Les informés du matin du vendredi 26 janvier 2024

  • il y a 7 mois
Tous les vendredis, les informés débattent de l'actualité autour de Jean-Rémi Baudot et Renaud Dély.
Transcript
00:00 Bienvenue sur le plateau des informés, votre rendez-vous de décryptage de l'information sur France Info, la radio et France Info, la télévision, Canal 27.
00:07 Avec vous Renaud Delis. Bonjour Renaud.
00:08 Bonjour Jean-Rémy.
00:09 Et avec nous autour de la table Virginie Riva, journaliste au site d'Informations politiques Contextes. Bonjour Virginie.
00:14 Bonjour.
00:14 Et à vos côtés Paul Quignot, directeur délégué de la rédaction de Libération. Bonjour Paul.
00:19 Bonjour.
00:20 Je vous laisse la parole Renaud, puisqu'on va parler de la colère du monde agricole.
00:24 Quelle réponse de Gabriel Attal ? C'était évidemment ce qui était attendu, mais peut-être... Non, vous vouliez me parler de quoi ? D'immigration ?
00:32 Mais comme vous voulez.
00:33 Non mais je vous suis, je vous suis, je vous suis. J'ai un doute là d'un coup.
00:35 Alors, commençons effectivement par l'immigration. Je vous propose de revenir sur la censure du Conseil constitutionnel donc hier soir.
00:44 Le Conseil constitutionnel qui a donc largement censuré la fameuse loi d'immigration en retoquant au total 35 articles complètement ou partiellement,
00:50 32 parce qu'il considérait que ces mesures étaient ce qu'on appelle des cavaliers législatifs, c'est-à-dire qu'ils n'avaient rien à faire dans ce texte-là,
00:56 et puis trois censures sur le fond. Et pour l'essentiel, il s'agit d'ailleurs des mesures qui avaient été imposées en quelque sorte par la droite
01:03 pour que celle-ci se rallie au texte, à la version finale du texte et pour qu'elle vote le texte présenté par le gouvernement.
01:10 C'est donc un camouflet plus particulièrement pour la droite et les républicains, ce qui a conduit par exemple le chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau
01:19 à réclamer hier soir d'aller plus loin par la voie référendaire.
01:24 Quand il y a l'impuissance, parce que ce que cela veut dire, c'est que le Conseil constitutionnel interdit aux législateurs de voter des mesures fortes pour contrôler l'immigration,
01:32 c'est-à-dire qu'il nous conduit à l'impuissance. Mais le remède à l'impuissance pour moi c'est la démocratie. La démocratie c'est le référendum.
01:41 Pour le référendum, je l'ai toujours dit, je pense qu'il faudra changer la constitution pour que sur ces questions-là, on donne la parole au peuple.
01:48 Révision constitutionnelle, référendum pour aller plus loin, pour légiférer sur l'immigration, c'est donc la position de la droite.
01:54 Et puis d'autres leaders de droite sont encore beaucoup plus indignés par la décision du Conseil constitutionnel.
02:00 Un "hold up démocratique" selon le patron de LR, Éric Ciotti. Un coup d'État de droit d'après Laurent Wauquiez, qui considère que le Conseil constitutionnel est sorti de son rôle.
02:10 Autant d'accusations auxquelles a répondu ce matin d'ailleurs Laurent Fabius, le président du Conseil constitutionnel,
02:14 en expliquant que cette institution chargée de juger donc de la conformité de la loi à notre constitution n'était pas là pour rendre service à tel ou tel camp politique.
02:24 Alors que peut-il se passer désormais après cette censure assez large ?
02:28 Est-ce qu'effectivement la droite et l'extrême droite d'ailleurs vont essayer d'aller plus loin,
02:33 peut-être en s'appuyant sur l'opinion pour contester la décision prise par le Conseil constitutionnel ?
02:39 Virginie Réva du site d'information politique Contexte, c'est la question que j'ai posée tout à l'heure à Xavier Bertrand.
02:44 Est-ce que c'est un camouflet pour la droite qui avait poussé à un durcissement de ce texte et qui finalement toutes ces mesures quasiment ont été sanctionnées ?
02:51 Oui, en fait ce qui est assez marrant c'est que le Conseil constitutionnel met un coup d'arrêt à tout ce jeu politicien en réalité.
02:58 À la fois de la Macronie, qui a aussi joué cette partition, mais surtout de LR.
03:04 Puisqu'on voit que, de manière assez irresponsable d'ailleurs, les sénateurs ont proposé une avalanche d'amendements qui étaient totalement irrecevables.
03:12 Et ils le savaient, parce que ce sont des gens sérieux, il y a des services juridiques sérieux au Sénat.
03:16 Donc on se retrouve avec effectivement 32 amendements irrecevables et un Conseil constitutionnel qui censure.
03:22 Après il y a ceux qui sont jugés non conformes à la Constitution.
03:25 Effectivement ça c'est encore un autre débat, mais il y en a très peu.
03:28 Donc c'est sûr que c'est un camouflet parce que ça révèle un jeu politicien malsain ou effectivement un accord de dupe entre la Macronie et LR.
03:35 Et je trouve que LR sont particulièrement perdants, puisqu'est-ce qu'il leur reste aujourd'hui ?
03:39 Il leur reste la possibilité de demander un nouveau projet de loi immigration avec les...
03:45 Effectivement les cavaliers législatifs ne sont pas inconscriptionnels.
03:48 Sauf que Xavier Berthiaume d'ailleurs sur le plateau du 2030.
03:49 Voilà, pourquoi pas faire... Mais on sait très bien que la Macronie n'en veut pas.
03:52 Emmanuel Macron va enfin pouvoir tourner la page de un an de psychodrame sur l'immigration.
03:57 Donc il ne va pas du tout faire un projet de loi immigration.
04:00 Et puis après LR peut s'aligner sur le RN, c'est-à-dire demander une révision de la Constitution pour sortir des traités européens.
04:06 Et c'est encore une escalade de plus vers une ultra-droitisation.
04:11 Virginie Réva, Paul Kignot, je vous donne la parole.
04:13 Dans quelques instants, juste après le Fil info de Sophie Echene à 9h10.
04:17 Déblocage d'agriculteurs ce matin sur plusieurs grands axes routiers.
04:21 L'autoroute A1 qui relie Paris au nord est coupée dans les deux sens, ce qui provoque de grosses difficultés de circulation.
04:26 Déblocage aussi en Seine-et-Marne à Fontainebleau avec une petite centaine de tracteurs.
04:31 Gabriel Attal doit présenter une série de mesures très attendues tout à l'heure.
04:34 Il était mobilisé depuis fin novembre pour soigner des civils blessés de Gaza.
04:38 Le porte-hélicoptère français Dixmude, transformé en navire hôpital, a terminé sa mission selon le ministère des armées.
04:44 Amarré dans un port égyptien, il a soigné environ 120 blessés graves.
04:48 Après un record en 2022, les créations d'entreprises ont très légèrement baissé l'an dernier en France de 1%.
04:54 Avec un peu plus d'un million de projets mis en place.
04:57 Et puis ce n'est pas Novak Djokovic qui soulèvera le trophée de l'Open d'Australie.
05:00 Cette année, le numéro 1 mondial 10 fois vainqueur du tournoi a été éliminé ce matin en demi-finale par l'italien Yannick Sinner.
05:07 Celui-ci affrontera en finale le vainqueur du match, Danil Medvedev face à Alexander Zverev.
05:12 C'est à suivre dans la matinée.
05:14 [Générique]
05:25 Les informer avec en plateau Renaud Delis, Virginie Riva de Contexte et Paul Quignot de Libération.
05:30 Paul, c'était une décision logique.
05:33 On a un petit peu plus tôt entendu Laurent Fabius qui disait que le conseil constitutionnel est là, non pas, je cite, pour rendre des services politiques, mais pour rendre une décision juridique.
05:42 Au fond, tout ça était globalement attendu.
05:44 Oui, oui, oui.
05:46 D'ailleurs, Fabius, avant que la décision soit rendue, avait prévenu lors de ses voeux.
05:52 Il avait donné une leçon de droit à Emmanuel Macron.
05:56 Donc c'est vrai que c'est cynique en fait, puisque Emmanuel Macron savait très bien, la majorité savait, en adoptant cette loi, qu'il se passerait ce qui se passait.
06:04 C'est cynique ou c'est stratégique ?
06:06 Honnêtement, si c'est stratégique, c'est plutôt pas très bien joué.
06:09 Parce que la majorité ne sort pas non plus dans un très bon état de cette séquence.
06:12 Il ne faut quand même pas oublier, parce que là, ils essayent depuis hier de nous faire croire que c'est leur texte, que tout va bien, que c'est formidable.
06:18 Essayons juste d'avoir un tout petit peu de mémoire, pas beaucoup, il y a trois semaines,
06:22 qu'un ministre de l'Intérieur totalement décrédibilisé, ou en tout cas affaibli,
06:27 un changement de gouvernement suite à la séquence à l'Assemblée sur cette loi.
06:32 On ne peut pas dire que tout ça transpire la grosse forme.
06:36 Donc non, la séquence, c'est un fiasco.
06:40 Et ce qui est triste, c'est effectivement que c'était prévisible.
06:43 C'est un fiasco pour la majorité, c'est un fiasco pour LR, ça a été dit.
06:46 Mais c'est aussi un fiasco et regrettable pour les étrangers en France.
06:53 Parce que même si les mesures les plus dures ont été retirées par le Conseil constitutionnel,
06:59 le texte durcit quand même les conditions d'accueil des étrangers.
07:03 Et le pire du pire, je trouve, c'est qu'après un an et demi de discussion sur cette thématique,
07:09 qui a été au cœur de discussion politique pendant un an et demi,
07:12 je ne dis pas que ce n'est pas un sujet, mais est-ce que c'est un sujet
07:15 qui est au cœur des problématiques françaises aujourd'hui ? Je n'en suis pas sûr.
07:18 Et résultat, après le vote de la loi, après la décision du Conseil constitutionnel,
07:22 on a aujourd'hui la droite qui va continuer à pouvoir en parler en disant
07:26 qu'il faut d'autres lois pour que les mesures qui ont été retirées par le Conseil constitutionnel puissent être adoptées.
07:31 – Et il faut d'autres lois, et puis il faut aussi pouvoir reprendre la main,
07:35 ce qui est une espèce de narratif qu'on entend beaucoup à droite, à l'extrême droite,
07:38 notamment vis-à-vis du Conseil constitutionnel qui empêcherait de travailler sur ce type de sujet.
07:43 Vous y voyez une dérive populiste, Renaud ?
07:45 – Alors, on a entendu d'ailleurs deux sons différents de la droite ce matin.
07:48 Il y a effectivement ceux portés en particulier par Éric Ciottier,
07:51 plus encore par Laurent Wauquiez, qui effectivement sont dans une dérive populiste à la Trump.
07:55 D'ailleurs, l'interview de Laurent Wauquiez ce matin dans "Le Parisien" aujourd'hui en France
07:59 transpire le trumpisme en quelque sorte, ce n'est pas la première fois.
08:02 C'est-à-dire effectivement, lorsqu'on perd un match, et en l'occurrence un match juridique,
08:06 de dire "tout est de la faute de l'arbitre", et donc il faut en gros éliminer l'arbitre.
08:10 C'est-à-dire, je cite Laurent Wauquiez, "un coup d'État de droit",
08:13 je ne sais pas ce que c'est qu'un coup d'État de droit d'ailleurs, a priori,
08:16 "le Conseil constitutionnel est sorti de son lit",
08:19 il faut que forcément à chaque fois le Parlement ait le dernier mot,
08:22 donc le Parlement aurait forcément le dernier mot sur l'institution chargée
08:27 de garantir le respect de la loi fondamentale.
08:30 Ça veut dire qu'en clair, le Parlement pourrait s'affranchir de la Constitution.
08:33 Donc c'est une dérive qui est effectivement dangereuse,
08:36 et qui s'appuie sur un ressort bien précis, c'est-à-dire c'est celui de l'opinion.
08:39 Il brandit comme élément, comme atout, l'opinion qui serait par définition
08:45 en faveur des mesures qui ont été retoquées.
08:48 Donc brandir l'opinion contre les institutions légitimes,
08:51 et à commencer par la juridiction la plus importante sur le plan constitutionnel
08:54 que sont les sages de l'enrhumon-pensier, c'est effectivement une dérive populiste.
08:57 Mais on a entendu Xavier Bertrand prendre une position très différente.
09:00 Le président ELR de la région de France tout à l'heure a pris une position
09:03 qui me semble beaucoup plus rationnelle, c'est-à-dire d'un côté,
09:06 la droite est insatisfaite, mécontente de la disparition d'un certain nombre de mesures
09:11 considérées comme des cavas législatifs,
09:13 donc ça veut dire qu'elles n'étaient pas faites selon le Conseil pour être dans ce texte.
09:16 Donc la droite propose un autre texte, et c'est là qu'elle essaye,
09:19 ça me semble un discours politiquement plus habile,
09:22 d'essayer de reprendre la main justement pour reprendre votre expression à l'endroit de l'exécutif.
09:26 Et dans le même temps, Xavier Bertrand a condamné très clairement,
09:29 il a fait état de son désaccord profond avec l'attitude de Laurent Wauquiez,
09:32 il a expliqué que le Conseil constitutionnel ne pouvait pas être un bouc émissaire.
09:35 Sur le plan politique, ce qui est vrai, c'est que tout le monde a joué avec le feu,
09:38 y compris l'exécutif, le gouvernement, Emmanuel Macron.
09:40 Sur le plan tactique, il a réussi son coup, Emmanuel Macron et la majorité ont réussi leur coup.
09:44 C'est-à-dire qu'effectivement, ils sont revenus peu au prou au texte originel
09:47 qui était celui qu'ils défendaient.
09:49 Il a piégé la droite qui finalement a validé un texte de fait qui ne lui convient pas.
09:53 On le voit aujourd'hui avec la réaction de la droite.
09:55 Sur le plan politique, évidemment c'est dangereux pour un peu tout le monde,
09:58 c'est-à-dire pour l'exécutif qui sort, et là je rejoins ce que disait Paul Quignot,
10:01 affaibli par cette séquence, on l'a vu.
10:03 Pour la droite qui a totalement disparu,
10:05 qui est obligée de cavaler en quelque sorte derrière l'extrême droite.
10:08 Et puis pour la gauche qui a totalement disparu de ce sujet,
10:11 parce qu'elle est quand même en grande partie en décalage avec une bonne partie de l'opinion.
10:15 – Une nuance avec ce que vient de dire Renaud,
10:17 c'est que, est-ce que la majorité a réussi son coup ? Je ne suis pas sûr.
10:21 – Tactiquement je parle.
10:22 – Mais même tactiquement, je ne suis pas sûr,
10:24 parce que moi ce que j'ai compris quand même
10:26 de ce qui était en train de se passer avec le changement de gouvernement,
10:29 c'est qu'on avait un déport vers la droite de la majorité.
10:33 Avec qui ils vont essayer de négocier aujourd'hui sur d'autres textes,
10:37 en s'étant mis à dos la droite sur ce texte-là ?
10:41 Ça va être quand même plus compliqué d'aller lécher les rapports des textes.
10:44 – Ils ont déjà un peu frais depuis les retraites, etc. avec la droite.
10:47 – Je ne suis pas sûr qu'ils aient encore beaucoup d'espoir, en l'occurrence,
10:50 de conclure un accord de gouvernement avec la droite.
10:52 – Pas un accord de gouvernement, mais des accords sur des textes ponctuels.
10:55 – Virginie Rivard, on entend des voix, notamment à droite,
10:57 qui disent qu'il va falloir faire une nouvelle loi.
10:58 Est-ce que vous imaginez que le gouvernement va rouvrir certains débats ?
11:01 Il s'était engagé à l'ouvrir sur l'AME par exemple, l'aide médicale d'État.
11:05 Pensez-vous que ce débat peut advenir ?
11:07 – Le sujet n'est pas clos pour le gouvernement qui essaye de dire
11:10 "effectivement, maintenant on va vite promulguer,
11:12 maintenant on va vite mettre en œuvre la loi",
11:14 c'est ce que Darmanin a dit hier soir au JT, "je réunis les préfets à 10h".
11:17 Donc voilà, eux, ils veulent vite vite passer à la mise en œuvre de cette loi, de leur loi.
11:22 Mais en revanche, le débat n'est pas clos,
11:24 puisqu'effectivement, Elisabeth Borne s'est engagée dans une lettre aux Républicains
11:28 sur la refonte de l'aide médicale d'État.
11:31 Gabriel Attal a lui-même pris l'engagement aussi,
11:33 on ne sait pas s'il va en parler lors de sa déclaration de politique générale,
11:36 mais en tout cas, il va lui aussi rouvrir ce débat.
11:38 C'est plus un débat en réalité de santé publique, un débat migratoire,
11:41 mais bien sûr, il va être teinté de ces sujets-là.
11:44 Donc en fait, c'est pas fini.
11:47 Et avec, à la faveur du débat sur l'AME, qui va sans doute passer par une loi,
11:52 parce que ça ne peut pas être que du réglementaire,
11:54 le réglementaire signifierait de changer que le panier de soins,
11:56 réduire le panier de soins, et ça, ça a déjà été fait.
11:58 Donc si, effectivement, il y a une réforme d'ampleur de l'AME
12:01 pour faire plaisir aux Républicains, pour tenir ses engagements,
12:04 dans ce cas-là, le débat va forcément réexploser,
12:07 et la droite va avoir de nouveau une tribune
12:10 pour relancer ses idées sur la révision constitutionnelle.
12:13 – On a beaucoup parlé de la droite et de l'extrême droite,
12:15 Renaud Delis, juste un mot de la gauche quand même.
12:17 Est-ce qu'elle va continuer à réclamer l'abrogation de la loi ?
12:20 Entre guillemets, la loi, elle va être promulguée, le match est terminé ou pas ?
12:24 – Oui, même si, sans aucun espoir, la gauche avait fait ça aussi
12:27 après la validation de la réforme des retraites au mois de mars dernier,
12:29 au printemps dernier, d'ailleurs, l'occasion de la validation
12:31 de la réforme des retraites, c'est la gauche qui critiquait
12:33 la décision du Conseil constitutionnel, pas dans les mêmes termes,
12:36 sans remettre en cause la nature même de l'institution
12:38 comme le fait Laurent Wauquiez ce matin.
12:39 Mais c'est très classique de s'en prendre à une décision
12:41 du Conseil constitutionnel qui ne plaît pas à ses positions politiques.
12:45 C'est bien là qu'on reconnaît d'ailleurs le rôle, éminemment, juridique du Conseil.
12:49 C'est-à-dire que le Conseil est toujours contesté par le camp
12:52 qui n'est pas satisfait par la décision.
12:54 Mais pas forcément de la même manière, je le redis,
12:55 il y a une différence entre les critiques de la gauche l'année dernière
12:57 et celles exprimées notamment par Laurent Wauquiez ce matin.
13:00 Mais la gauche, elle a un problème de fond, c'est-à-dire que si,
13:02 effectivement, là je rejoins un peu le quignot, l'immigration n'est évidemment pas
13:05 le sujet majeur ou quasi exclusif qui préoccupe les Français
13:09 année après année, mois après mois, c'est un sujet important
13:12 pour l'opinion aussi et tout simplement parce qu'on l'a vu hier d'ailleurs.
13:15 C'est un sujet qui se pose bien au-delà de la France à l'échelle continentale.
13:19 Et hier, il y a eu la communication des chiffres officiels, par exemple,
13:23 le nombre de... la délivrance de visas de long séjour a battu un record l'année dernière.
13:28 Et on voit les demandes d'asile affluent, pas seulement en France.
13:31 En Allemagne, beaucoup plus encore, mais dans l'ensemble de l'Europe.
13:33 Donc, c'est un sujet d'immigration.
13:35 C'est un sujet qu'il faut traiter, évidemment, de façon républicaine et conformément aux droits.
13:38 C'est bien la leçon que nous donne le Conseil constitutionnel.
13:41 Mais une bonne partie de la gauche a quand même tendance à considérer
13:43 que c'est pas vraiment un sujet ou que c'est vraiment un sujet totalement facultatif,
13:47 annexe, sur lequel il ne faut pas se pencher.
13:50 Renaud Dely, Paul Quignot de Libération, Virginie Rivade, Context.
13:53 On se retrouve dans un instant juste après le Fil Info de Sophie Echelle.
13:57 On parlera notamment de la question, comme prévu et comme promis, de la colère des agriculteurs.
14:02 Il est 9h20.
14:03 On ne s'interdit pas d'aller bloquer Paris.
14:06 Le président de la FDSEA de Seine-et-Marne ce matin sur France Info,
14:09 alors que la mobilisation des agriculteurs continue de gagner de l'ampleur,
14:13 ils attendent des mesures concrètes du gouvernement, notamment sur le GNR,
14:17 le gazole non routier qui alimente les tracteurs.
14:19 Il avait été radié de l'ordre des médecins en 2018, après avoir été condamné pour abus de faiblesse
14:24 sur deux patients d'EHPAD. Un généraliste a continué malgré tout à exercer dans plus de 16 hôpitaux
14:30 pendant 5 ans, des établissements situés dans plusieurs départements, notamment dans des déserts médicaux.
14:34 La justice a saisi 259 000 euros de salaire pour son activité illégale.
14:39 Israël accuse l'OMS de la santé de connivence avec le Hamas,
14:43 affirmant que l'OMS avait ignoré des preuves qui montraient que le mouvement islamiste palestinien
14:48 avait utilisé les hôpitaux de Gaza à des fins terroristes.
14:51 Les handballeurs français vont tenter de se qualifier en finale de l'Euro en Allemagne tout à l'heure.
14:55 Pour ça, il faudra battre la Suède tenant du titre. Match à suivre à partir de 17h45.
15:00 Suite des informés avec Renaud Dely, Paul Quignot de Libération et Virginie Réva du site d'Information Politique Contexte,
15:20 on va, comme promis, parler de la grogne des agriculteurs et du monde agricole.
15:24 Quelle réponse de Gabriel Attal, Renaud Dely ? Le Premier ministre peut-il seulement désamorcer ce mouvement ?
15:29 Le Premier ministre en tout cas devrait, devrait avancer de première réponse pour donc essayer de satisfaire,
15:35 d'apaiser la colère des agriculteurs aujourd'hui, dans quelques heures.
15:39 Alors sur quel terrain ira-t-il ? Les revendications portées par les organisations agricoles sont multiples.
15:45 Elles les ont publiées ces derniers jours. En attendant la réponse de l'exécutif, le mouvement prend de l'ampleur.
15:52 Jour après jour, depuis plus d'une semaine, les blocages se multiplient.
15:57 Et d'ailleurs, les agriculteurs envisagent de bloquer Paris, la région parisienne, aujourd'hui.
16:02 Il y a eu un appel en ce sens. Ils bloquaient notamment toutes les autoroutes qui convergent vers Paris.
16:08 Et ces mouvements de blocage, le gouvernement fait preuve d'une grande indulgence jusqu'à présent,
16:16 à l'endroit de ces mouvements, de ces barrages mis en place par les agriculteurs.
16:20 Voici comment Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, justifiait cette position.
16:25 C'était hier soir au journal de 20h de TF1.
16:28 Est-ce que les agriculteurs s'en prennent le policier ou au gendarme ?
16:31 Est-ce qu'ils s'en prennent au bâtiment public ? Est-ce qu'ils mettent le feu au bâtiment public ?
16:34 Les agriculteurs travaillent. Et lorsqu'ils ont envie de démontrer qu'ils ont des revendications,
16:39 le gouvernement l'écoute, le Premier ministre fera des annonces demain. Il faut les entendre.
16:43 On ne répond pas à la souffrance en envoyant des CRS.
16:45 Alors il y a eu quelques dérapages, quelques violences d'ici-de-là,
16:49 mais dont ce sont d'ailleurs des solidarités avec les organisations syndicales agricoles.
16:53 Et puis l'autre particularité aussi, c'est que ce mouvement est extrêmement populaire,
16:56 soutenu par plus de 80 ou 85% de l'opinion, selon les différents sondages faits cette semaine.
17:03 Bref, comment dans ce contexte, mais hautement inflammable,
17:07 comment est-ce que le gouvernement peut essayer d'apaiser cette colère ?
17:11 Comment Gabriel Attal peut-il y répondre ? Peut-être dès aujourd'hui.
17:14 Virginie Riva, est-ce que vous, au site Context, vous avez des informations ?
17:17 On sait qu'il y a peut-être sur la table une fameuse réforme du GNR, du gazole non routier.
17:23 Est-ce que ça ferait partie des pistes ?
17:25 Oui, c'est sûr que le GNR, on en entend beaucoup parler, parce que c'est une revendication transversale,
17:30 donc médiatiquement, effectivement, à la déco.
17:32 Maintenant, ça ne changera pas la donne en termes de revenus et de pouvoir d'achat pour tous les agriculteurs.
17:37 Alors sur le GNR, il y a plusieurs pistes à l'étude, c'est Bercy qui est dessus.
17:41 Soit, effectivement, on rembourse les crédits sur la taxe dès l'achat du GNR par l'agriculteur,
17:49 alors que maintenant, c'est plutôt en fin d'année, donc ils sont obligés d'avancer les sommes.
17:52 Soit on se concentre sur ceux qui ont le plus de difficultés à payer l'élévation de ce coût du GNR,
18:00 et donc les plus petits, les plus petites structures.
18:02 Effectivement, il faut savoir que la FNSEA avait topé avec Bercy sur cette extinction de la niche fiscale,
18:11 puisqu'en fait, le gouvernement rembourse des crédits sur cette taxe pendant six ans,
18:16 et il y a une extinction progressive de cette niche qui est une niche brune.
18:20 En réalité, la FNSEA avait topé avec Bercy, et notamment en obtenant en contrepartie des mesures,
18:25 vous savez, lorsqu'on vend sur les plus-values, en fait.
18:29 Sauf que ça, ça concerne qui ?
18:31 Ça concerne des agriculteurs qui vendent, donc soit en fin de carrière, qui ont du patrimoine.
18:35 Ce n'est pas le cas d'un jeune agriculteur de 35 ans qui vient de s'installer, par exemple.
18:39 Donc effectivement, il y a peut-être des choses à revoir là-dessus,
18:41 et puis sinon, il faut étaler le calendrier de cette extinction de la niche.
18:45 C'est six ans, mais peut-être qu'il faut revoir ça.
18:47 Mais au-delà du GNR, la question qui fait consensus, c'est vraiment sur le prix et les revenus.
18:51 Et là, c'est la question des négociations commerciales avec les distributeurs.
18:55 Bercy, d'ailleurs, fait un point sur le comité de suivi avec Marc Fesneau à 10h,
18:59 et on sait que là, il y a peut-être des sanctions, des contrôles améliorés.
19:03 C'est un peu l'angle mort, quand même, de tout ce dossier.
19:05 C'est-à-dire qu'on parle des agriculteurs d'un côté, des consommateurs de l'autre, de l'État en général,
19:09 et puis entre les deux, il y a les distributeurs, les producteurs,
19:13 enfin, tous ceux qui transforment les matières premières, qui se font quand même bien discrets.
19:17 Vous ne trouvez pas, Paul Quignon ?
19:18 – Si, je suis complètement d'accord, et d'autant plus que…
19:20 – Alors qu'à valeur ajoutée, elle va chez eux, c'est ça la question, quand même.
19:23 – Oui, oui, donc là, derrière cette question-là, il y a celle des prix planchers pour les agriculteurs.
19:27 Mais ce que je trouve politiquement moins intéressant,
19:30 c'est que cette question-là, elle revient là, maintenant, au cœur de la crise.
19:34 Mais il y a un mois, trois semaines, ces négociations étaient déjà en cours,
19:38 et moi, j'ai plutôt le sentiment que le gouvernement, voilà, regardait ça,
19:43 n'intervenait pas trop dans les discussions, ne mettait pas trop la pression,
19:47 ni sur l'industrie agroalimentaire, ni sur la grande distribution.
19:51 Donc, il va être obligé de le faire dans une situation plus tendue qu'il y a un mois et demi.
19:56 Je l'ai trouvé très attentif sur ce sujet-là, il y a quelques semaines.
19:59 – Vous pensez…
20:00 – Oui, c'est bon, j'ai le plaisir, effectivement, je suis absolument d'accord avec Paul Quignon,
20:03 c'est vrai que… et là, Bercy se retrouve au pied du mur.
20:05 Bercy et Bruno Le Maire ont beau dire qu'ils sont attentifs,
20:09 effectivement, qu'il faut que la loi EGalim fonctionne,
20:11 et que les deux parties, à l'arrivée, soient satisfaites.
20:15 Globalement, on le voit bien, il y a un problème de marge qui disparaît,
20:17 c'est au détriment des agriculteurs.
20:19 Donc, probablement que l'exécutif est amené, peut-être, à se mouiller davantage,
20:22 comme sur d'autres sujets, évidemment, il y a une dimension européenne aussi dans cette crise,
20:25 d'ailleurs, elle dépasse nos frontières.
20:27 Il y a la question du Green Deal, aussi, que soutient le gouvernement,
20:30 mais qui est contesté sur certains points par les agriculteurs.
20:33 Ça va être difficile d'être dans le même temps, en l'occurrence, pour l'exécutif.
20:36 Et puis, il y a toute la question des normes, on le voit bien,
20:39 d'un certain nombre de normes, soit environnementales, soit purement administratives,
20:42 d'ailleurs, pas forcément des normes issues de Bruxelles,
20:44 mais aussi, parfois, issues de la machine bureaucratique…
20:47 – Les surtranspositions, notamment, dont parlait Xavier Bertrand.
20:49 – Voilà, qui posent question, et qui posent question, je pense,
20:52 c'est une question de fond, et durablement, pour les agriculteurs,
20:55 parce que ça les gêne, disent-ils, ça les empêche de faire leur activité
21:00 de façon efficace et réelle, dans la durée.
21:04 Donc, tout ça, ça explique aussi la complexité de la réponse du gouvernement.
21:08 – Et puis là, il y a un vrai risque politique, effectivement,
21:10 parce que le RN souffle sur les braises de ce discours
21:13 qui dissocie écologie et agriculture, alors qu'on voit que le gouvernement
21:17 essaye de ne pas braquer, d'ailleurs, Christophe Béchu, Marc Fesneau
21:20 sont attendus avec Gabriel Attal, l'idée, c'est d'avoir une réponse,
21:23 effectivement, coordonnée, et de ne pas opposer transition écologique et agriculture.
21:27 Qui est aussi le discours de la FNSEA, qui est un peu plus calme
21:30 que celui de la coordination rurale, par exemple,
21:33 qui va taper sur cette écologie punitive.
21:35 Et là, effectivement, malheureusement, il risque d'y avoir des reculs,
21:38 peut-être sur les pesticides, on peut avoir, le gouvernement peut s'engager
21:42 à quelque chose de moins contraignant que ce qu'on avait prévu
21:45 avec une sortie des pesticides à 50% d'ici 2030.
21:47 – Vous avez 15 secondes, Paul Quignot.
21:49 – Ce qui est très compliqué, je trouve, pour le gouvernement,
21:51 c'est qu'on a affaire à une profession qui est très disparate,
21:53 et qui n'a rien de comparable entre la situation
21:55 d'un très gros agriculteur de la bosse et un petit producteur de volailles
21:59 dans le Morvan, et donc, du coup, pour aller chercher des mesures, c'est compliqué.
22:02 – Merci beaucoup, Paul Quignot, directeur délégué de la rédaction de Libération.
22:06 Virginie Riva, journaliste au site d'Informations politiques Context,
22:09 et évidemment, merci beaucoup.
22:11 Rod O'Dayly, on vous reçoit la prochaine fois,
22:13 et les informés reviennent ce soir à 20h.
22:15 ♪ ♪ ♪

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