Si Robespierre rappelle qu’"être armé pour sa défense personnelle est le droit de tout homme", la bien-pensance dénonce l’accès aux armes qui garantirait le Far-West : "je ne veux pas d’un pays où prolifèrent les armes et où l’on considère que c’est aux citoyens de se défendre" (E. Macron). Les soldats suisses gardent leurs armes de guerre à leur domicile sans que le pays ne soit submergé par la violence... Et c’est en Californie, Etat le plus restrictif sur l’accès aux armes, que les tueries de masse sont les plus fréquentes. Touchant directement chasseurs, tireurs sportifs et collectionneurs, l’accès aux armes interroge, compte-tenu de la violence grandissante... "(P)rendre les armes ?", l’ouvrage de Bertrand Saint-Germain, docteur en droit et élu local, traite de toutes les questions soulevées par l’accès des particuliers aux armes.
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00:00 [Générique]
00:06 Bonjour à tous. Bienvenue dans notre Zoom, aujourd'hui en compagnie de Bertrand Saint-Germain. Bonjour monsieur.
00:12 Bonjour.
00:13 Bertrand Saint-Germain, vous êtes docteur en droit, élu local et conseiller en stratégie juridique.
00:20 Vous publiez cet essai dont on peut lire le titre de deux manières différentes.
00:26 Prendre les armes ou rendre les armes. Un essai sur le libre accès aux armes,
00:33 publié chez le Polémar, qu'à retrouver comme d'habitude sur la boutique officielle de TV Liberté.
00:39 Bertrand Saint-Germain, vous partez de ce constat simple. L'État ne parvient plus à assurer la sécurité des Français.
00:45 La hausse des violences contre les personnes est unanime. Une plainte est déposée toutes les deux minutes
00:51 pour des violences gratuites. Vous plaidez donc pour que chacun puisse avoir accès aux armes pour se défendre lui-même.
00:59 Mais alors, évidemment, qu'est-ce que vous aurez à répondre à ceux qui vous diront qu'on va se retrouver
01:05 dans le Far West avec une dérive à l'américaine ?
01:09 Je leur répondrai que c'est pas la peine de partir si loin. On va à la gare de Lyon, on fait 3 heures de TGV,
01:13 on est en Suisse. Et la Suisse, c'est un pays où il y a un libre accès aux armes de tous les citoyens.
01:20 Les Suisses conservent chez eux l'arme de leur service militaire, des fusils d'assaut à la maison, avec des munitions.
01:26 La Suisse, c'est pas le Far West. Il n'y a pas un bain de sang quotidien à Genève et Zurich.
01:32 Comment vous expliquez justement le fait que tout se passe bien à peu près en Suisse ?
01:39 Eh bien, il y a certainement une éducation, une familiarité avec les armes qui fait...
01:46 Et puis, sans doute, le fait de savoir que les gens sont armés amène à une certaine prudence un certain nombre de délinquants.
01:54 C'est ce que vous rappelez dans votre ouvrage. C'est pas l'arme qui est dangereuse en elle-même,
01:59 c'est la personne qui la tient, avec des intentions plus ou moins hostiles.
02:04 Voilà. Ça a été un vieux slogan de l'association américaine de défense des possesseurs d'armes,
02:10 que les armes n'avaient jamais tué personne, que seuls les hommes tuent d'autres hommes.
02:15 Alors, vous citez l'ONG Amnesty International. Avec ce chiffre, aux États-Unis,
02:20 le nombre de morts par arme à feu par habitant serait nettement plus élevé que dans les autres pays industrialisés.
02:29 Vous dites que la réalité est plus nuancée, en fait.
02:33 Oui, comme souvent, on peut faire dire absolument ce que l'on veut au chiffre.
02:36 Il y a effectivement beaucoup de morts par arme à feu aux États-Unis,
02:39 simplement pour une raison évidente que les chiffres permettent de vérifier.
02:44 C'est que les armes à feu servent le plus souvent aux gens à se suicider.
02:48 On n'est pas dans une utilisation d'armes à feu pour tuer d'abord les autres, mais d'abord pour se suicider.
02:54 C'est ce qui amène à ces chiffres. Il y a un fort taux de suicide aux États-Unis,
02:59 qui reflète certainement beaucoup de difficultés culturelles, sociales américaines,
03:03 mais qui ne sont pas en tant que telles liées aux armes.
03:07 Oui, vous citez ce chiffre, 40 000 morts par homicide en 2017.
03:13 Sur ces 40 000 morts, il y a 24 000 suicides.
03:17 Et le taux est à peine au-dessus de la France pour 100 000 habitants.
03:22 On a 16 suicides aux États-Unis contre 14 en France.
03:28 Voilà, les taux statistiques sont assez proches les uns des autres.
03:32 – Alors, il est beaucoup question de tueries de masse.
03:37 Les médias en rajoutent, en font beaucoup sur les tueries de masse.
03:42 Est-ce que déjà, vous pouvez nous donner une définition de ce qu'est la tuerie de masse ?
03:47 – Alors, il n'y a pas de définition déposée des tueries de masse,
03:51 mais il est globalement admis que les tueries de masse sont des événements meurtriers
03:56 qui correspondent à la règle des trois unités de temps, de lieu et d'action.
04:00 Événement à l'occasion duquel une personne va provoquer quatre victimes,
04:06 mortes ou blessées, dans une équipée meurtrière le plus souvent.
04:11 Et il y a effectivement beaucoup d'analyses de ces données aux États-Unis.
04:16 Il n'y en a quasiment aucune en France.
04:18 Aux États-Unis, on compte près de 2 000 études,
04:22 thèses, articles de sciences médicales, de psychiatrie sur ces questions-là.
04:27 En France, il n'y a que deux études recensées réellement sur ces questions.
04:31 – Donc on ne peut pas savoir si à l'origine de ces tueries de masse,
04:36 il y a le libre accès aux armes ?
04:39 – Ça semble très exagéré.
04:41 D'ailleurs, en Chine, où l'accès aux armes est très réglementé,
04:45 on connaît également des tueries de masse.
04:47 Certaines ont eu lieu au couteau.
04:49 Donc il y a une nouveauté, certainement, ou une multiplication de ces tueries de masse
04:54 liées à la modernité, liées à la vie en ville,
04:58 à un certain mal-être social et individuel,
05:02 mais pas de lien direct avec les armes.
05:05 D'ailleurs, aux États-Unis, les États dans lesquels il y a le plus de tueries de masse
05:11 sont précisément des États dans lesquels l'accès aux armes est extrêmement contrôlé.
05:16 C'est le cas en particulier de la Californie,
05:18 qui est peut-être l'un des États, voire l'État le plus strict
05:21 en matière de contrôle de l'accès aux armes,
05:24 qui connaît 12% de la population et près de 20% des tueries.
05:28 Donc il n'y a pas un lien direct entre accès aux armes et tueries.
05:33 Comme la Suisse, dont on parlait tout à l'heure,
05:35 comme la Suisse le prouve chaque jour.
05:37 – Vous avez épluché les 200 constitutions politiques en vigueur dans le monde.
05:43 Seules celles des États-Unis, d'Haïti, du Guatemala et du Mexique
05:49 consacrent le droit de posséder des armes.
05:52 Comment ça se passe dans ces pays-là ?
05:54 Alors on a un peu parlé des États-Unis, mais Haïti, Guatemala et Mexique ?
05:58 – Alors dans ces pays, on est dans des pays d'Amérique latine
06:01 où la violence est endémique et la Constitution reconnaît la possibilité
06:06 pour les citoyens, leur droit d'avoir accès aux armes.
06:09 Ensuite, la loi organise les modalités.
06:12 Ce qui va faire la différence entre ces États et beaucoup d'autres,
06:15 c'est qu'il y est reconnu que le droit à se protéger,
06:19 le droit à l'autodéfense est considéré comme une raison suffisante
06:23 pour pouvoir accéder aux armes, pour protéger sa population.
06:26 D'ailleurs, il est à relever que dans ces trois États d'Amérique latine
06:29 où la violence est endémique, il n'y a pas de tuerie de masse en tant que telle.
06:33 Il y a beaucoup d'épisodes meurtriers, il y a des guerres de gangs,
06:36 il y a des enlèvements, mais on n'a pas ce qui correspond à la tuerie de masse,
06:40 c'est-à-dire à une personne qui va se saisir d'une arme
06:43 pour pénétrer dans un lieu public le plus souvent
06:46 et y tuer tous ceux qui vont se trouver sur son chemin.
06:49 C'est un phénomène que l'on ne rencontre qu'essentiellement
06:52 dans les pays les plus occidentaux et les plus développés.
06:55 – Est-ce que dans ces pays où l'accès aux armes est assez libéralisé,
07:02 est-ce qu'il y a du trafic d'armes ou est-ce que justement,
07:06 parce qu'il y a cette libéralité, les membres des cartels,
07:12 on les connaît au Mexique, peuvent aller acheter leurs armes
07:16 avec la bénédiction de l'État ?
07:19 – Justement, mais les cartels n'ont pas intérêt à recourir à des armes légales
07:24 pour la bonne raison qu'avoir le droit de posséder une arme,
07:27 ça veut dire qu'on aura le droit de l'acheter,
07:29 mais à ce moment-là on sera enregistré comme propriétaire de l'arme.
07:32 Et donc, en cas de meurtre ou d'événement criminel,
07:35 on pourra effectivement beaucoup plus facilement remonter
07:38 et savoir qui a utilisé l'arme, ce que ne souhaite pas le criminel.
07:42 – Alors, vous indiquez aussi dans votre ouvrage que, en Europe,
07:48 les taux de meurtre pour 100 000 habitants sont partout inférieurs à la moyenne mondiale.
07:55 Alors, est-ce que ce n'est pas la preuve que les restrictions d'accès aux armes
08:00 ont été efficaces contre la criminalité ?
08:04 – Une fois encore, on peut faire dire beaucoup de choses aux chiffres.
08:07 Simplement, c'est surtout la preuve que nous avons des sociétés policées,
08:11 organisées, réglementées, où la violence ne s'exprime pas par ces canaux-là.
08:17 Si on prend l'exemple de la Suisse, j'y reviens,
08:20 où il y a un accès très facilité aux armes,
08:23 où en République tchèque, on n'a pas de violence criminelle,
08:26 de violence par armes à feu qui soit supérieure.
08:29 Et puis on a un autre petit exemple en Europe qui est amusant,
08:32 c'est l'archipel du Svalbard, au-delà du cercle arctique,
08:35 au-delà de la Norvège, où le port d'armes est obligatoire pour quitter la ville.
08:40 Dès lors que l'on circule en dehors de la ville, il faut être armé,
08:44 en raison des attaques d'ours.
08:46 Au Svalbard, il y a plus d'ours que d'habitants.
08:49 Donc toute la population est armée,
08:52 mais on ne connaît pas d'actes criminels par arme à feu.
08:57 Donc faire le lien entre législation réglementant ou interdisant l'accès aux armes
09:03 et l'absence de meurtre,
09:06 faire le lien entre la réglementation et l'absence de crime,
09:10 ne se justifie pas.
09:12 – Et vous précisez bien que les instruments de contrôle de l'État
09:17 ne touchent que les honnêtes citoyens.
09:19 – Voilà, par définition, et c'est vu par les philosophes,
09:22 les criminologues depuis très longtemps,
09:24 par définition, un criminel ne va pas respecter les lois.
09:28 Lorsqu'il y a eu, à l'appel du gouvernement,
09:31 la remise des armes qui auraient été héritées,
09:33 c'était en décembre 2022,
09:35 le gouvernement avait fait une grande campagne
09:37 pour que les gens ramènent des armes dont ils auraient pu hériter
09:40 ou qu'ils auraient pu trouver.
09:42 Seuls des honnêtes citoyens sont allés ramener
09:47 tels mitraillettes de la résistance, tel fusil de chasse, etc.
09:51 On n'a vu aucun criminel ramener les armes
09:54 qui servent à surveiller les trafics et les zones de deal partout en France.
10:00 – Alors, les États, la plupart, en tout cas en France,
10:04 les États veulent désarmer leur population face à ce phénomène.
10:10 Vous semblez croire qu'il s'agirait d'empêcher les citoyens
10:14 de résister à une forme de tyrannie.
10:17 Alors, cela renvoie évidemment à l'état de nos libertés publiques.
10:22 Où en sont-elles ? Dans quel état sont-elles ?
10:25 – Si on choisit le point de l'accès aux armes,
10:29 il n'y a quasiment aucune liberté en France.
10:31 Mais la question des libertés publiques est plus large.
10:33 Simplement, c'est vrai que lorsque l'on parle de l'accès aux armes,
10:37 tout le monde pense actuellement,
10:39 le premier point auquel il fait allusion, c'est l'autodéfense.
10:43 Pourtant, lorsqu'on regarde les penseurs,
10:45 tous ceux qui ont écrit de Aristote jusqu'à la Révolution
10:48 sur ces questions-là, ils évoquent bien sûr l'autodéfense,
10:51 un droit naturel immémorial, mais ça ne vient qu'à la fin.
10:55 Et pratiquement, un des premiers critères pour justifier l'accès aux armes,
10:59 c'est de pouvoir éviter que le gouvernement ne sombre dans la tyrannie.
11:03 Avec cette idée que si le gouvernement est confronté
11:05 à des citoyens libres et armés,
11:07 eh bien, il est sous la protection de ses citoyens,
11:11 mais aussi sous la surveillance de ses citoyens.
11:13 Locke, au 18ème siècle, en Grande-Bretagne, ne dira rien d'autre.
11:19 La résistance à la tyrannie,
11:21 la résistance au fait que les gouvernants se sentent autorisés
11:25 à aller au-delà de la volonté du peuple,
11:29 eh bien, c'est une vérité première, c'est quelque chose de très présent,
11:32 et c'est d'ailleurs ce qui nourrit également le fameux 2ème amendement américain.
11:36 C'est-à-dire que les gouvernants ne doivent pas être en mesure
11:39 d'imposer au peuple des solutions avec lesquelles celui-ci ne serait pas d'accord.
11:44 Et dans ce cadre-là, il est certain qu'avoir des citoyens armés,
11:49 comme le relevait Aristote, c'est la meilleure garantie contre la tyrannie.
11:53 – Et la lutte, vous le rappelez, contre la tyrannie,
11:57 en tout cas c'est le cas en France, n'est pas reconnue
12:00 comme un motif légitime de posséder des armes, évidemment.
12:03 – Évidemment.
12:05 – Et vous rappelez aussi qu'il y a, et c'est quand même assez exact,
12:08 moins de contrôle à l'accès aux drogues, c'est le cas en France,
12:12 que d'accès aux armes.
12:15 On permet, l'État facilite le citoyen dans son accès à la drogue,
12:21 enfin en tout cas il le facilite, il le rend moins difficile que pour l'accès aux armes.
12:25 – Oui, il organise même des salles de shoot,
12:28 il n'organise pas la même chose pour l'accès aux armes.
12:32 Alors même que la consommation de subventions est interdite.
12:35 – Est-ce que le droit pour les citoyens d'avoir cet accès aux armes
12:40 est un bon indicateur du niveau démocratique d'un pays ?
12:45 – Eh bien, on s'aperçoit que plus il y a de réglementation,
12:50 plus les libertés régressent.
12:52 Or, sous ce prisme de l'accès aux armes, il est certain
12:57 qu'il y a un encadrement extrêmement fort
13:01 qui révèle une diminution des libertés individuelles.
13:04 Nos grands-parents ou nos arrière-grands-parents
13:08 n'auraient pas accepté une telle situation.
13:11 Il faut se rappeler que l'accès aux armes en France
13:13 était libre jusqu'à 1939.
13:16 Ce sont les menaces de la guerre qui ont conduit le gouvernement,
13:20 en 1939, à encadrer plus strictement les armes,
13:23 puis Vichy à interdire leur possession.
13:25 Et la République reprendra tout l'héritage de Vichy de ce point de vue-là.
13:29 – Comment vous expliquez la volonté de la plupart des gouvernements du monde
13:35 d'interdire ce droit d'accès aux armes pour des citoyens
13:40 qui sont censés être des êtres responsables ?
13:44 – Alors, il y a une part de méfiance vis-à-vis du citoyen.
13:49 Mais le premier point serait de rappeler que, finalement,
13:52 si on met les États-Unis à part, entre ceux qui autorisent
13:55 et ceux qui interdisent, finalement, on a un schéma assez proche,
13:58 puisque les uns vont interdire l'accès aux armes
14:01 tout en permettant un certain nombre de dérogations,
14:04 pour la chasse, pour le tir sportif,
14:06 tandis que les autres, ceux qui vont autoriser l'accès aux armes,
14:10 vont mettre des conditions à cet accès,
14:12 parmi lesquelles on trouvera la chasse, le tir sportif.
14:15 Donc, ici, on a vraiment un prisme qui est celui de la confiance envers le citoyen.
14:20 C'est interdit, sauf si tu es sage.
14:23 C'est inscrire l'idée, c'est montrer que, finalement,
14:27 on n'a pas vraiment confiance dans le citoyen.
14:30 Et qu'il y aurait lieu de s'en méfier, que l'État, c'est l'État-maman
14:34 qui surveille ce que fait le citoyen,
14:36 dont on a toujours peur qu'il commette une bêtise.
14:39 Alors que l'autre point de vue, c'est la liberté.
14:42 Vous êtes libre d'accéder aux armes, il faut respecter un certain nombre de conditions,
14:45 mais l'État n'a pas à se préoccuper, finalement,
14:47 de savoir pourquoi vous voulez accéder aux armes.
14:50 Il va se préoccuper de savoir si vous êtes bien formé,
14:53 si vous avez une formation théorique, pratique,
14:55 si vous êtes stable d'un point de vue psychiatrique.
14:58 Toutes ces choses-là peuvent être vérifiées,
15:01 mais ensuite, que vous les vouliez par connexion,
15:04 pour la chasse, pour le tir, ça relève du libre arbitre personnel,
15:07 ça ne relève pas de l'État.
15:09 Et d'ailleurs, il ne faut pas l'oublier, jusqu'à 1939,
15:12 c'était bien comme ça que cela se passait en France.
15:15 – Donc, vous plaidez Bertrand Saint-Germain
15:17 pour que chacun puisse avoir accès aux armes,
15:20 pour se défendre.
15:22 Comment vous justifiez cette libre possession d'armes ?
15:25 Vous évoquez trois cas.
15:27 – Eh bien, traditionnellement, la libre possession des armes,
15:32 c'est effectivement l'autodéfense, la résistance à la tyrannie
15:36 et la résistance à l'invasion extérieure.
15:38 Alors, l'hypothèse de l'invasion extérieure peut sans doute
15:42 être discutée, eu égard à la manière dont se déroulent aujourd'hui les conflits,
15:47 quoique avoir des citoyens formés aux armes peut toujours être utile.
15:51 L'autodéfense, l'actualité, montrent bien que c'est un besoin
15:57 auquel tout un chacun peut être confronté,
16:00 l'État n'assurant plus réellement et directement la sécurité collective partout.
16:04 L'hypothèse de la tyrannie, elle semble lointaine à ce jour.
16:09 Simplement, on sait quand même que l'État peut prendre des mesures
16:13 réprimant les libertés individuelles de manière extrêmement brutale et très forte.
16:17 – On a vu ça pendant le Covid. – Tout à fait.
16:19 – On a vu que les Français devaient se faire vacciner obligatoirement.
16:24 – Voilà, pour pouvoir continuer à avoir une vie sociale.
16:27 – Il y en a qui ont parlé de tyrannie à ce moment-là.
16:29 – Ça s'app… – De tyrannie, de dictature molle.
16:32 – Oui, ça s'apparentait incontestablement à une forme de tyrannie.
16:35 – Le Conseil d'État a suivi, le Conseil constitutionnel a suivi,
16:38 tout le monde a suivi le fait qu'on puisse violer
16:41 les libertés fondamentales des Français.
16:43 – Voilà, alors est-ce que avoir dit de donner des armes aux gens aurait…
16:47 – Non, pas… Est-ce que le fait que les gens aient pu avoir des armes
16:51 à ce moment-là aurait changé les choses ? Ce n'est pas certain.
16:54 Il ne s'agit pas évidemment d'appeler à la lutte armée, à la résistance et à la violence.
16:59 Mais incontestablement, ça rejoint vos questions précédentes, s'il y a une…
17:04 – Peut-être que si les Français avaient été armés,
17:06 le pouvoir aurait été un peu moins rigide, un peu moins dans la privation de liberté.
17:13 On peut effectivement le penser, Aristote ne disait pas autre chose.
17:17 – Rappelez aussi qu'à ses débuts, vous disiez un petit peu tout à l'heure,
17:21 la République a toujours fait de l'accès aux armes un droit sacré.
17:25 C'était le cas dans la constitution de 1793.
17:28 – Oui, et même dans celle de 1789.
17:30 Celle de 1789 évoque le droit naturel de résistance à l'oppression.
17:34 C'est l'article 2.
17:35 Si on doit pouvoir résister à l'oppression, on a besoin d'être armé.
17:39 John Locke le disait, à partir du moment où il faut pouvoir résister
17:42 à l'oppression, à la tyrannie, ça induit de pouvoir accéder à des armes pour le faire.
17:46 Et la constitution de 1993, jamais appliquée, le proclamait explicitement
17:51 avec le droit à l'insurrection.
17:53 – Et rappelons que ce droit de résistance à l'oppression
17:56 fait partie de notre Vème République, dans son préambule, dans les principes
18:01 qui régissent notre Vème République.
18:05 Alors, vous expliquez aussi dans votre ouvrage l'existence de ces associations,
18:14 celles aux États-Unis, la National Rifle Association, qui a été créée en 1871.
18:21 En France, on a l'ARPAC depuis 2016, Association pour le Rétablissement
18:26 du Port d'Armes Citoyen.
18:29 Qu'est-ce que ces associations, quels sont les arguments
18:32 qu'elles mettent en avant pour donner l'accès aux citoyens aux armes ?
18:39 – Le premier argument, c'est que de toute façon, face à une violence endémique,
18:44 il faut faire confiance aux citoyens et que celui-ci soit en mesure de se défendre.
18:48 Les criminels, les délinquants, eux, n'observeront jamais la moindre règle
18:52 et n'ont jamais eu la moindre difficulté pour se procurer des armes,
18:57 quel que soit le caractère rigide de la législation.
19:01 Donc, comme le disait un grand criminologue, c'était Beccaria,
19:06 au milieu du 18ème siècle, il rappelait que se interdire aux citoyens
19:11 d'être armés, c'était les livrer main nue aux bourreaux, aux criminels.
19:18 Donc, le premier point, c'est que les gens qui le souhaitent puissent se former,
19:22 parce qu'une arme, il faut en être familier, il faut apprendre à la manipuler,
19:28 la démonter, la remonter, tirer. – C'était le cas encore en France,
19:31 avant la suppression du service militaire, les Français avaient accès à des armes de guerre,
19:35 ils savaient les nettoyer, ils savaient les utiliser, aujourd'hui, ce n'est plus le cas.
19:39 – Il y avait un minimum de familiarité qui, aujourd'hui, n'existe plus.
19:42 Donc, l'idée, c'est que ceux qui le souhaitent puissent,
19:45 après examen d'un certain nombre de capacités théoriques et pratiques,
19:49 comme pour le permis de chasse d'ailleurs, puissent accéder à des armes
19:53 sous réserve d'un examen psychiatrique, sans doute,
19:57 ce sont les grandes lignes qui expliquent l'ARPAC,
20:00 il y a sur leur site pas mal d'éléments, on retrouve beaucoup d'éléments
20:04 que je vais développer dans mon livre, mais il y a toujours cet esprit,
20:07 l'exemple suisse, les libertés individuelles, l'association cherche à,
20:12 dont je ne fais pas partie, mais dont je partage le souci,
20:16 cherche à faire connaître les moyens et les raisons
20:20 pour lesquelles il est illégitime d'empêcher les citoyens de se défendre.
20:23 Je crois que ce serait le point, à partir du moment où l'État
20:26 n'assure plus lui-même sa mission principale, il est illégitime
20:30 qu'il bride les individus, les citoyens, dans leur désir de le faire eux-mêmes.
20:36 – On soumet quand même les Français désireux d'avoir un port d'armes
20:42 à des tests psychiatriques, peut-être qu'il ne serait pas forcément idiot
20:47 de soumettre le candidat à la présidence de la République
20:51 à un test psychiatrique, lui qui peut avoir le doigt sur l'arme fatale, l'arme atomique.
20:56 – On pourrait, de ce point de vue-là, examiner, se poser la question
20:59 des capacités psychologiques, voire psychiatriques,
21:02 d'un certain nombre de nos élus politiques.
21:04 – On ne vise personne.
21:06 Si on arrivait à de telles, pas de telles extrémités,
21:10 mais si on rétablissait donc ce droit à l'accès aux armes,
21:15 comment organiser, réglementer l'accès des particuliers à ces armes ?
21:21 – Je crois qu'on a à proximité deux exemples intéressants
21:25 qui sont la Suisse et la République tchèque,
21:28 qui nous donnent un certain nombre d'indications sur ce qui pourrait être fait.
21:33 Donc, examen théorique, examen pratique, examen médical et psychiatrique.
21:39 Ensuite, la question devrait sans doute aller sur le type d'arme.
21:43 Lorsque Aristote défend le droit d'accès aux armes,
21:47 on a des épées, on a des glaives et des lances, voire des flèches.
21:51 Lorsque Locke et Hobbes, au XVIIe, XVIIIe siècle, évoquent la même chose,
21:55 on a des pistolets ou des fusils à un coup.
21:58 Il est certain qu'on ne peut pas appliquer leurs propos strictement avec des armes…
22:04 – À l'époque actuelle, avec des armes automatiques.
22:06 – Des armes automatiques, des chargeurs à grande capacité.
22:08 Donc, il y a certainement une réflexion à avoir.
22:10 Par exemple, les Suisses peuvent avoir des armes automatiques à leur domicile.
22:14 Celles-ci sont limitées dans le tir,
22:17 elles ne peuvent pas tirer plus de trois balles.
22:20 Elles ont été bloquées.
22:21 Ce sont certainement vers des réflexions de ce type,
22:24 techniques à avoir sur la libre distribution des armes.
22:29 Pardon, pas sur la libre distribution, sur le libre accès aux armes.
22:32 Il ne s'agit pas que les gens aient des chars d'assaut ou des mortiers,
22:35 mais on peut largement s'inspirer de ce qui se fait.
22:38 D'ailleurs, on n'est pas en Amérique,
22:41 et le débat en Amérique n'est absolument pas sur le fait de savoir si on a des armes.
22:44 Aujourd'hui, le débat en Amérique porte beaucoup plus sur le fait de savoir
22:47 si ces armes doivent être portées de manière visible ou invisible.
22:51 Vous voyez, on est très loin des doutes et des débats français.
22:56 – Et vous illustrez aussi votre propos avec l'exemple du dessinateur Charbes
23:03 qui a été exécuté lors de l'attentat qui avait frappé Charlie Heddo.
23:10 Est-ce que vous pouvez nous raconter son histoire en deux mots ?
23:14 En tout cas, son rapport à l'État, lui qui avait fait une demande de port d'armes.
23:18 – Alors, il semble que Charbes, connu pour ses dessins Charlie Heddo,
23:23 était amateur de tir sportif, ce qui ne correspond sans doute pas à l'archétype
23:28 ou à l'image que peuvent avoir spontanément les gens des tireurs sportifs.
23:31 Il était tireur sportif et il avait donc demandé à bénéficier de la loi.
23:35 La loi permet, la loi autorise une personne qui fait état de danger à être armée,
23:43 ce qu'on appelle vulgairement le port d'armes,
23:45 sachant qu'il n'y a pas de port d'armes en France.
23:47 Mais voilà, un citoyen peut demander à bénéficier du droit de porter et transporter une arme.
23:54 Et lui, étant tireur sportif, il préférait avoir ce droit, cette possibilité,
23:59 plutôt qu'être perpétuellement accompagné par un agent de sécurité.
24:03 Eh bien, il était effectivement en danger, la suite le prouvera,
24:07 mais cette demande d'accès lui a été refusée.
24:11 On lui a interdit de porter une arme et on l'a mise sous la protection d'un officier de sécurité.
24:17 – Votre ouvrage, j'en rappelle le titre, "Prendre ou rendre les armes",
24:22 vous d'ailleurs terminez cet ouvrage sur ces mots, "Il faut prendre les armes",
24:27 c'est le titre de l'ouvrage de Bertrand Saint-Germain,
24:30 donc c'est publié chez le Polémar, qu'à retrouver, comme d'habitude, sur la boutique de TVL.
24:36 Merci monsieur. – Merci de votre accueil.
24:39 [Musique]