Regardez Lenglet-Co du 25 mars 2024 avec François Lenglet.
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00:02 L'Anglais Co avec vous, François Langlais.
00:08 Bonjour à tous.
00:09 François, la Banque de France a trouvé l'explication d'un mystère de l'économie française.
00:14 Oui, ce mystère, c'est la chute de la productivité.
00:17 Le nombre d'emplois, en effet, davantage augmenté que la production du pays,
00:22 alors qu'en principe, les deux évoluent en parallèle.
00:25 Dit autrement, un salarié français produisait en 2023 5% de moins qu'en 2019,
00:32 au même poste et à condition de travail inchangé.
00:35 Mais alors qu'appelle-t-on exactement la productivité, François ?
00:38 La productivité, c'est la production économique d'un individu au travail.
00:42 Bon, c'est la richesse qui produit.
00:44 Or, l'augmentation de cette productivité, elle est vitale
00:48 parce que c'est ça qui crée la croissance, c'est ça qui permet d'augmenter le niveau de vie.
00:52 Si on a pu financer l'état Providence, c'est grâce à l'extraordinaire montée de la productivité
00:57 tout au long du XXe siècle, grâce à l'innovation technologique,
01:01 à l'utilisation de plus en plus importante de l'énergie.
01:04 Dites-moi, les autres pays subissent aussi une chute pareille ?
01:07 Ben écoutez, ce qui est troublant, c'est que c'est bien moins fort.
01:09 En Espagne, on a vu en effet la même chose, mais ça s'est corrigé depuis.
01:13 En Allemagne, décrochage limité.
01:15 Et si on prend la moyenne de la zone euro, la productivité n'a diminué que de 2,4%.
01:20 C'est deux fois moins que chez nous.
01:22 En France, c'est à la fois plus profond et semble-t-il plus durable.
01:26 Quelles sont les explications de la Banque de France ?
01:29 Eh bien tout d'abord, figurez-vous la forte croissance de l'apprentissage.
01:33 Un emploi sur quatre créé depuis 2019, c'est un poste d'apprenti.
01:37 Sous l'effet d'un dispositif qui a augmenté les incitations pour les employeurs.
01:42 Il y a maintenant des apprentis de tout niveau scolaire ou universitaire, y compris les plus élevés.
01:47 Or, par définition, un apprenti, il est moins productif qu'un salarié expérimenté.
01:51 Il ne sait pas encore.
01:52 La Banque de France estime que sa productivité, elle est trois fois plus faible.
01:57 Autrement dit, il faut trois apprentis pour produire autant qu'un salarié formé.
02:02 Voilà une partie de l'explication.
02:04 Une partie seulement, nous dites-vous ?
02:06 Oui, parce que s'ajoute l'augmentation du nombre d'emplois peu qualifiés, payés au SMIC,
02:11 qui sont aussi les moins productifs.
02:13 Vous savez, les salariés au SMIC pèsent aujourd'hui pour 17% de l'emploi total.
02:18 C'est sans précédent, on en a parlé déjà à ce micro.
02:21 Et ces emplois peu qualifiés, ce sont les plus nombreux à être créés en phase de reprise.
02:25 Et on a connu une reprise inhabituelle après les confinements.
02:29 Les besoins en main d'œuvre ont alors été tels, pour satisfaire le violent rebond de la consommation,
02:35 que les entreprises ont recruté aussi des personnes qui n'avaient pas travaillé depuis longtemps,
02:40 chômeurs de longue durée par exemple.
02:42 Des personnes qui sont, elles aussi, moins productives qu'un salarié expérimenté en poste.
02:47 Et puis, à tout ça, s'ajoute un phénomène curieux,
02:50 c'est la rétention des salariés de la part des employeurs.
02:54 Qu'est-ce que ça veut dire, rétention des salariés de la part des employeurs ?
02:57 De quoi s'agit-il ?
02:58 Vous vous souvenez de ces pénuries de ressources humaines ?
03:01 Certaines entreprises, par crainte de ne pas trouver les salariés dont elles ont besoin,
03:06 ont préféré ne pas licencier, même si elles étaient en activité réduite.
03:10 Notamment dans la restauration, dans la construction, dans l'aéronautique.
03:14 Alors qu'elles produisaient moins, puisque les commandes avaient ralenti,
03:17 elles ont conservé le même nombre d'employés,
03:20 ce qui a fait chuter la production par tête, donc la productivité.
03:23 Bon, tout cela, c'est bon ou mauvais pour l'économie ? In fine ?
03:26 Le fait d'avoir des apprentis, c'est une charge momentanée,
03:29 mais ils vont bientôt devenir aussi productifs que les autres, et tant mieux !
03:33 Pour le reste, ce sont des facteurs transitoires qui devraient disparaître.
03:37 Et le bon côté de l'affaire, c'est qu'il n'y a jamais eu autant de français au travail,
03:42 même si la production totale reste insuffisante.
03:45 Il n'y a jamais eu autant de Français...
03:47 [SILENCE]