• il y a 11 mois
Transcription
00:00 *Musique*
00:09 Notre rencontre quotidienne, c'est une conversation à trois voix avec notre invité.
00:13 Ce midi, il est écrivain. La critique le présente souvent comme l'un des plus grands auteurs du roman noir français.
00:19 Car il a trouvé son style, une écriture crue, puissante, ciselée, qui aime prendre son temps pour décrire et contempler.
00:26 Restituer des atmosphères, des paysages et même des époques.
00:30 Puisqu'il s'est aventuré aussi dans l'écriture de romans plus historiques.
00:34 Il revient aujourd'hui avec son 15e livre qui, après nous, vivrait aux éditions Paillot et Rivage, dans la collection Rivage Noir.
00:42 Il nous embarque dans un monde en plein effondrement.
00:45 *Bonjour Hervé Lecorgue !* Bonjour !
00:47 *Bienvenue dans les Midis de culture !* Merci !
00:50 En quatrième de couverture de votre livre, Hervé Lecorgue, on lit « Un soir, au milieu du XXIe siècle, tout s'éteint.
00:57 On croit à une panne ou à une coupure d'électricité comme il peut s'en produire souvent dans un monde finissant.
01:02 On croit aux pénuries, aux crises, aux pandémies. Mais cette fois, le courant ne revient pas et le chaos s'installe.
01:09 On a l'impression que vous allez nous raconter la fin de notre monde et la fin de l'électricité.
01:13 Mais en réalité, la fin de l'électricité, c'est simplement un des symptômes de cet effondrement.
01:18 Vous allez beaucoup plus loin.
01:20 *La fin de l'électricité, l'extinction des feux, en quelque sorte, c'est évidemment la grosse métaphore qui tâche,
01:27 mais qui symbolise du coup la fin d'un monde, la fin d'une forme de civilisation qu'on pourrait qualifier de type occidental,
01:38 civilisation industrielle, capitaliste, avec sa surconsommation, sa surproduction, etc.
01:46 Tout ce qu'on connaît en fait aujourd'hui, mais qui là, poussé à son paroxysme, ne peut plus durer plus longtemps.
01:56 Avec en plus le contexte précis de cette extinction des feux, c'est quand même un début de...
02:02 C'est un peu le début de la fin, c'est-à-dire qu'on a des pénuries, on a des tickets de rationnement,
02:09 on a sur le plan politique des régimes de plus en plus autocratiques, autoritaires.
02:14 On a un contrôle de la misère des pauvres, un contrôle social de plus en plus strict, de plus en plus impitoyable.
02:22 Donc c'est cette espèce de contexte dans lequel j'ai, en quelque sorte, radicalisé les tendances actuelles,
02:30 en tout cas telles que moi je les ressens, et qui font qu'évidemment, à ce moment-là, cette extinction devient à peu près imparable.
02:42 - On va rentrer dans ce monde futuriste que vous avez imaginé, mais est-ce que, puisque vous parlez du monde futur,
02:48 est-ce que vous avez l'impression que c'est plutôt un retour en arrière, justement, la fin de cette énergie, de l'électricité,
02:54 et peut-être, oui, un retour à... Je sais pas, à des siècles passés ?
03:00 - Oui, c'est probablement... En tout cas, ça autorise, en tout cas dans mon imagination, ça autorise le retour à des comportements, à des terreurs archaïques.
03:12 Et archaïque, ça signifie que du coup, l'humanité, ou le sentiment humain tel qu'il a pu se construire au fil des siècles, n'a plus de valeur,
03:27 et qu'on ne raisonne plus, en tout cas les êtres humains qui subsistent ne nous raisonnent plus qu'en termes de prédation,
03:35 et qu'on n'a plus que des victimes et des prédateurs, enfin, les victimes, certains essayant d'échapper aux attaques,
03:44 et les autres se contentant de profiter de la situation, d'essayer d'en tirer un dernier profit, mais un profit du coup extrêmement violent, extrêmement cruel et barbare.
04:00 Oui, c'est le retour aussi à des... Enfin, c'est le retour, c'est le développement d'un certain nombre de barbarie, oui.
04:06 - Est-ce que c'est inéluctable d'aller vers ce type de récits en tant qu'écrivain, ou peut-être même en tant que citoyen, récits de fin de monde ?
04:15 Est-ce que vous vivez, vous, cette angoisse du dérèglement climatique, de... Qu'allons-nous devenir ?
04:23 - Sans parler d'angoisse, alors, angoisse et inquiétude, je ne vais pas jouer sur les mots, parce que ça serait un peu spécieux, mais...
04:33 Disons que la situation actuelle telle que je la vois, en tout cas, c'est évidemment un ressenti personnel, ce n'est pas un roman didactique, ce n'est pas un roman à solution,
04:42 ce n'est pas non plus un reportage, mais la situation actuelle telle que je la ressens, telle que je ressens son...
04:52 sa déchéance, telle que je ressens son aggravation, tend vers ça.
04:57 Après, en tant que romancier, ce qu'on peut imaginer les jours de désespoir ou d'inquiétude extrême, quand on écarte les analyses politiques, rationnelles qu'on pourrait faire,
05:10 là, du coup, ça devient puissamment romanesque. C'est-à-dire qu'on a tout d'un coup l'apparition de situations que je pourrais qualifier d'extravagantes,
05:21 d'inimaginables, justement, jusque-là, et qui donnent lieu, du coup, à la fabrication de récits, à la mise en situation de personnages,
05:35 parce que ce qui m'intéresse avant tout quand j'écris, que ce soit ça ou les romans noirs que j'ai pu écrire par ailleurs, c'est d'abord des personnages,
05:42 j'ai l'impression d'écrire surtout de ce genre de romans, des romans de personnages, avec des gens que je mets en face de situations face auxquelles ils ne savent pas comment réagir,
05:55 et la plupart du temps, ils réagissent mal ou à côté, et dans le meilleur des cas, ils essayent de sauver leur peau. Voilà, c'est à peu près ça l'idée.
06:05 Frères humains qui après nous vivez, n'ayez les cœurs contre nous endurcis, car si pitié de nous pauvres avez, Dieu en aura plutôt de vous merci.
06:25 Si vous clamez, frères, pas n'en devez avoir d'éden, quoique fûmes oxy par justice. Toutefois, vous savez que tous hommes n'ont pas bon sens rassis.
06:38 Excusez-nous puisque sommes trancis envers le fils de la Vierge Marie, que sa grâce ne soit pour nos taris. Nous préservons de l'infernale foudre, nous sommes morts.
06:56 Amenez-nous à rire, mais priez Dieu que tous nous veuillent absoutre.
07:07 Avant de rentrer dans le texte de votre roman "Hervé Lecor", qui après nous vivrait, arrêtons-nous sur ce titre, puisque ce titre est inspiré du roman que l'on vient d'entendre,
07:18 du poème que l'on vient d'entendre, "La balade des pendus" de François Villon, lecture de Jean Dichant.
07:25 Poème qui donne une atmosphère très particulière, une ambiance aussi très particulière.
07:31 Au-delà de la rédemption, thème fort de ce roman et de ce poème, et la référence religieuse, il y a quelque chose de très lourd.
07:40 Qu'est-ce qui vous a inspiré dans ce texte et pourquoi avoir donné ce titre-là ?
07:47 D'abord, j'avais en mémoire le premier vers, "Frères humains qui après nous vivaient",
07:53 et je trouvais dans ce poème en plus cette espèce de prise de parole des morts, quelque chose d'assez terrible, quelque chose d'assez...
08:07 Et en même temps, l'ironie... Je suis toujours sensible, et là je viens encore d'entendre l'ironie de Villon.
08:13 On a l'impression que son poème est une espèce de prière à l'envers ironique qui...
08:21 Oui, bon, on prie parce qu'il faut bien le faire, mais finalement, on s'en fiche un peu, maintenant qu'on est morts.
08:29 Bon, après, le premier vers, je l'avais en tête, je l'avais sur ma liste de titres.
08:35 Peu importe le texte qui allait avec ?
08:38 Non, mais là, en l'occurrence, ma liste de titres pour ce livre-là, puisque j'en étais à peu près à la fin, et comme toujours, j'étais sans titre.
08:45 J'avais un nombre de codes sur mon ordinateur, et puis c'est tout, un truc idiot.
08:48 Et là, je l'avais mis, et à un moment donné, l'idée de le conjuguer au futur, justement, puisque j'imagine une dystopie, l'idée m'est venue.
09:01 Et derrière, le côté un peu funèbre, l'aspect d'ironie funèbre de Villon, je dis que je ne trahissais ni mon bouquin, ni le poème de Villon, finalement, en conjugant ça au futur.
09:18 Il y a moins d'ironie, évidemment, dans mon bouquin que dans le poème de Villon, ça, c'est le moins qu'on puisse dire.
09:23 Mais bon, voilà, et c'est venu comme ça.
09:27 Dès lors que je me suis arrêté sur ce titre, j'ai dit "bon, c'est celui-là, et ça ne sera pas un autre", et je n'hésitais plus.
09:33 Mais c'est intéressant que vous entendiez de l'ironie dans ce poème de Villon.
09:37 Alors peut-être que c'est la lecture aussi qu'on entend qui est assez solennelle, qui donne effectivement une forme d'esprit de sérieux, où on ne perçoit pas vraiment le sous-entendu,
09:49 mais l'ironie, en tout cas, la mise à distance, en quoi ça vous semble ironique de s'adresser aux morts, de parler depuis la mort, et de s'adresser aux générations d'après ?
10:01 Il y a quelque chose plutôt de très grave, il n'y a pas de distance en fait.
10:07 Je trouve ça très insolent comme poème. Cette mise en demeure faite aux vivants, de prier pour la mémoire des morts,
10:21 et si pitié de nous, pauvres avez, Dieu en aura de vous aussi, merci.
10:28 Attention à vous quand même, ne nous oubliez pas.
10:33 Il y a quelque chose d'insolent.
10:38 Je ne suis pas du tout un spécialiste de Villon, mais connaissant un petit peu ce qu'il a été comme bonhomme,
10:47 l'insolence qu'a été sa vie, cette espèce de vie dans le refus, dans la certaine marginalité pour l'époque, etc.
10:56 Je trouve que ça résume assez bien cette insolence dont il pouvait faire preuve par moment.
11:03 Mais que vous, vous n'avez pas pareil.
11:05 Moi non, mais j'ai juste détourné le premier vers pour mon intérêt personnel.
11:12 Et le roman s'intitule donc "Qui après nous vivrait ?"
11:16 Hervé Lecor, il vient de paraître aux éditions Paillot, "Rivage" dans la collection, "Rivage noir".
11:22 Parce que vous nous décrivez ce monde utopique, très sombre.
11:26 On a hésité entre dystopie, uchronie.
11:29 Vous avez choisi, comment vous qualifiez le genre de roman ?
11:33 C'est plutôt une dystopie, je ne suis pas le roi du vocabulaire en l'occurrence.
11:38 Il y a un point de départ historique.
11:40 Je vais essayer de raconter de l'histoire, parce que vous avez parlé des personnages.
11:43 Il y a de très nombreux personnages, mais le récit se concentre sur quatre générations de femmes.
11:48 D'abord, Rebecca et sa fille Alice, puis la fille et la petite-fille d'Alice, qui sont Noor et Clara.
11:55 Et le livre alterne entre des chapitres qui se déroulent à deux époques différentes.
11:59 En 2050 et 70 ans plus tard, en 2120.
12:04 Et le point de départ historique, c'est celui d'aujourd'hui.
12:08 Puisque les premiers personnages qu'on rencontre, en tout cas dans la chronologie,
12:12 ce sont ceux qui sont en 2050 et qui sont donc nés à peu près à l'époque que nous vivons aujourd'hui.
12:17 C'est le cas de Rebecca.
12:19 Et c'est surtout le point de départ de cet effondrement.
12:22 Puisque très rapidement, on se rend compte que vous ne nous racontez pas ce moment de bascule.
12:26 On entre dans le livre et le monde est déjà effondré.
12:30 Et en tout cas en train de s'effondrer.
12:32 Puisque le contable au rebours a commencé.
12:34 Au deuxième chapitre, on lit très clairement le point de non-retour climatique qui a été officiellement franchi en 2032.
12:40 Et ça, c'est effectivement cette première époque.
12:43 Qu'est-ce qui se passe exactement ?
12:45 C'est ce monde qui est en train de s'effondrer.
12:47 Et à quoi fait-il face ?
12:49 Le monde qui est en train de s'effondrer, c'est ce que je disais un petit peu tout à l'heure.
12:52 Il est en train de s'effondrer depuis, dans mon imagination, dans l'imagination de ce récit, depuis quelques années.
13:00 Des pandémies, vous l'avez un peu dit en reprenant la carte de Couvre.
13:06 Des pandémies, des guerres, des pénuries alimentaires.
13:12 Des régimes autoritaires qui font que l'espérance, ne serait-ce que démocratique, je ne parle même pas de révolutionnaire,
13:24 mais l'espérance démocratique est elle-même perdue.
13:28 Et du coup, c'est tout ça qui est en train de se déliter lentement,
13:36 sans qu'on arrive à trouver le moindre contrepoison, la moindre alternative capable de provoquer une bifurcation quelconque.
13:48 Donc c'est un peu ça, tout ça qui se casse la figure à ce moment-là,
13:52 et qui a son point de cassure, de rupture lors de cette fameuse panne immense.
13:59 Et en plus j'imaginais une panne électrique parce que ça permet, sur le plan romanesque, de l'économie du roman,
14:07 ça permet de mettre fin à tout ce qui est réseau, communication informatique,
14:13 y compris même connexion des productions d'électricité.
14:18 Même les alternatives, même les éoliennes, même les panneaux solaires, n'étant plus connectés entre eux, n'ont plus aucun effet.
14:27 Et donc j'imaginais un peu tout ça.
14:30 Oui, métaphoriquement, c'est la nuit qui s'installe.
14:34 - C'est effectivement votre imagination qui crée ce monde futur qui est à quelques dizaines d'années de nous,
14:42 en tout cas si on prend la première époque que vous nous racontez.
14:46 Il y a quelque chose, je ne sais pas, peut-être une forme de volonté de vouloir être vraisemblable,
14:50 parce que quand vous nous racontez ces pandémies qui déciment des centaines de millions de morts dans le monde,
14:57 quand vous nous décrivez aussi ces endroits qui ont été calcinés, ces gigantesques feux de forêt,
15:01 il y a des choses que l'on presque a pu vivre ces dernières années, que l'on vit tous les étés,
15:07 notamment je pense Hollande qui ont brûlé en France il y a quelques mois.
15:12 Il y a cette volonté de montrer qu'en fait on y est presque.
15:16 - Oui, je crois qu'on y est presque, mais le mot important dans cette phrase c'est le presque.
15:23 Et c'est là que se situe probablement le petit espace d'espérance de la fameuse bifurcation à laquelle je pense.
15:33 C'est curieux, vous parlez des incendies, j'ai écrit toute la scène de la forêt calcinée,
15:42 avant les incendies qu'on a connus dans ma région, dans les Landes là-bas,
15:46 et j'étais très très troublé de voir tout d'un coup ces incendies se déchaîner.
15:51 Moi qui les avais vus en Australie par exemple, c'est là qu'on avait eu les précédents grands incendies,
15:58 et là tout d'un coup c'était à 20 km quoi, ou 20 ou 50 km, et ça c'était très très mince.
16:05 J'ai écrit ça il y a quelques mois, et voilà que ça se réalise.
16:10 Vous avez eu l'impression d'être un prophète, ou presque, ça vous a troublé sur vous-même ?
16:15 Oui ça m'a troublé parce que je me disais mince, c'est bien dans les romans, les catastrophes,
16:21 mais en vrai, comme on dit, c'est beaucoup plus compliqué à encaisser.
16:27 De la même façon, ça a été un déclencheur de l'écriture de ce bouquin,
16:32 lorsqu'on s'est retrouvés tous confinés, et à déambuler quand on pouvait, dans des villes désertes,
16:38 avec la peur de cette maladie qui se répandait,
16:45 je me disais mais là aussi, j'avais lu ça dans des romans.
16:49 Je trouvais ça fascinant, j'ai toujours aimé les romans de fin du monde,
16:53 les solitudes absolues, dans des villes désertes, un petit peu dansées, chantées dans les ruines,
17:00 je trouvais ça très très bien sur le plan romanesque, sur le plan littéraire,
17:03 sauf que là tout d'un coup on était dans le film, on était dans le bouquin.
17:06 Et là, là aussi, je ne pense pas être le seul à avoir ressenti ce trouble,
17:12 je dirais presque ce porte-à-faux, ce déséquilibre.
17:17 On avait l'impression tout d'un coup d'avoir raté une marche, qu'on n'avait pas vue sous nos pas,
17:24 et là on se dit mais où on va là ? A partir de maintenant, où est-ce qu'on va ?
17:27 Donc toutes ces petites choses un peu... comment dire ça ?
17:33 Toutes ces petites choses finalement un peu futiles,
17:37 tous ces petits éléments rassemblés ont fini par cristalliser dans l'idée vraiment d'écrire le bouquin.
17:45 Mais ce qui est intéressant c'est que là vous avez écrit justement ce roman de manière contemporaine à ces événements.
17:50 Donc là, l'imagination a parfois précédé la réalité, mais la réalité vous a aussi précédé Hervé Lecor.
17:56 Donc finalement, vous dites que c'est rassurant de l'avoir sur le papier,
17:59 mais là en fait ce que vous écrivez, on ne l'a plus que sur le papier.
18:03 C'est une consolation de se dire que ça peut encore exister en livre,
18:08 et que c'est une manière d'y échapper, de se dire que ce n'est pas que la réalité, c'est aussi quelque chose de mon imagination ?
18:14 Alors c'est peut-être aussi, alors c'est très inconscient,
18:17 mais c'est peut-être aussi une façon de figer ça sous une cloche.
18:24 Je ne sais pas si c'est Rimbaud qui disait au sujet de sa poésie, je fixais des vertiges.
18:28 Donc à un moment donné, oui c'est vertigineux, en tout cas de mon point de vue, ce qu'on est en train de vivre.
18:34 Et à un moment donné, essayer d'organiser ce chaos qui vient,
18:40 de l'organiser par l'écriture, par le récit, par sa structuration,
18:44 ça peut être une façon aussi de dire bon ben voilà, là je tiens mon objet,
18:50 et j'espère qu'il va se tenir tranquille.
18:53 Mais bon, je sais que c'est extrêmement spécieux comme raisonnement,
18:57 mais c'est peut-être aussi pour ça qu'on écrit des,
19:00 enfin qu'on écrit, en tout cas que moi j'écris des romans, y compris des romans noirs d'ailleurs,
19:04 parce que c'est toujours un peu la même idée.
19:07 On attrape la violence, on essaye de la figer un petit peu dans une espèce de bloc romanesque,
19:14 pour plus qu'elle bouge, ne serait-ce que pour pouvoir l'observer sans risque,
19:19 et se dire bon elle est là, je sais où elle est,
19:22 et peut-être qu'un jour on arrivera à maîtriser, à dominer ça.
19:26 Et la violence elle se déchaîne notamment dans la deuxième partie,
19:30 deuxième époque du roman que vous nous racontez, pardon.
19:34 En 2120, on est là avec Nour et Clara,
19:38 et on découvre un autre duo père-fils qui s'appelle Marceau et Léo,
19:42 et on est dans ce monde en ruine, cette planète totalement dévastée que vous nous avez décrite.
19:46 Ils ont trouvé refus dans une maison à moitié calcinée à la campagne,
19:50 qui va être totalement détruite par des pillards, ce qui va les pousser à fuir.
19:54 L'idée de cette fuite incessante, vitale, nécessaire pour la survie,
20:02 puisque en fait ce n'est plus que ça l'idée, en tout cas l'avenir de ces personnages,
20:07 c'est partir pour survivre.
20:09 Oui, c'est une fuite, mais c'est aussi une poursuite,
20:11 parce qu'en même temps leur premier but, après ils se perdent un peu,
20:16 mais leur premier but c'est de rattraper les pillards qui ont attaqué,
20:20 qui ont violenté la jeune fille, Clara.
20:24 Donc c'est l'idée ça.
20:26 Au départ, mon idée était d'écrire, enfin d'écrire,
20:30 d'avoir comme fil rouge une sorte de western.
20:34 Ce genre de western où on a un type, un genre de cavalier solitaire,
20:40 rentre dans la ferme de ses parents bien-aimés,
20:44 il a la troupe détruite, incendiée, les corps partout,
20:46 et il décide de se lancer, avec quelques jours de retard,
20:50 à la poursuite des assassins.
20:52 C'était ça un petit peu mon idée.
20:54 Donc c'est à la fois une poursuite,
20:58 bon, ils ont tellement de jours de retard qu'il est à peu près impossible de rattraper.
21:02 Ces gens en plus ne savent pas exactement où ils sont passés.
21:04 Et après ça devient une fuite, une quête permanente de survie effectivement.
21:09 Comment boire, manger, comment s'y prendre,
21:14 comment maîtriser sa peur.
21:16 Et autre chose aussi qui m'est chère,
21:18 comment chacun trimballe, en tout cas les deux adultes,
21:21 Nour et Marceau trimballent aussi leurs fantômes,
21:24 et comment s'accommoder, comment les emmener avec eux,
21:28 et les faire tenir tranquilles pour pas qu'ils viennent
21:31 ajouter encore du désespoir à leur vie présente.
21:35 - Vous l'avez décrite cette société qui s'installe,
21:37 c'est une société très autoritaire, de surveillance,
21:39 avec des quartiers de rélégation, un contrôle social poussé à outrance aussi,
21:44 une société qui se réorganise par endroits dans une forme d'état religieux,
21:48 et puis beaucoup de violence, des viols, des meurtres, des lynchages, des vols,
21:52 il y a des armes à peu près partout, il faut s'armer pour se défendre.
21:55 Il est où l'espoir dans ce que vous nous racontez ?
21:59 Vous avez dit qu'il y a encore ce petit presque qui signifie l'espoir.
22:02 Il est dans ces personnages féminins, ces quatre générations
22:06 qui transmettent leur valeur, cette humanité dont vous parliez tout à l'heure au début de l'émission ?
22:11 - L'espoir, oui, il est incarné par ces personnages féminins,
22:15 parce qu'elles tiennent debout, parce qu'elles tiennent bon
22:21 dans la transmission qu'elles essayent de faire de l'humaine condition,
22:29 des capacités à résister, à se battre,
22:35 raison pour laquelle je me suis appliqué à les armer,
22:40 en particulier, vous parliez d'armes, elles sont armées,
22:43 elles se battent, elles savent se servir de leurs armes.
22:45 Je ne voulais pas, au prétexte d'évoquer des personnages féminins,
22:50 je ne voulais pas les assigner au rôle de victime
22:54 qu'il faudrait protéger ou qu'il faudrait plaindre.
23:00 On entend en ce moment beaucoup, et je trouve ça extrêmement sain,
23:07 beaucoup de féministes protester contre cette assignation,
23:12 cette victimisation qui finalement est complètement stérile
23:16 et ne débouche jamais sur aucune mesure.
23:19 J'avais ça en tête, de ne pas dire de bêtises là-dessus,
23:25 et de montrer effectivement des femmes qui sont là, debout,
23:29 qui sont vraiment des femmes et qui ne sont pas des garçons manqués,
23:35 bardés de flingues.
23:38 Ce n'était pas du tout mon idée, puisque j'essaye de montrer,
23:41 et il est là l'espoir aussi, la tendresse des relations mère-fille,
23:46 père-fils aussi, puisque entre Marceau et Léo,
23:53 il y a aussi cette tendresse qui apparaît.
23:57 Je ne voulais pas non plus montrer que cette tendresse-là
24:00 est purement maternelle et ne pas tomber dans les clichés idiots.
24:04 Il est là l'espoir, et il est peut-être aussi dans le fait que
24:09 ils sont à un moment donné, sans dévoiler, divulgacher quoi que ce soit,
24:14 à un moment donné, ils entendent parler d'une communauté,
24:18 ou peut-être on pourrait reconstruire quelque chose d'à peu près équilibré
24:24 sur le plan humain, politique, social, etc.
24:27 Le néopolar, c'est plutôt un phénomène français.
24:31 Il me semble que c'est une espèce de dégradation du polar classique.
24:36 Je pense que le polar classique a terminé sa trajectoire,
24:40 on ne peut plus en faire.
24:42 On a des dégradations, des décompositions, des reprises,
24:46 qui sont caractérisées d'une part par le babélisme, le syncrétisme,
24:50 je ne sais pas comment on peut appeler ça,
24:52 c'est-à-dire l'irruption à l'intérieur des cadres classiques du polar,
24:56 des trucs qui sont complètement étrangers aux cadres classiques du polar,
25:00 l'irruption de choses très littéraires dans un genre qui a priori est un genre antilittéraire,
25:06 et puis, accessoirement, en France au moins,
25:10 ailleurs aussi j'ai l'impression,
25:12 l'irruption de la politique ouvertement gauchiste très souvent,
25:18 soit qui tape sur les patrons, soit que vraiment il y ait le triomphe de l'émeute dans les histoires elles-mêmes.
25:28 La voix de Jean-Patrick Manchette en 1980,
25:32 et des propos qui vous ont fait sourire ou rire, Hervé Lecor,
25:35 pour situer cet auteur qui vous a emmené vers l'envie d'écrire du roman noir,
25:42 et le succès que l'on vous connaît aujourd'hui,
25:45 qu'est-ce qui vous a le plus marqué dans ce qu'il vient de dire ?
25:48 Le fait que le genre du roman noir ne soit pas de la littérature,
25:52 ou peut-être l'engagement politique à l'époque, on est en 1980, de ces auteurs-là ?
25:56 Il y a ces deux points.
25:58 Le premier point, à lequel je ne suis pas d'accord quand il proteste contre la tendance littéraire
26:08 de certains auteurs de romans noirs,
26:12 il défendait, mais avec une mauvaise foi qu'il assumait par ailleurs,
26:18 et beaucoup d'ironie et d'humour tel qu'on le connaît,
26:21 il assumait cette position d'un roman populaire,
26:28 d'un roman en prise directe, aussi bien dans ses sujets que dans son écriture, sur le réel,
26:35 alors que lui-même n'a cessé d'écrire des romans hautement littéraires, hautement référentiels.
26:41 Il y avait une culture énorme, et il ne cessait de glisser dans ses textes des allusions,
26:48 des citations apocryphes, c'était incroyable.
26:52 Donc on avait l'impression qu'il disait en gros "je le fais, mais vous, non, surtout gardez-vous-en".
27:01 Ça lui était réservé ?
27:02 Par exemple, il n'aimait pas du tout le travail que faisait Jean Vautrin,
27:06 alors qu'ils ont publié à peu près à la même époque.
27:09 J'ai toujours trouvé ça horriblement injuste, parce que Vautrin était un très très grand écrivain,
27:15 et il affirmait lui en revanche le primat de l'écriture.
27:18 Après, là où je suis d'accord avec lui, c'est quand il s'en prend à ses auteurs de romans noirs,
27:24 qui mettent en premier lieu, au premier plan, le témoignage social, le roman d'enquête sociale,
27:34 de constat social, de critique sociale.
27:36 Et de dénonciation politique ?
27:38 Et de dénonciation politique, en oubliant d'écrire.
27:40 C'est-à-dire que ce sont des gens qui rédigent plus qu'ils n'écrivent,
27:45 et ça peut donner parfois des livres d'un haut intérêt politique ou sociologique, pour ceux que ça intéresse,
27:55 mais d'un assez médiocre niveau littéraire.
27:59 Et là-dessus, il a raison.
28:03 En tout cas, je suis d'accord avec lui.
28:05 Je ne sais pas s'il a raison, je ne sais pas si on a raison, mais je suis d'accord avec lui.
28:08 Qu'est-ce que vous, vous avez voulu faire dans vos poilards ?
28:11 Là, on parlait de votre dernier livre, qui est cette dystopie,
28:14 qui n'a pas véritablement de rapport ou de lien avec ce que vous avez pu écrire avant,
28:19 en tout cas dans la démarche et dans l'imagination,
28:22 mais quand même, il y a des choses en commun sur la description de ces atmosphères,
28:27 de ces ambiances, de ces paysages, qui vont justement dessiner l'intrigue
28:32 qu'on a commencé à décrire en début d'émission.
28:35 Ce qui est différent, c'est que c'est déjà la période,
28:39 c'est que je sors un petit peu des codes du roman noir tel qu'on les entend d'habitude.
28:45 L'idée, c'est que malgré tout, la continuité, avec ce que j'ai fait précédemment,
28:50 c'est ce que je disais un petit peu tout à l'heure,
28:52 c'est que c'est un roman de personnages, avant toute chose.
28:55 C'est-à-dire que je m'intéresse...
28:58 En cours d'écriture, je ne fais pas de plan.
29:00 En cours d'écriture, ce qui apparaît très vite, c'est tel ou tel personnage
29:06 auquel je vais m'attacher, m'accrocher,
29:09 et pour lequel je vais prendre soin de le densifier le plus possible,
29:15 de lui donner le plus d'ambiguïté, d'ambivalence possible,
29:19 d'éviter d'en faire un archétype figé.
29:22 - Donc c'est lui qui vous guide ?
29:24 - C'est ça qui m'intéresse en tout cas à faire.
29:26 Je ne crois pas du tout à certains écrivainistes qui se sont laissés guider
29:29 par leur personnage, qui trouvent soudain...
29:31 - Qui les suivent !
29:32 - Qui trouvent leur autonomie...
29:34 "Ah, je n'ai pas fait exprès, c'est lui qui a voulu."
29:36 Non, ce sont des bêtises, de mon point de vue.
29:39 Non, on assume son rôle de narrateur, c'est l'auteur qui fabrique tout ça,
29:46 avec sa petite tête et son petit clavier.
29:49 En revanche, à un moment donné, on trouve que tel ou tel personnage
29:56 correspond avec l'idée que je me faisais de l'intrigue,
30:03 de ce que je voulais atteindre comme but,
30:05 de ce que je voulais faire ressentir,
30:07 ou ce que je ressentais moi-même et ce que j'essayais de traduire.
30:10 Ça, ça m'intéresse davantage.
30:12 - Il y a aussi dans votre écriture, votre façon de raconter l'histoire,
30:17 cette importance des détails, et notamment dans ce dernier roman,
30:21 mais dans les autres aussi, quelque chose de très sensible.
30:24 Vous parliez de ces personnages à qui on s'attache.
30:27 Je ne sais pas si vous nous avez dit qu'il n'y avait pas de plan dans celui-là,
30:30 mais j'espère que vous aviez un arbre généalogique,
30:32 parce que pour suivre tous les personnages,
30:34 il fallait s'accrocher, parce qu'ils sont très nombreux.
30:38 Mais on rentre aussi dans vos écrits et vos romans par les sensations,
30:43 les odeurs, il y a quelque chose de très cru aussi,
30:47 dans les descriptions que vous pouvez faire de ces violences,
30:50 ces assassinats, ces batailles, ces combats.
30:53 Comment on fait pour être cru sans dépasser les bornes,
30:58 sans dégoûter son lecteur ?
31:00 - Et encore, je vous ai invité le pire.
31:02 - C'est vrai ?
31:03 - Non, je le dis en plus, c'est assez...
31:05 - Vous avez supprimé des pages ?
31:07 - C'est même un peu une plaisanterie.
31:08 Par exemple, par rapport aux personnages de femmes,
31:10 c'est Alice surtout qui se remémore des choses qu'elle a vues,
31:17 qu'elle a entendues, qu'elle a subies.
31:20 En particulier, que ce soit elle ou Rebecca, sa mère.
31:24 Toutes ces femmes, elles en ont vues, elles en ont subies,
31:30 et ça, je n'en parle pas.
31:32 Par exemple, je ne sais pas ce que Rebecca a bien pu subir
31:35 pendant l'ellipse de plusieurs années
31:38 que je fabrique dans la chronologie,
31:42 mais je suppose, on peut imaginer que ça s'est très mal passé pour elle,
31:47 et qu'elle est encore là, qu'elle tient debout.
31:50 Donc c'est pour ça que je vous ai évité le pire,
31:54 si on peut dire ça,
31:55 parce que finalement, l'horreur absolue que ces femmes ont pu subir,
31:59 j'essaye de la laisser hors champ
32:02 pour me concentrer sur ce qu'elles affrontent à l'instant T
32:06 dans leur tentative de survie, de transmission,
32:10 d'amour aussi, pour leur gamine.
32:15 Après, pour ce qui est de la crudité de la violence,
32:19 c'est toujours le même problème.
32:21 Je dis tout le temps qu'écrire, d'une façon générale,
32:26 mais singulièrement dans ce genre de bouquin,
32:30 écrire, c'est une question d'éthique.
32:33 Je me pose constamment la question de savoir jusqu'où je peux aller trop loin.
32:40 Que ce soit pour les scènes de violence, les scènes de sexe,
32:45 et ce sont des scènes que je trouve toujours horriblement compliquées à écrire,
32:50 que j'écris et je réécris beaucoup,
32:53 en essayant,
32:55 mais c'est un essai, après c'est le lecteur et sa sensibilité qui décide et qui juge,
33:01 en essayant de dire la violence que je veux exprimer,
33:06 tout en la rendant, au moins par moi, supportable.
33:11 J'ai ma petite sensibilité d'auteur.
33:14 Et même si je ne pense pas trop au lecteur dans ce cas-là,
33:17 c'est d'abord le premier juge,
33:20 qu'est-ce que je suis capable de supporter dans ce que je suis en train d'écrire.
33:24 À un moment donné, on se met un peu à distance du texte,
33:27 mais ça là, est-ce que c'est vraiment ça que tu veux faire ?
33:32 Est-ce que c'est ça que tu veux faire ? Subir à ton personnage ?
33:36 Et ce que j'essaye toujours de garder, de leur garder, de leur préserver, c'est la dignité.
33:42 Ça peut être des personnages de papier,
33:44 j'essaye de ne jamais leur faire subir des choses, des actes,
33:50 qui pourraient les transformer en simple figure expiatoire,
33:56 ou en simple viande sanglante, juste pour épater la galerie.
34:03 Alors ça, c'est très compliqué à faire.
34:06 Je ne suis pas sûr que j'y arrive tout le temps, mais c'est un vrai travail.
34:10 On l'a entendu dans l'archive de Jean-Patrick Manchette,
34:14 et vous êtes d'accord avec lui, vous l'avez dit, Hervé Lecors,
34:16 sur le fait de faire plus un livre de politique qu'un livre de littérature,
34:22 mais en développant cette psychologie des personnages,
34:26 en vous attachant à eux, en les préservant, en ayant une éthique,
34:30 vous développez, vu le sujet en plus,
34:33 un certain positionnement politique de vos personnages,
34:38 et une manière de se tenir face au monde.
34:40 Je ne dirais pas une morale, mais presque qu'on y est à ce point-là,
34:44 de la morale, ou en tout cas une éthique.
34:47 Oui, si vous parlez de politique, effectivement,
34:50 mais elle doit toujours, d'après moi, rester en second plan.
34:53 Elle ne doit jamais s'intercaler.
34:55 Elle ne s'affiche jamais en tant que telle, vous voulez dire.
34:57 Non, je refuse absolument ça, je ne peux pas.
34:59 J'ai mes opinions, j'ai mes convictions, c'est une chose.
35:02 Mais je n'écris pas des romans reportage, je n'écris pas des romans pamphlet.
35:06 Comme je le disais tout à l'heure, je n'écris pas des romans d'enquête
35:10 ou de constat social, même si le constat, c'est du billard à trois bandes.
35:15 Il va revenir à un moment donné, il va se produire à un moment donné.
35:18 Mais bien sûr que parler des sociétés telles que je les imagine en train de s'effondrer,
35:25 parler ensuite, par exemple, des communautés qui essayent de se reconstruire,
35:32 il y en a plusieurs que je mets en scène,
35:35 qui peuvent être totalitaires, tyranniques, animés par des patriarcales,
35:44 c'est dur à dire indécidement,
35:46 et animés par des fanatiques religieux et des militaires,
35:49 c'est parler de politique.
35:52 C'est à un moment donné porter sur ces structures sociales et politiques,
35:56 peut-être pas un jugement, mais en tout cas montrer de quoi elles sont capables.
36:01 C'est ça qui m'intéresse finalement.
36:03 En montrant comment ça fonctionne, mais en évitant le commentaire.
36:08 La description, ça c'est vraiment le plus important pour vous ?
36:12 J'adore ça.
36:14 D'abord je suis assez visuel quand j'écris,
36:17 donc j'aime bien, je vois tout,
36:20 et du coup il y a des moments où j'aime bien m'arrêter et être dans la forme de contemplation.
36:25 Je suis assez contemplatif, donc du coup ça doit se retrouver par moments.
36:30 Merci beaucoup Hervé Lecor d'être venu dans les Midi de Culture nous présenter votre dernier roman
36:34 qui après nous vivrait aux éditions Paillot et Rivage dans la collection Rivage Noir.
36:38 Il est disponible depuis hier.
36:40 Et pour finir Hervé Lecor, nous avons choisi deux chansons,
36:43 l'une en référence au polar et l'autre sur la science-fiction.
36:46 Laquelle des deux souhaitez-vous écouter ?
36:49 Polar ou science-fiction ?
36:52 Science-fiction.
36:54 [Musique]
37:00 [Musique]
37:20 [Musique]
37:43 XTC, Science Fiction, merci beaucoup Hervé Lecor d'être venu dans les Midi de Culture,
37:48 une édition préparée par Aïssa Touaine, Doyen Aïssisbert, Cyril Marchand, Zora Vignel,
37:52 Laura Dutèche-Pérez et Manon Delassalle.
37:55 L'émission est réalisée par Louise André et à la prise de son ce midi, Florent Bujon.
37:59 A demain Géraldine.
38:00 A demain Nicolas.

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