Thomas Sotto reçoit Adrien Quatennens, député LFI du Nord, dans les 4 vérités.
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00:00 Bonjour et bienvenue dans les 4V, Adrien Quatennens.
00:06 Bonjour Thomas Sautot.
00:07 Beaucoup de personnes sont ou seront choquées de vous voir ici ce matin parce que le 13 décembre 2022,
00:12 vous avez été reconnu coupable de violences conjugales et condamné à 4 mois de prison avec sursis.
00:16 Est-ce que vous comprenez, pour commencer, que votre retour médiatique heurte et qu'est-ce que vous leur dites à ces personnes ?
00:22 Vous savez Thomas Sautot, c'est vrai, il y a plusieurs années, lors d'une dispute conjugale, j'ai levé la main.
00:29 Et ce geste ne doit pas être minimisé ni banalisé.
00:34 Une gifle n'est pas acceptable et aucun contexte ne la justifie.
00:38 Je l'ai immédiatement regrettée, ça ne s'est jamais reproduit.
00:41 Je n'ai d'ailleurs pas attendu d'être mis en cause pour la regretter.
00:44 Et longtemps plus tard, cette faute a été rendue publique au moment de mon divorce.
00:49 Et on me pose souvent la question de savoir si je regrette d'avoir reconnu les faits qui m'étaient reprochés.
00:58 Je vais vous dire franchement Thomas Sautot, ce que je regrette c'est d'avoir un jour levé la main, ça oui.
01:02 Ce que je regrette aussi c'est...
01:04 C'est peut-être ce que vous aviez dit à l'époque, pardon.
01:05 Justement.
01:06 Vous aviez dit que la peine était sévère, vous étiez plein d'une forme d'acharnement contre vous, de lynchage médiatique.
01:10 Vous aviez dit vivre une épreuve personnelle, bref, vous étiez largement posé en victime.
01:15 Est-ce que ces mots-là, vous les rediriez aujourd'hui ?
01:17 Ce que je regrette aussi Thomas Sautot en effet, c'est d'avoir mal compris à l'époque que certains mots, pour ma défense, étaient mal choisis.
01:24 Aujourd'hui je ne les redirai pas.
01:26 Mais ce que je ne regrette pas en revanche, c'est d'avoir été honnête.
01:29 Vous savez, je souhaite pour toutes les femmes victimes, de la première violence jusqu'au pire,
01:35 qu'elles puissent être correctement entendues par la justice, qu'elles puissent être accueillies et obtenir une réparation rapide et efficace.
01:43 Aujourd'hui malheureusement ce n'est pas le cas.
01:45 Vous savez, à la demande de mon groupe parlementaire La France Insoumise, j'ai suivi un stage de sensibilisation aux violences intrafamiliales.
01:52 Qu'est-ce que vous y avez appris ?
01:53 D'abord, elles veulent rester anonymes, mais je veux dire que les femmes qui m'ont accueilli et la structure qu'elles animent m'ont beaucoup aidé.
02:02 Avec elles j'ai appris, j'ai travaillé, j'ai compris.
02:04 J'ai compris notamment ce que disent les féministes quand elles disent que dans les violences il y a, vous savez, une forme de continuum, quelque chose de progressif.
02:11 Et la conclusion que j'en tire Thomas Sautot, c'est que si nous voulons éradiquer ces violences, alors il faut défaire certains mécanismes qui sont intériorisés en nous,
02:19 notamment des mécanismes sexistes.
02:21 Est-ce que cette condamnation était méritée ?
02:23 En tout cas, je ne l'ai pas contestée.
02:25 La justice a parlé, elle est passée, Adrien Quatennens, elle vous a condamné à une peine non-tacte.
02:29 Mais le problème se pose peut-être au-delà du judiciaire, d'un point de vue sociétal.
02:33 Dans un pays où le collectif Nous Toutes a comptabilisé 134 féminicides l'an dernier, les violences conjugales sont-elles pardonnables ?
02:40 Je parle du point de vue sociétal, je ne parle pas de la justice.
02:43 D'abord, les violences conjugales, ça recouvre bien des choses.
02:47 Je le disais, les féministes parlent de continuum et de ce point de vue, elles ont raison.
02:51 Mais la conclusion que j'en tire, c'est aussi que chacun peut s'améliorer.
02:55 Oui, Thomas Soto, on peut commettre des erreurs et s'améliorer.
03:00 On peut commettre des erreurs, les regretter.
03:03 Il y a un parcours, moi, que j'ai suivi et je souhaite qu'il puisse être suivi par toutes les personnes concernées.
03:08 Alors après, bien sûr, il y a une gradation, une proportion dans les violences.
03:11 Vous imaginez bien, les faits qui m'ont été reprochés ne sont pas d'autres faits.
03:15 Mais je pense que oui, chacun peut s'améliorer, chacun peut faire mieux en quelque sorte.
03:20 Adrien Quatennens, ce mercredi sera marqué par l'hommage de la nation rendu aux invalides,
03:24 aux 42 victimes françaises des attaques du Hamas le 7 octobre dernier en Israël.
03:28 Puisque ce matin, vous semblez vouloir clarifier les choses,
03:30 est-il compliqué pour vous aussi de dire que ce qui s'est passé le 7 octobre est un attentat, est un acte terroriste ?
03:37 D'abord, Thomas Soto, permettez-moi d'avoir des mots de compassion et d'empathie sincères pour ces familles de victimes.
03:43 Il n'y a pas de mots pour dire la douleur que représente le fait de perdre un proche,
03:46 parfois même un enfant, dans ces circonstances atroces.
03:49 Car oui, les actes commis par le Hamas sur le sol israélien le 7 octobre sont atroces.
03:54 Mais aujourd'hui, vous n'aurez pas échappé que c'est un jour d'unité nationale.
03:58 Il y a cet hommage aux familles des victimes.
04:01 Nous y sommes invités par le président de la République.
04:04 Imaginez que nous refusions cette invitation.
04:06 Donc oui, nous allons être représentés par une délégation,
04:09 notamment Mathilde Panot, la présidente du groupe parlementaire,
04:11 Éric Coquerel, Caroline Fiat, Manu Esboumbar.
04:13 Donc vous y serez à votre place.
04:14 Ils seront, voilà. Ils nous représenteront.
04:16 Mais je veux dire une chose, c'est que je suis atterré par le traitement médiatique
04:24 qui est réservé à la France Insoumise sur cette question.
04:26 Thomas Soto, nous avons été les premiers, le 7 octobre, à condamner les actes du Hamas,
04:32 à dire notre compassion pour les victimes, et nous portons un message de paix.
04:36 Ma question est un tout petit peu plus précise ici, si je peux me permettre.
04:38 Est-ce que c'est un acte terroriste ?
04:39 Je ne vous parle pas de Benyamin Netanyahou,
04:41 je ne vous parle pas du cauchemar vécu par les Palestiniens depuis des années,
04:44 et particulièrement depuis quelques semaines.
04:45 Je ne vous parle pas de la problématique des deux États, qui sont autant de vrais sujets.
04:49 Je vous parle de ce qui s'est passé le 7 octobre 2014.
04:51 Des hommes, des femmes, des bébés assassinés, des corps mutilés, des corps brûlés,
04:55 des femmes violées, d'autres enceintes et ventrées.
04:58 Est-ce que ça, ça s'appelle de la résistance, ou est-ce que ça s'appelle du terrorisme ?
05:02 La France Insoumise n'a jamais qualifié le Hamas de force de résistance.
05:06 Daniel Obono l'a fait.
05:07 Non mais attendez, la France Insoumise n'a jamais qualifié le Hamas de mouvement de résistance.
05:13 En revanche, disons une chose, on devrait pouvoir, Thomas Soto,
05:17 choisir ces mots, se référer au droit international pour les choisir,
05:21 sans être suspecté d'antisémitisme.
05:23 L'AFP, par exemple, que vous connaissez bien,
05:25 je ne vous parle pas d'antisémitisme.
05:27 n'a pas utilisé les qualificatifs de terrorisme pour parler du Hamas,
05:30 et pour autant, on n'a pas vu qu'on ait fait un procès en antisémitisme à l'AFP.
05:33 On doit pouvoir critiquer l'action du gouvernement
05:36 Le Bataclan, c'était du terrorisme ?
05:38 Mais évidemment.
05:39 Le dire n'est pas être anti-musulman ?
05:40 Non.
05:41 On est d'accord. Est-ce que le 7 octobre, c'était du terrorisme ?
05:43 Mais ce sont des actes de crime de guerre.
05:45 C'est même peut-être encore pire que du terrorisme.
05:47 Vous savez pourquoi nous avons utilisé le mot "crime de guerre", Thomas Soto ?
05:50 Vous le savez maintenant, vous l'a répété plusieurs fois.
05:52 C'est parce que le qualificatif de crime de guerre, il est reconnu par la justice internationale.
05:56 C'est encore peut-être même plus fort.
05:58 Et puis aussi, vous n'êtes pas sans savoir,
06:00 que le concept flou de guerre au terrorisme,
06:02 cache une idéologie que nous ne pouvons pas accepter.
06:05 Celle du choc des civilisations.
06:07 Donc je le redis, on doit pouvoir critiquer l'action du gouvernement de l'Etat d'Israël,
06:10 un gouvernement d'extrême droite,
06:12 sans être suspecté d'antisémitisme.
06:14 On doit pouvoir choisir ses mots, sans être suspecté d'antisémitisme.
06:17 C'est la raison pour laquelle dans ma question, j'ai bien séparé tous les sujets que vous avez entendu.
06:19 Oui bien sûr, mais vous, vous le faites, mais tout le monde ne le fait pas.
06:21 Votre collègue député, LFI, Emre Karon, demande, et demandait hier soir encore,
06:24 que les athlètes israéliens qui participeront au JO,
06:26 le fassent sous bannière neutre, comme les Russes et comme les Biélorusses,
06:29 expliquant qu'on est dans des situations similaires. Est-ce que vous êtes d'accord avec ça ?
06:32 Écoutez, je pense en tout cas qu'il faut des sanctions.
06:34 Et il faut que ce soit entendu, il faut que la scène internationale se mobilise maintenant.
06:38 Vous savez, Thomas Soto, on a une délégation de parlementaires qui revient de Rafa.
06:42 On a le droit aussi de s'indigner, on a le devoir même de s'indigner
06:45 contre le massacre qui est en cours à Gaza.
06:47 Enfin, Thomas Soto, sur place, prétendument en réponse au massacre du 7 octobre,
06:52 qui nous l'avons dit sont terribles,
06:54 vous avez en trois mois 27 000 personnes qui sont mortes,
06:57 des femmes, des enfants, des hommes.
06:59 On est d'accord de la même manière.
07:01 Mais vous faites bien de le dire, parce que parfois on a eu le sentiment,
07:03 parfois, que les vies humaines n'avaient pas la même valeur, Thomas Soto.
07:06 Vous êtes content de ce que je dis depuis tout à l'heure,
07:07 mais je ne suis pas très content de vos réponses, que vous ne me répondez pas.
07:09 Est-ce que les athlètes israéliens devront défiler sous bannière neutre au JO ?
07:12 Je pense que ce serait une bonne idée, oui.
07:14 On attend toujours, Adrien Quatennens, de connaître la composition de la seconde partie.
07:17 Vous savez, juste, excusez-moi Thomas Soto, d'un mot,
07:19 parce que souvent les mots qui ont été utilisés à l'égard de la France insoumise,
07:24 honnêtement, sont odieux et dangereux.
07:26 Je vais juste te dire une chose.
07:27 À toutes les personnes qui, regardant la télé,
07:29 peut-être pourraient avoir des doutes à force d'entendre ces commentaires négatifs.
07:32 Je veux m'adresser à elles ce matin et leur dire ceci.
07:34 L'antisémitisme n'est pas dans les moyens d'un insoumis.
07:37 Pourquoi ? Parce que nous sommes des universalistes, des républicains,
07:39 et l'antisémitisme est un racisme, et nous vomissons tous les racismes.
07:44 On attend donc toujours de connaître la composition de la seconde partie du gouvernement.
07:47 Ce sera peut-être dans les prochaines heures, nous dit-on.
07:49 Qu'est-ce que vous en attendez, Adrien Quatennens ?
07:51 Pas grand-chose, compte tenu du discours de politique générale
07:55 qui a été fait par Gabriel Attal la semaine dernière.
07:57 Vous avez voté la censure, hein, vous ?
07:58 Bien sûr.
07:59 Ecoutez, vous savez, moi, c'est aussi la raison pour laquelle vous m'interrogez
08:03 sur pourquoi revenir et pourquoi maintenant.
08:05 Vous savez, je ne mène pas un combat pour moi-même.
08:07 Depuis mon engagement associatif contre le mal-logement il y a 15 ans,
08:10 jusqu'à l'Assemblée nationale, je mène un combat pour celles et ceux qui souffrent le plus.
08:14 Et aujourd'hui, je le crois, Emmanuel Macron dirige, gouverne ce pays
08:18 pour celles et ceux pour qui tout va bien.
08:20 Les 10% les plus riches de ce pays possèdent la moitié des richesses nationales.
08:23 Alors que dans le même temps, pour tous les autres, c'est toujours plus dur.
08:26 Les tarifs de l'électricité qui ont augmenté de 56% en seulement deux ans.
08:29 330 000 personnes qui sont sans domicile, Thomas Soto.
08:32 C'est une augmentation de plus 130% en 10 ans.
08:35 Et le discours de politique générale de Gabriel Attal montre que cette offensive antisociale
08:40 contre les plus fragiles, elle va se poursuivre.
08:42 Et moi, je suis inquiet pour mon pays, Thomas Soto.
08:44 Je suis inquiet pour mon pays parce que partout en Europe,
08:46 je vois l'extrême droite qui gagne du terrain.
08:48 L'extrême droite qui veut diviser le peuple entre ses appartenants supposés à telle religion,
08:54 ses origines ethniques, alors que nous avons besoin de le rassembler.
08:57 Je le dis, l'extrême droite se fiche pas mal du partage des richesses.
09:00 Le rassemblement national que vous évoquez veut faire des élections européennes,
09:03 un référendum anti-Macron.
09:04 Ce sera votre position à vous aussi, à la France insoumise ?
09:06 En tout cas, il n'est pas question de laisser messieurs Attal et Bardella
09:10 jouer tranquillement leur partition en restant spectateurs.
09:13 Et je veux vous dire, si la gauche était à la hauteur,
09:16 si elle parlait moins d'elle-même et un peu plus du peuple,
09:19 je pense qu'elle aurait un boulevard face à elle.
09:21 Moi, je désespère de voir l'héritage de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon en 2022
09:26 et la nuppesse qu'il a permis de créer,
09:28 ainsi sacrifiée sur l'autel des petites ambitions individuelles et des intérêts partisans.
09:33 Ce sera encore Jean-Luc Mélenchon, votre candidat en 2027 ? Vous le souhaitez ?
09:36 On verra bien. On n'est pas en 2027.
09:38 Si la situation se présentait aujourd'hui, je pense que oui, il serait le meilleur candidat.
09:43 Maintenant, en 2027, c'est encore loin, nous verrons.
09:45 Et franchement, nous n'y sommes pas.
09:47 En attendant, ce que je dis, y compris à nos partenaires,
09:49 c'est comme ça qu'il faut les appeler, de la nuppesse,
09:51 c'est que tout ceci n'est pas à la hauteur.
09:53 Oui, il aurait fallu, il faudrait une liste commune aux élections européennes.
09:56 Nous n'avons pas le temps de tout reprendre à zéro.
10:00 Nous sommes engagés dans une course de vitesse contre l'extrême droite
10:03 et l'extrême droite est en avance sur nous.
10:05 Donc, il faut maintenant y aller.
10:07 Et moi, je ne me résous pas à cette situation.
10:08 Et c'est pour ça que je veux continuer à agir.
10:10 Merci.
10:11 D'un mot juste, François Bayrou, de retour au gouvernement, ça vous plairait ou pas, ça ?
10:14 Je ne sais pas, François Bayrou, il était, je crois, commissaire au plan.
10:18 Je n'ai pas vu ce qu'il a fait de si formidable que cela.
10:21 Moi, je crois surtout qu'au ministère de l'Éducation nationale,
10:23 il faut quelqu'un qui se charge maintenant, peu importe le casting,
10:26 de dégeler le point d'indice des fonctionnaires
10:28 qui, vous l'avez vu, étaient encore dans la rue hier
10:30 parce que leurs conditions de travail ne sont pas acceptables
10:32 et qu'il y a une crise de vocation.
10:33 Puis, je fais une dernière petite page de pub.
10:35 Vous avez parlé des élections européennes.
10:37 J'invite toutes celles et ceux qui nous écoutent
10:39 à vérifier leur situation d'inscription sur les listes électorales,
10:42 sur le site onvoteinsoumis.fr,
10:44 puisque vous avez jusqu'au 3 mai pour vous inscrire sur la liste électorale.
10:47 On peut aussi vérifier sur la mairie.
10:48 En tout cas, l'idée de s'inscrire sur les listes électorales est une bonne chose,
10:50 quelles que soient les opinions des uns et des autres.
10:51 C'est bien de le dire.
10:52 Merci beaucoup à vous, Adrien Quatennens.
10:53 Merci de m'avoir invité, Thomas Soto.