Gabriel Attal favori pour Matignon : «Il aura soutenu tout et son contraire», estime François-Xavier Bellamy

  • il y a 9 mois
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François- Xavier Bellamy, vice-président des Républicains et député européen, répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet de Gabriel Attal grand favori pour remplacer Elisabeth Borne, de l'aspect générationnel, du remaniement, des élections européennes et de la décision du Conseil constitutionnel concernant la loi Immigration.

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Transcription
00:00 [Générique]
00:08 Et place donc à la grande interview sur CNews et Europe 1.
00:11 Bienvenue et bonjour François-Xavier Bellamy.
00:13 Bonjour.
00:14 Merci d'être avec nous ce matin.
00:16 Merci de votre invitation.
00:17 Vous êtes eurodéputé LR et vice-président LR.
00:20 Alors une première ministre partie, un jeune ministre grand favori,
00:24 même si nous allons rester prudents encore ce matin évidemment.
00:27 Avant d'évoquer ces spéculations insistantes, quel bilan faites-vous de l'action de la première ministre Elisabeth Borne
00:32 à la tête du gouvernement ?
00:33 Pour beaucoup dans l'opposition, il faut le noter, elle est Madame 49.3,
00:37 mais pour d'autres, à l'instar d'Éric Ciotti, il reconnaît sa rigueur, son honnêteté intellectuelle.
00:43 Est-ce que vous lui prêtez les mêmes qualités ?
00:46 Je crois qu'on peut très bien avoir été dans l'opposition comme nous l'avons été,
00:50 comme Éric Ciotti l'a montré au cours des derniers mois avec notre famille politique
00:54 tout en ayant de l'estime pour ses adversaires politiques.
00:57 Elisabeth Borne, pour ma part, je crois qu'il y a quelque chose d'assez désolant
01:03 dans le feuilleton que nous sommes en train de vivre.
01:06 C'est qu'on voit bien à quel point tout cela est d'abord réduit à une affaire de personne.
01:10 Elisabeth Borne dit clairement qu'elle est contrainte de présenter sa démission,
01:14 non pas qu'elle ait été désavouée par une élection qui viendrait de se dérouler,
01:18 non pas qu'elle vienne d'essuyer une défaite politique personnelle,
01:21 mais il semble qu'Emmanuel Macron ne voulait plus continuer de travailler avec elle
01:24 et donc il l'écarte du gouvernement.
01:27 C'est ainsi, on ne va pas épiloguer indéfiniment.
01:29 Ce que je retiens surtout de la période qui vient de s'écouler,
01:33 c'est que le macronisme, parce que c'est de cela qu'il s'agit,
01:36 est en train de montrer à quel point en même temps
01:40 ces ambiguïtés et ces contradictions ont conduit le pays dans l'impasse
01:44 et la vie politique avec lui.
01:46 Quel que soit le remplaçant d'Elisabeth Borne,
01:48 à l'heure actuelle le grand, le très grand, le grandissime favori reste Gabriel Attal.
01:53 Avant d'évoquer avec vous le fond, François-Xavier Bellamy,
01:55 vous faites partie quand même de la jeune génération,
01:57 vous avez, on peut dire votre âge, 38 ans,
02:00 vous êtes de la même génération que Gabriel Attal qui lui a 34 ans,
02:03 c'est-à-dire il accéderait à Matignon du Haut de ses 34 ans.
02:06 Est-ce que cette jeunesse n'est qu'un argument de communication
02:09 ou est-ce que ça peut être aussi le signe d'un renouveau en politique,
02:13 d'une volonté et d'une fougue de faire de la politique autrement ?
02:17 Je crois qu'être jeune n'est pas une qualité en soi
02:20 et de fait il faudrait se garder d'en faire une vertu,
02:24 c'est d'ailleurs une vertu qui disparaît avec le temps,
02:26 je l'ai toujours dit pour moi-même et cela vaut aussi pour tous ceux
02:30 qui font peut-être effectivement de leur âge un élément de communication.
02:35 Mais...
02:36 C'est son cas ? C'est pas le cas de Gabriel Attal, il n'en fait pas.
02:39 Ou alors vous y voyez davantage un communicant qu'un homme d'action ?
02:44 La vraie question que je me pose et je me la pose très sérieusement,
02:47 c'est tout le monde dit Gabriel Attal favori pour rentrer à Matignon,
02:51 mais quelles sont ses qualités pour cela ?
02:53 Qu'est-ce qu'il leur a démontré ?
02:55 Il est ministre de l'Éducation nationale.
02:57 Saluté par une grande partie de la droite comme celui qui a fait interdire la BAYA
02:59 et plus largement comme étant celui qui incarne le contre-pied à Papandjaï,
03:03 plutôt anti-Woke, j'essaye de vous avancer des arguments
03:07 qui ont été mis en avant par l'opposition.
03:09 C'est-à-dire qu'en fait on reconnaît à Gabriel Attal le mérite
03:12 d'avoir corrigé les travers de son prédécesseur
03:15 qui appartenait pourtant à la même majorité
03:17 et qui s'inscrit évidemment dans la continuité de ce macronisme
03:21 qui, encore une fois, avec l'eau en même temps, aura dit tout et son contraire.
03:24 Et Gabriel Attal, à sa manière, aura soutenu tout et son contraire
03:27 en étant porte-parole de ce gouvernement, en étant ministre du budget.
03:30 On ne l'avait pas entendu avoir un mot de distance à l'égard de Papandjaï
03:34 quand celui-ci était ministre de l'Éducation nationale.
03:36 On voit finalement aujourd'hui que ceux qui ont depuis des années,
03:40 et c'est mon cas mais parmi bien d'autres,
03:42 tenté d'alerter sur la réalité de la crise profonde
03:45 que traverse l'Éducation nationale,
03:46 ceux qui l'ont fait sous les colibés y compris de M. Attal
03:50 qui aura appartenu au Parti Socialiste,
03:52 qui aura appartenu à ces gouvernements
03:54 qui pendant des années ont fermé les yeux sur la crise de l'école,
03:57 aujourd'hui sont en train de constater que, en quelques mois,
04:00 sans avoir encore rien fait, Gabriel Attal devient populaire
04:04 pour avoir dit simplement la réalité d'une crise
04:07 qui l'aura contribué à dissimuler pendant longtemps.
04:10 Vous vous intéressez beaucoup à l'école et votre avis compte.
04:13 Évidemment, quand vous dites "rien fait",
04:15 c'est-à-dire que son bilan perçu,
04:18 comme étant celui qui a réaffirmé l'autorité à l'école,
04:21 soutenant les professeurs face aux coups de canif,
04:23 au niveau de la laïcité, je vous vois sourire,
04:26 vous ne le reconnaissez pas.
04:27 J'aime beaucoup l'expression de "bilan perçu".
04:28 C'est comme en ce moment il fait froid,
04:30 on parle de la température réelle et de la température ressentie.
04:32 Il y a un bilan perçu mais en réalité, quel est le bilan ?
04:35 Vous avez parlé de l'interdiction de la baïa,
04:37 pour le reste, Gabriel Attal n'a tout simplement,
04:39 je ne lui reproche même pas,
04:41 mais il n'a pas eu le temps de faire quoi que ce soit
04:43 au ministère de l'Éducation nationale.
04:45 Il y est depuis quatre mois.
04:47 Regardez à quel point notre vie politique tourne
04:50 dans un univers de communication
04:52 qui est de l'ordre, atteint presque l'ordre du virtuel pur.
04:56 Il s'agit de spéculation.
04:58 Qu'est-ce qui fait que Gabriel Attal, aujourd'hui,
05:00 est en pôle position pour rentrer à Matignon ?
05:02 C'est qu'il est le favori des sondages.
05:04 Il est bien placé dans les enquêtes d'opinion.
05:06 À ce compte-là, Kylian Mbappé est aussi très bien placé
05:08 dans les enquêtes d'opinion.
05:10 Ce que je veux dire, c'est qu'encore une fois,
05:12 on pourrait considérer que quelqu'un est prêt
05:14 pour être Premier ministre de la France
05:16 parce qu'il a réalisé des choses extraordinaires,
05:18 parce qu'il a montré par son action,
05:20 par son bilan, par ses résultats,
05:22 de quoi il était capable.
05:24 Mais encore une fois, je le redis,
05:26 je ne le lui reproche pas.
05:28 - Donc c'est la prime à la communication.
05:30 - Je ne le lui reproche pas.
05:32 - Si tout à l'heure, Gabriel Attal
05:34 est nommé Premier ministre, pour vous,
05:36 ce serait une prime à une popularité,
05:38 à une notoriété, à une image, plus qu'à un bilan.
05:40 - Je vous le redemande, Sonia Babrouk.
05:42 Où est le bilan ?
05:44 Quelles sont ses actions ?
05:46 Et d'ailleurs, ça aussi, c'est peut-être
05:48 un signe des temps.
05:50 Qu'est-ce que Gabriel Attal aura fait d'autre
05:52 dans sa vie que de la politique ?
05:54 Par quoi est-ce qu'il a démontré
05:56 quelque chose qui pourrait
05:58 le rendre crédible pour exercer
06:00 une responsabilité par le Sénat ?
06:02 - Si je vous posais la même question,
06:04 qu'est-ce que vous mettriez en avant, vous-même ?
06:06 Vous êtes quand même vice-président des ELR,
06:08 vous êtes arrivé, vous serez probablement
06:10 choisi tête de liste des Républicains.
06:12 Que faut-il, j'allais dire, pour être reconnu
06:14 comme un homme d'État ?
06:16 - Si je suis candidat à l'élection européenne,
06:18 je pense que la chose la plus importante pour moi
06:20 sera de montrer ce que nous avons fait,
06:22 ce que nous avons réalisé,
06:24 les batailles que nous avons menées,
06:26 les résultats que nous avons obtenus.
06:28 Le spectacle médiatique,
06:30 pas dans la lumière des projecteurs,
06:32 souvent dans le travail patient,
06:34 difficile, compliqué, qui consiste
06:36 à travailler concrètement, quotidiennement
06:38 pour servir les Français et pour faire en sorte
06:40 d'apporter des résultats.
06:42 Le travail que nous avons fait pour réussir
06:44 à faire en sorte que
06:46 notre énergie, aujourd'hui,
06:48 cet hiver-là, en ce moment, soit disponible,
06:50 que nous avons fait pour que les Français
06:52 puissent ne pas payer leur électricité
06:54 à des prix délirants quand ils la produisent
06:56 et qu'ils doivent beaucoup maîtriser par leurs propres investissements,
06:58 le travail que nous faisons sur les questions migratoires.
07:00 Et voyez ce qu'on a obtenu en décembre
07:02 avec Les Républicains.
07:04 Ce n'est pas de la communication, ce sont des batailles politiques
07:06 concrètes pour obtenir des résultats.
07:08 - L'important, et c'est tout à fait normal en politique,
07:10 c'est l'action. Et ça veut dire, François-Xavier Bellamy,
07:12 pour vous, que quel que soit le changement
07:14 et le non du Premier ministre, il n'y aura pas de changement de cap,
07:16 de ligne, d'action. C'est ce qu'attendent les Français,
07:18 majoritairement. C'est un redressement du pays.
07:20 - Bien sûr, c'est ce qu'attendent les Français. Mais encore une fois,
07:22 pourquoi ce remaniement se fait-il ?
07:24 C'est la question qu'on voudrait tous poser à Emmanuel Macron.
07:26 Quel est le sens de ce remaniement, de ce changement
07:28 de Premier ministre ? - Normalement, un remaniement n'a d'intérêt
07:30 que s'il conduit à un élargissement
07:32 de la base électorale et à une majorité
07:34 plus confortable.
07:36 - En tous les cas, un remaniement a un sens s'il obéit
07:38 effectivement à une direction politique,
07:40 à un changement de direction politique profonde.
07:42 Et là, encore une fois, je crois qu'on
07:44 le voit bien, ce qui compte
07:46 et ce qui comptera d'abord, finalement, et moi je ne veux pas
07:48 juger Gabriel Attal sur un procès d'intention.
07:50 La seule chose qui compte et la seule chose qui comptera,
07:52 c'est ce que fera le prochain
07:54 Premier ministre. - Vous auriez dit la même chose
07:56 s'il était venu des rangs de la droite,
07:58 ce Premier ministre ?
08:00 Je ne sais pas si c'était un jeune
08:02 LR. Tiens,
08:04 ce n'est pas possible. - LR aujourd'hui est dans l'opposition.
08:06 C'est parce qu'LR est dans l'opposition.
08:08 - Certains ont passé, si on puis dire,
08:10 chez Emmanuel Macron alors qu'ils étaient dans l'opposition.
08:12 - Ils ont choisi
08:14 de rejoindre ces ambiguïtés
08:16 permanentes et aujourd'hui on le voit bien.
08:18 - La particularité étonnante de la
08:20 situation actuelle, on est tous en train de spéculer
08:22 sur qui va être le prochain Premier ministre.
08:24 Ça pourrait être un Sébastien Lecornu qui vient
08:26 de la droite, un Gabriel Attal qui vient de la gauche.
08:28 Tout ça signe en fait l'absence totale de
08:30 doctrine, de cohérence idéologique.
08:32 - C'est-à-dire qu'on ne sait pas aujourd'hui, selon vous,
08:34 où Emmanuel Macron veut mener la France ?
08:36 - Mais qui le sait ? Qui le sait ?
08:38 - Si vous deviez répondre précisément à cette question...
08:40 - Moi je ne suis pas porte-parole du gouvernement.
08:42 - De ce que vous percevez quand même, il a,
08:44 lors de ses voeux, réaffirmé le cap de l'autorité.
08:46 Vous allez me dire que ça ne reste que des mots,
08:48 mais qu'est-ce que vous percevez de la suite du quinquennat ?
08:50 - Mais qu'est-ce que ça veut dire le cap de l'autorité
08:52 quand on a un pays qui a vécu les émeutes que nous avons
08:54 connues en juillet dernier ? Le Président,
08:56 dans ses voeux, n'en a même pas parlé.
08:58 Pour moi, ces émeutes ont été le moment
09:00 décisif de l'année 2023. Pourquoi ?
09:02 Parce qu'elles ont témoigné de l'incroyable
09:04 fragilité de l'État aujourd'hui face
09:06 à la réalité des menaces. C'est de ça dont on devrait
09:08 parler, c'est là-dessus qu'il faudrait agir.
09:10 Et toute notre vie politique est concentrée aujourd'hui
09:12 sur la spéculation qui touche un éventuel remaniement,
09:14 alors qu'en réalité, le cœur du sujet,
09:16 c'est comment faire en sorte que l'État se redonne
09:18 les moyens de faire face aux menaces
09:20 auxquelles nous sommes confrontés.
09:22 Et permettez-moi de le dire, mais on a un peu le sentiment de vivre,
09:24 j'imagine, qu'à la fin de l'Empire romain,
09:26 dans les derniers empereurs qui se succédaient,
09:28 certainement,
09:30 César Augustule devait être
09:32 en train de distribuer, lui aussi,
09:34 des places, des positions, des postes qui avaient été
09:36 des fonctions décisives. Mais quand la réalité
09:38 politique ne décide plus du destin commun,
09:40 alors tout cela, évidemment,
09:42 revient à une sorte de jeu
09:44 spéculatif. - Mais alors comment retrouver notre
09:46 souveraineté, notamment dans un domaine important
09:48 qui est celui de l'immigration ? Vous avez cité
09:50 ce qui a marqué l'année 2023, le projet
09:52 de loi immigration et les débats autour de ce sujet ont été
09:54 un marqueur important. Je voudrais vous entendre
09:56 sur la polémique autour de Pierre Moscovici,
09:58 François-Xavier Bellamy, président de la Cour des Comptes,
10:00 qui a justifié, évidemment, vous le savez,
10:02 le report du rapport sur l'immigration,
10:04 et a même dit qu'il aurait pu ne pas le publier.
10:06 Vous avez vertement réagi sur
10:08 les réseaux sociaux. Laurent Wauquiez est allé
10:10 jusqu'à demander sa démission.
10:12 Vous aussi ? - Moi je suis d'accord
10:14 avec Laurent Wauquiez, je partage cette
10:16 révolte qui
10:18 tient au fait que
10:20 une institution publique, la Cour des Comptes,
10:22 dont la mission au sens de la Constitution
10:24 est d'éclairer le débat public,
10:26 et d'informer les Français sur les enjeux
10:28 de l'action de l'État,
10:30 cette institution-là est empêchée
10:32 par son premier président de publier
10:34 les résultats auxquels elle est
10:36 parvenue sur un sujet majeur, la question
10:38 migratoire, au moment où un débat décisif
10:40 est en train de traverser le Parlement
10:42 et la société française tout entière.
10:44 - Il faut qu'il démissionne pour cela ?
10:46 - Avant même de parler des questions de personnes,
10:48 il y a quelque chose d'incroyablement grave...
10:50 - Vous vous répondez parce que ça serait comme une forme de jurisprudence ?
10:52 Est-ce que vous voulez que le premier président de la Cour des Comptes
10:54 démissionne pour avoir retardé
10:56 ce rapport ? - Je crois qu'en tous les cas,
10:58 sa crédibilité est engagée. Il a assumé
11:00 cette décision. J'aimerais savoir d'ailleurs si les magistrats
11:02 de la Cour des Comptes sont d'accord avec
11:04 cette décision. Pour ma part, je serais
11:06 parmi, si j'étais parmi les rédacteurs
11:08 du rapport, j'éprouverais une immense frustration
11:10 à l'idée que le travail accompli,
11:12 travail accompli au nom du peuple français
11:14 parce qu'il s'agit de magistrats,
11:16 travail accompli par
11:18 le mandat du peuple français, la Cour des Comptes
11:20 travaille financée par les Français
11:22 et elle est là pour leur rendre des comptes.
11:24 Comment se fait-il que ces Français n'aient pas
11:26 le droit de connaître les résultats
11:28 de son travail au moment où ils sont
11:30 en plein milieu d'un débat décisif
11:32 pour l'avenir du pays ? Et j'ajoute une dernière chose.
11:34 Pierre Moscovici, soyons très précis,
11:36 Jean-Éric Schottel le dit aujourd'hui dans les colonnes du Figaro
11:38 et il a parfaitement raison de pointer
11:40 ce fait. Pierre Moscovici dit
11:42 "je n'ai pas publié ce rapport parce qu'il suivait
11:44 immédiatement le vote de la motion de rejet"
11:46 mais il restait encore tout le débat parlementaire,
11:48 il restait encore toute la commission de mixe paritaire.
11:50 Clairement, il ne voulait pas interférer avec tout
11:52 le débat parlementaire. Il a parlé de réactions
11:54 hystérisées et il avait peur
11:56 que ce rapport devienne un objet
11:58 politique au service de quelques-uns.
12:00 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que
12:02 Pierre Moscovici considère que les Français sont des enfants
12:04 irrationnels auxquels il ne faut pas
12:06 dire la vérité de peur qu'ils ne disent des choses
12:08 qui seraient déraisonnables ?
12:10 Ça veut dire que les parlementaires français ne sont
12:12 pas responsables ? Qu'ils ne sont pas capables
12:14 de faire du travail de la Cour des comptes
12:16 une œuvre utile pour le pays ?
12:18 Si Pierre Moscovici pense vraiment cela de la représentation nationale,
12:20 alors oui, il doit partir. Parce que
12:22 pour le coup, ça veut dire qu'il est prêt dans le
12:24 principe. Et d'ailleurs, il dit une chose très grave dans
12:26 l'interview chez vos confrères de LCI auxquelles vous faites allusion.
12:28 Il dit "j'aurais pu décider
12:30 de ne jamais le publier". Mais ça veut dire que
12:32 Pierre Moscovici est prêt, de manière
12:34 arbitraire, à ne jamais
12:36 diffuser les résultats
12:38 de rapports qui sont pourtant réalisés pour éclairer
12:40 le débat public. Il y a quelque chose
12:42 ici qui prouve à quel point, et je le redis,
12:44 ça vaut sur la question migratoire, mais ça a valu
12:46 aussi sur la crise de l'école pendant très longtemps.
12:48 Il y a aujourd'hui des responsables
12:50 publics, aussi bien dans nos institutions que dans
12:52 la vie démocratique, qui préfèrent ne pas dire
12:54 la vérité aux Français plutôt que de devoir
12:56 affronter la réalité de leur choix.
12:58 Selon vous, si ce rapport avait
13:00 une conclusion tout autre
13:02 et saluait plutôt l'action de l'exécutif,
13:04 vous mettez en avant
13:06 un contrôle sur l'immigration.
13:08 Est-ce qu'il y aurait eu toutes ces
13:10 "pudeurs de gazelle" ?
13:12 Je ne crois pas. Et c'est ça le problème. Le problème, c'est que
13:14 ce rapport pointe la faillite de l'État dans la
13:16 maîtrise de ses frontières, qu'il montre
13:18 l'incroyable incohérence dans la gestion
13:20 des services publics. Comment se fait-il
13:22 que, par exemple, c'est ce que dit ce rapport, que les services
13:24 des douanes n'aient pas les mêmes capacités d'action
13:26 que les services de police aux frontières et qu'on ait
13:28 des régimes d'intervention qui soient incohérents
13:30 et différents ? Comment se fait-il que seuls
13:32 10% des décisions d'éloignement soient
13:34 effectivement suivies des faits dans notre pays ?
13:36 Et en fait, en réalité, ce qu'on a
13:38 voulu dissimuler aux Français, c'est la réalité
13:40 de cette faillite. Or, ce qu'il
13:42 importe de faire, c'est d'abord
13:44 un constat lucide pour pouvoir
13:46 ensuite agir. Je voudrais
13:48 conclure par une question importante, François-Xavier Bellamy.
13:50 Vous êtes eurodéputé et je voulais vous faire réagir
13:52 à un sujet peu abordé mais qui va beaucoup
13:54 monter dans les prochains jours et prochaines
13:56 semaines. Ce sont des manifestations monstres
13:58 d'agriculteurs en colère.
14:00 Ça se déroule en Allemagne, en partie
14:02 pour des raisons internes à l'Allemagne, mais pas
14:04 seulement. Ça s'est passé aussi, on
14:06 a vu des manifestations, des perturbations
14:08 en Hongrie, en Pologne. Est-ce que ce mouvement
14:10 est appelé à grandir, à grossir
14:12 et peut aussi s'aimer
14:14 et puis venir en France ? Vous avez raison
14:16 d'en parler, Sonia Mabrouk, parce qu'en réalité, ça fait
14:18 des semaines que les agriculteurs français
14:20 sont aujourd'hui
14:22 mobilisés partout en France pour
14:24 alerter. Beaucoup d'entre eux ont lancé des initiatives
14:26 symboliques, ils ont renversé les panneaux
14:28 des communes de France pour dire que
14:30 nous marchons sur la tête, c'est ce qu'ils disent
14:32 et ils ont raison de le dire. Pourquoi ?
14:34 Parce que depuis des années,
14:36 l'Union européenne, c'est une politique européenne
14:38 et nous avons alerté sur le sujet et nous avons
14:40 combattu cette dérive. L'Union
14:42 européenne ne cesse de rendre la vie impossible
14:44 aux agriculteurs en multipliant des
14:46 contraintes de plus en plus complexes au nom
14:48 de l'environnement et on peut comprendre
14:50 évidemment le principe, mais avec des résultats qui sont
14:52 désastreux pour l'activité des agriculteurs
14:54 et donc aussi pour l'environnement.
14:56 Parce qu'en réalité, en France, depuis
14:58 10 ans, la balance commerciale agricole
15:00 n'a cessé de baisser, c'est-à-dire que nous importons
15:02 toujours plus de produits alimentaires
15:04 et nous les importons d'où ? Depuis des années. De pays
15:06 qui ne respectent aucune de nos règles environnementales.
15:08 Oui, nous marchons sur la tête
15:10 et cette question-là, elle ne concerne pas
15:12 seulement les agriculteurs, elle nous concerne
15:14 tous, comme citoyens,
15:16 elle nous concerne comme consommateurs, elle nous concerne
15:18 aussi parce que le jour où nous ne serons plus capables
15:20 de produire ce dont nous avons besoin pour nous nourrir,
15:22 ce jour-là, nous aurons perdu la maîtrise
15:24 de notre destin. Nous devons
15:26 remercier nos agriculteurs de tout le travail
15:28 qu'ils font pour nous nourrir. Aujourd'hui, ils vivent avec
15:30 un soupçon permanent sur les épaules.
15:32 Ça explique aussi les inondations
15:34 terribles qui ont été aujourd'hui
15:36 si douloureuses
15:38 pour les habitants du Pas-de-Calais, du Nord
15:40 de la France, parce que derrière ces inondations,
15:42 il y a le fait qu'aujourd'hui, tous ceux qui veulent, y compris les élus
15:44 locaux, entretenir les cours d'eau,
15:46 entretenir les fossés, gérer l'eau. On a parlé des bassines.
15:48 Regardez à quel point une
15:50 certaine écologie complètement idéologique
15:52 nous a interdit la gestion de l'eau,
15:54 a interdit aux agriculteurs de gérer
15:56 l'eau. Eh bien tout cela, c'est la
15:58 destruction de notre capacité
16:00 de décider de notre avenir
16:02 et je pense qu'il faut absolument
16:04 entendre les agriculteurs et leurs cris de colère
16:06 avant qu'il ne soit trop tard. - Merci François-Xavier
16:08 Bellamy, nous attendons donc le nom du Premier
16:10 ministre tout à l'heure. Merci
16:12 au vice-président et à la prochaine tête de liste
16:14 LR pour les Eurofins.
16:16 Ce sera bientôt. - On verra. Le sujet le plus
16:18 important, c'est l'action encore une fois et pas les personnes
16:20 et on l'a dit du remaniement,
16:22 je me l'applique à moi-même. - Je vous remercie, c'était
16:24 votre grande interview ce matin. - Merci à vous.
16:26 Sonia Mabrouk et François-Xavier Bellamy, on vous retrouve dans un instant.

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