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Les désanthroponymes sont des néologismes formés à partir de noms de personnalités politiques. Vous pouvez facilement décoder un mot comme "moranesque" même s’il n’est pas dans le dictionnaire ! Des formes de caricature verbale, de satire populaire, que nous détaille Laélia Véron.

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Amusant
Transcription
00:00 - Alors voici une qui promet une analyse morphologique du langage politique.
00:03 - Oui c'est une innovation, on se lance dans la chronique de morphologie lexicale.
00:07 - C'est ça. - Avec Laélia Veyron.
00:09 - Merci Charline. Alors aujourd'hui, je vais vous parler de certains mots politiques un peu spécifiques.
00:14 Je vous donne une liste de mots, vous me dites ce qu'ils ont en commun, d'accord ? Vous êtes prêts ?
00:18 Donc, Macronie, Moranesque, Sarcosoïde, Pécrésophile, Zemmouristan...
00:24 - Alors, c'est des mots qui partent de noms propres d'hommes ou femmes politiques.
00:27 - Exactement. Ce sont des mots nouveaux, des néologismes formés à partir de noms de personnalités politiques,
00:32 ce qu'on appelle en linguistique des désanthroponymes. C'était le petit moment mot savant de la chronique.
00:37 Alors, les désanthroponymes, ce sont des mots dérivés formés à partir de patronymes, de noms propres de personnalités politiques.
00:44 Ces mots ont été étudiés par la chercheuse Mathilde Dugain dans sa thèse.
00:47 Elle a étudié 6 500 formes dans 50 000 contextes différents.
00:51 Donc les exemples que je vous donne sont des exemples scientifiques, attestés, qu'elle a analysés.
00:56 On va revenir ensemble sur certaines formes.
00:58 Par exemple, si je vous dis "Mélenchon-Phil" ou "Mélenchon-Latre", qu'est-ce que ça veut dire à votre avis ?
01:03 - Adorateur de Mélenchon. - Le public de France Inter.
01:06 - Alors, qu'est-ce que ça veut dire ? Réponds sérieusement, Guillaume.
01:08 - Bah oui, adorateur de Mélenchon. - Adorateur de Mélenchon.
01:11 - Avec une petite connotation négative, qui aimerait peut-être trop Mélenchon.
01:15 Et qu'est-ce qui vous a permis de décoder le mot ? Qu'est-ce que vous avez reconnu ?
01:18 - On n'est pas débiles, enfin, là, Elia ! - "Phil" et "Mé" participent à la chronique.
01:22 - Le suffixe "Phil", "Mé" et "Latre". - Exactement.
01:26 Vous avez reconnu... J'aime bien, il y a la bonne élève et l'élève qui ne fout pas ça.
01:30 Il sait exactement ça. Il y a les suffixes "Phil" et "Latre" qu'on reconnaît parce qu'on les voit dans d'autres mots.
01:35 Par exemple, "idolâtre", littéralement, qui aime les idoles.
01:37 "Cinéphile", qui aime le cinéma. Guillaume, pas d'autres exemples.
01:40 - Et dans "Plan".
01:42 - Et donc, en fait, ce qui est intéressant, c'est qu'un mot comme "Mélenchon-Latre",
01:46 ce n'est pas dans le dictionnaire, mais vous allez le comprendre parce que vous faites spontanément de l'analyse morphologique.
01:51 Et pareil, si je vous dis "Mélenchon-phobe", ça veut dire qu'il déteste Mélenchon.
01:55 Et vous allez reconnaître et décoder spontanément la terminaison "phobe".
01:58 Vous faites de la morphologie sans le savoir.
02:01 Et le contexte peut aider aussi. Si je vous dis, par exemple, "C'est très mal de causaker à sa maîtresse".
02:06 - Ça veut dire quoi "causaker" ? - C'est attester.
02:08 - Mentir quoi ? - Mentir, exactement.
02:10 Vous reconnaissez la désignance verbale en "er", mais vous reconnaissez surtout ce qui est maintenant associé en politique à Causac, le mensonge.
02:18 Et "Zemmouristan", si je vous dis, l'extrême droite est de plus en plus présente.
02:22 Bienvenue au Zemmouristan. Qu'est-ce que ça veut dire "Zemmouristan" ?
02:24 - Le pays des fachos ? - Ben voilà, le pays de ça.
02:27 Le pays, c'est exactement ça. Ça veut dire le pays de Zemmour.
02:30 Et pareil, analyse morphologique, en perçant "stan" veut dire "pays".
02:34 Et "Zemmouristan" est calqué sur des formes qu'on connaît comme "Afghanistan".
02:37 Mais avec une connotation bien négative, un peu totalitaire. Le "Zemmouristan", ça fait un peu flipper.
02:42 - Non, non. - Non, non, pas du tout.
02:44 Qu'est-ce qu'on peut déduire de toutes ces formes-là ?
02:46 Ben déjà que c'est rigolo. C'est une forme de satire populaire, de caricature verbale.
02:51 Et pourquoi ça nous fait rire ? Parce que s'attaquer au nom propre de l'autre,
02:54 surtout d'un politique, déformer son patronyme, c'est essayer d'atteindre son image publique, son image respectable.
03:01 C'est vraiment l'équivalent au niveau symbolique d'un entartage.
03:03 Et d'ailleurs, ces mots sont en grande majorité des mots à connotation négative.
03:07 Quand certains politiques essayent de lancer eux-mêmes des mots positifs à partir de leur nom,
03:12 il y en a qui essayent, comme Roussel, qui avait lancé le mot-valise "Rousselman" en opposition à "Ruissellman".
03:17 Ça n'a pas très bien marché.
03:19 [Rires]
03:21 Alors que pour le coup, toutes ces formes-là, "Zemmouristan", elles sont très employées.
03:25 Donc, ce sont des mots négatifs, mais c'est peut-être aussi un hommage paradoxal.
03:29 Parce que quand votre nom devient assez identifiable pour devenir un symbole politique, même négatif,
03:34 de fait, vous avez réussi à incarner quelque chose, et vous finirez peut-être dans une chanson de Frédéric Fromet.
03:39 Là, il y a Véron ! Merci pour ces explications.
03:43 Moi aussi, là, il y a Pile. Et c'est connotation positive.

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