Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély.
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00:09 Et ravie de vous retrouver pour les informer sur France Info en direct sur France Info Radio et sur France Info Télé jusqu'à 9h30 avec Renaud Delis.
00:16 Bonjour Renaud.
00:17 Bonjour Salia.
00:17 Et nos informés d'aujourd'hui, Roselyne Fèvre, chef du service politique de France 24. Bonjour Roselyne.
00:22 Bonjour Salia.
00:23 Et François-Xavier Bourmaud à vos côtés, journaliste politique à l'Opinion. Bienvenue.
00:27 Bonjour Salia.
00:27 Renaud Delis, malgré le drame en Ariège, le mot d'ordre d'amplifier la mobilisation a été donné chez les agriculteurs.
00:33 Oui, un mouvement endeuillé effectivement hier, vous le rappeliez, parce que ce drame en Ariège a pâmié avec la mort sur un barrage d'une femme et de sa fille.
00:43 Barrage percuté par un véhicule. Et bien ce mouvement continue donc de prendre de l'ampleur, de se durcir avec un certain nombre de blocages qui se multiplient à travers le pays.
00:53 Et voici d'ailleurs ce qu'en disait il y a un instant sur ce plateau Arnaud Rousseau qui est le patron de la FNSEA, le principal syndicat agricole.
01:02 Tous les départements vont rentrer en action avec des actions plus ou moins longues en fonction des territoires.
01:07 L'objectif ce n'est pas d'emmerder les Français. L'objectif c'est d'obtenir des résultats rapides parce que ce métier ça fait 20 ans qu'on lui en met sur le dos.
01:15 Et les agriculteurs aujourd'hui, ils se sentent atteints dans leur liberté d'entreprendre, dans la manière de faire leur métier au quotidien sur leurs exploitations.
01:23 Et ils n'en peuvent plus. Et donc le cumul administratif, les contrôles, le normatif, tout ça c'est plus tenable.
01:29 Alors une multitude de revendications diverses qui nourrissent ce malaise du monde agricole et cette colère qui s'exprime maintenant depuis plusieurs jours.
01:38 Le gouvernement est attendu. Les réponses du gouvernement et du Premier ministre sont attendues.
01:42 Il y a évidemment une urgence. C'est ce que répète Arnaud Rousseau à l'instant.
01:46 Gabriel Attal pourrait donner de premières réponses d'ailleurs vendredi. Est-ce que le gouvernement peut répondre à cette colère ?
01:55 Ou se retrouve-t-il de fait face à l'ampleur de ce mouvement aujourd'hui dans l'impasse ?
01:59 Roselyne Fèvre ?
02:00 L'impasse elle est certaine parce que c'est ce que vous venez de dire. Avoir des résultats tout de suite ça va être compliqué.
02:07 Parce qu'est-ce qu'on sort de 50 ans d'une agriculture chimique à une agriculture durable ?
02:14 Parce que dans le fond c'est ça, c'est qu'on est à un point de bascule.
02:17 Pour moi il y a deux impasses. La première c'est la méthode de la contrainte qui est imposée par les agriculteurs, par les écologistes pardonnez-moi.
02:26 Les mouvements écologistes qui sont très puissants à Bruxelles à la Commission et encore plus fort à Strasbourg au Parlement.
02:34 Et pour moi la deuxième impasse c'est celle des prix.
02:38 C'est qu'en gros on avait dit aux agriculteurs "faites du bio, ça vous rapportera plus, vous ferez de la qualité".
02:48 Mais là dessus est arrivé l'inflation avec l'inflation des prix de l'alimentation 20% de plus en deux ans et ça a tout cassé.
02:56 Et évidemment les consommateurs ne veulent pas consommer plus cher même pour une meilleure qualité.
03:03 C'est cette complexité François-Xavier Bourbeau, c'est qu'il faut effectivement des prix bas et en même temps garantir un prix garanti justement pour les éleveurs, les agriculteurs.
03:13 Oui c'est effectivement une crise complexe à gérer mais c'est pas inextricable.
03:17 On est dans l'épure d'une crise traditionnelle française avec des revendications qui commencent à apparaître.
03:23 Donc un mouvement blocage d'autoroutes, des versages de lisiers sur les préfectures et des leaders qui sont identifiés.
03:31 La mécanique de règlement d'une crise se met en place.
03:35 Il va y avoir une discussion entre le gouvernement et les représentants des agriculteurs, ça va être de la négociation.
03:40 Mais ça l'exécutif sait faire, on n'est pas dans le cadre des gilets jaunes où il n'y avait pas de leader, pas vraiment de revendications identifiées.
03:47 Là il y a des interlocuteurs et des revendications donc ça peut se nouer.
03:55 C'est même d'ailleurs un enjeu pour Gabriel Attal, c'est le premier enjeu puisque Emmanuel Macron lui laisse la main sur ce dossier.
04:01 C'est de franchir assez vite cette crise pour justifier, ou en tout cas expliquer le choix d'Emmanuel Macron de l'avoir mis à Matignon.
04:09 Pour le reste, justement le président de la République a appelé dans sa dernière conférence de presse "Est-ce que la France reste la France ?"
04:15 Avec le lisier et les blocages d'autoroutes on est vraiment dans l'épure d'une crise française.
04:19 Je vous propose de poursuivre dans un instant juste après le Fil info de 9h10, c'est Sophie Echelle.
04:25 La Turquie donne son feu vert à l'entrée de la Suède dans l'OTAN après quasiment deux ans de négociations suite à l'invasion russe de l'Ukraine.
04:31 Il faut encore convaincre la Hongrie, seul pays réfractaire désormais.
04:35 Le premier ministre hongrois Viktor Orban rencontre aujourd'hui son homologue suédois à Budapest pour tenter de lever les derniers obstacles à un accord de son parlement.
04:42 Alors que la colère gronde chez les agriculteurs et que les actions de blocage se multiplient partout en France,
04:48 le président de la FDSEA de la Seine-et-Marne prévient ce matin si dans dix jours le gouvernement ne nous a pas donné de réponse, on bloquera l'île de France.
04:56 Nouvelle mobilisation des cheminots en Allemagne, ils ont entamé ce matin la plus longue grève qui risque de paralyser le trafic ferroviaire pendant six jours.
05:04 Ils réclament de meilleurs salaires et une baisse du temps de travail.
05:07 Netflix continue de faire un carton avec plus de 13 millions d'abonnés en plus sur les trois derniers mois de l'année dernière, pour un total de plus de 260 millions d'abonnés.
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05:27 De retour sur le plateau des informés avec Roselyne Fèvre, chef du service politique de France 24, François-Xavier Bourmeau, journaliste politique à l'Opinion et Renaud Delis.
05:36 Pendant le 8/30, France Info, Arnaud Rousseau, le président de la FDSEA, disait qu'ils allaient publier ce soir une quarantaine de revendications.
05:44 *Générique*
05:49 Et ça illustre précisément ce que disait François-Xavier Bourmeau à l'instant, c'est que dans cette crise extrêmement grave à laquelle il est confronté,
05:55 et qu'il a évidemment du mal à gérer, notamment parce qu'il y a eu un certain retard à l'image de sa part, le gouvernement a une chance pour l'instant,
06:01 c'est qu'il a en face de lui des interlocuteurs qui essayent à la fois de structurer, d'encadrer ce mouvement, et effectivement de présenter un certain nombre de revendications précises.
06:10 C'est ce que fait en particulier Arnaud Rousseau et la FNSEA, c'est ce que font d'autres organisations d'ailleurs, d'autres syndicats agricoles depuis plusieurs jours,
06:18 ce qui prouve qu'effectivement il y a une mécanique qui peut s'enclencher.
06:21 D'ailleurs, la FNSEA, comme les autres organisations syndicales, se rendent au rendez-vous que leur propose le gouvernement, soit le Premier ministre, soit le ministre de l'Agriculture.
06:29 Mais dans la volonté aussi d'Arnaud Rousseau de présenter ses 43 revendications, je pense qu'il y a aussi deux autres dimensions.
06:37 Il y a celle de s'adresser aux Français, comme vous le disiez à l'instant, Salia, parce qu'effectivement un certain nombre de blocages ou d'actions peuvent les gêner,
06:44 y compris dans leur vie quotidienne, dans leur liberté de circulation, et donc il y a l'idée d'essayer de ne pas braquer l'opinion,
06:51 même si traditionnellement, on va dire au regard d'autres mouvements qui peuvent parfois aussi générer des complications dans la vie quotidienne des Français,
06:59 les agriculteurs bénéficient souvent d'une forme de mensuétude de la part de l'opinion.
07:03 C'est plutôt une corporation, une catégorie, pour un certain nombre de raisons historiques, psychologiques, j'allais dire aussi,
07:09 ou liées simplement à l'évolution de notre pays, qui a plutôt une bonne cote, on va dire, dans l'ensemble de la population.
07:15 Donc il y a ce premier souci-là, me semble-t-il, de la part d'Arnaud Rousseau.
07:18 Et puis il y a aussi l'idée d'ordonner un catalogue en quelque sorte de revendication, parce qu'on le voit bien,
07:23 cette colère, ce malaise paysan repose sur de multiples revendications qui peuvent sembler parfois un peu confuses.
07:31 Il y a la question, par exemple, de la taxation du GNL, du gazole non routier, du GNR, pardon.
07:37 Il y a les questions des normes, de la simplification des normes administratives d'une part, et puis plus particulièrement des normes environnementales.
07:44 Il y a la question, évidemment, du niveau de vie, des prix, éventuellement de la correction de la loi EGalim,
07:48 qui régule les relations entre les producteurs, donc notamment les agriculteurs, et puis la grande distribution.
07:55 Bref, il y a une foultitude de sujets qui participent d'un malaise à la fois profond et puis qui vient de loin.
08:00 Ce qui explique aussi ce souci, me semble-t-il, des organisations agricoles de présenter un vrai catalogue de revendications.
08:07 Après, la balle sera dans le camp, et elle l'est déjà d'ailleurs dans le camp du gouvernement.
08:11 Et la difficulté va être grande, parce que quand on a une liste de revendications, comment contenter tout le monde, François-Xavier Bourmont ?
08:17 C'est tout le travail maintenant, c'est de trouver le véhicule adapté à chaque revendication.
08:20 Or, ça, des véhicules, il y en a. Il y a la loi. Le gouvernement peut décider de faire une loi.
08:26 Enfin, il travaille sur la loi de programmation agricole, ça peut passer par là.
08:28 Il y a aussi des décrets que peut prendre le gouvernement.
08:31 Et puis, il y a aussi un autre véhicule qui est un peu plus lointain, c'est les élections européennes,
08:34 où les revendications qui ne peuvent pas entrer dans le cadre de la loi ou des décrets
08:38 peuvent être portées dans le cadre d'un programme pour les élections européennes ou défendues dans le cadre de cette campagne.
08:44 Donc, les revendications, maintenant, le but du jeu, c'est de trouver à chaque revendication de lui attribuer son véhicule
08:50 et de faire avancer comme ça la gestion de la crise.
08:53 Il y en a un qui a bien compris que les élections européennes allaient être justement un enjeu de cette mobilisation
08:58 qui commence déjà aujourd'hui, cette mobilisation des agriculteurs, c'est Jordane Bardella.
09:02 Voilà, exactement.
09:03 Qui vit les déplacements envers les...
09:05 Vous m'avez enlevé la bouche parce que...
09:06 Effectivement, même si les Français regardent avec beaucoup de mensuétude, effectivement, d'indulgence,
09:13 les agriculteurs, ils les soutiennent. Il y a le Rassemblement national qui est en embuscade.
09:21 Donc, j'aimerais partager votre optimisme sur ces 40 revendications qui pourraient être entendues
09:27 et, en tout cas, réglées par le gouvernement.
09:31 Mais je le crains que ce ne soit pas possible parce que, je vous le disais il y a un instant, c'est-à-dire passer...
09:37 En fait, ce moment de bascule est important, c'est-à-dire qu'on demande aux agriculteurs de faire moins de chimiques
09:43 et de passer au durable, à l'écolo, mais sans alternative.
09:48 Et c'est là toute la complexité. En revanche, en ce qui concerne les normes,
09:52 les normes, c'est Bruxelles et Strasbourg qui ont la main.
09:57 Comment la France peut-elle agir sur une série d'empilages ?
10:03 Mais il faut dire aussi que ça bouge aussi en Europe, que la mobilisation des agriculteurs existe aussi dans plusieurs autres pays européens.
10:11 Absolument. Donc, si ça doit se régler, comme c'est un mouvement, effectivement, européen,
10:16 peut-être qu'ils vont se poser des questions à Bruxelles.
10:20 De savoir comment on libère un peu, c'est la phrase qu'adore dire...
10:26 Libérer les énergies ?
10:27 Libérer les énergies, voilà. Libérer les énergies, c'est typiquement ce qu'il y a à faire.
10:33 Et ça se fait à Strasbourg et à Bruxelles.
10:35 C'est bien pour ça que la position de Jordane Bardella et du Rassemblement National, en fait,
10:38 est beaucoup plus délicate qu'elle ne peut sembler lorsqu'on observe, effectivement, le Rassemblement National,
10:42 qui, comme souvent au cours, après un certain nombre de mouvements, essaie de surfer sur certaines colères.
10:46 Pourquoi ? Le mouvement qui vise à viser, effectivement, Bruxelles, l'Europe, doit essayer de surfer sur cette colère.
10:54 C'est assez simple, d'un point de vue... C'est d'autant plus simple pour le Rassemblement National que, lui, rappelons-le,
10:59 n'a absolument aucun programme de nature écologique, justement, visant à mettre en œuvre la transition écologique,
11:05 à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
11:07 Donc, il n'a pas, lui, ces deux exigences parfois difficiles à concilier,
11:13 qui sont, d'un côté, défendre l'intérêt des agriculteurs, et de l'autre côté, défendre l'intérêt de l'environnement,
11:18 en quelque sorte, puisque ce volet-là ne fait pas du tout partie du programme du Rassemblement National.
11:23 Mais là où il y a une vraie difficulté, me semble-t-il, pour Jordane Bardella, c'est-à-dire qu'il peut dire, effectivement,
11:27 à la corporation agricole, "Bruxelles vous maltraite, nous, nous sommes à vos côtés,
11:32 et puis les écologistes sont vraiment d'affreux personnages autoritaires qui veulent vous imposer des normes."
11:39 Sauf que les agriculteurs veulent de l'Europe. Ils ont besoin de l'Europe, ils le savent, et y compris, d'ailleurs, les organisations syndicales.
11:45 Arnaud Rousseau l'a dit tout à l'heure aussi.
11:46 Arnaud Rousseau le dit et le répète. Il veut une Europe qui fonctionne, donc qui soit plus simplifiée sur le plan administratif.
11:52 Mais il sait très bien que, sans l'Union européenne et sans la PAC, l'agriculture française, qui est déjà fragilisée,
11:59 certes, pour des tas de raisons, le serait beaucoup, beaucoup plus. C'est l'assurance vie de l'agriculture.
12:04 Et le deuxième point, c'est que le Rassemblement national avance une prétendue solution,
12:11 souvent qui apparaît comme une baguette magique, c'est sortir de tous les accords de libre-échange.
12:16 Donc, en quelque sorte, se replier sur nos frontières, ce qui est un réflexe assez classique du côté de l'extrême droite,
12:20 quel que soit le sujet, d'ailleurs. Sauf que l'agriculture française a besoin, évidemment, des accords de libre-échange,
12:26 des accords réguliers qui la protègent sur certaines productions, mais qui lui permettent aussi d'exporter.
12:30 Rappelons que si l'agriculture française est aujourd'hui déficitaire par rapport à nos partenaires au sein de l'Union européenne,
12:37 elle est en revanche très largement excédentaire dans ses échanges commerciaux avec le reste du monde.
12:42 Donc, sortir des accords de libre-échange, comme le dit et le répète Jordan Bardella, ce serait condamner les agriculteurs français.
12:49 François-Xavier Bourbon ?
12:50 Oui, il y a aussi, derrière cet enjeu sur l'agriculture, le coup politique que joue Jordan Bardella.
12:56 Et cette crise, elle tombe à point nommé pour lui parce qu'elle lui permet de bloquer l'offensive de rentrée d'Emmanuel Macron,
13:01 qui, un peu à la manière des 100 jours d'apaisement, s'était retrouvé bloqué par les émeutes urbaines.
13:06 Là, il y a la rentrée très offensive avec le remaniement, la nomination de Gabriel Atala-Matinon,
13:13 la nomination d'un gouvernement resserré, puis la grande conférence de presse.
13:16 Emmanuel Macron était parti directement en campagne pour les élections européennes.
13:21 Là, la crise de l'agriculture, elle tombe à point nommé pour bloquer cette offensive qui avait permis à Emmanuel Macron d'occuper tout l'espace
13:28 et de relancer son quinquennat, selon ce qu'il présentait comme ça.
13:34 Donc, derrière l'enjeu strictement agricole, il y a aussi un enjeu politique qui est lié à la campagne des élections européennes.
13:42 Et d'ailleurs, on a eu le week-end dernier une sorte de face-à-face sur le terrain, Gabriel Atal.
13:47 Il faut juste considérer que jusqu'à présent, en tout cas, l'électorat du monde agricole vote très peu,
13:53 Rassemblement National, en deçà de la moyenne nationale.
13:55 C'est un électorat conservateur qui vote plutôt pour les parties droites, mais qui ne vote pas à l'extrême droite.
13:59 On s'arrête une petite minute, le temps du Fil Info de Sophie Echene à 9h20, et on revient après.
14:03 La fille de l'agricultrice morte hier sur un barrage en Ariège a succombé à ses blessures hier soir.
14:09 Sur France Info, ce matin, le président de la FNSE a déploré un drame qui, je cite, "nous a tous profondément heurtés".
14:15 Il ajoute que les actions vont se poursuivre et même s'étendre à toute la France.
14:19 Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, va convoquer le patron de la SNCF, Jean-Pierre Farandou,
14:24 après-demain pour s'expliquer, après les retards très importants sur un Paris, clairement vendredi dernier,
14:29 700 voyageurs bloqués dans un train pendant toute la nuit sans chauffage.
14:33 Grève générale en Argentine contre le président ultralibéral, Javier Melelli, et ses réformes économiques.
14:38 Des dizaines de milliers de personnes sont appelées à se rassembler à Buenos Aires aujourd'hui,
14:42 ainsi que dans plusieurs autres villes du pays.
14:45 Et puis, Daniel Medvedev, qualifié en demi-finale de l'Open d'Australie, c'est du tennis.
14:48 Le Russe a battu le Polonais Urkach en 5-7. Il affrontera pour une place en finale le vainqueur du duel Alexander Zverev vs Carlos Alcaraz.
14:55 C'est à suivre en fin de matinée.
14:57 (Générique)
15:08 Les informer toujours avec Rose Pèvre, chef du service politique de France 24,
15:11 avec François-Xavier Bourmeau, journaliste politique à l'Opinion.
15:15 Aujourd'hui, Renaud Delis, le projet de loi qui vise à inscrire l'IVG dans la Constitution, arrive à l'Assemblée.
15:22 Oui, il va donc être débattu aujourd'hui à l'Assemblée nationale, même si le vote, lui, à l'Assemblée a été reporté d'ores et déjà à mardi prochain.
15:29 Le Sénat, lui, s'emparera du sujet normalement à la fin du mois de février.
15:34 Sauf que, ici même, dès hier, le président du Sénat, Gérard Larcher, le président LR du Sénat,
15:40 a expliqué pourquoi lui-même était hostile à l'inscription de l'IVG dans la Constitution.
15:45 Je pense que l'IVG n'est pas menacée dans notre pays.
15:49 S'il y avait été menacée, croyez-moi, je me battrais pour qu'il soit maintenu.
15:54 Mais je pense que la Constitution n'est pas un catalogue de droits sociaux et sociétaux.
16:00 Alors, que pensez-vous des arguments avancés par Gérard Larcher ?
16:04 Et est-ce que cette proposition du gouvernement, qui fait suite d'ailleurs à des propositions de loi qui émanaient du Parlement,
16:10 ce projet de loi déposé par le gouvernement, est-ce qu'il risque de capoter en quelque sorte si la droite sénatoriale s'y oppose
16:17 et donc bloque de fait la révision constitutionnelle engagée ?
16:21 Roselyne Fève, c'est mal embarqué, là.
16:23 Ça dépend si les députés et les sénateurs ont la liberté de vote, en tout cas les sénateurs, puisque visiblement, ça concerne les sénateurs.
16:32 On est complètement inversés par rapport à la loi Immigration.
16:37 La loi Immigration, c'était le Sénat qui voulait durcir le texte et les députés qui n'en voulaient pas.
16:44 Donc on est un peu à front renversé. Je pense que les Républicains devraient faire une thérapie de groupe.
16:49 Je ne comprends pas ce que dit Gérard Larcher, parce que d'abord, la réforme, l'IVG, étant quand même tissu, a été initiée par la droite.
17:02 Alors certes, la droite de Valéry Giscard d'Estaing, donc la droite libérale, et d'ailleurs la droite conservatrice à l'époque, étaient contre.
17:09 Mais pourquoi ? Il lit dans Le Mar de Café Gérard Larcher en disant que ça ne risque rien.
17:17 Je veux dire, est-ce qu'on est à l'abri ? Les choses sont réversibles.
17:21 Est-ce qu'on est à l'abri d'un mouvement conservateur, suivez mon regard, en 2027 ou même plus tard, dans quelques décennies, quelques années, que ce droit ne soit pas mis en danger ?
17:33 Non, les choses sont réversibles.
17:36 Donc, pour moi, je ne comprends pas son argument, je ne comprends pas sa posture, et je ne comprends pas la division de la droite aujourd'hui sur le sujet.
17:47 On ne peut pas exclure un petit coup de mauvaise humeur de Gérard Larcher, parce qu'au moment où le président de la République annonce qu'il veut plutôt passer par décret que par le Parlement,
17:56 le rôle de Gérard Larcher, c'est de faire peser le Sénat, et c'est ce qu'il essaye de faire depuis le début du premier quinquennat d'Emmanuel Macron.
18:02 Donc, voir comme ça une des deux assemblées un peu mise sur le côté, c'est une façon de rappeler qu'il faut aussi passer par le Sénat.
18:11 Et pour ce petit coup de pression du président du Sénat, il faut aussi noter que s'il y a une révision constitutionnelle, ça suppose une réunion du Congrès.
18:19 Et qui dit réunion du Congrès dit grand discours en majesté d'Emmanuel Macron au moment où il cherche toutes les estrades pour se faire entendre et peser sur le débat politique.
18:29 Donc menacer de bloquer cette révision constitutionnelle, c'est menacer le président de le priver d'une estrade sur laquelle il peut se faire entendre.
18:37 Et il faut voir ce que c'est qu'une réunion du Congrès. En 2017, Emmanuel Macron annonçait qu'il voulait tenir un discours tous les ans à l'américaine devant le Congrès.
18:46 Alors il y a les députés, les sénateurs qui se déplacent en carge jusqu'à Versailles dans une grande assemblée. C'est très prestigieux, c'est spectaculaire.
18:53 Et le discours est généralement très très très écouté, d'autant plus écouté qu'il me semble que les parlementaires ne peuvent pas répondre.
19:01 Donc c'est priver Emmanuel Macron de cette tribune. C'est aussi lui menacer de le priver de cette tribune. C'est aussi lui dire qu'il faut quand même ménager le Sénat et faire attention aux sénats.
19:11 Vous vous rendez compte où on est tombé la politique ? On est au pisé de la nullité.
19:17 Franchement, rendez-vous compte, est-ce qu'on est immunisé contre ça ? Regardez la Pologne. Bon maintenant, la Pologne essaie de revenir sur les choses.
19:30 Mais qui aurait imaginé aux Etats-Unis que les juges de la Cour suprême nommés par Donald Trump seraient exactement dans cette même posture ?
19:40 Vous savez ce que répond France Insoumise ? L'ami Bélamine, la tête de l'Européenne, elle l'air. Elle dit arrêtez d'américaniser la France. On n'est pas les mêmes.
19:49 Mais face à l'histoire, je veux dire, ou au futur, de ne pas vouloir faire un petit cadeau à Emmanuel Macron, ce qui est ça en plus, vous avez peut-être raison.
20:00 Il me semble que politiquement, en plus, ce n'est pas forcément l'intérêt de la droite. C'est ça qui peut sembler d'un point de vue, ce qui peut interroger dans cette prise de position.
20:09 Pourquoi ? La droite ou une partie de la droite a tout à fait le droit d'être hostile à l'inscription de l'IVG dans la Constitution, bien entendu.
20:16 C'est une position qui peut se défendre, quels que soient les arguments avancés, y compris par ceux de Gérard Larcher, même si on peut parfois juger qu'ils sont peut-être un peu de mauvaise foi.
20:24 Mais sur le fond, je pense que là où la droite peut sembler faire une erreur, c'est qu'elle est divisée sur ce sujet, sur l'inscription de l'IVG dans la Constitution.
20:30 D'ailleurs, rappelons que c'est un amendement du sénateur LR Philippe Bas qui avait finalement trouvé une voie de passage au Sénat dans un texte précédemment voté, en remplaçant l'expression de "droit",
20:40 l'accès au droit à l'IVG qui aurait été inscrit dans la Constitution selon la version adoptée à l'Assemblée nationale, par la liberté.
20:48 Et c'est d'ailleurs ce terme de liberté que reprend le gouvernement dans sa proposition pour essayer de trouver la liberté, d'avoir recours, garantir la liberté d'avoir recours à l'IVG, pour essayer de trouver un compromis.
20:57 Donc la droite est divisée sur ce sujet, comme sur beaucoup d'autres. Elle essaye dans ces cas-là, on l'a vu à plusieurs reprises, de refaire son unité en quelque sorte, en resserrant l'errant sur sa ligne la plus conservatrice.
21:07 C'est ce qu'on a vu sur l'immigration. Sauf que, me semble-t-il, la grande différence, c'est que sur les sujets régaliens comme la sécurité ou l'immigration, on le voit, l'opinion réclame, on va dire majoritairement, davantage de fermeté.
21:22 Donc ça peut conduire la droite aussi, ça peut l'inciter un peu plus à adopter ces positions-là.
21:27 Sur les réformes sociétales, c'est l'inverse. On voit l'évolution de la société française qui va plutôt dans l'autre sens, disons vers un cours plus libéral.
21:35 Et ces dernières années, ça s'est manifesté par quoi ? Ça s'est manifesté, alors il y a maintenant une dizaine d'années, par l'adoption du mariage pour tous.
21:41 Plus près de nous, par la réforme visant à étendre la PMA pour toutes les femmes. Et déjà dans ces deux cas, la droite, en tout cas une grande partie de la droite, s'est retrouvée prise à contre-pied, à contre-courant des évolutions de la société.
21:54 Je pense qu'en prenant cette position, en étant hostile à l'inscription de l'IVG dans la Constitution, je pense que la droite risque de nouveau de se retrouver un peu face à, enfin à contre-pied, encore une fois, de l'évolution de la société, qui plus est, avec une tête de vie sur les émissions européennes.
22:09 Qui plus est, elle est réduitante de Simone Veil, rappelez-vous.
22:11 Qui plus est, avec une tête de liste aux élections européennes, comme François-Xavier Bellamy, qui prend des positions très conservatrices sur ces sujets-là.
22:18 Juste à noter que sur les deux sujets que vous avez évoqués, la PMA pour toutes et le mariage pour tous, il n'est pas question à droite d'y revenir en plus, maintenant.
22:26 Bien sûr, bien sûr. Plusieurs années après, évidemment, les dirigeants de droite finissent par se rendre compte que finalement, ils sont peut-être trompés, et donc par se convertir à ces réformes.
22:34 Merci beaucoup. Merci à tous les trois. Roselyne Pfebvre, chef du service politique de France 24, merci d'être passée chez nous ce matin.
22:40 François-Xavier Bourbeau, journaliste politique à l'Opinion, l'Opinion qui titre aujourd'hui sur cette question, "Les gilets verts sont-ils les nouveaux gilets jaunes ?"
22:49 Ça pose la question de cette colère des agriculteurs qui pourraient donc se transformer en grogne populaire plus large. Merci beaucoup, Renaud.
22:57 Merci à vous, Salia.
22:58 Nous, on se retrouve donc demain. Les informés sont de retour ce soir à 20h avec Bérangère Bonte et Jean-François Ackilly.
23:04 de la France.