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Clique, c'est présenté par Mouloud Achour, tous les jours à 19h45 en clair sur CANAL+ !
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00:00 Valentin Raffali, originaire de Marseille,
00:02 il a ouvert son restaurant Livingstock à seulement 24 ans
00:05 et dernièrement il a cuisiné pour le festival de Cannes,
00:08 mais on le connaît surtout pour ça.
00:09 Je rejoins l'aventure de Top Chef saison 15
00:13 et ça, ça pète sa mère.
00:15 Et voilà ce qui s'est passé dans le dernier épisode.
00:17 Oui, j'ai une évidence pour la salade de homard.
00:20 La salade de homard !
00:21 Wouhou !
00:22 T'as rien !
00:23 T'as rien !
00:24 Yes papa !
00:25 C'est donc Valentin qui se qualifie
00:27 pour la prochaine semaine de compétition.
00:29 Il s'est passé quelque chose sur ce plat que j'ai adoré.
00:31 Je pense que c'est le seul plat des quatre
00:33 où j'aurais absolument rien changé
00:35 si je voulais le servir ici.
00:36 Les autres candidats non, mais ta salade de homard, si.
00:39 Oh là là, il le place à chaque fois !
00:41 Pardon.
00:42 T'inquiète.
00:43 Désolé.
00:44 Bonsoir Valentin Raffali,
00:46 on est très heureux de vous recevoir sur le plateau de clip.
00:48 Je vous présente Manon Fioro.
00:50 Bonjour.
00:51 Bien sûr, ce soir,
00:52 Valentin, c'est les quart de finale de Top Chef.
00:54 Vous êtes face à Jorick, Pavel, Marie.
00:56 On ne peut rien dire, on n'en parlera pas,
00:58 mais qu'est-ce que ça vous fait d'entendre Jean Imbert,
01:00 un des plus grands chefs du monde,
01:01 parler comme ça de votre cuisine ?
01:03 Ça me touche.
01:04 Moi, j'attends pas forcément de confirmation des autres,
01:08 mais quand c'est Jean, c'est différent.
01:10 Pourquoi c'est différent quand c'est Jean Imbert ?
01:12 C'est différent quand c'est Jean Imbert
01:15 parce que Jean, c'est la cuisine, mais c'est aussi la culture
01:17 et c'est quelque chose qui m'est important.
01:20 C'est ma vie, je trouve qu'il incarne la cuisine,
01:22 mais tellement d'autres choses.
01:24 Et c'est en général des connexions avec des gens que j'aime beaucoup.
01:26 Donc au final, ça résonne vraiment pour moi.
01:27 Et en plus, c'était dans ce train, c'était trop beau.
01:30 C'est marrant parce que même quand on vous voit,
01:32 on voit que c'est pas que de la cuisine.
01:34 Il y a une nouvelle génération de chefs
01:35 où c'est aussi de la culture, comme vous dites.
01:37 C'est quoi, cette culture ?
01:39 La culture, c'est tout ce qu'on aime, au final.
01:42 La culture, c'est la musique, la culture, c'est le cinéma.
01:45 En fait, c'est tout le monde créatif qu'on se crée.
01:48 Moi, j'ai de la chance parce que j'arrive à tout mettre dans ma cuisine.
01:51 C'est l'avantage d'avoir son restaurant aussi.
01:54 C'est la cinématique qu'on se raconte, en fait.
01:58 Et au final, il y a la finalité, c'est ton médium.
01:59 Moi, c'est la cuisine.
02:01 Donc voilà, c'est ça, pour ma culture, c'est ça.
02:03 -Tant qu'il y a pas de la Music Lounge dans votre resto, ça me va.
02:05 -Non, il y a pas de... Non, non, enfin encore.
02:07 -Valentin, Raphaëlie, vous avez 28 ans, vous êtes marseillais, on l'a dit.
02:10 Vous avez grandi entouré de femmes.
02:11 Votre grand-mère, votre mère, c'est par elle que vous arrivez à la cuisine.
02:15 C'est votre maman qui vous offre votre premier livre de cuisine.
02:18 Elles ont toujours une place importante aujourd'hui ?
02:20 -Oui, moi, j'ai grandi... -Dans votre approche ?
02:21 -Oui, oui, oui.
02:22 Déjà, ma mère, je l'appelle tous les jours.
02:25 Moi, j'ai grandi qu'avec des femmes et je pense que l'empreinte, elle est très forte.
02:31 J'ai jamais vraiment mis de mots dessus.
02:33 Mais au final, ça s'est quand même vu sur mon resto
02:34 parce que le collectif a toujours été très féminin.
02:37 Et même maintenant, cette année, où je fais beaucoup d'événements
02:39 ou quand je me déplace, en général, c'est toujours très féminin, quoi.
02:43 Donc je suis très à l'aise.
02:44 -À seulement 3 ans, Valentin, vous en avez parlé il y a peu,
02:47 vous avez été diagnostiqué d'un cancer de l'oeil.
02:49 Vous avez perdu l'usage de votre oeil droit.
02:51 Et vous avez passé beaucoup de temps dans les hôpitaux,
02:53 très jeune, beaucoup trop.
02:55 Qu'est-ce qui reste aujourd'hui de toute cette épreuve
02:57 dans l'homme que vous êtes devenu ?
02:59 -Alors, je dirais que je sais pas, mais au final, c'est paradoxal
03:02 parce que j'ai pas un mauvais souvenir, moi, de l'hôpital,
03:05 parce qu'on est jeune et au final, c'est ta normalité, quoi.
03:08 Ce qu'il en reste, c'est que le cancer, il y en a deux.
03:10 Quand t'es gamin, tu le captes pas.
03:12 C'est plus quand tu sors et que t'arrives dans le monde du réel,
03:14 il y a le cancer que t'as.
03:15 Et puis, un jour, j'avais dit "le cancer, c'est les autres",
03:18 parce qu'en fait, tu réalises que t'es malade
03:20 dans le regard des autres, quoi.
03:22 Donc ça a été ça, l'après.
03:23 Mais au final, moi, je changerais rien, tu vois,
03:26 parce que quand on te regarde un petit peu bizarrement,
03:28 du coup, tu te sens un petit peu différent,
03:30 mais au final, c'est le meilleur cadeau que la vie elle m'ait fait
03:31 parce que c'est comme ça que t'assumes la culture, justement,
03:34 de dire "voilà ce que j'aime, voilà ce que je défends,
03:36 ça, c'est mes rêves".
03:38 Et peut-être que si j'avais pas eu de cancer,
03:40 j'aurais pas la chance d'avoir...
03:42 Tu sais, j'ai besoin de musique, j'ai besoin de cinéma,
03:45 j'ai besoin de tout ça.
03:46 Et je pense que c'est ça, c'est l'exclusion qu'un cancer te donne.
03:48 -Et c'est souvent l'apanage des grands artistes,
03:50 c'est de transformer leur faille en force.
03:52 -Je pense, ouais.
03:53 -On avait reçu sur ce plateau la chef étoilée Dominique Rennes
03:56 qui disait justement,
03:57 qui a elle aussi traversé une épreuve avec son cancer,
04:00 elle disait "c'est sans doute là le feu de Valentin".
04:02 C'est quoi, ce feu ?
04:04 -Le feu, c'est ton incapacité de pas pouvoir changer les choses
04:08 et c'est ce qu'un cancer, malheureusement, te donne, tu vois,
04:10 c'est une fatalité, un petit peu.
04:12 Après, je suis encore vivant, mais le feu, c'est de...
04:14 Et même là, je l'ai, au moment où je parle.
04:16 Tu sais, c'est quand ça brûle tout le temps
04:17 et t'as toujours envie d'essayer et ça te va jamais.
04:19 Et en fait, quand on se félicite,
04:21 moi, je me félicite pas et on continue.
04:23 Il y a un gros lien avec ce que tu disais tout à l'heure,
04:25 c'est le rapport au travail, le feu, en fait.
04:27 C'est que ça s'arrête jamais.
04:28 Donc, au final, t'as même pas...
04:31 Les objectifs qui paraissent gros pour certains,
04:32 en fait, t'as les sur ta vie.
04:34 -Mais ça te fait pas du mauvais sang
04:36 quand on n'arrive pas à se féliciter ?
04:39 -Si, mais c'est l'importance d'une clique, de l'entourage.
04:42 Parce que moi, j'ai besoin de l'entourage
04:43 pour réaliser ce qui m'arrive,
04:44 parce que je me félicite rarement.
04:47 On termine quelque chose, ça fait du bien
04:49 et en fait, je passe très vite à autre chose.
04:51 -C'est pareil après une victoire ?
04:52 -Ouais, c'est exactement pareil.
04:53 -Même après une victoire, jamais contente ?
04:54 -Non, il y a toujours un truc dans le combat
04:56 qu'on a mal fait et qui va pas.
04:59 Après, là, j'ai appris justement un peu à apprécier
05:01 après les combats, parce que j'avais du mal, en fait.
05:03 Je repartais de suite et là, lors de mon dernier combat,
05:05 c'est la première fois que j'ai un peu soufflé,
05:07 parce que pour moi, j'y suis presque.
05:09 Je me suis dit que la prochaine, ce sera la ceinture.
05:11 Allez, on va souffler un peu.
05:13 -Valentin, vous avez ensuite passé votre CAP,
05:15 vous avez voyagé partout dans le monde,
05:17 en Australie, en Angleterre.
05:19 Vous avez fait plein de choses et à 24 ans, c'est très jeune,
05:21 vous décidez d'ouvrir Livingstone sur le courginien à Marseille.
05:25 Qu'est-ce que vous êtes décidé à franchir le pas ?
05:27 Vous dire "c'est maintenant".
05:28 -C'était parce que je pense que de franchir le pas,
05:31 je pense que je suis pas adapté pour travailler pour quelqu'un.
05:34 Et parce que je cherche toujours à partir ou à fuir.
05:37 Et plus maintenant, parce que maintenant,
05:38 je suis en contrôle de ce que...
05:39 C'est ce que je voulais, je voulais de l'indépendance, en fait.
05:41 Je voulais pouvoir...
05:42 Je voulais donner, sincèrement donner.
05:44 Et donner, du coup, ça passe par la culture.
05:46 C'est en gros, quand tu rentres,
05:47 c'est comme si tu rentrais dans ma chambre, quoi.
05:49 C'est pas très clean.
05:51 Il faut en savoir donner, il y a ma musique,
05:52 tout ça, c'est ce que je voulais, en fait.
05:54 Je voulais être en capacité de créer.
05:56 Et la création...
05:57 La cuisine, c'est mon médium, mais ça ne...
05:59 C'est 50 %, au final, de ce que je donne.
06:02 Il y a tellement plus !
06:03 C'est pour ça que je voulais ouvrir le Livingston.
06:04 - Vous avez un plan commun, tous les deux.
06:07 Un cuisinier et une combattante,
06:08 c'est que tous les deux, vous êtes des combattants.
06:10 Quel est le plus grand combat
06:11 que vous ayez gagné dans votre vie ?
06:13 - Ah, wow ! C'est une bonne question.
06:15 - Ouais !
06:15 - Euh...
06:16 - Le plus grand combat...
06:18 - Au sens propre, comme au sens figuré.
06:21 - Moi, le...
06:22 Si je peux me permettre de...
06:24 Moi, je pense que c'est le deuil de mon père.
06:25 J'ai perdu mon père.
06:27 Et c'est le...
06:29 Au final, je pense qu'on fait jamais le deuil...
06:30 Enfin, ça nous a combattus toute notre vie,
06:32 mais maintenant, je fais les choses pour moi,
06:33 alors que très souvent, je me disais,
06:35 "Ouais, je pense qu'il serait fier de moi."
06:38 C'est ça, ma plus grosse réussite, maintenant,
06:39 c'est de faire les choses pour moi,
06:40 de me dire...
06:41 D'avoir une direction.
06:43 Et d'avoir enfin fait le deuil, je pense.
06:45 - Je pense qu'on a un point commun,
06:46 puisque c'est un peu la même chose pour moi.
06:49 Donc...
06:50 Voilà, moi, je le...
06:51 Je suis pas encore arrivé au bout,
06:53 donc je vais le faire pour lui,
06:54 mais après, on verra la suite.
06:56 - Courage.
06:58 - Justement,
06:59 maintenant qu'on a un grand chef sur ce plateau,
07:00 on s'est demandé quel serait votre plat signature
07:03 pour Manon Fiorau, pour lui donner beaucoup de force.
07:05 Est-ce que vous avez une idée ?
07:07 - Donnez-lui juste quelques ingrédients que vous kiffez,
07:10 et il va très, très vite dans sa tête.
07:12 - Euh...
07:13 Quelques ingrédients...
07:14 Non, mais moi, ce serait simple, en fait.
07:16 Ce serait peut-être une pizza.
07:18 - Ah ouais, parfait.
07:19 - Mais j'étais sûr que vous alliez dire ça, pourquoi ?
07:21 - Non, il y a que la pizza, en fait.
07:24 Ça représente tout, la pizza.
07:25 C'est le repas d'après-combat.
07:27 - C'est vrai ? - Ouais.
07:27 - C'est quoi comme business que tu prends ?
07:29 - Il y a de tout.
07:30 - OK.
07:31 - De tout, avec le plus d'ingrédients possibles dessus.
07:34 - OK. - Des trucs vraiment un peu fous.
07:35 - Alors, Valentin, une pizza comme ça,
07:37 qui serait incroyable pour elle,
07:39 avant d'aller chercher la ceinture de championne du monde ?
07:41 Quelle pizza ? Qu'est-ce qu'on met sur sa pizza ?
07:42 - Je pense que tu mettrais pas trop de fromage et tout,
07:44 parce que sinon, tu vas jamais taper, quoi.
07:45 Après, tu vois...
07:46 - Ouais, t'es sûr.
07:47 - Non, je rigole.
07:49 Mais moi, c'est pas la pizza,
07:50 c'est le moment que je te donnerais, tu vois.
07:52 La pizza, ça peut être un truc très simple,
07:54 mais c'est là où on parlait de culture,
07:55 je pense que c'est comment est-ce qu'on la mangerait, cette pizza ?
07:58 Et je ferais en sorte que tu te sentes bien, tu vois.
08:00 Et je pense que dans un moment calme,
08:02 je pense que t'as...
08:03 Je sais pas, après, mais c'est...
08:06 C'est ça, la signature, c'est pas ce qu'on mange, c'est comment...
08:09 - C'est aussi un peu ce qu'on mange, quand même.
08:11 - Oui, c'est ça.
08:12 - C'est un bon truc.
08:13 - On dirait un régime de 3 mois.
08:16 - Elle est en galère, mec.
08:17 Je te jure, tu peux lui raconter les histoires que tu veux,
08:20 elle est en galère, elle a fait des régimes de ouf,
08:22 elle veut une bonne pizza.
08:23 - Poulet, tout ce que tu veux.
08:24 - Voilà.
08:25 - C'est un peu du moment de la galère.
08:27 - Valentin, qu'est-ce que c'est, la suite ?
08:29 Y a quoi, après ?
08:30 - La suite ?
08:31 Waouh.
08:32 Là, je vis un petit peu au rythme de ce qu'on me propose
08:35 et j'ai la chance parce que, tu sais, je...
08:39 La suite, c'est sûrement Paris.
08:41 - Qu'est-ce que ça change de top chef, dans la vie d'un jeune chef ?
08:45 C'est quoi l'accélération ? C'est quoi le concret, en fait ?
08:48 - Moi, ce que ça a changé, c'est que j'étais très isolé,
08:50 mine de rien, dans mon resto.
08:51 Mais c'était volontaire, j'étais dans mon bail,
08:54 c'est les rencontres, au final, c'est le network que ça te donne.
08:58 En fait, t'as accès à des gens qui t'avaient jamais accès,
09:00 et de ça, tu te retrouves à...
09:02 Là, j'ai cuisine avec Stéphanie de Québec avant-hier,
09:04 les Jorics, par exemple.
09:06 C'est ce que ça t'apporte, en fait, c'est une ouverture.
09:09 Et t'as besoin des autres, en fait.
09:12 T'as besoin des autres, donc si je me retrouve à Paris,
09:14 ce sera pas que parce que moi ou parce que top chef,
09:16 c'est les gens avec qui j'ai rencontré.
09:18 Et c'est comme ça que ma carrière, elle s'est toujours designée.
09:21 - Aujourd'hui, on a besoin d'avoir de la notoriété pour être un chef ?
09:23 - Non, je pense pas.
09:25 Je pense que même la notion de notoriété, elle est très fragile.
09:28 Au final, moi, ça me fait...
09:30 Ça fait peur, la notoriété, parce que, tu sais,
09:33 il y a cette notion d'être surcoté,
09:35 où tu dis "Est-ce que je suis aussi bon que la lumière qu'il y a ?"
09:39 - Ou "Est-ce que chez moi, c'est aussi bon que ça a l'air beau sur Instagram ?"
09:42 - Ouais, exactement. Dans un monde où il y a beaucoup d'images...
09:45 En tout cas, je pense qu'il faut pas faire pour ça.
09:48 Il faut pas faire avec la volonté d'avoir de la notoriété,
09:50 si elle vient, tant mieux.
09:52 Et en fait, s'il y a un vrai travail de fond, il y en aura.
09:55 Et donc, la suite, je pense que ce sera Paris.
09:57 J'aurai 30 ans, 28 ans, encore une année, peut-être Paris.
10:01 Mais encore une fois, j'en sais rien. Je suis pas...
10:04 - C'est quoi le mantra, Valentin Raffali, pour garder ce mental-là,
10:07 cet état d'esprit ?
10:09 - C'est le travail. Et je travaille tout le temps.
10:11 Tout le temps. Et avant de venir, je réfléchissais.
10:14 Je me suis dit "Mais comment je peux dire le travail différemment ?"
10:16 En fait, j'ai pas d'autres mots.
10:18 Mais je le dis de toute façon, c'est de l'optimisme.
10:20 C'est pas souvent...
10:22 Je vais souvent te dire "Ouais, je peux pas, je travaille."
10:24 Et c'est mal interprété, mais c'est que j'adore ça.
10:26 Donc le mantra, c'est ça. C'est le taf.
10:28 Le taf, et c'est la répétition.
10:30 Sous-titrage Société Radio-Canada
10:32 [SILENCE]