Anne Fulda reçoit Abnousse Shalmani pour son livre «J’ai péché, péché dans le plaisir» dans #HDLivres
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00:00 Bienvenue à l'heure des livres, Amnus Chalmani.
00:02 On est très heureux de vous recevoir.
00:04 Alors vous êtes chroniqueuse, vous êtes écrivain.
00:07 Vous avez déjà écrit de nombreux livres aux titres comme "Des oriflammes",
00:10 un peu comme "Votre chevelure et l'âge du métèque", "Komenissane" et "Moi".
00:14 Et votre dernier s'appelle "J'ai péché, péché dans le plaisir",
00:18 un livre paru chez Grasset,
00:20 un livre qui est fougueux, joyeux, sensuel,
00:24 une ode insolente en fait à la liberté,
00:28 à l'amour que l'on lit comme un petit bonbon.
00:31 Ça nous mène de Paris à Téhéran et de la France à travers les époques.
00:37 Et là encore, d'une certaine façon, tout est dans le titre.
00:40 Parce que ce titre, il est extrait d'un poème écrit par Fauroug Farouzad.
00:47 Dites-nous d'abord qui est cette femme poète
00:51 et qui elle représente pour vous, ce qu'elle représente pour vous.
00:54 Alors Fauroug Farouzad, c'est une femme poète
00:58 qui a révolutionné la poésie classique iranienne dans les années 50.
01:03 Elle avait pas encore 20 ans.
01:05 Elle sort un premier recueil de poésie qu'elle a intitulé "Le mur"
01:09 et où en reprenant la tradition classique persane de Markhayam, de Haufez,
01:15 où le vin, l'amour est extrêmement présent, mais sous forme mystique et divin,
01:22 elle reprend cette forme, elle reprend toutes ces allégories,
01:25 mais en fait ce ne sont plus des allégories,
01:27 ça se passe là, dans le présent, dans l'amour vrai, dans le lit des femmes.
01:32 Elle prône le désir féminin, le plaisir et la souffrance qui va avec,
01:37 la souffrance de l'amour et c'est une véritable révolution.
01:41 Parce que la qualité littéraire est là,
01:43 mais soudain un corps de femme vit, jouit et s'impose dans l'espace poétique persane,
01:50 qui est quand même un espace très très important pour les Iraniens.
01:53 Alors votre livre se déroule, c'est un des personnages principaux de votre livre.
01:58 Le livre démarre en 1956 à Téhéran par une rencontre qui va bouleverser sa vie.
02:03 Cette rencontre, c'est une rencontre avec Cyrus, dit "la tortue".
02:06 Alors pourquoi ça bouleverse sa vie ?
02:08 Parce qu'il lui fait connaître des textes de Marie de Régnier,
02:13 enfin de Pierre-Louis, pardon, surtout, de Pierre-Louis
02:16 et il lui fait connaître la vie de Pierre-Louis et de Marie de Régnier.
02:20 Et alors en fait ces personnes, ces personnages qui ont existé,
02:26 sont des personnages qui vous fascinent vraiment dans la vraie vie, puis-je dire ?
02:30 Complètement, tout ce roman est né d'une admiration et d'une fascination,
02:37 d'abord pour Marie de Régnier, qui était donc elle-même écrivain et poète,
02:42 qui était la fille du grand poète Parnassien José María de Heredia.
02:45 La femme d'Henri de Régnier et la maîtresse, la muse de Pierre-Louis.
02:51 Et moi j'ai rencontré Pierre-Louis à travers la littérature à 13 ans
02:56 et j'en suis littéralement Thomas amoureux.
02:58 Donc forcément Marie de Régnier, cette figure de femme indépendante,
03:02 d'une sensualité inouïe, qui, je ne connais pas de femme vivante aujourd'hui,
03:07 qui est ce culot, qui est cette liberté, qui est déployée tant,
03:11 et elle ça se passe à la Belle Époque, donc c'est encore plus étonnant.
03:14 Et Fuluk Falorzad, quand elle rencontre ce personnage que j'ai inventé,
03:18 qui est Cyrus la tortue, il devient un peu son dealer de liberté.
03:23 C'est-à-dire qu'il va la fournir en dose de liberté,
03:26 de ce à quoi elle n'a pas accès dans les années 50 en Iran.
03:30 Et j'imagine qu'elle devient moteur pour Fuluk Falorzad
03:34 et qu'elle essaye de mettre ses pas dans les pas libres de Marie de Régnier.
03:37 Et Fuluk Falorzad, je l'ai rencontré évidemment plus tard.
03:40 Je connaissais son film "La maison est noire", qui est véritablement un chef-d'œuvre,
03:43 un film de 20 minutes sur un village de lépreux en noir et blanc,
03:47 qui est certainement aussi paradoxal que ça paraît.
03:50 C'est un des films les plus beaux que j'ai jamais vus.
03:52 Mais c'est après, quand j'ai découvert qu'elle adorait Pierre-Louis,
03:55 qu'elle l'avait lu, traduit à Teheran dans les années 50,
03:58 et ce qui a donné l'idée de ce roman, que j'ai voulu la découvrir.
04:01 Et à travers ses poèmes, parce qu'évidemment la biographie,
04:03 j'allais dire, est interdite en Orient, parce qu'on ne parle pas,
04:05 même après la mort, l'intimité ne se raconte pas.
04:08 Donc c'est en partant de ses poèmes qui disent quand même sa réalité,
04:11 que j'ai essayé de reconstituer sa vie,
04:13 et que j'ai voulu confronter ces deux figures de femmes tellement indépendantes,
04:17 et qui, par moments, je me disais, devraient nous faire honte,
04:20 parce qu'elles n'avaient aucun droit.
04:22 Elles ont pris tous les droits qu'elles considéraient justes,
04:24 sans demander l'autorisation de personne, et ça c'est remarquable.
04:27 Alors ce sont toutes deux des passionnées, effectivement,
04:30 très éprises d'amour et de liberté.
04:33 Et là encore, on a l'impression qu'il y a quand même des points communs avec vous.
04:37 Vous avez une espèce de... pas de transfiguration, mais enfin de transfert, plutôt.
04:43 Peut-être, mais inévitablement, quand on écrit,
04:45 ou est-ce que c'est de l'ordre du fantasme,
04:47 ou peut-être que ma grande crainte,
04:49 parce qu'elle avait une forme de dépression permanente foulougue,
04:51 et que mon origine iranienne fait peut-être que j'ai peur d'être foulougue,
04:55 et que je rêve d'être mari,
04:57 et que c'est peut-être cette contradiction et cette ambiguïté-là
05:00 qui portent tout le roman.
05:03 Oui, mais je pense que les modèles qu'on se choisit,
05:06 c'est que si on arrive, quand elles sont comme ça flamboyantes,
05:09 à ce point-là, extraordinaires, vraiment extraordinaires,
05:12 c'est assez unique dans l'histoire,
05:15 on se sent obligées quand même d'être à la hauteur de nos admirations.
05:18 Donc si je ne suis qu'à un quart de ce qu'elles ont pu être,
05:22 je peux en être très très fière.
05:24 En tout cas, si vous voulez lire une histoire d'amour,
05:26 une histoire de femmes passionnées,
05:29 il y a aussi un voyage dans la Belle Époque,
05:31 une époque visiblement qui vous plaît beaucoup.
05:33 Ah oui, elle est incroyable.
05:35 Dans l'Iran des années 50,
05:38 lisez "J'ai pêché, pêché dans le plaisir",
05:41 c'est un très beau livre qui est donc paru chez Grasset.
05:44 Merci beaucoup, Abnous Chalmani.
05:46 On retrouve l'averve et la passion que la militante
05:49 contre l'islamisme, le wokisme, le néo-féminisme,
05:52 développe au jour le jour.
05:55 Merci beaucoup.
05:56 Merci à vous.
05:57 ♪ ♪ ♪
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