Nicole Calfan : "Jouer une affreuse marquise pour la TV m'a beaucoup amusé."

  • il y a 8 mois
Jacques Pessis reçoit Nicole Calfan : son actualité, « Tout cela je te le donnerai » une mini série policière pour France 2. L’ingénue de ses débuts montre qu’elle est devenue une femme forte, parfois dure, mais seulement à l’écran (à partir du 7 février).

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-01-30##

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TV
Transcript
00:00 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03 Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
00:06 Vous avez débuté à la comédie française avant de devenir une sociétaire de toutes les formes de spectacles.
00:11 Vous avez ainsi tissé une toile et montré une palette de talents
00:15 qui vous permet aujourd'hui d'être encore présente dans le cœur du public,
00:19 mais surtout aussi dans celui des producteurs et des metteurs en scène.
00:22 Bonjour Nicole Calfant.
00:23 Bonjour cher Jacques.
00:24 Alors je vous retrouve aujourd'hui parce que
00:26 il y a dans quelques jours une série, une mini-série qui débute à la télévision.
00:31 Tout cela, je te le donnerai, qui est une série policière qu'on va évoquer tout à l'heure.
00:36 Mais le principe des clés d'une vie, vous le savez, c'est d'évoquer votre parcours, vous êtes déjà venu.
00:40 Et j'ai trouvé d'autres choses sur votre parcours assez méconnu,
00:43 parce que vous avez une tellement longue carrière qui a plein de choses à raconter.
00:46 Et la première date que j'ai trouvée, alors je ne sais pas si ça vous dirait quelque chose,
00:50 c'est votre première vraie télévision, le 16 mai 69 au Festival de Cannes.
00:55 Et on vous voit pendant quelques secondes parmi les starlets, vous vous en souvenez ?
00:58 Oui, j'ai une robe en dentelle blanche, je suis au bord d'une piscine, c'est ça ?
01:01 C'est ça.
01:02 Et ce qui est merveilleux, c'est que c'est ma première interview avec François Chalet quand même.
01:06 Exactement.
01:07 Vous voyez, vous ne m'avez pas piégée.
01:08 Non. Et vous êtes tout sourire, c'est passé aux 20 heures en plus de TF1.
01:13 Et ce Festival 69, il y avait quand même Zed qui a été représenté, qui a eu le prix,
01:18 le grand prix du jury.
01:19 Costa Gavras.
01:20 Costa Gavras et Jean-Luc Trintignant, le prix d'interprétation masculine.
01:23 Oui, et c'est magnifique parce que moi je venais pour un film qui était hors compétition,
01:28 qui était mon premier film, qui était "Le grand amour" de Pierre Etecs.
01:31 Voilà, et vous avez découvert ce festival et cette folie, car c'était la fête à l'époque.
01:35 C'était la fête et ça m'a déjà fait peur à l'époque.
01:38 Ah bon ?
01:38 J'étais déjà comme je suis maintenant, donc un peu réservée.
01:42 C'était un peu, presque inquiétant pour moi, qui ne connaissait rien.
01:47 Voilà, en même temps il y avait les reportages, et François Chalet le montre avec ses photographes
01:52 qui font poser les jeunes comédiennes dans la zone piscine ou au bord de la mer.
01:57 Mais je n'étais pas trop court-vêtue.
01:58 Non.
01:59 J'avais une robe d'ingénieux en dentelle, je me souviens, mais j'étais très...
02:04 comme il faut.
02:05 Voilà, je crois que le festival a beaucoup changé depuis et que c'est beaucoup moins la fête.
02:09 Alors justement, ce film avec Pierre Etecs, "Le grand amour",
02:13 c'est avec Pierre Etecs et Annie Fratellini.
02:15 Et Pierre Etecs a déjà fait ses preuves avec Yo-Yo et le soupirant,
02:18 et vous vous êtes retrouvés dans ce film.
02:20 Oui, j'ai passé des essais grâce à Zazie Gélin, que vous avez dû connaître.
02:25 Bien sûr, Xavier Gélin.
02:26 Voilà, et qui était tout le temps au conservatoire pour voir ses copains.
02:30 Et il m'a dit "Etecs cherche une ingénue, une jeune fille", et Etecs m'a rencontrée,
02:35 j'ai fait les essais, il m'a fait limer un peu mes dentes devant,
02:38 en trouvant qu'elles étaient un tout petit peu longues.
02:40 J'étais brune, je suis devenue blonde.
02:43 Et c'est mon premier film avec Annie Fratellini, qu'il a épousé à la fin du tournage.
02:48 Et on a tout tourné en Touraine, et cette année-là est une année magique,
02:53 parce que c'était l'été de 68, et la même année je rentrais en septembre à la Comédie Française.
02:58 C'est magnifique. Alors il se trouve que Pierre Etecs, c'est un grand metteur en scène,
03:02 dont les films ont été oubliés pendant 30 ans parce qu'il y avait eu des problèmes de production,
03:06 mais on oublie aussi qu'il a débuté comme dessinateur et gagman,
03:09 et il a préparé le film "Mon oncle" comme assistant réalisateur et réalisait l'affiche du film.
03:14 Oui, il était l'assistant de Jacques Tati.
03:16 Et je dois vous dire qu'on est restés amis et proches jusqu'à la fin de sa vie.
03:21 On ne s'est jamais quittés.
03:23 C'est peut-être hors sujet, mais ça fait rien, je dis ce que je pense.
03:28 Il voulait rencontrer Michel Faux, par exemple.
03:31 C'est vrai qu'il y a des rapports entre la créativité d'un Michel Faux et celle de Pierre Etecs,
03:36 et je les ai mis en contact, ce dont je suis très fière.
03:38 Et on a fait un spectacle avec Michel Faux, et on a joué devant Pierre Etecs.
03:42 Qui était très heureux, qui a fait aussi des livres de dessin extraordinaires.
03:45 Je les ai tous à la maison.
03:47 Et curieusement, alors que ces films n'étaient plus vus, ils sont aujourd'hui cultes en DVD.
03:52 Oui, mais il y a eu une grande, grande bataille au ministère de la Culture.
03:55 On a tous essayé d'aider, et maintenant les films, on peut les voir.
04:00 Alors vous, Nicole Calfan, votre métier de comédienne,
04:02 je crois que le déclic s'est produit au TNP quand vous avez vu un spectacle.
04:07 Vous êtes drôlement bien renseignée.
04:09 J'ai pris la place de mon frère qui avait un abonnement au TNP,
04:12 qui ne pouvait pas venir ce jour-là.
04:14 Et j'étais au premier rang, et j'ai vu sur scène,
04:19 je ne sais plus la pièce que c'était...
04:22 - Un classique. - Un classique.
04:23 Et il y avait Paul Noël, une certaine Paul Noël, une certaine Françoise Seignet.
04:27 Et je me suis dit, mais c'est là que je veux être.
04:30 Vraiment, j'étais séparée de la scène par 50 centimètres.
04:33 Quelques années après, je jouais avec cette même Paul Noël,
04:37 et cette même Françoise Seignet à la comédie française.
04:39 Ce qui est fabuleux. Alors, il se trouve que votre père était avocat fiscaliste.
04:42 Ce n'est pas le même univers, mais il a accepté finalement que vous teniez votre chance.
04:46 Il a accepté parce qu'il m'a dit le bac d'abord.
04:49 - Oui. - Voilà.
04:50 Donc, j'ai passé, c'était deux parties à ce moment-là du bac.
04:53 Et après, j'ai pu rentrer au cours Raymond Girard et apprendre, prendre des cours.
04:57 Oui, vous avez eu plusieurs professeurs.
04:59 Il y a eu Raymond Girard, Fernand Ledoux et Robert Manuel.
05:01 Alors, Fernand Ledoux et Robert Manuel, ça, c'était au conservatoire.
05:05 Une fois que j'étais entrée chez eux.
05:06 Et Fernand Ledoux ne nous apprenait rien et en même temps, nous apprenait tout.
05:11 C'est-à-dire qu'il parlait très peu, il nous écoutait.
05:16 Et ce que j'adorais, c'est quand il arrivait dans la classe,
05:19 on lui disait "Bonjour maître" et il nous répondait "Bonjour kilomètre".
05:22 - C'était assez dangereux. - Et ça, je trouvais ça délicieux.
05:24 Et Robert Manuel était assez pittoresque aussi.
05:27 Oui, très pittoresque. Il m'appelait "Calfan-la-brise", "Fonds-de-cale".
05:32 Et c'était très joyeux, les cours avec Robert Manuel.
05:35 Et il doit s'adonner... Alors, il était vraiment un jeu, l'homme du XXe siècle,
05:38 où il a été candidat, c'était un jeu de Pierre Sabag en 62.
05:41 Il a gagné, il a émerveillé la France entière par sa culture.
05:44 Et c'était le premier jeu avec ordinateur,
05:46 où on pouvait répondre à des questions en appuyant sur un bouton.
05:49 Et l'ordinateur s'appelait Sidoni.
05:51 Ah d'accord, ben j'apprends quelque chose.
05:53 Alors, le conservatoire, effectivement, est dirigé par Pierre Emetouchard à cette époque-là.
05:58 Et il y a une remise en question de l'enseignement en mai 68.
06:03 Oui, c'est-à-dire que moi, j'ai même pas eu de remise en question,
06:07 j'ai plus de conservatoire du tout en 68.
06:10 Donc, il y avait des manifestations,
06:13 des gens qui hurlaient complètement à faune,
06:15 qui arrivaient dans la salle en disant...
06:19 Je sais plus quoi...
06:20 Enfin, du scolongo, oui.
06:21 Oui, voilà, machin, mouvement machin, nanana.
06:24 Donc, tout était arrêté, il n'y avait plus de cours.
06:26 Mais moi, j'avais qu'une obsession, c'était de faire du théâtre.
06:29 Je m'en foutais complètement de mai 68.
06:31 Donc, j'ai été un peu briseuse de grève,
06:33 puisque quand j'ai appris qu'il y avait une audition
06:36 qui allait se passer sur la scène du Français,
06:38 j'ai débrouillé, je me suis débrouillée pour m'y présenter.
06:40 Je ne sais pas si vous le savez, mais l'un des slogans de mai 68
06:43 n'est pas des étudiants, mais de Jean-Yann,
06:45 il est interdit d'interdire.
06:46 Tout à fait.
06:46 Et on ne le dit pas, il faut le répéter.
06:49 Absolument.
06:49 Donc, vous vous retrouvez à la comédie française,
06:51 et vous allez jouer Ruy Blas,
06:52 et la comédie française,
06:54 vous ouvrez votre premier passage à la radio.
06:57 Les trois Marguerites, de M. Yves Gandon,
07:01 président du Pen Club français.
07:03 Mesdemoiselles Geneviève Cazil, Marguerite,
07:07 Nicole Calfant, Lott.
07:09 Votre première radio, c'est les trois Marguerites,
07:11 sur France Culture.
07:13 C'est extraordinaire.
07:14 Vous en souvenez ou non ?
07:15 Mais pas du tout.
07:16 Parce que vous faisiez à l'époque des émissions de radio,
07:19 il y en a eu plein, avec la comédie française.
07:22 Oui, mais c'est vrai, on faisait de la radio le matin,
07:25 on répétait l'après-midi et on jouait le soir.
07:27 Et il y avait un certain M. Regnier,
07:30 ça vous dit quelque chose ?
07:31 Vaguement, oui.
07:33 Qui nous réunissait,
07:34 peut-être même qu'il écrivait certaines pièces,
07:36 on faisait beaucoup de radio.
07:37 Et d'ailleurs, ça m'a donné le goût d'écrire pour la radio.
07:40 Et à mon tour après, j'ai écrit des pièces pour la radio.
07:43 C'était divin, j'ai engagé tous mes copains.
07:46 Mais c'était des pièces, en plus dans des circonstances très particulières,
07:49 c'était des studios anciens, il y avait des bruiteurs,
07:51 c'était pas la radio d'aujourd'hui.
07:52 Non, non, il y avait des bruiteurs, c'était charmant,
07:54 j'adorais ça.
07:55 Alors Geneviève Cazil qui joue avec vous dans cette première radio,
07:58 une comédienne qui est entrée dans la comédie française aussi,
08:02 il y a six ans avant vous,
08:03 et qui a mené une carrière très particulière.
08:05 D'abord Geneviève Cazil est restée une grande amie,
08:08 et c'est ma Roxane.
08:10 C'est la plus belle Roxane de Cyrano que j'ai connue.
08:12 Elle jouait en alternance avec Myriam de Colombie,
08:15 mais Geneviève, c'était une Roxane sublime.
08:18 Et elle continue sa carrière,
08:19 elle fait des choses où on ne l'attend pas.
08:21 Moderne, elle a fait une reconversion.
08:23 Magnifique, après le classicisme du français.
08:26 Une anecdote avec Geneviève Cazil,
08:27 qui joue avec Michel Aumont,
08:29 un sujet de roman de Sacha Guétry au Palais Royal.
08:31 Et un soir, arrive Elie Barclay dans la salle,
08:33 la place n'avait pas été retenue,
08:34 et il assiste au spectacle, il s'endort dès le début,
08:37 et à la fin il dit "Est-ce que vous pouvez me dire
08:39 où est la loge de Jean-Claude Brialy ?"
08:40 Il y avait deux pièces de Guétry, c'était trompé de théâtre.
08:43 C'est extraordinaire.
08:45 Et moi j'ai une anecdote aussi très jolie,
08:47 elle jouait une pièce avec Guy Tréjean,
08:49 et en pleine réplique à voix basse,
08:51 elle s'est penchée vers lui, il avait un pull en cachemire,
08:54 elle lui a dit "Hm, c'est du 4 fils !"
08:57 Alors il se trouve que vous êtes la jeune ingénieuse
08:59 de la comédie française, et vous avez joué
09:01 Molière, Lavard, Le Tartuffe,
09:03 vous devenez vraiment une comédienne
09:05 que l'on appelle pour ses rôles.
09:06 Je jouais, Jacques, 7 pièces différentes par semaine.
09:10 C'était hallucinant.
09:12 Donc je passais de Marivaux à Musset,
09:14 Molière, Girodoux, etc.
09:17 Et oui, j'ai beaucoup, beaucoup travaillé.
09:20 Et vous aviez des metteurs en scène prestigieux,
09:22 Jean Lepoulin et Jacques Charron entre autres.
09:24 Oui, et puis plein d'autres, Jean-Pierre Miquel,
09:27 et puis Roussillon dans Lavard, etc.
09:31 Et Jean Lepoulin, c'était quelqu'un à la fois de très drôle et de très dur.
09:35 Moi j'ai beaucoup de chance, parce que je dois attirer la sympathie.
09:38 J'ai toujours été chouchoutée par tous ces gens-là,
09:41 aimée, protégée.
09:44 Protégée.
09:45 Et Jean Lepoulin, je sais pas si vous le savez,
09:47 il a débuté en famille, son premier spectacle,
09:49 c'était le rôle de Josephine Becker quand il avait 11 ans.
09:53 C'était en famille.
09:54 Il avait un régime de bananes autour des reins.
09:57 Malheureusement, avant d'entrer en scène,
09:59 ses partenaires ont dévoré la majeure partie des bananes.
10:03 Il devait en être ravi.
10:04 Voilà.
10:04 Alors, vous êtes engagée pour 6 ans au Français,
10:06 et puis vous allez partir.
10:08 Alors, je suis pas engagée pour 6 ans.
10:10 Je suis restée 6 ans.
10:11 Pourquoi je pars ?
10:12 Parce qu'à l'époque, j'allais être nommée sociétaire,
10:15 et là, fallait signer pour 20 ans.
10:17 Vous connaissez un peu mon caractère, Jacques.
10:20 La route, il me fait peur.
10:22 Donc, je suis partie.
10:23 Jean-Luc Moreau aussi a éprouvé la même chose que moi.
10:28 On a eu peur, on est partie.
10:30 Parce que s'engager pour 20 ans, ça nous semblait compliqué.
10:33 C'est plus du tout le cas maintenant.
10:35 Et vous regrettez un peu d'être partie aussi vite ?
10:38 Oh oui, j'étais heureuse là-bas.
10:40 Vous auriez pu faire une très longue carrière à la Comédie-Française.
10:42 Oui.
10:42 On aurait pu parler d'une pièce que je vais jouer ce soir, par exemple.
10:45 Exactement.
10:46 Vous avez fait beaucoup d'autres choses,
10:47 et on va les évoquer à travers une autre date,
10:50 le 7 septembre 1974.
10:53 A tout de suite sur Sud Radio avec Nicole Calfan.
10:55 Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
10:58 Sud Radio, les clés d'une vie. Mon invité Nicole Calfan.
11:01 Tout cela, je te donnerai.
11:02 C'est une mini-série qu'on va découvrir à la télévision
11:05 dans quelques jours sur France 2.
11:06 Ça, on va en parler.
11:08 Mais en attendant, on va donner d'autres dates.
11:10 Et la date du 7 septembre 1974 est importante
11:13 parce que vous êtes ce soir là,
11:15 au 41ème gala de l'Union des artistes de cirque,
11:17 qui passe à la télévision.
11:19 Et vous faites un numéro de Lévitation avec Georges Lécrière.
11:22 C'est beau de rappeler ça.
11:24 C'était un très très joli numéro.
11:26 On venait de tourner Sam et Sally avec Lécrière.
11:29 Donc il y avait une espèce de popularité toute fraîche qui était là.
11:32 Et j'ai beaucoup travaillé pour ce numéro de Lévitation
11:34 qui était magnifique, que j'ai revu il n'y a pas longtemps.
11:37 Oui, bravo !
11:38 En fait, il faut savoir qu'à l'époque, le gala de l'Union, c'est très important.
11:43 Prestigieux !
11:44 C'est Max Derli qui l'a créé pour aider les comédiens en difficulté en 1923.
11:49 Et tout le monde du spectacle se réunit pour faire des numéros.
11:53 Et dans la salle, parce que j'ai revu une émission là-dessus,
11:56 il y avait Claudia Cardinal, Brialy,
11:58 quelques fois, je me demande même s'il n'y avait pas la Calas.
12:01 Enfin, c'était très très prestigieux.
12:03 Et là, je vois les gens méduser quand vous restez, mais vraiment, debout en Lévitation.
12:08 On l'a beaucoup répété.
12:09 Ça a été une grosse répétition ?
12:10 Oui.
12:10 Mais on vous reconnaît à peine parce qu'il est en smoking rose et vous, vous êtes toute maquillée.
12:13 Oui, c'est Pierre Etex, dont je subissais une grande influence à l'époque,
12:18 qui m'avait maquillée en clown.
12:20 C'est beau quand même.
12:21 Donc, j'étais toute blanche avec des strass.
12:24 Et ce numéro, finalement, c'est l'ancêtre des mentalistes d'aujourd'hui.
12:27 On peut dire ça.
12:29 D'ailleurs, Dominique Webb l'a beaucoup fait à l'Olympia,
12:30 mais lui, c'était beaucoup plus truqué que vous.
12:33 Moi, c'était truqué.
12:34 Vous imaginez bien que c'était...
12:36 Alors, justement, Pierre Etex préside cette soirée-là.
12:38 Parce que c'est...
12:40 Il y a Jean-Claude Brialy qui est maître de cérémonie.
12:43 Et lui, il est clown, je crois.
12:44 Oui.
12:45 C'est ça.
12:45 Et je suis contente que vous aimiez Pierre autant que moi.
12:49 C'est quelqu'un qui a tellement compté pour moi.
12:51 Vous savez ce qu'il m'a fait ?
12:52 Il m'a quand même dessiné un Molière.
12:54 Il m'a sculpté un Molière de ses propres mains,
12:56 qui est grand comme ça.
12:58 Et puis, il se trouve dans cette même soirée,
12:59 je ne sais pas si vous vous en souvenez,
13:00 il y a Isabelle Adjani débutante avec Louis Seignet.
13:02 Magnifique.
13:03 Avec un numéro d'illusion.
13:04 Magnifique.
13:05 Qui était "La femme coupée en deux".
13:06 Oui.
13:07 Sylvie Barton, Michel Sardou, "La malle des Indes".
13:10 Oui.
13:10 Et Michel Serreux dans un numéro comique, "À cheval".
13:13 Et ce n'est pas là où Belmondo était sur un réverbère qui criait.
13:17 Exactement.
13:17 Et voilà.
13:18 Et il y avait Joseline Becker aussi qui avait un numéro de dressage avec des poneys.
13:21 Et c'est un an avant sa mort, elle était en pleine forme.
13:23 Et de neuf, ce n'est pas là où elle se mettait sous la patte.
13:27 C'est une autre année.
13:28 Une autre année.
13:29 De l'éléphant.
13:30 Justement, ce feuilleton avec Georges Descrières,
13:32 Sam et Sally.
13:33 Le générique, bien sûr, est resté dans les mémoires.
13:42 Alors là aussi, ça a été un succès.
13:45 Et vous avez fait la seconde saison de Sam et Sally.
13:48 La première avait été tournée avec Corine Lepoulin.
13:51 Qui attendait un bébé.
13:52 Donc je l'ai remplacée, j'ai fait la deuxième saison.
13:55 Et c'est vrai que vous êtes arrivée dans cette histoire.
13:57 C'était un couple de milliardaires, détective privée.
14:00 Oui.
14:00 C'était un peu Bonnie and Clyde en Pacifique.
14:05 Enfin, c'était deux escrocs mondains, très beaux,
14:08 qui se promenaient dans leur escalibure blanche extraordinaire.
14:12 Et c'était délicieux ce tournage,
14:14 parce qu'on a tourné dans le monde entier pendant six mois.
14:16 Et j'ai eu la joie de rencontrer Santony.
14:20 Joël Santony, qui m'a énormément apporté sur le plan de la comédie.
14:25 Il m'a appris vraiment le sens de la comédie.
14:27 Oui, et Joël Santony a triomphé ensuite en inventant une famille formidable.
14:31 Où je n'ai jamais pu entrer.
14:32 Jamais ?
14:32 Jamais.
14:33 Ça ne peut pas être partout.
14:34 Non.
14:35 Il se trouve que Sam et Sally, au départ, c'était une série de M. G. Brown,
14:39 dans une collection du fleuve noir.
14:42 Et les personnages sont inspirés par Nick et Nora,
14:45 qui sont de Daniel H. Met,
14:48 qui est considéré comme le père du roman policier dans le monde.
14:50 D'accord.
14:51 Et c'est Georges Chimnon qui est considéré comme un maître.
14:53 Très bien.
14:54 C'est vrai que Sam et Sally, ça vous a donné une popularité très forte.
14:57 Très, très grande popularité, puisque une série,
15:01 voilà, on a chacun, je pense à Véronique Jeannot avec Pause Café,
15:05 je pense à moi avec Sam et Sally et d'autres.
15:07 Ça marque les gens, ça rend populaire.
15:09 C'est sympa d'être populaire aussi.
15:11 Et Descrières avait déjà fait Arsène Lupin et la comédie française.
15:14 Et j'avais tourné deux Arsène Lupin avec Descrières,
15:18 et on jouait tout le temps ensemble à la comédie française.
15:21 Bravo.
15:22 Mais je ne sais pas ce que je fais là, vous n'avez pas besoin de moi en fait.
15:25 Et Georges Descrières avait une idole à la comédie française
15:27 qu'il citait sans arrêt, un vieux comédien totalement oublié, Paul Mounet.
15:31 Ah !
15:32 Personne ne se souvient plus de lui, et il connaissait par cœur Paul Mounet.
15:35 Incroyable.
15:36 Alors, Sam et Sally, ça vous permet, Nicole Calfant,
15:39 de ne plus être considérée comme une ingénue.
15:41 C'est autre chose.
15:42 Oui, alors ça me permet quoi ?
15:44 Ça me permet d'évoluer, d'être drôle,
15:47 de ne plus être classique, d'être intrépide et moderne.
15:52 Voilà. Et en même temps, vous changez tellement de genre
15:55 qu'on a presque oublié une chose étonnante,
15:57 c'est la présentation de "Dim Damn Dom" en 70
16:00 que vous assurez un soir.
16:02 Ça aussi, c'est assez étonnant.
16:04 Oui, oui, oui.
16:05 C'était de bon ton de faire "Dim Damn Dom".
16:07 Quand on faisait "Dim Damn Dom", on se sentait très, très branchés.
16:11 Alors, il y a eu bien sûr Sam et Sally,
16:13 mais il y a un film aussi qui a beaucoup fait pour votre carrière.
16:21 Tourner avec Delon et Belmondo, quel privilège dans Borsalino.
16:25 Oui, quel rêve, quel rêve.
16:27 C'est fou, hein ?
16:28 Oui.
16:29 À la limite, c'était une chose inconcevable au départ.
16:32 C'était incroyable, d'autant plus que l'agent de l'époque,
16:36 moi j'y vais tous les agents de Paris, donc je sais pas lequel c'était,
16:38 m'a dit "demain, essai, Marseille, 1830".
16:43 Alors moi, je m'étais fait friser les cheveux
16:45 par le coiffeur de la Comédie française.
16:47 Quand je suis arrivée pour les essais, on aurait dit...
16:51 une fille de... vous voyez, toute bouclée, toute... voilà.
16:54 Et De Rey m'a dit "mais vous êtes venue en Fiacre ?"
16:58 Et moi, je lui ai dit "non, en Austin".
17:01 Et je crois que j'ai eu le rôle comme ça.
17:03 Alors, il faut savoir que vous jouiez en même temps la Comédie française,
17:06 et que vous avez pu cumuler les deux, ce qui n'était pas évident,
17:08 parce que Delon a donné sa parole d'homme
17:10 que vous seriez le soir, à l'heure, au théâtre.
17:12 Oui, je l'ai appelé, je lui ai dit "Adèle Productions, je voudrais parler à M. Delon".
17:16 Oui, c'est moi.
17:18 Je lui ai dit "voilà, M. Delon, je suis Nicole Calfant,
17:20 vous m'avez dit que je pourrais faire le film,
17:23 mais moi je ne vais pas pouvoir parce que je suis distribuée tous les soirs dans la Vare, et alors ?"
17:28 Je lui ai dit "mais comment je vais faire ?"
17:30 "Vous avez ma parole d'homme, vous ne serez jamais en retard."
17:33 Pendant trois semaines, j'ai fait des allers-retours entre Marseille et Paris.
17:37 Je n'ai jamais été en retard.
17:39 Je courais dans les couloirs, et j'arrivais, et ma phrase était
17:43 "Ah, que je suis frosine dans un étrange état."
17:45 J'étais en âge, ma costumière me tendait le corset,
17:49 ce sont mes parents qui allaient me chercher à l'aéroport,
17:51 et j'ai fait ça trois semaines.
17:53 Et le lendemain matin, je repartais pour Marseille et Cassis, et je rentrais le soir.
17:57 Alors, vous avez vécu la fausse rivalité de Lombelle-Mondeau,
18:01 parce qu'on voit même des photos des années 60 où ils sont très amis ensemble,
18:04 là aussi c'était pour la presse.
18:06 Oui, enfin, il y a eu des différents...
18:08 au point de vue contractuel, bon, mais ça on s'en fiche,
18:11 mais j'avais mes deux magnifiques partenaires devant moi.
18:16 On disait des poèmes avec Belmondo, il avait eu le même prof que moi, Raymond Girard,
18:21 pour se présenter au conservatoire.
18:23 Il était fasciné par le fait que je sois au français,
18:25 donc on se disait des répliques toute la journée, classiques.
18:29 Et puis il y avait Delon, le taciturne, qui me protégeait,
18:32 qui était tellement beau, c'est un rêve.
18:34 D'ailleurs, ils sont tellement liés que je me souviens que sur la loge de Delon à Marigny,
18:41 il avait mis une photo avec Belmondo à l'entrée cet été.
18:44 Alors finalement, c'est une époque privilégiée,
18:47 mais vous faites partie de celles qui ont la nostalgie de cette époque, Nicole Calfant.
18:52 Oui, je ne suis pas la seule.
18:53 Regardez, Jacques Deray a écrit un bouquin là-dessus,
18:57 "Cette époque, cette belle époque, on n'en aura plus", etc.
19:00 Mais oui, parce que tout a évolué, tout a changé.
19:03 Borsalino, vous en parlez très bien, c'est quelque chose de mythique,
19:09 on écoute deux phrases de musique, on est complètement sous le charme.
19:15 Bien sûr, la nostalgie, bien sûr, de Deray, de Verneuil, de Etecs,
19:21 je suis de ces années-là quand même.
19:24 Alors Borsalino, il faut savoir qu'au départ, c'est Giuseppe Borsalino qui a inventé ces chapeaux,
19:29 et après la mort du fondateur, ces deux cousins se sont disputés la marque,
19:34 et il y avait deux boutiques rivales qui vendaient chacun des Borsalino à l'époque, dans les années 30.
19:39 Et puis il y a quelqu'un, effectivement, on en a parlé de haut, mais on en a tous la nostalgie,
19:43 parce qu'aujourd'hui, je pense qu'il ferait un malheur en nous faisant rire, c'est Jean-Yann,
19:47 car il vous a appris aussi à rire.
19:48 Oui, il m'a appris à rire, et puis je peux dire qu'il m'a fait aussi.
19:52 Je pense que, j'étais très très jeune quand je l'ai rencontré, j'avais 21 ans ou 22 ans,
19:57 je pense que, c'est pas du tout prétentieux, il savait peut-être ce que j'allais devenir.
20:03 Je parle pas de la carrière, je m'en fiche, de la femme que j'allais devenir.
20:06 Peut-être qu'il avait déjà senti un goût de la liberté, le goût du décalage que vous évoquiez tout à l'heure,
20:15 de jamais être là où on vous attend, comme s'il avait misé sur ma personne, sentimentalement, je veux dire.
20:21 Moi, je me demande aujourd'hui ce qu'on penserait sur les réseaux sociaux,
20:24 de tout ce qu'il sortait à l'époque à la radio, à la télévision.
20:27 Je me souviens qu'il avait réussi à montrer à la télévision comment on pouvait ouvrir un sabot de denvers
20:34 qu'on mettait sur les voitures, il avait fini au poste et ça l'amusait beaucoup.
20:37 Je les ouvrais avec lui, les sabot de denvers. Je les ouvrais avec lui.
20:41 Il me disait "Regarde ma puce, j'ai la clé". C'était extraordinaire.
20:44 Et on allait au commissariat de nous-mêmes.
20:47 Et ça faisait rire tout le monde, ce qui ne serait pas le cas aujourd'hui.
20:51 Autre date importante dans votre vie, un autre métier que vous avez exercé le 1er janvier 1983.
20:57 A tout de suite sur Sud Radio avec Nicole Calfan.
20:59 Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
21:02 Sur Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Nicole Calfan.
21:05 On évoque votre parcours à l'heure de la sortie de ce nouveau téléfilm qu'on va évoquer dans quelques instants.
21:10 On a parlé de vos débuts de la comédie française.
21:12 Et puis le 1er janvier 1983, c'est un spécial "Champs-Elysées" et vous commencez l'année en chantant.
21:18 Il y a des jours à passer sans toi, il y a l'amour à vivre sans toi.
21:25 Alors ça s'appelle "Impatience" et je crois que vous l'avez chanté une seule fois dans l'émission de "Champs-Elysées".
21:29 J'ai vendu 3 disques. Mes parents en ont acheté un chacun et mon frère en a acheté un.
21:35 Ça fait 3. J'ai vendu 3 disques. Mais il est très couru ce disque.
21:39 J'ai plein de copains qui le trouvent au puce et qui l'achètent.
21:42 Il est en vente sur internet à des sommes considérables.
21:46 Comment c'est né le fait que vous soyez chanteuse ?
21:49 Toutes les actrices ont envie de chanter, tous les acteurs ont envie de jouer la comédie, on le sait.
21:54 À un moment donné, c'est très tentant d'apprendre à faire un play-bas, de se mettre une belle robe,
22:00 de se faire maquiller comme une chanteuse, de prendre un micro au lieu de sa brosse à cheveux dans la salle de bain.
22:06 Et puis on y va. Et puis comme j'étais un peu connue, j'ai tout fait, toutes les émissions possibles et imaginables.
22:11 C'était un souvenir charmant.
22:13 Et en même temps, vous aviez déjà chanté dans un numéro 1 des Carpentiers avec Gilbert Becaud, "Le bain de minuit".
22:18 Ah oui, j'ai adoré ce moment.
22:20 Ce n'était pas évident, accompagné par Becaud quand on n'a jamais chanté.
22:24 Et d'ailleurs, il avait très mal pris le fait que je choisisse "Le bain de minuit" en me disant
22:28 "Vous êtes folle, c'est difficile, etc."
22:31 Et puis je l'ai convaincue et c'était une très jolie séquence.
22:34 Absolument. Et Becaud, les premiers qui l'aient accompagné avant vous, c'était les Ballets de Monte-Carlo à 12 ans,
22:40 dont sa soeur faisait partie, et il venait aider à Monaco le ballet à répéter.
22:47 Il était tout jeune et il aurait dû être chef d'orchestre à l'époque.
22:50 Incroyable.
22:51 Alors finalement, la chanson c'est une activité parmi d'autres car vous avez touché à tout.
22:55 Le théâtre, il y a eu des classiques, mais il y a eu aussi Joyeux Pâques avec Jean Poiret, ça n'a rien à voir.
23:00 Ça a été le démarrage du boulevard.
23:02 Ça a été le démarrage de mon théâtre à moi, si vous voulez.
23:05 Donc ça a été un tel succès, Joyeux Pâques, j'ai joué trois ans avec Paco Mépoiret.
23:11 Et après, c'est Jean-Michel Rousière qui m'a fait un petit signe quand j'ai quitté le français,
23:15 qui a eu l'idée de me faire faire des essais, pas des essais, enfin comme on dit, passer une audition avec Jean Poiret.
23:24 Et après, c'est parti sur le boulevard, comme on dit.
23:27 Oui, mais Jean Poiret aussi, c'était quelqu'un d'extraordinaire.
23:30 D'abord, il mourait de trac en scène, en permanence.
23:32 Non seulement il mourait de trac, mais il vous filait son trac.
23:36 Donc on était tous morts de trac et c'était difficile.
23:40 Moi, il m'a appris beaucoup, beaucoup, beaucoup.
23:42 Je parle de gens qui m'ont appris, mais j'apprends de tout le monde.
23:45 C'est ça qui est intéressant.
23:46 C'est pas que je me répète, c'est que ça a été ma vie.
23:49 Mais en revanche, ça a été une vraie souffrance.
23:51 Et beaucoup de comédiennes qui ont joué avec lui l'ont dit.
23:55 C'était un perfectionniste et son habilleuse, ça, ça va vous plaire.
24:01 La vieille Maxime qui avait une blouse, à l'époque, les habilleuses avaient des blouses.
24:04 Elle faisait le chemin en coulisses qu'il faisait sur scène.
24:08 Il fallait qu'elle soit derrière lui en coulisses, jardin, court, court jardin, ça le rassurait.
24:14 Voyez un peu le trac, la peur, l'anxiété et le désir de perfection.
24:19 Oui, mais en même temps, on ne l'imaginait pas quand on voit à la cage aux folles le Joyeux Pâques,
24:22 on voit quelqu'un de très drôle.
24:24 Oui, mais il ne faut pas oublier que les grands comiques meurent du cœur, souvent,
24:30 font des infarctus, tirent sur la corde leurs émotions et ont tellement peur.
24:38 Et c'est vrai.
24:40 Jacqueline Maillan.
24:41 Jacqueline Maillan, le même combat.
24:42 Jacqueline Maillan, en plus, avait de mauvaises analyses, arrivait en coulisses,
24:46 les analyses sont catastrophiques, mais elle ne se soignait pas, elle n'en avait rien à faire.
24:49 Alors, Jean Poiret, c'était en plus un spectacle difficile,
24:52 parce qu'il avait vu la cage aux folles avant et c'était la pièce après la cage aux folles.
24:56 Et il avait écrit pour Caroline Selier, pour son épouse.
24:59 Et Caroline n'a pas voulu le jouer, elle n'avait pas envie de jouer avec lui.
25:02 Et ça a été un triomphe, ce Joyeux Pâques.
25:05 Et vraiment, Jacques, encore aujourd'hui, on m'en parle.
25:08 Il y a plein de metteurs en scène qui ont repris cette pièce, qui m'en parlent.
25:12 Moi, j'ai qu'un regret, c'est que j'aurais aimé jouer le rôle de Pacôme.
25:15 Malheureusement, ça ne s'est pas fait, c'est un manque d'imagination, je vous le dis.
25:18 Parce que ça aurait été vraiment bien qu'on me passe le relais, que je joue la femme.
25:22 Et Maria Pacôme était une femme délirante aussi.
25:25 Délirante.
25:26 Pas commode non plus.
25:28 Pas commode non plus.
25:30 Bon, voilà. Mais des génies.
25:33 Oui, mais Pacôme était capable du meilleur comme du pire et de l'improviser.
25:37 Ça vous est arrivé quelquefois ?
25:39 Moi, l'impro... Non, avec Poirée, on ne pouvait pas improviser.
25:42 Donc, elle n'improvisait pas, mais elle pouvait être dure.
25:45 Un cœur tendre aussi, elle l'a prouvé.
25:48 Mais ce sont deux monstres, Jacques.
25:51 Quand arrivait l'entracte et que l'huissier arrivait avec les notes,
25:57 c'est-à-dire les recettes, c'était incroyable de les voir.
26:01 C'était...
26:03 Moi, je ne gagnais rien.
26:05 Je gagnais 50 francs par soir, je perdais 500 grammes,
26:08 tellement j'avais peur et je m'ajustais dans tous les sens.
26:11 C'est deux monstres sacrés qui se réjouissaient de leur réussite,
26:15 et ô combien ils avaient raison.
26:17 Mais c'est encore un autre monde, ça.
26:19 Vous voyez ce que je veux dire ?
26:21 Et elle a eu d'autres succès.
26:22 Il faut savoir qu'elle a débuté aussi dans Oscar avec Louis de Funès.
26:25 Et qu'un jour, elle est invitée à jouer à l'Elysée
26:28 pour le président Pompidou et les ministres.
26:30 Et il y avait Giscard, ministre des Finances,
26:32 qui avait vu la pièce deux fois.
26:34 Et puis il y a un secrétaire avec une clé,
26:36 et elle a une robe à franges,
26:38 et pendant la pièce, les franges tombent,
26:40 et elle se retrouve avec la robe au-dessus du genou.
26:43 Et à la fin du spectacle, Valérie Giscard d'Estaing est venue la voir
26:46 et a dit "Vous le faites ça tous les soirs ?"
26:48 [Rires]
26:50 On voit l'intérêt des hommes politiques.
26:52 C'est drôle.
26:53 Alors, il y a une autre pièce que vous avez jouée
26:55 et qui a été créée par Jean Poiret,
26:57 c'est le vison voyageur.
26:59 Incroyable.
27:01 C'est la dernière pièce que j'ai jouée.
27:03 Je l'ai jouée cet été pendant trois mois
27:05 avec Michel Faux et Sébastien Castro.
27:07 Un triomphe !
27:09 Une horlogerie !
27:11 C'était surréaliste cette pièce.
27:14 Beaucoup de travail, on l'a montée très vite.
27:16 Et c'était vraiment magnifique.
27:19 Une pièce pour trois mois, c'est rare aujourd'hui.
27:21 Oui, il y avait une captation,
27:23 il faut être honnête aussi.
27:25 Et on la reprendra peut-être pas
27:27 parce que personne ne sera libre en même temps.
27:29 Et puis il y a eu Jean Poiret et Françoise Dorin,
27:31 sa première épouse.
27:33 Et vous avez joué une pièce de Françoise Dorin,
27:36 les "Cahiers Tango" au Théâtre Antoine,
27:38 mise en scène par Woudzina.
27:39 Là encore, c'est un autre univers.
27:40 Grande rencontre.
27:41 Woudzina, j'avais tellement peur de lui.
27:43 J'étais terrorisée.
27:44 Moi, je n'étais pas du tout du genre de femme
27:46 à aller prendre des cours l'après-midi
27:48 avec des professionnels.
27:50 Pour moi, c'était le héros de Céric,
27:52 de Sabi Frey, de Claude Brasseur.
27:54 Et on est devenus tellement proches,
27:57 mais tellement amis.
27:59 Et il m'a appris une chose magnifique aussi.
28:01 Il me disait, "Ne partez jamais,
28:04 ne jouez jamais avec des acteurs
28:06 avec lesquels vous ne pourriez pas partir en vacances."
28:09 C'est tout simple.
28:11 C'est tout simple, il faut le savoir.
28:12 Et Françoise Dorin aussi,
28:14 elle a commencé par hasard.
28:16 On téléphone chez Jean Poiret,
28:18 elle vivait avec lui.
28:20 "Je cherche une pièce, est-ce que Jean Poiret en a une ?"
28:22 Elle fait, "Non, mais je connais une amie qui en a une."
28:24 Elle envoie le manuscrit sous un pseudo
28:26 et c'est devenu sa première pièce.
28:28 Mais Françoise, j'étais très proche
28:30 de Jean-Pierre et de Dorin.
28:32 Jean-Pierre, oui.
28:34 De Jean-Pierre et de Dorin, pardon, de Françoise Dorin.
28:36 Et j'étais justement hier soir au Théâtre Antoine
28:38 et je repensais à ce bonheur
28:40 que j'ai eu de jouer les cahiers tango
28:42 dans ce théâtre.
28:43 Alors, il se trouve qu'il y a un rôle
28:45 que vous avez refusé en revanche, je crois.
28:47 Le dernier tango à Paris.
28:49 Oui, heureusement.
28:51 Mon amie Maria Schneider, elle en est morte.
28:53 On le sait.
28:55 Je tournais le casse
28:57 avec Jean-Paul Belmondo
28:59 de mise en scène par Verneuil
29:01 et le metteur en scène,
29:03 Bertuccelli,
29:05 est venu nous voir, nous a apporté le scénario
29:07 à Jean-Paul et à moi. On avait un chacun
29:09 sur notre table à la cantine.
29:11 Et Jean-Paul a dit, "Est-ce qu'il y a des scènes de sexe ?
29:13 Des scènes érotiques ?"
29:15 Et le metteur en scène a répondu, "Ah, c'est un film sexuel."
29:17 Il a repoussé les deux scénarios,
29:19 il a dit, "C'est ni pour la petite, ni pour moi."
29:21 Et on ne l'a pas fait.
29:23 Et ce film a fait scandale. Alors, certains pays
29:25 de l'Union Européenne l'ont classé X.
29:27 En France, il a été interdit aux moins de 18 ans.
29:29 Et en Italie, Bertuccelli a été
29:31 interdit de salle.
29:33 Et il a même été déchu de ses droits
29:35 civiques pendant 5 ans, à cause de ce film.
29:37 Oui, c'est très bien. Et j'ai entendu
29:39 dire qu'il y avait un film qui allait être fait sur
29:41 Maria Schneider.
29:43 J'étais extrêmement amie avec Maria.
29:45 Et vraiment,
29:47 il faut le dire, ce film l'a tuée.
29:49 Parce qu'elle a sombré...
29:51 Grande actrice. Très grande actrice.
29:53 Elle a sombré ensuite dans la drogue, dans l'alcool, et elle s'en est jamais remise.
29:55 Jamais. Elle a été vraiment une victime.
29:57 Hélas. Alors,
29:59 quelqu'un d'autre aussi qui a écrit pour vous,
30:01 et c'est un genre différent, dans l'humour,
30:03 une autre époque, c'est Laurent Bafi.
30:05 Oui. Laurent Bafi, il a écrit aussi
30:07 encore une pièce, mais on n'a pas réussi
30:09 à la monter pour le moment, qui s'appelle
30:11 "N'oubliez pas une petite pièce",
30:13 qui est extrêmement drôle.
30:15 Et j'ai joué deux pièces pour Bafi.
30:17 Un, "Point c'est tout" au Palais Royal.
30:19 Sur le permis de conduire. Oui, le permis à point.
30:21 Et la deuxième pièce magnifique,
30:23 Jacques Daniel avec
30:25 Russo et Claude Brasseur.
30:27 Là, c'est très différent aussi. Bafi,
30:29 Poiré, la comédie française. Ah mais je suis même
30:31 passé des monologues du vagin
30:33 à Bafi. Il m'a dit "Tu vas pas
30:35 m'emmener voir ça ? Il faut que tu vois les monologues
30:37 du vagin, et après je viendrai jouer
30:39 ta pièce." Et les monologues du vagin aussi,
30:41 ça c'était très particulier. Magnifique,
30:43 magnifique expérience. J'ai joué les trois
30:45 rôles, la jeune, la vieille, les trois
30:47 partitions. Magnifique.
30:49 Avec une troupe. Oui, c'est un
30:51 succès mondial. Mondial.
30:53 J'en reviens à Bafi parce qu'il alloue en l'image
30:55 du type vulgaire, qui raconte
30:57 n'importe quoi dans les émissions d'Ardisson, c'est exactement
30:59 le contraire. C'est le contraire, c'est un très
31:01 grand cœur, c'est quelqu'un de pudique,
31:03 d'extrêmement protecteur.
31:07 Oui, c'est sa façon, c'est son truc,
31:09 sa facture d'être
31:11 comme ça. Mais c'est quelqu'un
31:13 vraiment très profond. Et puis, il y a
31:15 quand même une série aussi qui vous a rendu
31:17 très populaire. Vous avez fait le numéro
31:19 2 et le numéro 3 de "La vérité si je mens",
31:21 après avoir refusé le premier film, Nicole Calfant.
31:23 Oui, parce que le premier, il n'y avait rien.
31:25 Il n'y avait pas de scène,
31:27 je n'avais pas compris. Et la deuxième
31:29 fois...
31:31 Alors, la première fois, c'est touchant, c'est que
31:33 on est venu me chercher, rendez-vous
31:35 près de chez moi. La deuxième fois, comme ils avaient eu
31:37 le succès du premier, là, j'ai dû
31:39 me déplacer, aller à la prod.
31:41 Et...
31:43 Cette partie de ping-pong, le nôtre, le vôtre, je crois
31:45 qu'on m'a engagée pour ça.
31:47 Et finalement, ça vous a donné aussi
31:49 une nouvelle popularité.
31:51 Une popularité incroyable. Un jour,
31:53 j'ai été faire un...
31:55 un texte, enfin, je devais travailler un texte pour mes
31:57 enfants au lycée, sur Victor Hugo.
31:59 Et j'avais travaillé toute la nuit,
32:01 et il y a un petit garçon qui a levé la main, qui a dit
32:03 "Madame, qu'est-ce que vous étiez bien dans la vérité,
32:05 si je mens ?"
32:07 Donc, Victor Hugo et Ruy Blas ont été balayés.
32:09 - Voilà. En même temps, dans ce film, il y avait quand même
32:11 des scènes improvisées. À un moment,
32:13 Enrico Macias donne à José Garcia
32:15 une gifle qui n'était pas
32:17 prévue dans le script, et
32:19 le comédien était très surpris, il a continué à tourner.
32:21 Il y avait des moments d'improvisation.
32:23 - Oui, dans le 2, mais dans le 3,
32:25 non. Dans le 3, il y a eu tellement
32:27 d'argent, que ça a changé
32:29 la donne du film, et qu'on était vraiment
32:31 un peu raide.
32:33 Les producteurs étaient là,
32:35 Thomas Gilou était un petit peu inquiet,
32:39 et là,
32:41 on marchait,
32:43 on marchait vraiment sur les clous.
32:45 - Alors, ce qui est étonnant,
32:47 et je ne sais pas si vous le mesurez,
32:49 c'est la variété de votre parcours, Nicole Calfon.
32:51 - Merci, ça me fait plaisir. - C'est peut-être pour ça aussi
32:53 que vous êtes encore là, parce que vous avez touché à tous les genres.
32:55 Vous le pensiez comme ça au début ?
32:57 - Non, pas du tout.
32:59 Ce qui m'a beaucoup aidée aussi,
33:01 c'est Alex Lutz, le film Guy,
33:03 qui est un de mes films préférés,
33:05 parce que tout était en impro.
33:07 Et ça, je tenais
33:09 un peu de Jean-Yann, je crois. Je m'étais
33:11 déjà un petit peu collée à ça,
33:13 et ça a été une rencontre
33:15 artistique avec Alex,
33:17 incroyable. Il m'appelle sa démente.
33:19 Je voyais qu'il m'emmenait
33:21 sur un truc, et comme je ne suis pas trop bête,
33:23 je suivais, même j'anticipais,
33:25 et il était ravi. - Mais est-ce que vous mesurez
33:27 la variété du parcours que vous avez fait ?
33:29 Est-ce que vous l'imaginiez au départ, Nicole Calvan ?
33:31 - Je ne me rends toujours pas compte. Mais c'est vrai,
33:35 vous me faites penser à Huy Clau, par exemple.
33:37 Celui qui est venu me chercher
33:39 pour un contre-emploi, c'est quand même George Wilson.
33:41 Pour jouer avec Daniel Gélin.
33:45 Et il m'a dit "si vous ne le faites pas, je ne le montre pas".
33:47 C'était tellement un contre-emploi
33:49 pour moi, cette fille torturée,
33:51 et là je suis rentrée dans
33:53 l'émotion, dans la sensibilité,
33:55 grâce à George Wilson.
33:57 J'ai changé un peu.
33:59 - Vous n'avez pas arrêté de changer, et vous changez encore
34:01 avec le personnage qu'on va évoquer dans quelques instants
34:03 à travers une autre date, le 7 février 2024.
34:05 A tout de suite sur Sud Radio,
34:07 avec Nicole Calvan.
34:09 - Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
34:11 - Sud Radio, les clés d'une vie.
34:13 Mon invité Nicole Calvan. On a parlé de votre
34:15 longue carrière à la comédie française,
34:17 au théâtre, au cinéma,
34:19 avec ce parcours tellement atypique.
34:21 Il continue, le 7 février 2024,
34:23 premier épisode d'une miniserie
34:25 sur France 2, tout cela, je vous le donnerai.
34:27 - Ce que je fais, c'est une enquête parallèle.
34:29 C'est complètement illégal.
34:31 Moi, j'ai une petite retraite,
34:33 et je tiens à la garder.
34:35 - Voilà, Bruno Solo, qui est un gendarme à la retraite,
34:37 qui va participer à une enquête
34:39 qui se passe dans le monde viticole
34:41 du côté d'Aix-en-Provence, et là encore, c'est un rôle
34:43 très différent pour vous, Nicole Calvan.
34:45 - Ah oui, ça c'est vraiment une composition, parce que moi,
34:47 je suis quelqu'un d'assez doux,
34:49 et voilà, j'aime la lumière,
34:51 j'ai un côté tellement sombre.
34:53 Je joue une marquise méchante,
34:55 homophobe,
34:57 raciste,
34:59 intéressée,
35:01 atroce, atroce.
35:03 Heureusement que je peux un peu la défendre
35:05 à la fin, mais vraiment
35:07 un personnage incroyable. Ça m'a beaucoup
35:09 amusée de jouer ça. - Alors, c'est une
35:11 minisérie policière qui, au départ, se déroule
35:13 dans le sud de la France, au domaine
35:15 Fontarès, à Aix-en-Provence,
35:17 alors que le décor du cinéma, ou des théâtres,
35:19 ou de la télévision, c'est plutôt les
35:21 vignobles de Bordeaux. - Là,
35:23 on a tourné à Lambesque,
35:25 donc on était tous à Aix, et on prenait
35:27 la voiture tous les jours pour aller à Lambesque,
35:29 et je tiens à préciser que c'est tiré d'un best-seller
35:31 incroyable espagnol.
35:33 - Oui, et c'est
35:35 un best-seller qui se déroulait
35:37 en Galice, je crois. - C'est ça.
35:39 - Donc, près de Saint-Jacques-de-Compostelle.
35:41 - C'est ça. - Et ça a été adapté
35:43 pour la télévision. - Oui, et l'auteur
35:45 est venu nous voir, et elle était contente
35:47 de voir ces personnages qui prenaient vie,
35:49 elle nous disait, il y avait un traducteur,
35:51 elle ne parlait pas français, moi je ne parle pas
35:53 espagnol, "vous êtes la marquise, vous êtes ci,
35:55 vous êtes lui, vous êtes ça", elle était très contente.
35:57 - Alors, Aix-en-Provence, c'est une région
35:59 particulière pour le vin aussi, que vous avez découvert.
36:01 - Non, moi je ne bois pas une goutte
36:03 d'alcool.
36:05 Oui, oui, voilà.
36:07 J'ai joué mon rôle. - Exactement.
36:09 Alors, il faut savoir
36:11 qu'en Provence, pas loin de Lambesque, Brad Pitt
36:13 a un château, et il a un
36:15 domaine vinicole, et au départ,
36:17 quand il l'a acheté, quelqu'un lui a
36:19 assuré qu'il y avait un trésor dans le château,
36:21 il l'a cherché pendant un an, avec un détecteur
36:23 de métaux, il n'a rien trouvé,
36:25 d'autant plus que la personne qui lui avait indiqué vendait
36:27 des détecteurs de métaux. - Oh, tout c'est joli !
36:29 - Il s'est fait avoir. - D'accord.
36:31 - Alors, vous êtes donc une femme noble,
36:33 qui est là depuis des générations,
36:35 et la série se peint justement
36:37 par des secrets de famille.
36:39 - Oui, oui, c'est ça que j'aimais dans cette saga.
36:41 Vous savez, ces sagas qu'on aimait,
36:43 les tournées Jean Sagols, ces grandes
36:45 sagas de l'été, là j'ai retrouvé la même
36:47 ambiance, très bon metteur en scène,
36:49 je tiens à le citer, Nicolas Guichetot,
36:51 et... et une troupe !
36:53 Une troupe, une famille,
36:55 un film choral, où chacun
36:57 tient sa place, a des choses à faire
36:59 importantes, et surtout, chaque
37:01 personnage fait avancer l'histoire. - Oui, et en
37:03 même temps, c'est très dur, parce qu'il faut
37:05 ne pas trop en faire, pour votre personnage en particulier.
37:07 - Ah ben moi, je ne fais rien, là. - Oui.
37:09 - Alors là, je suis d'une sobriété
37:11 totale. D'ailleurs,
37:13 mon ami Bruno Solow m'a dit
37:15 "mais incroyable ce que tu fais là-dedans,
37:17 je suis vraiment méchante, quoi." - Alors, tout débute
37:19 par la mort d'un membre de la famille
37:21 qui menait une double vie.
37:23 - Qui menait une double vie, mais surtout,
37:25 c'est un de mes fils qui meurt.
37:27 - Oui. - Et quand un
37:29 très beau jeune homme, joué par David Coménaux,
37:31 vient lui dire "je suis le mari de votre fils",
37:33 on se marie pas dans ma famille,
37:35 y'a pas de mari, y'a pas d'homosexuel
37:37 dans la famille, elle est atroce, quoi.
37:39 - Mais, il avait une double vie
37:41 et personne n'était au courant. - Non.
37:43 - C'est une base de fiction
37:45 assez nouvelle aujourd'hui. - Oui, oui,
37:47 c'est très moderne, cette série. Très, très moderne.
37:49 - Il s'inventait des déplacements en Belgique,
37:51 et puis il est viqué dans un accident de voiture et il meurt, brutalement,
37:53 et c'est le point de départ d'une enquête policière.
37:55 - C'est ça. Et c'est bien qu'on parle
37:57 du mariage entre homosexuels qui est tellement
37:59 mal toléré chez cette femme,
38:01 qui est tellement bannie, je trouve ça
38:03 très, très bien. C'est un enjeu.
38:05 - Alors, l'enquête va être menée par Bruno Solow
38:07 et par un romancier à succès
38:09 qui s'appelle Embry, qui va se retrouver
38:11 au cœur d'un domaine dont il ignorait l'existence.
38:13 - Absolument.
38:15 - Et l'enquête,
38:17 il est aidé par ce gendarme
38:19 qui, justement, est homophobe.
38:21 - Qui, au début, est homophobe. C'est ça qui est intéressant
38:23 et c'est ça qui est bien.
38:25 - Alors, il y a six épisodes
38:27 parce qu'il y a des rebondissements
38:29 sans arrêt et on se perd
38:31 jusqu'à ne pas savoir qui peut être
38:33 l'auteur du crime. - Oui, alors, moi,
38:35 j'ai quelques amis qui ont réussi à le voir
38:37 un petit peu comme ça en avance,
38:39 surtout dans la presse, parce que sinon
38:41 on n'a pas le droit, et qui étaient très accrochés,
38:43 qui étaient accros, qui voulaient savoir
38:45 absolument. Je sais
38:47 que je suis en promo, mais si j'aimais pas,
38:49 j'en parlerais pas. Mais vraiment,
38:51 c'est très, très, très
38:53 mystérieux, bien foutu et à le temps.
38:55 - Comment vous êtes arrivée dans cette aventure,
38:57 Nicole Calfant ? - On m'a appelée.
38:59 - On vous a appelée ? - Oui. - Directement ?
39:01 - Oui. - Ça vous étonne qu'on vous appelle pour des rôles
39:03 à chaque fois très différents ?
39:05 - Je sais pas, je me pose pas la question.
39:09 Je me dis,
39:11 je peux le faire. Je lis quelques trucs
39:13 et je dis "ouais, c'est dans mes cordes".
39:15 Je m'entends. Je me dis "je peux le faire".
39:17 - Mais justement, c'est "Secrets de famille".
39:19 J'en reviens au "Saga de l'été".
39:21 Je crois que vous avez été une des pionnières des "Saga de l'été"
39:23 avec "Les Grandes Marées". - Oui. C'était magnifique.
39:25 C'était magnifique.
39:27 Il y avait...
39:29 Ça a été la grande époque
39:31 de... Il y avait Girardo qui en a fait.
39:33 Il y a Mireille d'Arc, bien sûr.
39:35 Et puis "Les Grandes Marées"
39:37 et Brigitte Fossel, "Château des Oliviers",
39:39 tout ça. Ça a été une période magnifique.
39:41 Plein d'acteurs travaillaient tous les étés.
39:43 C'était bien. - Oui, parce qu'à l'époque,
39:45 la télévision découvrait qu'à l'été,
39:47 il y a des téléspectateurs et
39:49 investit dans les sagas. - Oui, c'est ça.
39:51 Ça a été une très très belle époque, ça.
39:53 - Alors, la "Saga de l'été",
39:55 "Les Grandes Marées", pour celles et ceux qui ne s'en souviennent pas,
39:57 vous aviez un mari pris en otage
39:59 au Nicaragua et vous alliez vous battre
40:01 pour le libérer. - Oui.
40:03 Il y avait, Jacques, une distribution incroyable.
40:05 Moi, j'étais mariée à Bernard Lecoq,
40:07 qui se faisait donc enlever.
40:09 J'avais pour amant
40:11 Jean-Pierre Bouvier qui était au Quai d'Orsay.
40:13 Il y avait Patachou,
40:15 Jean-Marc Thibault, Pierre Vanec,
40:17 des acteurs magnifiques,
40:21 magnifiques, distribution incroyable.
40:23 - Mais c'était une époque privilégiée
40:25 de la télévision. On découvrait ce genre.
40:27 - Oui. Je suis d'accord avec vous.
40:29 C'est une époque privilégiée.
40:31 - Alors, cette série a été tournée, je crois,
40:33 à La Rochelle, sur l'île de Ré,
40:35 et à Foura, juste en face
40:37 de Fort Boyard qui débutait. - Exactement.
40:39 Et moi, je discutais avec les producteurs
40:41 de Fort Boyard, que c'est pourvu que ça marche.
40:43 - Oui.
40:45 Et vous vous rendez compte qu'à l'époque, Foura
40:47 faisait vivoter, mais aujourd'hui,
40:49 35% du chiffre d'affaires
40:51 de la ville, de la station Balnéaire,
40:53 c'est les produits d'Éryth de Fort Boyard.
40:55 - C'est comme 7 avec DNA, c'est pareil.
40:57 - Exactement.
40:59 Mais ce genre de tournage,
41:01 c'est quand même beaucoup de travail, de plus en plus vite,
41:03 parce que les Grandes Marées, on avait le temps.
41:05 La nouvelle série, ça va plus vite ?
41:07 - Les Grandes Marées, on avait l'impression
41:09 qu'on tournait un film, Jacques.
41:11 On restait 6 mois.
41:13 Moi, quand j'ai tourné dans DNA, que j'ai adoré faire,
41:15 j'ai eu 6 metteurs en scène
41:17 différents en 3 semaines,
41:19 avec des plateaux tournants.
41:21 Ça n'a rien à voir. Si on ne sait pas son texte,
41:23 on est mort, tellement ça va vite.
41:25 - Et tout cela,
41:27 je te le donnerais, ça aussi, ça a été un rythme...
41:29 - Non, un rythme posé.
41:31 Posé, très bien dirigé,
41:33 des lectures
41:35 avant de tourner une scène,
41:37 un travail autour de la table,
41:39 très agréable.
41:41 - Mais en même temps, on dit toujours
41:43 qu'un film, c'est un scénario, un scénario, un scénario.
41:45 Vous l'avez constaté depuis des décennies.
41:47 - Oui,
41:49 et puis il faut aussi de la chance.
41:51 Parfois, il y a un bon scénar, des bons acteurs,
41:53 et puis ça ne prend pas.
41:55 Ce n'est pas qu'un bon scénar,
41:57 il faut qu'il y ait une magie, je pense.
41:59 - Mais dans cette série,
42:01 tout cela, je te le donnerais, il y a une magie, il y a quelque chose qui se passe
42:03 parce que justement, il y a
42:05 ces rebondissements policiers.
42:07 - Et il y a une tenue, il y a un style.
42:09 Et ça,
42:11 ça fait du bien.
42:13 Ce n'est pas encore des histoires,
42:15 je n'ai rien contre, moi je fais tout ce qu'on me demande
42:17 quand je peux le faire, quand je me sens apte à le faire.
42:19 Mais là, c'est original.
42:21 C'est un Agatha Christie.
42:23 Voilà.
42:25 - Et effectivement, vous, vous avez toujours été à l'aise aussi bien dans les films humoristiques
42:27 que dans les séries policières.
42:29 - J'ai cette chance. À l'aise.
42:31 J'aime en tout cas.
42:33 - Et comment on fait pour justement, passer d'un style
42:35 à l'autre sans le moindre problème, Nicole Calfon ?
42:37 Parce que ce n'est pas si simple que ça, il y a des comédiennes qui n'y arrivent pas.
42:41 - Ben moi, ça ne me pose pas de problème.
42:43 Mes vraies difficultés
42:45 sont au théâtre.
42:47 C'est plus compliqué pour moi
42:49 parce que je suis sur le trac, la peur, etc.
42:51 Mais quand je suis devant une caméra,
42:53 je suis comme un poisson dans l'eau.
42:55 Je suis... J'ai des facilités.
42:57 J'ai des facilités.
42:59 Vous voyez ce que je veux dire ?
43:01 Par exemple, j'ai plein de camarades
43:03 qui sont des très grandes actrices,
43:05 qui ont du mal à lire. Moi, je lis très facilement.
43:07 Je n'écorche pas les mots.
43:09 C'est des facilités.
43:11 C'est comme ça.
43:13 - En même temps, il faut tenir le rythme à chaque fois,
43:15 c'est un gros travail, une série de six épisodes tournée comme ça.
43:17 - Oui, mais Jacques,
43:19 on est dans des bons hôtels.
43:21 On est chouchoutés.
43:23 On vient nous chercher en voiture.
43:25 On nous demande toute la journée si on veut un thé avec du miel,
43:27 du citron ou un chocolat chaud.
43:29 On a trois personnes qui s'occupent de vous.
43:31 Le soir, on se fait des room service,
43:33 on regarde la télé. Ça va.
43:35 Ça va.
43:37 - Et quel est le secret de votre jeunesse éternelle,
43:39 Nicole Calfant ? Parce que ça,
43:41 tout le monde ne l'a pas.
43:43 - Parce que je suis connectée, je crois.
43:45 Je suis assez spiritualisée.
43:47 Et que j'essaie de pas faire
43:49 de mal aux gens. Peut-être qu'on
43:51 me renvoie une lumière, là-haut, je sais pas.
43:53 - Et puis, cette série,
43:55 tout cela, je te donnerais, il y a une pléiade de
43:57 comédiennes de la nouvelle génération.
43:59 Vous en avez parfaitement avec eux.
44:01 - J'étais la plus âgée, cette fois-ci.
44:03 Ça y est, je commence à être la plus vieille sur tout ce que je fais.
44:05 Alors ça, c'est drôle.
44:07 Ça m'interpelle. Vraiment, ça m'interpelle.
44:09 Mais bon.
44:11 - Mais en même temps...
44:13 - Mais en même temps, ils sont contents de me rencontrer.
44:15 - Ils vous connaissent ? - Ils me connaissent.
44:17 Ils sont fiers. Et moi, je les materne.
44:19 Donc tout va bien. - Et cette nouvelle génération,
44:21 est-ce qu'elle travaille comme vous ? Est-ce que c'est différent,
44:23 Nicole Calfant ? - Ça dépend.
44:25 Ça dépend où on est sur des séries qui vont
44:27 tellement vite comme "Demain nous appartient".
44:29 - "Nous appartient".
44:31 - J'ai vu plein de petits jeunes
44:33 qui m'exaspéraient un peu parce qu'ils
44:35 travaillaient pas. Et puis, ils disaient
44:37 "Je suis crevée, je suis crevée".
44:39 Ils avaient 16 ans, quoi.
44:41 Mais là, dans une série
44:43 comme ça,
44:45 où on prend le temps,
44:47 là, il faut vraiment
44:49 être professionnel. On peut pas se permettre
44:51 de... Voilà. C'est pas le même
44:53 format, non plus. - Non plus.
44:55 Mais en même temps, il faut tenir le rythme,
44:57 parce que tenir six soirs de suite,
44:59 ça passe d'ailleurs en trois fois, je crois, à la télévision,
45:01 c'est pas évident. Il faut tenir le rythme
45:03 de l'histoire. - Ça, c'est l'écriture.
45:05 C'est l'écriture que nous, nous servons
45:07 le mieux possible. Mais l'écriture est
45:09 très très bien. - Et quand vous lisez ce scénario,
45:11 vous avez envie de faire un scénario,
45:13 pas tout de suite ou pas du tout ? Vous le savez tout de suite ?
45:15 - De le tourner ou pas ?
45:17 - Oui, oui. - Ah oui, oui. Mais moi, d'abord,
45:19 je lis que mon rôle.
45:21 - Oui.
45:23 - Personne n'osera vous le dire, ça.
45:25 - Non, non. - Mais moi, je m'en moque.
45:27 Je regarde. Ah oui, oui,
45:29 elle est là souvent. Oh, c'est bien, elle est là
45:31 beaucoup. Oh, oui. Ah, c'est bien.
45:33 Puis elle est là à la fin.
45:35 Donc, je vois l'étendue du personnage.
45:37 Et après, je lis tout.
45:39 - Et vous êtes
45:41 surprise par le scénario, quelquefois ? Vous avez besoin
45:43 d'être surprise ? - Ah oui. Ou j'aime pas du tout
45:45 et je le fais pas. Ou je suis
45:47 agréablement surprise. - Et cette série,
45:49 cette saga, tout cela, je te le donnerais, quand on
45:51 commence le premier épisode, on est obligé d'aller jusqu'au bout.
45:53 - Oui, je crois. En tout cas, c'est
45:55 ce que les gens vont ressentir.
45:57 Vous allez voir. - Je le
45:59 pense aussi. Et l'avenir, maintenant,
46:01 Nicole Calfant ? - Ben, je peux pas trop en parler
46:03 parce que c'est secret, mais ça va être du théâtre.
46:05 - Mais donc, pas de question
46:07 de songer à une retraite ou de... - Non.
46:09 Ben non, moi, je suis comme vous. Je m'ennuie
46:11 si je travaille pas. Je me mors fond.
46:13 Et je suis fatiguée
46:15 si je travaille pas. - Vous avez des envies,
46:17 des nouvelles envies de nouveaux personnages, d'autres choses ?
46:19 - Oui, oui, ça vient à moi. Mais il y a
46:21 une chose que vous n'avez pas évoquée,
46:23 en revanche, et qui m'a quittée,
46:25 c'est l'écriture. - J'allais en parler, justement.
46:27 - Parce qu'on en avait beaucoup parlé, tous les deux.
46:29 - Vous avez fait plusieurs livres. - 13.
46:31 - Et j'attends le prochain. - Mais je crois
46:33 qu'il viendra pas. - Pourquoi ?
46:35 - Je crois que j'ai fait le tour, et...
46:37 C'est pas prétentieux, c'est que je serai toujours une actrice
46:41 qui a écrit, je serai jamais un auteur.
46:43 Mais...
46:45 On m'a proposé de faire une biographie. Je vais pas faire
46:47 une biographie sur moi, j'ai déjà tout raconté.
46:49 Yann Delon, Belmondo,
46:51 ou des choses que j'ai inventées.
46:53 J'ai écrit 13 romans,
46:55 j'en suis très fière. Pour le moment, ça m'a
46:57 quittée. - Vous avez pas envie de continuer
46:59 à faire autre chose, d'écrire des scénarios ?
47:01 - Je suis devenue un peu paresseuse.
47:03 - C'est la preuve, vous n'arrêtez pas
47:05 de tourner.
47:07 - Pour l'écriture, je suis devenue un peu paresseuse.
47:09 C'est un tel travail de solitaire,
47:11 et j'ai plus envie
47:13 d'être entourée. - Et donc,
47:15 cette saga vous permet d'être entourée, et on la
47:17 découvrira, je pense, avec passion
47:19 sur France 2, à partir
47:21 du 7 février.
47:23 Et je suis convaincu
47:25 encore que vous avez de nouveaux personnages à créer.
47:27 - Merci, j'espère aussi.
47:29 - Vous en êtes convaincue aussi ? - Oui, oui, oui.
47:31 - Et donc, la prochaine fois, ce sera le théâtre ?
47:33 - Je pense. - Eh bien, on vous
47:35 retrouvera dans les Clés de Lune vives pour en parler. - Avec joie.
47:37 - Avec bonheur. Merci Nicole Calfant.
47:39 Je rappelle que tout cela, je te donnerai,
47:41 c'est une suite de 6 téléfilms
47:43 qu'on va voir sur France 2, à partir du
47:45 7 février, qu'on ne manquera sous aucun
47:47 prétexte, parce que quand on voit le premier épisode,
47:49 impossible de lâcher jusqu'à la fin.
47:51 - J'en suis ravie. Merci Jacques. - Merci
47:53 Nicole Calfant. Les Clés de Lune vives, c'est terminé pour
47:55 On se retrouve bientôt, restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.
47:58 [SILENCE]

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