Emma Daumas : "Depuis 20 ans je réadapte "Tu seras" en fonction de mes influences"

  • il y a 6 mois
Jacques Pessis reçoit Emma Daumas : vingt ans après la sortie de son premier succès, « Tu seras », elle reprend cette chanson dans une nouvelle version. L’occasion pour elle de raconter un parcours atypique.

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-03-06##

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Transcript
00:00 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03 Les clés d'une vie, celles de mon invité,
00:05 une chanson n'a pas tous les jours 20 ans,
00:08 vous célébrez ce mois-ci les deux décennies de Tu seras,
00:11 depuis sa création vous êtes devenue celle que vous rêviez d'être,
00:14 une femme qui grâce à sa voix a tracé une route résolument personnelle, son chemin.
00:19 Bonjour Emma Dommas.
00:20 Bonjour Jacques.
00:21 Alors on vous retrouve, je précise que vous étiez venue tout au début des Clés d'une vie,
00:24 c'est le numéro 23 et on est au 1291.
00:27 Vous avez bien grandi vous aussi.
00:28 Mais vous aussi et on va donc évoquer Tu seras donc dont vous célébrez les 20 ans,
00:34 ça sera notre quatrième séquence et j'ai encore trouvé des choses inédites sur vous
00:38 pour raconter votre parcours et on va l'évoquer à travers les dates clés.
00:41 Alors la première date que j'ai trouvée c'est le 30 mai 2004,
00:45 un concert assez particulier aux arènes de Palavas-les-Flots,
00:48 je ne sais pas si vous en souvenez.
00:49 C'est un des premiers concerts et le journal télévisé du Languedoc-Roussillon
00:54 s'est déplacé pour l'événement.
00:55 C'était un des premiers concerts de ma tournée avec mon premier album,
00:58 Le Sceau de l'Ange.
01:00 Effectivement, alors le 30 mai c'était juste après,
01:03 en fait le tout premier concert était au Bataclan à Paris.
01:05 C'était incroyable d'ailleurs de commencer la tournée comme ça.
01:08 Et là je partais en tournée,
01:10 alors j'avais vécu déjà une première tournée avec l'Astara Academy,
01:13 nous avions effectué 97 dates en quatre mois.
01:16 Vous vous imaginez le tourbillon, la lessiveuse dans laquelle nous étions à l'époque.
01:21 Et puis en fait il fallait transformer cet essai quand on sortait de l'Astara,
01:25 et c'est toujours le cas d'ailleurs,
01:26 puisqu'on est connu en tant qu'interprète
01:28 et pour servir le drapeau d'une émission de télévision.
01:32 Mais après il faut construire une carrière personnelle, solo.
01:34 Et j'ai eu la chance de pouvoir signer dans une belle maison de disques
01:37 et de sortir un premier disque qui m'a amenée sur ma première tournée effectivement.
01:41 Et ce qui est rare au journal télévisé du Languedoc-Roussillon,
01:43 c'est que l'habitude n'est pas juste l'info et l'image.
01:45 Là ils ont passé un clip, celui de cette chanson.
01:48 Tu seras mon futur à présent,
01:54 mon chemin passe au vent,
01:57 mon pur à tous les temps.
01:59 Première version de "Tu seras", premier album.
02:02 Alors votre venue était un événement,
02:03 parce qu'il y avait un monde fou à Palavas-les-Faux
02:05 et vous étiez un peu chez vous dans le midi.
02:07 Oui, un petit peu, c'est vrai que Palavas, j'y suis passée en vacances dans ma jeunesse.
02:12 Et vous savez qu'elle porte aujourd'hui le nom de "El Cordobes",
02:16 les arènes de Palavas-les-Faux, parce qu'il a souvent passé dans ces arènes.
02:20 Et il a 89 ans, il est en pleine forme, il vit tranquillement en Espagne,
02:23 loin des caméras et loin des taureaux et des tauréats d'or.
02:26 Vous m'apprenez quelque chose.
02:27 Alors finalement, vos racines, c'est le midi, c'est Avignon,
02:31 et vous ne les avez jamais vraiment oubliées, Emma Dommas.
02:34 Non, et puis je ne les ai pas longtemps quittées non plus.
02:37 Je suis venue une petite dizaine d'années sur Paris,
02:39 et puis dès que j'ai fait un petit peu mon trou,
02:42 je suis repartie sur mes terres provinciales.
02:46 Alors je suis plutôt du côté du Gard, moi,
02:48 c'est vrai que j'ai fait ma scolarité, mes études à Avignon,
02:52 mais je suis du côté de Villeneuve-les-Avignons,
02:54 un petit village qui colle très très bien à mes besoins,
02:59 à la fois d'avoir évidemment une petite vie de village,
03:02 une animation, des rencontres, des gens, une activité,
03:05 mais aussi dès qu'on sort des portes du village, c'est la nature,
03:08 c'est la pleine campagne, et c'est vrai que ça, ça me ressource beaucoup.
03:12 Et là, vous n'êtes pas la chanteuse, mais la femme qui vit sa propre existence
03:15 avec ses enfants.
03:17 Tout à fait.
03:19 On peut dire qu'il y a vraiment deux côtés de face à ma personnalité,
03:23 même plus, je pense qu'on a tous des personnalités multiples,
03:26 mais en tout cas, moi, j'ai cette espèce de double vie entre la vie d'artiste,
03:31 celle que j'essaye de mener à la fois sur Paris quand je viens ici,
03:36 et puis à la fois aussi chez moi, dans mon petit atelier,
03:39 mon petit espace de création, et puis la vie de maman,
03:42 qui est aussi une vie très dynamique, active et épanouissante.
03:46 Exactement. Alors, il se trouve qu'on revient à vos débuts à Avignon.
03:49 Vous chantez et Avignon, c'est la ville qui a permis à Michel Thor
03:52 et à Mireille Mathieu de débuter.
03:54 Mais ce qu'on ne sait pas, c'est que Michel Thor a gagné un concours
03:58 avec une chanson d'Édith Piaf.
03:59 Le concours, c'était "On chante dans mon quartier"
04:01 et que Mireille Mathieu a fini seulement à la seconde classe.
04:05 Ce qui ne lui a pas empêché de faire carrière.
04:07 Une très, très belle carrière.
04:08 Alors, votre premier répertoire est très différent de "Tu seras"
04:10 et de tout ce qu'on a entendu.
04:12 Vous avez appris ce métier avec cette comédie musicale.
04:17 * Extrait musical *
04:25 "Garou" à l'Entrelac de Paris, ça vous a marqué ?
04:27 La chanson "Vivre", c'est une des premières chansons
04:30 que je reprenais en concours de chant.
04:32 Parce que c'est vrai que dans ma région, à mon époque,
04:34 il y avait très peu de possibilités de monter sur scène
04:38 et de tester ses capacités et de rencontrer le public.
04:41 Et c'est vrai que j'ai commencé assez jeune à me produire
04:44 sur les scènes des petits concours ou des balles.
04:47 Un peu plus tard, j'ai été repérée dans les premières parties d'artistes.
04:51 Et oui, c'est là qu'on testait un petit peu notre voix,
04:55 nos capacités face à un jury et face à un public.
04:58 Et je crois que c'est d'ailleurs ces concours de chant
05:02 qui ont fait que mes parents ont pris un petit peu la mesure
05:05 de ce que cette passion allait devenir dans ma vie,
05:08 puisque effectivement, ça touchait les gens.
05:11 Ils voyaient la réaction du jury, des professionnels et du public
05:15 qui me validaient quelque part.
05:17 Et donc c'est grâce à ces concours que mes parents m'ont dit
05:19 "Bon, d'accord, on est d'accord pour des cours de chant,
05:22 on va t'accompagner dans cette envie que tu as."
05:25 Alors vos parents étaient mélomanes,
05:27 mais ça ne les a pas empêchés de croire en vous tout de suite.
05:29 Parce qu'en général, les parents ne sont pas tout à fait
05:32 pour que leurs enfants fassent ce métier-là.
05:33 - Il y avait quand même la carotte, passe ton bac d'abord,
05:37 comme beaucoup de parents.
05:39 Mais je pense qu'ils ont eu raison,
05:40 de toute façon, je n'étais pas assez mûre avant
05:42 pour quitter le nid et faire mes expériences.
05:47 Donc j'ai passé mon bac, effectivement,
05:49 après avoir quand même passé quelques années,
05:53 comme je vous dis, entre les balles, les karaokés,
05:56 les concours de chant et les premières parties,
05:59 à aigrener un peu ce parcours.
06:01 Et puis progressivement, évidemment,
06:02 j'ai été appelée par la capitale
06:04 et par passé des castings sur Paris.
06:07 - Voilà, j'en reviens quand même au cours de chant.
06:09 Je crois que le professeur s'appelait Pascal Fallet.
06:11 - Mon premier professeur, oui.
06:12 - Et ils vous ont fait découvrir Notre-Dame de Paris.
06:14 Il y a une chose qu'on ne sait pas sur Notre-Dame de Paris,
06:16 c'est qu'un jour, Louis de Plamondon arrive chez Richard Cochian,
06:19 tu lui dis "écoute, j'ai une idée, c'est Notre-Dame de Paris.
06:22 On devrait faire ça en comédie musicale."
06:24 Cochian dit "on n'y arrivera jamais, c'est impensable, ça ne marche pas."
06:27 Et puis, quelle mélodie on pourrait prendre ?
06:29 Et puis il ouvre un tiroir et il trouve une mélodie,
06:31 il ne savait pas quoi en faire.
06:32 Et les paroles sont écrites "c'est belle".
06:34 - "C'est belle". - C'est comme ça que c'est né.
06:36 Et à l'époque, ils l'ont écrit et personne n'en voulait de Notre-Dame de Paris.
06:39 Tous les producteurs les ont jetées.
06:40 - Incroyable. Je me souviens d'ailleurs qu'au départ,
06:43 c'était Noah qui était pressenti pour chanter.
06:46 J'avais d'ailleurs ce premier single chanté par Noah.
06:50 Est-ce que c'était la chanson "Vivre" ?
06:51 "Vivre pour celui qu'on aime, aimer plus que l'amour même."
06:57 C'était un single qu'on avait à la maison, qu'on écoutait
07:00 et on adorait cette chanson.
07:02 - Alors, il y a eu Star Academy, il y a eu Graines de Star,
07:05 et Star Academy, vous l'avez vraiment vécu jusqu'à la demi-finale.
07:08 Qu'est-ce qu'on ressent ? Est-ce que vous avez encore le souvenir
07:10 de tout ce que vous avez vécu pendant ces semaines-là, Emma Domas ?
07:13 - C'est marrant parce que c'est des souvenirs qui sont assez flous.
07:19 Je travaille encore à essayer de revenir dans mes sensations,
07:23 dans mon sens oriel, plus que dans mes souvenirs,
07:25 parce qu'en fait, le cerveau a une capacité limitée, tout simplement.
07:29 Et on a emmagasiné tellement de choses, semaine après semaine,
07:33 que ce soit des cours, que ce soit des rencontres,
07:35 que ce soit des situations complètement inconnues pour nous à l'époque,
07:40 que c'est vrai que j'ai plus beaucoup de réels souvenirs.
07:46 Par contre, ça me revient par flash sensoriel parfois.
07:51 - C'est curieux parce qu'en plus, vous avez une caractéristique
07:53 à l'inverse de beaucoup d'autres, les professeurs ne vous ont jamais nommé.
07:57 - C'est vrai, mais à la fois, ça a été magnifique
08:01 et j'étais encore une fois validée par la profession,
08:04 donc c'était très valorisant pour moi.
08:07 Et en même temps, j'ai été éliminée en demi-finale par le public.
08:12 Et sans m'en rendre compte, pendant un moment, ça m'a déstabilisée énormément
08:16 parce qu'être validée par le corps professoral, mais non par le public,
08:22 quelque part, ça a créé un petit complexe chez moi.
08:24 - Vous pensiez gagner l'Académie à cette époque-là ?
08:27 - Je n'avais pas du tout de projection si j'allais la gagner ou pas.
08:31 Moi, je n'avais pas du tout l'esprit de compétition,
08:34 donc je ne me suis pas, si on dit,
08:37 j'ai pas été élevée dans un esprit sportif ou compétitif.
08:40 Donc je ne me suis pas fait de plan sur cette comète-là.
08:43 Par contre, je sais que j'étais extrêmement éprouvée et épuisée
08:48 à la fin de mon expérience et que je me disais que si jamais je gagnais,
08:52 je devais encore convoquer encore plus d'énergie
08:55 et je me sentais déjà au-delà de mes limites.
08:58 Et quand ça s'est arrêté, c'est vrai que j'ai eu quand même un soulagement,
09:02 que cette pression s'en aille.
09:05 - Et vous aviez vécu cela, comme le dit votre chanson, au jour le jour.
09:08 Je vis au jour le jour, je tiens pas compte du monde autour.
09:14 Je construis ma vie, toujours petit à petit.
09:18 Là aussi, c'est un beau souvenir, chanson, auteur, compositeur.
09:22 On vous a laissé faire ce qui est quand même assez particulier après l'Astarak.
09:24 - Ah oui, c'est vrai que j'étais extrêmement reconnaissante de la Maison de Disque
09:30 de me laisser les manettes sur quelques titres,
09:33 parce que moi, c'est vrai que c'était aussi une question en allant faire l'Astarak
09:37 et donc en étant connue en tant qu'interprète,
09:39 c'est comment est-ce que j'allais me faire connaître en tant qu'auteur-compositeur,
09:42 ce qui était vraiment ma voix depuis très longtemps,
09:45 puisque j'écris mes chansons depuis l'âge de 12 ans.
09:47 Et je ne savais pas encore comment l'affirmer.
09:51 Et c'est vrai que la Maison de Disque m'a laissé écrire ce premier single,
09:54 ce qui a été un premier pas à l'étrier, on va dire.
09:57 Bon, après, j'ai aussi "Tu seras", je n'ai pas écrit "Tu seras"
10:01 et c'est vrai qu'il y a beaucoup d'auteurs-compositeurs qui ont travaillé pour moi aussi
10:04 pendant l'ère universelle, on y reviendra sans doute.
10:08 Mais il m'a mis du temps, il m'a fallu du temps pour affirmer ma patte d'auteur.
10:12 - Oui, en même temps, est-ce que vous n'avez pas le sentiment d'être arrivée
10:14 au moment où Star Academy, c'était la deuxième saison, était encore un grand événement,
10:18 ce qui n'est plus le cas aujourd'hui ?
10:20 - Ah, ce qui est redevenu le cas, je trouve, cette année quand même.
10:22 - Mais ça n'a pas été le cas pendant longtemps ?
10:24 - Non, c'est vrai que ça a perdu de son aura, après certaines...
10:29 Mais c'est normal, ça a perdu de sa fraîcheur.
10:32 Et puis après, ils ont carrément arrêté.
10:34 Je trouve que c'était bien aussi qu'il y ait une pause.
10:37 On ne s'attendait pas trop, on ne savait pas trop à quoi s'attendre avec ce retour.
10:40 Et je trouve que plus cette année d'ailleurs, c'est une réussite,
10:45 il y a eu particulièrement quelque chose qui s'est passé cette année.
10:48 Et je trouve que oui, alors nous, ce qu'on a vécu...
10:50 Mais pour le coup, je pense que cette Starac là, le cru 2023-2024,
10:57 c'est un peu le miroir de ce qui s'est passé pour nous en 2002, 2002-2003.
11:02 Parce que nous, on était la deuxième saison, eux, ils sont la deuxième saison après la reprise.
11:06 Donc les premiers ont un peu essuyé les plâtres.
11:09 Et les seconds arrivent comme ça.
11:10 Et puis, il y a eu un super casting, un super groupe, des vraies personnalités.
11:15 Et ça a marché, ça a marché.
11:18 On est dépassé par ce succès.
11:19 On ne s'attend pas à tout ça, évidemment.
11:22 En tout cas, vous avez gardé le sourire et ce sourire, vous l'avez manifesté un autre soir,
11:26 le 7 février 2009.
11:28 On en parle dans quelques instants avec Emma Domas sur Sud Radio.
11:31 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
11:35 Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Emma Domas.
11:38 On fête les 20 ans d'une chanson, tu seras, et vous êtes devenue.
11:42 On a évoqué vos débuts à la Star Academy, brillants, vos débuts dans la chanson à Avignon.
11:46 Et si je parle du 7 février 2009, c'est lié à une émission de télévision.
11:50 Le plus grand camarade du monde.
12:00 C'était étonnant parce que Patrick Sébastien dit "je n'aime pas les chanteuses de Star Academy"
12:04 et il vous a adoré.
12:06 Vous vous en souvenez ?
12:08 C'est vrai que j'ai eu un très bon contact avec Patrick Sébastien.
12:12 Que j'explique sans doute parce que je pense qu'en fait on est fait un peu du même bois.
12:19 C'est à dire que c'est quelqu'un qui aime les choses vraies, qui aime les vrais gens,
12:24 qui aime les paillettes pour ce qu'elles ont de rêve à apporter,
12:30 mais pas pour ce qu'elles ont à masquer de personnalité.
12:33 Je pense que c'est quelqu'un qui a mené une carrière pour moi assez droite,
12:39 toujours bien dans ses baskets, authentique.
12:44 Et je pense que c'est peut-être pour ça qu'il y a eu une connivence.
12:49 Il vous a appelé le soleil, vous étiez le soleil de la soirée, je ne sais pas si vous vous en souvenez.
12:53 Il a vu votre fan et il a vraiment dit "vous êtes ici chez vous, il y avait quelque chose qui s'est passé".
13:00 Vraiment ?
13:01 Oui, je pense et puis c'était un moment...
13:05 Je ne sais pas, qu'est-ce que je venais de défendre ?
13:07 Vous venez défendre votre résidence à Belleville, votre tournée et le zèbre de Belleville.
13:13 Oui, effectivement, c'était un album très lumineux aussi que j'étais en train de défendre,
13:18 "Le chemin de la maison", mon troisième album,
13:20 avec une chanson "Chui conne" que m'a écrite Mickey3D, vraiment sur le ton de l'autodérision.
13:28 C'est une chanson aussi qui m'a aidée justement à montrer une autre facette de ma personnalité,
13:37 un petit peu décontractée, décomplexée.
13:42 Cette autodérision-là m'a aidée un peu à redescendre moi aussi.
13:46 C'est un moment de ma vie où j'étais très très bien.
13:48 Voilà, "Je suis conne", on va l'écouter.
13:50 Je suis conne, mais pas toute la journée.
13:58 Je suis conne, mais j'essaye de me soigner.
14:05 Ça a dû surprendre beaucoup de gens cette chanson, Emma Dommas.
14:07 Oui, elle a beaucoup surpris, d'ailleurs je pense un peu trop,
14:10 parce que les radios n'en ont absolument pas voulu.
14:14 C'est eux qui sont au contre-parlement.
14:15 Je suis d'accord avec vous.
14:18 Et pourtant, je pense que vraiment, c'est une excellente chanson
14:22 qui traînait dans un tiroir de Mickey 3D.
14:28 Et un jour, je suis allée le frapper à sa porte en lui disant
14:31 "J'aimerais beaucoup qu'on travaille ensemble".
14:34 Mon éditeur est allé le voir et il dit "Ah non, mais j'ai bien une chanson là,
14:39 mais franchement, jamais aucune chanteuse ne voudra chanter ça".
14:43 "Ah bon, tu crois ? Vas-y".
14:46 J'ai été super cap.
14:48 Et oui, ça a été le départ d'une belle collaboration,
14:51 puisqu'on a travaillé sur trois autres chansons de l'album "Le chemin de la maison".
14:55 J'ai adoré travailler avec Michael Furnan.
14:57 Il se trouve que vous êtes donc passée au "Zèbre de Belleville".
15:00 Est-ce que vous savez pourquoi ça s'appelle "Le zèbre de Belleville" ?
15:02 Pas du tout.
15:02 Au départ, c'était un cinéma et quand la propriétaire l'a repris,
15:06 le dernier film qui est sorti, c'était "Drôle de zèbre" de Guy Lux,
15:09 le seul film de Guy Lux.
15:10 Et c'est parce qu'il y a eu ce film qu'elle a appelé ça "Le zèbre".
15:14 Quand on voit les artistes qui s'y produisent aujourd'hui
15:16 et que c'est Guy Lux le maître, c'est assez particulier.
15:20 Alors, dans cette émission, vous présentiez une troupe russe,
15:22 je ne sais pas si vous vous en souvenez, avec des échasses et sans échasses.
15:26 Non, malheureusement, je ne me souviens plus de ça.
15:28 Et il y avait Daniel Prévost en face de vous,
15:30 qui était aussi fasciné par vous, alors que c'est un personnage assez particulier.
15:35 Je ne sais pas, je n'ai pas eu de contact avec lui.
15:38 C'est un roi du canular, lui.
15:40 À une époque, à RTL, il faisait passer pour le chef du personnel
15:44 et le médecin de la station.
15:46 Il mettait une blouse blanche, il convoquait les stagiaires
15:49 et ils examinaient leur gorge avec un double décimètre
15:52 avant de danser le tango avec elle.
15:54 Bon, ça va, il n'aura pas le droit au "me too".
15:57 C'était très soft.
15:58 Alors, finalement, "Je suis conne", c'est vraiment un paradoxe
16:02 parce que vous avez eu à ce moment-là
16:04 l'intelligence de prendre votre carrière en main, Emma Dommas.
16:08 Alors, je ne sais pas si c'est de l'intelligence,
16:09 mais en tout cas, c'était un besoin, une nécessité.
16:12 Mais en fait, je pense que depuis le départ,
16:14 j'ai la nécessité de prendre les choses en main
16:16 parce que j'ai une nature très indépendante
16:19 et que j'étais un petit peu quand même,
16:23 je mets des guillemets, un peu en suffocation dans ce système
16:28 un peu trop cadré, un peu trop formaté de la télévision
16:32 et de l'industrie musicale avec les grosses majors.
16:35 Parce qu'effectivement, dans ce système-là,
16:38 quand quelque chose marche, par exemple,
16:40 on essaye de continuer dans cette veine,
16:43 de bien cadrer pour plaire à des médias, un public, etc.
16:49 Alors que moi, c'est vrai que mon leitmotiv a toujours été
16:52 l'exploration, le déploiement d'un univers musical.
16:56 Et pour se déployer, il faut tester des choses,
16:58 il faut expérimenter.
16:59 Et c'est vrai que ce troisième album a été vraiment une expérimentation
17:03 parce que j'arrivais de deux premiers albums,
17:05 un vraiment teen rock qui surfait sur une vague américaine
17:09 de musique américaine, un deuxième album rock,
17:12 plus rock à la française, mais bon, quand même,
17:14 voilà, avec des sonorités très rock.
17:17 Et sur ce troisième album, j'arrive avec quelque chose
17:20 de complètement différent entre la folk musique,
17:23 la chanson française, la kitchen music.
17:26 Et c'est vrai que beaucoup de gens n'ont pas compris,
17:30 mais pour moi, c'était tout simplement
17:35 comment aller raisonner avec d'autres,
17:38 faire résonner d'autres choses, me mettre en vibration
17:41 avec d'autres influences, avec d'autres musiques,
17:43 avec d'autres mots aussi, parce que j'ai travaillé
17:45 avec des auteurs très différents à ce moment là.
17:48 Et c'est vrai que je me rends compte aujourd'hui
17:50 que même si j'avais envie de faire tout toute seule
17:53 et que je n'ai pas fait tout toute seule,
17:55 heureusement que je l'ai pas fait déjà tout toute seule,
17:57 parce que ça aurait été moins bien.
17:59 J'étais pas assez mûre et j'étais trop jeune.
18:02 Et aussi, j'ai pu observer les gens travailler
18:04 et tous les gens avec qui j'ai travaillé m'ont transmis énormément.
18:08 J'ai eu la chance de travailler avec un auteur
18:09 comme Marcel Kanch, par exemple,
18:12 avec un compositeur comme Peter van Pol,
18:13 enfin, sur ce troisième album, c'est quand même des références
18:17 et des grands professionnels.
18:19 Et j'ai beaucoup appris à leur côté.
18:21 - Oui, en même temps, vous parlez de votre troisième album
18:23 et le second, il y avait déjà des indices
18:25 parce qu'il y avait un côté plus sombre que le premier,
18:27 notamment avec des chansons comme celle-ci.
18:29 * Extrait de « Mais regarde nous » de Maïdi Ross *
18:44 D'abord votre voix a pris une nouvelle dimension
18:46 et vos textes aussi avec cet album.
18:48 - Oui, cette chanson est une composition de Benoit Poher, de Kyo,
18:53 et un texte que j'ai co-écrit avec Maïdi Ross.
18:55 Maïdi qui m'a beaucoup, beaucoup accompagnée sur mes deux premiers albums.
18:58 * Extrait de « Mais regarde nous » de Maïdi Ross *
19:00 Et c'est vrai que, en fait,
19:04 sur ce que je vivais personnellement à ce moment-là,
19:06 c'était des choses beaucoup plus sombres.
19:09 J'avais commencé à connaître certains déboires de la célébrité,
19:15 en particulier les faux amis, par exemple.
19:17 - Ah, je l'ai remarqué !
19:19 - Les gens qui sont là un temps et puis qui vous tournent le dos
19:22 quand vous ne leur servez plus, par exemple.
19:26 J'avais commencé à me rendre compte
19:28 qu'il y avait des choses très superficielles dans mon entourage
19:33 et que moi, qui étais jeune et insouciante,
19:37 qui faisais beaucoup la fête et qui était...
19:39 En fait, tout n'était pas festif du tout.
19:42 Que je rentrais vraiment dans un âge adulte
19:44 et qu'il fallait que je commence à me responsabiliser.
19:47 Et je n'avais pas très envie de sortir de l'adolescence.
19:50 * Rires *
19:52 Et puis je voyais des choses autour de moi, effectivement.
19:56 Je vous parlais de ce système de l'industrie musicale autour de moi,
20:00 qui, pour une jeune fille de mon âge à l'époque, 22 ans,
20:05 n'était pas un milieu dans lequel il était très facile de naviguer.
20:11 - Oui, et effectivement, ça ne s'est pas arrangé depuis pour le monde du disque, je vous précise.
20:17 - Je n'y suis plus, donc je ne peux que le supputer.
20:21 - Voilà, vous l'avez échappé belle.
20:22 - Mais surtout, vous avez pris conscience que le côté petit chanteux blondinet en mini-jupe, c'était fini.
20:28 Ce n'était pas ça qui était intéressant.
20:29 - Voilà, moi je n'ai jamais eu envie de ça.
20:32 Après, j'ai eu la chance de faire aussi de très belles rencontres en maison de disque.
20:35 Et ça, vraiment, je le souligne.
20:37 Parce que j'ai eu une équipe autour de moi qui m'a...
20:40 Quand même un noyau dur qui m'a beaucoup protégée, qui m'a beaucoup aidée et valorisée.
20:44 Mais c'est vrai qu'on était confrontés.
20:47 La sphère médiatique est très difficile.
20:50 Les exigences sont très difficiles pour une jeune fille de 22 ans.
20:54 Ce que vous devez représenter, ce que vous devez dire, ce que vous devez ne pas faire.
20:58 Et puis, oui, c'était encore une fois un petit peu trop enfermant pour la flamme qui brûlait en moi.
21:08 Moi, j'avais vraiment besoin de m'exprimer, de m'épanouir en m'exprimant.
21:15 Et j'avais l'impression qu'il y avait une partie de moi qui était bridée à ce moment-là.
21:19 Je dirais que loin de la sphère, vous avez choisi de ne pas tourner en rond, justement.
21:23 Et vous avez fait bien d'autres choses.
21:25 Et on va évoquer d'autres choses avec une autre date, le 4 juillet 2019.
21:30 A tout de suite sur Sud Radio avec Emma Domas.
21:33 Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
21:36 Sud Radio, les clés d'une vie. Mon invité Emma Domas.
21:40 20 ans de Tu Seras. Vous êtes devenue d'abord dans la chanson, après la Star Academy.
21:45 Et on a vu effectivement votre envie d'aller ailleurs. Et vous êtes allée ailleurs.
21:49 Et la date du 4 juillet 2019 est importante.
21:52 Vous créez l'art des naufrages au Festival Hoff d'Avignon au Théâtre du Chêne Noir.
21:57 C'est quand même un événement. On ne vous attendait pas là-dedans.
22:00 Magnifique aventure qui m'a été dictée par les aléas de la vie.
22:04 Puisque, effectivement, je travaillais avec Daniel Molko, qui était une célèbre éditrice et productrice.
22:11 Depuis 2014, on était sur des projets d'albums, de tournées.
22:17 On était en train de remettre en route tout un système professionnel autour de moi.
22:21 Parce que j'avais fait une pause pour avoir ma fille.
22:25 Valentine.
22:27 Et donc, on reprenait un travail ensemble. On avait sorti un premier EP.
22:32 Un roman aussi, avec des éditions Scrineo.
22:37 Et puis, au moment où on devait rentrer en studio pour enregistrer cet album,
22:43 Daniel Molko est décédé très brutalement.
22:45 Et tous nos projets se sont évaporés avec elle.
22:48 Puisque sa structure a été affermée, etc.
22:51 Je ne vais pas rentrer dans les détails techniques.
22:53 Mais en tout cas, je me suis retrouvée presque du jour au lendemain,
22:56 sans plus aucune possibilité d'avancer sur mes projets, structurellement parlons.
23:01 Mais avec un répertoire et avec des chansons que je venais d'écrire.
23:05 Et notamment cette chanson qui s'appelait "L'art des naufrages".
23:07 J'étais en plus à l'époque en résidence d'écriture à la Cité internationale des arts de Paris.
23:12 J'étais super fière, parce que le dernier chanteur à y avoir été en résidence avant moi, c'était Serge Gainsbourg.
23:19 Sinon, c'est une institution qui accueille beaucoup d'artistes contemporains.
23:23 Et il se trouve que j'ai cette chanson qui s'appelle "L'art des naufrages",
23:27 qui parle de résilience, de balayer des tempêtes et de s'en relever plus fort.
23:32 Et je me dis que c'est le moment de se servir de ce leitmotiv pour en faire un nouveau projet.
23:39 Et donc j'embarque avec moi tous les gens que j'ai rencontrés,
23:43 des gens que j'ai rencontrés à la Cité des arts, des artistes, des auteurs, des plasticiens, etc.
23:48 Et on crée un spectacle, et le Chêne Noir nous accueille.
23:53 Et je crée par la même occasion une structure de production.
23:58 Donc à partir de ce moment-là, c'est un peu la révolution dans ma carrière.
24:02 C'est-à-dire que je cesse de dépendre des autres. Je deviens complètement indépendante.
24:07 Avec un spectacle où il y a de la musique, du théâtre et de la scénographie vidéo,
24:11 il y a un univers totalement différent de celui qui vous a fait naître.
24:14 Tout à fait, oui, aux antipodes.
24:16 Là, effectivement, on est sur la scène du Chêne Noir, qui est vraiment un lieu de théâtre.
24:24 On est sur une dramaturgie, un texte, une mise en scène.
24:29 Alors oui, certes, c'est un spectacle musical où je chante des chansons de mon répertoire,
24:34 mais on raconte une histoire, on s'adresse à ce public pour lui raconter un cheminement
24:39 et qu'on met en image avec une scénographie vidéo assez pointue par Justine Emard, qui est plasticienne.
24:47 Et voilà, effectivement, c'est quelque chose d'assez inattendu pour les gens,
24:52 mais pour moi qui résonne parce que ça met en...
24:58 C'est un système qui bout en moi depuis des années,
25:02 parce que, comme je vous le disais, je suis tellement curieuse et je suis un peu boulimique de créativité
25:08 que je me suis déjà produite dans des centres d'art contemporain, dans des performances assez hallucinantes.
25:13 - On va en parler, voilà.
25:15 - Voilà, donc j'avais écrit un roman, je m'étais déjà lancée un peu dans le narratif, etc.
25:19 Donc en fait, ça réunit un petit peu toutes les facettes de ces personnalités qu'on ne connaît pas de moi,
25:24 puisqu'on me connaît en tant que chanteuse.
25:26 Et là, je peux enfin les mettre au jour.
25:29 - Alors, il y a une des chansons de cet album, "L'art des naufrages", qui s'appelle "Les jeunes filles en fleurs".
25:34 * Extrait de "Les jeunes filles en fleurs" de Mélanie *
25:53 - Ça paraît banal, mais il y a des paroles, une mélodie et une voix.
25:56 C'est pas si fréquent finalement, Eva Dommas.
25:58 - Merci Jacques !
25:59 - Non mais c'est vrai !
26:00 - Mais en même temps, le public de Star Academy, ou ceux qui vous suivent, ont dû être surpris.
26:04 - Alors, le public qui me suit depuis toutes ces années est habitué, je crois,
26:09 à me découvrir toujours dans des nouveaux registres.
26:12 Depuis le début de ma carrière, je n'ai jamais fait deux fois le même album.
26:16 Mais il se trouve que j'ai trouvé quand même le fil conducteur entre tous ces disques.
26:21 Et vous me parliez de cette voix, et effectivement, il y a la voix VOIX, et puis la voix VOIE.
26:27 Et je crois qu'effectivement, mon fil, c'est un fil narratif.
26:30 Je parle de cette femme que je suis, qui était une jeune femme, qui est devenue une femme,
26:35 dans toutes ses questions existentielles, dans tout son rapport au monde.
26:40 Mon travail, je mets toujours un texte au centre, un message, quelque chose à partager,
26:46 qui fait sens avec les gens, et un décorum pop, parce que je trouve que la pop musique,
26:50 c'est ce qui se partage le mieux, on peut le chanter ensemble.
26:53 Et en plus, la pop est tellement large qu'on peut avoir plein d'influences.
26:56 On peut mettre des guitares rock, on peut mettre de la bossa nova,
26:59 on peut mettre n'importe quoi dans la pop, ça marche, on peut mettre des synthés,
27:03 on peut mettre tout ce qu'on veut.
27:04 Donc on peut changer effectivement de son, on peut changer de vibration,
27:08 mais en tout cas, la musique pop se partage avec les gens.
27:11 Et voilà, j'en ai fait effectivement mon graal, une chanson qui a un texte au centre,
27:16 un décorum pop et ma voix.
27:19 Et résultat, cet album a été couronné par le coup de coeur chanson francophone de l'année,
27:23 de l'Académie Charles Croix, dans le cadre des rencontres professionnelles
27:26 du Printival Bobby Lapointe.
27:28 Rien à voir avec le Bobby Lapointe, tout le temps !
27:31 Le Printival Bobby Lapointe, c'est un festival très très connu maintenant du réseau chanson.
27:37 Il y a encore des résistants, et le réseau chanson est encore très actif,
27:42 et il y a encore des jeunes chanteurs et auteurs, compositeurs de chansons françaises,
27:47 aujourd'hui, mais c'est vrai qu'ils sont moins représentés dans l'espace médiatique, malheureusement.
27:52 Ils font de la musique et pas des sons, en quelque sorte.
27:54 Voilà, il y a peu de prog, de programmation, quoi qu'ils s'y mettent, forcément,
27:59 par la force des choses, on est aussi influencés par notre époque.
28:02 Mais en tout cas, la chanson française n'est pas morte,
28:05 et elle se nourrit aussi de tout ce qui se passe,
28:08 elle s'est nourrie de rock à l'époque où le rock était mainstream,
28:12 maintenant elle s'est nourrie de la musique urbaine,
28:15 et tant mieux, c'est super, tout ça, évidemment, très en mouvement.
28:19 - Et Bobby Lapointe, vous le connaissiez, son répertoire ?
28:22 - Oh, un petit peu, oui.
28:23 - Vous savez que c'est un personnage extraordinaire,
28:25 il n'a eu aucun succès de son vivant, à part Joe Dassin qui lui a fait faire
28:28 une chanson saucisson qui a été au hit parade,
28:31 et il faisait des spectacles dans un cabaret,
28:34 "Le cheval d'or" à rue Mouffetard,
28:36 il arrivait un homme-grenouille sur scène,
28:38 personne ne le remarquait tellement on ne l'écoutait pas.
28:40 - Oh mince !
28:41 - Et aujourd'hui, il est culte, c'est extraordinaire.
28:43 Alors, il faut savoir que "L'art des naufrages",
28:45 je crois que vous l'avez joué seulement cinq fois à Avignon.
28:48 - C'est un spectacle, oui, on l'a joué cinq fois.
28:50 - C'est rare !
28:51 - Après, il y a eu le Covid.
28:52 Malheureusement, oui.
28:54 On a créé ce spectacle au mois de mai,
28:56 on l'a joué deux fois au mois de mai,
28:57 trois fois au mois de juillet.
28:59 Ensuite, comme j'étais enceinte pendant la création de ce spectacle,
29:01 j'ai accouché de mon deuxième enfant,
29:03 et au moment de repartir sur les routes, il y a eu le Covid.
29:06 - Voilà, ça a été...
29:08 C'est pas fini quand même ce spectacle, il n'est pas mort ?
29:10 - Il s'est transformé en fait, progressivement,
29:12 finalement, on en a fait un album, "L'art des naufrages",
29:15 et puis après, on est reparti sur scène,
29:17 avec un format concert plus classique,
29:20 et ce qui m'a permis aussi de retrouver mon public,
29:23 que je n'avais pas vu depuis longtemps.
29:25 - Est-ce que Avignon, c'est votre ville natale, juste à côté ?
29:28 Est-ce que le Festival d'Avignon, vous étiez une spectatrice dans vos jeunes années ?
29:31 - Alors, j'ai été une spectatrice, oui, oui.
29:33 Ma maman m'y emmenait beaucoup quand j'étais petite,
29:35 pour les spectacles jeunes publics.
29:37 Et après, à l'adolescence,
29:39 j'étais ce qu'on appelle "tracteur", "tracteuse",
29:43 puisque je distribuais les tracts,
29:45 je travaillais pour les compagnies,
29:47 c'est le petit boulot des jeunes Avignonnais, généralement.
29:50 Voilà, c'est comme ça qu'on se faisait 4 sous en été.
29:53 - Et vous qui aimez la peinture et l'art,
29:55 il ne faut pas oublier que le Festival d'Avignon est né, justement, en 1947,
29:59 quand on a demandé à Jean Villard, c'est René Char qui lui a dit
30:01 "J'ai une exposition de peinture et de poésie à Avignon,
30:05 je ne sais pas quoi mettre en plus, viens faire 3 jours de théâtre",
30:07 et c'est devenu Avignon, cette école.
30:09 Et finalement, justement, la peinture, l'art,
30:12 comment êtes-vous venue à faire des performances d'art contemporain
30:15 dans plein d'institutions, Emma Dommas ?
30:17 On ne vous attendait pas là-dessus non plus.
30:19 - Non, mais c'est des rencontres aussi, à la Cité Internationale,
30:23 et puis par mon compagnon qui est aussi artiste dans l'art contemporain,
30:27 où finalement j'ai été amenée à collaborer avec des gens
30:32 sur deux performances que j'ai trouvées très intéressantes,
30:36 qui m'ont nourrie aussi, qui m'ont aidée à déployer d'autres choses.
30:39 Une, c'était une performance de cabaret de Freak's Show,
30:43 où on se produisait avec un personnage extraordinaire
30:47 qui s'appelle Nicolas Groupeau, qui met son corps en scène,
30:51 un corps abîmé, torturé, qui le met,
30:55 il fait vibrer des guitares, il fait des sons de guitare,
30:59 et moi je chante par-dessus.
31:01 Et on a aussi ce spectacle, qui à la base était une bande-son
31:07 pour un projet qui s'appelle Sister Ship,
31:10 de l'artiste contemporain Maxime Rossi,
31:12 qui a beaucoup voyagé dans plein de centres d'art,
31:14 et là c'était soit sous forme de film, soit sous forme de performance,
31:18 et effectivement on a fini à l'Opéra de Massy quand même,
31:22 pour un grand spectacle, et c'était complètement fou,
31:26 ça prendrait vraiment des heures de vous parler de tout ça.
31:29 - Une performance finalement, le grand public ne sait pas ce que c'est, les Madomas.
31:32 - Oui, alors une performance, en fait on part d'une base, d'un cadre,
31:35 on se réunit autour d'une œuvre, autour d'un geste,
31:39 et on se dit "voilà, on va essayer des choses en public,
31:42 et on va voir comment ça réagit, et on se laisse la possibilité
31:46 de créer des choses avec le public au moment où ça se passe,
31:49 mais dans un cadre donné, évidemment, dans une œuvre donnée".
31:53 Et voilà, on s'est roulé dans des paillettes,
31:57 moi je faisais des sons improbables avec cette espèce de grand tuyau
32:02 j'ai oublié le nom, je chantais aussi dans des alcoves,
32:07 j'ai testé des sons de voix,
32:10 en fait c'est beaucoup d'impro,
32:13 et moi qui viens d'un cadre où il n'y a pas de place pour l'improvisation,
32:18 quand on fait des primes de Star Academy,
32:21 tout est millimétré, tout est très travaillé,
32:25 tout est très chiadé, tout est très sophistiqué,
32:27 et on a même peur de la faille,
32:30 on craint le moment où on va trébucher,
32:32 alors que là, c'est l'inverse exact qui se produit dans les centres d'art,
32:36 c'est justement "alors si on trébuche, qu'est-ce qu'on en fait ?"
32:39 J'ai trouvé ça extraordinaire,
32:42 ça a révolutionné ma façon de penser la musique,
32:45 et de penser ma prestation en scène.
32:47 - Et je me suis un petit peu renseigné,
32:48 le précurseur de ces performances du happening,
32:51 dans les interventions publiques, c'est Guta et Gu,
32:55 Guta pour instrument et Taille pour corps,
32:58 et c'est un mouvement, aux années 50,
33:00 sous l'impulsion du peintre Jiro Hoshihara.
33:03 C'était le premier à faire ce genre de choses en public,
33:06 et après, le monde a suivi.
33:07 C'est né au Japon.
33:08 - Je pense qu'il a eu le nez !
33:10 - Et puis il y a eu aussi à Avignon,
33:12 un autre spectacle, c'était La Nuit Enchantée.
33:14 C'était juste avant le Covid, en 2018.
33:18 - Alors ça a commencé juste avant le Covid,
33:20 et puis ça perdure aujourd'hui,
33:21 parce que c'est vrai qu'avec cette structure de production
33:23 dont je vous parlais, qu'il y a une association,
33:25 qui me permet aujourd'hui d'autoproduire mes œuvres,
33:27 on fait aussi de l'accompagnement pour des jeunes projets,
33:30 des artistes émergents,
33:31 et notamment on a créé cet événement
33:34 au cœur du Festival d'Avignon,
33:36 qui s'appelle La Nuit Enchantée,
33:37 et qui est une scène découverte
33:39 de la nouvelle chanson,
33:41 enfin voilà, de la chanson actuelle française.
33:43 Et on programme chaque année plusieurs artistes,
33:46 on organise tout un espace professionnel,
33:50 on fait venir tous les pros de la musique
33:51 qui sont présents pendant le festival,
33:53 et on leur présente la nouvelle scène,
33:55 et on donne de la musique à la nouvelle génération
33:57 d'auteurs-compositeurs français.
33:58 Et ça, ça me permet aussi d'être de l'autre côté
34:02 de la barrière, encore une fois,
34:04 de ne pas être celle qui est sur scène,
34:06 mais celle qui met des projets en valeur,
34:09 en lumière, etc.
34:11 Et donc je trouve que c'est pareil,
34:13 ça m'a énormément ouverte,
34:14 parce que c'est une autre vision aussi de ce métier-là,
34:18 et aujourd'hui j'ai l'impression d'avoir fait l'expérience
34:23 de 360, si vous voulez, de chaque côté,
34:26 je suis effectivement, vous le disiez en préambule,
34:29 aujourd'hui je suis chanteuse, autrice,
34:31 compositrice, productrice, programmatrice,
34:33 donc pour moi c'est des expériences
34:37 tellement enrichissantes qui me permettent
34:40 d'être beaucoup plus complète, entière,
34:42 et d'avoir une vision beaucoup plus globale de mon métier.
34:44 - Et en plus on ne s'ennuie pas quand on fait
34:46 plein de choses en même temps.
34:47 - Ah oui, ça c'est sûr !
34:48 Et qu'on est maman de deux enfants !
34:50 - En plus, au milieu de tout ça, un détail.
34:52 Autre date importante, très récente,
34:54 le 23 février 2024.
34:56 A tout de suite sur Sud Radio avec Emma Domas.
34:58 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
35:01 - Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Emma Domas,
35:04 on a évoqué votre parcours, votre carrière,
35:06 et effectivement il y a 20 ans, c'était Star Academy,
35:09 le premier album, deux ans après Star Academy,
35:12 et aujourd'hui, 20 ans après, vous faites
35:14 ce qu'on appelle un retour aux sources, Emma Domas.
35:17 - Oui, oula, pardon, on la refait.
35:21 Oui, alors je dirais plutôt un petit rituel de passage,
35:25 plutôt qu'un retour aux sources,
35:27 parce que c'est vrai que je ne suis pas quelqu'un
35:28 qui suit vraiment dans la nostalgie,
35:30 je ne cultive pas une nostalgie pour un temps,
35:32 mais par contre, j'aime beaucoup me servir de matière
35:35 pour les torturer, les triturer, les mettre dans tous les sens
35:38 et en refaire quelque chose de nouveau,
35:40 et c'est ce qu'on a fait avec Tu seras.
35:42 - Alors, on va écouter cette nouvelle version,
35:43 puis on en parle ensuite.
35:44 Tu seras mon futur au présent,
35:49 mon chemin face au vent,
35:52 pour vivre tous les temps.
35:56 Tu seras mon futur au présent.
36:00 - C'est vrai que c'est la même chanson,
36:02 c'est un arrangement différent,
36:03 pourquoi avoir 20 ans après,
36:05 transformé cette chanson et enregistré une nouvelle version ?
36:09 - Alors déjà, cette chanson, c'est une chanson
36:10 que je chante depuis 20 ans et que je réadapte
36:13 depuis 20 ans en fonction de mes influences
36:15 et de mon répertoire,
36:16 puisque c'est vraiment mon point de ralliement avec le public.
36:19 Évidemment, c'est une chanson que je chante à chaque concert.
36:22 Je me suis rendu compte en 20 ans
36:24 que cette chanson était finalement assez intemporelle,
36:27 qu'elle touche toujours autant les gens
36:29 et que j'arrive toujours moi-même
36:32 à en déceler de nouvelles interprétations,
36:36 en tout cas que le texte me sonne à chaque fois différemment
36:39 selon l'âge et les âges que je traverse.
36:43 - Oui, et elle touche aussi la nouvelle génération.
36:45 - Je pense qu'il est tout à fait possible
36:47 qu'elle touche cette nouvelle génération.
36:49 Et là, pour les 20 ans,
36:51 on s'est retrouvé avec Johann Ledoux,
36:53 le compositeur de ce morceau du groupe Blancasse.
36:56 Puisque c'est Johann et Guillaume, son frère,
36:58 qui ont écrit et composé cette chanson.
37:00 Et en fait, il s'est passé quelque chose d'assez joli.
37:03 C'est qu'entre-temps, le fils de Johann,
37:06 qui avait deux ans à l'époque, a grandi,
37:08 que maintenant, il est programmeur
37:11 dans les musiques urbaines, dans le hip-hop notamment,
37:14 en binôme avec Mathis Moreau.
37:17 Donc, ils ont un binôme qui s'appelle VL2M.
37:19 Et on leur a demandé de travailler sur une rythmique,
37:22 donc une rythmique très actuelle.
37:24 Parce que c'est vrai qu'on ne peut pas se poser la question
37:26 de "qu'est-ce que tu seras en 2024"
37:29 sans travailler sur un son actuel.
37:32 Donc, effectivement, c'est eux qui nous ont proposé
37:34 toute la partie rythmique.
37:36 Avec Johann, on s'est posé la question
37:38 de quel était l'ancrage de cette chanson.
37:40 Et pour nous, il était assez évident.
37:42 L'ancrage de cette chanson, c'est la guitare électrique,
37:44 c'est la dynamique, c'est l'électricité
37:46 de cette guitare-là, rock,
37:48 très sensuelle, très glamour.
37:50 Et c'est vrai qu'à l'époque, il y avait une sorte
37:52 de mur du son de guitare électrique, comme ça.
37:54 Et là, aujourd'hui, on en a laissé une.
37:56 Et elle est un peu notre personnage principal,
37:58 outre la voix, bien sûr, en tout cas,
38:00 de cette instrumentation.
38:02 Et voilà, ça a plus tous les petits synthés
38:05 80's qui sont très, très à la mode aussi
38:08 depuis quelques années.
38:10 Je trouve que c'est là qu'on voit que cette chanson-là,
38:12 elle a finalement pas pris une ride.
38:14 - Oui, et l'air du temps a changé,
38:16 mais pas la chanson, finalement.
38:18 - Exactement, la chanson, en fait,
38:20 les bonnes chansons, c'est simple.
38:22 On les chante guitare-voix, elles fonctionnent.
38:24 Et "Tu seras" est vraiment une bonne chanson.
38:26 Je suis à l'aise en disant ça.
38:28 C'est pas moi qui l'ai écrite, donc je peux vraiment le dire.
38:30 Elle est parfaite, telle qu'elle est
38:32 écrite et composée.
38:34 D'ailleurs, elle marche très, très bien, guitare-voix.
38:36 Je la fais aussi régulièrement comme ça.
38:38 Mais là, voilà,
38:40 moi j'ai l'impression qu'avec cette version,
38:42 on a un pied dans l'ancrage
38:44 de ce qu'était cette chanson à l'origine
38:47 et un pied dans l'air du temps.
38:49 Et ça, c'est vraiment ce qui me plaît.
38:51 - Et vous vous souvenez dans quelles circonstances
38:53 vous avez entendu cette chanson pour la première fois, Emma Dommas ?
38:55 - Ça devait être dans le bureau
38:57 de mon directeur artistique
38:59 qui, à l'époque, me proposait tout un tas de gens
39:01 qui avaient envie de travailler sur mon premier album.
39:03 Et c'est vrai qu'au départ,
39:05 c'est marrant parce que quand il me l'a fait écouter,
39:07 je lui disais "Ah bon, tu crois que c'est pour moi ?
39:09 J'ai l'impression que c'est plus pour un homme."
39:11 J'avais la sensation de quelque chose d'assez masculin.
39:14 Il m'a dit "Si, si, je te jure, c'est une super chanson."
39:16 Donc on est rentré en studio et effectivement,
39:18 quand je suis sortie de la cabine après avoir enregistré,
39:20 on était tous d'accord pour dire "Bon, on pense
39:22 qu'elle a vraiment du potentiel, cette chanson."
39:24 - La preuve. Alors, ça fait 20 ans
39:26 et quand vous regardez en arrière sur ces 20 ans,
39:28 vous êtes heureuse, il y a eu des moments faciles,
39:30 des moments difficiles, mais vous n'avez rien à vous reprocher.
39:33 Vous pouvez vous regarder dans une glace, Emma Dommas.
39:35 - C'est même au-delà de ça, je suis extrêmement fière
39:38 du chemin parcouru.
39:40 C'est vrai que c'est pas donné à tout le monde déjà
39:44 d'être toujours dans le circuit,
39:46 comme on dit, 20 ans après ses débuts.
39:49 D'autant pour une ancienne candidate de Télé-Crochet.
39:52 - En général, au bout de 3 ans, on n'en parle plus.
39:55 - C'est ça qui est difficile, c'est de transformer l'essai,
39:57 c'est de trouver son répertoire et effectivement,
39:59 je pense que ma force a été de m'écouter.
40:02 D'écouter ses besoins, cette petite flamme
40:04 dont j'ai parlé tout au long de l'interview,
40:06 ses besoins d'explorer, de créativité,
40:08 d'être vraie, d'être authentique.
40:10 Et c'est ce qui a créé ce répertoire
40:13 et la fidélité de mon public au bout de 20 ans,
40:16 qui est toujours là et qui répond toujours présent.
40:18 Donc oui, je suis extrêmement fière et touchée.
40:22 Et une dernière chose sur cette chanson
40:24 que je trouve très belle et très intéressante,
40:26 c'est qu'elle arrive à un bon moment aussi.
40:28 "Tu seras pour moi 2024",
40:30 parce que c'est vrai qu'à la base, c'était une chanson,
40:32 quand on écoute le texte,
40:34 "Tu seras mon futur à présent, mon chemin face au vent,
40:36 l'amour à tous les temps, pour vivre en frère de sang,
40:39 l'amour à tous les temps", bon bref.
40:41 Pour moi, c'était une façon à l'époque,
40:43 vraiment, de cette chanson pop-rock, teen-rock,
40:46 de me libérer de certaines chaînes
40:48 avec une forme de rébellion agressive adolescente,
40:50 musclée en tout cas, musclée.
40:53 Et ça venait au bon moment,
40:55 j'avais besoin de ça à ce moment-là.
40:56 Aujourd'hui, j'ai 40 ans, je suis une femme,
40:58 je suis une mère, etc.
40:59 Je n'ai plus besoin de cette rébellion adolescente.
41:01 Par contre, je pense que nous avons collectivement
41:03 besoin encore de nous libérer de certaines chaînes
41:05 et de certains carcans.
41:07 Et cette chanson nous aide à le faire,
41:09 mais par l'amour, par l'amour universel,
41:11 l'amour fraternel, la solidarité.
41:13 Et ça, pour moi, on arrive à un point de connexion
41:16 qui est très important
41:18 entre ce que raconte cette chanson
41:20 et ce que je suis devenue.
41:21 - Voilà, et effectivement, la rebelle que vous étiez,
41:23 même si elle ne se voyait pas derrière votre sourire,
41:25 est aujourd'hui devenue une femme qui a pris le recul
41:27 et qui a de la sagesse.
41:29 - Peut-être. En tout cas, c'est vrai que je n'ai pas perdu
41:31 mon côté rock'n'roll, parce que pour moi,
41:33 le rock, vraiment, c'est l'indépendance
41:35 et la liberté.
41:36 - Alors, Star Academy, vous êtes revenue
41:38 dans les dernières éditions, justement.
41:40 Ça a été un événement, parce que ça a été un choc.
41:43 En même temps, les souvenirs sont revenus, Emma Dommas.
41:45 - C'est pour ça que je vous parlais en début d'interview
41:47 d'un truc très sensoriel.
41:48 C'est-à-dire que quand je me suis retrouvée sur le plateau,
41:50 j'ai tout retrouvé, quoi.
41:51 J'ai tout retrouvé et pourtant, tout avait tellement changé.
41:53 Et pourtant, les sensations étaient là.
41:55 Mais ça a été un très, très beau moment.
41:58 Ça a été un très beau moment.
41:59 La production nous a très bien accueillies.
42:01 Elle m'a très bien servie.
42:02 C'est vrai que j'ai eu la chance de chanter comme ça,
42:05 de transmettre les chansons de Serge Lama
42:07 en présence de Serge,
42:09 au candidat de les chanter avec eux.
42:12 C'était un très, très beau moment,
42:14 très émouvant, avec Serge en plateau,
42:17 pour chanter des chansons du répertoire
42:20 qui font partie du patrimoine de la chanson française.
42:23 Vraiment magnifique.
42:24 C'était très émouvant.
42:26 J'ai beaucoup aimé ces candidats, encore une fois,
42:28 ces personnes,
42:30 parce que je trouve qu'ils sont extrêmement bienveillants entre eux.
42:34 Beaucoup dans le partage.
42:37 On a vraiment partagé des belles choses.
42:39 On va partager un moment fort, justement,
42:41 de cette émission,
42:43 avec cette chanson, ce duo.
42:45 * Extrait de « Je suis malade » de Serge Lama *
43:07 Ça, c'est quand même un moment très fort.
43:09 On en a encore des frissons quand on l'écoute.
43:11 Comment vous l'avez vécu ?
43:12 Comment c'est venu d'abord ce moment ?
43:14 C'était compliqué, ce moment, pour moi, à l'époque,
43:16 parce que c'était un moment où j'étais un petit peu en péril,
43:19 justement, dans l'émission.
43:21 Les professeurs voulaient avoir accès à plus d'émotions.
43:24 Et en même temps, j'étais en protection tout le temps,
43:26 parce que ce qui était en train de se passer était tellement énorme
43:28 que, moi qui suis une hypersensible,
43:30 j'étais tout le temps...
43:32 j'oscillais entre me renfermer ou pleurer, tout le temps.
43:36 Et donc, on me disait, on me faisait le reproche,
43:39 « On n'a pas accès à toi, on n'a pas accès à ton émotion,
43:41 à ta vraie personnalité. Vas-y, lâche-toi, lâche-toi. »
43:43 Et en fait, c'est Serge Lamain qui a ouvert cette porte,
43:47 par son regard, par sa générosité, par sa chanson.
43:51 Ça a été un moment extrêmement fort,
43:53 parce qu'il n'y avait plus de doutes possibles,
43:58 il n'y avait plus de masques, plus rien, en fait.
44:01 Il y avait juste quelque chose de très vrai, de très spontané.
44:04 Et c'est ce qui a fait que je pense que je suis restée presque jusqu'à la fin de l'émission,
44:09 parce que j'ai surfé ensuite sur cette énergie-là,
44:14 jusqu'à la fin de mon parcours.
44:16 Et ouais, moi aussi, j'en ai des frissons à chaque fois que je l'entends,
44:20 parce que je me souviens ce que ça fait dans le corps.
44:22 - Et cette chanson, c'est un moment fort de la carrière de Serge Lamain.
44:25 Il n'a pas beaucoup de succès à l'époque.
44:26 Il dit d'un soir chez Alice Donat, il a des gros problèmes sentimentaux,
44:30 et il raconte son histoire.
44:31 Il se met au piano, il crie les paroles,
44:33 et si je suis malade, il enregistre.
44:35 Mais la chanson n'a aucun succès,
44:37 parce que sur le même disque, il y avait les petites femmes de Pigalle.
44:40 Et Dalida la reprend, et c'était le succès.
44:42 Et ensuite, Serge Lamain, on a fait une chanson culte.
44:45 C'est ça, la véritable histoire.
44:47 - Dingue, l'histoire des chansons.
44:49 - Je vais profiter de cette émission pour vous donner aussi des conseils aux jeunes,
44:52 Emma Dommas, de ce retour de Star Academy.
44:55 - Oui, alors des conseils...
44:57 Déjà, je trouve qu'ils sont beaucoup plus matures que nous, à l'époque.
45:02 Donc, c'est vrai que je n'ai pas forcément beaucoup de conseils,
45:05 mais en tout cas, c'est vrai qu'il y a certains pièges à éviter.
45:10 Je pense que les principaux pièges, ils les ont captés très vite,
45:13 et d'eux-mêmes, c'est-à-dire de vraiment vivre cette expérience,
45:18 cette aventure dans une bonne ambiance,
45:20 dans une bienveillance générale, dans une solidarité,
45:22 plutôt que dans un esprit de compétition.
45:24 Ça, c'est ce qu'on leur a dit sur le plateau.
45:26 Avec mes camarades, on leur a dit, vous voyez,
45:28 ça fait 21 ans qu'on est amis.
45:30 Et bon, on a essuyé quelques plâtres dans nos relations,
45:33 mais c'est quand même une émission et une expérience humaine
45:37 qui nous soudent vraiment à vie.
45:39 Donc, dites-vous que ce que vous êtes en train de vivre,
45:41 ce n'est pas qu'une expérience professionnelle,
45:43 c'est avant tout une expérience humaine.
45:45 Et ensuite, pour la sortie,
45:47 moi, c'est quelque chose que j'ai mis du temps à réaliser,
45:50 mais je pense qu'effectivement, c'est important
45:52 de ne pas trop s'identifier à ce retour,
45:56 à cette gloire absolue, cette starification absolue,
46:00 parce que l'émission nous permet d'obtenir un statut de star
46:04 très fort et très rapide,
46:06 mais ce statut-là, il peut retomber très vite aussi
46:09 et faire beaucoup de déceptions.
46:11 Et c'est vrai qu'il ne faut pas confondre
46:14 entre la reconnaissance du public,
46:16 en tout cas, ce qu'on appelle communément l'amour du public,
46:19 et cette estime de soi, cette confiance en soi
46:22 qu'il est à nous de nourrir.
46:26 Et c'est vrai que c'est le piège,
46:28 parce que quand on se nourrit trop de ce retour public,
46:33 le jour où il n'est plus là, c'est la cata.
46:36 - Pour "Nourriture", vous avez fait une pub
46:38 avec un de vos complices de Star Academy,
46:40 pour les chocolats Kinder, non ?
46:42 - C'est très marrant, ça !
46:44 Jérémie Chatelain, avec qui j'étais dans la Starhack,
46:48 on a travaillé ensemble sur mon troisième album,
46:50 c'est lui qui l'a co-réalisé,
46:52 et on a co-composé des chansons ensemble.
46:54 On s'est toujours super bien entendus,
46:56 sur la tournée, on écrivait plein de chansons ensemble.
46:58 Et il m'appelle de temps en temps pour des trucs un peu rigolos,
47:01 maintenant il fait beaucoup de musique à l'image,
47:03 il fait des musiques de défilés, de publicités, etc.
47:06 Et là, il m'appelle un jour en me disant
47:08 "Tiens, c'est drôle, on va peut-être faire la pub Kinder, ça te dit ?"
47:13 Et j'ai dit "Ben écoute, j'ai des enfants,
47:16 je pense que ça les fera au moins marrer !"
47:19 Et effectivement, c'était pas évident,
47:22 parce que c'était un casting,
47:24 on n'était pas sûr d'être pris,
47:26 mais notre version a été validée par Pharrell Williams,
47:28 puisqu'on a repris la chanson "Happy" de Pharrell Williams,
47:30 et donc Pharrell a dû la valider avant de donner l'autorisation.
47:33 Et on était très fiers de ça !
47:35 - Kinder, il faut savoir que ça veut dire "enfant" en allemand,
47:38 et pourquoi les oeufs Kinder sont nés,
47:40 c'est parce que la maison qui est Ferreiro
47:42 ne faisait rien à part Pâques.
47:44 Donc ils se sont dit "Comment faire des oeufs autrement ?"
47:46 et ils ont inventé les oeufs qui ont fait cette publicité.
47:49 Et maintenant l'avenir, Emma Domasco,
47:51 vous partez en tournée, vous allez continuer,
47:53 comment voyez-vous vos futures nouvelles activités ?
47:56 - Cette année on va se concentrer sur ce rituel de passage,
48:00 sur ce double anniversaire,
48:03 puisqu'il y a eu les 20 ans de Tussera,
48:05 puis j'ai eu 40 ans aussi,
48:07 donc je trouve que c'est important de bien célébrer tout ça,
48:10 par ces retrouvailles avec le public aussi,
48:12 parce qu'effectivement on va avoir quelques dates au printemps et à l'été.
48:15 Si tout va bien, peut-être qu'on va amplifier cette tournée sur l'automne,
48:19 et ça me laissera le temps de finir l'écriture de mon prochain album,
48:21 parce qu'en 2025 j'ai bien l'intention de sortir des nouvelles chansons !
48:25 - Avec de nouvelles surprises, j'en suis convaincue !
48:27 - Bien sûr !
48:28 - Merci. Écoutez, en tout cas, continuez comme ça,
48:30 c'était que la troisième fois que vous venez dans les Clés d'une Vie,
48:33 donc je pense qu'avec toutes vos idées et vos activités,
48:35 il y aura forcément une quatrième fois.
48:37 - Oui, je crois qu'on ne dit jamais 203, mais moi je ne préfère jamais 304.
48:40 - Merci. En tout cas, Tussera et sur les plateformes,
48:42 c'est vraiment une nouvelle version à écouter,
48:44 on vous retrouve en tournée le plus rapidement possible,
48:47 et continuez ainsi, ne changez rien, Emma Domasco.
48:49 - Merci Jacques.
48:50 Merci Alexis de Villevis, c'est terminé pour aujourd'hui.
48:52 On se retrouve bientôt.
48:53 Restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.

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