• il y a 2 ans

Aujourd'hui dans "Punchline", Mickael Dorian et ses invités débattent du "lynchage" de Gérard Depardieu dénoncé par 56 personnalités publiques de la culture.
Retrouvez "Punchline" sur : http://www.europe1.fr/emissions/punchline

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Transcription
00:00 Dans l'actualité également, une cinquantaine d'artistes sortent du silence pour défendre Gérard Depardieu dans une tribune publiée hier.
00:07 Dans le Figaro, ils appellent notamment au respect de la présomption d'innocence et ne veulent plus, je cite,
00:12 "rester muet face au lynchage qui s'abat sur l'acteur" depuis la diffusion à la télévision d'un reportage où l'acteur multiplie les propos à caractère sexuel.
00:21 D'abord, les détails avec Adrien Spiteri.
00:25 N'effacez pas Gérard Depardieu. Voici le titre de la tribune publiée dans les colonnes du Figaro hier, co-signée par 56 personnalités du monde de la culture.
00:35 "Gérard Depardieu est probablement le plus grand des acteurs, le dernier monstre sacré du cinéma.
00:41 Nous ne pouvons plus rester muet face au lynchage qui s'abat sur lui, face au torrent de haine qui se déverse sur sa personne."
00:48 Parmi les signataires, des acteurs comme Pierre Richard, Gérard Darmon, Nathalie Baye ou Benoît Poulvorde,
00:54 mais aussi des chanteurs comme Jacques Dutronc, Ariel Dombal ou Carla Bruni.
00:59 "Lorsqu'on s'en prend ainsi à Gérard Depardieu, c'est l'art que l'on attaque.
01:03 Par son génie d'acteur, Gérard Depardieu participe au rayonnement artistique de notre pays."
01:08 Mis en examen pour viol depuis 2020, Gérard Depardieu est aussi confronté à une vague de critiques depuis la diffusion d'un reportage sur France Télévisions
01:17 dans lequel l'acteur multiplie les propos à caractère sexuel.
01:21 Dans cette tribune, les artistes appellent au respect de la présomption d'innocence.
01:26 "Quoi qu'il arrive, personne ne pourra jamais effacer la trace indélébile de son oeuvre dont notre époque et tout a jamais marqué.
01:33 Le reste, tout le reste, concerne la justice, que la justice, exclusivement."
01:38 Saphie Jully, mais aussi Emmanuel Macron, avait déjà pris publiquement la parole pour défendre l'acteur,
01:43 alors que sa statue de cire a été retirée du musée Grévin.
01:48 De nombreuses personnes ont réagi à cette tribune, et notamment Sandrine Rousseau.
01:54 Voici ce qu'elle dit.
01:55 "Le viol fait-il partie de l'oeuvre quand c'est un artiste qui le produit ?"
01:59 On arrive à l'éternelle question du "faut-il séparer l'oeuvre de l'artiste ?" Nathan Devers.
02:06 Oui, éternelle question.
02:07 Éternelle question, d'abord, qui est très importante d'un point de vue même artistique.
02:09 Est-ce que l'artiste est le même moi que le moi individuel qui s'y manifeste ?
02:14 C'est la théorie de Proust dans "Le Contre-Sein de Boeuf".
02:16 Le livre est le produit d'un autre moi que celui que nous manifestons dans la société,
02:20 dans nos habitudes, dans nos vices.
02:21 Pour ma part, je le disais tout à l'heure, mais je suis favorable au fait de séparer l'oeuvre de l'artiste.
02:26 Ça veut dire qu'un artiste, je ne sais pas, Jean-Ferr... Louis Ferdinand Céline,
02:29 dont on connaît tous les actions et les paroles pendant la Seconde Guerre mondiale,
02:33 moi, ça ne m'empêche absolument pas de lire son oeuvre,
02:36 et cette distance-là me semble importante.
02:38 Que face à Gérard Depardieu ou face à n'importe quel artiste,
02:41 on puisse estimer que l'oeuvre, il faut continuer de la lire, de la regarder,
02:44 de l'étudier, de la penser, de la critiquer aussi, c'est important.
02:47 Défendre une oeuvre...
02:50 Quand un artiste est mis en cause, vouloir créer cette séparation
02:55 en défendant, en invoquant le fait que c'est un grand artiste,
02:56 ça me semble beaucoup plus problématique.
02:58 - Jean-Christophe ? - Moi, je fais très attention,
02:59 parce qu'effectivement, je connais moi aussi un syndicaliste policier qui a subi...
03:04 Il s'appelle Luc, il se reconnaîtra, je sais qu'il m'a envoyé un petit texto tout à l'heure,
03:07 et qui a subi justement la vindicte populaire
03:10 parce qu'il a dit une phrase malheureuse qu'il ne pensait pas,
03:13 puisqu'en plus, c'est quelqu'un de très humaniste.
03:15 Et donc derrière, il y a eu un acharnement médiatique populaire contre lui,
03:19 qui a bouleversé sa vie, celle de sa famille.
03:22 Et donc, en fait, encore une fois, il est passé dans un jugement médiatique
03:26 qu'il n'a jamais pu contrôler.
03:28 Et donc, il faut faire très attention à les "on dit, il n'y a qu'à",
03:31 "il faut que", et les "la dit, la fait".
03:33 Voilà, comme on dit à la Ligue de la Réunion, "la dit, la fait", voilà.
03:35 Mais moi, encore une fois, on veut des preuves.
03:37 Et là, quand je vois le tweet de Mme Rousseau,
03:39 ça veut dire que le jugement est tombé, en fait.
03:41 - C'est ça. - Donc, elle a déjà...
03:42 Elle a lu dans le mar de café, elle a contacté la voyante,
03:46 et c'est bon, elle le sait.
03:47 Et c'est un peu l'impression que donne ce tribunal populaire.
03:49 Depuis la diffusion de ce reportage à la télévision,
03:52 on a l'impression que le procès est terminé.
03:54 Hector Lajoigny.
03:55 Ce qui est scandaleux dans le tweet de Sandrine Rousseau,
03:58 c'est qu'elle oublie que jamais une accusation n'est la preuve de rien.
04:03 Il est accusé de viol.
04:04 Bon, ben certes, si moi, demain, j'accuse Sandrine Rousseau de violence dans la rue,
04:08 ça ne veut pas dire qu'elle les a commises.
04:09 Ça veut dire qu'elle est accusée.
04:11 Et là, elle donne l'impression qu'elle a lu le dossier,
04:14 mais elle n'a pas lu le dossier.
04:15 Personne sur cette table n'a lu le dossier.
04:17 Par définition, il y a un secret de l'enquête et de l'instruction.
04:20 Donc, on ne sait pas s'il sera ou non condamné à la fin.
04:24 Mais pour l'instant, il est présumé innocent,
04:26 et c'est scandaleux qu'un député de la République
04:29 viole à ce point l'État de droit.
04:31 Et encore une fois, il est condamné pour viol et agression sexuelle.
04:34 Il ne faut pas l'oublier.
04:35 La seule chose, c'est qu'effectivement, le tribunal populaire qui...
04:39 - Il n'est pas condamné. - Il n'est pas condamné.
04:42 Il est suspecté de viol et agression sexuelle.
04:46 Il y a une enquête qui est ouverte.
04:48 Et effectivement, depuis la diffusion de ce reportage à la télévision,
04:52 tout le monde lui tombe dessus.
04:52 Un dernier mot très rapide, Amine, sur ce sujet.
04:54 Oui, simplement, au-delà des considérations politiques,
04:57 morales, artistiques, culturelles,
05:00 je crois que le parquet de Paris
05:02 et que l'institution judiciaire tout court
05:05 doit arrêter de poursuivre des faits
05:08 qui, en l'apparence, peuvent apparaître prescrits.
05:12 La deuxième plainte qui concerne M. Depardieu,
05:15 avec tout le respect que j'ai pour les victimes de violences sexistes,
05:17 de violences conjugales,
05:19 concerne des faits qui sont prescrits.
05:20 Et c'est quand même insupportable,
05:22 parce qu'on vient ici placer les victimes
05:24 dans une position d'éternelle victime,
05:26 alors qu'elles n'auront jamais justice,
05:29 puisque les faits sont prescrits.
05:30 Et à ce titre, il y a un brillant livre.
05:32 Je vais mettre Marie Dosé, qui s'appelle "Éloge à la prescription",
05:34 qui renvoie justement aux associations féministes
05:37 cette question-là, qui est quand même sidérante.
05:38 Merci beaucoup, Amine Elbaïe, d'avoir été avec nous ce soir.
05:41 Juriste Nathan Devers, écrivain Hector Lajoigny, avocat.
05:44 Merci d'avoir été sur ce plateau.
05:46 Et puis Jean-Christophe Couvy, secrétaire national du syndicat de police unité SGP.
05:51 C'est la fin de ce punchline.
05:53 Merci à tous de nous avoir suivis.
05:54 J'aurais le plaisir de vous retrouver une nouvelle fois demain,
05:56 à partir sur nos antennes, bien sûr, dans un instant, sur Europe 1.
05:59 Vous avez rendez-vous avec Hélène Zellani pour Europe 1 soir.
06:03 Et puis sur CNews, c'est Face à l'info,
06:04 présenté par Élodie Huchard.
06:06 Très belle soirée à vous.
06:08 Europe 1, 18h-19h.
06:11 Punchline, Mickael Dorian.

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