• il y a 11 mois
Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély.

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00:00 *Générique*
00:09 Et bienvenue dans les informer, l'émission de décryptage de l'actualité de France Info avec évidemment Renaud Dely. Bonjour Renaud.
00:15 Bonjour Salia.
00:15 Et nos informés du jour, Géraldine Wessner, rédactrice en chef au Point. Bienvenue Géraldine.
00:20 Bonjour Salia.
00:21 Et Henri Vernet, rédacteur en chef adjoint au Parisien aujourd'hui en France. Bienvenue Henri.
00:25 Bonjour.
00:25 Renaud Dely, on commence évidemment par la colère agricole qui s'amplifie. Les agriculteurs toujours dans l'attente de décisions politiques.
00:32 Et oui, le mouvement qui continue de s'étendre. D'ailleurs, les blocages de se multiplier, notamment sur un certain nombre d'autoroutes,
00:39 y compris d'accès maintenant en région parisienne. Un certain nombre de responsables du mouvement paysan annoncent leur volonté de se rapprocher justement de Paris.
00:49 Dans ce contexte-là, le Premier ministre qui reçoit, qui consulte, qui écoute d'ailleurs ce matin, après avoir reçu les organisations agricoles ces derniers jours,
00:57 il réunit les ministres concernés par ce dossier. Il prépare deux premières annonces qui pourraient, qui devraient survenir très rapidement.
01:06 Voici d'ailleurs ce qu'en disait hier la porte-parole du gouvernement à l'issue du Conseil des ministres, Prisca Thévenaud.
01:12 Le Premier ministre s'est engagé à se rendre très rapidement sur le terrain afin de continuer ses dialogues avec les agriculteurs.
01:20 Les blocages ont lieu et il n'est pas question effectivement de venir empêcher cette expression de revendication parce que les manifestations sont organisées dans un cadre légal.
01:32 Les annonces vont arriver dans les jours qui viennent très très prochainement, j'insiste, parce que nous ne pouvons pas attendre.
01:38 On voit une grande prudence du gouvernement à l'endroit du mouvement et d'ailleurs Gérald Darmanin a donné des consignes de grande modération aux préfets et aux forces de l'ordre.
01:47 Mais donc ce mouvement prend de l'ampleur, il s'étend dans le pays. L'exécutif fait savoir que les réponses sont imminentes mais pour l'instant toujours pas de fumée blanche.
01:57 Est-ce que Gabriel Attal a raison comme ça d'attendre au risque d'être un petit peu dépassé par la situation ?
02:03 Ça tarde Géraldine Wessner. Ça tarde parce que en réalité le gouvernement a relativement peu de moyens d'action pour du court terme parce que c'est la spécificité de ces mouvements de colère.
02:16 La contestation elle est partie de problèmes locaux dans le sud-ouest, des problèmes récurrents de sécheresse qui font des pertes de production, des prix qui stagnent, d'une maladie épisodique.
02:30 Donc c'est partie de là. Et puis ensuite ça s'étend aussi par effet d'entraînement européen. C'est vrai qu'on a vu ce qui se passait en Allemagne, aux Pays-Bas et voilà c'est un effet d'entraînement.
02:41 Et là les syndicats redoutent un peu de se faire déborder par leur base. Mais en réalité il y a peu de prise parce que la question du gazole routier elle avait déjà été négociée et résolue en septembre avec toute une trajectoire pour l'augmentation de cette taxe prévue sur 10 ans.
02:57 - Elle était adoucie mais visiblement c'est pas suffisant. - Alors peut-être pas suffisant, il faudra peut-être revenir là-dessus mais c'est plus le point central.
03:05 Donc là le gouvernement cherche très vite des choses de court terme. Il y en a qui émergent effectivement, notamment accélérer les indemnisations pour ces crises sanitaires qui tardent toujours à venir.
03:17 On a eu des épisodes de gel, des guichets ouverts, l'argent n'est pas encore arrivé. Accélérer les paiements de la PAC, certains sont encore de manière récurrente en retard.
03:27 Des simplifications administratives, et ça c'est bien le problème. Le gouvernement peut en décider quelques-unes mais en réalité le gouvernement n'a quasiment aucune prise sur son administration aujourd'hui et c'est l'un des points central du problème.
03:42 Et la FNSEA, le principal syndicat agricole qui a publié hier soir une centaine de revendications, comment contenter les agriculteurs aujourd'hui ? On continue le débat juste après le Fil info à 9h10. Damien Mestre.
03:57 Le grand rabbin de France s'inquiète d'une libération de la parole haineuse, notamment dans les écoles. Il le dit ce matin sur France Info alors que le CRIF alerte sur une multiplication par 4 du nombre d'actes antisémites enregistrés en France.
04:11 Quelle réponse politique donner au mouvement des agriculteurs ? Une réunion est en cours aux côtés du Premier ministre avant des annonces promises d'ici le week-end. La FNSEA fait parvenir une grosse centaine de revendications.
04:25 C'est une première étape dans la constitutionnalisation du droit à l'avortement. Les députés approuvent cette nuit le principe de liberté garantie dans le recours à l'IVG.
04:34 Le texte doit maintenant être voté de façon solennelle mardi avant d'arriver au Sénat où les débats sont plus incertains.
04:41 La Russie accuse l'Ukraine d'être responsable d'un acte monstrueux après le crash d'un avion militaire russe hier tout près de la frontière entre les deux pays.
04:49 Un avion abattu par un missile ukrainien selon une source militaire française à France Info.
05:01 Les informés, Renaud Dely, Salia Drakia.
05:05 De retour sur le plateau des informés avec Renaud Dely, avec Géraldine Wessner, aussi rédactrice en chef au Point.
05:12 Henri Vernet, rédacteur en chef adjoint aux Parisiens aujourd'hui en France.
05:16 Renaud Dely, vous le disiez juste avant le Fil info, le mouvement s'amplifie. Il y a des tracteurs qui arrivent là massivement en région parisienne. Est-ce que le mouvement peut dégénérer ?
05:24 Ça peut toujours arriver quand il y a de telles manifestations. Parfois, ce sont des primo-manifestants, des gens qu'on a vus, des jeunes agriculteurs
05:35 qui n'ont pas vraiment encore l'habitude. Et donc on sait jamais ce qui peut se passer. Puis malheureusement, ça a été illustré de manière totalement dramatique
05:42 avec cet accident insensé d'avant-hier. Par ailleurs, il y a aussi des mouvements qui sont un peu fomentés par la base.
05:50 C'est vrai que les syndicats, quels qu'ils soient d'ailleurs, ceux qui sont la FNSEA bien évidemment, mais également les jeunes agriculteurs,
05:55 également la coordination rurale, qui est quand même peut-être plus proche, plus à droite aussi, la Confédération Paysanne qui est à l'au contraire plus à gauche,
06:01 mais qui se met dans le mouvement. Mais peu importe, tous ces syndicats sont tous débordés par leur base. Et on voit que les grands mouvements,
06:06 pour l'instant, occupation et blocage des autoroutes, comment dire, bosse de boite de paille, voire mise à feu d'une sous-préfecture,
06:15 ce qui dément d'ailleurs un petit peu les propos d'Agerl Darmanin, qui dit « Attention, tout est sous contrôle ». Non, non, c'est l'expression d'une colère.
06:21 Et donc on laisse faire. On a bien vu que quelques heures plus tard, il y avait justement cette préfecture d'Agin qui s'enflammait.
06:27 Donc évidemment que des dérapages sont toujours possibles quand la colère et le désespoir aussi, puisqu'on utilise beaucoup cette formule, sont présents.
06:36 Néanmoins, c'est vraiment pas l'intérêt des agriculteurs, ne serait-ce que parce qu'on voit bien qu'il y a vraiment...
06:42 C'est presque un pas de deux, un tango, là, que sont en train de jouer en tout cas les organisations syndicales agricoles et le gouvernement.
06:48 D'ailleurs, quand la première conférence de presse, elle a carrément été tenue dans les locaux de Matignon. On voit bien donc ces échanges verbaux,
06:54 qui sont en plein... On m'en suit une pour pas aller au-delà, presque, de congestion. Et donc c'est pas tellement l'intérêt que d'enflammer les situations,
07:03 alors qu'on voit bien que – vous disiez – les mesures, elles tardent. Peut-être. Mais elles ont quand même déjà été promises. C'est assez rare qu'un gouvernement...
07:10 – C'est une stratégie, ça, de laisser retomber la colère avant d'annoncer les choses ?
07:15 – Mais oui, carrément. Mais bien sûr, absolument, d'annoncer qu'il y aura des annonces, parce que c'est quand même ce qui a été fait.
07:19 D'ailleurs, ce matin même, il y a une réunion des ministres concernés autour de Gabriel Attal. Dans la foulée, il y aura un déplacement, sans doute demain,
07:29 du Premier ministre, qui aura des annonces. Moi, sur le gazole, je pense justement qu'il peut aller. Il y a de la marge de manœuvre, parce que...
07:35 Géraldine a bien décrit le processus. Mais justement, ça, c'est déjà remis en question. Donc là, il pourrait tout à fait y avoir des annonces très concrètes.
07:42 Sur le déblocage, il se trouve que la PAX, elle a été rénovée, la PAX, il y a un an. C'est pour ça qu'il y a des retards encore plus que d'habitude à l'allumage de paiements.
07:49 Donc ça aussi, ça peut quand même être réglé de manière relativement rapide. Bref, il y a quand même un peu de grain à moudre.
07:54 Donc si s'il y avait des violences, ça viendrait gripper un processus qui, pour l'instant, est plutôt pas mal enclenché pour les agriculteurs.
08:01 Donc non, j'y crois pas trop.
08:02 Renaud Delis ?
08:03 C'est une stratégie, effectivement, de la part de Gabriel Attali, du gouvernement, d'attendre un petit peu, de laisser monter justement l'attente et d'annoncer qu'il va y avoir des annonces,
08:09 comme le disait Henri Vernet. Après, c'est un petit peu risqué, parce qu'il faut évidemment qu'au moment où ces annonces surviennent, que ce soit aujourd'hui, demain,
08:15 dans les tout prochains jours, il faut qu'elles aient un effet quasi immédiat. C'est-à-dire qu'il faut que la réponse, dès lors que vous avez suscité comme ça une forme d'attente,
08:21 il ne faut pas que le Premier ministre, ce jour-là, dise "mais attendez encore une semaine de plus, il y aura d'autres annonces, et puis attendez mon discours de politique générale, etc."
08:28 Il faut que ces annonces aient un effet, non pas qu'elles éteignent totalement, évidemment, le mouvement et la colère qui peut exister, mais il faut qu'elles aient un effet immédiat.
08:36 Pour ce qui est de l'éventuel dérapage dans la violence, jusqu'à présent, le mouvement est bien encadré par les organisations syndicales. Il y a toujours un risque, évidemment, qui existe.
08:45 Plus le mouvement dure, plus il s'étend, plus il y a un risque. Après, il faut faire attention à ce qui se produit actuellement. Ce n'est pas un mouvement violent, aujourd'hui.
08:51 On a entendu un certain nombre de comparaisons. On peut comparer, effectivement, le discours du ministre de l'Intérieur à l'endroit de ce mouvement, quand il parle de modération, de consignes de modération,
08:59 à l'endroit pour les préfets, de façon à ce que les forces de l'ordre n'interviennent que vraiment au dernier recours.
09:05 Ça n'a pas forcément été les mêmes attitudes de la part du ministre de l'Intérieur lors d'autres mouvements, sauf que les mouvements précédents,
09:10 on pense notamment à un certain nombre de mobilisations d'activistes écologistes, étaient, eux, extrêmement violentes.
09:18 Il y a eu à ce moment-là des violences, y compris physiques et y compris d'abord sur les forces de l'ordre, qui n'ont rien à voir avec le comportement actuel à l'heure où on parle des agriculteurs.
09:27 Il ne faut pas faire de parlaires.
09:29 C'est ce que dit Yannick Jadot, c'est pour les mêmes faits, les écologistes iraient en prison.
09:33 Mais c'est faux. C'est totalement faux. Ce n'est pas les mêmes faits, justement. En l'occurrence, par exemple, les soulèvements de la terre ou ce qui s'est produit à Sainte-Soline ou ailleurs,
09:40 ça ne s'est pas produit à l'heure où je parle. Donc ce ne sont pas les mêmes faits.
09:45 Et puis l'autre point, qui est aussi un problème dans la gestion politique de ce mouvement pour le gouvernement, c'est que cette mobilisation est extrêmement populaire dans l'opinion.
09:55 Tous les sondages d'opinion depuis quelques jours montrent qu'elle est soutenue par plus de 80% des Français, ce qui n'est pas forcément le cas des mobilisations violentes d'autres types.
10:04 Et donc, évidemment, ça participe aussi de cette volonté du gouvernement d'essayer d'une part de faire preuve de modération dans la gestion régalienne, j'allais dire, de ces mobilisations,
10:13 et puis d'autre part d'entretenir un canal de dialogue pour essayer d'y répondre.
10:17 Je disais que surtout le gouvernement sait que la réponse, et une grande partie de la réponse, après les mesures de court terme qui peuvent être annoncées,
10:25 elle est évidemment au niveau européen, parce que ce qui sous-tend toutes ces revendications, ce n'est pas des petites mesures parcellaires, c'est une philosophie.
10:34 C'est toute la philosophie du Green Deal qui assume d'avoir une agriculture en Europe qui va perdre de la production, de 10 à 20% de perte de production,
10:44 quand dans le même temps, l'ONU vous dit qu'il faut augmenter la production alimentaire parce qu'on sera plus de 9 milliards à nourrir en 2050.
10:53 Et ça, c'est une incompréhension, mais majeure, chez les agriculteurs.
10:57 Et les revendications qu'ils portent quand on leur dit "il faut avoir 4% de tes terres en jachères alors qu'il faut produire plus", ils ne comprennent pas.
11:04 Quand on leur dit "il faut réduire ta production d'engrais de 20%", ils ne voient pas comment, quand dans le même temps, toutes les frontières restent ouvertes aux productions extérieures.
11:15 Et les importations ne cessent d'augmenter. En France, on a perdu notre souveraineté alimentaire et puis ça ne cesse de s'aggraver.
11:23 On importe 60% de nos fruits et légumes, 50% de nos poulets qui viennent de fermes ukrainiennes ou polonaises où il y a 2 millions de têtes.
11:32 Donc voilà, c'est cette incompréhension fondamentale qu'il y a entre ce Green Deal européen et le vécu, le quotidien des agriculteurs.
11:41 Et ça, ça ne se résoudra que dans la campagne des européennes. Et en ça, cette campagne s'annonce quand même très intéressante parce qu'on arrive à un tournant.
11:49 Et ça, c'est un choix à la fois de société, de souveraineté, d'avenir. Parce que le choix qu'on va faire, il engage, c'est vrai, les 20, les 30 prochaines années.
11:56 Sauf que ce Green Deal a été soutenu par la majorité, par Emmanuel Macron lui-même, Henri Vernet.
12:00 Non seulement soutenu, mais la France veut même jouer les bons élèves dans ce domaine-là.
12:03 C'est-à-dire que très souvent, le groupe Renew, donc l'expression de la majorité présidentielle à Strasbourg et à Bruxelles, est très en avant.
12:10 Elle vote quasi systémique toutes ses mesures. Et Emmanuel Macron lui-même s'y est engagé.
12:15 Donc c'est vrai que là, on sent bien le risque d'une prise en flacons d'élite de contradiction.
12:20 Un gouvernement qui, d'un côté, est pro-européen et donc qui porte lui aussi ce Green Deal.
12:24 Néanmoins, attention, la France, quand elle agit à Bruxelles, elle est très souvent en défense des agriculteurs.
12:30 Par exemple, les 4% de jachères. C'est intéressant, cet exemple, parce que c'est vrai que c'est une demande du Green Deal.
12:35 Mais d'abord, la commission, en tout cas la présidente elle-même, commence à y revenir, parce qu'elle aussi,
12:39 elle appartient à la grande famille de droite européenne et aussi voit bien la colère de leurs agriculteurs en Allemagne et ailleurs.
12:44 Donc déjà, elle-même t'empere. Mais surtout, la France, par exemple, mène la bataille pour qu'on revienne là-dessus,
12:49 qu'on suspende ces 4% de jachères, justement au nom de la guerre en Ukraine qui a bouleversé un petit peu ce marché
12:55 et où donc se pose de manière extrêmement sensible la question de la souveraineté alimentaire.
13:00 Donc voilà, revenir là-dessus. Et il se trouve que de plus en plus de pays européens, maintenant, militent là-dessus.
13:04 Donc de toute façon, le Green Deal, le pacte vert, il est déjà battu en brèche.
13:09 Alors c'est vrai que parfois, on a l'impression de marcher sur la tête, puisque c'est vraiment l'expression du slogan
13:14 avec les panneaux à l'envers, etc. Et que parfois, c'est vrai que certaines de ces mesures paraissent aller à l'encontre du bon sens.
13:20 Mais au moins, il ne faut pas perdre de vue que ce pacte vert, c'est aussi parce qu'il y a un impératif climatique qui est là,
13:26 qui est incontournable, et que simplement, c'est vrai que la comparaison, elle peut faire souffrir avec des pays qui exportent.
13:31 Le Brésil aussi, l'Ukraine d'ailleurs, entre parenthèses, ça posera vraiment la question de l'intégration de l'Ukraine.
13:36 Pas du tout les mêmes règles que nous.
13:38 C'est un géant agricole, absolument. Mais bref, pour revenir à ça, c'est vrai que tout cela doit s'aménager,
13:45 notamment les conditions d'exportation, d'importation, d'échange. Par exemple, il y a un traité, le Mercosur, qui se prépare avec l'Amérique du Sud.
13:52 Tout cela, il faut vraiment exiger la reciprocité.
13:54 Juste un mot sur le Mercosur, parce qu'effectivement, ce qu'on voit bien, la nécessité, c'est, si j'ose dire, de gérer en même temps,
13:59 de concilier en même temps des exigences qui peuvent parfois être contradictoires.
14:02 Évidemment, l'intérêt des agriculteurs, qu'ils puissent produire, vivre dignement de leur travail.
14:09 De l'autre côté, les contraintes, les exigences posées par le défi environnemental.
14:13 Donc, il y a la question du Green Deal, mais il y a aussi la question du Mercosur.
14:17 Et précisément, dans ce contexte enflammé en France, et pas seulement en Europe,
14:22 il y a un vice-président de la Commission européenne, hier, un letton, qui a jugé bon de dire que le Mercosur,
14:27 cet accord de libre-échange qui est en discussion avec un certain nombre de pays d'Amérique du Sud,
14:31 devrait être conclu, selon la Commission européenne, avant le mois de juin, avant la fin du mois de juin,
14:36 donc avant la fin de cette législature.
14:38 Là, on va plus loin dans cette logique de déclassement imposé, en tout cas, aux paysans, aux agriculteurs.
14:47 Pourquoi ? Parce que ce Mercosur consiste en gros à dire qu'on ouvre nos frontières à des importations
14:52 de produits agricoles massives, sans droit de douane et sans les contraintes environnementales qu'on vous impose à vous.
14:57 Et en échange, on va exporter de l'industrie, des produits de haute technologie ou autres.
15:02 Donc, en clair, on explique aux agriculteurs, vous pouvez faire une croix sur une partie de votre production
15:07 parce que c'est plus important pour nous, Européens, et on veut faire du coup.
15:11 Voilà, donc ça, pour nourrir le sentiment de déclassement et la colère, il n'y a pas pire.
15:16 Jusqu'à présent, la France est hostile à la conclusion du Mercosur.
15:21 Et on voit bien, en voyant l'attitude de la Commission européenne,
15:25 que l'exécutif va devoir de nouveau répéter son hostilité et exercer son droit de veto.
15:30 Merci beaucoup. Il est 9h21. On s'arrête une petite minute, le temps du Fil-info de Damien Mestre.
15:35 Du vin blanc espagnol et du poulet polonais répandus sur le bitume dans la Drôme.
15:40 Action des agriculteurs la nuit dernière sur la National 7.
15:43 Ils ont vidé des camions étrangers de marchandises.
15:46 Ce matin, c'est l'Asset qui est toujours en partie bloqué dans le département.
15:50 C'est une décision très attendue.
15:52 Le Conseil constitutionnel doit se prononcer aujourd'hui sur les 86 articles de la loi Immigration.
15:57 Décision attendue cet après-midi alors que des milliers de personnes ont manifesté le week-end dernier
16:02 partout en France pour demander au gouvernement de ne pas promulguer le texte.
16:06 600 postes d'intérimaires supprimés par Stellantis à Mulhouse.
16:10 Le constructeur automobile évoque le contexte géopolitique et les incertitudes liées au prix de l'électricité.
16:16 Les Nations Unies dénoncent l'exécution aux Etats-Unis d'un prisonnier dans l'Alabama.
16:21 Il doit être tué aujourd'hui par inhalation d'azote.
16:25 Une première pour cette méthode d'exécution que l'ONU compare à une forme de torture.
16:31 France Info
16:35 Les informés. Renaud Dely, Salia Brakia
16:40 Les informés continuent avec Géraldine Vossner, rédactrice en chef au Point,
16:46 avec Henri Vernet, rédacteur en chef adjoint au Parisien Aujourd'hui en France.
16:50 L'autre actualité du jour, Renaud, c'est le Conseil constitutionnel qui rend sa décision aujourd'hui sur la loi Immigration.
16:55 Décision très attendue sur ce texte controversé qui a été adopté le 19 décembre,
17:00 qui a fracturé d'ailleurs en partie la majorité et qui est donc le fruit d'un compromis
17:05 entre la majorité et LR et la droite.
17:08 Un texte dans lequel il y a un certain nombre de dispositions qui sont contestées et en particulier,
17:12 l'un des enjeux principaux de la décision du Conseil constitutionnel,
17:15 ce sera le sort du délai de carence imposé aux étrangers en situation régulière
17:19 avant de pouvoir percevoir un certain nombre de prestations sociales,
17:23 à commencer par les allocations familiales.
17:25 Rappelons que dans le texte, ce délai serait de 5 ans pour les étrangers en situation régulière qui ne travaillent pas
17:31 et moitié moins de 30 mois pour ceux qui travaillent.
17:35 Si cette mesure-là, qui concerne d'autres prestations sociales,
17:39 était cassée, censurée par le Conseil constitutionnel cet après-midi, que passerait-il ?
17:43 Voici ce qu'en disait ce matin chez nos confrères et amis de France Inter, Bruno Retailleau,
17:48 le chef de file des sénateurs LR.
17:50 Nous demanderons donc, pour réparer et pour nous permettre d'avoir les instruments de contrôle,
17:55 un texte législatif, mais aussi la Constitution.
17:58 Si le Conseil constitutionnel dit "la Constitution ne permet pas de faire",
18:01 il reviendra au Président de la République de nous proposer de modifier la Constitution.
18:06 Et voilà, est-ce que finalement la censure espérée par les opposants au texte,
18:10 et en particulier par la gauche, d'un certain nombre de dispositions,
18:13 ne rouvrirait pas un autre débat qui pourrait servir d'ailleurs, en même temps, si j'ose dire,
18:18 la droite, on vient d'entendre Bruno Retailleau, mais aussi l'Assemblée nationale,
18:21 l'extrême droite et la droite, réclamant tous les deux, en écho, une révision de la Constitution.
18:25 Henri ?
18:26 Oui, c'est vraiment… On voit que c'était un piège à la fois à cette loi,
18:29 mais également presque pour le Conseil constitutionnel de se retrouver comme ça.
18:32 Je crois qu'un professeur de droit constitutionnel a employé la formule d'un Conseil constitutionnel
18:36 qui serait pris en otage par les politiques, mais les politiques eux-mêmes.
18:40 Parce que, quand vous disiez "la censure espérée par la gauche",
18:42 mais elle est aussi espérée par le gouvernement, et là on marche sur la tête.
18:45 Il faut quand même se souvenir que, parmi ceux qui ont fait une saisine du Conseil constitutionnel,
18:49 il y a Emmanuel Macron lui-même, le président de la République,
18:51 c'est-à-dire qu'il a fait une saisine pour la loi de son propre émanant, de son propre gouvernement.
18:56 Et à la limite, en entendant Retailleau, là, on peut se souligner à quel point c'est également
19:00 ce gouvernement qui lui a été pris en otage par la droite, et de fait, par l'URN, en effet,
19:05 comme le soulignait Renaud, puisque d'ailleurs, l'URN s'était félicité du vote de cette loi
19:09 comme d'une victoire idéologique de ses idées.
19:11 Donc oui, ça illustre quand même quelque chose qui est assez grave, en fait,
19:17 dans notre fonctionnement politique, c'est que de plus en plus, on a l'impression que le politique
19:21 s'affranchit un petit peu des règles de droit.
19:23 Parce qu'on est arrivé quand même à voter un texte, alors on peut considérer ce texte,
19:27 je comprends très bien qu'il puisse avoir ses partisans, mais dans ce cas-là,
19:30 il faut dire les choses clairement, l'assumer totalement, et donc avoir un projet.
19:34 Là, au départ, il y avait 27 articles.
19:36 À l'arrivée, il y en a aujourd'hui 86, et en effet, ce qui pourrait être censuré,
19:40 d'après, selon les estimations de mon connaisseur, ça pourrait être entre 25, 30,
19:44 peut-être une cinquantaine d'articles. C'est donc aberrant.
19:46 Donc ça veut dire qu'au nom d'un compromis politique, pour avoir une loi,
19:49 c'est vrai que ce gouvernement fait un texte dont il sait lui-même qu'il ne tient pas vraiment à la route.
19:53 Et ça, c'est un peu embêtant, parce que ça montre que finalement,
19:56 l'extraction de Laurent Fabius quand il a dit que le Conseil constitutionnel n'est pas une chambre d'appel,
19:59 c'est un peu vrai, on s'en remet quelque part à l'arbitrage du Conseil constitutionnel,
20:03 et ce n'est pas la première fois, ça était déjà arrivé un petit peu sur les retraites.
20:06 Donc il y a une tendance vraiment de s'affranchir un petit peu de ces règles, et ça, c'est...
20:10 – Le gouvernement qui ne prend pas ses responsabilités, Géraldine ?
20:12 – Moi, je ne suis pas du tout d'accord avec Laurent Fabius.
20:14 – Très bien. – Une fois, je trouve que c'est l'inverse.
20:16 Je me dis qu'on crève l'abcès. Il va y avoir un débat sain,
20:20 parce qu'on prétend que le Conseil constitutionnel dit le droit.
20:26 Non, il l'interprète, et cette notion de nationalité,
20:31 elle est extrêmement sujette à interprétation en réalité,
20:35 parce qu'il y a des principes fondamentaux constitutionnels
20:38 qui sont en contradiction avec d'autres, notamment le principe fondamental aussi
20:44 de souveraineté des États.
20:45 C'est pour ça que la nationalité est toujours un critère majeur
20:50 pour obtenir certains droits et certains privilèges en France.
20:53 – Mais là, on ne demande pas qu'on s'est constitutionnels de faire de la politique, là ?
20:56 – Justement, les emplois d'irrégaliens, justice, police, diplomatie, le budget,
21:01 sont réservés aux personnes de nationalité française.
21:05 C'est comme ça. Ça aussi, c'est dans notre droit.
21:08 Donc là, le Conseil constitutionnel a adapté au fil des ans sa jurisprudence
21:12 en faisant une interprétation.
21:14 Et là, par exemple, on va lui demander…
21:16 Alors, il y a un droit fondamental à mener une vie familiale normale.
21:20 Et à ce titre, il pourrait retoquer des mesures de la loi.
21:23 Mais il va devoir juger, et là c'est subjectif,
21:26 est-ce que passer d'un délai de 18 mois à 2 ans avant de pouvoir faire venir sa famille,
21:31 est-ce que c'est proportionné ou disproportionné ?
21:35 Ben ça, pardon…
21:36 – C'est éminemment politique, ça !
21:38 – C'est éminemment politique !
21:40 – Oui, mais vous n'êtes pas d'accord quand même ?
21:43 – C'est ça qui m'étonne, au contraire, je pense que vous apportez de l'eau à mon moulin.
21:47 – Non, mais je veux dire que du coup, s'il en vient à censurer un tiers ou une partie de la loi,
21:53 on va se dire effectivement qu'on a un problème.
21:55 – Oui, il y a un problème, il faut remettre au sein.
21:57 – Et il y a un arbitre qui s'appelle Renaud Delis.
21:59 – Moi je suis d'accord avec les deux, évidemment, par définition.
22:01 Mais juste un mot, ce qui est intéressant et passionnant,
22:03 c'est qu'effectivement il y a le débat politique,
22:05 qui a parfois tourné au bricolage, en particulier entre la majorité et la droite,
22:09 autour de ce texte, il y a le débat juridique qui est passionnant,
22:11 on vient de l'entendre en écoutant religieusement Henri Vernet et Jeannine Wessner.
22:15 Et puis il y a une question qu'on ne se pose plus,
22:17 qui était pourtant celle qui était posée par le gouvernement à l'origine,
22:20 la présentation du tout premier, de l'avant-projet de loi, etc.
22:23 C'est l'efficacité de ce texte pour répondre à deux exigences
22:26 qui étaient posées par le gouvernement.
22:28 D'un côté, gérer les flux migratoires et accélérer, améliorer
22:31 les procédures d'expulsion des étrangers en situation régulière
22:33 qui n'ont pas vocation à rester sur notre territoire.
22:35 Et de l'autre côté, faciliter au contraire l'intégration
22:38 des étrangers en situation régulière qui ont vocation à rester vivre en France
22:43 et à y travailler, etc.
22:45 Ces deux exigences-là, elles ont totalement disparu
22:47 et on peut douter que ce texte contribue à résoudre l'une comme l'autre.
22:51 Merci beaucoup. Merci à tous les trois.
22:53 Et là, vous êtes tous d'accord. C'est bien, Renaud Delis.
22:55 Merci à tous les trois. Henri Vernier, rédacteur en chef,
22:58 adjoint aux Parisiens Aujourd'hui en France.
23:00 On va montrer la Une tout de suite du Parisien Aujourd'hui en France
23:03 parce qu'elle est importante. Plus de 1000% !
23:06 Les actes antisémites ont augmenté de plus de 1000% en France
23:09 depuis l'attaque du Hamas le 7 octobre en Israël.
23:12 C'est la Une du Parisien, dossier important à lire ce matin.
23:15 Et d'ailleurs, dans le Point, Géraldine Vosner,
23:17 vous faites votre Une sur les survivants,
23:20 et les derniers déportés témoignent face au retour de la barbarie.
23:23 Il est important de les entendre justement pour éviter de retomber
23:27 dans ce qu'on a connu hier, et c'était il n'y a pas si longtemps.
23:30 A lire cette semaine dans le Point. Merci beaucoup, Renaud.
23:33 Les informations sont de retour ce soir à 20h avec Bérangère Bonte et Jean-François Ackilly.

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