Notre_Histoire-La_Grande_Epidemie_-_Grippe_espagnole_-_Premiere_Guerre_Mondiale_-_Documentaire_histoire_-_HD_-_CTB-087XIh8W_Vc

  • il y a 8 mois

Category

🗞
News
Transcript
00:00 Dix milliers, des centaines de milliers, des millions de morts.
00:07 Quand elle apparaît à la fin de la première guerre mondiale, la grippe espagnole fait plus de ravages que les combats sur le front.
00:14 Elle tue selon les sources dix, vingt, voire quarante millions de personnes. Et elle disparaît, sans laisser de traces.
00:26 Aujourd'hui, les scientifiques sont à sa recherche, au nord du cercle polaire, dans les archives médicales américaines,
00:33 ou dans les cimetières de Londres, ils tentent de retrouver le virus disparu.
00:37 Ils veulent comprendre pourquoi il fut si dangereux, et surtout empêcher que cette catastrophe ne se reproduise, un jour.
00:51 *Musique*
01:08 Printemps 1918, le monde est en guerre.
01:14 Dans l'est de la France, l'armée allemande poursuit son offensive. Fin mai, elle marche sur Paris. L'inquiétude gagne les rangs alliés.
01:24 Mais dans la Marne, les soldats allemands piétinent. Les troupes américaines gagnent le front et apportent à l'armée française leur soutien.
01:34 L'espoir renaît.
01:40 *Musique*
01:45 C'est alors que surgit une invité que personne n'attendait. La grippe.
01:51 Quelques mois plus tard, des millions d'hommes et de femmes seront morts de cette maladie.
01:59 Pourquoi cette épidémie fut-elle si violente ? Pourquoi s'est-elle propagée aussi vite ?
02:07 D'où est-elle venue ? Ces questions sont restées sans réponse.
02:11 Les épidémies de grippe qui naissent aujourd'hui ça et là sur la planète inquiètent les scientifiques.
02:18 Et si le cauchemar de 1918 se reproduisait ?
02:23 On ne peut pas réellement prédire quand cela va se reproduire, mais nous sommes certains que ça va arriver.
02:31 La question n'est donc pas, le virus va-t-il se manifester ? Mais quand ?
02:36 Nous devons tirer les leçons de l'épidémie de 1918. 15 millions de personnes ne peuvent pas mourir en vain.
02:42 Nous devons nous aider du passé pour envisager l'avenir.
02:46 Se replonger dans le passé, retrouver les traces de la grippe espagnole,
02:56 c'est à une véritable traque que les scientifiques vont devoir se livrer.
03:03 Allant rechercher la bête, là où elle se terre peut-être encore, avec les restes de ce qu'elle a contaminé.
03:10 C'est une drôle de réunion, à 4h du matin, dans un cimetière.
03:21 Mais avant d'exhumer le corps d'une de ses victimes, la science aura vécu une grande aventure.
03:29 Une histoire qui commence au XVIe siècle, à une époque où la grippe n'est connue que sous le nom de fièvre catarale.
03:36 En 1557, il y a une épidémie de fièvre catarale qui fait des dégâts considérables dans le sud de l'Europe.
03:43 Une autre épidémie de fièvre catarale cause pas mal de dégâts en 1580.
03:51 Et ensuite, tous les 10 à 20 ans, nous avons des épidémies de fièvre catarale qui opèrent leur ravage en Europe et ailleurs dans le monde.
04:00 Au XIXe siècle, on ne parle plus de fièvre catarale, mais on parle d'influenza.
04:07 Et à partir de 1880, on commence à parler de grippe.
04:11 Dès avril 1918, les premiers cas de grippe font leur apparition chez les militaires.
04:21 Mais cette première vague passe relativement inaperçue.
04:24 La tension de la population est alors mobilisée par les combats de cette guerre qui n'en finit pas.
04:43 L'épidémie de grippe espagnole, on commence à en parler dans la presse en juillet 1918.
04:50 Mais de façon tout à fait paradoxale, on s'en réjouit.
04:55 Pourquoi ? Ce qu'on vous dit ? Cette épidémie de grippe touche très peu les Français, un peu les Anglais, mais beaucoup les Allemands.
05:06 Donc cette grippe, en quelque sorte, est patriotique.
05:11 Et on va très vite déchanter.
05:13 À partir de l'été 1918, les médecins, et notamment les médecins militaires, commencent à se dire que cette épidémie décidément tue beaucoup.
05:38 Et il y a des rapports qui sont adressés au ministère de la guerre, au ministère de la santé, qui disent "attention, il faut prendre un certain nombre de mesures prophylactiques parce que cette grippe est très dangereuse.
05:48 En Espagne, elle tue déjà des milliers de personnes. Il faut y faire très attention."
05:53 Et soudain, en septembre 1918, le public prend conscience que la grippe tue plus que le feu.
06:04 Dans les hôpitaux débordés, les malades de la grippe s'ajoutent aux blessés de guerre.
06:09 Les médecins tentent en vain de faire face à ce nouvel ennemi dont ils ne connaissent pas grand chose.
06:15 Quand on circule dans une salle de grippé, on est frappé par l'aspect de ces malades, à la respiration brève et pénible.
06:25 Ici, on n'observe plus le faciès rouge du début, mais un teint plus brillant.
06:32 Mais un teint plombé. Le regard inquiet semble dire la crainte d'une asphyxie pulmonaire.
06:37 Le malade crache parfois une mousse blanche, parfois sanguinolante, puis survient à l'asphyxie.
06:45 La maladie défie le corps médical.
06:51 Trois ou quatre jours suffisent pour que les malades agonisent sous les yeux des médecins impuissants.
06:58 Les comptes rendus relatent la terrifiante rapidité avec laquelle la grippe se répand.
07:03 Début brusque, parfois violent. Ascension rapide du thermomètre pouvant dépasser 41 degrés.
07:11 Céphalée, râle, expectoration. En cinq semaines, j'ai vu mourir plus de patients qu'en dix ans.
07:23 Alors, ce texte, il nous montre d'abord quel était le faciès horrifique de cette maladie.
07:30 Et il nous montre ensuite que ces médecins militaires étaient complètement désorientés par cette épidémie à laquelle ils ne s'attendaient pas.
07:40 Car ils étaient montés en ligne pour soigner des soldats, donc des blessures.
07:45 Et ils se trouvent confrontés à une épidémie dont ils ne connaissaient même pas, quelques semaines auparavant, les symptômes.
07:51 Vous voyez ici des illustrations type des trois différentes étapes de la maladie.
08:19 C'est cette rougeur du faciès. Mais surtout, ce qui est typique, c'est cette cyanose dite héliotrope, cette couleur lavande de la peau, qui témoigne du manque d'oxygène, de la difficulté à respirer.
08:31 Une fois que les jeunes malades avaient atteint cet état, ils mouraient inévitablement.
08:37 L'infirmière, voyant cela, pouvait déjà réserver le lit pour le prochain malade.
08:48 Ces symptômes, ce sont les symptômes des complications habituelles de la grippe.
08:52 En 1918, la fièvre soudaine, les violents maux de tête, les douleurs intenses dans les membres sont suivies, pour la plupart des cas, par des complications pulmonaires.
09:02 Dans les hôpitaux, les visages des malades disent l'étonnement, l'effroi, la peur.
09:09 Les médecins ignorent comment agit le virus de la grippe.
09:13 A vrai dire, ils ignorent même s'il s'agit d'un virus.
09:17 (Musique)
09:27 Si certains chercheurs comme John Oxford essaient de retrouver les traces du virus de 1918, d'autres étudient la multitude des souches aujourd'hui en circulation chez l'homme.
09:38 Ils tentent de comprendre pourquoi nous sommes immunisés face à certaines d'entre elles, et pourquoi d'autres peuvent s'avérer non seulement dangereuses, mais potentiellement mortelles pour une partie de l'humanité.
10:03 Je me demande si on ne distingue pas les deux formes de spicules. On a le sentiment qu'il y a bien les deux formes de glycoprotéines à la surface.
10:13 Et si on fait l'acquisition plus fort dans le cissement ?
10:23 Les virus de la grippe, d'abord, sont des objets très petits, d'environ 100 à 120 nanomètres de diamètre. On ne peut les visualiser qu'en microscopie électronique.
10:33 Ça se présente sous la forme de particules, grossièrement sphériques. Parfois, on peut avoir des formes un peu différentes, plus ou moins filamenteuses.
10:43 À l'intérieur de l'enveloppe, on va trouver le matériel génétique, qui est constitué de huit morceaux, qui contient l'information génétique, le code qui va permettre au virus de se multiplier dans une cellule.
10:56 Les virus ne peuvent pas se multiplier seuls. Pour cela, ils se servent d'une cellule.
11:10 Le virus est hérissé de spicules, des sortes de dards qui vont l'aider à se fixer sur la cellule.
11:16 Une fois attaché, le virus est englouti par la cellule. Il fusionne avec elle et relâche les huit gènes qui constituent son matériel génétique.
11:28 Les huit gènes pénètrent alors dans le noyau de la cellule, où ils sont répliqués.
11:38 Les nouveaux brins sont ensuite exportés à la surface de la cellule, où l'assemblage des nouveaux virus a lieu.
11:44 Ces nouveaux virus se détachent de la cellule et vont infecter de nouvelles cellules en se multipliant à l'infini.
11:58 Voici ce qui se passe quand quelqu'un vous contamine. Votre nez reçoit une centaine de ces particules.
12:06 Celles-ci infectent les cellules du nez. En moins de sept heures, les cellules produisent dix mille virus.
12:14 Ces dix mille virus infectent dix mille autres cellules, qui elles-mêmes produisent en quelques heures dix mille virus et ainsi de suite.
12:25 Donc très vite, durant les 24 premières heures de l'infection, aujourd'hui tout comme en 1918, on développe des millions de virus dans les voies respiratoires.
12:36 En 1918, le virus est descendu dans la trachée, les bronches et les poumons bien plus rapidement qu'il ne le fait aujourd'hui.
12:45 Aujourd'hui, 24 heures suffiraient pour qu'un nouveau virus se diffuse sur toute la planète.
12:55 En 1918, les mouvements de troupes ont accéléré la diffusion de l'épidémie sans que le corps médical ne puisse réagir.
13:22 Certains spécialistes émettent une autre hypothèse.
13:25 Ils pensent que l'emploi des gaz de combat ont rendu les poumons des soldats plus vulnérables à l'infection et qu'elle s'est donc répandue encore plus facilement.
13:35 Quoi qu'il en soit, le corps médical ne peut que constater l'étendue de l'épidémie sans savoir vraiment y faire face.
13:51 On n'en finirait pas à dénumérer les remèdes qui ont été essayés et qui n'ont jamais fait leur preuve.
13:57 Ça va de l'aspirine à la quinine, au formol, au rhum.
14:01 On a même tenté des injections d'essence de térébenthine pour provoquer une sorte de choc de révulsion salutaire.
14:11 En réalité, le choc a bien eu lieu, mais à mon avis, il n'a jamais été salutaire.
14:18 Ici, Les Quotidiens publie des formules miracles de Panacée.
14:23 C'est ainsi que le petit Parisien du 26 octobre fait sensation en publiant la formule d'un médicament miraculeux.
14:32 Ça comprend une quinzaine ou une vingtaine d'ingrédients.
14:36 Immédiatement, c'est la ruée. On se rue chez les pharmaciens.
14:39 Les pharmaciens sont déjà débordés et ils protestent contre de telles publications qui, naturellement, paralysent leur travail.
14:47 Un vent de panique souffle désormais sur la population.
14:54 Les médecins n'essaient même pas de s'opposer aux remèdes conseillés par les journalistes.
14:59 La faculté de médecine recommande le port du masque.
15:03 Être contre, écrit le professeur Vincent, c'est le même préjugé qui a entraîné la mort de tant de combattants par les gaz toxiques inventés par les Allemands.
15:16 Pourtant, l'efficacité du masque 2 gaz n'est pas la même que celle du masque A gaz.
15:22 Et son adoption par une grande partie de la population ne freine pas la progression de la maladie.
15:28 En octobre, l'épuisement est général. Les autorités militaires et civiles reçoivent les premières statistiques.
15:43 A Paris, les chiffres de la préfecture montrent l'impressionnante progression du nombre de victimes.
15:48 600 durant la première semaine, puis 1000 la seconde, et 1400 les suivantes.
15:55 Les civils sont désormais autant touchés que les militaires. Le moral des médecins est au plus bas.
16:02 En un mois, les pays de l'hémisphère nord sont tous confrontés à la maladie.
16:07 Dans les journaux, on ne parle plus d'épidémie, mais de pandémie.
16:13 Et on s'interroge. D'où est-elle arrivée ? De l'Est ? De l'Ouest ?
16:18 Les hypothèses les plus fantaisistes circulent.
16:22 On va dire finalement n'importe quoi et croire n'importe quoi.
16:26 Par exemple, une hypothèse fort répandue, dont font état certains journaux,
16:31 c'est que la grippe nous viendrait d'Espagne, à travers des boîtes de conserve
16:37 qui auraient été empoisonnées par des Allemands qui contrôleraient
16:42 les usines espagnoles de boîtes de conserve.
16:45 Il y aurait là, si vous voulez, un épisode de la guerre bactériologique.
16:50 D'autres hypothèses, cette grippe espagnole aurait pris naissance dans la prison de Sing Sing, aux États-Unis.
16:58 Elle aurait été apportée en Europe par les soldats américains.
17:04 On parle également de facteurs climatiques.
17:07 Les soldats couchant très souvent à la belle étoile, c'est la rosée qui leur aurait communiqué la grippe.
17:14 On parle également, non pas de grippe, mais de peste pulmonaire.
17:19 Et il faut dire que la façon dont frappe cette grippe est tellement foudroyante,
17:24 quelquefois elle tue en quelques heures, qu'on peut effectivement penser à une sorte de peste pulmonaire.
17:32 Et finalement, on est en plein imaginaire, et cet imaginaire est stimulé par l'atmosphère de bourrage de crâne
17:39 qui domine cette période de la Grande Guerre.
17:42 Nous sommes absolument certains que la grippe dite espagnole n'est pas venue d'Espagne.
17:51 Tout le monde s'est mis d'accord là-dessus, ni d'Asie ni du Sud-Est.
17:55 Elle est venue soit des États-Unis, soit plus vraisemblablement d'Europe.
18:01 Et en Europe, en temps de guerre, il y avait toutes les conditions nécessaires à l'émergence d'un énorme virus comme celui de la grippe.
18:08 John Oxford travaille depuis trois ans avec Douglas Gill, un historien spécialiste de la Grande Guerre.
18:22 Douglas Gill a étudié l'ensemble des registres médicaux français, allemands et anglais,
18:28 et a découvert que l'épidémie de 1918 fait sa première apparition en France, dans le camp militaire d'Étaples.
18:35 Le camp militaire d'Étaples était le plus grand camp britannique de la guerre 14-18.
18:47 Chaque mois, près de 100 000 soldats passaient par ce camp pour s'entraîner avant de monter au front.
18:53 Et 20 000 malades ou blessés de retour du champ de bataille s'entassaient dans des hôpitaux construits pour l'occasion.
19:02 À la fin de l'année 1916, on a décidé de faire venir aussi des contingents sud-africains, indiens, portugais,
19:29 tous débarqués par le port de Boulogne et des environs, et de les cantonner ici, à Étaples.
19:36 Il y a donc eu un afflux de personnes, alors que des Australiens et des Canadiens se trouvaient déjà là.
19:43 Des problèmes ont commencé à apparaître à l'hôpital dès 1917.
19:49 L'inexplicable fièvre survint, et quand on y repense aujourd'hui, c'était vraisemblablement les prémices de la grippe.
19:59 En étudiant les archives relatives à cette poussée de fièvre de 1917,
20:10 Douglas Gill a découvert que certaines morts, comme celle du soldat Harry Underdown, présentaient de troublantes similitudes avec celles des morts de 1918.
20:20 Les symptômes de la maladie décrits par les médecins, cyanose, étouffement, sont les mêmes que ceux de la grippe espagnole.
20:28 Bien qu'à l'époque, les docteurs aient consigné la mort comme étendue à une bronchite ou à une pneumonie,
20:36 en étudiant plus précisément les registres, il semble bien qu'il s'agissait d'une première manifestation d'une maladie
20:42 qui, en novembre 1918, n'est sûrement pas sortie de nulle part, tuant 30 ou 40 millions de personnes.
20:50 Elle prend ses racines dans le passé. En effet, les virus font toujours ça, ils nous voient, disparaissent et réapparaissent.
21:03 Le brassage permanent des régiments de soldats du monde entier, mais aussi les conditions de vie à l'intérieur du camp, ont été sans doute des facteurs aggravants.
21:12 Les soldats vivaient en effet dans des conditions d'hygiène épouvantables, partageaient des tentes à 10 ou 15,
21:21 et étaient souvent logés à proximité d'animaux élevés à l'intérieur du camp, comme des cochons ou certains volatiles.
21:32 Aujourd'hui, avec le recul que la science nous donne, nous savons que toutes les conditions étaient réunies pour que la grippe se diffuse à large échelle.
21:41 La présence d'animaux sur le camp a attiré l'attention des scientifiques.
21:53 Car on sait que pour l'homme, les virus de la grippe les plus dangereux sont ceux qui viennent des oiseaux.
22:01 Un paradoxe, puisque eux-mêmes ne souffrent pas de la maladie, ils ne font que la transporter.
22:06 Ils sont d'une certaine façon des porteurs sains du virus.
22:12 Face au risque de contamination, les chercheurs ont mis en place une veille microbiologique avec l'aide d'ornithologues.
22:27 Les oiseaux sont en train de se reposer.
22:30 C'est génial, il pouille les ailes.
22:33 En ce moment, nous sommes en pleine période de migration, donc il y a une grande diversité de petits échassiers.
22:43 Il y a beaucoup de chevaliers gambettes, notamment, chevaliers aboyeurs, chevaliers arlequins.
22:48 Donc c'est des oiseaux qui viennent d'Europe du Nord pour la plupart, et qui descendent vers l'Afrique, et ils s'arrêtent ici pour se reposer et reprendre des forces.
22:57 La transmission chez les oiseaux du virus de la grippe est différente des mammifères.
23:02 Le virus se trouve dans les fiantes, dans le tube digestif.
23:06 Donc c'est au niveau des fiantes et au niveau de la nourriture, dans l'eau, sur les vasières, qu'ils peuvent se transmettre ces virus.
23:23 Pour identifier les virus en circulation, des oiseaux sont capturés et systématiquement bagués.
23:28 Ce travail de marquage permet de suivre leur trajet futur.
23:33 Et des prélèvements sont effectués pour déterminer la nature des virus grippaux présents dans le réservoir aviaire.
23:40 Nous travaillons donc au niveau du parc du Marcantère, en collaboration avec l'Institut Pasteur, pour faire des prélèvements de ces virus.
23:51 Ce sont des virus potentiels sur des oiseaux sauvages.
23:55 Ces prélèvements sont faits au niveau cloacal, donc on fait un frottis cloacal très léger,
24:01 l'oiseau n'est pas du tout douloureux pour l'oiseau,
24:06 pour récupérer d'éventuelles cellules à la surface, sur les parois du cloac.
24:12 Et c'est dans ces cellules qu'éventuellement il y a des virus de la grippe,
24:18 puisque l'oiseau est porteur sain de ce type de virus.
24:22 Et ensuite ces virus sont envoyés à l'Institut Pasteur,
24:27 on en a suffisamment, donc on bague chaque année entre 600 et 1000 oiseaux.
24:32 C'est un des grands sites de bagage d'oiseaux d'eau en France.
24:36 En étudiant les échantillons, les scientifiques ont constaté l'extrême diversité des virus qui circulent au-dessus de nos têtes.
24:47 Les virus de la grippe se renouvellent en effet sans cesse.
24:51 Ils sont capables de modifier l'aspect extérieur de leurs spicules,
24:56 une faculté de transformation qui empêche notre système immunitaire de bien les reconnaître.
25:01 C'est pour cette raison que des millions de personnes contractent à nouveau la grippe chaque année.
25:07 Si les modifications des spicules sont très importantes,
25:13 le corps humain ne développe aucune défense face au virus.
25:17 La grippe est alors particulièrement virulente.
25:21 C'est ce qui s'est passé dans le cas de toutes les épidémies mondiales.
25:25 Mais comment les oiseaux arrivent-ils à nous contaminer ?
25:33 En 2002, la grippe a frappé les pays asiatiques.
25:39 Elle venait des poulets qui avaient été eux-mêmes infectés par des oiseaux migrateurs.
25:43 Dans d'autres cas, le virus infecte un porc qui à son tour nous transmet la maladie, au sein des élevages par exemple.
25:53 Il existe un troisième cas de figure qui s'est déjà produit.
26:02 En 1957, un virus grippal de canard sauvage, dont les gènes sont ici colorés en vert,
26:09 aurait été présent chez le porc en même temps qu'un virus grippal humain, dont les gènes sont ici figurés en rose.
26:17 Une recombinaison aurait créé un nouveau virus contenant trois gènes du virus de canard et cinq gènes du virus humain.
26:32 Le nouveau virus était d'une certaine façon humain dedans et oiseau dehors.
26:39 Ses spicules étaient celles du canard, de sorte que le système immunitaire humain ne pouvait pas reconnaître le virus et empêcher sa multiplication.
26:52 Devons-nous avoir peur face à ce risque ?
26:55 Les autorités sanitaires mondiales prennent la menace au sérieux.
26:59 Elles rappellent qu'à intervalles réguliers, tous les 50 ans environ, la grippe frappe mortellement sur toute la planète.
27:07 Les autorités sanitaires mondiales prennent la menace au sérieux.
27:12 Elles rappellent qu'à intervalles réguliers, tous les 50 ans environ, la grippe frappe mortellement sur toute la planète.
27:20 Aujourd'hui, l'Organisation mondiale de la santé réclame 10 millions d'euros supplémentaires pour mettre au point de nouveaux vaccins.
27:26 A Melbourne, Atlanta, Tokyo, Paris et Londres, des centres de recherche étudient les souches de grippe en circulation.
27:39 Et 110 instituts dans 80 pays surveillent la diffusion de chaque nouvel épisode grippal.
27:48 Ici, à Londres, l'Institut national de recherche médicale reçoit des exemplaires des virus du monde entier.
27:54 Il a pour mission de comprendre s'ils présentent un risque pour la population et de mettre à jour la composition des vaccins.
28:15 Une fois que les industriels ont pris connaissance des recommandations de l'OMS et des autorités nationales quant à la composition du vaccin,
28:22 cinq mois sont nécessaires pour que le nouveau vaccin soit élaboré et disponible.
28:28 Donc pour pouvoir utiliser le vaccin en octobre-novembre dans l'hémisphère nord, une décision doit être prise mi-février.
28:40 Il y a donc un long moment entre la prise de décision et la disponibilité du vaccin.
28:45 Cela peut causer bien sûr certains problèmes,
28:50 car le virus que l'on a observé en février peut être différent de celui qui circule plusieurs mois plus tard, en automne.
28:58 La localisation des sites de surveillance est également un autre motif d'inquiétude pour les chercheurs,
29:07 car des zones entières de l'Amérique du Sud, d'Afrique centrale ou de Chine ne sont absolument pas surveillées.
29:12 Une épidémie peut y naître sans qu'elle ne soit détectée avant plusieurs semaines.
29:17 En 1918, il n'existe aucun vaccin contre la grippe.
29:26 Les médecins s'interrogent. Arriveront-ils à lutter ?
29:36 Certains d'entre eux tentent des expériences de laboratoire.
29:39 Ils n'hésitent pas à s'inoculer un filtrat obtenu à partir de sang et de crachats prélevés sur certains malades, au péril de leur vie.
29:48 Le troisième et quatrième jour, après un début assez brusque, les chercheurs se sont rendus à la maison de la maîtresse.
29:55 Elle avait été enceinte en septembre 1918.
29:59 Elle avait été enceinte en septembre 1918.
30:03 Elle avait été enceinte en septembre 1918.
30:07 Elle avait été enceinte en septembre 1918.
30:12 Elle avait été enceinte en septembre 1918.
30:15 Le troisième et quatrième jour, après un début assez brusque, ses phallées frontales intenses et persistantes.
30:21 Douleurs généralisées. Sensibilité au froid.
30:25 Température entre 37,8 et 38,2.
30:29 Du quatrième au cinquième jour, nuées agitées.
30:33 Cauchemars. Sueurs.
30:38 Dans le but de vérifier si cette première inoculation m'avait conféré une immunité contre la grippe,
30:43 j'ai complété cette première expérience par la suivante.
30:47 Des crachats de grippés sont émulsionnés et passés à la bougie chamberlant.
30:52 Avec ce filtrat, je me suis fait badigener fortement la gorge.
30:56 Cette seconde inoculation n'a déterminé aucun symptôme morbide.
31:04 René Dujarric de Larivière survivra à ses expériences.
31:08 Mais malgré ses efforts et ceux d'autres chercheurs,
31:11 le vaccin contre la grippe ne sera pas mis au point avant les années 1930.
31:16 (Musique)
31:43 Quelques médecins vont pourtant avoir une intuition qui permettra à la science de faire une avancée décisive 80 ans plus tard.
31:49 (Musique)
31:56 Ils prélèvent des poumons sur des hommes morts de la grippe.
32:00 Certains sont placés dans des bocaux remplis de formoles,
32:04 d'autres sont découpés en fines tranches et stockés dans des blocs de paraffine,
32:10 en attendant que leurs collègues du futur puissent se pencher dessus.
32:14 Malheureusement, la majorité de ces échantillons a été perdue.
32:21 À Washington, trois d'entre eux furent retrouvés en 1997 dans les archives médicales de l'armée américaine.
32:39 Dès leur découverte, l'équipe de Joffrey Tottenberger se mit au travail
32:43 avec l'intention d'être la première à décrypter la séquence génétique du virus.
32:48 (Lecture)
32:56 C'est exactement ce que nous avons vu la première fois.
32:59 Cela confirme que nous avons la bonne séquence.
33:02 On devrait maintenant isoler cette séquence 130.
33:05 S'il y a quelque chose, ça peut être une clé de ce qui s'est passé en 1918.
33:09 C'est vraiment bizarre.
33:12 Comprendre pourquoi le virus en lui-même était si dangereux est assez difficile.
33:17 Il pourrait y avoir une mutation spécifique qui changerait le comportement de ce virus,
33:22 qui n'agirait donc plus comme n'importe quel autre virus de la grippe.
33:26 Il n'y a aucun moyen de savoir à l'avance de quelle mutation il s'agit,
33:29 car il y a 15 000 bases réparties sur 8 segments de gènes
33:33 et personne ne sait exactement où la mutation peut bien se trouver.
33:37 (Lecture)
33:40 En Angleterre, John Oxford se lançait, lui aussi, à la recherche d'autres échantillons.
33:47 Ceux des archives anglaises se révélaient fortement dégradés.
33:51 Il lui fallait donc trouver une autre solution pour poursuivre ses travaux.
33:55 (Lecture)
34:02 C'est alors qu'une géographe canadienne, Kirsty Duncan,
34:05 lui proposa de faire partie de son expédition.
34:09 Kirsty Duncan pensait que l'on pourrait certainement retrouver des restes du virus
34:14 sur des victimes de la grippe enterrées au-delà du cercle arctique.
34:18 Elle imaginait que si les corps avaient été enterrés dans la terre gelée des régions polaires,
34:24 ils seraient certainement dans un état de conservation extraordinaire.
34:29 (Lecture)
34:32 Après trois ans de recherche, elle découvrit le cimetière de Langerbyen, au Spitsberg,
34:38 dans le nord de la Norvège.
34:41 (Lecture)
34:44 Les archives de la compagnie minière qui exploite les ressources de l'île
34:48 lui permirent de trouver les noms de six jeunes mineurs morts de la grippe.
34:54 En 1998, les familles lui donnaient l'autorisation de les exhumer.
34:59 Le travail scientifique pouvait commencer.
35:03 (Lecture)
35:07 « Je crois que nous, experts de la grippe, sommes un peu comme des volcanologues
35:12 assis sur un vieux volcan qui a explosé par le passé.
35:15 Nous savons, au fond de nous, que cela va se reproduire dans le futur,
35:19 mais nous ne savons pas exactement quand.
35:23 Et, dans une certaine mesure, je pense que cette expédition au Spitsberg sera proche de cela.
35:27 Nous espérons comprendre comment un virus de la grippe devient pathogène.
35:33 Étudier le virus, qui a été le plus virulent des virus connus,
35:38 devrait nous donner cette information bien plus facilement
35:41 qu'étudier n'importe quel autre virus de la grippe.
35:44 Une fois que l'on aura cette information,
35:47 on pourra l'utiliser dans l'étude d'autres pandémies potentielles. »
35:52 (Lecture)
35:55 L'expédition du Spitsberg est l'une des expéditions de recherche biologique
36:02 les plus ambitieuses jamais réalisées.
36:05 Une équipe de scientifiques internationales,
36:08 un dispositif technique sophistiqué,
36:11 tout fut préparé dans les moindres détails.
36:14 Analyse des sols, tentes stériles,
36:18 des poignées étanches spécialement conçues pour éviter tout contact
36:21 pendant les opérations de prélèvement.
36:24 L'espoir d'analyser un virus intact
36:27 et d'identifier ses caractéristiques meurtrières
36:30 justifiait ce déploiement de moyens.
36:33 (Lecture)
36:36 « Prions pour ce projet,
36:39 pour que la mission entamée par cette équipe
36:42 soit couronnée de succès. »
36:45 (Lecture)
36:47 « Hier, notre équipe a mené avec succès son septième jour de fouille
37:05 au cimetière de Langerbyen.
37:08 En fin d'après-midi,
37:12 les échantillons ont été localisés à une faible profondeur.
37:15 Un cercueil a été ouvert
37:18 et des échantillons ont été prélevés avec soin. »
37:21 « Ils étaient dans une zone variable.
37:24 Ils n'étaient donc de toute évidence pas gelés,
37:27 ne l'ont peut-être jamais été ou ne le sont plus depuis plusieurs années.
37:31 Le scan montre qu'une partie de la terre
37:34 a été dérangée sur une profondeur d'environ 2 mètres. »
37:39 (Lecture)
37:41 « Nous avons pris des échantillons tant sur les os
37:45 que sur les tissus tout autour.
37:48 (Lecture)
37:51 « À part les os, il n'y avait pas de structure identifiable. »
37:56 (Lecture)
37:59 Au Spitsberg, les chercheurs prélevèrent 50 échantillons sur les 6 cadavres.
38:08 Malheureusement, les corps ne reposaient pas dans la terre gelée.
38:11 Ils avaient donc connu le gel et le dégel et étaient dans un très mauvais état.
38:17 Les prélèvements furent expédiés à Londres, en Norvège et au Canada,
38:24 avec l'espoir que leur étude lève une partie du mystère.
38:37 Les chercheurs se sont donc mis au travail pour trouver la clé de l'énigme là,
38:41 au cœur du virus, dans sa structure génétique.
38:45 « Sur les 8 gènes de ce virus, 5 ont été séquencés et étudiés chimiquement.
38:55 Jusqu'ici, les 5 gènes que nous avons obtenus paraissent tout à fait normaux.
39:01 Ils ne nous racontent rien d'extraordinaire.
39:06 Ils ne nous disent pas pour l'instant pourquoi 15 millions de personnes sont mortes.
39:09 Mais il nous reste 3 gènes à obtenir. Donc, il nous faut d'autres échantillons.
39:15 Bizarrement, c'est pendant que je travaillais au Spitsberg
39:33 que des gens de la société d'inhumation m'ont dit
39:36 « Pourquoi faire tous ces kilomètres alors que tout ce dont vous avez besoin, c'est de trouver un cercueil en plomb ? »
39:42 Et soudain, on a réalisé qu'on pouvait trouver des échantillons ici, à Londres.
39:47 Effectivement, on peut tout à fait retrouver, enterrés dans des cercueils de plomb,
39:52 des corps vieux de plus d'un siècle, totalement intacts, parfaitement conservés.
39:59 Nous avons donc eu l'idée de chercher des victimes de la grippe de 1918,
40:03 enterrées dans des cercueils de plomb, ici, à Londres.
40:07 Pour nous, c'était une énorme opportunité.
40:10 Une nouvelle chasse démarre alors pour le professeur John Oxford.
40:18 Elle va le conduire jusqu'à la tombe d'une jeune femme dans un des cimetières de Londres.
40:25 Nous avons cherché combien de jeunes étaient morts dans l'automne 1918.
40:29 Il y en avait 300.
40:31 Parmi ces 300, 10 étaient enterrés dans des cercueils de plomb,
40:36 290 l'étaient dans des cercueils de bois.
40:39 On a cherché alors les registres des cimetières, les certificats de décès,
40:45 et on a trouvé que sur les 10 jeunes qui étaient enterrés,
40:50 dans des cercueils de plomb, 9 étaient morts de la grippe espagnole cet automne-là.
40:55 L'un d'entre eux, c'était Phyllis Burns.
40:58 Ce fut assez facile de la trouver et de localiser sa tombe.
41:02 La principale difficulté était ensuite de trouver sa famille
41:06 et d'obtenir une permission de l'exhumer.
41:09 Phyllis Burns était infirmière pour la Croix-Rouge sur la ligne de front.
41:17 En soignant les soldats anglais, elle contracta la maladie
41:20 et finit par en mourir à son retour en Angleterre.
41:24 En mai dernier, avec l'accord de sa famille,
41:27 John Oxford débute les travaux d'exhumation de son cadavre
41:31 avec l'espoir de récupérer cette fois des échantillons de tissu pulmonaire en bon état.
41:38 - Je suis le secrétaire général de la Croix-Rouge.
41:40 - Je suis le secrétaire général de la Croix-Rouge.
41:43 - Je suis le secrétaire général de la Croix-Rouge.
41:46 - Je suis le secrétaire général de la Croix-Rouge.
41:49 - Je suis le secrétaire général de la Croix-Rouge.
41:52 - Je suis le secrétaire général de la Croix-Rouge.
41:55 - Je suis le secrétaire général de la Croix-Rouge.
41:58 - Je suis le secrétaire général de la Croix-Rouge.
42:01 - Je suis le secrétaire général de la Croix-Rouge.
42:05 - Je suis le secrétaire général de la Croix-Rouge.
42:07 - Je suis le secrétaire général de la Croix-Rouge.
42:10 - Je suis le secrétaire général de la Croix-Rouge.
42:13 - Je suis le secrétaire général de la Croix-Rouge.
42:16 - Je suis le secrétaire général de la Croix-Rouge.
42:19 - Je suis le secrétaire général de la Croix-Rouge.
42:22 - Je suis le secrétaire général de la Croix-Rouge.
42:25 - Je suis le secrétaire général de la Croix-Rouge.
42:28 - Je suis le secrétaire général de la Croix-Rouge.
42:31 - Je suis le secrétaire général de la Croix-Rouge.
42:34 - Oui, ça doit être du plomb.
42:36 - Je ne trouve pas de traces de cercueil en plomb.
42:54 Malheureusement, le destin n'est toujours pas favorable à John Oxford.
43:03 Ce n'est pas un cercueil en plomb qu'il découvre,
43:05 mais les restes d'un cercueil en bois.
43:08 Et il n'y a plus que quelques restes d'un corps,
43:11 dont un tibia, que le médecin légiste dépêché sur place
43:15 authentifie bien comme le tibia d'une femme.
43:18 Mais cette tombe est-elle bien celle de l'infirmière ?
43:30 - Nous sommes dans une drôle de situation concernant Phyllis Byrne.
43:33 Nous avons ouvert la tombe et, vu ce qu'il y avait, nous l'avons refermée.
43:37 Et maintenant, nous nous demandons ce que nous allons faire.
43:40 Mais nous avons huit autres corps en dehors de celui de Phyllis.
43:44 Huit jeunes victimes enterrées dans des cimetières de l'ouest de Londres.
43:48 Phyllis était ma préférée et la plus simple à exhumer, techniquement.
43:53 Pour les autres jeunes, c'est plus dur d'obtenir des autorisations d'exhumation.
43:58 Nous devons maintenant tâcher d'obtenir ces permissions.
44:00 - Printemps 2004.
44:08 Pendant que John Oxford subissait une déconvenue avec Phyllis Byrne,
44:12 une nouvelle venant des Etats-Unis faisait l'effet d'une bombe.
44:15 Une équipe aurait réussi à redonner la vie au virus.
44:22 La science allait-elle réveiller le monstre endormi ?
44:27 À New York, l'équipe de Peter Palaise travaille à partir des séquences des gènes du virus
44:31 découverts par Jeffrey Tottenberger.
44:34 Elle a reconstruit de nouveaux virus à partir des cinq gènes qu'il a identifiés.
44:39 Puis elle les a testés, espérant trouver quel gène est responsable de la virulence du virus de 1918.
44:47 Il y a six mois, le laboratoire faisait sa première découverte.
44:54 - Nous avons récemment obtenu la structure du virus.
44:58 Elle nous indique que ce virus était capable de se reproduire très efficacement
45:05 et que la surface du virus était très différente de tout ce qu'on avait vu jusqu'à présent.
45:12 Tous les virus de la grippe, celui de 1918 comme ceux d'aujourd'hui,
45:21 sont hérissés de spicules de deux formes bien distinctes.
45:25 On les appelle la neuraminidase et l'hémagglutinine.
45:31 La forme des spicules d'hémagglutinine qui recouvre le virus de 1918 est tout à fait particulière.
45:41 Elle facilite la fixation du virus sur la cellule.
45:51 Les spicules de ce virus s'attachent en effet très facilement aux petits récepteurs situés à la surface de la cellule
45:58 et ont donc permis au virus d'y pénétrer très rapidement.
46:03 L'action de ce virus fut pour cette raison fulgurante.
46:08 - Le système immunitaire du corps n'a pas été capable de réagir efficacement.
46:17 À l'époque, le virus a pu échapper aux réponses immunitaires de la population.
46:22 - J'ai une question à vous poser.
46:25 - Quels autres gènes d'après vous pourraient être importants en rendant ce virus virulent
46:29 au point de causer une pandémie qui a tué autant de personnes ?
46:33 - Je pense que Loren nous a montré que l'hémagglutinine est un gène très important.
46:40 Mais clairement, il n'est pas un gène qui peut être très efficace.
46:46 Mais clairement, ce n'est pas un seul gène.
46:49 Mais plutôt le fait que les huit gènes s'associent très bien entre eux, se complètent et interagissent,
46:56 qui a rendu le virus de 1918 si virulent.
47:00 - Sommes-nous protégés, préparés contre une utilisation terroriste de ce virus ?
47:07 - Ce que je peux dire, c'est que nous sommes mieux préparés.
47:13 Nous avons des antiviraux.
47:16 Nous savons mieux comment élaborer des nouveaux vaccins.
47:20 - Et vous pensez que les vaccins d'aujourd'hui pourraient nous protéger de ce virus ?
47:23 - Certainement. Nous serions partiellement protégés et nous pourrions élaborer des vaccins efficaces contre ce virus de 1918.
47:31 Pour moi, le virus de 1918 n'est pas une arme terroriste.
47:37 (Musique)
47:48 Dans les premiers mois de 1919, l'épidémie reflue.
47:52 Sans explication.
47:55 C'est dans la dernière semaine d'avril que le virus vit ses dernières heures.
48:04 Il aura fait plusieurs millions de morts.
48:07 - Aucune étude statistique n'a été faite à l'échelle du globe.
48:11 En revanche, il y a un certain nombre de monographies qui nous indiquent que dans un pays comme la France, par exemple,
48:18 on peut avancer avec la certitude de ne pas se tromper de beaucoup.
48:23 On peut avancer qu'il y a eu 210 000 morts.
48:27 Si nous calculons à l'échelle du globe, cela nous donne une mortalité de 6 millions de morts.
48:34 Et je vous assure qu'à l'époque, après la Grande Guerre, qui avait fait 9 millions de morts, on n'avait pas besoin de cette épreuve supplémentaire.
48:43 (Musique)
48:51 En 1918, ce virus a fait l'effet d'une bombe.
48:58 Depuis, nous essayons de nous y préparer.
49:01 Mais en réalité, je crois que nous ne sommes pas prêts.
49:05 Nous n'avons pas de stocks d'antiviraux, pas de vaccins prêts.
49:11 Nous serions pris de court.
49:14 Nous devons nous concentrer là-dessus en termes de santé publique et de prévention.
49:20 Et je crois que cela n'est pas le cas, parce que récemment, nous nous sommes dispersés.
49:24 Et nous nous sommes concentrés sur le bioterrorisme.
49:27 En réalité, la plus grande bioterroriste que le monde ait à craindre, c'est Dame Nature.
49:34 (Musique)
50:03 (Musique)
50:16 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
50:19 [SILENCE]

Recommandée