• il y a 10 mois
Alors que la colère monte dans le monde agricole, BFMTV propose ce jeudi une émission spéciale LE FORUM BFMTV “Agriculteurs & écologie: la fracture” pour permettre le dialogue entre paysans et écologistes, mais aussi avec des acteurs de la grande distribution et des représentants de la majorité 

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Le truc qui nous énerve le plus, c'est les gens qui parlent à notre place,
00:03 qui croient connaître l'agriculture, qui n'ont jamais fait veller une vache,
00:06 qui n'ont jamais fait pousser un grain de blé.
00:09 Ça, ça fait partie des choses qui moi et tous les jeunes agriculteurs
00:11 très en colère derrière moi, ici à 51 agents de France, on est très remontés.
00:15 Moi, je suis désolé, quand je prends l'avion, à aucun moment je me lève,
00:18 je vais dans le cockpit et je prends la place du pilote.
00:21 C'est exactement le sentiment qu'on a aujourd'hui.
00:23 Alors, il n'y a pas que les plateaux télé, je ne suis pas là pour faire un procès,
00:26 mais il y a énormément de gens qui prennent des décisions à notre place.
00:28 Tout à l'heure, j'ai entendu que les surtranspositions, ça n'existe pas.
00:31 C'est un fake. On en a des listes complètes, des surtranspositions françaises à vous citer.
00:37 Donc, c'est bien nous, avec les bottes, c'est bien nous sur le terrain qui subissons.
00:41 Donc, il faut vraiment que ça cesse de donner les paroles à des gens démagos,
00:44 qui sont populistes, qui sont là uniquement pour se faire élire tous les cinq ans.
00:49 Voilà, c'est nous qui devons avoir la parole et pas les autres.
00:51 Monsieur Cardo, vous pensez à qui ? Allez-y franchement.
00:56 Je crois que j'ai entendu, c'est M. Jadot qui est chez vous, j'ai entendu tout à l'heure.
01:02 M. Jadot voulait peut-être répondre à ce que disait M. Cardo.
01:04 Je vais vous donner un... M. Cardo, je vais laisser Yannick Jadot vous répondre.
01:08 Vous avez un micro, allez.
01:09 Juste, monsieur, si on parle des pesticides, par exemple, et des autorisations des substances,
01:15 c'est un règlement. Il n'y a pas de surtransposition.
01:18 Vous savez que ça s'applique absolument partout dans toute l'Europe.
01:21 La France a autorisé...
01:24 On n'a pas les mêmes surtranspositions en français.
01:26 On n'a pas les mêmes normes...
01:28 Attendez, attendez.
01:30 Mais non, mais non, les mêmes...
01:32 Allez-y. Son micro, ça ne sert à rien.
01:34 Mais non, il y a 287 substances autorisées en France.
01:44 Vous en avez ?
01:46 Regardez le cahier des charges de tous les autres pays européens.
01:49 Ils utilisent des pesticides qui sont interdits depuis très longtemps chez nous.
01:52 Un exemple concret, la cerise.
01:54 Le règlement sur les pesticides et sur les autorisations de substances, ça s'appelle...
02:04 Par contre, les Italiens avaient encore des dérogations pour traiter la cerise.
02:07 Si, monsieur, si.
02:09 Et aujourd'hui, on arrache les arbres chez nous et eux, ils les gardent.
02:14 Donc vous mentez aux Français.
02:16 On a les mêmes règles que tout le monde en France.
02:18 Je ne dis pas que tous les pays utilisent les mêmes...
02:22 Qu'est-ce qu'avait fait le folle sur les cerises ?
02:24 Il avait eu raison.
02:26 Quand il a interdit les pesticides sur les cerises,
02:28 il a interdit les importations des autres pays qui utilisaient ces pesticides-là.
02:33 C'est ça qu'il faut faire.
02:35 Quand on vous fait...
02:37 Là, on est tous d'accord.
02:39 Mais c'est ce qu'on défend. C'est ce qu'on défend depuis le début.
02:41 Produisons l'agriculture que l'on veut.
02:43 Bruno Cardo, s'il vous plaît.
02:45 Monsieur Jadot, vous êtes de l'aise.
02:48 Vous êtes un expert en betteraves parce que vous êtes de l'aise.
02:50 S'il vous plaît, écoutons aussi ceux qui sont sur les barrages.
02:52 Les néonicotinoïdes, à partir de 2024,
02:54 les néonicotinoïdes, avec cette machine à betteraves là, qui est juste derrière moi,
02:57 ces néonicotinoïdes seront utilisés par 5 autres pays.
03:01 Moi, Français, on m'a enlevé cet outil.
03:03 Ma betterave n'est plus protégée du puceron vecteur de jaunisse.
03:07 Pourquoi il y a 5 autres pays dont les Allemands, mes gros concurrents,
03:10 utilisent les néonis et pas moi ?
03:12 Ça, c'est une vraie incohérence.
03:14 Voilà, c'est une surproposition.
03:16 Tu vois, Madame Pompili, nous avons interdit les néonis en enrobage et en aspersion.
03:25 Mes concurrents mettent des néonis en aspersion.
03:29 Vous le savez.
03:31 Vous êtes un expert en betteraves.
03:33 Vous avez raison. Il y a des pays qui ont demandé des dérogations en cas de jaunisse pour pulvériser.
03:37 La France a demandé une dérogation pour des semences enrobées.
03:40 C'est pour ça qu'elle a été condamnée.
03:42 Madame Pompili nous a interdit aussi l'aspersion, Monsieur Jadot.
03:46 Moi aussi, je veux des néonis en aspersion.
03:49 Les semences enrobées n'attaquent pas les abeilles.
03:52 Quand on pulvérise sur les champs, oui, tous les insectes disparaissent à ce moment-là.
03:57 Donc l'enrobage des semences était bien meilleur que la pulvérisation sur champ.
04:00 Si on peut compléter ce qui vient d'être dit, je voudrais donner un autre exemple.
04:06 Il y a la betterave.
04:08 Si vous prenez la pomme, par exemple, nous importons des pommes de Turquie
04:13 qui utilisent des pesticides qui sont interdits en Union Européenne.
04:19 En Turquie, 520 euros de SMIC.
04:23 520 euros.
04:25 Sauf que non seulement nous importons ces pommes turques,
04:29 mais à l'intérieur de l'Union Européenne, il y a 454 actifs qui sont autorisés pour la pomme.
04:39 C'est ceux qui utilisent par exemple la Pologne, qui est un très gros producteur de pommes.
04:43 Les Français, eux, c'est 309.
04:46 Donc vous avez un taux horaire de main-d'œuvre également.
04:52 C'est 159 euros pour les Français par tonne de pommes.
04:56 Et en Pologne, c'est 119 euros par tonne.
04:58 Donc sur le plan des règles environnementales et sur le plan des règles sociales,
05:03 nous avons un problème interne à l'Europe et externe à l'Europe.
05:07 Le consommateur, lui, a des problèmes de pouvoir d'achat.
05:10 À votre avis, quand la grande distribution importe massivement des pommes,
05:14 qu'est-ce que le consommateur va choisir ? C'est ça la question.
05:18 Donc on a des règles qu'on impose à des paysans.
05:21 Il y en avait 7 millions en 1960, il y en a 389 000 aujourd'hui.
05:26 Et on est en train de faire en sorte que l'Europe ne puisse plus se nourrir sans importer massivement.
05:32 Et on a créé à l'intérieur de l'Europe une concurrence totalement absurde.
05:37 C'est pour ça que depuis tout à l'heure, j'entends des trucs faux.
05:40 J'entends des élus qui oublient qu'ils ont signé des traités de libre-échange,
05:45 dont on peut quand même rappeler par exemple le traité avec la Nouvelle-Zélande.
05:50 On va faire venir de Nouvelle-Zélande des agneaux, du lait, des pommes.
05:57 C'est-à-dire qu'on nous parle d'écologie et on a des pommes de la viande bovine.
06:03 On va faire venir ça de 18 500 km et on est en train de parler de Green Deal européen.
06:09 Pardon, mais il faudrait que les consommateurs aient en tête cela.
06:13 Il y en a certains parmi les consommateurs qui peuvent changer leur mode de consommation.
06:19 Depuis des décennies, on leur explique que l'alimentation, c'est le poste le moins important de leurs dépenses
06:25 et que c'est celui sur lequel on peut rogner.
06:27 Alors il y a des gens en France qui ne peuvent pas changer.
06:30 Il y a des consommateurs qui ne peuvent pas changer leur mode de consommation, qui n'ont pas de quoi.
06:34 Mais il y a une part des consommateurs qui peuvent aussi agir.
06:38 Mais le problème est systémique et politique, me semble-t-il.
06:41 Bruno Cardo, une dernière question. Quelle est la solution pour vous ?
06:45 La solution est toute simple. C'est deux choses.
06:49 Du courage politique et de la cohérence et de l'harmonisation.
06:54 On va commencer par faire une pause sur le pacte vert.
06:57 On va bien harmoniser tout le monde.
06:59 On va mettre les mêmes outils dans les mains de tous les agriculteurs européens.
07:02 Et là, on pourra peut-être commencer à bosser et arrêter de nous emmerder, comme j'ai dit au début.
07:08 Arrêter de parler à notre place, c'est bien nous les acteurs principaux.
07:12 Désolé, ils sont 13h30 derrière.

Recommandations