L’entreprise comme chaîne de significations et noyau imaginaire [Bernard Ramanantsoa]

  • il y a 9 mois
Xerfi Canal a reçu Bernard Ramanantsoan, Directeur général honoraire d'HEC Paris, pour parler de l'entreprise comme chaîne de significations et noyau imaginaire.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.

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Transcription
00:00 Bonjour Bernard Ramallan-Sous. Bonjour Jean-Philippe Denis. Bernard Rammallan-Sous,
00:13 vous êtes directeur général honoraire d'HEC Paris. Bernard Rammallan-Sous, chapitre consacré
00:19 à Cornelius Castoriadis dans l'ouvrage "Les grands auteurs en management de l'innovation et de la
00:24 créativité", coordonné par Thierry-Burgé Henschel, Caroline Hussler et Patrick Cohen-Dette. Un chapitre
00:29 passionnant. Bernard Rammallan-Sous, j'ai envie de vous évoquer dans ce chapitre la question de
00:39 l'imaginaire évidemment, mais vous dites mettons le au travail au vu de la recherche en management.
00:44 Et notamment ça vous amène à insister sur deux concepts majeurs, les chaînes de signification et
00:50 le noyau imaginaire. Qu'est ce qu'on doit entendre par là ? Et j'ai envie de faire une boutade en
00:54 disant qu'est ce qu'on est loin de l'entreprise comme noeud de contrat, voire de la firme point des
00:59 économistes ? Chaîne de signification, noyau imaginaire, dites-nous tout. Alors en effet on est
01:07 loin, c'est volontaire, démarche construite, on est loin de l'entreprise point et comme l'entreprise
01:16 rencontre, point de rencontre plus ou moins construit des contrats. On est loin parce que
01:25 cette vision de l'entreprise qu'on a enseigné, moi aussi j'ai joué à ce jeu là, ça oublie quand
01:35 même tout un pan qui est très important, qui est le pan de l'identité de l'entreprise. L'identité
01:41 c'est quelque chose qui est fondamental, c'est quelque chose qui, à travers, on revient à
01:48 Castoriadis, qui à travers toute l'histoire de l'humanité, c'est du Castoriadis, on rencontre
01:55 systématiquement cette notion d'identité, identité des peuples mais aussi identité des organisations
02:03 et ça c'est quelque chose d'assez intéressant. Pour rester sur Castoriadis, en particulier,
02:07 Castoriadis développe quelque chose qui est important, c'est cette notion d'institution et
02:13 en effet c'est des mots qu'on utilise souvent les uns pour les autres et à tort, toute organisation
02:19 n'est pas une institution. Une institution c'est une organisation qui est capable de donner du sens
02:25 à son action et à l'action collective qu'elle porte, avec en particulier donc l'action coordonnée
02:34 des différents collaborateurs de la liste d'organisation en train de devenir institution.
02:41 C'est également l'institution, une organisation dans laquelle, évidemment, il y a du pouvoir. Le
02:49 pouvoir est même quelque chose d'assez important et donc, en tant que chercheur, il est intéressant
02:53 de ne pas occulter cette dimension qui fait toujours un petit peu peur, qui est toujours
02:57 un tabou, qui est difficile à cerner méthodologiquement. Il est important, ce n'est pas parce que c'est
03:03 difficile qu'il ne faut pas le faire, au contraire, et donc c'est quelque chose qui est assez intéressant.
03:07 Castoriadis légitime à mes yeux le fait qu'on s'intéresse à cette notion d'identité et à
03:15 une période qu'on connaît où aujourd'hui tout le monde parle de quête du sens pour les jeunes
03:21 générations, entre parenthèses, comme si les anciennes ne s'étaient pas préoccupées de sens.
03:27 Mais aujourd'hui on y revient, on en parle beaucoup, de quête du sens, c'est quelque chose d'assez
03:32 important, et donc à un moment où on parle de quête du sens, on ne peut pas se faire se dispenser
03:39 de réfléchir en termes d'identité. Quand on dit terme d'identité, ça veut dire rapidement deux
03:46 choses. Ça veut dire, et ça pose des tas de problèmes, ça veut dire qu'il y a un imaginaire
03:51 qui est au travail. Il n'y a pas d'identité sans un imaginaire. Et la question qui est difficile,
03:57 mais intéressante, c'est comment on passe d'imaginaires individuels, nous avons tous un
04:04 imaginaire, mais comment on passe de cet imaginaire individuel à un imaginaire collectif ? Et
04:09 Castoriadis, dans tous ses travaux, sur de longues périodes, construit des réponses à cette question,
04:16 c'est-à-dire montre que ça n'est pas un paradoxe, que d'abord il pose très bien la question, qu'on
04:21 oublie trop souvent, et quand on ne l'oublie pas c'est toujours très difficile à traiter. Et
04:26 Castoriadis va regarder ça. Et comme je pense que tout le monde le sait, dès qu'on parle d'imaginaire,
04:33 il y a une expression de l'imaginaire qui est le symbolique. C'est-à-dire que qu'est-ce que c'est
04:39 que le symbole ? Si vous revenez à étymologiquement ce que c'est qu'un symbole chez les Grecs,
04:43 c'est une façon de se reconnaître en emboîtant des morceaux de poterie qui ont été cassés,
04:51 mais juste on reconnaît les deux morceaux, et comme ça on reconnaît qu'on est le bon interlocuteur,
04:56 que l'autre est le bon interlocuteur. Et donc ça, il faut revenir à cette définition première du
05:01 symbole, et donc dans les organisations il y a un certain nombre de symboles qui sont porteurs de
05:07 cet imaginaire, c'est-à-dire qui sont l'expression de cet imaginaire. Et donc ça c'est aussi très
05:15 important. Alors Castoriadis va beaucoup plus loin, c'est-à-dire que, et c'est pour ça qu'il parle
05:20 de chaîne, c'est-à-dire qu'une fois que vous avez un imaginaire, peut-être que l'imaginaire est déjà
05:26 le symbole d'un imaginaire plus profond. Et vous mentionniez l'importance des réflexions
05:32 psychologiques, voire psychanalytiques, qu'on doit avoir notamment sur les dirigeants, et donc ça
05:37 c'est quelque chose d'assez intéressant, et qui donne toute son épaisseur à l'organisation qui
05:42 veut devenir une institution. Et il y a tout ça dans Castoriadis. Pensez les organisations dans
05:48 les termes des symboles, des mythes, et évidemment des institutions, des cérémonies, certains disent
05:55 des cérémonies. Voilà, mais c'est en tout cas, c'est ça une entreprise, c'est comme ça qu'il
06:00 faut la remettre au travail. Je crois, oui. Merci Bernard Amelensou. Merci Jean-Philippe.
06:04 Merci.

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