Avec Colonel Peer de Jong, vice-président de l'institut Themiis, spécialiste en géopolitique et ancien colonel des troupes marines.
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00:00 [Musique]
00:24 Vous avez reconnu Donald Trump, je traduis,
00:26 l'un des présidents d'un grand pays s'est levé et m'a dit "Monsieur, si nous ne payons pas et que nous sommes attaqués par la Russie, nous protégerez-vous ?"
00:34 J'ai dit "Vous n'avez pas payé, vous êtes débiteur", il m'a répondu "Oui", admettons que ça arrive,
00:40 non, je ne vous protégerai pas, en fait j'encouragerai la Russie à faire ce qu'elle veut, vous devez payer,
00:46 ça s'est passé samedi lors d'une prise de parole à Conway en Caroline du Sud.
00:49 Donald Trump a donc déclaré qu'il encouragerait la Russie à faire tout ce qu'elle veut,
00:54 un pays membre de l'OTAN qui ne respecterait pas ses directives en matière de dépense de défense.
00:59 Nous sommes en compagnie du colonel Per De Jong, vice-président de l'institut Temis,
01:02 spécialiste de géopolitique, ancien colonel des troupes de marines, aide de camp des présidents Mitterrand et Chirac à l'Elysée.
01:09 Bonjour mon colonel.
01:10 - Bonjour.
01:11 - Tout d'abord on va voir les réactions en Europe.
01:13 Pour le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg,
01:16 "Toute suggestion selon laquelle les alliés ne se défendront pas les uns et les autres sape notre sécurité à tous,
01:22 y compris celles des Etats-Unis, et expose les soldats américains et européens à un risque accru.
01:27 Toute attaque contre l'OTAN entraînerait une réponse unie et puissante."
01:30 Pour le président du conseil européen, Charles Michel,
01:33 "Des déclarations imprudentes sur la sécurité de l'OTAN et la solidarité de l'article 5
01:37 ne servent que les intérêts de Poutine et n'apportent ni plus ni moins,
01:40 ni plus de sécurité, ni plus de paix dans le monde."
01:43 Et enfin le commissaire européen au marché intérieur, le français Thierry Breton,
01:47 a précisé dimanche sur LCI que Donald Trump faisait référence à un échange en 2020
01:52 avec Ursula von der Leyen, la présidente de la commission européenne.
01:55 Alors déjà une question politique mon colonel,
01:57 quel est le poids politique, je dis bien politique, de l'Europe face aux USA au sein de l'OTAN ?
02:02 - Il est relativement important pour deux raisons.
02:06 La première d'abord c'est que l'Europe est en première ligne par rapport à la Russie,
02:10 donc ça c'est un poids très important.
02:11 Politiquement ça donne un positionnement à l'Europe face à l'adversaire potentiel en tout cas,
02:17 donc ça c'est un poids très important.
02:18 Et puis le deuxième point c'est que c'est quand même 550 millions d'habitants,
02:22 donc c'est quasiment, j'irais, c'est quasiment le même nombre d'habitants qu'aux Etats-Unis,
02:26 bon je ne rentre pas dans les détails,
02:27 mais on voit bien que si vous voulez, aujourd'hui le poids politique,
02:30 le poids démographique de l'Europe est très important
02:33 et ce que soulève de façon assez méchante, mais assez adroite Trump,
02:38 c'est qu'en fait l'effort consenti par les Européens n'est pas à la taille,
02:42 comment dire, de la démographie de l'Europe.
02:44 - Alors est-ce que cette prise de parole ne remet pas en cause le principe de défense collective
02:48 prévu par l'article 5, on l'a cité, de l'Alliance Atlantique,
02:51 qui veut que tous les Etats membres viennent à l'aide d'un pays qui serait attaqué ?
02:55 - D'abord l'article 5 n'est pas automatique,
02:58 il y a des conditions qui font que l'automaticité, elle se met en place progressivement,
03:02 ça c'est le premier point.
03:03 Le deuxième point, évidemment, on sent que Trump reprend le fond de discours qu'il avait,
03:07 rappelez-vous il y a encore quelques années, quand il était encore chef de l'Etat,
03:10 où il avait menacé directement l'OTAN des agrégations,
03:14 il avait souhaité la dissoudre littéralement.
03:17 Donc il retrouve ses vieilles idées et il s'est en train de les resservir.
03:21 Rappelez-vous même le président Macron avait clairement dit que l'OTAN était en état de mort cérébrale.
03:25 Donc il y avait un contexte... - C'était en 2019, absolument.
03:28 - ... qui était plutôt favorable, en tout cas, à une diminution des forces de l'OTAN
03:33 et on voit qu'aujourd'hui Trump remonte sur le cheval de la désagrégation,
03:38 en tout cas de la minimisation de l'OTAN.
03:40 - Alors, colonel Perdoyon, quand Trump dit que les Européens ne payent pas,
03:44 il n'exagère pas un peu quand on voit la quantité de F-35 commandés par les pays européens
03:50 qui n'ont pour certains même pas mis le rafale en concurrence.
03:53 Dans l'OTAN, il n'y a que la Grèce qui achetait des rafales pour le moment, si je ne m'abuse.
03:57 - Alors là, vous mettez le doigt sur le porte-monnaie et vous avez parfaitement raison.
04:00 En fait, le fonds de discours de Trump est un fonds de discours qui est totalement économique
04:05 et pas tellement politique.
04:06 Et c'est très bien qu'aujourd'hui, les Européens ne sont pas aux abois,
04:10 mais ils ont quand même pris un... comment dire ? Ils ont une espèce de boule de plomb dans l'estomac.
04:15 Donc les Européens sont extrêmement inquiets.
04:17 Ils ont perçu depuis le 24 février, donc ça fait maintenant plus de deux ans,
04:20 depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, ils ont compris qu'ils étaient relativement faibles.
04:24 Faibles globalement, parce que l'Europe est faible globalement,
04:27 mais également chacun des États n'a pas fait l'effort depuis quasiment une trentaine d'années.
04:31 Donc cette prise de conscience fait que lui, c'est une très grande inquiétude.
04:34 Et donc c'est ça le sujet. Et donc Trump est un gros malin.
04:37 Et en fait, qu'est-ce qu'il fait aujourd'hui ? Il se positionne dans un cadre parfaitement économique.
04:42 Et donc la condition, c'est ça, c'est "je vous aiderai, je vous appuierai"
04:46 à la condition que vous achetez strictement américain.
04:48 - Alors pour acheter américain, l'Allemagne a argumenté, pour ne pas mettre le rafale en compétition,
04:53 que le F-35 permettait de porter les armes nucléaires américaines
04:57 afin d'assurer sa mission de dissuasion nucléaire au sein de l'OTAN.
05:02 Est-ce que ça a encore un sens ?
05:04 Sachant que quand on entend les propos de Trump, et on pourrait facilement imaginer la même chose de Biden,
05:09 c'était déjà le cas en 1956, quand il y avait eu la grande crise concomitante entre Budapest et Suez,
05:15 un sénateur américain avait dit "je ne risquerai pas New York ou Los Angeles pour Paris ou Londres".
05:21 Est-ce qu'on peut imaginer qu'aujourd'hui encore, les américains risqueraient New York ou Los Angeles pour Berlin ou Paris ?
05:28 - Alors encore une fois, l'OTAN a des règles. On peut supposer que oui, puisqu'elles sont écrites comme ça.
05:33 En fait, aujourd'hui, vous avez théoriquement une espèce de, comment dire, d'adéquation, en tout cas de solidarité automatique, si vous voulez,
05:40 entre les adhérents à l'OTAN. Pourquoi la Finlande et la Suède rejoignent l'OTAN ?
05:45 Parce qu'ils veulent bénéficier de ce parapluie américain.
05:48 Aujourd'hui, les américains n'ont aucun intérêt à abandonner l'Europe. Pourquoi faire ?
05:52 On voit bien que leur intérêt à eux, c'est que les européens restent soudés
05:55 et continuent d'acheter massivement du matériel américain.
05:58 A cette condition-là, si vous voulez, l'OTAN sera protégée.
06:00 En même temps, c'est ce qu'on appelle la "win-win" aux Etats-Unis.
06:03 C'est ce que veut faire Trump.
06:04 Trump, il veut rééquilibrer son budget, il veut rééquilibrer son système en disant
06:08 "Si vous ne voulez pas payer, vous vous débrouillez tout seul".
06:11 On voit bien que le message est passé, parce que ça fait quand même quelques mois en Europe,
06:14 où il y a une vraie réflexion, si vous voulez, autour des investissements, autour de l'économie dite de guerre, etc.
06:19 Donc on voit qu'il y a un regard aujourd'hui qui porte davantage une forme d'autonomie européenne,
06:25 parce qu'on a compris que les américains ne vont pas s'engager systématiquement aux côtés des européens.
06:31 – Colonel de Jong, il y a 10 jours en Suède, le président de la République a déclaré, je cite,
06:36 "que la France a la responsabilité de mettre sa capacité de dissuasion nucléaire à la disposition de l'Europe".
06:42 Pour vous, que veulent dire ces propos ?
06:45 Et quelle serait la situation en cas d'attaque russe en Europe, sans défense américaine ?
06:50 – Alors aujourd'hui, c'est extrêmement compliqué à imaginer, parce que d'abord, je pense que c'est inimaginable.
06:55 Je pense que les menaces russes, à mon avis, elles ne sont pas fondées aujourd'hui sur des matériels,
06:59 sur une logique, simplement c'est une espèce de, comment dire, de rotomontage moscovite,
07:04 qui est destiné à nous inquiéter, ça c'est le premier point.
07:07 Le deuxième point, c'est que l'usage du nucléaire français,
07:09 aujourd'hui l'usage est strictement réservé, évidemment, à ce qu'on appelle en France,
07:14 aux intérêts français, aux intérêts vitaux français, point final.
07:17 Aujourd'hui, la doctrine française n'a pas évolué, donc je ne peux pas vous dire vers quoi on va aller.
07:21 On va aller, il est possible, il est probable, on sait qu'on sent que le président Macron
07:25 il serait intéressé pour éventuellement, si vous voulez, compenser nos déficiences dans le domaine conventionnel,
07:30 puisqu'on a quasiment plus de chenilles. On est à un modèle à 200 en France,
07:33 on a 200 leclercs, 200 charlots, 200 hélicoptères, 200 avions.
07:36 - On en avait, je rappelle, à la chute, c'était des AMX 30, à la chute du Pacte de Varsovie,
07:40 on avait 1200 AMX 30 de mémoire, 6 fois plus.
07:42 - Absolument, on en avait 1200 et on est passé maintenant à 220.
07:46 Et ce 220, il ne fonctionne pas tous, sachant que les polonais, eux,
07:49 annoncent, si vous voulez, une force blindée légalisée de 1400 charlots.
07:53 Donc on voit qu'aujourd'hui, en termes d'armement conventionnel, on n'est pas dans le coup.
07:57 C'est vrai qu'aujourd'hui, la France, elle est puissante par son armement nucléaire
08:01 et puis également par sa marine, par ses SNLE.
08:04 - Son marin nucléaire, lanceur d'engin pour les auditeurs.
08:07 - Autant pour moi, évidemment. Donc on a un système, si vous voulez,
08:10 on a une logique qui fonctionne très bien et c'est vrai qu'elle est défendable.
08:13 C'est ça qui donne beaucoup de force à la France, puisqu'aujourd'hui,
08:16 la France est le seul pays, avec la Grande-Bretagne, qui est encore dans ces mêmes conditions,
08:20 on est le seul pays européen à avoir l'armement nucléaire.
08:24 - Alors justement, parlons-en de la France et de la Grande-Bretagne,
08:27 les deux seules armées nucléaires de l'OTAN, excepté évidemment les États-Unis.
08:31 La France a un porte-avions à mi-temps, a fermé ses usines de munitions de petit calibre,
08:35 au point d'avoir 7 jours de réserve de munitions en cas de conflit de haute intensité.
08:39 La semaine dernière, le porte-avions britannique Queen Elizabeth
08:42 a dû déclarer forfait technique pour un exercice de l'OTAN.
08:45 C'est au tour de son remplaçant, le Prince of Wales, le Prince de Galles,
08:49 qui a déclaré forfait technique à son tour une semaine plus tard.
08:52 C'est-à-dire que les Anglais ont deux porte-avions, deux en panne, et nous on en a un, un à mi-temps.
08:57 Quand on parle donc des deux plus importantes armées de l'OTAN,
09:00 est-ce que la défense européenne, ce n'est pas un peu, mon colonel, la 7ème compagnie au clair de lune ?
09:04 - Alors aujourd'hui, la défense européenne, c'est une discussion dans les États-majors.
09:09 Elle n'est pas concrète, elle n'est pas réelle.
09:11 Accessoirement, il y a des exercices qui sont menés, mais aujourd'hui, c'est l'OTAN,
09:15 qui est l'élément dominant, si vous voulez, de la protection de l'Europe, point final.
09:20 Alors on a tout imaginé, un exemple, au sein de l'OTAN, d'avoir une espèce de pilier européen.
09:25 C'était avancé par le président Macron, mais aujourd'hui, ce pilier n'existe absolument pas.
09:29 Donc évidemment, le premier point, c'est qu'encore une fois, la structuration collective,
09:33 en tout cas multilatérale, si vous voulez, de cette protection de l'Europe, n'existe pas.
09:36 C'est le premier point.
09:38 Le deuxième, donc on l'est obligatoirement, encore une fois, sous influence, en tout cas sous le parapluie américain.
09:42 Le deuxième point aujourd'hui, c'est l'état de nos armées.
09:45 Depuis 1991, donc depuis la chute du mur, et depuis la fin de l'URSS, nos armées n'ont cessé de décliner.
09:50 Alors c'est vrai, c'était un peu la cigale, on a chanté, on a dansé, etc.
09:54 Et maintenant, c'est l'heure de la réalité.
09:57 Et cette prise de conscience, pour nous, elle tétanise absolument les chancelleries.
10:01 On voit bien qu'aujourd'hui, il y a de vrais débats dans les chancelleries sur qu'est-ce qu'on fait.
10:04 Est-ce qu'on augmente les effectifs ?
10:06 Sachant, encore une fois, que la France n'a pas été le plus mauvais élève de la classe,
10:10 puisqu'on a encore une fois une loi de programmation militaire qui est plutôt en progression,
10:15 on a des rares pays qui l'ont fait.
10:17 Donc aujourd'hui, l'Europe est en train de s'engager, encore une fois,
10:20 dans une amélioration des armées, et donc un investissement.
10:23 Le problème d'un investissement, c'est quoi ?
10:25 Aujourd'hui, la France est 2% du PIB, du Produit Intérieur Brut.
10:28 Pour le long, il va falloir monter à 3 ou 4%.
10:30 Est-ce que les opinions publiques européennes vont accepter une telle augmentation des budgets de la défense ?
10:35 Parce qu'on ne va pas y échapper, quelque part.
10:37 Et donc c'est ça le cœur du problème.
10:39 Et ça rentre à nouveau dans le cœur politique.
10:41 Le budget de la défense, c'est 40,9 milliards d'euros.
10:44 Faudrait-il passer à combien, mon colonel, pour être opérationnel en termes d'équipement ?
10:47 Alors c'est difficile à dire, mais je pense que là on est à 2%,
10:51 sachant qu'une grande partie de la loi de programmation militaire
10:53 concerne principalement l'amélioration, ou en tout cas la transformation, la modernisation du nucléaire.
10:58 Le deuxième point, c'est la construction d'un deuxième porte-avions.
11:01 Le troisième point, si vous voulez, c'est l'aide qu'on donne à l'Ukraine.
11:04 Le quatrième point, c'est l'inflation.
11:06 Donc si vous voulez, on a des éléments qui ont impacté notre loi de programmation militaire,
11:13 il faut la repenser complètement.
11:15 Parce que nos matières sont adaptées, que notre structure est adaptée.
11:17 Parce que nos effectifs suffisent actuellement à la France à 7 brigades de combat.
11:21 Une brigade de combat, c'est après 7 ou 8 millions.
11:24 On a globalement 60 000 combattants en France, pas un de plus.
11:27 Donc si vous voulez, encore une fois, la réflexion autour de notre étude de défense ne fait que commencer.
11:32 Il n'y a pas que nous, on a parlé du Royaume-Uni, de la France.
11:34 La Bundeswehr, il y a deux ans, au début de la guerre en Ukraine,
11:37 on lui a promis 100 milliards de crédits, un an après, elle n'avait pas touché un centime.
11:42 Est-ce qu'il y a une inconscience européenne ou un déni européen ?
11:45 Le problème, c'est le décalage entre le politique et la menace.
11:49 Les politiques font de la politique.
11:51 C'est vrai que parfois, ils sont un petit peu éloignés, en Allemagne particulièrement,
11:54 ils sont un petit peu éloignés des dures réalités du Sénat et de la guerre.
11:57 Rappelez-vous également, le chef d'état-major de l'armée allemande avait dit,
12:00 au moment de l'invasion de l'Ukraine par la Russie,
12:03 qu'elle n'était pas prête à la guerre, c'est un codement sidérant.
12:08 On réalise au fil des mois, au fil des semaines, que l'ensemble des armées européennes,
12:12 en tout cas les principales, celles qui sont compactes,
12:15 comme les Polonais, les Allemands et d'autres, ne sont pas réellement prêtes.
12:17 Et puis, parlons des Britanniques.
12:19 Les Britanniques, au retour d'Afghanistan dans les années 2000, 2010,
12:22 ils ont fait des réformes colossales.
12:24 Cette armée a été réduite à la portion conduite.
12:27 Cette armée n'est même plus efficace, parce qu'au-delà des deux porte-avions qui sont en panne,
12:31 ils ont démonté, ou en tout cas ils ont désarmé, deux autres frégates.
12:35 L'effectif aujourd'hui de l'armée de terre, c'est 70 000 hommes.
12:38 En France, on est encore à 125 000 hommes.
12:40 Donc vous voyez qu'encore une fois, l'armée britannique, on ne peut pas compter dessus.
12:43 Donc à mon avis, il faut repenser tout ça, la reconstruire.
12:46 Et malheureusement, une armée, ça ne se reconstruit pas comme une armée militaire.
12:50 Une armée, ça se reconstruit sur des dizaines d'années.
12:52 - Une dernière question, mon colonel.
12:54 En 2019, vous l'avez rappelé au début de l'interview,
12:56 Emmanuel Macron avait dit que l'OTAN était en état de mort cérébrale.
12:59 Si Trump est élu, est-ce qu'il va la débrancher ?
13:02 - Je ne suis pas devin.
13:07 J'espère que non. J'espère que la politique reprendra ses droits
13:10 et qu'à ce niveau-là, il y aura des discussions un peu sérieuses sur le sujet
13:13 et qu'on sortira des anathèmes et des grandes phrases un peu chocs.
13:16 Parce que ce n'est pas très raisonnable.
13:18 Quand on voit aujourd'hui la pression qu'il y a simplement en Ukraine,
13:21 mais il n'y a pas que l'Ukraine, vous avez la guerre au Moyen-Orient,
13:23 vous avez les problèmes qui viennent en mer Rouge,
13:25 vous avez le Sahel qui est à feu à sang.
13:27 On voit qu'aujourd'hui, ces problématiques de sécurité sont totalement dominantes.
13:30 On ne peut pas les traiter, si vous voulez, sur une estrade
13:33 à l'occasion d'une élection présidentielle.
13:35 - Mon colonel, il y a la députée Estelle Youssoupha Début-Elliott
13:38 qui veut dire un mot, je crois, madame la députée.
13:40 - Oui, je pense que je suis membre de la commission des affaires étrangères,
13:43 donc évidemment, les questions de défense sous intérêt,
13:47 on doit, nous, politiques, sortir de l'angélisme.
13:51 La période bisounours de la paix pour tout le monde, elle est derrière nous.
13:54 - Les dividendes de la paix de Fabius en 90, 91 ?
13:57 - Elle est totalement derrière nous. La menace, elle est multiforme.
14:00 Effectivement, notre menace immédiate, c'est l'Ukraine.
14:04 Ça questionne le pacte otanien,
14:07 mais la France, elle s'est construite aussi pour ses opérations en Afrique.
14:11 Et on sort de l'Afrique.
14:13 Et moi, je représente un département qui fait face à une menace hybride
14:17 où on instrumentalise les flux migratoires.
14:19 Notre armée n'est pas pensée pour y faire face.
14:21 Notre marine nationale, par exemple,
14:24 la stratégie française, c'est l'Indo-Pacifique.
14:27 L'Indo, c'est le canal du Mozambique où se trouve Mayotte.
14:31 Et en fait, est-ce qu'on est à la hauteur de nos ambitions ?
14:34 Est-ce qu'on a les moyens de nos ambitions ?
14:36 C'est ça qui est posé aux politiques,
14:38 avec la lucidité de comprendre les menaces.
14:41 - Mon colonel, pour répondre en quelques mots à la députée Estelle Youssoupha, si vous voulez.
14:44 - Bien évidemment, et que j'encourage dans son combat,
14:47 qu'elle a Mayotte, que je connais bien Mayotte.
14:49 Et c'est vrai que c'est un désastre de voir cette ville magnifique
14:52 qui a été réduite dans une situation absolument incroyable.
14:55 Donc, en une fois, elle a vraiment tout mon soutien.
14:57 Mais je reviens sur mes discours militaires.
14:59 Il est vrai que, depuis deux ans,
15:01 et ça, c'est l'effet de la guerre en Ukraine,
15:03 c'est qu'en fait, les Européens ont perçu deux faiblesses.
15:06 Une faiblesse collective, qui est la faiblesse de l'OTAN,
15:09 la faiblesse de l'Union Européenne,
15:11 la faiblesse, encore une fois, d'une armée européenne.
15:13 Et puis une faiblesse qui est individuelle, la faiblesse des États,
15:15 qui fait que nos armées ne sont pas près de l'armée française,
15:18 qui étaient conçues sur un modèle d'armée de projection,
15:21 d'armée légère, pour aller dans le sel.
15:23 Et tous nos matériels, aujourd'hui, sont conçus pour aller dans le sel.
15:26 Ces véhicules à roues, ils sont des grands véhicules pour vie,
15:28 mais ils ne sont pas du tout, si vous voulez, adaptés...
15:31 - A la situation.
15:32 - ... à un conflit en Europe. Donc, c'est le cœur du problème.
15:34 - Merci beaucoup, colonel Perdeyon,
15:36 vice-président de l'Institut Temis, spécialiste de géopolitique
15:39 et ancien colonel des troupes de marine
15:41 et aide de camp des présidents Mitterrand et Chirac à l'Élysée.
15:43 - Merci d'avoir été avec nous. On marque une courte pause.
15:45 Et après, quand on reviendra, direction Mayotte.
15:48 Et puis, pour réagir, comme d'habitude, 0826 300 300.
15:52 On vous attend au standard. A tout de suite. Ne bougez pas.
15:56 Sud Radio, Bercov, dans tous ses états.
16:00 Philippe David.