François-Xavier Bellamy : «Le sort du monde agricole concerne tous les Français»

  • il y a 7 mois
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François-Xavier Bellamy, vice-président LR eurodéputé Les Républicains et tête de liste LR au Européennes, répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet du dispositif mis en place pour éviter le siège de Paris par les agriculteurs, de la responsabilité de la politique menée par la commission européenne, des accords ou traités de libre-échange et du problème de l'immigration en France.
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Transcript
00:00 Bienvenue et bonjour François-Xavier Bellamy.
00:04 Bonjour Sonia.
00:05 Vous êtes tête de liste LR aux Européennes, député européen, vice-président exécutif
00:10 du parti LR.
00:11 François-Xavier Bellamy, tout faire pour éviter le siège de la capitale.
00:15 C'est en substance le message et l'objectif de l'exécutif avec une mobilisation de 15
00:20 000 policiers, gendarmes, des hélicoptères, des blindés de la gendarmerie prépositionnés
00:25 pour protéger Rungis.
00:26 Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, a changé de ton.
00:30 Est-ce qu'il faut en arriver là selon vous ?
00:32 Est-ce qu'il fallait que les agriculteurs en arrivent là pour se faire entendre ? C'est
00:35 ça la question terrible.
00:36 Sur votre plateau, à votre micro, ici même d'ailleurs il y a un mois, alors que personne
00:41 ne parlait encore de la détresse du monde agricole, nous en avions parlé ensemble.
00:45 Et j'avais eu l'occasion de dire à quel point la situation était terrible pour le
00:50 monde agricole aujourd'hui.
00:51 Il aurait fallu que le gouvernement, qui avait tous les moyens d'entendre cette détresse,
00:55 que le gouvernement auquel les agriculteurs criaient leur colère depuis des mois maintenant,
00:59 il aurait fallu que ce gouvernement entende ce qui était en train de se passer.
01:02 Aujourd'hui, effectivement, les agriculteurs sont en train de chercher les moyens de dire
01:08 que ça ne peut plus continuer.
01:09 Et tous ces moyens sont légitimes pour vous, François-Xavier Bellamy ? Là, nous apprenons
01:13 qu'il y a des adhérents de la coordination rurale qui sont autour du marché de Rungis.
01:18 On va voir quelles sont les actions qui vont être déployées.
01:21 Est-ce que s'il y a un durcissement, voire une escalade, tout cela sera légitime pour
01:26 faire entendre la colère ?
01:27 La première chose à faire, c'est d'apporter des réponses aux agriculteurs.
01:32 C'est l'urgence pour le gouvernement aujourd'hui.
01:34 Ça a été le cas, en partie, en tous les cas.
01:36 Insuffisamment.
01:37 On est devant des réunions organisées en préfecture pour regarder comment on peut
01:40 mieux organiser les choses, honnêtement, très loin de la réalité des enjeux.
01:44 La vraie question, c'est est-ce que le gouvernement, est-ce que sa majorité à Paris, mais aussi
01:50 à Bruxelles, à Strasbourg, sont prêts à changer complètement de cap pour faire en
01:54 sorte de redonner à nos agriculteurs la visibilité, la lisibilité, la clarté pour leur redonner
02:00 la confiance dont ils ont besoin pour pouvoir travailler, pour sortir de cette logique de
02:04 surveillance, de suspicion, de contrôle, de contrainte qui est en train d'asphyxier
02:08 notre agriculture comme elle a asphyxié notre industrie par le passé ?
02:12 On est dans la même situation.
02:13 Est-ce qu'on a aujourd'hui les réponses à ces questions ?
02:17 La réponse est non.
02:18 Alors, attendez, on va en parler parce que vous vous dites que si on ne sort pas, en
02:21 tout cas, on ne bouscule pas le cadre européen, rien ne change.
02:24 Mais j'allais dire, au cadre, dans le cadre strictement franco-français, les premières
02:29 mesures de Gabriel Attal ne sont pas suffisantes.
02:31 Est-ce que c'est de la communication ?
02:33 Non, il y a des points qui étaient très importants.
02:35 Il fallait absolument apporter ces réponses rapidement.
02:37 Je pense notamment à l'augmentation de la taxe sur le gazole non routier.
02:40 C'était évidemment indispensable de sortir de l'aberration qui consistait à refiscaliser
02:46 le gazole non routier, qui est l'outil de travail des agriculteurs.
02:49 Ils n'ont pas d'autre option que d'utiliser ce carburant pour pouvoir simplement travailler,
02:54 pour pouvoir nous nourrir.
02:55 Donc, en fait, remettre de la fiscalité sur le GNR à un niveau normal, c'était seulement
02:59 organiser une nouvelle punition contre les agriculteurs.
03:02 Et au fond, c'était entretenir ce malaise français qui veut que tous ceux qui travaillent,
03:07 tous ceux qui produisent, sont punis pour cela.
03:09 Attendez, organiser et punition, ça voudrait dire, François-Xavier Bellamy, que c'était
03:14 peut-être inconscient, mais qu'on a planifié en réalité ce malaise, cette grogne.
03:19 On ne l'a pas vu venir et on l'a même nourri quelque part au gouvernement.
03:22 L'augmentation du gazole non routier, tout le monde pouvait bien voir à quoi ça correspondait.
03:26 Encore une fois, je le redis, ce n'est pas par plaisir que les agriculteurs mettent du
03:30 gazole dans leur tracteur.
03:32 Ils n'ont pas d'alternative.
03:33 Autant la fiscalité peut avoir un sens pour orienter les comportements quand il y a des
03:37 alternatives, autant là, ce n'est pas le cas.
03:38 Ils sont où les tracteurs électriques pour aller labourer les champs ? Ça n'existe
03:42 pas.
03:43 On peut même regarder la réalité en face.
03:44 Et oui, je le redis, aujourd'hui, on nous explique que l'État va faire des économies
03:48 en augmentant les impôts, mais ce n'est pas ça, faire des économies.
03:50 On a un ministre de l'économie qui nous dit que remettre de la fiscalité partout, c'est
03:57 baisser les dépenses de l'État.
03:58 Mais non, la vraie question, c'est comment l'État baisse la dépense publique, comment
04:01 l'État fait en sorte, enfin, de s'attaquer à ce sujet majeur des réformes qui lui permettront
04:06 demain de dépenser moins pour travailler mieux et augmenter les impôts pour tous les
04:11 Français.
04:12 C'est exactement ce que j'appellerais des mesures d'économie.
04:14 La crise actuelle, je vous cite, est la conséquence directe de la politique menée par la Commission
04:18 européenne qui, en prenant la décroissance et en multipliant les normes qui pèsent sur
04:23 les exploitations, a asphyxié le monde agricole.
04:26 C'est ce que vous avez écrit François-Xavier Bellamy dans une tribune au Figaro.
04:29 Clairement, est-ce que pour vous, la Commission européenne, Madame van der Leyen et le commissaire
04:33 Pascal Canfin sont responsables de tout et de ce qui est en cours en ce moment ?
04:37 La Commission européenne est responsable de la situation actuelle parce qu'elle a
04:43 mis en œuvre depuis quelques années maintenant, avec beaucoup de détermination, une politique
04:48 qui visait, au nom de l'environnement, à une forme de décroissance de la production
04:52 agricole.
04:53 Et Pascal Canfin n'est pas commissaire, mais il est président de la Commission de l'environnement
04:56 au Parlement européen et il est, comme élu, parlementaire macroniste, l'un de ceux qui
05:03 a porté avec le plus de détermination cette stratégie.
05:06 On pense à la stratégie dite « farm to fork », de la ferme à la fourchette, sur laquelle,
05:12 pour notre part, nous avons alerté depuis 2020.
05:14 Ça fait quatre ans, Sonia Mabrouk, ça fait quatre ans qu'avec Anne Sander, ma collègue
05:18 qui est en commission de l'agriculture, nous tirons la sonnette d'alarme avec les agriculteurs
05:21 pour dire que nous n'avons tout simplement pas le droit de faire baisser la production
05:26 agricole dans nos pays.
05:27 On a expliqué aux agriculteurs qu'il fallait plus de chachères, on a expliqué aux agriculteurs
05:31 qu'il fallait, c'était un texte qui s'appelait « Restauration de la nature », qu'il fallait
05:35 10% de gel de la surface agricole utile en Europe.
05:39 Et tout ça avait pour conséquence, avec une stratégie complètement folle sur les
05:42 produits phytosanitaires, avec des règles de plus en plus contraignantes, une complexité
05:46 permanente, tout ça avait pour conséquence affiché, c'était les experts de la commission
05:50 eux-mêmes qui annonçaient ce résultat, que la production agricole en Europe allait
05:54 baisser de 13 à 15%, que les prix pour les consommateurs allaient augmenter, que les
05:59 revenus des agriculteurs allaient diminuer.
06:00 - Mesdames et Messieurs les députés européens, ça veut dire qu'il y a un double discours,
06:03 à Paris on dit qu'on place l'agriculture au-dessus de tout et à Bruxelles on laisse
06:07 faire M. Pascal Canfin et Mme van der Leyen ? Ça veut dire qu'il y a deux façons de
06:12 parler ?
06:13 - Mais c'est pas seulement un double discours, c'est un double jeu.
06:15 En fait, la Macronie a fait le contraire à Strasbourg de ce qu'elle raconte aujourd'hui
06:20 à Paris.
06:21 Et on le voit sur tous les sujets.
06:22 Et moi je suis, pardon de le dire, mais je suis révolté.
06:26 Parce que depuis deux ans maintenant, avec notre groupe, le PPE, avec la droite européenne,
06:31 avec Les Républicains, nous demandons un moratoire sur les questions environnementales.
06:35 En disant, il y a beaucoup de sujets sur lesquels on a réglementé, sur lesquels on a créé
06:38 de la norme et on a créé de la contrainte.
06:40 Et maintenant il faut s'arrêter, regarder comment ça fonctionne, essayer pour commencer
06:44 d'écouter ce qu'ils font sur le terrain.
06:46 - Et qu'est-ce qu'on vous a répondu ?
06:47 - On nous a répondu, M. Canfin en particulier nous a dit qu'on était climato-sceptique,
06:51 qu'on était hostile à la cause de l'écologie, qu'on incarnait un trumpisme européen.
06:56 Et ce à quoi on avait droit de la part de M. Canfin, nous et les agriculteurs, parce
07:00 qu'on parlait d'une même voix avec les agriculteurs.
07:02 - C'est intéressant, François-Isabelle Amipadonov, vous parlez de ce groupe PPE, précisons-le
07:06 à nos auditeurs et à nos téléspectateurs.
07:09 Les députés européens LR font partie de ce groupe PPE, mais est-ce que vous-même,
07:14 plus largement, ce groupe n'a-t-il pas un double discours ? Non pas vous personnellement,
07:18 mais moi j'ai lu par exemple que sur l'accord de commerce avec la Nouvelle-Zélande, certains
07:23 de votre parti n'ont pas voté contre, ils se sont abstenus.
07:27 Est-ce qu'il n'y a pas là aussi un double discours ? Et est-ce que vous prenez, vous
07:30 l'engagement M. le député européen, soit de sortir de ce groupe, soit qu'il n'y ait
07:33 plus aussi un double discours ?
07:35 - Au sein du PPE, nous avons des désaccords, c'est clair.
07:38 Mais comme toutes les familles politiques européennes, l'Europe c'est ça, c'est des
07:42 alliés qui ne sont pas d'accord sur tout et qui doivent mener des bras de fer.
07:45 Et nous, on a bataillé au sein du PPE justement sur ces sujets, sur la Nouvelle-Zélande,
07:50 sur les accords de libre-échange en général.
07:52 Malheureusement, c'est un problème européen.
07:54 C'est-à-dire qu'il y a beaucoup de pays européens qui sont favorables au libre-échange.
07:57 Et en Europe, vous avez des écologistes, des socialistes et des gens du PPE qui votent
08:03 systématiquement pour des accords de libre-échange parce que leurs pays sont structurellement
08:07 exportateurs et ils ont beaucoup à y gagner.
08:08 Et là, permettez-moi de vous le dire Sonia Mabrouk, moi je suis évidemment hostile aux
08:12 accords de libre-échange, je l'ai montré par mes votes.
08:14 - Vous avez voté contre, je l'ai vérifié.
08:16 - Toujours tenu la même ligne.
08:17 - Certains se sont abstenus.
08:19 - Toujours tenu la même ligne, mais le fond du problème, c'est d'abord que la France
08:24 est en train de détruire la compétitivité de ceux qui travaillent sur son sol.
08:27 - C'est-à-dire que la concurrence déloyale est organisée, planifiée ?
08:31 - Bien sûr, quand vous expliquez aux agriculteurs français que vous allez leur imposer des
08:35 règles que ne subissent pas même leurs voisins en Europe.
08:37 Quand par exemple, et ça fait deux ans qu'on alerte sur le sujet, vous dites à ceux qui
08:41 produisent de la betterave en France, qu'ils ne vont pas pouvoir utiliser des néonicotinoïdes,
08:45 même enrobés, pour protéger les abeilles alors que la betterave ne fait pas de fleurs
08:48 et que les abeilles ne la butinent pas.
08:49 Mais que simultanément, en Belgique, en Allemagne, vous pouvez utiliser le même produit sur
08:54 la betterave, mais en fait vous n'êtes pas du tout en train de sauver la nature, vous
08:57 êtes juste en train de détruire votre économie.
08:59 Donc pardonnez-moi de le dire, c'est très important, les agriculteurs français, et
09:02 moi je suis de la droite française, les agriculteurs français, ils n'ont pas peur de la concurrence,
09:06 ils n'ont pas peur de la compétition, ils produisent l'agriculture la plus excellente
09:10 au monde, la meilleure agriculture du monde.
09:12 Simplement, on ne peut pas leur imposer de faire face à la concurrence quand simultanément
09:16 on leur rend la vie impossible.
09:17 Donc c'est ça le vrai sujet.
09:18 Donc quand vous êtes en responsabilité, qu'est-ce que vous faites ? Est-ce qu'on
09:20 abaisse les normes des autres pays en Europe afin que ce soit les mêmes règles tous ?
09:23 Abaisser les mêmes normes, c'est quand même aussi faire en sorte que les règles soient
09:28 moins strictes, mais pour tout le monde.
09:30 Il faut deux règles très simples.
09:32 La première, c'est que quand on vote une norme sur le marché européen, c'est un même
09:37 marché, pas de frontières, pas de barrières, pas de droits de douane, quand on fait une
09:39 règle sur le marché européen, c'est la même règle pour tout le monde.
09:42 Il n'y a aucune raison que ce qui est bon pour un Belge soit mauvais pour un Français,
09:46 que ce qui est sain pour un Allemand soit malsain pour un Français.
09:48 Donc il faut qu'on se mette d'accord sur les mêmes règles et après qu'on arrête
09:51 d'en rajouter tout le temps à Paris.
09:53 Parce que quand j'entends Gabriel Attal, là aussi je m'étrangle quand j'entends
09:56 Gabriel Attal qui vient devant les agriculteurs en disant "ça suffit maintenant les surtranspositions".
10:01 Mais qui fait des surtranspositions depuis 7 ans ? Les gouvernements d'Emmanuel Macron
10:05 qui n'ont pas arrêté de rajouter plus de contraintes sur les agriculteurs français.
10:09 Je prenais l'exemple de la betterave et des néonicotinoïdes, on pourrait parler du glyphosate.
10:13 C'est Emmanuel Macron qui en 2017 disait "on sera les premiers à sortir du glyphosate".
10:17 Et tant pis si personne ne le fait en Europe, on sera les premiers à le faire malgré tout.
10:21 Mais quand vous faites ce genre de choix, en fait vous êtes juste en train de tirer
10:24 des balles dans le pied de vos propres agriculteurs.
10:26 Et la deuxième règle, très simple, c'est qu'on n'a pas le droit d'importer sur le
10:31 marché européen ce qu'on s'interdit de produire sur le sol européen.
10:34 Donc pour vous, ce sont les mêmes règles pour tous.
10:36 Je vous prends un exemple précis et on en parle beaucoup sur le poulet ukrainien et
10:39 d'autres produits d'ailleurs.
10:40 On sait depuis la guerre que les quotas qui étaient imposés aux poulets ukrainiens et
10:46 d'autres ont été levés.
10:47 C'est une forme aussi de soutien aux Ukrainiens.
10:50 Qu'est-ce qu'il faudrait faire là ? Est-ce qu'il faudrait rétablir justement les droits
10:53 de douane et arrêter cette exception ukrainienne ?
10:56 Oui bien sûr.
10:57 C'est une urgence.
10:58 Au risque de moins soutenir ou de donner l'impression en Europe de moins soutenir
11:02 l'Ukraine ? Parce qu'il y a quand même cette question-là.
11:04 Moi je crois que le combat des Ukrainiens il est fondamental.
11:08 Ils sont attaqués aujourd'hui par la Russie et ils ont droit évidemment à notre soutien
11:12 face à cette agression.
11:13 Mais ce soutien ne doit pas passer par le fait de détruire nos propres producteurs.
11:17 En France, ça va d'ailleurs contre la sécurité alimentaire qui est aussi un impératif géopolitique.
11:22 Et je le dis à tous les Français qui nous écoutent, le sort du monde agricole ne concerne
11:27 pas le monde agricole.
11:28 Il concerne tous les Français.
11:30 La situation que vivent aujourd'hui les agriculteurs, elle devrait être une angoisse pour tous
11:35 les citoyens que nous sommes.
11:36 Parce que si demain nous n'avons plus d'agriculture, comme nous avons perdu notre industrie, comme
11:40 nous avons perdu notre capacité de produire notre propre énergie, si demain nous n'avons
11:43 plus d'agriculture, eh bien nous perdrons notre souveraineté, la maîtrise de notre
11:47 destin.
11:48 Je le disais ici à ce micro il y a un mois, c'est d'une tout aussi grande actualité aujourd'hui.
11:52 Sur la question de l'Ukraine, évidemment qu'il faut soutenir les Ukrainiens.
11:55 Mais ce n'est pas encore une fois en important un poulet dont on sait très bien malheureusement
11:59 qu'il bénéficie surtout à quelques grands acteurs économiques.
12:02 Pourquoi le gouvernement et l'exécutif n'en parlent pas ? Est-ce qu'il y a une question
12:04 idéologique par rapport à l'Ukraine ?
12:06 Encore une fois, nous nous en parlons.
12:07 Nous avons écrit un courrier, le président de notre groupe PPE, Manfred Zebber, avec
12:10 les parlementaires qui sont en première ligne sur ce sujet, ont écrit à la Commission
12:14 européenne pour lui dire "ça ne peut plus continuer comme ça".
12:16 Donc on tire la salle d'alarme.
12:18 François Abzebelami, jeudi Emmanuel Macron va assister au Conseil européen extraordinaire
12:22 à Bruxelles.
12:23 Est-ce qu'il peut, à vous entendre, oser renverser la table si je peux dire européenne
12:27 et oser se fâcher avec l'Europe ?
12:28 Il le faut et la question c'est…
12:30 Et le fera-t-il selon vous ?
12:31 Je n'en sais rien, je ne suis pas le président de la République et comme vous l'aurez constaté,
12:34 je ne suis pas dans sa majorité.
12:35 La question qui se pose maintenant, c'est on a eu des mots, encore des mots, toujours
12:39 des mots, les mêmes mots, très bien, parfait, magnifique, au cours des derniers jours, des
12:42 grandes déclarations d'amour à l'égard du monde agricole.
12:44 La question c'est maintenant les actes.
12:46 Il y a quand même de bonnes nouvelles.
12:47 Les décisions, les faits.
12:48 Est-ce que le secteur tient ? Est-ce que par exemple on peut se féliciter de la balance
12:53 agricole française ?
12:54 La balance agricole française, elle est devenue déficitaire en France depuis 2019.
12:59 C'est la première fois dans notre histoire que nous importons plus que nous n'exportons.
13:04 Alors pourquoi est-ce qu'on ne le voit pas ?
13:05 Je n'ai pas les mêmes chiffres.
13:06 Et pourquoi est-ce que vous n'avez pas les mêmes chiffres ? Parce que dans la balance
13:08 que vous avez…
13:09 Je crois qu'elle est excédentaire à plus de 7,8 milliards.
13:11 Elle est excédentaire à cause de quoi ? Vous savez pourquoi ?
13:13 À moins que vous ne regardiez que les échanges commerciaux avec l'UE.
13:16 Non, non, non, pas du tout.
13:17 Parce que dans la balance agricole que vous lisez aujourd'hui, il y a les vins et les
13:20 spiritueux.
13:21 Effectivement.
13:22 Et bien sûr, le cognac, le champagne, ça s'exporte magnifiquement.
13:24 Aujourd'hui, le cognac à lui tout seul, c'est évidemment un élément fondamental
13:28 d'apport à la balance commerciale française.
13:30 Tous les Français savent bien que même si on est très fiers de nos productions de vins
13:33 et spiritueux, ce n'est pas ça qui nourrit quelqu'un.
13:36 Et donc si vous regardez maintenant la balance agroalimentaire, la balance alimentaire française,
13:41 elle, elle est déficitaire.
13:42 Alors je sais bien que certains voudront se voler la face en disant « Regardez, non,
13:45 non, on est toujours exportateur.
13:46 » Mais ça n'est pas vrai.
13:48 On importe depuis 2019 plus de notre alimentation qu'on en exporte.
13:53 Et ça, c'est d'une très grande gravité.
13:54 Et en particulier la France.
13:56 Mais quand même, Sonia Mabrouk, regardons la France.
13:58 La France, c'est quand même un pays fabuleux pour l'agriculture grâce à ses terroirs,
14:03 grâce à son climat, grâce à sa terre, grâce aussi évidemment à l'excellence,
14:07 je le redis, de nos agriculteurs.
14:08 On a l'agriculture sans doute la plus admirée du monde.
14:11 Et pourtant, on est devenu dépendant.
14:13 Est-ce qu'on va laisser faire ça longtemps ? Et est-ce qu'on va, ce faisant, perdre
14:17 la maîtrise de notre destin ? Est-ce qu'il faut qu'on attende d'avoir faim dans ce
14:19 pays pour se rendre compte qu'il faut protéger les agriculteurs ?
14:22 Regardez, cette phrase est importante.
14:23 Attendre besoin d'avoir faim, c'est-à-dire qu'on en est là aujourd'hui, notre souveraineté
14:29 alimentaire serait en danger bientôt.
14:31 On n'en est pas encore là, mais ça peut se produire, bien sûr.
14:33 Regardez ce qui s'est passé au moment du Covid.
14:35 Qui aurait pensé il y a cinq ans, Sonia Mabrouk, qui aurait pensé qu'un jour en France,
14:39 les infirmières se feraient des blouses avec des sacs poubelles pour aller à l'hôpital ?
14:43 Qui aurait pensé qu'on n'aurait pas de masque à donner à nos soignants ?
14:46 Qui pouvait penser qu'on allait se retrouver dans une telle situation de dépendance ?
14:50 Eh bien moi, je dis que demain, oui, on peut se retrouver.
14:52 Si une nouvelle crise survient qui sera peut-être pas sanitaire, la prochaine crise, elle peut
14:56 être alimentaire.
14:57 Elle peut être une crise géopolitique qui détruira les circuits d'alimentation dans
15:00 le monde.
15:01 Et là, pour le coup, j'aimerais bien voir ce que répondront le même monsieur Canfin,
15:04 les mêmes députés macronistes qui ont créé toujours plus de contraintes pour nos agriculteurs
15:08 et qui, simultanément, eux, ont voté pour le traité de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande.
15:12 Ils ont voté pour faire venir de l'autre bout du monde des tonnes de litres de lait
15:15 en poudre qui vont traverser les océans pour arriver jusqu'à nous.
15:17 Mais le jour où on n'aura plus d'éleveurs laitiers, c'est pas le lait de Nouvelle-Zélande
15:21 qui viendra de l'autre bout du monde quand on traversera une crise mondiale.
15:23 Et donc la question c'est, est-ce qu'on a besoin de toucher du doigt cette dépendance
15:26 pour se réveiller ? C'est maintenant que ça se passe.
15:29 Nous, ça fait quatre ans qu'on crie ça.
15:30 Et donc je suis heureux que la mobilisation des agriculteurs permette de faire entendre
15:33 ce cri.
15:34 Heureux dites-vous, quelles que soient les formes de mobilisation alors qu'on a rappelé
15:37 le dispositif.
15:38 En tous les cas, aujourd'hui, on en parle.
15:39 Aujourd'hui, on en parle et c'est déjà fondamental.
15:41 Et la dernière chose, c'est que ce ne sont pas seulement les agriculteurs, c'est aussi
15:44 les pêcheurs.
15:45 Aujourd'hui, on importe 84% des produits de la mer qu'on consomme.
15:49 Et simultanément, pour des raisons environnementales, on vient de fermer tout le golfe de Gascogne
15:53 à la pêche pour un mois.
15:54 C'est les dizaines de millions de repères.
15:55 Décision du Conseil d'État, c'est autre chose que l'Europe.
15:57 Décision du Conseil d'État, demandée par des associations environnementales.
15:59 Le tout pour importer ensuite une pêche qui vient d'Asie, une pêche qui vient d'ailleurs,
16:03 qui ne respecte aucune de nos règles environnementales.
16:05 On marche sur la tête en effet et j'espère que nos décideurs finiront par prendre les
16:09 mesures qui s'imposent face à une telle aberration.
16:12 Merci François-Xavier Belhavid. C'était votre grande interview ce matin et à bientôt.

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