:25je crois qu'actuellement
27:26il y a une explosion
27:28notamment
27:29de toutes les scarifications
27:31de toutes les mutilations
27:32des jeunes filles
27:33enfin des adolescentes.
27:34Et on ne sait absolument
27:35plus quoi faire.
27:36Je crois qu'à Robert Debray
27:37par exemple
27:38où quand même
27:39il a réalisé
27:40et notamment dans la prise
27:41en charge psychiatrique
27:42il y a je ne sais pas
27:43combien de mois
27:44d'attente.
27:45Vous imaginez bien
27:46que quand vous avez
27:47une gamine qui passe sa vie
27:48à se carifier
27:49à se mutiler
27:50à se brûler les doigts
27:51à faire des tentatives
27:52de suicide
27:53se dire qu'il y a
27:546 mois, 9 mois
27:55d'attente
27:56c'est absolument atroce.
27:57Et on peut d'ailleurs rappeler
27:58qu'une des victimes
27:59de la censure
28:00du gouvernement Barnier
28:01c'était la grande cause nationale
28:02pour la santé mentale
28:03des français
28:04qu'avait voulu décréter
28:05le premier ministre
28:06qui a démissionné.
28:07D'accord.
28:08Et en parlant à cette affaire
28:09quelle leçon
28:10on peut tirer
28:1110 ans après
28:12de la mort
28:13d'Agnès Marin ?
28:14Compliqué.
28:15Oui c'est compliqué.
28:16En fait c'est
28:17très clairement
28:18en effet
28:19la faillite
28:20de la prise en charge
28:21judiciaire
28:22et psychiatrique.
28:23Et aussi parce que
28:24je crois qu'il y avait
28:25un SPIP
28:26qui devait normalement
28:27aller le voir régulièrement.
28:28Les SPIP
28:29c'est
28:30les services
28:31pénitentiaires
28:32d'insertion
28:33et de probation
28:34qui sont eux
28:35qui sont absolument
28:36délégués
28:37pour suivre
28:38les gens
28:39qui sont soit
28:40qui sortent de prison
28:41soit qui sont
28:42en suivi judiciaire
28:43etc.
28:44Et je crois que
28:45la SPIP en question
28:46elle n'a pu le voir
28:47qu'une seule fois.
28:48Elle a tellement de dossiers
28:49là encore
28:50il y a tellement de dossiers
28:51et tellement peu de SPIP
28:52c'est toujours la même chose.
28:53Quand il n'y a pas de moyens
28:54on n'arrive à jamais
28:55on ne pourra jamais rien faire.
28:56On va multiplier
28:57les échecs.
28:58Multiplier les échecs.
28:59Vous vouliez ajouter quelque chose ?
29:00Non mais c'est vrai
29:01que c'est pour ça
29:02que l'État a été condamné
29:03pour négligence
29:04et faute lourde.
29:05Il y a une double responsabilité
29:06dans cette affaire.
29:07J'ai entendu dans le récit
29:08fait par Victor
29:09qu'une des expertes
29:10était lituanienne
29:11fraîchement francophone.
29:12Elle ne parlait pas français.
29:13Elle ne parlait pas du tout français.
29:14Est-ce que ça veut dire
29:15qu'en plus on a un problème
29:16de vocation sur place
29:17et qu'on est justement obligé
29:18de recruter un peu partout
29:19quitte à être
29:20un peu moins exigeant ?
29:21Je ne crois même pas.
29:22Elle avait vraiment des diplômes
29:23je ne me souviens plus
29:24de cette histoire
29:25mais je crois que c'était
29:26comme on fait aujourd'hui.
29:27C'est-à-dire qu'aujourd'hui
29:28on recrute
29:29des médecins
29:30du monde entier
29:31des infirmières
29:32du monde entier
29:34Et on peut parler
29:35des professeurs
29:36qui sont aujourd'hui
29:37recrutés par dating
29:38si on se souvient bien.
29:39Il y a des professeurs
29:40qui sont recrutés
29:41en 5 minutes.
29:42C'est absolument incroyable.
29:43Alors dans un instant
29:44on va revenir
29:45sur le grand entretien
29:46que vous avez fait
29:47avec des gendarmes
29:48profailleuses.
29:49Frédéric Lantiris
29:50c'est absolument passionnant.
29:51On va se demander
29:52comment ce métier
29:53d'enquêteur
29:54pourrait évoluer
29:55à l'heure
29:56de l'intelligence artificielle.
29:57Comment est-ce qu'on devient
29:58profailleuse aussi ?
29:59On se pose toutes ces questions
30:00dans un instant
30:01sur Sud Radio.
30:04Sud Radio
30:05L'Affaire dans l'Affaire
30:06Stéphane Simon
30:08Nous sommes ensemble
30:09jusqu'à 13h
30:10et nous parlons de l'actualité
30:11de la police
30:12de la justice
30:13des faits divers
30:14de faits de société.
30:15C'est votre rendez-vous
30:16L'Affaire dans l'Affaire
30:17une émission en partenariat
30:18avec la revue Affaires Criminelles
30:19qui est en kiosque
30:20actuellement
30:21toujours en compagnie
30:22de Jean-Marie Bordry
30:23de Victor Lefebvre
30:24de Jade Serrano
30:25Bonjour Stéphane Simon
30:26et de notre invité
30:27Frédéric Lantiris
30:28Merci d'être avec nous.
30:29Frédéric Lantiris
30:30Merci d'être avec nous.
30:31Frédéric Lantiris
30:32Merci d'être avec nous.
30:33Alors Frédéric Lantiris
30:34on a parlé de l'affaire
30:36Agnès Marin
30:37du collège Sévenol
30:38mais on avait aussi
30:40envie de vous entendre
30:41sur une des contributions
30:42que vous avez signé
30:43dans cette revue.
30:44Vous êtes allé à la rencontre
30:46de deux profilers
30:48de la gendarmerie.
30:49Il y en a également
30:50dans la police
30:51mais là c'est...
30:52Non, dans la police
30:53ils ne sont pas en titre.
30:54Ah d'accord
30:55donc là ils sont en titre.
30:56C'est à dire que
30:57en fait
30:58les profilers
30:59qui sont étiquetés
31:00gendarmerie
31:01ce ne sont pas des policiers.
31:02D'accord.
31:03Ils n'appartiennent pas
31:04au ministère de l'intérieur
31:05ni au corps de la police.
31:06Contrairement donc
31:07aux profileuses de la gendarmerie
31:08je vais franciser le terme
31:10je vais dire profileuses.
31:11Profileuses.
31:12Les profileuses de la gendarmerie
31:14elles appartiennent
31:15au corps
31:16de la gendarmerie
31:17elles font partie du
31:18du DSC
31:19c'est à dire
31:20le département
31:21des sciences du comportement
31:22elles sont dans une caserne
31:24elles ont un uniforme
31:25une arme
31:26et tout ce que vous voulez.
31:27Mais la police ne fait pas du tout
31:28de profilage ?
31:29Pas
31:30pas
31:31pas de manière officielle
31:32pas de façon conventionnelle.
31:33Enfin
31:34il faut rappeler
31:35il y a des psychologues
31:36il me semble
31:37mais ça n'a rien à voir.
31:38Il y a des gens qui se prétendent
31:39profileurs de la gendarmerie
31:40mais ça ne fait pas partie du corps
31:41de la police
31:42qu'ils font partie du corps
31:43de la police.
31:44Alors vous avez rencontré
31:45Stéphanie Lemahout
31:46et Audrey Renard
31:47deux profileuses
31:49leur métier est donc
31:50de réaliser l'analyse
31:51comportementale
31:52et psychologique
31:53des criminels
31:54alors comment
31:55entrent en scène
31:56ces femmes
31:57à quel moment de l'enquête
31:58elles interviennent ?
31:59Alors
32:00le problème si je puis dire
32:01c'est qu'elles n'interviennent
32:02que sur demande
32:03c'est jamais
32:04systématique
32:05et automatique.
32:06Quoi qu'il en soit
32:07d'une façon générale
32:08j'ai l'impression
32:09que
32:10les brigades de recherche
32:11ou les SR
32:12ou etc
32:13de la gendarmerie
32:14font appel à elles
32:15quand il y a des meurtres d'enfants
32:17par exemple
32:18je crois que c'est quasiment général
32:19quand les meurtres sont
32:21particulièrement violents
32:23je crois que là
32:25c'est vraiment
32:26et quand par exemple
32:27il y a aussi des
32:28multis
32:29enfin il y a plusieurs
32:30il y a plusieurs soupçons
32:31de sérialité
32:32oui ça bien sûr
32:33mais en plus
32:34quand il y a plusieurs
32:35personnes qui sont tuées
32:36dans une même maison
32:37etc
32:38je crois qu'on fait appel à elles
32:39vraiment dans ce genre de choses.
32:40D'accord
32:41alors il y a quelque chose
32:42qui m'a passionné
32:43à la lecture
32:44de votre article
32:45c'est que
32:46quand elles arrivent sur place
32:47elles ne veulent
32:48rien savoir
32:49du dossier
32:50même pas les pistes
32:51que les enquêteurs
32:52ont pu trouver.
32:53Non non surtout pas.
32:54Surtout pas.
32:55Surtout pas.
32:56Elles elles sont là
32:57elles ont fait un crime
32:58et elles en tirent
32:59des
33:00un portrait robot
33:01si je puis dire
33:02du ou des criminels.
33:03C'est à dire que c'est un peu
33:04dis moi comment t'as tué
33:05je te dirai qui tu es.
33:06Si on veut vraiment
33:07caricaturer un peu
33:08leur job.
33:09Donc elles arrivent
33:10dans un lieu
33:11donc elles veulent être
33:12absolument vierges
33:13de toute information
33:14si je puis dire.
33:15Donc elles arrivent
33:16et elles arrivent
33:17à déterminer des choses
33:18assez stupéfiantes
33:19donc elles arrivent
33:20à savoir
33:21s'il y a un assassin
33:22ou plusieurs
33:23alors après
33:24elles ne savent pas dire
33:25s'il y en a deux
33:26ou cinq
33:27mais en tout cas
33:28elles peuvent dire
33:29s'il y en a un
33:30ou plusieurs.
33:31Et comment elles le voient ça par exemple ?
33:32Parce qu'elles analysent
33:33les traces
33:34les traces
33:35par exemple
33:36elles sont capables de voir
33:37s'il y a une personne
33:38qui a fouillé
33:39ou s'il y en a plusieurs.
33:40Elles disent qu'il y a des
33:41façons de fouiller
33:42qui sont toutes différentes.
33:43Par exemple ça c'est très intéressant
33:44il y a des gens
33:45qui remuent tout
33:46des gens qui foutent tout par terre
33:47enfin bref
33:48manifestement
33:49il y a des façons
33:50de fouiller
33:51qui sont différentes.
33:52Elles sont capables
33:53de déterminer
33:54si l'individu
33:55est récidiviste
33:56c'est assez incroyable
33:57elles sont capables
33:58de dire
33:59si l'individu
34:00a agi par haine
34:01par une espèce
34:02de folie
34:03ou est-ce que
34:04c'est vraiment
34:05improvisé
34:06non
34:07ou si c'est un intérêt
34:08que c'est calculé
34:09que c'est froid
34:10elles sont capables
34:11de dire ces choses-là
34:12d'une façon incroyable
34:13elles sont capables
34:14de dire
34:15si le cambriolage
34:16est une mise en scène
34:17enfin vraiment
34:18et moi
34:19je le sais
34:20à plusieurs reprises
34:21par exemple
34:22il y a un
34:23individu
34:24par exemple
34:25il y a un
34:26des dossiers
34:27que j'avais fait
34:28et il y avait
34:29Stéphanie
34:30le maout
34:31que j'avais interviewé
34:32et elle avait été
34:33capable de dire
34:34c'est quelqu'un
34:35qui aimait la personne
34:36ça l'a beaucoup
34:37perturbé
34:38de tuer cette personne-là
34:39vraiment
34:40il aimait
34:41enfin c'était
34:42un neveu
34:43qui tuait
34:44sa vieille tante
34:45et elle disait
34:46mais vraiment
34:47ça lui a beaucoup coûté
34:48ça a vraiment
34:49c'était très compliqué
34:50pour lui
34:51vous devriez chercher
34:52dans telle et telle direction
34:53mais il s'en rendait compte
34:54ça va être très compliqué
34:55il va grossir
34:56il va se mettre
34:57à perdre de l'alcool
34:58et les enquêteurs
34:59ont vraiment
35:00resserré
35:01leur terrain de recherche
35:02et notamment
35:03c'était ça
35:04C'est quoi la base scientifique
35:05alors
35:06sur laquelle reposent
35:07toutes ces méthodes ?
35:08Alors ça
35:09si vous voulez
35:10c'est aussi
35:11des secrets bien gardés
35:12j'imagine
35:13donc elles
35:14elles sont formées
35:15d'abord
35:16elles font des études
35:17de psychologie
35:18de criminologie
35:19pour certaines de droits
35:20elles ont été formées
35:21Comment est-ce qu'on devient
35:22disons-le
35:23à la française
35:24comment on devient ça ?
35:25parce que ça peut créer
35:26des vocations
35:27ce qu'on est en train
35:28de raconter ce matin
35:29Oui tout à fait
35:30donc en fait
35:31elles postulent
35:32il y en a
35:33qui ont fait des stages
35:34en fait
35:35je crois qu'Audrey
35:36avait fait un stage
35:37et qu'on lui a dit
35:38ok
35:39on t'embauche
35:40si tu veux
35:41donc c'est des gens
35:42qui sont vraiment
35:43par exemple
35:44Audrey
35:45elle avait fait
35:46des études
35:47de psycho
35:48et de psychocrinologie
35:49elle ne se sentait pas du tout
35:50de se retrouver
35:51dans un cabinet
35:52ou à l'hôpital
35:53à soigner des gens
35:56qui étaient
35:57ou qui étaient
35:58des simples névrosés
35:59ou qui étaient addicts
36:00ou je ne sais quoi
36:01ça l'ennuyait
36:02et voilà
36:03et donc là
36:04elle a fait ce stage
36:05et puis elle a été
36:06très performante
36:07et on lui a proposé le job
36:08voilà
36:09donc en fait
36:10c'est une petite caste
36:11mais c'est un concours ?
36:12non pas du tout
36:13non non
36:14il y a un poste
36:15qui se libère
36:16et vous posez votre candidature
36:17d'accord
36:18mais alors il y a quelque chose
36:19qui est assez intéressant
36:20c'est que
36:21on ne fait pas appel
36:22à elle
36:23systématiquement
36:24et pourquoi ?
36:25parce qu'il y a quand même
36:26énormément d'affaires
36:27on le voit
36:28on parle ici souvent
36:29de cold case
36:30etc
36:31il y a énormément d'affaires
36:32qui gagneraient
36:33à avoir la visite
36:34puisque
36:35même si c'est pas
36:36comment dirais-je
36:37une espèce d'absolue
36:38démonstration scientifique
36:39c'est quand même bien
36:40d'avoir l'instant
36:41c'est quand même
36:42très objectif
36:43ah oui
36:44c'est pas
36:45elles n'ont aucune
36:46enfin vous voyez
36:47elles ne sont pas là
36:48en train de vous dire
36:49non non
36:50elles ne lisent pas
36:51dans le mar de café
36:52soyons clair
36:53c'est extrêmement objectif
36:54elles ont été formées
36:55par le FBI
36:56par les canadiens
36:57qui ont appliqué
36:58des méthodes extrêmement
36:59scientifiques
37:00concrètes etc
37:01c'est pas du tout
37:02à la base
37:03comme je te pousse
37:04alors pourquoi
37:05est-ce qu'on ne les utilise
37:06pas davantage ?
37:07parce qu'il y a certains
37:08enquêteurs
37:09qui rechignent à ça
37:10qui ont l'impression
37:11qu'ils perdent un peu
37:12de pouvoir
37:13qu'ils n'ont pas besoin de ça
37:14qu'ils vont se débrouiller
37:15tout seuls
37:16etc
37:17comme toujours
37:18mais je crois que
37:19si on fait appel à elles
37:20elles viennent tout le temps
37:21mais il n'y a pas d'hommes profileurs ?
37:22s'il y en avait un
37:23là
37:24mais je crois
37:25c'est une question intéressante
37:26déjà
37:27effectivement
37:28est-ce que c'est un métier
37:29typiquement féminin ?
37:30en fait
37:31dans la gendarmerie
37:32ce sont la plupart
37:33d'abord c'est une femme
37:34qui l'a montée
37:35c'est vraiment une femme
37:36qui a monté ça
37:37toute seule
37:38et puis après
37:39elle raconte ça
37:40en se marrant
37:41mais je pense
37:42que c'est un peu vrai
37:43dire que les femmes
37:44cherchent
37:45à comprendre
37:46et à savoir
37:47les hommes
37:48eux
37:49ils sont dans l'action
37:50donc eux
37:51ils veulent
37:52faire une interpellation
37:53évaser une garde à vue
37:54etc
37:55elles
37:56elles s'en moquent un peu
37:57de sortir le flingue
37:58et d'aller
37:59vous voyez
38:00ce n'est pas leur truc
38:01elles ce qu'elles veulent
38:02c'est comprendre
38:03les mécanismes du crime
38:04elles font aussi autre chose
38:05très passionnant
38:06c'est qu'elles font aussi
38:07l'aide à la garde à vue
38:08ah oui
38:09oui
38:10alors racontez-nous
38:11justement
38:12très concrètement
38:13il y a une des deux femmes
38:14je ne sais plus
38:15si c'est Mme Lemahout
38:16qui a eu
38:17tout de suite
38:18l'instinct
38:19pour
38:20dans l'affaire normale
38:21le landais
38:22elle a su
38:23tout de suite
38:24en entendant
38:25en garde à vue
38:26le garçon
38:27qu'il y avait quelque chose
38:28qui clochait
38:29que c'était peut-être lui
38:30en fait
38:31ces femmes
38:32elles ont quand même
38:33un talent d'observatrice
38:36hors du commun
38:37d'accord
38:38et elles savent un petit peu
38:39quoi regarder
38:40donc
38:41par exemple
38:42elle
38:43Stéphanie Lemahout
38:44parce que c'est elle
38:45elle a
38:46elle a été très étonnée
38:47par le comportement
38:48de Nordal le landais
38:49dans ses yeux ne passait rien
38:52il mangeait
38:54il dormait
38:55tout à fait normalement
38:56rien n'avait l'air
38:57de le perturber
38:58je rappelle aux auditeurs
38:59que sa femme a disparu
39:00et qu'il est soi-disant
39:01non non non
39:02c'est la petite Mahélisse
39:03ah pardon
39:04pardon
39:05c'est moi qui me mélange
39:06c'est la petite Mahélisse
39:07c'est la
39:08voilà
39:09et en plus
39:10elle disparaît dans un mariage
39:11et lui
39:12la dernière personne
39:13d'avoir vu
39:15la petite va voir ses parents
39:16en disant
39:17ah il y a ce garçon là
39:18cet homme
39:19il me propose de voir ses chiens
39:20est-ce que je peux aller voir ses chiens
39:21il dit mais non
39:22enfin bon
39:23et donc lui
39:24qui reconnaît quand même
39:25qu'il lui a montré ses chiens
39:27en fait
39:28lui après
39:29quand on lui présente la photo
39:30il la regarde
39:31comme s'il ne connaissait pas la gamine
39:32donc il l'observe assez
39:33oh non
39:34non je ne connais pas
39:35enfin
39:36il y a tout un ensemble de choses
39:37qui vont totalement
39:38mettre la puce à l'oreille
39:39si je puis dire
39:40de Stéphanie
39:41qui se dit
39:42mais
39:43c'est pas possible
39:44on ne peut pas
39:45non mais on ne peut pas
39:46c'est même pire que le mensonge
39:47on ne peut pas
39:48ne pas être bouleversé
39:50comme toute la France
39:51c'est l'insensibilité
39:52par la disparition de cet enfant
39:54qu'il est censé avoir vu
39:56qu'il a connu
39:57à qui il a parlé
39:58et il a cette
39:59cette indifférence
40:01absolue et totale
40:03il ne se rebelle même pas
40:04il n'est même pas en train de dire
40:05mais je suis un innocent
40:06c'est un scandale absolu
40:07il ne fait rien de tout ça
40:08donc
40:09elle
40:10elle se dit
40:11ce n'est pas possible
40:12ce n'est pas possible
40:13c'est lui
40:14et alors le problème
40:15c'est qu'elle a pour le coup
40:16elle n'a rien d'objectif
40:17il n'y a aucune preuve à ce moment là
40:18il n'y a aucune preuve
40:19il n'y a rien du tout
40:20mais
40:21donc ils sont tous là
40:22il y a le procureur
40:23qui est là
40:24le général
40:25enfin le commandant
40:26qui dirige
40:27la brigade de recherche
40:28tout le monde
40:29et il y a au moins 50 personnes
40:30et on lui dit
40:31alors
40:32et elle est là
40:33elle se dit
40:34qu'est-ce que je dis ?
40:35parce que je n'ai rien
40:36je n'ai pas d'élément
40:37vraiment matériel
40:38objectif
40:39à leur soumettre
40:40mais de tous les invités du mariage
40:41on avait compris que c'était lui
40:42elle, elle s'est dit
40:43c'est lui
40:44ce n'est pas possible
40:45mais c'est les sciences comportementales
40:46c'est celles-ci
40:47qui ont permis
40:48d'identifier aussi
40:49Jonathan Daval
40:50c'est ça
40:51donc voilà
40:52lors de
40:53son comportement
40:54notamment lors
40:55des obsèques
40:56de sa femme
40:57alors en vous lisant
40:58et en lisant
40:59votre interview
41:00de ces deux profileuses
41:01j'ai vu que
41:0296% des crimes
41:03sont commis
41:04par des hommes
41:05je ne savais pas
41:06et oui
41:07incroyable
41:08et il y a aussi quelque chose
41:09et c'est nous
41:10qui sommes les victimes
41:11c'est à dire que
41:12non seulement
41:13mais aussi
41:14il faudrait savoir
41:15le pourcentage de femmes
41:16qui sont victimes
41:17de ces cas
41:18alors on sait que les féminicides
41:19sont très nombreux
41:20évidemment
41:21mais il y a aussi
41:22des hommes qui tuent des hommes
41:23oui oui
41:24alors il y a quelque chose
41:25aussi de frappant
41:26dans cette interview
41:27c'est que ces enquêtrices
41:28disent qu'il y a
41:29de plus en plus
41:30de femmes
41:31complices de criminels
41:32ça aussi
41:33c'est intéressant
41:34oui
41:35mais
41:36elles ne font que le constater
41:37alors oui
41:38il n'y a pas
41:39d'explication
41:40est-ce que c'est quelque chose
41:41comment dirais-je
41:42d'assez nouveau
41:43dans la criminologie
41:44on se rend compte
41:45en tout cas
41:46c'est nouveau
41:47dans ce qu'elles remarquent
41:48peut-être que
41:49jusqu'à présent
41:50les femmes complices
41:51n'étaient pas
41:52peut-être qu'aujourd'hui
41:53la justice
41:54et les enquêteurs
41:55les mettent en cause
41:56si je puis dire
41:57et qu'avant
41:58on disait
41:59une femme
42:00non allez
42:01on laisse tomber
42:02c'est à dire que souvent
42:03les femmes
42:04des malfaiteurs par exemple
42:05n'étaient jamais mises en cause
42:06peut-être qu'aujourd'hui
42:07c'est aussi
42:08la justice sur elle
42:09qui a changé
42:10donc c'est pour ça
42:11que c'est compliqué
42:12d'en tirer plus de conclusions
42:13que ça
42:14eh bien Frédéric Lantieri
42:15on était très heureux
42:16de vous recevoir
42:17ce matin
42:18formidable
42:19donc je rappelle
42:20que vous avez
42:21une grande contribution
42:22deux grandes contributions
42:23dans Affaires Criminelles
42:24je rappelle que vous
42:25continuez à travailler
42:26sur des documentaires
42:27oui oui
42:28tout à fait
42:29donc on espère
42:30vous retrouver
42:31très très bientôt
42:32je vous rappelle
42:33que vous pouvez
42:34évidemment
42:35trouver la revue
42:36en kiosque
42:37en kiosque
42:38merci d'avoir été avec nous
42:39vous pouvez retrouver
42:40notre émission
42:41sur la chaîne
42:42Youtube
42:43de Sud Radio
42:44la semaine prochaine
42:45ce sera une spéciale
42:46Delphine Jubilard
42:47entre 12h et 13h
42:48tout de suite
42:49Alain Merti
42:50nous emmène
42:51sur les routes
42:52des vins de France
42:53entre le sud
42:54de la Bourgogne
42:55et la Champagne
42:56on va parler raisins
42:57précisément
42:58il est bientôt 13h
42:59à tout de suite
43:00sur Sud Radio