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Anne Fulda reçoit le Docteur Nasio pour son livre «10 histoires de vie, de souffrance et d’amour» dans #HDLivres

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Transcription
00:00 Bienvenue à l'heure des livres, Jean-David Nazio, dit le docteur Nazio.
00:04 Alors on vous connaît, vous êtes psychiatre, vous êtes psychanalyste,
00:08 vous avez déjà écrit de nombreux livres, 35 qui ont été traduits dans beaucoup de langues, 14 je crois,
00:13 et vous venez de publier "10 histoires de vie, de souffrance et d'amour",
00:17 un livre qui est paru aux éditions Gallimard en partenariat avec les éditions France Inter.
00:22 Alors un livre dans lequel vous avez choisi de raconter 10 cas que vous avez traités,
00:27 l'histoire de 10 patients qui ont fini leur analyse et dont l'analyse a été un succès.
00:33 Alors première question, est-ce que c'est une manière de répondre à cette remise en cause
00:38 qui est un peu dans l'air du temps depuis quelques années, remise en cause de la psychanalyse ?
00:42 Non, c'était une envie de restituer, de raconter ce que je fais.
00:50 Je dirais que je suis un échantillon des centaines de professionnels qui travaillent comme moi.
00:57 Et donc j'avais envie de dire au public, aux lecteurs, voici comment je travaille,
01:03 qu'ils voient que je travaille avec mon être.
01:06 Pour moi la formule Anne Fulda, c'est un psychanalyste ne soigne pas avec ce qu'il dit,
01:14 ne soigne pas avec ce qu'il fait, il soigne avec ce qu'il est.
01:20 Et pour moi, je voulais montrer qui je suis.
01:24 Alors vous vouliez montrer qui vous êtes, vous montrez aussi d'une certaine façon ce qu'est concrètement la psychanalyse,
01:30 qui est entourée de beaucoup de clichés, souvent à côté de la plaque.
01:36 Alors bon, il y a ce côté que vous évoquez un peu, mais il y a la nécessité de donner de l'argent,
01:43 concrètement, matériellement.
01:46 Et puis il y a ce divan, ce fameux divan, qui n'est pas indispensable.
01:51 Ce n'est pas indispensable, et je vous arrête tout de suite.
01:54 Ce n'est pas indispensable qu'on me paye en espèces, quoi que ce soit.
01:58 Beaucoup de patients me payent en chèque, c'est tout à fait normal, ou en espèces, ça dépend.
02:06 Donc pour moi, ce n'est pas très important le paiement.
02:10 - Mais ça fait partie des clichés. - Ça fait partie des clichés.
02:13 - Comme le divan.
02:14 Parce que, alors effectivement, concernant le divan, vous expliquez que ce n'est pas une obligation,
02:18 et qu'il peut y avoir des analyses qui se font même en extérieur.
02:22 D'ailleurs, vous donnez le cas de Mathieu, qui est l'un de vos patients,
02:26 qui est atteint de phobie scolaire, et vous arrivez à l'aider en allant sur les lieux avec lui.
02:33 - Absolument. - Racontez-nous ce cas.
02:35 - Mathieu, c'est un garçon de 10 ans qui souffre d'une phobie scolaire,
02:41 qui est très fréquente, la phobie scolaire.
02:43 Beaucoup de mères qui nous regardent vont dire, oui, effectivement, mon enfant souffre de ces problèmes.
02:50 L'enfant ne peut pas y aller, ne peut pas aller à l'école.
02:54 Et quand il arrive à l'école, commence à sentir une angoisse forte.
02:58 Et donc, je travaillais beaucoup avec Mathieu,
03:01 et un jour, voyant que je ne réussissais pas dans mon cabinet,
03:06 je me suis dit, il faut que j'y aille avec lui, sur le lieu de son tourment, si je peux dire ainsi.
03:13 Et je demandais au père de venir me chercher à 8h du matin, avec Mathieu, le chat, très important, le chat.
03:22 Et nous sommes partis tous les quatre, avec le chat.
03:26 La maman suivait ça de très près.
03:28 À l'époque, il n'y avait pas de portable.
03:31 Et bien, nous sommes arrivés devant le portail de l'école.
03:34 Mais avant d'arriver au portail de l'école, en fil d'œil, nous sommes arrivés au feu rouge.
03:40 Et là, Mathieu, sans l'angoisse, il dit, papa, arrête, arrête, arrête.
03:45 Nous sommes descendus, nous sommes allés prendre un café.
03:48 Nous avons attendu que tout le monde rentre, tous les élèves rentrent.
03:52 Et une fois tranquille, nous avons traversé la rue et il était très inquiet, bien sûr.
03:59 Mais assuré ou protégé par le père, par moi et par le chat, le chat était dans les bras du père.
04:06 Nous sommes arrivés au portail et je lui ai montré, je lui ai fait toucher le portail.
04:11 C'était très important de toucher le portail.
04:14 Alors, c'est très émouvant parce que lui touchait le portail et il croyait que,
04:20 en touchant le portail, il pouvait entrer.
04:22 Alors il me dit, est-ce que je peux entrer ? Non, pas maintenant.
04:25 J'ai demandé au père, je ne suis plus venu l'accompagner.
04:30 Et j'ai demandé au père de refaire cette opération de nombreuses fois.
04:34 Et je vous assure, un soldat, que ça, c'était formidable.
04:38 J'ai réussi avec cet enfant.
04:40 Alors, il y a d'autres cas, vous évoquez d'autres cas, l'anorexie mentale d'Angèle,
04:44 les pulsions infanticides de Muriel, les névroses de Lucie.
04:47 On n'aura pas le temps de les évoquer.
04:49 Pourquoi avez-vous choisi ces cas-là ?
04:51 Est-ce parce que ce sont des succès ?
04:53 Est-ce qu'une analyse aussi peut échouer parfois ?
04:56 L'analyse peut échouer.
04:59 Tout peut échouer.
05:01 Alors, pourquoi avez-vous choisi ces dix ?
05:04 Parce que ce sont des cas qui sont restés dans ma mémoire, qui m'ont marqué.
05:10 Et je trouvais que j'étais très présent dans ces cas.
05:13 Et je voulais montrer des cas, pas seulement parce que j'avais réussi,
05:18 mais pour que, comme je le disais tout à l'heure,
05:21 pour qu'on voit comment je suis dans la relation avec mes patients.
05:24 Je suis un psychanalyste qui essaye d'être proche de ses patients.
05:29 Proche au niveau, en sens propre, je m'assois très près du patient,
05:34 ou au sens figuré, c'est-à-dire que je me sens toujours proche d'eux.
05:39 Et être proche, c'est d'essayer de sentir ce que sent l'autre qui est en face de moi.
05:47 Pardonnez-moi, je vous prends comme exemple.
05:50 J'essaye de sentir ce que vous sentez en ce moment.
05:54 Et je ne le fais pas d'habitude avec tout le monde,
05:57 mais c'est pour que le téléspectateur comprenne l'essent d'être proche,
06:03 mentalement et avec le cœur.
06:05 Avec le risque de devenir trop proche de son psychanalyste,
06:09 en ce sens dépendant de son psychanalyste, un peu à la Woody Allen.
06:12 Mais ça c'est encore une autre histoire.
06:14 Vous savez, j'ai 58 ans de métier, on arrive à être un bon professionnel.
06:19 Je dirais que quel que soit le professionnel qui a travaillé tant d'années
06:23 est nécessairement un bon professionnel.
06:26 Oui, mais ce que je veux dire c'est une dépendance.
06:29 Ça peut créer, effectivement.
06:31 Je dirais que surtout si vous ne connaissez pas finalement ce que peut être la psychanalyse,
06:36 10 histoires de vie, de souffrance et d'amour, c'est donc paru chez Gallimard.
06:40 Merci beaucoup Jean-David Nazio.
06:42 Merci à vous.
06:44 [Musique]
06:48 [SILENCE]

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