Les 4 Vérités - Erwan Balanant

  • il y a 6 mois
Jeff Wittenberg reçoit Erwan Balanant, député Modem du Finistère, sur le plateau des 4 Vérités. 
Transcript
00:00 Bonjour à tous, bonjour Erwan Dallanan.
00:03 Bonjour.
00:04 Merci d'être avec nous ce matin.
00:05 Vous êtes effectivement député du Finistère,
00:06 dans une circonscription très rurale, vers Quimperlé,
00:10 et les syndicats agricoles qui ont obtenu satisfaction,
00:13 on le sait maintenant, qui ont interrompu leur mouvement de protestation,
00:17 il y a une victime collatérale, disent beaucoup,
00:19 c'est l'écologie, la mise en pause du plan Éco-Fito,
00:23 passe très mal chez les défenseurs de l'environnement.
00:25 Qu'est-ce que vous en pensez ?
00:26 Je pense que ce serait une erreur de continuer à opposer les agriculteurs d'un côté,
00:31 l'écologie de l'autre.
00:32 Moi sur mon territoire, je le vois bien avec les contacts que j'ai avec les agriculteurs,
00:36 ils sont tous conscients des transitions nécessaires à faire,
00:39 et on ne fera pas la transition sur les territoires sans les agriculteurs,
00:43 et il n'y aura plus d'agriculture si on ne fait pas cette transition.
00:46 Donc c'est un travail qu'il faut qu'on fasse ensemble,
00:48 et qu'il faut peut-être revoir sur certains points.
00:51 Le plan Éco-Fito aujourd'hui ne marchait pas très bien,
00:53 il est en pause jusqu'au Salon de l'Agriculture,
00:56 et essayons de voir comment on peut mieux travailler.
00:57 On sait ce que ça veut dire, la pause, M. Ballandin.
00:59 On recevait hier à votre place, Marine Tondelier, la patronne des Verts,
01:04 qui disait "finalement les objectifs sont toujours les mêmes,
01:07 mais quand on passe aux actes, on les met en pause
01:12 pour obtenir une paix sociale avec les agriculteurs".
01:14 Oui, mais ce n'est pas la réalité du terrain.
01:16 La réalité du terrain, c'est qu'on a une agriculture qui a déjà profondément changé.
01:21 Moi sur mon territoire, les exploitations ont changé,
01:24 elles sont bien plus vertueuses,
01:26 vous avez une décarbonation qui est en cours, tout ça est en cours.
01:29 Alors pourquoi une pause ?
01:30 Parce qu'il y avait un mal-être, un malaise,
01:33 et quand vous avez une population dans des territoires qui ne comprend plus,
01:37 qui est "emmerdée" par l'administration parfois,
01:41 il faut revoir les choses,
01:44 et revoir les choses, ce n'est pas baisser sur ces enjeux de la transition.
01:49 Je rappelle que ce budget de l'agriculture a été augmenté
01:52 avec 1,3 milliard qui sont fléchés sur la transition.
01:55 Donc on va continuer, en tout cas moi, député du Finistère,
01:58 je vais tout faire pour que les deux s'articulent parfaitement.
02:01 Vous entendez aussi après ce conflit qu'il y a une sensation
02:04 chez certains de deux poids deux mesures,
02:05 les agriculteurs ont obtenu beaucoup, finalement 400 millions d'euros,
02:09 en bloquant les autoroutes, en sortant leurs tracteurs,
02:13 alors qu'il y a beaucoup de catégories sociales qui protestent pendant des semaines,
02:17 qui font également des actions parfois violentes et qui n'obtiennent rien.
02:21 Est-ce qu'il n'y a pas quand même effectivement deux poids deux mesures ?
02:24 Non, il n'y a pas deux poids deux mesures.
02:26 Bon, il y a eu des... quand il y a eu, d'ailleurs ça a fait créer un trouble,
02:29 quand il y a eu des choses qui étaient dans l'illégalité, avec des dégradations,
02:33 il y a eu des gens qui ont été interpellés.
02:34 Le gouvernement a cédé ?
02:36 Mais il a cédé, non il n'a pas cédé, il a écouté, ce n'est pas pareil.
02:39 Pendant la crise Covid, je vous rappelle que les entreprises,
02:42 elles ont touché un certain nombre de milliards parce qu'elles étaient arrêtées.
02:45 Aujourd'hui, pendant ce temps-là, pendant la crise Covid,
02:48 les agriculteurs ont continué à travailler,
02:50 ils ont continué à nourrir les Français, eux, ils n'ont pas été aidés.
02:52 Alors qu'on les aide aujourd'hui parce qu'il y a une situation difficile,
02:55 des transitions à mettre en œuvre, ça me paraît assez normal.
02:57 Mais ça justifie donc cette enveloppe de 400 milliards,
03:01 vous faites partie donc du modem, dont le cheval de bataille,
03:04 avec France Portée par François Bayrou, c'est la réduction de la dette.
03:07 On sait que les comptes publics français sont dans le rouge.
03:11 D'où vient cet argent ?
03:12 Si on abandonne l'agriculture aujourd'hui,
03:15 et si on ne fait pas l'effort financier maintenant, ça nous coûtera plus cher après.
03:18 Donc soyons raisonnables, entendons ce malaise,
03:22 entendons la crise qui est une crise profonde,
03:24 et avançons, et effectivement, les enjeux financiers restent des enjeux importants.
03:29 Vous êtes aussi membre de ce parti qui est très pro-européen.
03:33 Est-ce que ce n'est pas un peu étrange de voir quand même des critiques,
03:35 y compris dans le camp présidentiel,
03:38 sur ces directives qui viendraient de Bruxelles,
03:41 sur ce besoin de souveraineté française ?
03:44 Est-ce qu'on ne cherche pas un bouc émissaire à travers l'Europe et l'Union européenne ?
03:47 Moi je suis persuadé que c'est tout le contraire.
03:49 Les agriculteurs, vous les soutenez, mais eux, ils se plaignent de votre avis.
03:53 Pas tous, non, pas chez nous, pas chez moi,
03:55 et pas mal d'agriculteurs partout en France sont très conscients.
03:58 Beaucoup disent que les problèmes viennent de l'Europe.
04:00 Non, non, ils ne disent pas ça.
04:02 Ils disent que les problèmes viennent d'une surinterprétation des directives.
04:06 Ici, chez nous, où elles passent, elles arrivent à Paris,
04:08 elles sont remoulinées, elles arrivent ensuite dans les préfectures de région,
04:11 elles sont de nouveau moulinées, et elles arrivent sur le terrain,
04:14 et elles sont appliquées parfois avec des façons qui sont parfois assez éloignées de la directive initiale.
04:20 Donc c'est ça qu'il faut qu'on revoie avec cet enjeu de protéger l'environnement,
04:24 protéger les agriculteurs, leur donner un revenu,
04:27 et faire en sorte que nos territoires ruraux vivent bien.
04:30 Bon, on en vient à la situation de votre parti dans le gouvernement,
04:34 parce qu'aujourd'hui vous n'avez qu'un seul ministre,
04:36 alors excusez Dupocez celui de l'agriculture, Marc Fesneau, ça tombe bien,
04:40 mais est-ce que vous attendez, parce que ça fait maintenant trois semaines
04:43 que presque un mois même que Gabriel Attal a été nommé Premier ministre,
04:46 et le gouvernement n'est toujours pas au complet,
04:49 est-ce que le modem attend d'être représenté à la hauteur des 51 députés qu'il contient dans cette majorité ?
04:55 Non, je pense qu'aujourd'hui un recentrage est nécessaire, on l'a vu, il y a eu une inflexion un peu à droite,
05:01 en tout cas un sentiment d'avoir une inflexion à droite sur ce premier, enfin sur cette première liste gouvernementale,
05:08 je crois effectivement qu'il nous faut un certain nombre de députés, ou pas d'ailleurs, de ministres,
05:13 Vous-même ?
05:14 Non, non, non, non, je suis un parlementaire heureux et un député heureux, donc pas de soucis,
05:21 mais par contre oui, il va falloir qu'on rééquilibre, ne serait-ce que pour l'intérêt de la majorité,
05:25 parce que si on veut qu'elle soit équilibrée, qu'elle fonctionne, il faut que tous les courants soient représentés.
05:30 Vous dites, c'est un euphémisme, un virage un peu à droite, c'est-à-dire qu'est-ce qui vous a choqué ?
05:35 Les nominations, par exemple, de Rachida Dati, de Catherine Vautrin, qui viennent de la droite à des postes éminents du gouvernement ?
05:40 J'ai dit un ressenti.
05:42 Un ressenti ? Non, vous avez dit un recentrage.
05:44 Oui, un recentrage et un ressenti, les deux vont bien ensemble.
05:47 Non, moi, je n'ai pas de problème sur les personnes en tant que telles, elles vont travailler, on va voir,
05:52 et puis Mme Vautrin était déjà dans la majorité depuis un moment, la seule, entre guillemets, prise de guerre, c'est Mme Dati,
05:59 on verra comment elle va travailler, et j'ai l'impression que là, pour le début, ces départs au ministère de la Culture, ça fonctionne plutôt bien.
06:07 Mais au-delà des nominations, c'est une politique aussi que vous avez dénoncée, au moment de la loi immigration,
06:12 on a vu une majorité fissurée, est-ce que vous attendez, et ce n'est pas du tout ce qui est apparu notamment dans le discours de politique générale de Gabriel Attal,
06:20 effectivement, ce recentrage, cette dédroitisation que beaucoup constatent ?
06:25 Alors moi, je ne partage pas ce que vous dites, mais je ne partage pas complètement ça,
06:31 parce que sur le discours de politique générale du Premier ministre,
06:35 moi, j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup de sujets qui rééquilibraient aussi les choses,
06:39 avec cette idée de continuer à libérer les énergies dans notre pays,
06:45 mais aussi partager la valeur et aller vers plus de justice sociale,
06:49 c'est ce qui nous intéresse et c'est ce qui nous préoccupe, en tout cas, au mouvement démocrate.
06:52 Il y a un scénario, en tout cas, qu'on entend de plus en plus, c'est celui d'un retour éventuel de François Bayrou dans ce gouvernement,
06:58 pourquoi ? Parce que lundi, il va être reconnu la décision du tribunal de Paris sur l'affaire des emplois présumés fictifs au Parlement européen,
07:05 dans laquelle M. Bayrou est poursuivi, mais il espère une relaxe.
07:10 Est-ce que vous, vous souhaitez que votre patron, François Bayrou, revienne dans un gouvernement ?
07:14 On parle de lui à l'Éducation nationale, il y a 30 ans.
07:17 Il y a été il y a 30 ans et d'ailleurs, il avait fait un bon travail à l'Éducation nationale, c'était reconnu.
07:23 Je ne suis pas sûr que ce soit sa volonté, donc moi, je ne vais pas me positionner à sa place.
07:28 En tout cas, c'est sûr que François Bayrou ferait un très bon ministre de l'Éducation nationale.
07:32 Il connaît parfaitement ses sujets. Il a une vision sur la question, mais je n'ai pas de...
07:36 Je ne crois pas que ce soit sa préoccupation première du moment.
07:39 Non, on n'en a pas parlé, mais je le ressens comme ça.
07:42 Mais François Bayrou, il viendrait éventuellement à ce poste ou à un autre parce que, en tout cas,
07:47 à l'Éducation nationale, il y a un léger souci depuis la nomination de Mme Oudéa-Casterat.
07:52 Les ennuis s'accumulent. Est-ce qu'aujourd'hui, il faut changer de locataire dans ce ministère ?
07:58 La ministre a fait des maladresses, a eu des propos qu'elle a jugés elle-même maladroits.
08:03 Elle s'en est expliquée. Je crois maintenant qu'il faut passer à autre chose et il faut lui donner sa chance
08:07 parce que ce n'est pas en continuant ce sort de bashing anti-Amélie Oudéa-Casterat
08:13 que ça va faire avancer l'Éducation nationale.
08:16 Il y a des sujets importants dans l'Éducation nationale.
08:18 Mettons-nous tous au travail collectivement pour avancer.
08:21 Il y a un sujet qui a été la crise agricole qui a fait démarrer presque naturellement la campagne des Européennes.
08:28 Or, beaucoup de partis ont déjà leur tête de liste.
08:32 Et vous, dans la majorité présidentielle, on attend toujours la vôtre.
08:35 C'est vrai que ça fait un petit peu étrange, en tout cas, d'avoir d'un côté Jordan Bardella,
08:40 Marie Toussaint chez les écologistes, Raphaël Glucksmann désormais.
08:43 Et pour défendre le camp du président, personne.
08:45 Est-ce que ce n'est pas un problème ? Soyons francs.
08:47 Alors, c'est vrai qu'une incarnation arrive, ça serait bien.
08:51 Il ne faut pas que ça tarde.
08:52 Mais on a l'avantage, nous, sur l'Europe, d'être clair et d'avoir un projet européen.
08:56 Contrairement à d'autres partis où on ne sait pas trop où ils sont sur l'Europe.
09:00 On ne sait pas s'ils sont pour, s'ils sont contre.
09:02 Pour certains, on sait qu'ils sont franchement contre.
09:04 Évidemment, je pense au Rassemblement national.
09:06 Mais chez nous, on a les gens, les Français, qui savent quelle est notre vision de l'Europe.
09:11 Et donc, la question de l'incarnation, elle devra venir.
09:15 Mais c'est vrai que vous avez raison, il ne faut pas que ça tarde.
09:17 Ils savent où vous êtes, mais lorsqu'on voit les enquêtes d'opinion,
09:20 on est à quatre mois du scrutin.
09:22 Elles sont en train de s'infléchir et elles remontent.
09:24 Il y a un effet Gabriel Attal, il y a un effet Remanimant et il va falloir continuer.
09:28 C'est ce qu'on verra, ou pas, dans les prochaines semaines.
09:31 Merci beaucoup Erwann Balanin, député modèle du Finistère.