Les 4 Vérités - Rodrigo Arenas

  • l’année dernière
Jeff Wittenberg reçoit Rodrigo Arenas, député LFI de Paris, sur le plateau des 4 Vérités. 

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Transcription
00:00 Bonjour Rodrigo Arenas.
00:04 Bonjour.
00:05 Vous êtes député de la France Insoumise, effectivement,
00:09 et vous êtes aussi l'auteur d'un ouvrage "Passeur de monde",
00:12 on va en parler dans un instant.
00:14 Vous proposez notamment des solutions pour l'école de la République,
00:16 vous connaissez bien le sujet puisque vous avez co-dirigé la FCPE,
00:20 le principal syndicat de parents d'élèves,
00:22 et vous êtes aussi un député de Paris.
00:24 Paris qui est une de ces collectivités qui ont décidé de s'opposer
00:27 par les actes à la récente loi sur l'immigration qui vient d'être votée
00:31 qui n'appliqueront pas ces communes, ces collectivités, ces départements,
00:35 les dispositions de la loi.
00:37 Est-ce qu'elles en ont le droit, est-ce qu'elles peuvent le faire, ces collectivités ?
00:41 D'abord c'est tout à leur honneur de le faire puisqu'il y a beaucoup de personnes
00:43 qui ont besoin, des personnes en fragilité,
00:45 qui nécessitent qu'on prenne soin d'eux, qu'on prenne soin d'elles,
00:47 en particulier les enfants.
00:48 Il y a des enfants à la rue à Paris,
00:50 et vous savez il y a des mères aujourd'hui qui résistent à la loi,
00:52 par exemple celles qui sont obligées de construire du logement social
00:54 avec la loi SRU, qui ne l'appliquent pas et qui paient même des amendes pour cela.
00:57 Donc les mères sont élues pour ça.
00:59 Mais lorsqu'une loi est même contestée, même critiquée,
01:02 lorsqu'elle est votée par l'Assemblée nationale,
01:04 est-ce qu'elle ne s'applique pas à tous les citoyens sur tous les territoires ?
01:07 Encore une fois, il y a des mères qui la dérogent.
01:09 Par contre ce qui est sûr c'est que les villes déjà mettent en place
01:12 ce qu'on appelle des politiques volontaristes,
01:13 c'est-à-dire qu'elles vont au-delà de la loi pour prendre soin des habitants
01:16 qui sont sur leur territoire, et c'est bien normal de le faire.
01:18 On voit là les départements qui donc refuseront d'appliquer certaines dispositions,
01:22 notamment la conditionnalité des prestations sociales.
01:25 Si demain la gauche était au pouvoir et que des collectivités dirigées par la droite
01:29 refusaient d'appliquer des lois votées par le Parlement,
01:31 est-ce que vous diriez la même chose, M. Arenas ?
01:34 Je vous dirais la même chose, elles le font déjà.
01:35 Vous avez des mères aujourd'hui, de droite notamment,
01:37 qui refusent de construire des écoles publiques alors qu'elles ont l'obligation de le faire,
01:40 parce qu'elles favorisent le privé.
01:41 C'est d'ailleurs pour cela qu'un maire est élu pour faire une résistance,
01:44 j'ai envie de vous dire, par rapport à ses convictions.
01:46 Mais moi je suis sur le droit universel, sur la tradition de terre d'asile de la France
01:51 qui ne laisse personne sur le carreau et c'est bien cela aujourd'hui qui est en question.
01:54 Et ça, ça doit dépasser ce que votent les députés qui sont en principe quand même
01:57 l'émanation de la représentation nationale et donc du peuple ?
02:00 Aujourd'hui la loi existe, elle est censée être appliquée,
02:02 mais il arrive d'avoir des résistances, d'ailleurs ça a été l'histoire de notre pays,
02:05 vous avez eu des lois qui ont été votées,
02:07 je n'ai pas envie de godouiner l'histoire en rappelant des pages sombres de notre histoire,
02:10 mais il y a des préfets notamment qui ont décidé de ne pas appliquer la loi
02:13 dès lors qu'elle portait atteinte au droit international.
02:15 Vous ne voulez pas godouiner en parlant du point godouin,
02:17 mais enfin vous faites donc un parallèle entre les lois de Pétain en quelque sorte
02:21 et ce qui se passe aujourd'hui, c'est quand même un jour d'assaut.
02:23 Je fais un parallèle dans la mesure où il y a aujourd'hui des articles de loi
02:25 dans la loi immigration auxquels vous faites référence,
02:27 qui sont aujourd'hui attaqués en constitutionnalité par le président de la République lui-même,
02:30 mais qui sont d'ailleurs contrés au droit international.
02:32 Donc il y a des maires qui sont en droit le temps d'attente
02:35 de prendre soin des habitants qui sont dans leur ville,
02:38 notamment aux approches de fête de l'ON avec le froid qui arrive
02:41 et qui va mettre des populations entières en loi de différation.
02:44 La loi ne s'applique pas tout de suite,
02:45 ce qui n'est pas appliqué tout de suite.
02:47 Donc nous sommes en résistance et c'est bien normal de le faire par rapport à cette situation.
02:50 Résistance, désobéissance civile, comme dit la CGT, vous approuvez ce terme ?
02:54 Oui, ça arrive par les syndicats, ça arrive de le faire,
02:56 mais ça arrive aussi pour les politiques.
02:58 C'est notamment une tradition qui vient des Etats-Unis,
03:00 notamment par rapport aux droits civiques,
03:02 de faire en sorte de ne pas être volontaire sur une loi
03:06 qui contrairement met en place une discrimination contre la population.
03:10 C'est un terme que vous reprenez ?
03:11 Oui, ça m'est arrivé de le reprendre.
03:12 Il comprend en tant que parent d'élève quand les lois contrevenaient, à mon sens, aux droits des enfants.
03:16 Par rapport à cette loi sur l'immigration, il a beaucoup été dit par la gauche
03:19 qu'elle représentait une victoire idéologique du Rassemblement National.
03:23 Emmanuel Macron s'en défend.
03:25 Lui, il dit au contraire que répondre aux attentes des Français
03:28 sur ces questions de l'immigration, c'est au contraire arrêter de nourrir,
03:32 je le cite, ce qui fait le succès du Front National.
03:35 Dans ce cadre-là, j'ai envie de dire à Emmanuel Macron qu'il révise un peu son histoire
03:39 et que quand la peine de mort a été abolie en France sous le quinquennat de François Mitterrand,
03:42 elle était minoritaire dans l'opinion.
03:44 La question, c'est de prendre compte de ce que disent les gens,
03:46 de ce que dit l'opinion publique, de ce que disent les habitants, nos voisins, nos voisines.
03:49 Mais quand on fait de la politique, ça nous engage.
03:51 Et aujourd'hui, le président de la République, en faisant cela,
03:53 est en train d'ouvrir le pas à une banalisation des idées d'extrême droite
03:57 qui étaient portées à l'époque par Jean-Marie Le Pen.
03:59 Mais c'était quoi alors, selon vous, la finalité de cette loi ?
04:01 C'est vraiment d'épouser les idées de l'extrême droite ?
04:04 Vous ne pensez pas qu'il y a effectivement un problème de flux migratoire
04:07 ressenti par nombre de Français qui ne sont pas forcément des gens d'extrême droite, comme vous dites ?
04:13 Alors, ça dépend. C'est une loi qui s'adresse notamment aux étrangers.
04:16 Parce que, vous savez, celles et ceux qu'on pointe du doigt, on va se le dire franchement,
04:19 ce sont les ressortissants du Maghreb et ceux d'Afrique subsaharienne.
04:21 C'est ceux-là qui, aujourd'hui, dans l'opinion publique, font peur
04:24 et sur lesquels on a entretenu un climat de peur.
04:26 Mais vous savez, ces personnes sont légales en France.
04:28 Elles sont vos voisins, elles sont vos voisines, elles travaillent ici.
04:30 Donc cette loi n'y changera rien ?
04:31 Elle n'y changera absolument rien. D'ailleurs, je mets au défi le Président de la République
04:34 de l'appliquer réellement, parce que les personnes qui le pointent du doigt
04:37 relèvent du droit français. Donc des lois existent déjà à ce titre-là,
04:41 y compris la déchéance de nationalité qui est mise en avant.
04:43 La déchéance de nationalité existe, elle est du gouvernement pour le mettre en œuvre,
04:47 à sa décision. Donc il ne s'agit pas aujourd'hui de...
04:50 Vous voyez, c'est une loi qui flatte l'opinion.
04:52 Elle n'a pas d'emprise légale, elle n'a pas de faisabilité, j'ai envie de dire, nouvelle
04:57 pour celles et ceux qui sont censés la mettre en œuvre, en l'occurrence le gouvernement.
05:00 La gauche en tout cas s'est retrouvée soudée pour dénoncer ce texte.
05:03 Est-ce que ça peut oublier les déchirements qu'on a connus depuis deux mois et demi,
05:09 depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement Hamas,
05:15 notamment lorsque la France Insoumise, votre parti, a, à travers ses dirigeants,
05:19 refusé de qualifier le Hamas de mouvement terroriste.
05:22 Vous, vous l'avez fait, vous êtes singularisé. Vous n'étiez pas tout seul.
05:26 Non, mais est-ce qu'aujourd'hui, vous diriez qu'il y a une unité retrouvée à l'occasion de cette pro-immigration
05:33 et que sur le Proche-Orient aussi, vous parlez d'une seule voix.
05:36 Parce que Jean-Luc Mélenchon, il a été contesté, y compris dans votre camp.
05:40 Écoutez, sur la première question, il me semble que la réalité de la vie politique,
05:44 mais de la vie des Françaises et des Français, nous oblige à nous unir.
05:47 La NUPES, moi j'ai été élu par des habitants qui ne sont pas seulement de la France Insoumise
05:52 et à ce titre-là, on se doit aujourd'hui d'apporter une réponse face à l'extrême droite
05:55 que vous venez de citer, mais aussi par rapport à la banalisation de ces idées au sein de la population.
05:59 Pour ce qui concerne le Proche-Orient, il me semble qu'il y a une unanimité aujourd'hui dans notre pays
06:03 pour dire que le droit international doit s'appliquer
06:05 et ce qui se passe à Gaza n'est pas de nature à apporter une solution de paix dans le Moyen-Orient.
06:09 Mais vous, vous continuez à dire que le Hamas est terroriste alors que Jean-Luc Mélenchon ne le fait pas et refuse de le faire.
06:13 Alors, il l'a dit dernièrement et ça ne vous a pas échappé, mais en tout cas, pour ce qui me concerne,
06:16 j'ai écrit un texte dans ce sens-là.
06:17 Pour moi, il ne fait aucun doute qu'une organisation qui s'attaque à des civils
06:21 et qui utilise des actes terroristes dans sa méthode, mais y compris porte dans son idéologie
06:25 des valeurs qui sont contraires à celles, en tout cas, de la France Insoumise.
06:28 On en vient à votre livre "Passeurs de Monde" qu'on va voir à l'antenne.
06:31 Un livre dans lequel vous développez des solutions pour l'école, pour l'éducation,
06:35 que vous voyez comme, je vous cite, le socle d'une société plus harmonieuse, plus solidaire.
06:39 Vous proposez des solutions très concrètes.
06:41 L'école jusqu'à 18 ans, la fin du lycée professionnel et du lycée général.
06:45 Vous voulez un lycée unique.
06:47 C'est un peu le contre-courant de la politique menée aujourd'hui,
06:51 notamment par Gabriel Attal à la tête de l'éducation nationale.
06:54 Écoutez, moi j'essaye de regarder l'école et l'avenir, pas dans une machine à remonter le temps
06:58 qui s'est arrêtée dans les années avant le collège unique, avant le lycée pour tous,
07:02 c'est-à-dire avant les années 60.
07:03 Hier, je discutais par exemple avec une dame assez âgée dans ma circonstance,
07:08 parce qu'on a fait un petit goûter de fin d'année.
07:10 Elle me disait "Oui, mais l'uniforme c'était bien, mais l'uniforme n'a jamais existé en France".
07:13 La blouse a existé pour des raisons de protéger de l'encre,
07:17 mais aujourd'hui, vous savez, on écrit au stylobique ou à l'ordinateur surtout.
07:20 Moi, ce que je dis surtout, c'est qu'aujourd'hui, face aux enjeux écologiques,
07:23 face aux enjeux du numérique, face aux enjeux aussi des discriminations, on vient d'en parler,
07:27 il y a besoin que les enfants aillent plus longtemps à l'école, jusqu'à 18 ans,
07:30 parce que la somme de connaissances et de savoirs nécessaires est plus importante,
07:33 comme qu'on est passé du 14 à 16 ans, on doit passer de 16 à 18,
07:36 et d'arrêter de séparer le travail manuel du travail intellectuel.
07:39 Les deux doivent être liés pour préparer nos enfants au monde qu'on leur prépare.
07:42 Mais Rodrigo, la défense des savoirs fondamentaux, l'autorité des maîtres,
07:46 le choix parfois du redoublement, vous en parliez peut-être de l'uniforme à l'école,
07:51 pourquoi, selon vous, ça va à rebours de ce qu'il faudrait pour l'école,
07:54 qui ne va pas si bien que ça aujourd'hui, sans ces mesures ?
07:58 Aujourd'hui, tous les enfants ont besoin d'avoir une sorte de socle commun,
08:02 une sorte de SMIC éducatif pour pouvoir comprendre le monde,
08:05 se comprendre soi-même, comprendre les autres aussi.
08:07 C'est à l'école qu'on apprend le vivre ensemble, tous les sujets qu'on évoque,
08:09 c'est aussi une faillite de l'école républicaine à pouvoir faire coexister
08:13 en interdépendance des enfants qui aujourd'hui sont doigts d'eau.
08:16 On ne va pas se raconter d'histoire.
08:18 L'autorité des maîtres, par exemple, l'irrespect, pour vous c'est une non-réalité ?
08:22 Non, non, c'est quelque chose d'important, ça se passe à l'école,
08:24 ça se passe dans les familles, ça se passe de façon générale,
08:27 quand des personnes contreviennent aux règles.
08:29 Mais ce n'est pas un phénomène en expansion pour vous ?
08:31 Si, vous avez par exemple une Première Ministre qui vient vapoter dans l'hémicycle
08:34 alors qu'on sait que c'est interdit.
08:35 Et vous la couvrera des élèves de collèges aussi ?
08:37 Vous savez, l'hémicycle fonctionne, l'Assemblée Nationale fonctionne un peu comme une salle de classe,
08:41 avec une puissance tutélaire, une institutrice qui aujourd'hui est Gale Brunepivelle,
08:44 la Présidente de l'Assemblée Nationale, qui rappelle à l'ordre aussi les députés.
08:47 Mais la différence c'est que nous ne sommes pas des enfants.
08:49 Donc à partir de là, il convient de faire en compte que d'une façon générale,
08:52 il faut réapprendre à vivre ensemble, à respecter l'autre aussi,
08:55 et ça, ça se fait à l'école.
08:56 Donc cesser de séparer les enfants à partir de la troisième
08:59 entre les mauvais élèves qui vont dans le pro et les bons élèves qui font le général,
09:02 c'est précisément un lieu dans lequel on peut apprendre à vivre ensemble
09:05 et ce que nous avons une particularité en France, c'est que tous les enfants vont à l'école
09:08 parce qu'elle est obligatoire.
09:09 Donc c'est là que ça se joue et pas sur Twitter ou ailleurs.
09:11 Donc vous êtes par exemple contre les classes de niveau,
09:14 le fait que justement on retrouve des classes qui correspondent aux capacités des élèves
09:20 ou aux possibilités des élèves selon leurs résultats ?
09:23 Vous voudriez plus de mélange à l'école qu'il n'y en a aujourd'hui ?
09:28 Le mélange est nécessaire d'abord parce que c'est le pacte républicain,
09:30 c'est le sens de la République et de la démocratie française.
09:32 Par contre d'avoir des classes dans lesquelles les enfants qui ont des difficultés
09:35 soient pris en charge par des enseignants qui leur permettent de dépasser leurs difficultés,
09:38 c'est une bonne chose.
09:39 Mais faire des classes avec les bons d'un côté et les mauvais de l'autre,
09:42 c'est ce qu'est clairement annoncé.
09:45 D'ailleurs on le voit sur Devoirs faits,
09:46 Devoirs faits ce qui était censé permettre aux enfants de travailler sur leurs difficultés
09:50 n'est pas une réalité puisqu'on sait très bien qu'au collège,
09:52 un enseignant de français ne peut pas aider un élève qui a des difficultés en mathématiques.
09:56 D'ailleurs c'est ce que disent les parents d'élèves,
09:57 c'est ce que disent les élèves eux-mêmes et qui pose un vrai problème.
10:00 Si on veut en savoir plus sur ce que vous préconisez,
10:03 on lit votre livre "Passeur de monde, député, citoyen" Rodrigo Arenas.
10:07 Je précise que les recettes de la vente de votre livre seront versées à l'association
10:12 "Mon cartable connecté" qui vient en aide à des enfants victimes de graves maladies.
10:16 Merci beaucoup et c'est la suite de Télémathas.

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