Le Grand Jury du 17 décembre 2023

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Regardez Le Grand Jury du 17 décembre 2023 avec Olivier Bost.

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 Bonjour à tous et bienvenue dans ce Grand Jury sur RTL et sur Paris 1ère.
00:20 Bonjour François Bayrou.
00:21 Bonjour.
00:21 Vous êtes le président du Modem, haut-commissaire au plan et maire de Pau.
00:26 Ce soir, demain et après-demain nous réserve des moments très politiques.
00:30 La loi immigration sera-t-elle adoptée ? C'est la question.
00:34 Ça dépend des Républicains, puis de la majorité et donc aussi des députés Modem, de vos troupes François Bayrou.
00:40 Et au-delà de cette douloureuse ou compliquée loi immigration,
00:44 comment Emmanuel Macron peut-il encore relancer son quinquennat ?
00:48 Grand discours, changement de Premier ministre, de gouvernement, 10 solutions.
00:53 Vous nous donnerez vos solutions.
00:55 Bienvenue dans ce Grand Jury, François Bayrou.
00:57 A mes côtés pour vous interroger, Pauline Buisson de la rédaction de M6 et Loris Boischaud du Figaro.
01:04 Bonjour.
01:05 Le moment, je le disais, est donc très politique.
01:07 Le sort de la loi immigration se joue dans les heures qui viennent.
01:11 Réunion ce soir à Matignon avec la droite, puis réunion de la dernière chance entre 7 sénateurs et 7 députés demain à l'Assemblée.
01:19 Première question de ce Grand Jury posée par Loris Boischaud.
01:22 François Bayrou, pour sortir de l'enlisement, votre camp va devoir se mettre d'accord avec la droite.
01:27 Emmanuel Macron a appelé à un compromis intelligent.
01:29 À quoi pourrait ressembler ce compromis intelligent ?
01:32 D'abord, il faut noter que ce qui s'est passé à l'Assemblée nationale,
01:38 qui est absolument sans précédent, sans exemple,
01:43 c'est que sur un texte essentiel, l'Assemblée nationale a refusé l'alliance des oppositions.
01:50 Lundi, avec l'adoption d'une motion de rejet préalable, donc rejet du texte avant même le début des débats.
01:55 Et donc, ça signifie que les députés ont majoritairement choisi,
02:00 dans une ambiance d'applaudissements, d'exultations extrêmement choquantes, en fait, si vous y réfléchissez,
02:10 ils ont choisi que eux qui étaient élus pour voter la loi, en réalité, refuseraient cette mission.
02:20 Et je n'ai pas souvenir que sur un texte de cette importance,
02:26 jamais l'Assemblée nationale ait à ce point écarté ce voie.
02:32 Parce que vous êtes en majorité relative et parce que gauche et droite s'opposent à ce texte pour des raisons différentes.
02:37 C'est exactement ça. Ils ont voté ensemble majoritairement, quoique voulant le contraire les uns des autres.
02:45 Les uns veulent plus d'immigration, les autres veulent plus du tout d'immigration.
02:52 Mais ils ont décidé ensemble que leur mission de député, pourquoi ils ont été élus,
02:57 ils se sont présentés devant les électeurs pour remplir cette mission,
03:02 ils ont ensemble décidé qu'ils écarteraient le devoir qui est le leur d'examiner la loi.
03:09 - Le cynisme des oppositions, vous reprendriez ces termes d'Emmanuel Macron ?
03:12 - Pardon ?
03:13 - Le cynisme des oppositions, vous reprendriez ces mots ?
03:15 - Oui, j'essaie de dépouiller le discours des mises en cause les plus virulentes.
03:23 J'essaie de voir ce qui se passe.
03:25 On en est arrivé au point où, après des mois et des mois d'invectives, d'aboiements, d'insultes perpétuelles,
03:36 ils ont préféré ne pas examiner le texte alors qu'ils étaient élus pour ça,
03:43 et que chacun d'entre eux, pour des raisons différentes et même diamétralement contraires,
03:48 chacun d'entre eux disait que ce texte était tout à fait important pour les uns, grave pour les autres.
03:54 Et donc je pense qu'il y a là une marche de plus descendue dans, au fond, le reniement de la démocratie représentative,
04:10 et ce reniement devra finir, parce que le pluralisme il est parti pour longtemps,
04:16 et de mon point de vue, heureusement, j'espère que pendant longtemps, on continuera à avoir des élus qui feront leur travail,
04:27 et ces élus, un jour ou l'autre, vont devoir se rendre compte que les institutions,
04:33 elles peuvent fonctionner, même dans des circonstances plus incommodes, qui est celle d'absence de majorité.
04:39 Alors maintenant sur le texte...
04:41 - Voilà, vous ne donnez pas d'indication pour la suite, là vous faites le constat de ce qui s'est passé cette semaine.
04:44 - Je fais le constat navré, plus que ça, inquiet, parce que je suis persuadé que tous ceux qui ont voté ne mesuraient pas
04:54 les conséquences de leur choix, ce que ça signifiait pour l'idée même qu'il se faisait de leur mission.
05:02 - Ça c'est pour le refus du débat, on l'a bien compris.
05:04 - Alors maintenant, le texte, il y a une question première, est-ce qu'il serait bon pour la démocratie française
05:14 qu'on ne trouve pas de texte, qu'on ne puisse pas dégager un texte entre le Sénat, qui a voté ce texte qui va être examiné,
05:26 et l'Assemblée Nationale, puisque 7 représentants de l'Assemblée, des groupes de l'Assemblée, vont examiner le texte ensemble.
05:33 - 7 députés, 7 sénateurs.
05:35 - 7 députés, 7 sénateurs, et pour ma part, j'espère qu'ils vont trouver un accord. Alors cet accord, à mon sens, il doit être examiné
05:46 à la lumière de ce que, je crois, très majoritairement, les Français veulent. Les Français veulent qu'il y ait de la rigueur,
05:56 et si possible, je vais employer le mot de souveraineté, que nous puissions, comme un État, comme une nation, réguler les entrées et les séjours sur notre sol.
06:14 Ils veulent qu'il y ait, au fond, de l'efficacité de l'action publique quand il s'agit de contrôler et de réguler.
06:23 Si non, quelqu'un fait des bêtises, qu'on puisse le ramener. S'il est illégal, réellement, qu'on puisse le ramener.
06:32 Et je crois que les Français veulent, en tout cas, je m'exprime à titre personnel, je crois aussi que les Français veulent que,
06:38 lorsque quelqu'un est sur notre sol depuis longtemps, qu'il travaille, qu'il fait l'effort d'apprendre notre langue,
06:47 c'est-à-dire qu'il considère que le pays dans lequel il est, c'est aussi un pays dans lequel on peut s'intégrer en ayant des principes, en comprenant ces manières de vivre.
07:02 - Donc, vous voulez de la permetté et la possibilité de régulariser dans les métiers sous tension.
07:07 - Oui, les métiers sous tension, c'est une expression que je n'aime pas, parce que quand vous vous trouvez... Est-ce que l'agriculture est un métier sous tension ?
07:16 - La réponse est oui, je crois. - La réponse est oui. Et des artisans aussi. On peut trouver...
07:23 - Pour bien comprendre. - On peut trouver par le travail... Je voudrais m'arrêter une seconde à ce point.
07:30 On peut trouver par le travail une possibilité d'être accepté dans un pays comme le nôtre.
07:40 Alors, ce n'est pas à la mode aujourd'hui, ce n'est pas l'objet du texte, mais comme citoyen, je pense que le jour viendra où on posera cette question sereinement.
07:51 - Vous dites que ce n'est pas l'objet du texte, c'est dans le texte adopté par le Sénat, ce volet régularisation.
07:56 Est-ce qu'aujourd'hui, dans ce qu'il y a dans le texte, qui est finalement la base de discussion pour les rendez-vous à venir,
08:01 que ce soit ce soir, demain ou même mardi avec un vote possible de l'Assemblée Nationale, est-ce que ce qu'il y a dans le texte du Sénat vous convient ou pas ?
08:10 - Il y a des choses qui me conviennent et que je trouve tout à fait acceptable. J'en donne une.
08:18 Est-ce qu'un jeune garçon ou une jeune fille qui est d'origine étrangère et qui peut devenir français en fonction de nos règles,
08:30 est-ce qu'il est légitime de lui demander entre 16 et 18 ans si c'est bien sa volonté qu'on ne devienne pas français par mécanique et qu'on devienne français par choix ?
08:43 Moi ça ne me gêne pas, je trouve ça tout à fait acceptable. Texte du Sénat encore. Est-ce que quelqu'un qui commet un crime et qui a une double nationalité,
08:56 est-ce qu'on peut lui enlever la part de sa nationalité française alors qu'il a commis un crime ? Un crime c'est-à-dire les actes les plus graves
09:06 et notamment à l'égard par exemple des forces de l'ordre. Moi en tout cas ça ne me gêne pas.
09:12 Est-ce qu'elle impose son ligne rouge dans le texte du Sénat ?
09:16 Je n'emploie jamais l'expression de ligne rouge. Parce que l'expression de ligne rouge ça veut dire je viens et mon état d'esprit c'est l'épreuve de force.
09:25 Je vais vous imposer ce que je pense. Et donc je peux exprimer absolument.
09:32 Il y a bien des choses qui seront acceptables ou pas par le modem. À un moment il faudra s'exprimer et il faudra choisir.
09:36 Les députés du modem sont très jaloux de leur indépendance et ils ne prennent pas des ordres, même auprès de leur président que je crois qu'ils aiment bien.
09:45 Mais ils ne prennent pas d'ordre.
09:46 Mais est-ce que vous dites que vous êtes prêt à se plier à un texte plus dur tout de même ?
09:49 Alors ce qui pour moi n'est pas acceptable, ça serait que l'aide médicale se trouve remise en question.
10:00 Parce que j'ai toujours trouvé cette idée extrêmement dangereuse.
10:07 Lorsque vous avez quelqu'un qui est, mettons, qui est tuberculeux, un jeune homme qui est tuberculeux, qui a passé les frontières et qui dans les épreuves de tout ça a attrapé cette maladie si grave.
10:22 Vous ne le soyez pas, vous le laissez dans la nature en train de répandre, hélas, une maladie très grave.
10:29 À ce stade des négociations, ce volet-là serait sorti du texte et renvoyé à un texte ultérieur pour le début d'année prochaine ?
10:35 Vous dites à ce stade des négociations, vous en savez plus que moi, donc je ne dis pas ça.
10:39 Moi je dis ce point-là, l'aide médicale, le fait qu'on doit, non seulement pour des raisons humanitaires, mais pour des raisons de sécurité de notre peuple,
10:50 on doit apporter les soins à qui on a besoin. Pas des soins exorbitants, pas des soins esthétiques, comme on l'a dit souvent, c'est pas du tout ça le sujet.
11:00 Le sujet c'est, lorsque vous êtes frappé par une maladie grave, eh bien on vous doit aide et assistance.
11:08 Et lorsque cette maladie grave de surcroît va menacer la communauté à laquelle vous appartenez, on vous doit aide et assistance.
11:16 J'ai un point que je n'aime pas dans le texte du Sénat, et qui n'a pas souvent été mis en valeur, il y a dans le texte du Sénat l'idée que pour des étudiants étrangers
11:29 qui viendraient étudier en France, on leur imposerait de payer une caution, pour être assurés qu'ils repartiront.
11:36 Moi je trouve que c'est pas bien. Je trouve que discriminer les étudiants, dont je dis comme citoyen français, que nous avons le plus grand besoin,
11:50 c'est le rayonnement de la France qui est en cause. On a besoin, comme un grand pays que nous sommes, je pense souvent à Saint-Gorges par exemple,
12:01 un archétype d'un jeune homme qui vient d'Afrique, de très loin de notre société, et ce jeune homme là qui est le frise d'un commerçant sénégalais,
12:15 ce jeune homme là, il va être une des plus grandes figures de la France.
12:19 - Alors l'un des points de crispation les plus forts... - J'ai pas fini, j'ai pas fini.
12:24 Et donc l'idée qu'en réalité on imposerait une discrimination fondée sur quoi ? Fondée sur le fait de savoir si vous avez de l'argent ou pas,
12:35 si votre famille a de l'argent ou pas. Et bien ceci ce n'est pas la France. La France c'est la volonté de rayonner au travers de son système universitaire
12:48 en accueillant et en aidant à former des jeunes gens qui après retournent dans leur pays et qui participeront au rayonnement de la France.
12:59 - L'un des points de crispation les plus forts, et notamment du côté de la droite, c'est la régularisation de travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension.
13:06 Le Sénat et la droite sénatoriale veulent restreindre ce dispositif là. Est-ce que vous êtes prêt à faire cette concession ?
13:11 - On vient d'en parler. - Parce qu'il va bien savoir se mettre d'accord demain.
13:14 - On en a parlé juste avant votre question alors je répète ce que je pense. - Mais sur une version restrictive vous êtes obligé de faire une concession.
13:20 - Moi comme citoyen, je pense que lorsque quelqu'un a traversé toutes les épreuves que suppose le fait d'entrer dans un métier, et ce métier de le valoriser
13:37 et de se valoriser au travers du métier, s'il a conscience qu'il doit parler français, s'il a conscience que la France n'est pas une page blanche, on n'y fait pas ce qu'on veut.
13:52 La France est un pays qui a des coutumes, des manières de vivre, des principes philosophiques, la laïcité en est un. La laïcité c'est très simple, en France,
14:01 c'est un croyant qui le dit, ça n'est pas la religion qui fait la loi. La loi protège les religions, mais la religion ne fait pas la loi.
14:11 - Donc il faut mettre des critères stricts selon vous ? - Oui, je pense que c'est pas le plus difficile. Le plus difficile pour un nombre de ceux qui sont autour de la table,
14:23 et vous voyez bien que moi je ne parle pas de bras de fer et d'épreuve de force, le plus difficile pour certaines sensibilités c'est d'accepter l'idée que
14:35 on peut ne pas laisser les gens dans la clandestinité. Parce que, pardon de dire ça, c'est un leurre, l'idée qu'on va identifier et renvoyer chez eux immédiatement,
14:49 encore faut-il que les pays d'origine l'acceptent. Qui a trouvé jusqu'à maintenant la réponse à cela ? C'est très très peu le ministre de l'Intérieur qui fait l'effort de communiquer sur ce sujet.
15:03 Il publie tous les jours le fait qu'il y a 5, 6, 10 personnes qui sont raccompagnées aux frontières. Si je sais bien faire la multiplication 10 par jour, ça fait 3000 par an.
15:19 C'est-à-dire qu'on est évidemment très loin des chiffres qui sont avancés. Et donc je pense que ce sur quoi nous devons être intransigeants, c'est l'idée que la France
15:29 n'est pas un pays dans lequel les principes de vie, les coutumes, la manière d'être seraient distribués au hasard. Nous avons une identité.
15:48 Je m'arrête à cette idée. Je pense qu'un très grand nombre des questions et des angoisses qui se posent à nos concitoyens sur ces sujets, c'est l'idée que notre identité serait peu à peu remise en question.
16:01 Ce n'est pas l'immigration marginale dans un certain nombre de ces chiffres.
16:09 Vous êtes sensible à cette angoisse. Vous la comprenez et vous y êtes sensible.
16:11 Je la comprends et je pense même que ce droit à l'identité d'une nation comme la nôtre, nous devrions la sacraliser. Je pense qu'on pourrait la mettre dans la Constitution.
16:23 Chercher quelque chose, chercher une formulation. J'ai proposé ça depuis longtemps, vous qui suivez mes oeuvres complètes.
16:30 J'ai proposé ça depuis longtemps. Qu'on puisse, dans notre Constitution, consacrer le droit collectif de la communauté nationale que nous formons à affirmer que son identité n'est pas alenquante.
16:47 Ça n'est pas distribuer au petit bonheur la chance. C'est pas parce que vous avez telle conviction que vous pouvez remettre en question notre manière de vivre ensemble.
16:59 Et je pense que ça aiderait beaucoup à rassurer ceux qui sont inquiets sur le devenir de la communauté nationale.
17:07 Un autre point de suspicion que vous n'avez pas évoqué jusque-là, c'est le délit de séjour irrégulier. Est-ce que pour vous, c'est quelque chose d'important ou de non acceptable ?
17:18 Moi, je pense que c'est discutable. Le délit de séjour, ce qui est évoqué dans le texte, c'est une amende pour séjour irrégulier. Bon, discutons-en.
17:30 Ce n'est pas pour moi un point de blocage.
17:33 Ce n'est pas un point de blocage. Ce n'est pas quelque chose qui pourrait...
17:35 Pour moi, non. Mais encore une fois, je m'exprime à titre personnel.
17:39 Oui, parce qu'on a l'impression que vous êtes plus ferme que vos troupes de députés qui sont pour des régularisations plus importantes, une version plus importante de ce dispositif par rapport à la droite.
17:51 Est-ce qu'il n'y a pas le risque de rendre illisible la position du Modem entre vous-même et vos troupes qui, parfois, font figure d'aile gauche de la majorité sur ces sujets-là ?
18:01 Je suis, M. Boîchaud, très, très partisan de vous reconnaître un droit d'expertise sur notre courant politique.
18:11 Mais ce n'est absolument pas vrai. Ce que vous dites n'est pas vrai.
18:15 Jamais le groupe a dit qu'il voulait plus être excessif sur ce point. Je répète ce que je pense...
18:23 Le groupe, ces derniers jours, a fait valoir sa vigilance sur un dispositif sur les régularisations pour les travailleurs dans les métiers en tension...
18:29 Une version plus importante, un dispositif plus important que celui de la droite.
18:33 M. Boîchaud, je comprends que vous veniez avec des questions, mais excusez-moi de vous dire, j'ai plaidé dès le début que pour moi, l'attitude...
18:41 Alors, je ne parle même pas du texte. L'attitude que nous devons avoir en face de ces questions, c'est d'un côté une rigueur, une accélération des procédures,
18:53 le fait que nous puissions être assurés que l'action publique sera efficace dans la maîtrise de ces questions,
19:01 et deuxièmement, le fait que oui, il y a des gens qui doivent s'intégrer parce qu'ils ont choisi le travail.
19:10 Je vous donne un exemple simple et j'ajoute une idée après.
19:14 L'exemple simple, c'est que j'ai eu récemment à m'occuper d'un jeune homme arrivé comme mineur isolé venant d'un pays d'Afrique
19:27 qui a commencé un apprentissage de boulanger, de boulanger-pâtissier, et il réussit très bien.
19:35 Il arrive à l'âge critique de 17 ou 18 ans et on lui met une QTF, une obligation de quitter le territoire français.
19:43 Est-ce que ça a du sens ?
19:46 Et c'est son patron qui dit "mais comprenez-moi bien, je trouve personne, on trouve personne pour faire notre métier".
19:54 - Vous connaissez des arguments contre ce type de situation, c'est-à-dire qu'à partir du moment où on régularise,
19:59 par exemple le jeune que vous évoquez, certains redoutent un appel d'air, c'est-à-dire que ça veut dire "et le message, envoyez le signal, envoyez..."
20:06 - En tout cas parce que vous trouvez qu'il n'y a pas d'appel d'air.
20:10 - Si on régularise, ça veut dire qu'on peut continuer de venir en France pour être régularisé.
20:15 - Non, si nous sommes fermes et justes sur le fait que le travail est une voie d'intégration.
20:26 J'ai fait un exercice tout à fait intéressant, j'ai regardé ceux immigrés ou issus de l'immigration,
20:38 parce qu'on mélange évidemment les deux, il y a évidemment des Français qui sont en fils d'immigrés à des générations
20:45 et qui sont pris dans des délits ou même des crimes. Je regarde ça.
20:51 La proportion dans cela de ceux qui travaillent est infime.
20:59 C'est des sans-travail qui commettent toutes ces exactions contre lesquelles on est si profondément émus.
21:08 Et donc je pense que le travail est une voie d'intégration. Mais je vous avais promis une idée.
21:12 En réalité, la vraie réponse, la vraie construction législative, la vraie nécessité pour que l'action publique soit efficace,
21:26 c'est que tous les pays européens leur fassent ensemble. Et on est en train, précisément, il y a des députés européens qui sont avec nous,
21:36 on est en train précisément, on est sur le point d'adopter un texte qui est extrêmement protecteur.
21:48 - Donc ce que vous dites c'est que la loi d'immigration n'est pas suffisante ?
21:51 - Je pense que sur ce sujet, nous connaîtrons des générations et des générations de lois toutes insuffisantes.
21:58 On essaie d'adapter au fur et à mesure. C'est pour ça que ce n'est pas la peine de faire des Himalayas avec un texte chaque fois qu'on le présente.
22:07 En réalité, c'est symbolique tout ça. Le travail européen que nous sommes en train de faire et que précisément les députés européens sont en train de faire,
22:17 qui est d'efficacité à la frontière et d'identification aux frontières de l'Union et d'identification de ceux qui arrivent et qui passent,
22:29 l'obligation de demander un visa, une autorisation de présence avant de franchir la frontière.
22:38 Tout ça, on est en train ces jours-ci, personne n'en parle, parce qu'on vit dans une espèce de cloisonnement complètement stupide.
22:48 On est en train précisément de mettre au point ce texte et de l'adopter au Parlement européen.
22:54 C'est dix fois plus efficace qu'un grand nombre des moulinets que nous faisons,
23:00 ou des mots qui se prononcent avec la bouche mais qui ne sont pas générateurs de réalité.
23:07 Justement, pour reprendre le fil des prochaines heures et de cette loi immigration symbolique, dites-vous,
23:12 est-ce que vous préfériez un échec des négociations demain entre sénateurs et députés,
23:18 plutôt qu'un texte soit trop dur, soit pas à votre convenance et donc invotable le lendemain à l'Assemblée nationale par la majorité ?
23:25 Non, je préfère la réussite. Je pense que tous ceux qui spéculent sur l'idée qu'il faut échouer
23:32 et qu'échouer ça fera plus ou davantage progresser les choses, j'en crois rien.
23:37 Et donc en cas d'accord demain, est-ce que vous pouvez nous assurer qu'il ne manquera aucune voix dans la majorité à l'Assemblée nationale, mardi ?
23:43 Vous ne l'avez pas compris. Peut-être au Figaro, il y a quelqu'un qui donne des ordres et tout le monde obéit.
23:48 C'est possible que ce soit en ordre. Mais chez nous, au mouvement démocrate, qui s'appelle comme ça, pas par hasard,
23:55 dans ce mouvement-là, qui met la citoyenneté au premier plan et la responsabilité au premier plan,
24:02 dans ce mouvement-là, les parlementaires prennent leur responsabilité.
24:07 Sauf que chaque voix compte, vous le savez très bien, dans une situation de majorité relative.
24:10 Et ça pourrait être à l'origine d'un échec lors d'un vote final à l'Assemblée.
24:15 Eh bien, je ne souhaite pas l'échec.
24:17 Mais est-ce que vous craignez un déclatement de cette majorité présidentielle relative ?
24:21 Je ne crois pas. J'entends beaucoup de spéculations sur ce sujet.
24:25 J'entends beaucoup, naturellement, d'expressions d'état d'âme dans les couloirs.
24:30 Eh bien, c'est normal d'avoir des états d'âme. J'en ai moi-même, comme vous avez entendu.
24:35 Je pense que l'équilibre du texte est à préserver.
24:42 Mais cependant, je ne crois pas que s'il y a un accord en commission mixte paritaire,
24:50 les parlementaires vont prendre le risque.
24:53 Ils en ont déjà pris un gravissime, de renoncer à faire la loi.
24:58 Vous savez, la définition de l'Assemblée nationale du Sénat, on dit c'est corps législatif.
25:05 Est-ce qu'il y a une remise en cause nécessaire dans la méthode, peut-être, après l'échec, justement, de lundi ?
25:10 Est-ce qu'on a vu les limites du "en même temps", finalement, lundi ?
25:13 C'est-à-dire que, pour le coup, on a eu du "en même temps",
25:15 mais c'est en même temps la gauche et en même temps la droite qui a voté contre le gouvernement.
25:19 Oui, j'entends cet argument tourné en boucle sur un certain nombre de plateaux.
25:25 Pardonnez-moi, je le trouve stupide.
25:28 Pourquoi ?
25:29 Comment pouvez-vous faire une loi sur l'immigration sans tenir compte, en même temps,
25:37 du sentiment populaire profond, des inquiétudes qui animent les gens,
25:42 de la volonté de défendre une identité, toute chose que j'ai défendue devant vous,
25:46 et des drames humains qui se jouent ?
25:50 La question, c'est sur la méthode politique, François Bayrou.
25:52 Non, non, mais j'entends bien. Alors, je défends la politique.
25:57 Je suis un homme du centre.
26:00 Toute ma vie politique, elle est dans cette idée que la bi-polarisation est un malheur pour un pays.
26:10 Si vous regardez les échecs que nous avons connus au travers du temps,
26:14 c'est parce qu'on est passé d'un bord sur l'autre, tous les cinq ans ou tous les huit ans.
26:20 Si vous regardez la société américaine, le drame, c'est qu'on se trouve dans une société
26:27 avec des divisions bi-polaires, exacerbées par Trump d'un côté, d'autres de l'autre côté.
26:34 Et qui en souffre ? C'est les États-Unis qui en souffrent.
26:37 Le devoir d'un responsable politique, c'est de consacrer et cultiver l'unité du pays.
26:46 Et vous ne trouverez l'unité du pays que dans cette position qu'on appelle centrale.
26:52 Et qui a été définie une fois pour toutes par quelqu'un que j'aime beaucoup,
26:56 qui s'appelait Marc Sanglier, qui a dit "la démocratie, c'est l'organisation sociale
27:03 qui porte à son plus haut la conscience et la responsabilité du citoyen".
27:10 La conscience et la responsabilité.
27:13 Et ceci devrait nous faire un programme écrit en lettres d'or,
27:17 auquel tous les démocrates devraient s'acharner à ne pas manquer.
27:23 Cette situation politique, François Bayrou, et la suite, les conséquences notamment
27:28 avec une loi immigration adoptée ou pas, les conséquences sur la suite du quinquennat,
27:32 on en parle dans un instant dans la seconde partie du Grand Jury.
27:35 François Bayrou, au commissaire au plan, président du Modem et maire de Pau,
27:49 et notre invité, nous allons essayer de nous projeter un petit peu.
27:53 En cas d'échec au Parlement la semaine prochaine avec la loi immigration,
27:57 Emmanuel Macron a prévenu qu'il retirerait son texte, une question de Pauline Buissant.
28:01 Oui, François Bayrou, qui serait selon vous le ou les perdants, si la loi n'était pas adoptée ?
28:07 Elisabeth Borne, Gérald Darmanin, les Républicains,
28:10 ou le quinquennat d'Emmanuel Macron, même tout entier, qui ?
28:13 Moi je pense que dépassant les considérations purement politiciennes
28:17 à l'intérieur des murs du Palais Bourbon et ailleurs et au Sénat,
28:22 dépassant cela, les perdants seraient tous ceux qui pensent que c'est un sujet important
28:29 et sur lequel il faut prendre des décisions.
28:32 Des décisions pour protéger, disent les uns, des décisions de justice, disent les autres.
28:37 Ceux-là seraient les perdants, c'est-à-dire tout le monde.
28:41 L'idée que des gens pourraient se frotter les mains parce qu'ils auraient empêché
28:48 notre ensemble de gouvernements et de majorités et d'assemblées et de Sénats
29:00 d'adopter un texte que tous prétendent crucial.
29:04 S'il y avait des gens qui disaient "Franchement on s'en fiche, on n'en a pas besoin"
29:08 mais tout le monde, sincèrement ou pas, disent qu'on en a besoin, on serait donc tous perdants.
29:15 - En cas d'échec, est-ce qu'il faut en tirer les conséquences avec un changement de gouvernement ?
29:18 - En cas d'échec, je pense que le Président de la République a raison, il faut retirer le texte.
29:23 - Et changer de gouvernement également, si on peut aller au-delà ?
29:25 - Non, ça c'est sa responsabilité et Dieu sait qu'elle n'est pas simple à exercer.
29:30 Non, je pense qu'il a raison, je me suis opposé depuis le début à ce qu'il y ait un 49.3 sur ce texte.
29:38 Parce que j'ai proposé une grille de lecture qui est de dire il y a deux sortes de lois.
29:44 Il y a les lois vitales, le budget est une loi vitale, on a des 49.3 sur le budget.
29:49 Parce que si vous n'avez pas de budget, vous ne pouvez pas gouverner, c'est fini.
29:52 A l'instant même, ça s'arrête. Donc ça c'est une loi vitale.
29:57 Et le gouvernement dit "si vous ne l'adoptez pas, c'est mon existence qui est en jeu".
30:02 Ça s'appelle le 49.3 et je dis au passage, je n'ai jamais rien compris aux gens qui prétendent que le 49.3 ça ne serait pas démocratique.
30:11 C'est la démocratie par excellence. Ce texte est nécessaire à ma vie, si vous refusez ce texte, c'est moi qui m'en vais.
30:19 Donc pas de 49.3 sur l'immigration.
30:21 Mais en revanche, il y a des textes utiles, je dis des textes vitaux, il y a des textes utiles.
30:27 On voit bien que la situation sur l'immigration aujourd'hui, par exemple prenons le sujet des procédures interminables
30:34 qui fait que quelqu'un dans la procédure détournée de l'asile, parce que la vérité c'est qu'aujourd'hui,
30:41 l'asile est une procédure complètement détournée.
30:46 C'est le droit d'asile, l'invocation du droit d'asile, c'est le moyen d'ouvrir une porte sur un séjour plus ou moins long dans la société française.
30:55 On demande à bénéficier de l'asile, même si on n'a aucun droit venant de pays qui ne justifient pas de l'asile.
31:03 Et la multiplication des procédures fait que quatre ou cinq ans après, vous êtes toujours là évidemment,
31:09 à ce moment-là, une situation de désordre très profond est créée.
31:13 Donc l'accélération des procédures est une mesure bonne, juste, et que tout le monde peut accepter.
31:22 J'en reviens là, la situation politique et les conséquences éventuelles d'un échec sur la loi immigration.
31:27 Sur le plan politique, ça veut dire quoi ?
31:29 Ça veut dire qu'il faudrait par exemple un Premier ministre issu de la droite pour pouvoir continuer à gouverner pour Emmanuel Macron ?
31:36 Alors je vous trouve formidable, Olivier Bost, et donc je vais essayer d'exprimer mon admiration.
31:43 Depuis le premier jour de mon engagement dans la vie politique française...
31:50 Vous ne voulez pas de la droite, pas de la gauche ?
31:52 Je refuse qu'on résume le débat à droite contre gauche.
31:56 Je vais vous dire des choses. Il y a des gens de droite...
31:59 Par exemple, au moment où vous avez quand même défendu Elisabeth Borne,
32:01 vous ne vouliez pas nécessairement de Catherine Vautrin qui était plutôt issue de la droite pour Matignon.
32:06 Ceci n'a rien à voir, mais on en parlera une autre fois.
32:09 Mais en cas d'échec, comment faire pour relancer le quinquennat ? On comprend bien qu'il y a un point crucial.
32:16 Oui, et donc le gouvernement, c'est la décision personnelle du Président de la République.
32:23 Et c'est sûr que c'est mieux des gouvernements qui réussissent à faire passer des textes
32:28 que des gouvernements qui échouent à faire passer les textes.
32:31 J'enfonce des portes ouvertes parce que ça mérite quelquefois qu'on rappelle des...
32:36 Vous ne renforcez pas Elisabeth Borne si ça se passe mal mardi, c'est sûr.
32:39 On rappelle des évidences. Ce n'est pas un jugement personnel que je porte.
32:44 Je pense, pour dire le fond de ce que je crois, je pense qu'on n'a pas compris encore ce que c'était que la Ve République en l'absence de majorité.
32:58 La Ve République a été fondée précisément par le général de Gaulle
33:05 qui a magnifiquement, superbement exprimé dès 1946 dans un discours abailleux
33:15 ce qu'a dit le général de Gaulle, c'est "nous allons enlever l'exécutif aux manœuvres parlementaires".
33:21 Ce n'est pas les ententes entre partis qui font le gouvernement.
33:25 C'est le Président de la République qui nommera le gouvernement.
33:28 Écoutez bien, à partir de là, j'ouvre la parenthèse, j'ouvre les guillemets, je le cite,
33:34 "en tenant compte des nuances de l'Assemblée nationale".
33:38 Et donc ça n'est pas du tout l'esprit des coalitions à l'allemande.
33:47 Les coalitions à l'allemande, ça vient des partis.
33:50 Et la logique de la Ve République, ça vient de celui qui est élu au suffrage universel par tous les Français
33:57 parce qu'il présente une vision de l'avenir et qu'on a confiance dans sa personnalité.
34:02 C'est lui qui forme la majorité.
34:04 D'accord, mais est-ce qu'Emmanuel Macron, qui a fait des choix après sa réélection en 2022
34:09 et après avoir perdu en quelque sorte les élections législatives, est-ce qu'il doit revoir ce dispositif ?
34:15 Il n'a pas perdu les élections. Il n'a pas gagné la majorité absolue.
34:19 Il n'a pas gagné, mais là...
34:20 Et moi je pense que c'est la logique des temps dans lesquels nous sommes entrés.
34:24 Regardez tous les problèmes. Pensez à la table de famille.
34:28 Il y avait une époque où tout le monde pensait et votait la même chose.
34:33 C'était le chef de famille, dans les familles pyrénéennes dont je suis.
34:38 Grosso modo, tout le monde...
34:40 Alors, quelquefois, la mère de famille se cachait parce qu'elle ne votait pas exactement comme le père de famille.
34:45 Des choses qui arrivaient.
34:47 Mais grosso modo, quand on avait les élections, on comptait famille par famille.
34:52 C'est complètement fini.
34:54 Vous avez aujourd'hui des sensibilités différentes, des exemples...
34:59 Songez aux explosions autour de la table de famille sur la vaccination.
35:04 Songez à tous les problèmes qui se posent à partir de la géopolitique mondiale, ou à propos de l'environnement.
35:14 On est entrés, et je m'en réjouis, dans le temps du pluralisme.
35:21 Le pluralisme, c'est plus riche, ça permet d'avancer davantage, à une condition,
35:26 c'est qu'on sache utiliser les instruments qu'on a à sa disposition.
35:30 Une demi-phrase.
35:33 Les instruments que nous avons à notre disposition, c'est la formation du gouvernement
35:38 en tenant compte des personnalités et des courants qui s'expriment.
35:44 Et deuxièmement, par exemple, c'est le référendum sur l'immigration.
35:49 On aurait très bien pu avoir un référendum sur ce texte.
35:52 En cas d'échec la semaine prochaine, est-ce qu'il faut mettre ce référendum à l'ordre du jour ?
35:56 Vous ne pouvez pas le mettre, parce que pour l'instant, la Constitution s'y oppose.
36:01 Parce que s'agissant d'un texte qui touche aux libertés fondamentales,
36:06 vous ne pouvez pas le mettre au référendum.
36:09 Mais à partir du volet économique, par exemple ?
36:11 Il faudrait changer...
36:13 Oui, sur l'économie, oui. "Économique et social", dit le texte.
36:16 Le président de la République avait l'idée de mettre "économique, sociale et sociétale".
36:22 Peut-être on peut élargir le champ du référendum qu'on appelle de l'article 11.
36:29 C'est-à-dire qu'il y a une simple proposition du gouvernement soumise aux Français.
36:34 Après un débat rapide à l'Assemblée nationale et au Sénat.
36:38 En tout cas, ce que je comprends dans ce que vous nous expliquez,
36:42 c'est que revoir le gouvernement est effectivement quelque chose qu'il faut envisager.
36:47 Non, je n'ai pas dit qu'il faille envisager, j'ai dit explicitement le contraire.
36:51 C'est le président de la République qui choisit.
36:54 Et je me suis borné à constater que c'est dans sa main.
36:58 Mais c'est une arme.
37:00 Après j'ai arrêté avec le poste de Premier ministre.
37:02 Le changement de gouvernement pour prendre un nouveau départ, bien sûr que c'est une arme.
37:06 Et vous croyez que le président de la République ne le sait pas ?
37:08 Qu'Elisabeth Borne ne le sait pas ?
37:10 Que les postulants nombreux, presque innombrables, ne le savent pas ?
37:15 Vous voyez à quel point il se déploie.
37:18 Justement, vous nous aviez confié dans un grand jury que vous auriez aimé être Premier ministre,
37:21 mais que vous étiez hors jeu, c'était à cause de votre procès à l'époque pour les emplois d'assistance européens.
37:26 Si vous êtes relaxé en février prochain, je vais d'ailleurs vous demander votre opinion sur ce qui pourrait vous attendre,
37:32 est-ce que vous seriez alors de nouveau disponible pour Matignon ?
37:35 Je parle une seconde de ce procès.
37:38 J'avais pris la décision de ne plus m'exprimer dans les médias jusqu'au 5 février, date du verdict.
37:46 Et puis l'accélération...
37:48 L'actualité politique nous a...
37:50 Voilà, la fin du procès et puis votre charme...
37:55 L'actualité politique surtout.
37:57 Et l'actualité, la gravité de l'actualité pour être sérieux, m'ont convaincu qu'il fallait que je passe outre cette décision que j'avais prise.
38:09 Donc je ne parlerai pas du procès, évidemment.
38:12 Et pour Matignon ?
38:13 Je peux vous dire une chose du procès, c'est que je crois que nous avons pu nous expliquer.
38:20 Pour la première fois, en 7 ans.
38:24 En 7 ans ?
38:27 Et donc vous êtes suffisamment expliqué pour parler aujourd'hui ?
38:29 En 7 ans, je crois que nous avons pu nous expliquer.
38:32 On verra ce que la justice en pense.
38:35 Pour rappel, 30 mois de prison avec sursis, 70 000 euros d'amende et 3 ans d'inéligibilité avec sursis requis.
38:40 Ce n'est pas tout à fait le verdict, monsieur.
38:42 Pour rappel, les réquisitions...
38:44 Pour être complet.
38:45 S'agissant de Matignon, est-ce que donc, une fois que cette étape sera passée, vous n'êtes plus hors-jeu ?
38:50 Ces réquisitions, oui c'est violent, c'est un choc.
38:55 Et donc voilà, je sais que nous avons pu établir un faisceau d'éléments de réalité et de preuves.
39:08 Et je crois que dans ces 6 semaines-là, une certaine idée de la justice, pour moi, a été rétablie.
39:19 Après, on verra.
39:21 Alors, on a parlé de plusieurs scénarios possibles, on a évoqué à l'instant un changement de gouvernement.
39:26 Il y a une autre arme dont dispose le président de la République, c'est la dissolution.
39:32 Est-ce qu'elle vous semble inéluctable dans le quinquennat, au vu de la situation politique que vous avez décrite ?
39:38 Pas du tout.
39:40 Je sais bien que là encore, il y a des gens qui en rêvent.
39:42 Et encore, mon intuition c'est qu'il y a moins de gens qui en rêvent que des gens qui disent qu'ils en rêvent.
39:49 Parce que chacun voit aussi...
39:51 Par exemple, il y a Jordan Bardet là, pour la Rassemblement National, qui l'appelle de ses voeux.
39:54 Oui, c'est très simple sur les extrêmes, ma position est simplissime.
40:02 Jamais dans l'histoire, dans les siècles passés, jamais le pouvoir donné à des extrêmes n'a fait le bonheur et la vigueur des peuples.
40:15 Jamais.
40:16 Et pour relancer le quinquennat, quelles doivent être les deux priorités d'Emmanuel Macron, après la loi immigration ?
40:23 On a un grand souci de finances publiques.
40:27 Et j'ai passé là encore beaucoup d'années d'élections majeures à me battre sur ce sujet.
40:34 On a un grand souci de finances publiques.
40:37 Et le levier majeur sur le rééquilibrage des finances publiques, c'est la capacité de la France à reconquérir la production.
40:48 Toutes les productions.
40:50 La production agricole, la production industrielle, la production intellectuelle.
40:55 Et la deuxième priorité ?
40:57 Et je crois qu'on a fait des pas dans cette direction, insuffisants, et qu'il faut bâtir, alors là c'est le commissaire Auplan qui une seconde s'exprime,
41:06 il faut bâtir une stratégie nationale, produit par produit, filière par filière, en voyant là où nous avons des déficits insupportables.
41:19 Il y a des déficits où on ne peut pas faire autrement.
41:22 Le pétrole, on n'a pas de pétrole chez nous, donc oui nous avons des déficits en énergie.
41:28 Mais le nucléaire permet de compenser ces déficits en énergie.
41:33 Emmanuel Macron avait défini lui une priorité, alors c'était avant ce qui s'est passé cette semaine à l'Assemblée Nationale,
41:39 mais il avait défini une priorité pour le mois de janvier, c'était l'unité du pays.
41:43 Il a raison.
41:44 En voulant parler à la nation au mois de janvier, ça peut être quoi ces initiatives pour faire l'unité de la nation ? Parce que c'est un peu concept quand même.
41:54 Oui, c'est abstrait et pourtant c'est l'impératif premier.
42:00 Mais la traduction politique de cette volonté, ça peut être quoi ?
42:03 Et vous voyez dans le monde, les chefs d'État et de gouvernement, vous les défilez dans votre esprit, des grands pays du monde et des pays moyens dans le monde.
42:16 Il y a deux sortes de chefs d'État et de gouvernement.
42:20 Il y a ceux qui font leur popularité sur l'affrontement interne du pays.
42:26 Les populistes ?
42:27 J'aime pas employer ce mot parce que je trouve que le mot de peuple est tellement beau que c'est ridicule d'en faire une version péjorative.
42:35 On a compris votre catégorie.
42:36 Je crois à la démocratie et la démocratie c'est la reconnaissance de la conscience des peuples.
42:44 Donc de ce point de vue là, je n'aime pas, par exemple Trump en est un exemple, je n'aime pas, il y en a eu d'autres, y compris chez nous,
42:55 je n'aime pas les gens qui cherchent leur carburant électoral en versant de l'essence sur le feu.
43:02 Concrètement, faire l'unité du pays, ça veut dire quoi ?
43:05 Faire l'unité du pays, à mon sens, ça veut dire reconnaître sa diversité, ce qui veut dire que la question du mode de scrutin et de la reconnaissance du pluralisme du pays,
43:16 La proportionnelle.
43:17 Des différentes opinions. Je ne dis même pas la proportionnelle, je dis une loi électorale juste qui garantit que quand il y a des électeurs, il y a des députés.
43:25 Vous pensez à la proportionnelle des électeurs législatifs.
43:27 Pour l'année prochaine, est-ce qu'il faut mettre à l'ordre du jour cette proportionnelle, l'année prochaine ?
43:31 Je suis persuadé que...
43:32 Pour qu'elle soit immédiatement applicable pour les élections législatives à venir.
43:36 Je suis persuadé que ça doit se faire et que ça se fera.
43:39 Par référendum ?
43:40 J'avais... ça peut se faire par référendum. Et je soutiendrai, ça ne serait pas la première fois que je soutiens l'idée d'un référendum sur le mode de scrutin qui consacrerait cette nécessité
43:54 que chaque Français soit à sa place dans sa démocratie, que quand ils votent, ils sont bulletins de vote compte.
43:59 Autre priorité des Français, l'éducation.
44:01 Parce que quand vous avez un vote de gauche à Neuilly, qu'est-ce qu'il vaut ? Rien. Un vote du centre à Saint-Denis, qu'est-ce qu'il vaut ? Rien.
44:13 Et un vote du centre, assez souvent partout ailleurs, il n'a pas le poids qu'il devrait avoir.
44:18 Et donc la certitude pour que la nation s'unisse, c'est qu'elle soit reconnue dans ses différentes composantes, dans ses différentes sensibilités.
44:26 Eh bien ça fait une symphonie, plutôt que d'avoir à la baguette.
44:33 Autre priorité des Français, l'éducation. Le ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, a annoncé l'expérimentation de l'uniforme à l'école parmi ses mesures récentes.
44:42 Est-ce que c'est une piste qui vous semble intéressante ?
44:44 Oui, expérimentons. Dans mes rêves nombreux, vous savez que j'ai plus de rêves que de réalité, parfois ça arrive à beaucoup de gens.
44:53 Dans mes rêves, il y a que je fondais une école. Parce que j'ai été, comme vous savez, longtemps ministre de l'Éducation, j'ai adoré ça.
45:01 J'ai adoré ça et donc je pense que ça a des avantages et des vertus.
45:07 Est-ce qu'on peut l'imposer d'un seul coup ? Je crois qu'il est mieux d'expérimenter. Donc j'approuve cette mesure.
45:15 Quel regard vous portez sur Gabriel Attal, ministre de l'Éducation nationale ?
45:17 Je pense qu'il a de bonnes intuitions et que maintenant il faut les faire entrer dans la réalité et il sait lui-même que ce n'est pas si facile.
45:26 Vous lui dites que le plus dur reste à faire ?
45:28 Les orientations.
45:29 Parce que là, de la question de l'uniforme, il y a évidemment la question de la rémunération des professeurs, de la condition matérielle des élèves dans les classes, bien sûr.
45:36 Vous lui dites que le plus dur reste à faire sur ce chantier-là ?
45:38 Oui, de loin. Mais vous voyez les orientations. Il y a un très grand courant de ministre de l'Éducation. Il y a deux grandes sensibilités.
45:48 Mettons Chevenement et moi et puis je crois que Gabriel Attal s'inscrit dans ce courant-là.
45:54 Jean-Michel Blanquer, non, vous ne le mettez pas.
45:56 Et puis d'autres courants qui n'allaient pas du tout dans ce sens-là. Je trouve que de ce point de vue-là, il a marqué des directions et des orientations que je trouve justes.
46:12 Ça fait sept mois que la Convention citoyenne sur la fin de vie a rendu ses conclusions. Depuis, nous attendons les arbitrages d'Emmanuel Macron. Est-ce que vous comprenez ses hésitations ?
46:22 Oui. Si quelqu'un s'approche de ce sujet sans avoir souci de conscience, alors ce quelqu'un-là ne mérite pas la confiance qu'on doit lui faire.
46:37 Que répondez-vous à des malades qui, par exemple, sont en attente de cette loi ? Notamment, par exemple, la chanteuse Françoise Hardy qui appelle le président à faire de l'euthanasie une possibilité.
46:46 Elle est atteinte d'un cancer et souhaite partir le plus tôt et le plus vite possible à 17 septembre.
46:52 Je pense qu'il y a deux nécessités. La première, c'est enfin de créer en France le réseau de soins palliatifs que nous avons été coupables de ne pas mettre en place.
47:09 Je pense que dans les services de soins palliatifs, c'est le sommet de l'humanité qui se fait sentir. C'est la main qui se tend quand il n'y a pas d'autre main.
47:23 Et sur le succès d'assisté, quel est votre... ?
47:25 Le succès d'assisté, c'est encore autre chose. Le premier volet pour moi le plus urgent et le plus important, c'est les soins palliatifs.
47:35 Il y a encore 50% de départements qui n'ont pas l'organisation de soins palliatifs. Vous vous rendez compte ? En 2023, et dans les soins palliatifs, oui, on aide à franchir.
47:49 C'est pas si loin que ça, Olivier Bosne. Parce que, évidemment, quand on dit soins palliatifs et le soin palliatif ultime, c'est la sédation profonde et continue, c'est-à-dire jusqu'au bout.
48:04 Là, c'est une manière de vous aider à passer le cap.
48:08 Mais est-ce que vous créez des... ?
48:09 Il y a des cas limites. Oui, il y a des cas limites. J'en connais. Des cas qui, pour des raisons multiples, disent "Moi, je veux qu'on m'aide à faire ça".
48:22 Il y a un législateur. Il va examiner ça. J'ai beaucoup apprécié...
48:29 Est-ce que vous redoutez 10 000 mois de débat parce que ça serait le processus ?
48:32 D'abord Eccles, Léonetti, ensuite, parce qu'il y avait à la fois le regard du médecin et l'humanité du frère ou de la soeur en humanité.
48:46 Et pour l'instant, c'est pas la direction que ça prend, si on vous comprend bien.
48:49 Non, pas du tout. Je pense qu'on peut avoir sur ce sujet des débats approfondis, mais vous avez senti que je ne veux pas qu'on oublie ceux qui sont là au lit du patient à l'ultime minute.
49:09 Alors en attendant qu'Emmanuel Macron tranche sur ce sujet et rende ses arbitrages, votre camp se dirige vers les élections européennes et se prépare.
49:18 Ce sera le 9 juin, dans quelques mois. Donc tous les camps, certains ont déjà désigné leur chef de file. Ce n'est pas votre cas.
49:25 Est-ce que vous demandez urgentement une entrée en campagne et avec la désignation d'un chef de file pour se lancer ?
49:33 Est-ce que vous trouvez, vous, que les Français vont nous attendre à la sortie du studio en disant "Monsieur Bayrou, on a besoin de connaître le tête de liste".
49:45 Et on sait que l'Europe est l'une de vos priorités.
49:48 A mon avis, ce n'est pas l'une de nos priorités. C'est la condition de toutes les priorités.
49:52 Alors est-ce qu'il faut se lancer, maintenant, en janvier ?
49:55 Je pense que les Français vont passer les fêtes sans souci excessif, sans se demander qui va conduire la liste.
50:02 Et en janvier ?
50:04 Ce que j'attends et voudrais, c'est un chef de file qui soit puissamment animé de l'inspiration européenne.
50:14 Qui croit à quelque chose. Que ce ne soit pas de la politique.
50:18 Que ce soit le destin de la nation. Parce que c'est ça qu'on va avoir à porter.
50:26 Quel problème, aujourd'hui, c'est la dernière question en forme de réponse.
50:31 C'est surtout les dernières secondes.
50:33 Quel problème, aujourd'hui, la France peut-elle affronter s'il n'y a pas une Europe présente et puissante ?
50:41 On vient de voir Mme Mélanie, qui a été une candidature forte pour les européennes.
50:46 François Bayrou, je suis très heureux de vous le dire.
50:48 En disant "on va se passer de l'Europe", elle a fait appel à l'Europe.
50:50 Merci François Bayrou pour ce grand jury. Bon dimanche à tous et à la semaine prochaine.
50:53 prochaine.
50:56 [SILENCE]