Invité : Dr. Nasio

  • l’année dernière
Toutes les émissions de Clique sont à voir gratuitement et en intégralité sur myCANAL : https://can.al/CliquemyCANAL


Clique, c'est présenté par Mouloud Achour, tous les jours à 19h45 en clair sur CANAL+ ! 
Transcript
00:00 l'année dernière, vous avez animé un podcast interactif "L'inconscient" sur France Inter.
00:03 Et là, vous publiez un nouveau livre qui s'appelle "10 histoires de vie, de souffrance
00:08 et d'amour".
00:09 C'est disponible aux éditions Gallimard.
00:10 Et je voulais vous faire rencontrer le patron de la BRI parce que vos métiers ne sont pas
00:14 éloignés, ne sont pas si éloignés que ça.
00:16 On parle beaucoup en ce moment de liens entre la psychiatrie, la psychologie, ce que vous
00:23 vous faites et la criminalité.
00:25 Et j'aimerais d'abord savoir si vous, vous avez vu le documentaire sur la BRI.
00:28 Alors, je viens de voir le documentaire.
00:31 C'est passionnant.
00:33 Alors, ce qui est intéressant, c'est que je trouve que le travail que fait le monsieur
00:39 le commissaire, c'est passionnant.
00:41 Et il y a des histoires parce que la série documentaire, ce sont des histoires.
00:47 Et voilà-t-il que ça me fait penser à mon travail à moi, qui est aussi, on a dit tout
00:52 à l'heure, je me permets de dire parce qu'on a parlé dans la loge, et il m'a dit "c'est
01:01 un métier passion".
01:02 Et c'est vrai que son métier, monsieur le commissaire, et le mien, docteur Nasio, docteur
01:09 psychiatre, psychanalyste, c'est un métier passionnant.
01:13 Alors, c'est quoi la différence entre un psychiatre et un psychologue ? Et un psychanalyste.
01:18 Très bien. C'est une question importante pour tous les téléspectateurs.
01:23 Psychiatre, c'est un médecin qui a fait une spécialité.
01:27 C'est comme un médecin qui a fait cardiologie.
01:30 Il est devenu cardiologue.
01:32 Un médecin, pour faire psychiatre, il faut 5 ans, 4 ans, ça dépend.
01:38 Ensuite, vous avez le psychologue.
01:41 Le psychologue aussi fait une carrière universitaire, mais pas la médecine.
01:47 C'est une autre carrière, la carrière universitaire des psychologues.
01:51 Alors, le psychologue peut avoir différents champs.
01:55 Psychologue d'entreprise, psychologue clinicien qui s'occupe des patients, psychologue qui
02:02 peut travailler avec des enfants, etc.
02:04 Alors, le psychologue ne peut pas prescrire des médicaments.
02:10 Le psychiatre, le médecin, peut le faire.
02:13 Et puis, vous avez le psychanalyste.
02:17 Le psychanalyste peut être le psychiatre, peut être le psychologue, qui pratique une
02:24 façon de faire qui s'appelle psychanalyse.
02:27 Je tenais aussi à vous recevoir parce qu'en ce moment, sur les réseaux sociaux, nous
02:30 on est très, très subis sur les réseaux sociaux par des gens très jeunes.
02:33 Il y a beaucoup de gens qui parlent de santé mentale.
02:35 Et souvent, ça donne des biais qui ne sont pas ceux forcément que prônent les médecins.
02:39 Pourquoi est-ce que c'est important d'aller voir un spécialiste et pas simplement d'aller
02:43 sur les réseaux se faire son autodiagnostique ?
02:45 Parce que la santé mentale, nous l'avons tous.
02:50 Voilà qu'il y a M. le commissaire qui s'occupe d'une certaine façon de protéger le citoyen.
02:59 Moi, je me préoccupe de protéger le citoyen qui est tombé malade, qui souffre, qui souffre
03:08 dans la santé mentale, est fragile et il a des souffrances et il vient me demander
03:14 "Docteur, je voudrais que vous puissiez me débarrasser de ma souffrance."
03:20 Quand je reçois quelqu'un, il y a quatre choses.
03:23 La souffrance.
03:25 Deux, quelle est la cause de la souffrance ?
03:28 Trois, comment diminuer la souffrance ?
03:31 Et quatre, alors là, c'est le psychanalyste qui parle.
03:35 Ça ne me suffit pas de diminuer la souffrance.
03:38 Je voudrais lui apprendre, aux patients, à aimer d'une manière différente.
03:44 Je voudrais, même aujourd'hui, le téléspectateur de clic, je voudrais qu'il apprenne à aimer
03:53 ce qu'il a.
03:54 Est-ce que vous pouvez expliquer au téléspectateur de clic le tabouret de l'amour ?
03:57 Comment ?
03:58 Expliquez le bouquet de l'amour ou le tabouret qui compose l'amour.
04:02 D'abord, j'ai fini ma l'idée, parce que c'est un message important que je veux passer,
04:08 c'est aimer ce qu'il a.
04:10 Nous devons aimer ce que nous avons.
04:13 Ce n'est pas facile.
04:14 Il y a des personnes qui n'aiment pas ce qu'ils ont.
04:17 J'aimerais qu'on aime ce qu'on fait.
04:20 Monsieur le commissaire aime ce qu'il fait.
04:25 Moi, j'aime.
04:26 Et vous ?
04:27 J'aime ce que je fais.
04:30 Et vous, vous aimez ce que vous faites.
04:32 Eh bien, aimer ce qu'on a, aimer ce qu'on fait et aimer ce qu'on est.
04:41 Ce n'est pas toujours facile.
04:43 La plupart de mes patients ne s'aiment pas.
04:47 Et mon travail, c'est, comme je disais, quelle souffrance, la cause de la souffrance, diminuer
04:54 la souffrance.
04:55 Et quatrième point, essayer qu'ils s'aiment d'une manière différente, qu'ils apprennent
05:00 à s'aimer.
05:01 Alors, bien sûr, dans mon livre, "10 histoires de vie, de souffrance et d'amour", vous me
05:09 faites l'honneur de…
05:10 Il y a une histoire intéressante, c'est celle, par exemple, de Mathieu, qui est un
05:15 préado qui souffre d'une grave phobie scolaire.
05:17 Il y a également Angèle, une jeune anorexique.
05:19 Et j'aimerais que vous parliez de William, qui, lui, William, en fait, il souffre tellement
05:23 qu'à plusieurs reprises, il organise un mariage et il plante à chaque fois son mariage
05:27 le jour J.
05:28 C'est terrible.
05:29 C'est terrible.
05:30 Quand ce patient est venu me voir, je lui ai demandé…
05:33 C'est le premier entretien et il m'a dit, j'ai un grave problème, docteur.
05:39 Je dis, qu'est-ce qui se passe-t-il ?
05:41 Écoutez, je ne sais pas ce que j'ai.
05:44 J'ai eu une femme, il y a deux ans, je l'aimais et elle m'a dit, on se marie ? Et je lui
05:52 ai dit, oui, on se marie.
05:53 Et alors, on a préparé tout, les invités, le maire, etc., les familles.
05:59 Et docteur, j'arrive à la place de la mairie, je prends la voiture, je ne supporte pas,
06:08 je tourne et je m'en vais.
06:10 Le problème, docteur…
06:12 C'est incroyable, ça.
06:13 Trois fois.
06:14 Trois fois, c'est beaucoup.
06:15 Le problème, docteur, je dis, bon, ça, c'est…
06:18 Quand je l'écoutais, comme vous venez de le dire, une fois, bon, mais quand il m'a
06:23 dit, ça m'est arrivé trois fois, évidemment, il y a là un patient qui souffre des troubles
06:30 de panique, c'est-à-dire qu'il a une panique à s'engager et à sentir que se
06:37 marier, c'est être prisonnier.
06:39 Et c'est vrai, Mouloud, si je me permets de vous appeler Mouloud…
06:45 Oui, c'est comme ça que je m'appelle.
06:47 Il y a beaucoup de personnes qui pensent que se marier, c'est être prisonnier.
06:53 Oui.
06:54 Dans ce que dit le docteur Nasio, qui est quand même fascinant, c'est effectivement,
07:02 en discutant, on a trouvé des ponts, on essaye de résoudre des problèmes.
07:05 Et ce que j'ai trouvé intéressant dans vos trouvages, c'est que vous n'hésitez
07:10 pas, comme nous, à sortir du cadre.
07:11 Sur cette affaire de phobie scolaire, vous allez faire quelque chose d'innovant.
07:16 Et ça, c'est un peu l'ADN de la baierie, c'est de se dire, on ne peut pas toujours
07:20 utiliser des techniques qu'on a déjà utilisées, il faut inventer.
07:23 Et c'est ce que j'ai trouvé passionnant dans votre ouvrage, c'est cette capacité
07:27 à se dire, il y a un problème qui est tellement gros, qu'est-ce que je vais pouvoir faire
07:31 qui sorte un peu de la thérapie qui pourrait sembler classique ?
07:35 Vous, vous avez quelque chose au centre de toute votre thérapie, c'est l'amour.
07:39 Et vous dites que l'amour, c'est comme un tabouret ou un bouquet de fleurs.
07:42 Est-ce que vous pouvez m'expliquer ?
07:43 Oui.
07:44 Il y a eu un patient qui est venu, il m'a dit, docteur, je ne sais pas si je suis amoureux.
07:51 Beaucoup de gens se demandent ça.
07:53 Et alors je lui ai dit, écoutez, il y a deux réponses que je vais vous donner.
07:59 La première, c'est que pour savoir si vous êtes amoureux, il y a une solution, ce n'est
08:05 pas la meilleure, mais c'est la solution, c'est que l'autre soit absent.
08:09 Si votre compagne ou votre compagnon est absent et il vous manque, fortement attention, c'est
08:19 que vous êtes amoureux.
08:20 Ça veut dire que l'amour se définit par l'absence.
08:23 Première réponse.
08:24 Deuxième réponse.
08:25 Je dis, et puis, vous savez, l'amour n'est pas comme on croit, un sentiment unique, pur.
08:33 C'est un mélange des sentiments.
08:35 Et quand je me suis mis à étudier les différents aspects et composants de l'amour, je découvre
08:43 qu'il y en a 12.
08:44 Alors une minute, il nous reste une minute.
08:46 Donnez-nous les 12.
08:47 Comment ? En une minute, donnez-nous les 12.
08:49 Il ne nous reste qu'une minute.
08:50 Les 12 ? Oui.
08:51 Allez.
08:52 Le sexe.
08:53 L'idée, le narcissisme, c'est-à-dire aimer, c'est s'aimer.
09:00 La peur de qu'on m'équite.
09:02 La jalousie.
09:04 La dépendance.
09:06 Il ne faut pas avoir peur de dépendance.
09:09 S'il vous plaît, monsieur le téléspectateur, n'ayez pas peur d'être dépendant.
09:14 La dépendance est saine.
09:16 Il me manque...
09:18 On a compris l'idée.
09:22 Voilà, c'est ça qui me manque.
09:25 Merci beaucoup, docteur Nazio.
09:26 Merci.
09:27 Merci.
09:28 Merci.
09:29 Merci.
09:30 Merci.