Le régulateur de l’audiovisuel publie demain son baromètre sur les consommation des programmes sportifs. Franceinfo en dévoile les premiers résultats
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00:00 Et votre invité média Céline Baydarcourt est membre de l'ARCOM, l'autorité de régulation de l'audiovisuel,
00:05 qui sortira demain son baromètre de la consommation des programmes sportifs à la télé et à la radio.
00:11 Bonjour Laurence Pécori-Vollier. Bonjour.
00:13 Je vous remercie de nous dévoiler les premières tendances en exclusivité sur France Info.
00:16 Parlons d'abord du sport féminin. L'ARCOM est très engagée sur ce sujet.
00:20 Vous organisez par exemple l'opération "Sport féminin toujours" chaque année pour inciter les médias à mettre en valeur les sportives.
00:27 Les Français sont-ils, d'après votre étude, vraiment intéressés par le sport féminin ?
00:32 Alors de ce qu'ils disent, oui, puisque 55% d'entre eux disent qu'ils ont déjà regardé du sport féminin,
00:39 ce qui représente une portée importante, même si on est à 73% pour les spectateurs de sport en général.
00:46 Donc il reste un petit décalage. Et même si, et c'est peut-être le décalage le plus important,
00:50 quand ils disent qu'ils regardent le sport féminin, ils le regardent avec une fréquence bien moindre que quand ils regardent le sport masculin.
00:58 Et ils suivent plutôt des compétitions sportives ponctuelles, pas qui se déroulent tout au long de l'année comme la Ligue des champions par exemple.
01:05 C'est un peu ça. Ils sont intéressés quand il y a des grands événements et alors quand les équipes féminines remportent des palmarès encore plus.
01:13 Donc effectivement, on est encore dans l'événementiel. Ça tient à la fois probablement au fait que ça arrive plus doucement que sur le sport masculin,
01:22 ça tient peut-être aussi à la responsabilité des médias eux-mêmes en ce qu'ils mettent peut-être un peu moins à l'écran les événements sportifs réguliers.
01:31 Mais on sent pourtant qu'il y a un réel engouement autour du sport féminin depuis quelques temps, que les diffuseurs ont constaté que ça marchait,
01:36 que ça faisait de l'audience. Et là je pense à la récente Coupe du monde de foot cet été.
01:41 Ça se confirme dans vos études qu'il y en a de plus en plus à la télé ?
01:44 Alors on n'a pas les chiffres récents. On avait des chiffres très inquiétants qui remontaient à 2018-2021 où on avait un taux de retransmission du sport dit féminin
01:53 qui était de 4,8% à comparer au 73% de retransmission de compétition masculine. Donc le gap était énorme.
02:03 On pense qu'on est largement remonté et on va avoir des études bientôt sur ce point.
02:07 Ce qui est sûr c'est qu'à chaque fois qu'il y a de la retransmission de sport féminin, notamment des grands événements, l'audience est là.
02:14 Donc ça c'est vraiment un message à faire porter parce qu'il ne s'agit pas juste de mettre du sport féminin pour mettre du sport féminin pour mettre de la diversité.
02:23 L'audience est là.
02:24 Alors le parasport c'est un autre aspect du baromètre qui sortira demain. Même question que pour le sport féminin, quelle part de français suivent du handisport ?
02:31 Alors là on est dans les 47%. Donc vous voyez on avait 55% pour le sport féminin et 73% pour le sport en général.
02:40 Mais 47% c'est énorme parce qu'on vient de plus loin. Le parasport c'est quand même beaucoup plus récent.
02:46 Il est mis à l'antenne en général au moment des Jeux Olympiques et Paralympiques.
02:52 Ça c'est la meilleure vitrine pour le parasport ?
02:55 C'est comme ça qu'il est apparu déjà historiquement. Et effectivement c'est une très belle vitrine.
02:59 Et là lorsqu'on a interrogé les français sur leurs intentions de regarder les Jeux Olympiques, ils nous disent qu'à 67% ils vont regarder les Jeux Olympiques et à 60% les Jeux Paralympiques.
03:12 Vous y croyez ? C'est chiant. Ils sont crédibles ?
03:14 Écoutez, d'abord j'ai envie d'y croire. Ça fait plaisir.
03:18 Il y a de l'espoir là-dedans.
03:19 Et ensuite il n'y a pas que ça. C'est que effectivement, là aussi les taux d'audience au moment des Jeux Paralympiques sont extrêmement importants.
03:27 Donc à ce moment-là des événements, oui on peut y croire.
03:31 Mais par contre, ce qui nous fait souci, c'est qu'en général ça retombe après.
03:35 Et ce qu'on voudrait c'est que ce ne soit pas juste ce moment-là.
03:38 On voudrait qu'effectivement ce soit quelque chose qui rentre dans les mœurs.
03:41 France Télé sera le diffuseur exclusif gratuit des Jeux de Paris Olympiques et Paralympiques.
03:46 Elle diffusera pour les Paralympiques 300 heures d'épreuves en direct.
03:49 Mais ce n'est pas au niveau de ce qui sera fait pour les JO.
03:51 Là, toutes les antennes de France Télé seront quasiment là-dessus sur les JO 24h/24, 7j/7.
03:57 Ce dispositif pour les Paralympiques est-il à la hauteur selon l'Arcom ?
04:01 Alors il y a la rediffusion des événements mais il y a aussi toutes les émissions autour.
04:05 Donc de toutes les autres chaînes.
04:07 Parce que vraiment nous ce qu'on voudrait c'est que le parasport, tout le monde ait envie de le regarder.
04:11 Y compris dans les commentaires qu'on en fait.
04:13 Est-ce que c'est à la hauteur ?
04:14 On aura 4000 athlètes parasportifs qui vont être là.
04:19 Plus on en fait, mieux c'est.
04:22 Ce qui est sûr c'est qu'on n'a jamais eu un tel dispositif.
04:25 Donc c'est quand même une grande première.
04:27 Mais c'est parce que c'est à Paris ?
04:28 C'est à Paris et c'est la première fois qu'à Paris on accueille les jeux para-olympiques.
04:33 Donc oui, il faut être là et il n'y a pas que France Télévision qui doit être là.
04:37 Les autres chaînes doivent être également présentes sur l'événement.
04:40 Comment l'Arcom peut agir pour qu'il y ait davantage de parasport à la télé en dehors des jeux ?
04:44 Quel levier avez-vous ?
04:46 Alors on a le levier des études.
04:48 C'est pour ça qu'on en réalise beaucoup.
04:49 On a déjà réalisé une étude en septembre sur l'investissement des documentaires sportifs sur le parasport.
04:57 On a constaté que ça a augmenté.
04:59 Donc en fait, on fait levier en essayant de stimuler par les études qu'on fait,
05:03 en mettant les chiffres sur la table et ensuite en dialoguant avec les médias,
05:08 qu'ils soient médias classiques mais aussi les nouveaux médias que nous avons dans notre escarcelle de contrôle,
05:14 c'est-à-dire les médias numériques dans leur intégralité.
05:18 Et on essaye de montrer que ça doit être maintenant un enjeu pour tous.
05:23 Le dernier point que j'aimerais évoquer avec vous, Laurence Pécorivolier, c'est la haine en ligne.
05:27 Parce qu'elle concerne aussi évidemment les sportifs.
05:30 Vous publiez dans ce baromètre des chiffres surprenants et très inquiétants.
05:33 Beaucoup d'amateurs de contenu sportif disent avoir déjà publié des messages négatifs.
05:38 Alors ça c'est quand même un des enseignements auxquels on ne s'attendait pas nécessairement de ce baromètre.
05:44 D'ailleurs c'est la première fois qu'on s'intéresse à la question des réseaux sociaux.
05:48 Donc un tiers des français regardent le sport sur les réseaux sociaux.
05:52 Et la manière dont ils regardent le sport est complètement différente puisque du coup ça devient interactif.
05:58 Ils activent. 50% d'entre eux disent qu'ils font des commentaires.
06:02 Alors heureusement, beaucoup c'est des commentaires positifs, c'est des likes, c'est des retransmissions.
06:06 Mais on a quand même 53% des internautes qui nous disent que quand ils regardent le sport,
06:13 ils n'hésitent pas à faire des commentaires négatifs.
06:16 Et les commentaires négatifs c'est des critiques, mais ça va jusqu'aux insultes.
06:19 Donc c'est effectivement un signal d'alerte que nous voulons mettre sur la table
06:23 pour que les plateformes et l'ensemble des acteurs se responsabilisent sur le sujet.
06:27 Et surtout les français et notamment les jeunes se disent "bah finalement ils l'ont bien mérité ces sportifs puisqu'ils sont célèbres".
06:35 Donc c'est la rançon de la gloire quoi. C'est ça aussi dans votre étude ?
06:38 C'est ce qui ressort de l'étude. Alors effectivement le portrait robot de celui qui met un message,
06:42 c'est le jeune entre 15 et 34 ans et plus particulièrement 15-24, c'est eux qui savent effectivement interagir.
06:49 Et ils nous disent "il faut protéger les athlètes".
06:53 Il y a une ambivalence. Il faut protéger les athlètes, ils en sont tous convaincus.
06:56 Mais en même temps, quand on est célèbre, on peut s'attendre à avoir ce type de message.
07:01 Donc c'est là-dessus que sur le travail sur la citoyenneté numérique, il y a probablement beaucoup à faire.
07:07 Ça va être un gros enjeu des Jeux cet été ?
07:10 C'est un énorme enjeu. On a justement réuni l'Observatoire de la haine en ligne qui se tient à l'ArkHomme
07:16 et qui réunit à la fois les plateformes, les institutionnels et les associations
07:20 pour commencer à réfléchir là-dessus et à avoir une vraie prévention.
07:26 Mais aussi, là aussi, vraiment ce travail de rééducation parce que c'est vraiment une nouveauté.
07:34 Merci beaucoup d'être venue sur France Info, Laurence Pécoré-Volier. Merci.
07:36 Merci à vous.