Anne Fulda reçoit Olivier Rolin pour son livre «Jusqu’à ce que mort s’ensuive» dans #HDLivres
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00:00 Bonjour, bienvenue à l'heure des livres, Olivier Rollin.
00:03 Alors, on vous connaît, vous êtes l'auteur déjà
00:05 d'une petite trentaine de livres,
00:07 notamment "Port-Soudan", qui a eu le prix féminin.
00:09 Et là, vous venez de publier un nouveau livre
00:11 qui s'appelle "Jusqu'à ce que mort s'ensuive".
00:13 C'est paru chez Gallimard.
00:15 Et c'est en fait une enquête littéraire et historique
00:18 qui nous fait découvrir l'histoire croisée
00:21 de deux personnalités, de deux révolutionnaires
00:25 de la Révolution de 1848,
00:28 plutôt inconnues, mais qui avaient été mentionnées par Victor Hugo.
00:31 Alors, on passe de Paris à Londres,
00:33 des barricades, aux bagnes,
00:35 on voit un duel à mort, on croise Karl Marx,
00:38 Napoléon III, et même Hugo.
00:42 Et c'est romanesque en diable.
00:44 Alors, c'est un livre qui part, et c'est ça l'originalité,
00:46 d'une page démisérable,
00:49 d'une page dans laquelle Hugo mentionne deux personnages
00:52 qui ont eu un rôle éminent sur les barricades de 1848,
00:55 mais ils ne développent pas.
00:57 Et vous, vous avez décidé de développer,
00:59 de mener une enquête.
01:01 - Oui, alors, c'est une digression,
01:04 par rapport à l'histoire démisérable,
01:07 c'est une digression, il parle de l'insurrection de juin 1848,
01:10 et donc de deux principales barricades.
01:12 Il y avait en effet chacune, selon Hugo,
01:14 il arrange un peu les choses, comme toujours,
01:16 mais enfin, chacune avait un chef,
01:17 et qui sont deux personnalités complètement opposées.
01:19 Donc l'un, un ancien marin qui s'appelle Frédéric Cournet,
01:22 l'autre barricade, un ouvrier qui s'appelle Emmanuel Barthélemy.
01:26 Mais il en dit très peu de choses, il dit simplement,
01:29 une phrase qui me plaît, d'ailleurs, qui est typiquement hugolienne,
01:33 "Plus tard, chose fatale à Londres,
01:35 ils se retrouvèrent", et l'un, je ne dis pas qui,
01:39 l'un, tu as l'autre,
01:41 et puis celui, le survivant,
01:44 donc, "finit pendu en Angleterre".
01:47 Bon, et j'ai trouvé que c'était quand même très étonnant
01:50 comme histoire, d'abord, la première chose,
01:53 c'était de vérifier si c'était une histoire vraie,
01:54 c'est une histoire vraie.
01:55 - Ils ont existé l'un et l'autre.
01:56 - Oui, et ils sont oubliés maintenant,
01:58 mais ils ont existé, ils ont été assez connus à l'époque.
02:01 Et puis, au fur et à mesure que je me renseignais un peu
02:05 sur cette affaire, je découvrais des tas de choses,
02:07 le bagne, Hugo ne parle pas du bagne,
02:11 bon, l'un des deux commet un double meurtre en Angleterre
02:14 et c'est pour ça qu'il va finir pendu,
02:15 enfin bref, ça m'a semblé tellement vraisemblable,
02:19 tellement romanesque, qu'il fallait l'écrire.
02:22 - Alors, à aucun moment, vous vous êtes dit,
02:24 quand même, marcher sur les traces d'Hugo,
02:26 c'est un peu impressionnant, voire présomptueux ?
02:28 - Non, parce que je ne prétends pas l'égaler,
02:33 je n'ai fait qu'un livre de 200 et quelques pages
02:37 avec deux personnages principaux,
02:39 c'est quand même très loin des misérables.
02:41 Je trouve que c'est bien, au contraire, de se placer dans le...
02:45 C'est un hommage, enfin, de se placer dans la descendance...
02:48 - Vous ne vous prenez pas pour Hugo.
02:49 - Non, je ne me prends pas du tout pour Hugo.
02:52 - Mais vous continuez l'enquête.
02:54 Alors, les deux, Emmanuel Barthélémy, l'ouvrier,
02:57 et Frédéric Courney, l'ancien officier de marine,
02:59 sont des personnalités assez différentes,
03:03 viennent de milieux différents.
03:04 Il y a d'un côté, en fait, un prolétaire et un bourgeois.
03:07 - Oui, c'est ça.
03:08 - Ils ont en commun, cet idéal révolutionnaire,
03:10 mais, en fait, il va y avoir entre eux une haine incroyable.
03:15 Et en fait, c'est ce que vous décrivez.
03:17 Qu'est-ce qui vous a plu chez ces personnages ?
03:19 Que ce soit des révolutionnaires, à cause de votre passé, notamment ?
03:24 - Oui, bien sûr que s'ils avaient été un duel
03:28 entre deux notaires de province,
03:33 pas de province ou de Paris, d'ailleurs, je m'en fous,
03:36 ça m'aurait moins intéressé.
03:37 Bon, oui, bien sûr qu'ils soient des révolutionnaires,
03:39 et puis qu'ils soient deux figures différentes de la Révolution.
03:43 Donc l'un qui est plutôt un aventurier, l'ancien marin,
03:47 et puis l'autre qui est un vrai, quoi.
03:51 Enfin, après, c'est un ouvrier, c'est un immobilier.
03:54 - C'est lui qui est en vos faveurs, un petit peu, on dirait.
03:56 - Non, je ne peux pas dire ça, non.
03:58 - Il y a plus le héros...
04:00 - J'hésite entre les deux.
04:02 Il y a des moments où l'un me plaît plus que l'autre,
04:03 et ça change tout le temps.
04:07 - Alors, ça se finit, on ne donnera pas l'issue totale,
04:11 mais par un duel qui est illustré en couverture du livre.
04:15 Il paraît que c'était le dernier duel qui a eu lieu,
04:19 parce que c'est un duel qui a lieu à Londres.
04:21 C'est le dernier duel qui s'est tenu en Angleterre.
04:24 - Il semble que ce soit l'effet de "last duel",
04:27 le dernier duel, oui.
04:28 Le dernier duel à mort, certainement, en tout cas.
04:31 Mais enfin, les Anglais disent "le dernier duel", en effet.
04:35 - Et alors, juste pour écrire ce livre,
04:39 cette enquête, vous l'avez menée en vous rendant sur place.
04:41 Par exemple, vous êtes allé à Londres,
04:43 vous avez revu sur le lieu du duel.
04:47 - Oui, j'ai surtout...
04:49 J'ai quand même travaillé grâce à Internet
04:51 sur des centaines de journaux anglais de l'époque,
04:54 des journaux français aussi pour la période d'avant.
04:56 Mais j'ai voulu aller sur place.
04:58 Oui, j'aime bien retrouver les lieux du duel, par exemple.
05:02 Donc, c'est une prairie très belle,
05:04 enfin, très belle, très anglaise, très verte, comme ça,
05:07 à une quarantaine, une trentaine de kilomètres de Londres, peut-être.
05:10 Et puis, retrouver les lieux où il a été pendu, tout ça.
05:13 Oui, j'aime bien voir
05:16 ce que sont devenus les lieux où il s'est passé quelque chose.
05:19 - En tout cas, je vous conseille ce livre.
05:21 On se laisse vraiment emporter.
05:22 Ça se rappelle "Jusqu'à ce que mort s'en suive".
05:24 C'est donc paru chez Galima.
05:25 Merci, Olivier Roland.
05:27 Ça aurait pu s'appeler...
05:28 - Ça aurait pu s'appeler "Sur une page des misérables".
05:31 C'était plus sage.
05:32 Merci à vous. - Merci.
05:35 (Générique)
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