• il y a 11 mois
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Dans son émission média, Thomas Isle et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui, Melissa Bell, spécialiste des relations internationales et correspondante de la chaîne de télévision CNN à Paris.

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Transcription
00:00 - "Europe 1" avec Thomas Hill et votre invité Thomas ce matin.
00:02 - Oui je reçois ce matin Mélissa Bell, vous êtes une journaliste vraiment internationale,
00:06 vous avez travaillé pour la BBC, pour France 24 et vous êtes depuis 2016 la correspondante de CNN en France.
00:12 Quelles sont les différences marquantes d'ailleurs entre ces trois chaînes d'info,
00:16 françaises, anglaises et américaines ?
00:18 - Vraiment très différentes parce que culturellement les trois pays sont très différents
00:22 et la façon d'aborder l'actualité très différente en plus.
00:24 La BBC par exemple va couvrir vraiment tout en profondeur, avec rigueur,
00:30 en essayant de s'élargir le plus possible sur l'actualité du moment.
00:34 CNN est beaucoup plus ciblée, c'est-à-dire qu'on a un budget beaucoup moins important que celui de la BBC au final,
00:39 mais on cible, on peut être assez monomaniaque, on nous le reproche de temps en temps surtout en période électorale.
00:45 - Vous ne parlez que de ça quoi.
00:47 - Voilà c'est ça et c'est ce qui nous permet finalement de,
00:50 c'est pareil pour l'Ukraine, c'est pareil en ce moment pour le Moyen-Orient,
00:53 de mettre beaucoup de ressources sur un point d'actualité qu'on estime être celui qui est important en ce moment-là,
01:00 ce qui nous permet de faire grand et d'y mettre beaucoup de moyens finalement.
01:05 Et ça c'est le grand talent de CNN.
01:06 France 24 quand j'y ai rejoint c'était vraiment les tout débuts de la chaîne
01:10 et la grande force je trouve encore des médias français en général par rapport aux médias anglo-saxons
01:16 c'est que c'est une capacité de couvrir des parties du monde qui ne sont pas couvertes par les anglo-saxons par exemple.
01:21 - Comme l'Afrique. - Je passais beaucoup de temps en Afrique, francophone.
01:23 Et la façon d'aborder l'actualité est différente et encore aujourd'hui quand je regarde leur site internet
01:28 on trouvera plein de reportages et dans la forme et dans le fond qui sont très différents de ce qu'on trouve ailleurs.
01:34 Par contre j'ai découvert, j'avais jamais travaillé en France ou pour des français,
01:37 une façon de faire très différente. Les anglo-saxons c'est assez fort pour se dire voilà,
01:41 notre objectif on va tous se mettre derrière et essayer de faire arriver que cette chose-là arrive.
01:45 En France c'est un peu plus la pagaille.
01:47 J'ai découvert les rédactions où ça pouvait hurler quasiment tous les jours et pour pas grand chose.
01:52 Ça c'était nouveau.
01:54 - On s'excite plus facilement. - Beaucoup plus facilement mais ça a beaucoup de charme.
01:56 - Et alors aujourd'hui Mélissabeth, c'est quoi les types de sujets que vous demande CNN sur la France ?
02:01 Qu'est-ce qui intéresse les américains ?
02:03 - Alors on couvre par exemple aujourd'hui on va couvrir le débat sur l'avortement.
02:06 Les tentatives françaises de mettre maintenant l'avortement dans la constitution intéressent après Roe vs Wade bien sûr.
02:13 On va faire un sujet plus tard cette semaine sur Viktor Orban.
02:17 Je sais qu'on peut être monomaniaque en période électorale encore plus.
02:20 On y est. Donald Trump a parlé de Viktor Orban comme étant un leader formidable.
02:25 Donc on va faire un portrait de lui pour CNN domestique pour vendredi.
02:29 Donc pendant les périodes électorales comme cette année-ci,
02:32 beaucoup de choses seront en rapport avec l'élection américaine.
02:35 Et pour essayer d'enquêter sur ce qui se passe en Europe par rapport à ça.
02:39 Et puis voilà des sujets comme Viktor Orban.
02:41 - Et les éventuels liens avec Donald Trump notamment.
02:43 - Oui mais on couvre à partir de Paris en fait une partie beaucoup plus grande du monde.
02:46 On passe beaucoup de temps en Ukraine. On voyage pas mal.
02:50 L'avantage de ces années-là c'est qu'on peut être assez sédentaire et vraiment se focaliser sur l'Europe en étant chez soi.
02:55 - Et alors quelle image ils ont de la France ?
02:57 Est-ce qu'elle s'est dégradée ou améliorée ces dernières années ?
03:00 - Je pense que la fascination du monde entier, mais les américains en particulier pour la France est énorme.
03:06 À un moment il est toujours question tous les deux ans,
03:09 "Pourquoi dans quelques années on est revendu ? Qui sera viré ? Que fera le prochain chef ? Qui gardera son poste ? Quel bureau continuera à exister ?"
03:15 Paris est incontournable parce que ça les fascine, parce que c'est Paris.
03:19 Et que ce soit Paris qui brûle parce que les gilets jaunes sont dans la rue,
03:23 ou Paris qui a des punaises de lit, ou Paris qui a une élection ou deux Jeux olympiques,
03:27 ça fascine, ça passionne et c'est une ville qui intéressera toujours les américains.
03:31 Et en plus depuis le Brexit c'est devenu la ville à partir de laquelle on couvre le continent.
03:36 Avant on le couvrait à partir de Londres, ça n'est plus possible.
03:38 Et alors CNN s'est construit une image plutôt en opposition à la chaîne conservatrice Fox News.
03:44 Est-ce qu'on peut dire que CNN est une chaîne anti-Trump ?
03:47 Alors on nous a beaucoup accusé de ça pendant les dernières élections.
03:50 On avait à l'époque un grand chef qui s'appelait Jeff Zucker qui avait l'habitude de dire, et c'est assez vrai,
03:54 "Ca n'est pas être anti-Trump, c'est être pro-la vérité."
03:57 C'est-à-dire qu'à partir du moment où les médias américains, que ce soit CNN, Washington Post, New York Times,
04:02 faisaient leur travail de journalistes, forcément c'était en décalage avec ce qui sortait de la bouche de Donald Trump.
04:08 Puisque suivant les jours, tout et n'importe quoi pouvait sortir de sa bouche.
04:13 Et plus on s'entêtait à essayer de contrebalancer ce qu'il disait par les faits, la vérité, un vrai travail de journaliste,
04:20 plus forcément on devenait le cible de ses attaques.
04:23 Et CNN tout particulièrement, qui était devenu vraiment sa bête noire dès le départ.
04:27 Jeff Zucker, donc le chef dont je vous parlais au départ, avait dit au moment des nominations,
04:31 quand on a commencé à comprendre qu'il serait le choix des Républicains,
04:35 sa phrase c'était que notre travail c'était de tenir bon, de rester fort,
04:39 et de continuer à faire notre travail de contre-pouvoir pour toujours essayer de rétablir les faits.
04:45 Le New York Times avait commencé son décompte, son fameux décompte sur le nombre de fausses choses,
04:50 fausses qui étaient dites tous les jours, de mensonges qui étaient racontés par la Maison Blanche tous les jours,
04:54 ce qui n'était jamais arrivé.
04:55 Donc c'était un poids assez différent de celui qu'on joue d'habitude,
04:58 puisqu'il devait être beaucoup plus ancré finalement dans cette idée de contre-pouvoir.
05:02 Le fact-checking par exemple est devenu pour tous les médias,
05:06 des départements très concrets et à part dans toutes les rédactions,
05:09 qui n'avaient pas vraiment existé avant.
05:11 La seule rivale de Donald Trump encore c'est Nikki Haley dans le camp républicain aujourd'hui,
05:16 est-ce que vous pensez qu'elle a vraiment encore une chance de remporter l'investiture ?
05:19 Parce que là depuis cette nuit ses chances paraissent...
05:22 Diminuer vraiment, pour Donald Trump, les deux premières primaires,
05:28 donc l'Iowa et le New Hampshire,
05:29 je pense que dans l'histoire moderne des États-Unis,
05:32 aucun candidat qui n'était pas un candidat sortant n'a gagné les deux
05:35 sans devenir le candidat nominé par le parti.
05:37 Donc là pour le coup toutes les chances sont de son côté.
05:39 Je vois difficilement comment il peut être exclu,
05:42 sauf par la Cour suprême éventuellement et encore.
05:46 L'idée c'est que ça mettrait une telle pagaille dans le système américain
05:50 qu'on a plutôt tendance à se dire qu'ils se rangeront derrière l'idée de le laisser aller jusqu'au bout.
05:55 Et vous croyez à un second mandat de Donald Trump ?
05:57 Là ce qui est remarquable quand on regarde les sondages parmi les Républicains,
06:01 c'est que dans toutes les catégories d'âge,
06:03 il fait des scores meilleurs aujourd'hui,
06:06 dans l'Iowa c'était le cas par exemple, qu'il ne faisait en 2016.
06:09 Ce qui est dingue.
06:10 Quand on considère ce qui s'est passé,
06:12 il y a cette partie du parti républicain qui voterait pour lui quoi qu'il arrive,
06:15 l'autre partie qui était plutôt conservatrice traditionnelle.
06:19 Pour moi les images du 6 janvier auraient dû faire basculer cette partie-là et apparemment pas.
06:23 Ce n'est pas le cas.
06:24 C'est remarquable.
06:24 Restez encore un peu avec nous Mélissa Bell pour commenter l'actualité des médias dans un instant.
06:28 Oui puisque dans un instant c'est le journal des médias de Julien Pichenay sur Europe 1.
06:31 Et ce matin on va parler de Koh Lanta.
06:34 La 25e saison débutera le 13 février.
06:36 Et vous entendrez dans un instant Denis Brognard nous parler de la spécificité de cette nouvelle saison.

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