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Lundi 11 décembre 2023, SMART MORNING SOUMIER reçoit Hadrien Toma (Président, Bashroom)

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00:00 Salut à tous, le freelancing, je vous en parle régulièrement, c'est une de mes passions,
00:10 mais alors là, c'est un mouvement assez intéressant, mouvement très intéressant
00:15 que vient nous raconter Adrien Thomas.
00:17 Salut Adrien !
00:18 Salut !
00:19 Parce que les freelancers se regroupent ensemble pour faire une entreprise.
00:24 Enfin, je suis obligé de le présenter comme ça, mais c'est ça le truc quand même,
00:28 Adrien !
00:29 C'est complètement ça, d'ailleurs officiellement au niveau du titre, on est une ESN, donc
00:31 on est censé être une entreprise de services numériques.
00:33 C'est vraiment dans le mindset qu'on essaie d'être des freelancers et globalement,
00:37 en France finalement, il n'y a pas de statut associé juridiquement à la freelance en
00:40 tant que tel.
00:41 Ah, tout à fait d'accord !
00:42 Et donc au final, on s'est dit, c'est juste qu'on peut mutualiser des charges, on peut
00:46 créer une structure juridique commune et donc on peut facturer nos clients et on s'aime
00:50 bien.
00:51 C'est un point fondamental sur lequel j'insiste systématiquement.
00:57 Freelance, ce n'est pas un statut.
00:59 Vous pouvez être gérant de SARL tout seul, vous pouvez être avec une SAS, ce que vous
01:06 voulez, ce n'est pas un statut, c'est un état d'esprit.
01:09 Exactement.
01:10 Comment tu définirais cet état d'esprit ?
01:11 Il y a déjà l'idée qu'on a tous un certain niveau où finalement on se retrouve plus
01:17 dans se vendre nous-mêmes parce qu'on comprend plus ce qu'on est en train de vendre, on
01:20 comprend plus ce qu'on a en face.
01:22 Donc au final, on doit être notre propre commercial.
01:24 On est vraiment les ambassadeurs du début à la fin, de l'avant-vente jusqu'à la
01:28 vente, la satisfaction de clients, etc.
01:29 Et ça, c'est quelque chose qu'on ne peut pas faire dans les boîtes dans lesquelles
01:33 il y a effectivement une partie qui va gérer ça, une partie com, une partie marketing,
01:37 une partie commerciale qui va, elle, devoir gérer ses ventes et gérer sa partie relation
01:40 client.
01:41 Et tu vas débarquer et on va te dire ton contrat cette semaine, ça va être d'aller
01:45 dans telle boîte pour faire telle tâche pendant huit jours.
01:49 Voilà.
01:50 Et donc, nous, l'idée, c'est plus qu'on va aller chercher.
01:52 On va aller chercher les clients, on va aller discuter avec eux et chacun gère ses propres
01:56 clients.
01:57 C'est-à-dire, moi, officiellement, je suis le président de la boîte, mais je ne gère
02:01 pas les clients de mes collaborateurs qui, du coup, eux, ramènent leurs propres clients,
02:05 font leurs propres analyses et on se partage des tuyaux.
02:07 Bien sûr, on s'entraide et on essaie d'avoir un portefeuille commun de clients, mais vraiment,
02:12 chacun va gérer ses clients.
02:13 - Les gars, vous réinventez un truc qui doit avoir deux siècles et demi, qui s'appelle
02:16 une coopérative.
02:17 - Exactement.
02:18 Et d'ailleurs, on se pose, moi, je me pose la question, est-ce qu'on ne devrait pas avoir
02:21 un autre statut et aller plus vers des statuts qui sont un peu plus coopératifs que la SAS?
02:24 Pour l'instant, en tout cas, on est resté avec une SAS.
02:26 Probablement qu'on va devoir créer une holding dans pas longtemps parce qu'on a ouvert un
02:29 centre de formation en 2023.
02:31 - Ah non, mais j'adore !
02:34 - On part de coopérative, on arrive à holding.
02:37 - Mais oui, tu fais une boîte, quoi.
02:39 - Tu sais, à un moment, c'est le formidable Alain Madelin qui m'expliquait ça, qui me
02:44 disait "tu sais, à un moment, il y a nécessité, toutes les questions d'ailleurs que pose le
02:48 télétravail sont autour de ça, il y a quand même une nécessité de partage d'informations
02:54 le plus rapide possible".
02:55 Et on a beau faire tout ce qu'on veut avec les nouvelles technologies, quand même être
02:57 en face autour d'une table, à un moment, c'est la manière la plus simple, la plus
03:01 rapide, la plus efficace d'échanger de l'information.
03:03 Et le freelance se retrouve confronté à cette nécessité-là aussi, quand même.
03:08 - Ah oui, complètement.
03:09 Et nous, dans tous les cas, le télétravail, c'est quelque chose qu'on aime bien.
03:11 La plupart du temps, ça va être sur une dynamique plutôt moyenne à long terme, quand la relation
03:15 de confiance est déjà établie avec le client.
03:17 Mais au début, pour se connaître, et aussi clairement parce qu'on est une toute petite
03:21 boîte et que pour les clients, il y a confiance, il faut qu'ils nous connaissent.
03:24 - Non, non, non, je ne parlais pas avec les clients, je parlais entre vous.
03:26 Pourquoi vous réunir entre vous à un moment ?
03:29 Ce n'est pas seulement...
03:30 Enfin, ne me dis pas que c'est pour facturer, etc.
03:32 Parce que franchement, il n'y a personne pour facturer.
03:34 - Exactement.
03:35 - On ne veut pas croître là-dessus.
03:36 Donc non, on s'est regroupé.
03:38 Alors, on s'est regroupé historiquement.
03:39 Donc moi, déjà, à la base, quand j'ai créé la SAS, donc SINSASU, je voulais être
03:42 tout seul.
03:43 Ce n'était pas du tout comme objectif de recruter.
03:45 Mais sur mon parcours professionnel, j'ai rencontré des gens exceptionnels qui voulaient
03:50 se mettre en freelance aussi et voulaient se mettre à entreprendre de leur côté.
03:54 Et au final, on s'est tellement apprécié sur le plan technique et sur le plan humain
03:57 qu'on s'est dit qu'on devrait le faire ensemble.
03:58 Ça a vraiment sonné comme une évidence.
04:00 Et au final, voilà, maintenant, on est plus d'une dizaine.
04:03 - On sous-estime la difficulté de la solitude, moi, je crois.
04:06 - C'est vrai, c'est vrai.
04:07 - On sous-estime le fait, au début, c'est formidable, etc.
04:10 Et à un moment, c'est tout con, mais le fait qu'il n'y ait personne à la machine à café
04:13 et même pas de machine à café, on va dire comme ça.
04:15 - Et de l'autre côté, je trouve qu'on sous-estime aussi le sureffectif.
04:19 Et du coup, nous, on est vraiment sur une dynamique où moi, je ne veux vraiment pas
04:22 croître parce que justement, je ne veux pas qu'on soit dans une usine ou dans un système
04:25 où finalement, on ne va pas se connaître.
04:26 - On ne peut pas faire Capgemini, quoi.
04:29 - Non, mais qui est d'ailleurs un très bon de nos clients et avec qui ça se passe très
04:33 bien.
04:34 Justement, en fait, les ESN, ça les intéresse bien d'avoir un carnet vraiment d'experts
04:37 pompiers qui vont venir pouvoir éteindre des feux quand vraiment là, il y a une technologie
04:40 qui est ultra à la pointe et où au final, le temps que ça prend d'être à la pointe,
04:44 c'est un temps qui est un peu dur à assumer pour des entreprises de services numériques
04:48 classiques.
04:49 - Votre expertise, tu le disais.
04:50 Alors, il y a deux choses.
04:51 Il y a un truc qui m'intéressait aussi, c'est rendre le numérique plus accessible.
04:53 Est-ce qu'il y a aujourd'hui une réelle demande des entreprises?
04:56 Donc, c'est IA à tous les étages, IA générative encore plus à tous les étages.
05:01 Et il y a cette idée qu'il faut absolument que nos collaborateurs commencent à pouvoir
05:05 écrire sur un prompt, des choses comme ça aujourd'hui.
05:07 Quand tu dis rendre le numérique plus accessible.
05:09 - Tout à fait, tout à fait.
05:10 C'est ce qu'on essaye de faire et aussi d'avoir cette vision qu'on peut commencer à créer
05:14 des algorithmes sans pour autant être un codeur.
05:16 Maintenant, il y a des solutions qui existent, qui sont très performantes, que n'importe
05:18 qui peut plus ou moins utiliser avec un petit peu d'accompagnement et qui permettent de
05:22 faire des sites web, mais pas que.
05:23 On peut même créer des IA, commencer à développer des systèmes complexes avec des
05:28 outils qui existent, mais il faut les connaître.
05:29 Et la plupart du temps, ils ne sont pas chers en plus, ces outils.
05:31 Donc, on peut les utiliser n'importe qui pour essayer vraiment d'autant compétence
05:34 dessus.
05:35 - Et quand tu parlais de centres de formation, c'est de ça dont tu parlais?
05:37 - Alors pas que du coup, on fait aussi dans le centre de formation, on a des formations
05:39 très techniques aussi, des formations qui vont vraiment aller sur des langages de programmation
05:42 où là, on va étudier la syntaxe, la grammaire du langage, essayer d'étudier la performance
05:46 et où ce n'est pas forcément orienté sur la démocratisation.
05:50 On va plus être sur vraiment de l'expertise de pointe, mais on fait les deux.
05:53 On a aussi un prompting engineer qui, lui, va plutôt aider les entreprises à développer
05:56 n'importe lequel des pôles de sa boîte.
05:58 - Qu'est-ce qui t'intéresse sur cette histoire de formation?
06:01 Est-ce que globalement, ce n'est pas le travail qui manque, c'est-à-dire que des gars comme
06:06 toi, je le sais, on est dans les boîtes, sont sur sollicités et il y a évidemment
06:10 beaucoup plus de demandes que d'offres.
06:11 Donc pourquoi ce choix de la formation?
06:13 - C'est clairement un goût qu'on a tous.
06:15 En fait, déjà, les projets sur lesquels on est vraiment expert, c'est des projets
06:19 qui sont complètement libres.
06:20 Donc, ça veut dire qu'on va pouvoir aller voir la technologie qu'on utilise.
06:23 On peut la voir, elle est ouverte, elle est libre.
06:24 Et ça, du coup, ça nous a permis de garnir en compétences de manière assez forte sur
06:28 les technologies qu'on va pouvoir utiliser.
06:30 Mais au final, c'est qu'en échangeant qu'on va réussir à se confronter à des vraies
06:34 problématiques.
06:35 Donc, les formations, c'est ça qu'on a vraiment voulu faire.
06:36 On a voulu se dire au final, on va créer des supports pédagogiques, des supports ludiques
06:40 et on essaie de les rendre fun.
06:41 Et pour l'instant, c'est le retour qu'on a.
06:42 Nos formations sont assez fun, mais on étudie toujours des cas réels.
06:45 C'est-à-dire qu'on essaie de les rendre concrets, mais au final, on essaie quand même
06:48 de le rendre ludique avec du game learning et des systèmes qui rendent les formations
06:52 fun.
06:53 - C'est la démarche de la dialectique qui est passionnante.
06:54 C'est-à-dire, c'est en enseignant qu'en fait, tu te poses toi-même toutes les questions
06:58 qu'il faut te poser sur ce que tu es en train de faire.
07:00 C'est très structurant, vraiment très structurant.
07:02 Et même en interne...
07:03 - Il ne peut pas y avoir de zone d'ombre quand tu te mets à enseigner, en fait.
07:05 C'est ça le truc.
07:06 - Et même quand il y en a, parce que nous, avec notre scope de formateur, on ne les voit
07:09 pas.
07:10 Ce qui est bien, c'est aussi d'avoir une équipe.
07:11 Parce que du coup, là, comme on est des experts, mais chacun est expert dans son domaine.
07:13 En fait, on est vraiment des experts de l'électronique jusqu'au cloud.
07:16 On va aller gérer de l'IA, on va aller gérer des systèmes embarqués, on va aller gérer
07:20 le développement applicatif, même de la modélisation 3D.
07:22 Donc, a priori, on a des métiers qui n'ont rien à voir les uns avec les autres.
07:25 Mais en fait, il y a toujours un métier qui est connexe avec deux, trois des autres de
07:28 l'entreprise.
07:29 Au final, comme ça, on arrive à avoir une chaîne de valeur où on a des formations
07:30 très raffinées.
07:31 - Il y a un dernier point que je voulais voir avec toi, parce qu'il est aussi très intéressant
07:34 et il va peut-être même nous ramener sur les questions de souveraineté.
07:36 C'est ce que vous appelez dans le métier "craftsmanship".
07:40 C'est-à-dire cette idée que acheter des logiciels sur étagère, c'est très bien.
07:45 Mais toi, tu penses qu'il y a là une perte de ressources, une perte d'efficacité et
07:50 peut-être une perte de souveraineté.
07:52 - Oui, et je pense aussi qu'il y a une problématique sur la sécurité là-dessus.
07:57 - Y compris.
07:58 - Effectivement, nous on essaye...
08:00 - Donc, craftsmanship, c'est ça, j'ai bien compris.
08:02 C'est l'idée de développer des logiciels particuliers pour des situations et des entreprises
08:07 particulières.
08:08 - Oui, et le terme français, c'est artisanal.
08:09 Et moi, j'accorde beaucoup d'importance à ce terme-là parce que c'est vraiment ça.
08:12 Et en plus, dans l'entreprise, je trouve qu'on est tous des artistes.
08:14 Et en plus d'être des artistes, on est des artisans.
08:16 Et on est vraiment des artisans du code, de solutions propres qu'on étudie de bout en
08:19 bout.
08:20 Et oui, je pense que c'est très important.
08:21 Et c'est important sur la gouvernance des données, autant sur les données, mais aussi
08:24 sur le code.
08:25 Donc, nous, on le met aussi sur le code, sur la partie open source.
08:28 - Même si on peut comprendre que les entreprises, elles, notamment parce qu'elles ont besoin
08:34 d'efficacité rapide, de systèmes robustes qui ont été éprouvés, etc., vont peut-être
08:39 davantage faire confiance à des solutions toutes faites.
08:42 - Alors, en fait...
08:43 - Qui vont évoluer dans le temps en plus, avec le SAS maintenant généralisé et développé.
08:46 - C'est ça.
08:47 En fait, moi, je ne considère pas qu'on est vraiment des créateurs.
08:49 On est plutôt des architectes qui savent choisir les bons outils très spécifiques
08:54 pour des besoins très spécifiques.
08:56 Et ensuite, on va aller créer une grosse boîte à outils qui va permettre de créer
08:58 une solution complète.
08:59 Mais on n'arrive pas avec une solution qui est capable de faire le café.
09:02 On va plutôt essayer d'aller choisir pour, je ne sais pas, chauffer l'eau du café pour
09:06 avoir besoin vraiment bien particulier.
09:07 Quel outil on va pouvoir aller mettre derrière ?
09:09 - La bonne bouilloire, le bon filtre.
09:12 - C'est ça.
09:13 - Le bon café.
09:14 - C'est ça.
09:15 - Donc, on peut l'utiliser comme système, mais je crois qu'on ne peut plus faire autrement.
09:17 Et nous, c'est ce que...
09:18 Enfin, clairement, moi, je sais que dans les technologies que je maîtrise, je ne peux pas
09:21 maîtriser plus.
09:22 Ça prend déjà tout mon temps de maîtriser celle-ci.
09:25 - Bon, le groupement et l'avenir du freelance ? - Je ne sais pas.
09:29 Je ne sais pas.
09:30 En tout cas, moi, j'ai un modèle que je pense que les gens aiment bien.
09:34 En tout cas, ceux de la boîte, je pense qu'ils aiment bien.
09:36 Après, c'est très compliqué parce que, en tout cas, les groupements comme celui qu'on
09:39 a fait, il ne peut se baser que sur la confiance.
09:41 Donc, c'est déjà très dur.
09:42 Ça veut dire qu'on assume de ne pas recruter, ce qui est déjà une problématique un peu
09:46 différente de celle qu'on peut voir dans d'autres entreprises.
09:49 Et aussi parce qu'il faut qu'il y ait aussi cette notion de collectif au sens où on a
09:56 cette volonté de partager.
09:58 Quand on est ensemble et qu'on a des discussions, on peut parler toute la nuit ensemble.
10:01 Et vraiment, on peut échanger.
10:02 On arrive à un niveau de qualité qui est vraiment très intéressant.
10:04 Mais pour avoir ces discussions, souvent dans l'informatique, elles sont très opinionnées
10:08 et personne n'est tout le temps d'accord avec tout le monde.
10:11 Et du coup, c'est ça qui est bien, ça crée de la richesse.
10:13 Mais du coup, il faut se mettre un cadre, un cadre de bienveillance et un cadre de discussion
10:18 qui est assez dur à trouver.
10:20 Moi, que je retrouve difficilement, que je retrouve dans l'équipe et que j'adore,
10:24 mais qui n'est pas toujours facile à trouver.
10:25 Des marches passionnantes, en tout cas.
10:28 Ça s'appelle Bashroom qui nous accompagne.
10:30 [Musique]

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