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Clique, c'est présenté par Mouloud Achour, tous les jours à 19h45 en clair sur CANAL+ !
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00:00 Salut Mouloud, bonsoir Tony, bonsoir à tous.
00:03 Tony, je vais vous présenter un autre champion ce soir.
00:05 Notre tête à clics du jour, c'est le joueur de handball, Elohim Prandi.
00:09 La semaine dernière, il a été sacré champion d'Europe avec l'équipe de France
00:13 et lors des demi-finales, Elohim Prandi a marqué un but impressionnant.
00:17 Un tir à 118,62 km/h marqué à une seconde seulement de la prolongation
00:22 alors que les Bleus étaient en train de perdre.
00:24 Et ça, son équipe n'est pas prête de le manier.
00:26 Tu sais que je le savais, quand il a pris la balle,
00:28 j'ai dit dans ma tête, il y en a un qui peut le mettre, c'est lui.
00:30 Elohim, il a failli me taquer.
00:33 Non, respect aussi.
00:35 Il y a 25 ans, Elohim Prandi fait son entrée dans l'histoire du sport.
00:40 C'est incroyable franchement, je pense que c'est un tout.
00:46 On est tous des champions, on est tous des joueurs incroyables.
00:49 C'est un dénouement mais on est une équipe, on est frères d'armes.
00:56 Bonsoir Elohim Prandi.
00:58 Merci beaucoup d'être avec nous.
00:59 On est hyper content que vous soyez là sur le plateau.
01:01 Je vous présente Tony Estanguet.
01:03 Vous êtes arrière-gauche au PSG et depuis une semaine,
01:06 champion d'Europe avec l'équipe de France.
01:08 Bravo.
01:10 Qu'est-ce qui a changé dans votre vie depuis une semaine ?
01:13 Beaucoup de sollicitations, c'est une certitude.
01:17 Ce but, il est un peu sorti du monde du handball.
01:22 On l'a vu un peu partout, ça a vraiment fait un gros buzz.
01:26 Après, tant mieux pour notre sport.
01:28 Mais comment on envoie une balle à 118 km ?
01:30 C'est le geste de l'année.
01:32 C'est le secret qui est là-dedans, cette anatomie.
01:35 Qu'est-ce qui se passe dans votre tête au moment où vous faites ça ?
01:38 Je suis concentré, j'avais déjà mis des coups francs comme ça
01:41 quand j'étais à Nîmes dans mon ancien club.
01:43 J'en avais déjà mis trois en une saison.
01:46 Donc j'avais la capacité de le faire et franchement, j'étais vraiment dans ma bulle.
01:49 J'étais concentré à voir, dans tous les cas, c'était soit je marquais,
01:52 soit on finit tôt et on rentre à la maison.
01:54 Tony, pourquoi vous pensez que c'est le geste de l'année ?
01:56 On était tous comme des dingues.
01:58 Enfin, Perse, c'était mort.
02:01 On était tous en train de pleurer en se disant
02:02 "mais non, c'est pas possible, ils vont même pas aller en finale, c'est pas possible".
02:05 Et là, le but, mais moi, j'avais jamais vu ça.
02:08 Franchement, j'avais jamais vu ça.
02:09 Moi, j'avais une question.
02:11 À quel moment tu décides d'aller tirer sur le côté ?
02:15 Parce que je suis pas assez loin pour mettre un peu un effet à la balle
02:18 pour qu'elle puisse un peu redescendre vers le but.
02:21 Ils sont grands, on se doute pas, mais il y a un 97, 98 devant.
02:25 Donc, j'étais pas assez loin, mais j'étais aussi assez loin par contre
02:30 pour prendre plus de puissance au niveau de mon shoot.
02:32 Donc, j'ai tout donné sur le côté.
02:34 Et après, le reste appartient à cette belle histoire.
02:38 Justement, avec le recul, vous avez regardé de nouveau le geste ?
02:42 Quel regard vous portez ?
02:43 Je l'ai vu passer partout, partout, partout.
02:45 Donc, c'était un peu compliqué de ne pas le regarder,
02:47 mais ça me fait toujours autant de frissons.
02:49 Pas spécialement le but en lui-même, mais cette ferveur, jouer avec mes coéquipiers et tout.
02:54 Et en fait, on voit que ça y est, on a une autre chance de partir en finale
02:58 et d'aller conquérir l'Europe.
03:00 C'est parti.
03:01 Et même, il y a 20 000 spectateurs.
03:03 C'était incroyable.
03:04 Ce qui est dingue dans votre histoire, c'est aussi ce qu'on appelle le background.
03:07 Il vous est arrivé une dinguerie il y a 23 ans.
03:10 Ouais, j'ai été poignardé six fois dans le dos
03:16 suite à une sortie de Nouvel An
03:19 pour une simple bouteille d'eau renversée.
03:22 Ça a démarré de ça.
03:25 Donc voilà, ça m'est suivi.
03:27 Pronostic vital engagé, poumon touché, quelques autres organes.
03:34 Donc, un peu compliqué.
03:35 Ma mère était là aussi en plus de ça.
03:38 J'avais perdu aussi mon grand-père un peu quelques temps avant.
03:42 Donc, c'était un peu compliqué.
03:44 Et voilà, j'ai fait deux semaines à l'hôpital, j'ai fait soin intensif,
03:48 j'ai subi une opération parce qu'au final,
03:50 j'avais une toute petite hémorragie interne qui continuait à fuiter.
03:54 Et après, je suis sorti.
03:57 Ça a été un peu un processus long.
03:59 Mon club m'a permis de partir un peu dans le sud,
04:02 là, à un endroit qui s'appelle Bagnoles, qui me permet de respirer.
04:07 Vraiment, des gens que j'aime comme ma famille.
04:10 Et ça m'a fait du bien.
04:11 C'est ça qui a été plutôt ma thérapie à ce moment-là.
04:14 Et aussi me poser les bonnes questions, une vraie mise au vert.
04:18 Et avec ma mère et autres, on s'est vraiment coupé du monde.
04:22 Et des gens qui m'ont pas lâché, quoi.
04:24 Et j'ai pu retrouver un peu cette ferveur,
04:28 un peu cette lumière qui m'animait,
04:31 qui m'animait plus trop ces derniers temps à ce moment-là.
04:34 Et me remettre au boulot rapidement pour atteindre mes objectifs.
04:38 - Vous dites que vous avez perdu 60 % de vos capacités...
04:41 Enfin, vous n'êtes plus qu'à 60 % de vos capacités respiratoires
04:44 à cause de cet accident.
04:45 - J'y ai récupéré. J'y ai récupéré ça, ce travail.
04:47 Mais à ce moment-là, j'ai perdu 50 % de capacités respiratoires.
04:50 Ça veut dire que je marchais deux minutes, même pas, j'étais essoufflé.
04:53 - Et au-delà du coup, quand vous mettez un but à 118 km/h
04:57 après cette histoire-là, est-ce que vous y pensez ?
05:00 - Franchement, pas trop.
05:01 En fait, ce que je vois tout particulièrement,
05:04 c'est le chemin que j'ai parcouru entre ces deux années.
05:08 J'ai réussi à être vice-champion du monde l'année dernière,
05:11 donc ce n'était pas très, très loin.
05:13 Donc, j'étais déjà heureux du chemin parcouru déjà une année après.
05:17 Non, ça m'a permis de venir, de prendre en maturité,
05:21 de savoir où je voulais aller.
05:23 Et vraiment, tout ce que j'ai accompli après ça, j'en suis fier.
05:27 Je suis plutôt assez discret me concernant sur mes émotions,
05:31 mais j'étais fier de l'homme que je deviens au fur et à mesure,
05:35 et j'aime ce que je deviens aussi.
05:38 Voilà, je suis joyeux, je suis heureux, en fait, tout simplement.
05:43 - Comment vous faites pour ne pas avoir de colère en vous
05:45 quand on a un accident comme ça,
05:47 et que tout est parti d'une bagarre pour une bouteille d'eau ?
05:50 - C'est ça, un peu.
05:51 - C'est quoi l'histoire, en fait ?
05:53 - En gros, l'histoire, c'est...
05:54 Voilà, on peut vraiment dans les grandes lignes.
05:56 J'étais avec deux amis à moi et ma mère m'avait rejoint,
05:59 et en fait, je demandais juste, il y a eu beaucoup de monde,
06:02 et je demandais une simple bouteille d'eau,
06:03 voilà, parce que j'allais pas tarder en plus pour le coup.
06:07 Et je m'accoude, et en fait, je me fais un peu bousculer.
06:09 Donc la bouteille, ma propre bouteille, je la fais tomber sur le côté,
06:13 et je m'excuse, et en fait, je suis fourré.
06:16 Et ça commence, je prends une beigne directe.
06:20 Donc voilà, un nez qui coule et tout.
06:23 Donc c'est parti de là,
06:25 et en fait, un de mes amis est venu aussi pour cogner,
06:29 mon troisième aussi, et en fait, entre-temps,
06:32 il y en a un qui avait pris un couteau qui était sur le bar
06:35 et qui avait fait le tour.
06:36 Et moi, je les ai pas sentis dans le truc, dans les chauffourées,
06:40 et qui me plante six fois au niveau du dos, ici.
06:45 Et moi, je le sens pas dans l'adrénaline et tout.
06:48 Et en fait, c'est un de mes amis qui me prend,
06:50 et en fait, il touche chez moi,
06:52 et il avait les mains remplies de sang,
06:54 et en fait, il me dit "Viens, tu t'es fait planter, assieds-toi".
06:58 Et là, j'ai commencé à avoir du mal à respirer,
07:00 à être un peu en dedans, et à des moments...
07:04 C'est là qu'on parle de cette sensation de vouloir s'endormir.
07:07 Ben ouais, ça a failli m'arriver.
07:10 Et à un moment, on est fatigué aussi,
07:12 et on se dit "Ah, ça va, je suis tranquille",
07:13 et voilà, on se sent un peu partir.
07:15 Donc c'est un peu tout ça, quoi.
07:17 -C'est un cauchemar.
07:18 Comment on se remet de ce traumatisme psychologiquement ?
07:22 -Moi, j'ai jamais été très, très psychologue, pour le coup.
07:25 Moi, j'ai une maman qui est très terre-à-terre,
07:27 qui est très dans le mental,
07:29 et je compte beaucoup sur mes proches, je suis très famille.
07:33 Et ce qui est, en l'occurrence,
07:34 quand je suis parti me mettre cette mise au vert,
07:37 m'a fait beaucoup de bien aussi concernant ça.
07:40 J'ai pu discuter, j'ai pu me lâcher,
07:43 j'ai pu aussi pleurer,
07:44 j'ai pu aussi relâcher tout ça et tout,
07:47 parce qu'au final, aucun intérêt de reprendre quoi que ce soit
07:50 si moi, on le soit, comme tu l'as dit, j'ai de la colère,
07:53 j'ai de la tristesse, de la peur ou autre,
07:54 il faut que je revienne à mes entraînements, à mon sport,
07:58 en pleine capacité psychologique, en tout cas à 100 %,
08:02 mon corps suivra, mais si ma tête ne suit pas,
08:04 j'arriverai à rien, je ne me dépasserai pas,
08:06 je n'y arriverai pas, je n'aurai pas l'envie de le faire.
08:08 Et j'ai pu m'échapper, me libérer de tout ça,
08:13 de toute cette noirceur et autre, et ça fait du bien.
08:15 Franchement, je ne suis pas très...
08:17 Je n'aime pas trop qu'on me voit dans mes émotions ou autre,
08:19 et pour le coup, je ne me suis pas caché,
08:21 j'avais besoin de relâcher tout ça.
08:24 - Les JO, ça approche à grand pas.
08:27 Là, vous êtes à côté de M. JO, vous allez y être ?
08:30 - J'espère, j'espère !
08:32 En tout cas, c'est un...
08:34 - Il a montré qu'il avait sa place, en tout cas.
08:36 - Je pense que j'ai montré la capacité qu'on pouvait compter sur moi.
08:38 Maintenant, les sélections sont dures, il y a du monde.
08:41 - Une belle équipe.
08:42 - Il y a une très, très belle équipe.
08:43 Franchement, on mérite tous cette place.
08:46 J'aimerais y être, franchement, c'est un rêve de gosse,
08:48 en tout cas, surtout dans...
08:50 Moi, je suis parisien, je vis à Paris, je suis au Paris Saint-Germain.
08:54 J'ai grandi à Paris, il y a tout, il y a tout pour que vraiment,
08:57 on se soit idyllique.
08:58 Et en tout cas, j'espère.
09:00 - Vous reposez un peu, parce que j'ai vu que vous aviez dit aussi
09:01 avec les frères Karabatic que c'était un rythme quand même éreintant
09:04 et qu'il fallait prendre en compte cette fatigue.
09:06 Vous étiez épuisé.
09:07 - Oui, oui, c'est un peu...
09:08 On est un peu signé pour ça, mais c'est vrai que c'est assez dur,
09:12 l'enchaînement.
09:13 Après, on peut dire qu'on se plaint, etc.
09:14 Mais au final, le corps a besoin de se reposer.
09:18 Il y a, comme vous disiez, l'aspect psychologique
09:20 qui prend énormément le dessus sur plein de...
09:22 - Et surtout le fait d'avoir en ligne de mire la victoire,
09:25 comme on l'espère pour la France aux JO.
09:27 Alors pronostic à tous les deux, vous me donnez un chiffre.
09:29 Nombre de médailles pour la France, nombre de médailles d'or.
09:31 Un chiffre, pronostic.
09:33 Vite, il nous reste 30 secondes.
09:35 Pronostic.
09:36 P-R-O-N-O-S-T-I-C.
09:40 - Une vingtaine.
09:40 - Je dirais 26.
09:41 - 26.
09:43 - Allez, 24.
09:44 - On est prêt.
09:45 [SILENCE]