L'Huisne _la rivière du Perche_
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00:00:00 "La vie est une histoire" (Piano)
00:00:19 (Bruit de moteur)
00:00:29 - René ! René ! Attends-moi !
00:00:32 - Ah c'est toi Michel ! Qu'est-ce que tu fais là ?
00:00:37 - Bah je te raccompagne !
00:00:39 - Oui bah je te raccompagne, tu me raccompagnes !
00:00:43 - Tu sais, j'ai fait un moulin en haut.
00:00:45 - Ah oui, tu me le montres ? Je l'ai planqué dans le garage.
00:00:48 - Va me voir, tu dépasses le moulin.
00:00:52 - Il est en haut, je te le passe.
00:00:58 - Tiens !
00:00:59 - Attention, c'est fragile. - D'accord.
00:01:03 - Et comment ça marche ?
00:01:08 - Passe-toche ! Viens, on va aller sur l'huile.
00:01:10 - Regarde, c'est là.
00:01:15 - Oh, c'est beau !
00:01:17 - Ouais, t'as vu ça ?
00:01:18 - Attends, on va enlever nos chaussures.
00:01:20 - Tiens, regarde, on a pas de chaussures.
00:01:24 - Ah ouais, c'est pas mal.
00:01:25 - Tiens, regarde, on a pas besoin des fourches, c'est un truc.
00:01:28 - Ah d'accord.
00:01:29 - On va aller sur le bord.
00:01:32 - Passe-moi le gros caillou, là.
00:01:35 - Celui-là ?
00:01:36 - Oui.
00:01:37 - Merci.
00:01:38 - Regarde, ça marche !
00:01:46 - Bon bah maintenant, tu me raccompagnes.
00:01:53 - On a cru longtemps que l'huile prenait sa source à Mortagne.
00:01:56 Et ces enfants du début du siècle dernier pensaient,
00:01:59 innocemment, que c'était sur l'huile qu'ils faisaient tourner
00:02:02 leurs petits moulins à eau.
00:02:04 C'est au cours du XXe siècle que des recherches
00:02:07 permirent de découvrir la vérité.
00:02:09 Il ne s'agissait pas de l'huile, mais d'un de ses petits affluents.
00:02:13 C'est ainsi que Mortagne a plusieurs fois changé de nom.
00:02:16 - Pendant des siècles, Mortagne s'est appelée
00:02:19 Mortagne, s'écrivait d'ailleurs Morteigne, M-O-R-T-A-I-G-N-E,
00:02:23 mais on prononçait bien Mortagne à l'époque.
00:02:26 Et au début du XIXe siècle, la Poste a commencé à s'organiser.
00:02:30 Les courriers circulaient, on pouvait envoyer une lettre
00:02:33 à une adresse précise.
00:02:35 Le problème, c'est qu'il y avait plusieurs Mortagnes en France.
00:02:38 Alors le ministère qui était en charge du courrier,
00:02:42 de la Poste, a demandé aux communes qui portaient
00:02:45 le même nom de se distinguer.
00:02:48 Et c'est en 1838 que le conseil municipal de l'époque
00:02:52 a décidé que Mortagne allait s'appeler Mortagne-sur-Huynes.
00:02:56 Parce qu'on croyait à l'époque que l'huine prenait naissance
00:03:00 sur la commune de Mortagne.
00:03:03 Et en fait, la petite rivière qui prend naissance à Mortagne
00:03:07 était un affluent.
00:03:09 Pour autant, Mortagne-sur-Huynes était inscrite
00:03:12 dans le marbre.
00:03:15 Un certain nombre de documents administratifs faisaient figurer
00:03:18 le nom de Mortagne-sur-Huynes.
00:03:20 Les cartes postales, par milliers, par dizaines de milliers à l'époque,
00:03:24 affichaient Mortagne-sur-Huynes.
00:03:26 Le tampon de la Poste également.
00:03:28 Et donc, il a fallu du temps pour revoir la question.
00:03:32 Il y avait à Mortagne une société savante,
00:03:35 la Société d'Histoire et d'Archéologie de Mortagne,
00:03:38 qui s'est penchée sur la question,
00:03:40 et qui a vraiment établi que l'huine prenait sa source
00:03:44 non pas ici à Mortagne, mais à la Périère.
00:03:47 La Société d'Histoire et d'Archéologie propose
00:03:50 le nom de Mortagne-aux-Perches, le 8 février 1923,
00:03:54 et 15 jours plus tard, le 23 février,
00:03:57 le Conseil municipal, par 18 voix contre 4,
00:04:01 décide que Mortagne va s'appeler Mortagne-aux-Perches.
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00:04:55 -La Perche est une région verdoyante
00:04:57 composée de vallons, de plateaux, de collines,
00:05:00 à l'écart du stress de la vie urbaine.
00:05:03 L'huine en est la rivière principale
00:05:06 qui traverse 3 départements,
00:05:08 Lornes, le Réloir et la Sarthe.
00:05:11 Elle décrit un arc du nord-est vers le sud-ouest.
00:05:15 Long de plus de 160 km, elle rejoint la Sarthe au Mans.
00:05:22 De nombreux effluents l'alimentent,
00:05:25 dont la mème, la corbione, la cloche,
00:05:28 formant ainsi un réseau hydrographique de près de 1 800 km.
00:05:51 Après le commencement de l'huine,
00:05:53 l'eau s'écoule lentement des entrailles de la terre.
00:05:56 La rivière se manifeste à la lumière du jour
00:05:59 sur les hauteurs du Perche par 3 minuscules mars.
00:06:02 Le lieu de naissance exact de la rivière
00:06:05 se situe au nord-ouest de la forêt de Bellem,
00:06:08 sur la commune de la Perrière,
00:06:10 dans la quiétude des Grasses-Prairies-Percheronnes.
00:06:14 Elle se faufile alors tranquillement
00:06:17 entre deux rangées d'arbustes
00:06:19 où son filet d'eau continue son cours
00:06:22 au gré des vallées qui se sont creusées à travers les collines.
00:06:26 Et de là, elle emprunte la grande faille du Perche
00:06:30 pour rejoindre la Sarthe.
00:06:34 Ayant ainsi localisé sa source,
00:06:36 nous allons maintenant descendre l'huine
00:06:39 jusqu'à la Ferté-Bernard.
00:06:41 La rivière nous a révélé son histoire.
00:06:44 Elle est la plus grande rivière de l'Huile,
00:06:47 la plus grande rivière de l'Huile,
00:06:49 et la plus grande rivière de l'Huile.
00:06:52 Elle est la plus grande rivière de l'Huile,
00:06:55 et la plus grande rivière de l'Huile.
00:06:58 Elle est la plus grande rivière de l'Huile,
00:07:01 et la plus grande rivière de l'Huile.
00:07:04 La rivière nous a révélé son histoire,
00:07:07 son architecture, sa faune, sa flore, ses traditions.
00:07:10 Toutes ces recherches nous ont permis
00:07:13 de rencontrer des personnages attachants
00:07:16 et de nous connecter à la nature
00:07:19 en découvrant des paysages à la lumière changeante
00:07:22 selon les saisons et les caprices du temps.
00:07:25 Mais comment s'est formée la vallée de l'Huile ?
00:07:28 Nous sommes sur la digue de Margon,
00:07:31 un ouvrage qui a été édifié sur le cours de l'Huile
00:07:34 et sur sa vallée pour préserver les populations
00:07:37 qui se trouvent en aval des crues un peu extrêmes
00:07:40 qui pourraient un jour advenir.
00:07:43 L'intérêt de cette digue, c'est qu'elle permet
00:07:46 d'avoir une vue d'ensemble sur l'étendue de cette vallée,
00:07:49 une vallée extrêmement large, une vallée très plane
00:07:52 qui correspond à ce qu'on appelle le lit majeur de la rivière,
00:07:55 c'est-à-dire la partie sur laquelle les eaux des crues
00:07:58 vont s'expanser et venir lécher en quelque sorte
00:08:01 les deux versants, boisés et bocagés,
00:08:04 qui se trouvent de part et d'autre de cette vallée.
00:08:07 Nous avons donc une vallée relativement plane
00:08:10 de près de 800 m de large
00:08:13 qui permet aux eaux de l'huile en période de crue
00:08:16 de pouvoir prendre leurs aises.
00:08:19 C'est ce qu'on appelle le lit majeur.
00:08:22 En période normale, l'huile coule dans ce que l'on appelle son lit mineur.
00:08:26 Cette configuration de la vallée de l'huile est particulière.
00:08:29 La fabrication de cette vallée est intimement liée à la géologie
00:08:32 et à la façon dont la géologie a évolué
00:08:35 au fil des milliers, voire des millions d'années.
00:08:38 Il se trouve que l'huile s'est mise à couler
00:08:41 il y a fort longtemps à la faveur de la création de l'eau.
00:08:44 C'est ce qu'on appelle le lit mineur.
00:08:47 En période normale, l'huile coule dans ce que l'on appelle son lit mineur.
00:08:50 La géologie s'est mise à couler il y a fort longtemps
00:08:53 à la faveur de la création d'une faille dans les éléments géologiques.
00:08:56 Cela m'amène à dire que la géologie du Perche, en général,
00:08:59 et de l'huile en particulier, est une géologie sédimentaire.
00:09:02 Ce qui veut dire que les éléments géologiques que nous avons sous nos pieds
00:09:05 à l'endroit où nous nous trouvons, sont essentiellement des choses
00:09:08 qui ont été apportées bien souvent par la présence de la mer.
00:09:11 La mer a été présente dans le Perche à plusieurs reprises
00:09:14 et à la faveur de sa présence, il y a un certain nombre d'éléments
00:09:17 qui se sont déposés dans le fond de cette mer.
00:09:20 Lorsque la mer s'est retirée, les sédiments sont restés en l'état.
00:09:26 Le problème, c'est que ces sédiments reposaient sur un socle
00:09:29 qui lui-même, à la faveur de ce qu'on appelle la tectonique des plaques,
00:09:32 ce socle a bougé, s'est fracturé et que par conséquent,
00:09:35 certains éléments sédimentaires qui se trouvaient déposés sur ce socle
00:09:39 ont baissé de niveau et d'autres ont remonté de niveau
00:09:44 en fonction des fractures qu'a connues le socle sur lequel
00:09:47 ces sédiments s'étaient déposés.
00:09:49 C'est comme ça que l'huile a commencé à créer sa vallée
00:09:52 dans ce compartiment effondré.
00:09:55 La géologie de la vallée de l'huile et du Perche en général
00:10:10 explique pourquoi l'huile ne présente pas de grandes variations
00:10:15 de son niveau entre les périodes très arrosées et les périodes plus sèches.
00:10:19 En effet, lorsque la pluie tombe à la fois sur la vallée et sur les versants,
00:10:24 elle va ruisseler pour une partie sur les versants pour venir alimenter
00:10:28 la rivière elle-même, mais la majeure partie de cette eau de pluie
00:10:31 qui tombe finit par rentrer dans ces couches géologiques
00:10:35 qui sont essentiellement constituées de sable et de craie.
00:10:38 80% de l'eau qui va tomber va percoler, c'est-à-dire va rentrer dans la terre,
00:10:43 dans les couches géologiques et venir constituer
00:10:46 ce que l'on appelle les nappes phréatiques.
00:10:48 Et lorsque cette eau est bien contenue dans ces nappes,
00:10:51 que les nappes ont fait le plein, l'alimentation de la rivière
00:10:55 se fait alors de manière permanente.
00:10:58 Quand bien même nous entrerions dans une période de séchesse,
00:11:01 l'eau qui a rempli les nappes phréatiques pendant la période hivernale
00:11:05 est petit à petit relâchée progressivement dans le lit mineur
00:11:09 de la rivière, de l'huile, et par conséquent,
00:11:12 celle-ci est toujours alimentée en eau.
00:11:15 On dit souvent que l'huile est la colonne vertébrale du Perche,
00:11:19 elle en est la rivière nourricière, et son nom vient très probablement de ça.
00:11:26 On l'a surnommée déjà la nourricière, puisque dès le IXe siècle,
00:11:31 les premiers noms de l'huile qu'on va trouver dans les textes anciens,
00:11:34 c'est Idonia, Idonea, qui dérivent probablement d'un Ituna celte,
00:11:39 et on connaît les dieux Itonos, Pituna, qui sont les déesses nourricières.
00:11:44 Donc l'huile tient son nom probablement de cette force nourricière
00:11:48 qu'elle possédait déjà à l'époque.
00:11:50 Et puis ensuite ce nom Idonia est devenu Ionia,
00:11:55 qui a été francisé en Iegne, qu'on trouve encore dans certains textes,
00:11:59 et enfin de Iegne, on est venu à Huynh,
00:12:02 et c'est comme ça qu'aujourd'hui Huynh en est arrivé à porter son nom,
00:12:05 mais avec très probablement cette origine de la rivière nourricière,
00:12:09 la rivière poissonneuse certainement.
00:12:11 Au cours des siècles, Huynh a creusé son lit entre les sédiments,
00:12:25 dessinant de superbes méandres qui en font d'ainsi une belle rivière.
00:12:29 Très vite les hommes ont dû, pour la traversée,
00:12:33 construire des ouvrages d'art, dont certains restent aujourd'hui
00:12:36 de magnifiques et émouvants témoignages du passé.
00:12:39 Parler du pont de Mauve, c'est évoquer deux pages d'histoire.
00:12:44 La première, c'est comprendre d'abord le site de Mauve
00:12:50 qui est enserré dans une boucle de l'huile,
00:12:53 qui de tout temps a été propice à la fortification,
00:12:56 c'est la raison pour laquelle dès le 9e, 10e siècle,
00:13:00 on a construit une boîte féodale, un château.
00:13:03 Mais c'est aussi comprendre que cette boucle, c'est un cul-de-sac.
00:13:07 On ne peut pas traverser Mauve au Moyen-Âge.
00:13:10 On descend une partie du Bourg, mais pour en ressortir
00:13:13 et repartir sur Balême, il faut remonter et prendre un autre itinéraire.
00:13:19 Et c'est la raison pour laquelle on appelle Mauve, Malavia,
00:13:23 la Mauvaise Voie.
00:13:26 C'est donc progressivement que le Bourg va devenir un axe de passage
00:13:32 avec cette grande avenue centrale que l'on connaît aujourd'hui.
00:13:36 On va donc drainer les marécages qui sont dans le bas du Bourg de deux manières.
00:13:42 La première manière, c'est que d'abord on construit un moulin.
00:13:45 Et quand on construit un moulin, il faut créer un bradeau,
00:13:47 il faut créer un bief, il faut créer une chute.
00:13:50 Et en quelque sorte, on assainit malgré tout le terrain.
00:13:54 Et ce moulin, il faut y accéder.
00:13:56 Donc on crée déjà une première voie de communication,
00:13:59 mais qui devait être assez précaire.
00:14:01 Aussi au XVIIe siècle, on arrive dans une phase nouvelle,
00:14:08 à savoir que Pierre de Catinat décide de se faire construire
00:14:13 un château à la Fauconnerie.
00:14:15 Donc il est devenu le seigneur.
00:14:17 Et donc il s'interroge aussi sur la façon de relier
00:14:22 la Fauconnerie et Mauve.
00:14:25 Il va s'interroger pour envisager la construction d'un pont,
00:14:29 mais évidemment, il demande l'autorisation au roi de France.
00:14:32 Et c'est en fait une commande royale qui va permettre la construction
00:14:37 de ce qu'on appelle le pont Catinat.
00:14:39 On a longtemps pensé que le pont de Mauve avait été construit en 1610.
00:14:44 Mais en fait, on sait par un acte de commande
00:14:49 auprès de l'administration royale, qu'il date des années 1620-1621.
00:14:58 Et il va complètement bouleverser la physionomie du bourg de Mauve,
00:15:05 qui d'un seul coup devient un bourg passager,
00:15:08 alors qu'avant c'était un cul-de-sac.
00:15:11 On va voir se développer beaucoup plus d'artisanat.
00:15:15 Il y a tout un monde d'auberges, de cafés.
00:15:19 Alors c'est un pont à cinq arches, extrêmement résistant.
00:15:24 Je me suis toujours interrogé pour savoir comment étaient faites les fondations,
00:15:28 parce que ce sont des zones humides.
00:15:31 Et on voit bien que ce pont, malgré les aléas, a parfaitement tenu
00:15:36 et assure maintenant la liaison par le bas du bourg de Mauve.
00:15:41 Donc Mauve n'est plus la mauvaise voie, en quelque sorte.
00:15:44 - La commune de Rémalard doit également son nom au guet,
00:15:48 ce point de passage qui permettait de traverser la rivière.
00:15:51 - On est ici à Rémalard-en-Perche, réunion des trois anciennes communes
00:15:55 de Bellou sur Huynes, Rémalard et Dorsaud.
00:15:58 Et ce qui est amusant, c'est qu'ici, les trois noms de ces villages
00:16:02 sont directement liés à Huynes.
00:16:04 Bellou, c'est très probablement le lieu où poussait la berle,
00:16:08 une sorte de cresson sauvage.
00:16:11 Rémalard vient d'un vieux mot gaulois, "ritou",
00:16:15 qu'on va retrouver dans des langues anglaises ou allemandes, "to ride".
00:16:19 Le cavalier, le "reiter" en allemand, tout ça, c'est cette vieille origine
00:16:24 du passage, du lieu de passage, et en l'occurrence ici, un passage de rivière.
00:16:28 Donc c'est le "ritou", le guet sur la rivière, avec un qualificatif romain,
00:16:33 le "ritou maleacitus", le "guet mal placé", le point de passage mal placé.
00:16:38 Donc voilà, Rémalard tient son nom de ce point de passage,
00:16:41 où se trouve actuellement le pont qu'on voit derrière moi,
00:16:44 et puis un peu plus en aval, Dorsaud, avec là aussi une origine
00:16:48 probablement celtique, de "duron", qui signifie la porte, le passage,
00:16:53 là aussi, et aujourd'hui, les scientifiques pensent qu'avec ce nom "duron",
00:16:59 on avait aussi la notion d'un passage étroit sur une rivière.
00:17:02 Donc ici, l'huile est très très importante, et elle a évidemment donné son nom à nos villages.
00:17:06 Les ponts ne sont cependant pas les seules constructions qui ornent
00:17:11 et animent le cours de l'huile. De nombreux moulins y ont été installés
00:17:15 au fil des siècles, permettant l'établissement de toutes sortes d'industries.
00:17:19 Aujourd'hui encore, on en retrouve des vestiges plus ou moins bien conservés.
00:17:24 Là, nous sommes en amont de la ville, et c'est ici qu'arrive la rivière Luyne,
00:17:31 qui arrive du Thaï, et c'est ici que se font le partage des eaux.
00:17:36 Vous avez un bras qui s'en va vers la porte de ville,
00:17:39 qui va baigner les fortifications de la Ferté, alimenter le moulin du Pavillon,
00:17:46 qui était certainement le plus vieux moulin de la ville,
00:17:51 puisque c'était le moulin qui était proche du château,
00:17:54 qui a certainement été un moulin à blé pendant très très longtemps.
00:17:59 Et l'autre cours, qui est un cours forcé, qui va desservir les grands moulins.
00:18:04 Et ici, nous sommes à la cartonnerie des Calots.
00:18:07 A l'origine, c'était un petit moulin à blé.
00:18:11 On a une petite gravure de Léopold Charles qui le montre.
00:18:17 Au fil des ans, il a été perfectionné.
00:18:20 Ce moulin-là a fourni de l'électricité pendant un temps,
00:18:23 et puis il est devenu, dans les années 30, une cartonnerie.
00:18:28 Alors sur la Ferté-Bernard, on trouve des moulins à blé, un moulin à foulon.
00:18:35 Le moulin à foulon, c'est le moulin qui foulait les draps,
00:18:40 puisque la Ferté-Bernard était une ville de tisserands.
00:18:44 On a aussi un moulin à tant, qui a produit du tant pour les tanneurs.
00:18:49 On a eu beaucoup de tanneries à la Ferté-Bernard.
00:18:52 Ici, nous sommes sur le site du moulin du foulon, qui a complètement disparu.
00:18:58 Il reste les vannages qui ont été refaits.
00:19:01 Autrefois, c'était des vannages à crémaillère.
00:19:04 Ce barrage-là fait partie de l'ancien système de défense de la ville de la Ferté.
00:19:11 Nous sommes sur un site marécageux, un site de plaine.
00:19:15 En cas d'attaque, on fermait les vannes, et ça inondait la plaine.
00:19:20 - L'usage du moulin traditionnel s'est perdu
00:19:23 avec la généralisation d'autres énergies,
00:19:26 l'électricité et le pétrole, bien sûr.
00:19:29 Des passionnés ont su conserver ce patrimoine
00:19:32 comme ce moulin en parfait état de fonctionnement
00:19:35 que l'on trouvait autrefois dans le Perche.
00:19:38 La fierté de ces propriétaires est à la hauteur
00:19:41 de la beauté du lieu et de sa restauration.
00:19:44 - Ce moulin est né en 1850, à l'époque de Napoléon III.
00:19:49 Napoléon III était président de la République
00:19:52 et c'est lui qui avait signé les actes de construction
00:19:55 et notamment le récollement du vannage,
00:19:58 parce qu'il y a encore ces papiers-là dans les archives.
00:20:01 Le récollement de la rivière a été signé par Louis-Napoléon Bonaparte
00:20:05 au palais de l'Elysée.
00:20:07 Nous, nous avons exploité de 1960 à 1980.
00:20:10 On a restauré le vannage, on a restauré les murs,
00:20:14 et j'ai eu le bonheur d'être classé monument historique
00:20:17 dans les années 80-95.
00:20:19 Alors, pour le branchement de la roue,
00:20:26 on est obligé d'arrêter la rotation, bien entendu,
00:20:29 et on opère comme ça, avec un petit cric,
00:20:32 qui va nous permettre de relever le pignon d'entraînement.
00:20:37 On débloque ici...
00:20:41 et hop, c'est enclenché.
00:20:44 C'était bien conçu.
00:20:47 Nos anciens étaient des craques.
00:20:50 Et voilà, le pignon est branché.
00:20:53 Alors je procède à la rotation de la roue
00:20:57 qui va mettre la meule en marche.
00:21:00 [Musique]
00:21:27 Alors maintenant, la meule est libérée,
00:21:30 et pour permettre le serrage,
00:21:33 on se servait de cette manivelle
00:21:36 qui venait sur l'axe là,
00:21:38 et qui va la faire descendre
00:21:40 pour permettre l'écrasement.
00:21:43 Le grain descendait dans la goulotte,
00:21:47 aussi simple que ça,
00:21:49 et la frappe se faisait automatiquement par la rotation.
00:21:52 Elle était broyée automatiquement.
00:21:56 [Musique]
00:22:01 Je rencontre des gens très intéressants
00:22:04 dans le cadre des associations de patrimoine
00:22:07 qui veulent voir la vie du moulin
00:22:09 et le voir dans son jus.
00:22:11 Savoir que ce métier est devenu un symbole
00:22:15 de la vie de nos campagnes,
00:22:17 et qui ont permis au peuple de survivre,
00:22:21 notamment pendant les deux dernières grandes guerres.
00:22:24 Les gens étaient heureux d'avoir la mouture sur place
00:22:27 pour pouvoir survivre dans nos campagnes.
00:22:30 [Musique]
00:22:37 Depuis longtemps, l'homme a su domestiquer l'énergie de l'eau
00:22:40 grâce à différentes techniques.
00:22:42 Il a également appris à utiliser d'autres sources d'énergie,
00:22:45 entre autres, celle de la puissance animale,
00:22:48 dont l'emblématique cheval percheron,
00:22:50 fierté de la province du Perche,
00:22:52 en est sûrement le meilleur exemple.
00:22:55 La vallée de Luynes est vraiment considérée
00:22:58 comme le berceau de la race percheronne.
00:23:01 En effet, sur ces prairies vertes, très riches,
00:23:04 on retrouve, depuis des temps relativement anciens,
00:23:08 les principales fermes étalonnières percheronnes.
00:23:12 Le Perche, c'est une terre de rivières.
00:23:15 Plusieurs cours d'eau prennent naissance dans le Perche.
00:23:19 C'est un terrain montueux, argileux,
00:23:22 avec un sous-sol calcaire,
00:23:24 et puis, essentiellement, des terres agricoles
00:23:29 et des terres consacrées à l'élevage percheron.
00:23:33 Alors, essentiellement, la réputation du Perche
00:23:36 vient de ces pâtures très, très riches.
00:23:39 On considère que la race percheronne
00:23:44 comme fixée aux alentours de 1800,
00:23:47 c'est-à-dire au début du 19e siècle.
00:23:50 Race fixée, ça veut dire que, en fait,
00:23:52 les chevaux, génération après génération,
00:23:55 reproduisent des critères qui n'évoluent plus.
00:23:58 Voilà, on a une morphologie qui est stable,
00:24:01 une couleur de robe qui est stable.
00:24:03 Donc là, on peut voir quatre jumeaux poulinières
00:24:08 avec les différentes robes qu'on puisse trouver
00:24:11 dans l'élevage percheron.
00:24:13 Donc du gris clair au gris pommelé
00:24:15 en passant par le noir.
00:24:17 Donc quatre jumeaux suités de leur poulain
00:24:20 avec des poulains gris foncé ou noir.
00:24:23 Donc des poulains qui naissent noirs
00:24:26 vont rester gris foncé
00:24:28 et, en fait, un poulain noir, il naît gris souris.
00:24:31 Et donc le noir ne bouge pas, à toute sa vie,
00:24:34 il sera noir.
00:24:35 Les jumeaux grises, les robes vont évoluer
00:24:38 tous les ans, dès qu'elles vont mûres, en fait.
00:24:41 Au niveau des tailles, on a des tailles
00:24:43 de 60 à 1,90 m.
00:24:45 Des chevaux diligenciers qui sont un petit peu plus légers,
00:24:47 plus aptes à l'utilisation.
00:24:49 La durée de vie du percheron,
00:24:51 en moyenne, on va dire une vingtaine d'années.
00:24:54 Le cheval percheron a eu plusieurs vies, en fait.
00:24:58 Avant le XXe siècle et au cours du XVIIIe siècle,
00:25:02 on peut dire que c'était un cheval d'attelage
00:25:05 qui parcourait les routes de France
00:25:07 et qui tractait les diligences.
00:25:10 Et puis ensuite est arrivée la période agricole
00:25:14 du cheval percheron, celle qu'on connaît peut-être le mieux,
00:25:18 effectivement, le laboureur infatigable.
00:25:21 Dans le même temps, c'est aussi le cheval percheron
00:25:23 que l'on retrouve sur le pavé parisien
00:25:26 pour les transports.
00:25:28 Le cheval percheron sera le cheval le plus utilisé
00:25:32 à la compagnie générale des omnibus
00:25:34 qui transportait les Parisiens
00:25:36 dans les rues de la capitale.
00:25:38 Viendra ensuite le déclin après la Seconde Guerre mondiale
00:25:42 où le tracteur remplacera pratiquement,
00:25:45 presque complètement le cheval de trait.
00:25:47 On assiste depuis 1980-90
00:25:51 à une renaissance du cheval percheron.
00:25:54 On le retrouve maintenant dans des activités de loisirs,
00:25:57 l'attelage, on le retrouve aussi un petit peu en équitation
00:26:00 et puis surtout dans des nouvelles utilisations
00:26:02 comme le débardage, le travail dans la vigne,
00:26:05 le maraîchage ou encore le cheval que l'on appelle territorial,
00:26:09 c'est-à-dire qu'on le retrouve dans les villes
00:26:12 ou dans les villages à faire un travail de cantonnier,
00:26:15 par exemple la collecte des déchets.
00:26:18 Faire le choix aujourd'hui d'utiliser le cheval percheron
00:26:23 dans les travaux forestiers implique une motivation patrimoniale.
00:26:27 Il s'agit de sauvegarder la race.
00:26:29 Couplé au guidage de l'homme,
00:26:32 le percheron permet de travailler en ménageant la nature
00:26:35 et en prenant bien soin des sols,
00:26:37 sans énergie fossile ni rejet polluant.
00:26:40 C'est du loisir, donc là c'est vraiment des opérations occasionnelles.
00:26:47 D'où la polyvalence de ces chevaux qui sont aussi bien montés,
00:26:50 attelés en loisirs, en prestation, dans la foule
00:26:54 et ils feront aussi du travail éventuellement dans la vigne.
00:26:58 Et puis là aujourd'hui on est sur une journée de débardage.
00:27:01 L'avantage du cheval, c'est le respect des sols,
00:27:04 notamment dans les zones humides,
00:27:06 contrairement aux engins qui font quand même pas mal de dégâts.
00:27:10 Le cheval est à l'écoute de son meneur,
00:27:14 donc on a deux aides, c'est les guides ou le cordeau
00:27:18 et la voie qui le guide et qui le fait obéir aux ordres qu'on lui donne.
00:27:25 On fait du débardage depuis la tempête de 99 en fait.
00:27:30 Et donc depuis 99, on a fait à peu près une quinzaine de débardages comme ça.
00:27:34 Ça représente, à chaque fois on est à 4 chevaux,
00:27:38 une fois on a été à 6
00:27:40 et on arrive à tasser entre 30 et 40 austères dans la journée.
00:27:44 La forêt couvre 21% du territoire percheron.
00:27:51 C'est sans compter tous les arbres qui bordent somptueusement la rivière
00:27:55 et lui confèrent un charme supplémentaire.
00:27:59 Nous voici dans le lit mineur de Luine pour vous parler du double cordon d'arbres
00:28:05 qui entoure, qui encadre le lit mineur de la rivière.
00:28:10 Et ce double cordon d'arbres, on l'appelle la ripicilve,
00:28:13 c'est-à-dire la forêt de rive.
00:28:15 "Silve" c'est la forêt et "ripic" c'est la rive.
00:28:17 Donc cette double rangée d'arbres et d'arbustes
00:28:21 est essentiellement constituée sous nos latitudes et en bordure de Luine en particulier
00:28:25 d'une essence d'arbres qui s'appelle l'aulne glutine.
00:28:29 A peu près 80% du linéaire de cette forêt de rive est constitué de cet arbre.
00:28:35 Pour autant ce n'est pas la seule essence qui se trouve dans ce double cordon d'arbres.
00:28:39 On peut aussi trouver du chêne, du saul, du noistier,
00:28:44 bref un certain nombre d'arbres et d'arbustes.
00:28:46 Mais la prédominance de l'aulne est quand même marquée.
00:28:49 Ce qui est intéressant avec l'aulne, c'est que là on est vraiment sur un arbre
00:28:55 qui est un féodé au milieu aquatique, qui pousse uniquement près de l'eau.
00:28:59 Mais chez l'aulne aussi il y a ce côté archaïque qu'on va trouver notamment
00:29:04 chez ces petites pommes de pin qu'on appelle les strobiles,
00:29:07 qui montrent que c'est un arbre qui est arrivé au tout début de l'évolution.
00:29:11 Et puis il est au bord de l'eau, donc il a toujours fasciné les hommes.
00:29:15 C'est l'arbre des sorciers, c'est l'arbre des sorcières, c'est l'arbre lié à la mort.
00:29:19 Quand on le coupe, son tronc, son bois jaunâtre va devenir rouge sang.
00:29:23 Donc ça, ça impressionne les hommes.
00:29:25 Et puis, contrairement à la plupart des arbres, il va rester vert jusqu'au moment
00:29:29 où il va perdre ses feuilles. Ses feuilles ne vont pas changer de couleur.
00:29:32 Et pendant l'hiver, alors que tous les autres arbres semblent endormis,
00:29:35 lui va continuer à faire pousser ses chatons, ses strobiles,
00:29:38 qui vont porter les petites fleurs femelles.
00:29:41 Et puis ses bourgeons violets vont se développer à la fin de l'hiver.
00:29:45 Donc c'est un arbre qui a toujours fasciné les hommes.
00:29:48 Et puis il les a intéressés, puisque son bois est imputrécible.
00:29:52 Il n'est pas oublié que la moitié de Venise repose sur des pieux en aulde ou en verne,
00:29:57 comme on dit aussi localement.
00:29:59 Voilà encore une famille d'arbres qu'on va trouver très particulièrement au bord de l'huile.
00:30:06 C'est les saules. Ici, on a Salix alba, le saule blanc,
00:30:10 qui est le plus beau d'entre eux, le plus grand, le plus lumineux, avec ses belles feuilles argentées.
00:30:14 Et puis de tout temps, les hommes ont compris qu'au bord de l'eau,
00:30:17 il y avait des marées, il y avait des maladies, il y avait des fièvres.
00:30:20 Mais il y avait aussi les végétaux pour soigner toutes ces maladies.
00:30:23 Et on a prouvé ensuite plus tard qu'effectivement, le saule avait un composé
00:30:27 qui était capable de lutter contre les fièvres, qui était anti-inflammatoire.
00:30:31 C'est l'acide salicylique qu'on va transformer plus tard en acide acétyl-salicylique
00:30:37 et qui va donner l'aspirine.
00:30:39 C'est l'aspirine végétale, le saule. Donc c'est un arbre très important depuis toujours.
00:30:43 L'arbre épicilve présente un nombre important d'intérêts.
00:30:48 Le premier intérêt qu'on peut y voir, c'est que les arbres qui constituent cette forêt de rive,
00:30:55 et en particulier l'Aulne, ont un système racinaire extrêmement dense
00:31:00 qui va faire que l'érosion spontanée due à l'écoulement de l'eau
00:31:04 aura moins de répercussions sur la berge parce que les racines vont avoir tendance à tenir la berge.
00:31:09 L'autre intérêt de l'arbre épicilve, c'est de maintenir de l'ombrage sur la rivière.
00:31:14 Pas un ombrage permanent, pas un ombrage très lourd, mais un ombrage intéressant
00:31:18 dans la mesure où il évitera le réchauffement trop important de l'eau.
00:31:21 Et quand on sait que le taux d'oxygène dissous dans l'eau est plus important quand la température est basse,
00:31:26 on comprendra alors que moins l'eau se réchauffe et plus la teneur en oxygène dissous est intéressante.
00:31:32 Alors ça c'est notamment intéressant pour les poissons qui vont trouver dans cette eau oxygénée
00:31:36 de quoi vivre tout à fait facilement, en particulier les truites.
00:31:40 Troisième intérêt de l'arbre épicilve, c'est qu'elle offre une sorte d'écran naturel aux effluents agricoles
00:31:47 qui parfois, lorsque des cultures jouxtent la rivière,
00:31:50 ces cultures peuvent laisser échapper des produits que l'on peut répandre sur les cultures,
00:31:57 que ce soit des engrais ou des produits phytopharmaceutiques.
00:32:00 L'arbre épicilve va jouer le rôle d'écran qui évitera qu'une partie de ces effluents
00:32:06 ne se retrouve pas dans le cours de la rivière.
00:32:08 Quatrième intérêt de l'arbre épicilve, c'est qu'elle ménage, de par les arbres et les arbustes qu'elle présente,
00:32:14 un abri, un endroit où l'on va pouvoir trouver certains animaux,
00:32:20 notamment les oiseaux qui vont trouver dans les arbres de l'arbre épicilve le vivre et le couvert.
00:32:25 Et je citerai un dernier intérêt, c'est que finalement on peut tout à fait exploiter les arbres de l'arbre épicilve
00:32:30 pour le bois de chauffage ou bien pour faire tout à fait d'autres choses comme des meubles,
00:32:35 puisque l'aulne était réputée pour la couleur orangée de son bois qui servait par exemple à faire des plaquages.
00:32:41 Les arbres ne sont pas les seuls représentants de l'espèce végétale dans la vallée de l'Huïne.
00:32:46 On y trouve également une flore intéressante, particulièrement riche et variée.
00:32:51 On arrive sur une station avec de la menthe un peu partout.
00:32:55 Dans la grande famille des menthes, celle qu'on va trouver plus spécifiquement là au bord de l'Huïne,
00:33:00 ça va être la menthe à feuilles rondes.
00:33:02 Cette jolie menthe très parfumée qui était aussi très utile dans la pharmacopée de nos grands-parents.
00:33:08 La menthe ronde, comme toutes les menthes, va être très riche en huile essentielle,
00:33:13 donc elle va avoir un pouvoir tonique, elle va aussi être apaisante contre les maux de ventre notamment,
00:33:19 elle a un pouvoir antibactérien et même insecticide.
00:33:22 D'ailleurs la mésange bleue, c'est l'une des cinq plantes qu'elle utilise dans son nid pour chasser les insectes.
00:33:28 Elles sont très très bonnes, on peut en faire aussi des boissons.
00:33:32 On en voit encore ici qui va bientôt fleurir.
00:33:35 Voilà la jolie salicaire, une autre plante de la pharmacopée des bords de l'Huïne.
00:33:42 En plus d'être très belle, elle est intéressante elle aussi parce qu'elle va soigner plein de maux
00:33:47 liés aux maladies de l'hiver et de l'humidité.
00:33:51 Elle va être antitussive notamment, on va pouvoir faire des bonbons délicieux avec elle.
00:33:57 Elle va aussi avoir des propriétés contre la dysenterie, contre la diarrhée.
00:34:01 Et puis il y a des études récentes qui ont montré qu'elle avait des composés chimiques,
00:34:05 des complexes de composés qui étaient très intéressants pour la lutte contre certaines bactéries pathogènes,
00:34:11 notamment dans les maladies nosocomiales ou des maladies phytopathogènes qui attaquent les plantes.
00:34:17 Donc c'est une plante très très intéressante.
00:34:19 On la voit de loin avec sa grande tête blanche qui surnage les autres plantes.
00:34:24 Ici la reine des prés, encore une plante vraiment typique des milieux humides,
00:34:28 des bords de l'Huïne mais aussi des fossés, etc.
00:34:31 Et encore une plante de la pharmacopée traditionnelle qui guérit les fièvres.
00:34:35 Son autre nom c'est l'aspirée, c'est son nom qui a donné le nom à l'aspirine.
00:34:39 On peut se soigner avec elle mais on peut aussi se faire plaisir parce qu'on peut faire des tisanes
00:34:44 et puis surtout on peut aromatiser des desserts.
00:34:46 Elle a un bon parfum d'amande.
00:34:48 On peut faire des glaces, on peut faire des crèmes aux oeufs en faisant infuser ses fleurs dans du lait.
00:34:53 C'est vraiment une très belle plante.
00:34:55 Le long de l'Huïne et de ses affluents, comme un peu partout en France, on cultive la trogne.
00:35:04 Une pratique très ancienne et un bel exemple de gestion de proximité durable et renouvelable.
00:35:09 La trogne c'est un arbre de cueillette.
00:35:12 On étête les arbres périodiquement pour cultiver leurs rochers destinés à de multiples productions.
00:35:18 La coupe de branches joue ainsi un double rôle.
00:35:21 Favoriser la longévité de l'arbre et produire plus de bois, de rameaux, de feuilles et de fruits.
00:35:27 On est le long d'un petit rue qui se jette dans la chèvre, qui est un affluent de l'huine.
00:35:38 Ce ruisseau est alimenté par des sources à une centaine de mètres en amont.
00:35:45 Là on est sur une nappe phréatique avec des sources artésiennes un peu partout.
00:35:51 Je vais éliminer toutes les petites brindilles pour avoir accès aux branches les plus grosses.
00:35:57 On est sur des trognes de saules blancs, que l'on rencontre surtout les d'affluent de l'huine.
00:36:10 Le fait de couper régulièrement un arbre provoque, on le contraint.
00:36:19 C'est cette méthode de gérer cet arbre qui donne la trogne.
00:36:26 Le cycle d'exploitation c'était entre 8 et 9 ans environ pour ces trognes là.
00:36:35 Après si on prend les trognes d'ossier, c'est taillé tous les ans.
00:36:41 L'utilisation est un peu différente.
00:36:46 [bruit de machine à tour]
00:36:50 Les branches qui sont abattues sont récupérées pour être débitées.
00:37:06 C'est à dire d'un côté le bois le plus gros est utilisé selon les longueurs dont on dispose pour fabriquer des clôtures, des barrières, des rembardes.
00:37:18 Ensuite le bois le plus petit est mis en fagot et sert à allumer les feux.
00:37:24 On utilisait également pour le stockage du foin des luzernes, des régras après la coupe
00:37:32 pour permettre de stocker sur place le foin qui était récolté.
00:37:37 Une fois coupé, le foin était ramassé par-dessus et on allait le récupérer pour le besoin de l'alimentation des vachettières par exemple.
00:37:47 Les trognes ont également un autre intérêt, c'est de participer à créer le paysage d'une part.
00:37:55 Les vieilles trognes, à force d'être rabattues, développent une tête de plus en plus large.
00:38:02 Si bien que le creux finit par plus ou moins se décomposer et servir de refuge à toute une biodiversité.
00:38:10 Que ce soit des oiseaux, des rongeurs, de ce réfugié là, soit pour passer l'hiver, soit pour même se reproduire.
00:38:18 Le pêcheur passionné se transforme en véritable détective pour le plaisir suprême de capturer un poisson.
00:38:33 Il se faufile le long de la rivière, repère l'endroit idéal, s'en approche discrètement, détecte le meilleur courant, scrute la couleur de l'eau.
00:38:42 A la pêche, le moindre détail compte.
00:38:45 On est sur l'huïne, on essaie de se faire une petite partie de pêche à la mouche pour essayer de capturer un poisson qui n'est pas très commun, qui s'appelle l'ombre.
00:38:56 C'est à dire un salmonudé comme la truite.
00:39:00 L'huïne a été une expérience, l'ombre n'était pas originaire de la région, il a été introduit, il s'est fortement plu, il s'est très bien adapté.
00:39:13 Il s'est même bien développé sur l'huïne dans les premières années de son introduction, dans les années 80 à peu près.
00:39:24 Il a attiré de nombreux clubs de pêcheurs à la mouche, région parisienne, région du Mans et autres.
00:39:33 Et puis malheureusement, là on a un déclin de la population de l'ombre sur l'huïne depuis plusieurs années.
00:39:41 Malgré des efforts de la fédé de pêche qui a essayé de refaire des frayères.
00:39:46 Sur l'huïne on trouve aussi de la truite, la truite fariaud, la truite qui est endémique à l'Europe, à la France.
00:39:55 La fédé de pêche a aussi fait des efforts pour essayer de protéger la truite fariaud en instaurant une pêche en ou-kil sur le bras principal de l'huïne
00:40:06 et en mettant des quotas et des tailles réglementaires sur les affluents.
00:40:13 Contrairement à l'ombre, je trouve que la population de truite se porte nettement mieux.
00:40:19 Là je vais changer de mouche, j'étais avec une sèche, une mouche qui imite un insecte qui est tombé sur l'eau et qui flotte sur l'eau.
00:40:27 J'ai pas eu de résultat donc je vais passer en inf, c'est à dire une imitation d'insecte mais la larve qui est sous l'aquatique.
00:40:36 On va pêcher sous l'eau et on va faire des dérives pour voir s'il n'y a pas des poissons qui sont plus réactifs en inf.
00:40:50 Là actuellement on se trouve sur l'huïne au-dessus de Margondes, elle est en deuxième catégorie piscicole.
00:40:57 En théorie la deuxième catégorie piscicole c'est plus une zone calme pour les cyprinidés et les carnassiers style brochet.
00:41:07 Cebanzon on trouve quand même des salmonidés sur cette partie là.
00:41:11 Et au-dessus de Condé-sur-Huïne et jusqu'à sa source, du coup elle est classée en première catégorie piscicole
00:41:17 qui sont plus des zones à salmonidés, enfin plus zones à truite fariaux.
00:41:21 Comme quoi il faut les mettre une nymphe, en sèche ils sont pas montés.
00:41:27 On trouve d'autres poissons sur l'huïne, des poissons typiques de cours d'eau,
00:41:32 de zone à ombre, c'est à dire du cheven, du barbeau, des anguilles,
00:41:38 et puis après sur les parties plus calmes des brochets, des perches.
00:41:43 Plus on se remonte vers la source et moins on trouve d'ombre et plus on trouve de truite.
00:41:47 Après en descendant de Rémalard à Nogent on trouve les deux mélangés, truite et ombre.
00:41:54 Et puis en dessous de Nogent on n'a plus beaucoup de salmonidés, quelques truites mais très peu.
00:42:01 Et après c'est plus des cyprinidés genre cheven, barbeau, brem et autres qui remplacent ces poissons là.
00:42:08 La déception d'être bredouille existe aussi, mais pour le pêcheur,
00:42:13 le fait de se déplacer d'un poste à l'autre qui prend l'air en connexion avec la nature,
00:42:18 le plaisir est déjà là.
00:42:20 [Musique]
00:42:39 On va réaliser une petite mouche sèche.
00:42:43 C'est une mouche sèche qui flotte au-dessus de l'eau,
00:42:47 qui est censée représenter plus ou moins la silhouette d'une éphémère ou d'un insecte.
00:42:51 Là je fixe mon fil de montage, c'est ce qui va me permettre de maintenir tous les différents éléments entre eux.
00:42:58 Je vais jusqu'à la courbure de l'hameçon.
00:43:01 Donc là je suis en train de mettre un dubbing, ce n'est plus ni moins que des poils de divers animaux.
00:43:07 C'est ce qui va me servir à faire la silhouette du corps de l'insecte en fait.
00:43:12 En fonction des poils que l'on met, évidemment, il y en a certains qui ont des propriétés hydrofuges,
00:43:17 et d'autres à l'inverse, qui sont hydrophobes.
00:43:19 Et puis là, sinon je vais prendre des plumes de canard,
00:43:25 grisâtres, naturelles, pour essayer de coller à la réalité.
00:43:31 Je coupe l'excédent.
00:43:37 Et là je vais terminer ma mouche en formant plus ou moins une tête avec mon fil de montage.
00:43:43 Je coupe mon fil de montage, et maintenant je taille parce que c'est trop long.
00:43:50 Hop, et voilà.
00:43:57 Au-delà des poissons qui vivent dans la rivière,
00:44:03 il y a sur la surface de l'eau, ou dans la ripicile, ou aux abords immédiats de la rivière,
00:44:10 un certain nombre d'animaux qui apprécient particulièrement le milieu aquatique,
00:44:15 ou le milieu proche du milieu aquatique.
00:44:17 Parmi ces animaux, citons la poule d'eau,
00:44:21 peut-être parfois la foule que quand nous sommes dans des configurations de rivières très calmes.
00:44:27 On peut aussi citer le maître de la rivière, si j'ose dire, qui est le martin-pêcheur.
00:44:34 Le martin-pêcheur est vraiment attaché à la rivière, en ce sens qu'il se nourrit de poissons d'une part,
00:44:40 et pour faire son nid, cet oiseau est capable de forer un trou dans une petite falaise de terre,
00:44:48 une sorte de tunnel qui va faire à peu près un mètre de long,
00:44:51 et il va installer sa chambre de couvaison, là où il va élever ses petits, au bout de ce tunnel.
00:44:58 Et quand les petits éclosent, les parents se relaient pour venir apporter le poisson qu'ils ont attrapé dans la rivière,
00:45:03 pour aller nourrir au bout du tunnel les jeunes martin-pêcheurs.
00:45:07 On peut aussi parler de petits échassiers que l'on peut parfois rencontrer en bordure de cette rivière,
00:45:15 cherchant leur nourriture constituée de petits animaux qui se trouvent dans la vase ou dans les bancs de sable riverains de la rivière.
00:45:23 Et ces petits échassiers sont essentiellement des oiseaux que l'on appelle des chevaliers, notamment le chevalier guignet.
00:45:30 Et donc ces oiseaux peuvent se rencontrer au bord de la rivière.
00:45:34 On peut trouver aussi quelques mammifères, notamment le ragondin,
00:45:39 qui est une espèce malheureusement considérée comme invasive,
00:45:43 c'est-à-dire que c'est une espèce qui n'est pas originaire de l'Europe,
00:45:45 qui est originaire d'Amérique du Sud, mais qui a colonisé quasiment l'entièreté des milieux humides européens,
00:45:54 alors que ce soit les rivières ou les étangs.
00:45:56 Et par contre, on peut trouver un mammifère qui est beaucoup plus indigène,
00:46:01 c'est-à-dire qui est originaire de l'Europe,
00:46:03 qui est le campagnol amphibie, un animal relativement de taille modeste, qui a des mœurs vraiment très aquatiques.
00:46:09 Et puis évidemment toute la cohorte d'amphibiens, que ce soit des grenouilles,
00:46:15 qui seront elles cantonnées dans les parties beaucoup plus douces,
00:46:19 où le courant est bien moins fort que dans les zones à fort courant.
00:46:24 Nous pouvons également porter notre attention sur la faune qui est quasiment invisible,
00:46:31 invisible qu'en ce sens elle vit sous la surface de l'eau,
00:46:34 et qu'elle est en général constituée d'animaux extrêmement petits.
00:46:38 Et donc une façon de nous apercevoir de sa présence, c'est de retourner les pierres,
00:46:43 pour éventuellement trouver ces petits animaux accrochés aux rochers ou aux pierres
00:46:52 qui se trouvent dans le lit mineur de la rivière.
00:46:55 Ce sont par exemple les larves d'éphémère,
00:46:58 ce sont des animaux, des sortes de mouches, qui ont une vie larvaire aquatique
00:47:02 et qui lorsqu'elles deviennent aériennes, ne vivent que quelques heures.
00:47:06 Une des stratégies qui est utilisée par les larves d'éphémère,
00:47:09 c'est d'être extrêmement plates, avec des pas très griffus,
00:47:12 qui leur permettent donc, du fait qu'elles sont plates, de résister au courant,
00:47:15 et du fait qu'elles sont griffues, de s'accrocher avec vigueur à la pierre qui les accueille.
00:47:20 L'autre type de larves qu'on peut trouver assez facilement dans l'huile,
00:47:27 ce sont ce que les pêcheurs appellent des porte-bois.
00:47:30 En fait ce sont des larves de mouches qui s'appellent les tricoptères,
00:47:34 et ces larves ont la particularité de fabriquer une sorte de fourreau
00:47:37 avec les éléments qu'elles vont trouver autour d'elles,
00:47:39 c'est-à-dire des petits morceaux de gravier, des petits morceaux de feuilles.
00:47:42 C'est comme ça que ces animaux mènent leur vie larvaire,
00:47:46 c'est-à-dire le fourreau les abrite des prédateurs,
00:47:49 et puis le fait que le fourreau soit fixé au rocher ou à la pierre,
00:47:53 leur permette de ne pas être emporté par le courant.
00:47:55 Les larves d'éphémère et les larves de porte-bois sont des marqueurs
00:48:02 d'une relative qualité de l'eau, et ils s'en trouvent facilement dans l'eau de l'huile,
00:48:07 ce qui montre que sans doute elle a une qualité relativement intéressante.
00:48:10 La vallée de l'huile, qui abonde en charmant paysage bucolique,
00:48:14 a inspiré de nombreux artistes, et en particulier les photographes, dès le XIXe siècle.
00:48:20 En tant que photographe, je me suis intéressé à la vie de Camille Sylvie,
00:48:25 photographe contemporain de la naissance de la photographie.
00:48:29 J'ai découvert le parcours d'un homme tout à fait novateur pour l'époque.
00:48:33 Née à Neujean-Rotrou en 1834, Camille Sylvie réalise des photos dans le Perche.
00:48:39 La plus célèbre est celle de l'huile prise du pont de bois.
00:48:42 Il en existe seulement deux dans le monde, une à Londres,
00:48:45 et l'autre ici au Musée de l'Histoire du Perche.
00:48:48 Beaucoup de textes racontent que le ciel de cette photo a été rajouté ultérieurement.
00:48:53 À la prise de vue, il utilisait le collodion humide.
00:48:57 Ce procédé ne lui permettait pas d'exposer correctement à la fois le ciel et le reste de l'image.
00:49:03 Pour résoudre ce problème, Camille Sylvie photographiait le paysage sur une plaque
00:49:08 et le ciel sur une autre, à un moment, et même dans des lieux différents.
00:49:13 Il recomposait ensuite sa photographie sur du papier albuminé,
00:49:17 en faisant avec des masques un mixte des deux plaques.
00:49:20 À l'image de ce qu'on fait simplement dans Photoshop de nos jours,
00:49:24 la méthode utilisée par Camille Sylvie lui a donné une liberté totale de création et d'interprétation
00:49:29 en rendant ses œuvres uniques.
00:49:31 C'est dans ce sens que je pense que Camille Sylvie était un pictorialiste avant l'heure.
00:49:36 Il quitte la France en 1859 pour s'installer à Londres, où il ouvre un studio photo.
00:49:43 C'est dans cet élégant studio, fréquenté par la haute bourgeoisie,
00:49:47 qu'il photographie les plus grandes de la famille d'Angleterre,
00:49:50 sans toutefois pouvoir photographier la Reine Victoria.
00:49:53 Malheureusement, en pleine gloire, en 1868, malade, il doit rentrer en France.
00:49:59 Il pensait que sa maladie provenait des expositions prolongées
00:50:03 aux ciadures de potassium dans sa chambre noire.
00:50:06 Rien n'y fait, on n'arrivera pas à le soigner,
00:50:09 et il finira sa vie dans un asile de Charenton en 1910.
00:50:13 C'est un bel hommage que la ville de Neugean-le-Rotrou lui a rendu
00:50:17 en créant un espace promenade qui porte son nom aujourd'hui le long de l'huile.
00:50:21 *Musique*
00:50:40 Cette photographe des bords de l'huile est capable de passer des heures près de la rivière
00:50:44 afin de capturer les plus beaux moments de la rencontre entre l'eau et la lumière.
00:50:50 Et c'est à chaque fois une image sublime et unique qu'elle nous offre.
00:50:55 Je fais de la photographie depuis mes 12 ans, étant d'une famille de photographe,
00:51:00 j'ai été initiée assez jeune.
00:51:03 Évidemment, un jour ou l'autre, j'ai pris un appareil photo,
00:51:06 puis je suis venue sur cette île, au fond du jardin, au bord de l'huile,
00:51:11 m'y recueillir, y méditer, avec mon appareil,
00:51:15 et j'ai commencé à prendre des photos qui n'étaient pas forcément faites pour qu'on reconnaisse les choses.
00:51:22 C'est plutôt presque de l'abstrait, c'est ce que donne la rivière au plus profond d'elle-même,
00:51:29 en termes de reflets, de courants, de gouttelettes d'eau, suivant la saison,
00:51:36 suivant le soleil, le moment de la journée, c'est des choses très différentes qui s'en dégagent.
00:51:43 [Bruits de pas]
00:51:47 Alors là, ce qui est intéressant, c'est à la fois le reflet des herbes,
00:51:54 la transparence avec les algues et le courant qui fait des mouvements sur l'eau,
00:52:00 et ça, j'aime bien, voilà.
00:52:02 Moi, je vais jouer un peu sur la profondeur de champ et sur la netteté,
00:52:06 pour faire le focus soit sur le reflet, soit sur le fond de l'eau,
00:52:10 soit sur les mouvements du soleil dans l'eau, les ombres.
00:52:16 Et ça, moi, ça m'intéresse bien parce que c'est une rivière vivante.
00:52:20 Là, on va aller au bout de la deuxième île.
00:52:27 Et là, l'huile, elle est beaucoup plus calme que ces deux biefs.
00:52:32 Là-bas, il y a des arbres morts qui sont en travers,
00:52:36 et avec une certaine lumière, il y a le reflet de ces arbres dans la rivière.
00:52:41 Avec les reflets du soleil, avec le contre-jour que le soleil nous donne,
00:52:46 ça fait des petites étoiles dans mon objectif.
00:52:49 Et ça, j'aime bien parce qu'il y a un petit côté japonisant
00:52:52 qui rejoint la contemplation dans laquelle je me mets pour faire des photos.
00:52:57 C'est une sorte de méditation, la photographie, pour moi.
00:53:00 Je suis un peu mystique avec les rivières de manière générale,
00:53:05 mais quand j'habite au bord d'une rivière, j'aime bien me l'approprier
00:53:10 et puis lui parler, et voilà, et elle me ressource.
00:53:14 Jean-Pierre Chandavoine est l'un de ceux sur qui la région du Perche
00:53:27 exerce son pouvoir magique.
00:53:29 Jean-Pierre est peintre, paysagiste, originaire de la région,
00:53:34 il connaît donc le Perche depuis sa plus tendre enfance
00:53:37 et la rivière, au paysage verdoyant, est un sujet de prédilection pour lui.
00:53:42 J'ai toujours peint par instinct ce qui me plaisait.
00:53:49 Je ne suis pas un créatif, je suis plus un contemplatif.
00:53:55 J'ai une émotion, je m'arrête sur un coup de lumière,
00:53:59 sur un gargouillis dans l'eau, sur une colline avec une découpe particulière,
00:54:05 et après je travaille pour essayer de faire que les gens ressentent
00:54:10 l'émotion que j'ai ressentie.
00:54:12 Le Perche, c'est mon pays natal, je suis né à Rémalard,
00:54:17 j'ai vécu à Mofse-Ruines, c'est mon berceau, c'est ma colonne vertébrale.
00:54:25 Pour l'instant, ce que je fais là, ce n'est pas franchement réaliste.
00:54:30 Je mets en place l'eau, je vais mettre en place mes gravillons,
00:54:35 je fais des grandes masses.
00:54:37 Après les couleurs, tout ça, ça peut encore beaucoup changer.
00:54:40 Diplômé des Beaux-Arts, il aime peindre son terroir, rivières,
00:54:45 mars, étangs ou semir les arbres des forêts.
00:54:48 Prairie, avec ses tons verts infinis, couleur la plus présente dans la nature,
00:54:53 mais ô combien difficile.
00:54:56 La couleur verte pour le peindre, ce n'est pas évident,
00:54:59 il y a une telle multitude de verts, une telle qualité.
00:55:03 Puis dans le Perche, encore plus peut-être qu'ailleurs,
00:55:06 parce qu'on est moins écrasé par le soleil que dans le midi.
00:55:10 Dans le Perche-Sartois, on raconte qu'un monstre terrifie
00:55:20 les habitants de la vallée de Luynes.
00:55:23 Une légende issue du folklore médiéval,
00:55:26 qui trouverait son origine aux environs des XIVe et XVe siècles,
00:55:30 pendant la guerre de Cent Ans.
00:55:33 La légende de la Velue.
00:55:37 C'est une créature amphibienne, inconnue à l'Arche de Noé,
00:55:42 mais rescapée du déluge, épouvantant les habitants
00:55:45 et répandant le mal autour d'elle.
00:55:49 Elle s'aventure dans les rues de la Ferté-Bernard,
00:55:52 où elle dévore femmes et enfants.
00:55:55 Les villageois tentent de la chasser,
00:55:58 mais la Velue se réfugie toujours dans les eaux froides de la rivière,
00:56:02 provoquant de terribles inondations.
00:56:05 La disette et la faim s'installent sur la région.
00:56:08 Un jour, la Velue s'empare de la fiancée du seigneur de la Ferté-Bernard
00:56:12 afin d'en faire son repas.
00:56:15 Le fiancé, amouri, désarmant d'une épée
00:56:18 et n'écoutant que son courage, part combattre le monstre
00:56:21 pour sauver sa promise, s'approche de la bête
00:56:24 et lui tranche la queue.
00:56:26 L'animal lâche sa proie et plonge dans la rivière,
00:56:29 déclenchant un formidable débordement des eaux.
00:56:32 De ce jour, on n'a plus revu le monstre rôder dans la région.
00:56:36 Cependant, certains affirment qu'il reste tapis,
00:56:40 dissimulé au fond des eaux calmes de l'huile.
00:56:43 Il attend l'heure de ressurgir.
00:56:46 Au XIXe siècle, le perche agricole vivait sans électricité,
00:56:58 sans radio, qu'on appelait à l'époque TSF, et sans écran.
00:57:02 La musique rythmait la vie quotidienne dans le but de faire danser.
00:57:06 La seule musique disponible était celle qu'on faisait nous-mêmes.
00:57:10 Il y avait un violon dans chaque famille.
00:57:13 - On va vous interpréter un peu de musique à danser,
00:57:17 celle qui était jouée et dansée dans le perche
00:57:20 au tournant du XXe siècle, entre 1870 et 1930, grosso modo,
00:57:24 c'est-à-dire l'époque avant l'électricité,
00:57:27 à l'époque où la transmission était essentiellement orale,
00:57:31 et la danse était le loisir principal des gens des campagnes dans le perche.
00:57:37 Le perche abritait énormément de musiciens,
00:57:41 qui s'appelaient eux-mêmes les musiciens routiniers,
00:57:45 parce qu'ils jouaient deux routines par habitude uniquement.
00:57:49 On va commencer par une des plus anciennes danses qu'on connaisse pour le perche,
00:57:54 c'est un avant-deux à cinq figures.
00:57:57 - Et un avant-deux !
00:58:05 Et traversée !
00:58:07 Balancée !
00:58:15 Et rassemblée !
00:58:24 Et tourniquée !
00:58:31 Et balancée !
00:58:33 Et à votre côté !
00:58:40 Replace et en avant-deux !
00:58:48 - Le perche, comme on l'a évoqué,
00:58:54 il y avait énormément de musiciens dans le perche,
00:58:57 énormément de musiciens routiniers,
00:58:59 et l'instrument roi de la danse et de la musique à danser dans le perche,
00:59:03 c'était le violon.
00:59:05 Jusqu'après la Première Guerre mondiale,
00:59:08 parce qu'il est arrivé un drôle de petit instrument
00:59:12 qu'on appelle l'accordéon, accordéon diatonique,
00:59:15 tel que celui-ci d'ailleurs.
00:59:17 Daniel et moi, on n'est pas vraiment dans la droite ligne de la tradition,
00:59:21 parce qu'autrefois, en réalité,
00:59:23 les violonneux ont mal vu l'arrivée de l'accordéon diatonique,
00:59:26 qui était un concurrent un peu bruyant pour eux,
00:59:28 et qui ne pouvaient pas forcément jouer toutes les subtilités
00:59:31 de ce que faisaient les violons.
00:59:33 Mais depuis, on s'est réconciliés,
00:59:35 et on va pouvoir vous interpréter une petite mazurka.
00:59:40 * Extrait musical *
01:00:03 L'huile, qui coule tranquillement depuis des millénaires
01:00:06 dans la grande faille du Perche, reste très fragile
01:00:09 face au réchauffement climatique qui s'installe sur le monde.
01:00:13 Mais la nature possède de prodigieuses capacités à se renouveler,
01:00:17 et avec elle vient l'espoir que tout est encore possible.
01:00:20 Aurons-nous la sagesse et la volonté nécessaires
01:00:23 pour que les rivières coulent encore longtemps,
01:00:26 et que l'on puisse toujours percevoir le murmure infini
01:00:29 des eaux calmes de l'huile depuis ses berges,
01:00:32 au détour d'un méandre, au croisement d'un chemin,
01:00:35 ou tout simplement en passant sur un pont ?
01:00:38 * Extrait musical *
01:00:51 * Extrait musical *
01:01:00 * Extrait musical *
01:01:29 * Extrait musical *
01:01:58 * Extrait musical *
01:02:27 * Extrait musical *
01:02:56 * Extrait musical *